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these de medecine generale de delphine chaumartin

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- LES CONTRAINTES : les contraintes que représente le diabète pour les patients est la première<br />

difficulté qu’ils évoquent. Ils emploient très souvent le terme <strong>de</strong> « régime » quand ils parlent du type<br />

d’alimentation qu’on leur conseille d’avoir. Or, plus les contraintes sont ressenties comme<br />

importantes, plus on risque <strong>de</strong> voir s’installer la lassitu<strong>de</strong> par rapport à la prise en charge <strong>de</strong> la<br />

maladie. La perception <strong>de</strong>s règles hygiéno-diététiques a changé au cours du temps pour l’un <strong>de</strong>s<br />

patients rencontré : « L’annonce <strong>de</strong> la maladie a fait que je me refusais tout, en réaction au diagnostic ;<br />

j’avais peur d’être foudroyé, puis j’ai compris qu’en mangeant <strong>de</strong> tout <strong>de</strong> façon équilibrée et en faisant<br />

un peu <strong>de</strong> sport, on arrivait à gar<strong>de</strong>r un équilibre ; il n’y a pas <strong>de</strong> raison <strong>de</strong> tomber dans quelque chose<br />

<strong>de</strong> contraignant ».<br />

‣ P2 : « De toute façon, c’est tout interdit quand on a du diabète »<br />

‣ P3 parle <strong>de</strong> gourmandise : « On a toujours faim. Quand on fait le régime, on ressent un manque. »<br />

‣ P6 dit : « C’est dur <strong>de</strong> se restreindre »<br />

‣ Pour P7, « le changement <strong>de</strong> mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie rend les choses difficiles au début <strong>de</strong> la maladie, mais<br />

pas ensuite ».<br />

‣ Pour P10, « il y a <strong>de</strong>s moments plus difficiles que d’autres ». Il ajoute : « Quand on a envie d’un<br />

extra, on ne peut pas ». Il évoque une lassitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>voir prendre <strong>de</strong>s médicaments.<br />

‣ P11 souhaiterait également ne plus avoir <strong>de</strong> médicaments à prendre. Il évoque les restrictions<br />

alimentaires : « on ne peut pas se faire plaisir », « on ne peut pas faire comme tout le mon<strong>de</strong> ». Il<br />

précise également que, dans sa profession, il est assis (chauffeur <strong>de</strong> bus) et cela ne favorise pas<br />

l’activité physique.<br />

‣ P15 parle aussi <strong>de</strong> privations. Au sujet <strong>de</strong>s règles hygiéno-diététiques : « ça prive <strong>de</strong> beaucoup <strong>de</strong><br />

choses, mais ça ne m’a jamais vraiment préoccupé »<br />

- LE DENI : un patient (P8) cite, à propos du gui<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’assurance-maladie : « Même si je l’avais<br />

reçu, je ne l’aurai pas lu. De toutes façons, je n’aime pas qu’on me parle <strong>de</strong> maladies ».<br />

Un autre exemple est celui du patient (P15) qui doit prendre ren<strong>de</strong>z-vous pour une journée d’éducation<br />

à l’hôpital et qui « repousse sans cesse le moment <strong>de</strong> le faire ». Quand nous lui avons <strong>de</strong>mandé<br />

pourquoi, il a répondu : « une journée, c’est trop long, j’ai autre chose à faire ». Ces propos illustrent<br />

le déni, mais aussi les contraintes (qui semblent trop importantes aux yeux <strong>de</strong> ce patient) et l’absence<br />

d’envie <strong>de</strong> prendre en charge sa maladie. Un patient dit : « Mon diabète n’est pas très haut, donc je<br />

n’ai pas besoin <strong>de</strong> faire le régime ; je le ferai si mon diabète augmentait ». Ce patient envisage le<br />

traitement <strong>de</strong> la maladie à court terme ; pour reprendre Sultan et Al (3), il semble ne pas être prêt à<br />

assumer <strong>de</strong>s contraintes dans le présent pour se protéger d’un danger à long terme.<br />

Il <strong>de</strong>vient alors légitime <strong>de</strong> se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r si l’éducation thérapeutique porterait ses fruits auprès <strong>de</strong><br />

patients n’ayant aucun souhait d’entendre parler du diabète. Il est probable que non. Il nous semble<br />

qu’il conviendrait <strong>de</strong> poursuivre l’information jusqu’à ce que le désir <strong>de</strong> changement émane du<br />

patient.<br />

- LE CARACTERE ASYMPTOMATIQUE ET LA REPRESENTATION DE LA MALADIE : en<br />

effet, le seul symptôme que nous avons pu mettre en évi<strong>de</strong>nce dans le discours <strong>de</strong>s patients est la<br />

« fatigue », l’ « affaiblissement ». Plusieurs patients ont dit lors <strong>de</strong> l’entretien qu’ils « ne se sentent pas<br />

mala<strong>de</strong>s » et ont souligné ce caractère paradoxal <strong>de</strong> la maladie diabétique. En ce qui concerne le<br />

diabète, la représentation ne peut s’élaborer sur la base du rapport <strong>de</strong> souffrance que l’on observe dans<br />

d’autres pathologies (3). Dans cette étu<strong>de</strong>, aucun patient ne se dit atteint <strong>de</strong> complications du diabète.<br />

On peut penser que la survenue d’une complication intercurrente contribue à la prise <strong>de</strong> conscience<br />

(trop tardive certes) <strong>de</strong> la maladie. Cependant, plusieurs patients connaissent un proche atteint <strong>de</strong><br />

complications (« on lui a coupé une jambe/un orteil » ou bien « untel est mort du diabète »). On peut<br />

imaginer que ces rencontres ont influencé leur perception <strong>de</strong> la menace et leur représentation <strong>de</strong> la<br />

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