ValdeMarne n°263 - Conseil général du Val-de-Marne
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ILS FONT LE VAL-DE-MARNE<br />
ANA JUSTINO, RESTAURATRICE, VILLEJUIF<br />
Une artiste en cuisine<br />
© J. Moulin<br />
GEORGES ET RÉBECCA CUKIERMAN, FONTENAY-SOUS-BOIS<br />
“Se souvenir<br />
pour construire”<br />
À l’origine <strong>de</strong> la création <strong>du</strong> Comité pour la mémoire <strong>de</strong>s enfants déportés parce que nés juifs,<br />
Georges et Rébecca Cukierman témoignent <strong>de</strong> l’actualité d’un combat.<br />
Il y a dix ans, Georges<br />
et Raymon<strong>de</strong>-Rébecca<br />
Cukierman créaient à<br />
Fontenay-sous-Bois le<br />
Comité pour la mémoire<br />
<strong>de</strong>s enfants déportés parce que nés juifs.<br />
Trois ans après le comité Tlemcem, <strong>du</strong><br />
nom <strong>de</strong> l’ancienne école <strong>de</strong> Rébecca dans<br />
le XI e arrondissement <strong>de</strong> Paris, qui engage<br />
une action inédite et dont elle est la<br />
première prési<strong>de</strong>nte. “À Fontenay, <strong>de</strong>s<br />
plaques portant les noms <strong>de</strong>s enfants<br />
disparus dont nous avons pu retrouver la<br />
trace ont été apposées <strong>de</strong>vant six écoles”,<br />
précise Rébecca. “Dès le départ, poursuit<br />
Georges, nous avons été encouragés et<br />
soutenus par la municipalité et le <strong>Conseil</strong><br />
général, qui ont accompagné chacune <strong>de</strong><br />
nos actions.”<br />
Au cœur <strong>de</strong> la démarche <strong>du</strong> comité,<br />
les échanges avec les enfants, <strong>du</strong> cours<br />
préparatoire au lycée, et un travail <strong>de</strong><br />
partenariat avec les enseignants. “Nous<br />
nous refusons à ne prendre en compte<br />
que les seules personnes juives, même<br />
si elles sont les plus importantes en<br />
nombre, et n’omettons jamais <strong>de</strong> parler<br />
<strong>de</strong>s Tziganes, homosexuels, personnes<br />
handicapées, opposants politiques, populations<br />
civiles”, reprend Rébecca. “Sans<br />
jamais oublier la laïcité, qui porte en elle<br />
l’égalité et le refus <strong>de</strong> toute discrimination”,<br />
insiste Georges. Le concours <strong>de</strong> la<br />
déportation “Nous intervenons quand<br />
on nous le <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, répond Georges.<br />
En 2003, le collège Joliot-Curie <strong>de</strong><br />
Fontenay a obtenu le premier prix.”<br />
Résistant dès l’âge <strong>de</strong> 16 ans, engagé à<br />
18 ans dans la Première Armée française,<br />
officier Ftp (Francs tireurs et partisans),<br />
Georges reste discret sur ce parcours,<br />
préférant rappeler la <strong>de</strong>vise <strong>du</strong> comité,<br />
Dans leur travail <strong>de</strong> mémoire, Georges et Rébecca<br />
Cukierman insistent sur la laïcité, porteuse d’égalité.<br />
“Se souvenir pour construire”, et l’actualité<br />
d’un combat : “La laïcité est égratignée et<br />
le racisme existe toujours... Le débat sur<br />
l’i<strong>de</strong>ntité nationale tend à occulter les<br />
difficultés qui touchent majoritairement<br />
le mon<strong>de</strong> <strong>du</strong> travail, et ce qui constitue la<br />
nation, son histoire, sa culture est un long<br />
processus qui <strong>du</strong>re <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s siècles.”<br />
Pour en savoir plus<br />
Éva Lacoste<br />
Thème <strong>du</strong> concours national <strong>de</strong> la<br />
Résistance et <strong>de</strong> la Déportation 2010 :<br />
“L’appel <strong>du</strong> 18 juin 1940 <strong>du</strong> général<br />
<strong>de</strong> Gaulle, l’impact et le rôle <strong>de</strong> la<br />
parole libre”.<br />
Le 25 novembre, au <strong>Conseil</strong> général,<br />
collégiens et lycéens ont rencontré <strong>de</strong>s<br />
personnalités qui ont marqué la Résistance<br />
: Raymond Aubrac, Yves Guénat,<br />
Stéphane Hessel…<br />
Lorsqu’Ana Justino crée<br />
le “Temps <strong>de</strong>s délices”<br />
en mai 2007, elle entend<br />
poursuivre à Villejuif un<br />
parcours ouvert aux champs <strong>de</strong> la<br />
création. “Pour moi, c’est évi<strong>de</strong>nt,<br />
l’art culinaire se conjugue intimement<br />
avec les autres arts, dit-elle. Il y a un<br />
côté théâtral dans un lieu comme<br />
celui-là où on met en scène ce qu’on<br />
va présenter, dans la juxtaposition<br />
<strong>de</strong>s saveurs et <strong>de</strong>s couleurs, dans<br />
l’esthétique recherchée... C’est le<br />
regard qui met en appétit.” Dès<br />
l’adolescence, Ana rencontre le mon<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> la création et <strong>de</strong> ses différentes<br />
formes <strong>de</strong> représentation. “J’ai très vite<br />
compris que l’art constituait une<br />
ouverture et qu’il impliquait une remise<br />
