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Mai 2010<br />
Débat<br />
<strong>MGEN</strong> - Seine-Saint-Denis<br />
15<br />
<strong>de</strong> la redistribution, lutter contre <strong>le</strong>s inégalités socia<strong>le</strong>s,<br />
c’est aussi participer à l’amélioration <strong>de</strong> la<br />
santé !<br />
Un danger pour<br />
la cohésion socia<strong>le</strong><br />
Si la Sécurité socia<strong>le</strong> est aujourd’hui en danger, c’est<br />
moins à cause du « trou », que parce qu’el<strong>le</strong> est peu<br />
à peu démembrée, c'est-à-dire que <strong>de</strong> plus en plus<br />
<strong>de</strong> dépenses prises en charge col<strong>le</strong>ctivement par<br />
l’assurance maladie, sont assumées individuel<strong>le</strong>ment<br />
par <strong>le</strong>s ménages et <strong>le</strong>s complémentaires<br />
santé. Etant entendu que <strong>de</strong>puis une vingtaine d’années,<br />
<strong>le</strong>s acteurs <strong>de</strong> l’économie lucrative – <strong>le</strong>s compagnies<br />
d’assurances, <strong>le</strong>s cliniques au capital<br />
<strong>de</strong>squel<strong>le</strong>s on trouve <strong>de</strong>s fonds <strong>de</strong> pension – s’intéressent<br />
<strong>de</strong> très près au secteur <strong>de</strong> la santé, dont <strong>le</strong><br />
volume et la croissance <strong>de</strong> 7 % par an attirent <strong>le</strong>s<br />
convoitises.<br />
Ce transfert fait peser un risque sur la cohésion socia<strong>le</strong>,<br />
comme l’a martelé avec force F. Pierru : « tout<br />
désengagement <strong>de</strong> l’assurance maladie obligatoire<br />
vers <strong>le</strong>s complémentaires santé accroît <strong>le</strong>s inégalités<br />
d’accès aux soins ! ».<br />
Le danger rési<strong>de</strong> aussi dans <strong>le</strong> fait que <strong>de</strong>s structures<br />
non lucratives comme <strong>le</strong>s mutuel<strong>le</strong>s ne pourront<br />
pas pratiquer la solidarité longtemps si <strong>le</strong>s plus<br />
jeunes et <strong>le</strong>s plus hauts revenus sont aspirés par <strong>le</strong>s<br />
structures lucratives.<br />
Que fait-on en ce<br />
moment <br />
F. Pierru explique qu’on traque <strong>le</strong>s frau<strong>de</strong>urs pour un<br />
résultat médiocre : en 2008, une économie <strong>de</strong> 115<br />
millions d’euros a été réalisée pour un budget en déficit<br />
<strong>de</strong> 153 milliards. On diminue presque chaque<br />
année <strong>le</strong> niveau <strong>de</strong> prise en charge (franchises médica<strong>le</strong>s<br />
: 1 euro sur chaque consultation, 0,50 € sur<br />
chaque boîte <strong>de</strong> médicament, forfait hospitalier en<br />
augmentation…). On crée <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte, ce qui pose la<br />
question <strong>de</strong> l’équité entre <strong>le</strong>s générations…<br />
La Sécu,<br />
une dépense uti<strong>le</strong> !<br />
« La Sécurité socia<strong>le</strong> est un très bon système, avec<br />
un objet social, un retour économique et qui crée du<br />
lien social précieux dans un contexte d’éclatement<br />
<strong>de</strong>s catégories, <strong>de</strong>s famil<strong>le</strong>s… » (J.-M. Laxalt)<br />
Nos intervenants ne se sont pas contentés <strong>de</strong> dénoncer<br />
<strong>le</strong>s politiques actuel<strong>le</strong>s. Ils ont souligné qu’il<br />
n’était pas souhaitab<strong>le</strong> <strong>de</strong> réduire <strong>le</strong>s dépenses <strong>de</strong><br />
santé dans l’absolu. En premier lieu pour <strong>de</strong>s questions<br />
économiques : la protection socia<strong>le</strong> représente<br />
30% du PIB, qui en étant redistribué vient soutenir la<br />
consommation, notamment cel<strong>le</strong> <strong>de</strong>s plus démunis.<br />
Mais aussi parce que dépenser pour la santé, c’est<br />
investir pour l’avenir : avoir une population en bonne<br />
santé, pour <strong>le</strong>s actifs comme pour <strong>le</strong>s retraités, c’est<br />
excel<strong>le</strong>nt pour l’avenir d’un pays. Et enfin, parce que<br />
<strong>le</strong> progrès médical a un coût… qui bénéficie aux<br />
patients. Comment priver ceux-ci <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières<br />
avancées qui permettent <strong>de</strong> prolonger la durée <strong>de</strong><br />
vie, d’améliorer <strong>le</strong> confort <strong>de</strong> vie <br />
