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INTERVIEW<br />

Geraldine Fraser-Moleketi est née <strong>en</strong> 1960 au Cap (Afrique du Sud). En 1978, elle s’inscrit dans un institut<br />

de formation des <strong>en</strong>seignants, mais <strong>la</strong> situation politique <strong>la</strong> force à s’exiler au Zimbabwe <strong>en</strong> 1980.<br />

Elle s’<strong>en</strong>gage alors dans l’aile militaire du Congrès national africain (ANC), appelée Umkhonto we Sizwe<br />

(« le fer de <strong>la</strong>nce de <strong>la</strong> nation ») et suit une formation <strong>en</strong> Ango<strong>la</strong>, <strong>en</strong> Union soviétique et à Cuba. C’est<br />

égalem<strong>en</strong>t à cette époque qu’elle adhère au Parti communiste sud-africain.<br />

M me Fraser-Moleketi <strong>en</strong>tre au gouvernem<strong>en</strong>t sud-africain <strong>en</strong> 1995 <strong>en</strong> qualité de ministre déléguée au<br />

développem<strong>en</strong>t du bi<strong>en</strong>-être et de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion ; puis elle est promue ministre <strong>en</strong> juin 1996. Elle devi<strong>en</strong>t<br />

ministre du service public et de l’administration <strong>en</strong> 1999, et elle est nommée vice-présid<strong>en</strong>te du second<br />

comité d’experts <strong>en</strong> matière d’administration et de fi nances publiques des Nations unies <strong>en</strong> avril 2006.<br />

leurs collègues, et leur donner des conseils. La capacité<br />

d’appr<strong>en</strong>dre les uns des autres, d’une part, et <strong>la</strong> prise de<br />

consci<strong>en</strong>ce que nous pouvons appr<strong>en</strong>dre les uns des<br />

autres, d’autre part, montr<strong>en</strong>t que le leadership <strong>en</strong><br />

Afrique est <strong>en</strong> bonne voie. De nombreux dirigeants<br />

africains sont disposés à participer à ce processus<br />

d’évaluation <strong>en</strong>tre pairs et à le pr<strong>en</strong>dre au sérieux.<br />

Quelle source d’inspiration peut aider l’Afrique à<br />

trouver le style de leadership qui lui convi<strong>en</strong>t <br />

Ce qui est apporté ou imposé de l’extérieur sans être<br />

p<strong>la</strong>cé dans le contexte a toutes chances d’échouer. Nous<br />

avons assisté à l’exportation de divers modèles et dogmes<br />

dans les pays <strong>en</strong> développem<strong>en</strong>t, et ils n’ont pas<br />

fonctionné. La notion d’État « dégraissé », par exemple,<br />

n’a pratiquem<strong>en</strong>t jamais t<strong>en</strong>u compte des besoins d’une<br />

société, d’une situation ou d’un État particuliers.<br />

Ici, <strong>en</strong> Afrique du Sud, nous bâtissons un état développem<strong>en</strong>tal,<br />

différant toutefois des modèles de l’Asie<br />

du Sud-Est. Nous avons notre propre constitution et nos<br />

propres valeurs. Dans son ess<strong>en</strong>ce même, le principe<br />

que les Sud-Africains appell<strong>en</strong>t bathopele (« le peuple<br />

d’abord ») signifie que nous devons notre humanité à<br />

une humanité partagée, et qu’il nous apparti<strong>en</strong>t donc de<br />

veiller à ce que les canaux de communication <strong>en</strong>tre tous<br />

les membres de <strong>la</strong> société demeur<strong>en</strong>t ouvertes. Nous<br />

pouvons nous y référer lorsque nous parlons de donner<br />

une nouvelle base au leadership <strong>en</strong> Afrique.<br />

Mais <strong>la</strong> notion de bathopele <strong>en</strong> soi ne suffit pas pour<br />

prét<strong>en</strong>dre retourner à un système de valeurs africaines<br />

traditionnelles. Certains aspects de <strong>la</strong> culture africaine<br />

sont assez conservateurs si on les applique au pied de <strong>la</strong><br />

lettre. Il ne faut pas nous cont<strong>en</strong>ter de chercher dans<br />

notre histoire, dans nos traditions ; nous devons<br />

égalem<strong>en</strong>t examiner s’il existe quelque chose de<br />

spécifiquem<strong>en</strong>t « africain » que nous devrions et que<br />

nous pourrions faire. Quand je p<strong>en</strong>se à <strong>la</strong> manière dont<br />

certains dirigeants africains, et particulièrem<strong>en</strong>t Thabo<br />

Mbeki, sont, dans un passé réc<strong>en</strong>t, interv<strong>en</strong>us dans des<br />

conflits, il me semble que nous avons là quelque chose<br />

de tout à fait unique.<br />

Nous devons trouver nos propres modes de pilotage<br />

dans <strong>la</strong> diversité. Pour réduire les disparités, nous avons<br />

besoin d’un type de leadership qui <strong>en</strong>visage le pouvoir<br />

non pas dans l’acception étroite du terme, mais comme<br />

un moy<strong>en</strong> de rassembler les individus.<br />

Quel est le rôle des citoy<strong>en</strong>s dans <strong>la</strong> mise <strong>en</strong> p<strong>la</strong>ce<br />

d’un meilleur leadership <br />

Dans certains pays africains, des citoy<strong>en</strong>s dynamiques<br />

demand<strong>en</strong>t des réponses c<strong>la</strong>ires à leurs responsables<br />

politiques. Non seulem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> période électorale mais<br />