en question.” Des cours d’analyse<br />
filmique à Paris-Jussieu, à l’école<br />
d’architecture <strong>de</strong> Belleville, un travail<br />
<strong>de</strong> collaboration au théâtre <strong>de</strong> l’Athénée<br />
à Paris... cette “autodidacte” a,<br />
comme elle tient à le souligner,<br />
“une passion pour l’écriture, pour les<br />
petites nouvelles sur le quotidien<br />
et les émotions qu’on partage”.<br />
L’art culinaire selon<br />
Ana : “On reçoit,<br />
on transmet,<br />
c’est un<br />
mouvement<br />
qui rejoint l’art<br />
en général.<br />
© J. Moulin<br />
Il faut créer, savoir parfois déranger.”<br />
En témoignent le crémeux aux lentilles<br />
et le flan <strong>de</strong> potiron, quelques-unes <strong>de</strong>s<br />
petites merveilles concoctées avec Guy,<br />
le cuisinier. Le goût <strong>du</strong> beau, le goût <strong>du</strong><br />
bon, dans ces légumes et poissons<br />
cuits à point, et <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>its toujours<br />
frais, car ici, point <strong>de</strong> congélateur.<br />
Cuisine traditionnelle française où<br />
pointe la touche personnelle, escortée<br />
avec bonheur par d’excellents crus<br />
portugais, comme s’y autorise<br />
cette gran<strong>de</strong> voyageuse qui a vu le jour<br />
sur les rives <strong>du</strong> Tage à Lisbonne,<br />
à quelques encablures <strong>du</strong> pont Vasco<br />
<strong>de</strong> Gama. Sur les murs <strong>de</strong> cette<br />
charmante petite salle tout en longueur,<br />
regards <strong>de</strong> photographes, peintures<br />
d’Anne Coppey, couleur et mouvement,<br />
musique <strong>du</strong> silence (7 décembre-<br />
2 janvier), les créations d’Élio, 9 ans<br />
(30 novembre-5 décembre), élève<br />
<strong>de</strong> l’école <strong>de</strong>s Beaux-Arts <strong>de</strong> Villejuif...<br />
Lorsque le regard glisse sur un<br />
clair-obscur, la hardiesse d’un trait<br />
ou une perspective ouverte sur<br />
les territoires <strong>de</strong> l’imaginaire,<br />
vous comprendrez qu’Ana a su<br />
apporter à ce lieu une vibration<br />
particulière. Éva Lacoste<br />
Pour en savoir plus<br />
Temps <strong>de</strong>s délices : 85, rue Jean-Jaurès<br />
à Villejuif. Tél. : 01 49 59 95 43.<br />
Déjeuner, réservation en soirée <strong>de</strong> la salle<br />
sur <strong>de</strong>man<strong>de</strong>.<br />
© C. Petit<br />
THOMAS HUGUEN, ARCHITECTE,<br />
IVRY-SUR-SEINE<br />
Une “Archi-Ethic”<br />
professionnelle<br />
Malgré son jeune âge (25 ans),<br />
Thomas Huguen avait déjà <strong>de</strong><br />
l’expérience en matière<br />
d’architecture en tant<br />
qu’indépendant avant <strong>de</strong> créer son agence :<br />
rénovations <strong>de</strong> maisons indivi<strong>du</strong>elles,<br />
microcrèches, petits collectifs… Lorsqu’il<br />
déci<strong>de</strong>, avec un copain, <strong>de</strong> se lancer en février<br />
2009, il choisit la forme d’une Société<br />
coopérative ouvrière <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ction (Scop).<br />
Les motivations “Une démocratie<br />
indépendante <strong>du</strong> poids financier (un associé<br />
est égal à une voix) et une plus gran<strong>de</strong><br />
responsabilisation <strong>de</strong>s salariés. La Scop<br />
correspondait à notre conception <strong>du</strong> métier.<br />
Il ne s’agit pas seulement <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ire <strong>de</strong>s<br />
plans et <strong>de</strong>s maquettes, il faut les concrétiser<br />
en prenant en compte tous les avis.<br />
Nous sommes attachés au dialogue avec<br />
les entreprises qui réalisent les travaux et<br />
les clients qui utiliseront les locaux.” C’est<br />
l’éthique <strong>de</strong> la société Archi-Ethic : construire<br />
une morale professionnelle où chacun, avec<br />
ses compétences, participe à toutes les<br />
étapes. C’est l’une <strong>de</strong>s clés pour que qualité<br />
environnementale et <strong>du</strong>rable rime avec qualité<br />
sociale. Archi-Ethic est une agence composée<br />
<strong>de</strong> trois salariés, dont <strong>de</strong>ux associés<br />
(détenteurs <strong>du</strong> capital). “On a tous la même<br />
rémunération, quel que soit le poste.”<br />
L’agence entend cultiver cette particularité<br />
en prenant en compte la composition familiale<br />
dans le salaire. Une conception qui renoue<br />
avec l’esprit solidaire <strong>de</strong>s sociétés<br />
coopératives ouvrières <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ction. A. A-S.<br />
Pour en savoir plus<br />
Archi-Ethic est membre <strong>de</strong> l’Union<br />
régionale <strong>de</strong>s sociétés coopératives<br />
ouvrières <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ction (Urscop).<br />
www.societe-cooperative.coop<br />
22<br />
Le magazine <strong>du</strong> <strong>Conseil</strong> général / Numéro 263 / Décembre 2009 23