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CHIMÈNE<br />
Puisque, pour t’empêcher de courir au trépas,<br />
Ta vie et ton honneur sont de faibles appas,<br />
Si jamais je t’aimai, cher Rodrigue, en revanche,<br />
Défends-toi maintenant pour m’ôter à don Sanche ;<br />
Combats pour m’affranchir d’une condition<br />
Qui me donne à l’objet de mon aversion.<br />
Te dirai-je encor plus va, songe à ta défense,<br />
Pour forcer mon devoir, pour m’imposer silence ;<br />
Et si tu sens pour moi ton coeur encore épris,<br />
Sors vainqueur d’un combat dont Chimène est le prix.<br />
Adieu : ce mot lâché me fait rougir de honte.<br />
DON RODRIGUE<br />
Est-il quelque ennemi qu’à présent je ne dompte <br />
Paraissez, Navarrais, Maures et Castillans,<br />
Et tout ce que l’Espagne a nourri de vaillants ;<br />
Unissez-vous ensemble, et faites une armée,<br />
Pour combattre une main de la sorte animée :<br />
Joignez tous vos efforts contre un espoir si doux ;<br />
Pour en venir à bout, c’est trop peu que de vous.<br />
SCÈNE II - L’INFANTE<br />
L’INFANTE<br />
T’écouterai-je encor, respect de ma naissance,<br />
Qui fais un crime de mes feux <br />
T’écouterai-je, amour, dont la douce puissance<br />
Contre ce fier tyran fait révolter mes voeux <br />
Pauvre princesse, auquel des deux<br />
Dois-tu prêter obéissance <br />
Rodrigue, ta valeur te rend digne de moi ;<br />
Mais, pour être vaillant, tu n’es pas fils de roi.