égalem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> dehors. Un anci<strong>en</strong> ministre kényan m’a<br />

dit un jour : « Nous ne pouvons pas retourner <strong>en</strong> arrière,<br />

nous devons donc aller de l’avant. Nous y parvi<strong>en</strong>drons<br />

grâce au dynamisme de <strong>la</strong> société kényane. » Tous les<br />

pays ont besoin de dirigeants qui ai<strong>en</strong>t le courage<br />

d’accepter ce dynamisme et cette transpar<strong>en</strong>ce et qui<br />

soi<strong>en</strong>t assez énergiques pour les utiliser au profit de <strong>la</strong><br />

société. Les pays ont égalem<strong>en</strong>t besoin de citoy<strong>en</strong>s qui<br />

demand<strong>en</strong>t cette transpar<strong>en</strong>ce.<br />

En Afrique du Sud, nous avons aussi un autre concept,<br />

appelé imbizo. Il désigne un dirigeant qui rassemble les<br />

popu<strong>la</strong>tions, de manière à pouvoir s’<strong>en</strong>gager avec elles.<br />

Dans ce processus, un présid<strong>en</strong>t ou un maire a un<br />

contact direct avec ses administrés. Ils peuv<strong>en</strong>t lui poser<br />

des questions auxquelles une suite sera donnée.<br />

En qualité de ministre, pouvez-vous mettre <strong>en</strong><br />

pratique ce que vous préconisez <br />

Le ministère du service public et de l’administration est<br />

un espace d’appr<strong>en</strong>tissage. Il est facile de parler de ce<br />

qu’on a réalisé et réussi, mais il est beaucoup plus<br />

difficile de se lever pour dire : « J’ai fait telle erreur, et<br />

voici ce qu’elle m’a permis d’appr<strong>en</strong>dre. »<br />

Nous devons considérer l’appr<strong>en</strong>tissage différemm<strong>en</strong>t.<br />

Au lieu de nous conduire comme un professeur qui<br />

regarde de haut ses élèves, nous devons vraim<strong>en</strong>t nous<br />

<strong>en</strong>gager auprès de personnes réelles et dans des<br />

situations réelles. S’il est utile de rassembler des<br />

individus dans une salle de cours, il est, à mon avis,<br />

<strong>en</strong>core plus utile de développer leurs tal<strong>en</strong>ts et de leur<br />

permettre d’appr<strong>en</strong>dre de leurs erreurs.<br />

Il me semble nécessaire que les dirigeants ai<strong>en</strong>t un<br />

coach, par exemple. N’importe qui peut remplir cette<br />

fonction : un professeur d’une université éloignée, un<br />

homologue de l’État voisin, ou un groupe, où qu’il se<br />

trouve.<br />

Comm<strong>en</strong>t se passe un appr<strong>en</strong>tissage de ce type<br />

dans <strong>la</strong> pratique <br />

En Afrique du Sud, après les changem<strong>en</strong>ts politiques de<br />

1994, l’année de nos premières élections réellem<strong>en</strong>t<br />

démocratiques, de nombreux nouveaux v<strong>en</strong>us ont été<br />

nommés à des postes élevés de <strong>la</strong> fonction publique.<br />

Étant nouveaux, ils n’avai<strong>en</strong>t pas eu <strong>la</strong> possibilité de se<br />

familiariser avec l’<strong>org</strong>anisation dans <strong>la</strong>quelle ils<br />

travail<strong>la</strong>i<strong>en</strong>t. Ils avai<strong>en</strong>t été nommés à ces fonctions<br />

pour changer le paysage de l’administration publique, et<br />

pour y apporter <strong>la</strong> diversité dont <strong>la</strong> nouvelle Afrique du<br />

Sud avait besoin.<br />

Nous avons maint<strong>en</strong>ant mis <strong>en</strong> p<strong>la</strong>ce un programme<br />

visant à autonomiser ces nouveaux managers s<strong>en</strong>iors,<br />

dont certains sont responsables d’un départem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tier.<br />

Nous ne faisons pas appel à un <strong>en</strong>seignant ; nous<br />

demandons à un ministre de pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> charge un<br />

groupe, et de travailler avec lui sur des cas pratiques<br />

réels. Ou bi<strong>en</strong> nous col<strong>la</strong>borons avec un négociateur<br />

expérim<strong>en</strong>té ou un professeur d’université r<strong>en</strong>ommé.<br />

La sagesse abonde, il ne ti<strong>en</strong>t qu’à nous d’y puiser. <<br />

Li<strong>en</strong>s<br />

Africa Leadership Forum (ALF)<br />

www.africaleadership.<strong>org</strong><br />

Africa Leadership Initiative<br />

www.africaleadership.net<br />

African Leadership Institute<br />

(ALI) www.alinstitute.<strong>org</strong><br />

African Leadership and<br />

Progress Network (ALPN)<br />

www.africanprogress.net<br />

African Peer Review<br />

Mechanism<br />

www.aprm.<strong>org</strong>.za<br />

LEAD Africa<br />

www.leadafrica.co.za<br />

Leadership, Effectiv<strong>en</strong>ess,<br />

Accountability &<br />

Professionalism (LEAP) Africa<br />

www.leapafrica.<strong>org</strong><br />

Lecture<br />

Z. Ntshona et E. Lahiff (2004)<br />

Dec<strong>en</strong>tralisation in South Africa:<br />

Too many chiefs and not<br />

<strong>en</strong>ough democrats id21Research<br />

Highlight.<br />

www.id21.<strong>org</strong>/society/<br />

s8bel1g1.html<br />

R.I. Rotberg (2004)<br />

Str<strong>en</strong>gth<strong>en</strong>ing African leadership,<br />

Foreign Affairs, juillet.<br />

www.foreignaffairs.<strong>org</strong><br />

www.capacity.<strong>org</strong> 11

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