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DON RODRIGUE<<strong>br</strong> />
Oui ; tout autre que moi<<strong>br</strong> />
Au seul <strong>br</strong>uit de ton nom pourrait teembler d’effroi.<<strong>br</strong> />
Les palmes dont je vois ta tête si couverte<<strong>br</strong> />
Semblent porter écrit le destin de ma perte.<<strong>br</strong> />
J’attaque en téméraire un <strong>br</strong>as toujours vainqueur,<<strong>br</strong> />
Mais j’aurai trop de force, ayant trop de coeur.<<strong>br</strong> />
À qui venge son père il n’est rien d’impossible.<<strong>br</strong> />
Ton <strong>br</strong>as est invaincu, mais non pas invicible.<<strong>br</strong> />
LE COMTE<<strong>br</strong> />
Ce grand coeur qui paraît aux discours que tu tiens<<strong>br</strong> />
Par tes yeux, chaque jour, se découvrait aux miens ;<<strong>br</strong> />
Et croyant voir en toi l’honneur de la Castille,<<strong>br</strong> />
Mon âme avec plaisir te destinait ma fille.<<strong>br</strong> />
Je sais ta passion, et suis ravi de voir<<strong>br</strong> />
Que tous ses mouvements cèdent à ton devoir ;<<strong>br</strong> />
Qu’ils n’ont point affaibli cette ardeur magnanime ;<<strong>br</strong> />
Que ta haute vertu répond à mon estime ;<<strong>br</strong> />
Et que, voulant pour gendre un cavalier parfait,<<strong>br</strong> />
Je ne me trompais point au choix que j’avais fait.<<strong>br</strong> />
Mais je sens que pour toi ma pitié s’intéresse ;<<strong>br</strong> />
J’admire ton courage, et je plains ta jeunesse.<<strong>br</strong> />
Ne cherche point à faire un coup d’essai fatal ;<<strong>br</strong> />
Dispense ma valeur d’un combat inégal ;<<strong>br</strong> />
Trop peu d’honneur pour moi suivrait cette victoire :<<strong>br</strong> />
À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.<<strong>br</strong> />
On te croirait toujours abattu sans effort ;<<strong>br</strong> />
Et j’aurais seulement le regret de ta mort.<<strong>br</strong> />
DON RODRIGUE<<strong>br</strong> />
D’une indigne pitié ton audace est suivie :<<strong>br</strong> />
Qui m’ose ôter l’honneur craint de m’ôter la vie !<<strong>br</strong> />
LE COMTE