Tous <strong>de</strong>ux sont d’accord pour affirmer qu’il est efficace<br />
du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> la santé publique d’être solidaire<br />
: <strong>le</strong>s pays qui ont <strong>le</strong>s meil<strong>le</strong>urs indicateurs <strong>de</strong><br />
santé sont ceux où la cohésion socia<strong>le</strong> est la plus<br />
forte. Pas question donc, <strong>de</strong> cé<strong>de</strong>r aux sirènes <strong>de</strong><br />
l’individualisme érigé comme modè<strong>le</strong> et comme<br />
porte <strong>de</strong> sortie du déficit.<br />
Comment<br />
la financer <br />
Pour F. Pierru, « Il faut réhabiliter l’impôt, la cotisation<br />
socia<strong>le</strong>, parce que c’est la seu<strong>le</strong> voie possib<strong>le</strong> pour<br />
financer à l’avenir <strong>de</strong> manière solidaire nos dépenses<br />
<strong>de</strong> santé ». On pourrait alors maîtriser <strong>le</strong>s<br />
dépenses <strong>de</strong> santé en augmentant <strong>le</strong>s prélèvements<br />
obligatoires comme la CSG, assise sur tous<br />
<strong>le</strong>s revenus, proportionnel<strong>le</strong> aux revenus. C’est-àdire<br />
un financement solidaire et équitab<strong>le</strong>, tout <strong>le</strong><br />
contraire d’un financement par la <strong>de</strong>tte ou par une<br />
hausse <strong>de</strong>s primes <strong>de</strong>s complémentaires santé,<br />
non proportionnel<strong>le</strong>s aux revenus, tarifées aux<br />
risques, à l’âge et donc <strong>de</strong> manière injuste.<br />
L’avenir est-il à la<br />
prévention <br />
Après plus d’1h30 <strong>de</strong> débat qui mettait d’accord sur<br />
l’essentiel <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux intervenants, <strong>le</strong> thème <strong>de</strong> la prévention<br />
suscita <strong>de</strong>s points <strong>de</strong> vue divergents.<br />
Pour J.-M. Laxalt, <strong>le</strong> XX e sièc<strong>le</strong> a vu <strong>le</strong> développement<br />
<strong>de</strong>s soins, tant <strong>de</strong> l’offre que <strong>de</strong>s coûts. Selon<br />
lui, <strong>le</strong> XXI e sièc<strong>le</strong> doit – ou <strong>de</strong>vrait être – celui <strong>de</strong> la<br />
bonne santé et <strong>de</strong>s moyens mis en œuvre pour <strong>le</strong><br />
<strong>de</strong>meurer davantage. Cela dépend bien entendu<br />
<strong>de</strong> l’offre <strong>de</strong> soins, <strong>de</strong>s conditions objectives (logement,<br />
travail, organisation généra<strong>le</strong> <strong>de</strong> la société),<br />
mais aussi <strong>de</strong>s comportements individuels et <strong>de</strong> la<br />
responsabilité <strong>de</strong> chacun, <strong>de</strong>s professionnels <strong>de</strong><br />
santé comme <strong>de</strong>s patients. Cela afin <strong>de</strong> tendre vers<br />
un « individualisme altruiste ». F. Pierru, pour sa part,<br />
a souligné que <strong>le</strong> discours sur la prévention <strong>de</strong>vait<br />
être manié avec précaution et ne <strong>de</strong>vait pas prendre<br />
<strong>de</strong>s tournures culpabilisantes voire discriminantes<br />
pour <strong>le</strong>s catégories populaires. Il a expliqué par<br />
exemp<strong>le</strong> que, si la prévention du tabagisme avait<br />
eu un effet sur la santé <strong>de</strong>s classes moyennes et aisées<br />
<strong>de</strong> la population, c’était moins <strong>le</strong> cas pour <strong>le</strong>s<br />
plus défavorisés pour qui la cigarette était un moyen<br />
<strong>de</strong> gérer <strong>le</strong> stress généré par <strong>le</strong>urs conditions d’existence.<br />
Ces <strong>de</strong>rniers risqueraient d’être doub<strong>le</strong>ment<br />
touchés : par la fiscalité sur <strong>le</strong> tabac et par <strong>le</strong>s déremboursements…<br />
Une discussion vive et riche qui montre que la protection<br />
socia<strong>le</strong> ne doit pas être réduite à une question<br />
technique et comptab<strong>le</strong>. Parce qu’el<strong>le</strong> engage<br />
l’avenir <strong>de</strong> tous, el<strong>le</strong> doit faire l’objet d’un débat ouvert<br />
et citoyen.<br />
■<br />
« La Sécurité socia<strong>le</strong> est<br />
un très bon système,<br />
avec un objet social,<br />
un retour économique<br />
et qui crée du lien<br />
social précieux dans<br />
un contexte d’éclatement<br />
<strong>de</strong>s catégories,<br />
<strong>de</strong>s famil<strong>le</strong>s… »<br />
J.-M. Laxalt