Télécharger le n°236 (Novembre 2012) - Saint-Priest

22 Saint-Priest
EVENEMENT
« Le sport est un chemin vers la citoyenneté »
« Le sport abolit,
pour un temps
éphémère, ce qui
sépare ; les différences
sont oubliées le temps
du jeu. »
Philosophe et consultant dans le domaine
du sport, Alain Arvin-Berod est aussi
administrateur du laboratoire d’idées
Sport et citoyenneté. Il décortique pour
Couleurs les apports sociaux de la pratique
sportive.
Quels liens faites-vous entre le sport et la citoyenneté,
ces deux notions au cœur de votre
travail
Historiquement, la pratique sportive s’est développée
dans des groupes appelés « sociétés ». Ce
n’était pas la société au sens où on l’entend aujourd’hui,
plutôt des communautés, où les hommes
étaient liés par des affinités. De manière plus large,
on constate aujourd’hui que le sport abolit, pour
un temps éphémère, ce qui sépare : les différences
sociales, ethniques, personnelles, sont oubliées le
temps d’un match. Seule la finalité du jeu ensemble
prévaut, et c’est certainement cette valeur-là du
vivre ensemble qui peut être un chemin vers la citoyenneté.
Dans le sport, comme dans la société, il y
a des droits et des devoirs, des règles à respecter et
une répartition des rôles à tenir.
Comment le sport arrive-t-il à réunir au-delà des
différences
Le sport fait référence car c’est un moment de
liberté, c’est l’expression de l’être libre. On va dans
le sport pour le plaisir, et c’est cela qui rassemble.
On voit souvent le sport comme une parenthèse,
un moment privilégié d’où se dégage une fraternité,
tels des supporters qui se retrouvent au stade. De
plus, le sport est une occasion de reconnaissance,
un facteur identitaire : à travers une manifestation
sportive, on affirme l’identité d’un club ou d’une ville,
mais aussi l’identité de la personne qui pratique, qui
se retrouve valorisée sous les regards.
En quoi est-ce important pour une ville d’investir
le domaine du sport
Les collectivités territoriales sont les principaux
acteurs du fonctionnement et du développement
du sport. À travers le sport, de la construction des
équipements à l’organisation de manifestations, un
territoire renforce son identité, sa cohésion sociale,
s’inscrit dans des projets… Les collectivités sont aussi
les garantes des valeurs humanistes et citoyennes
du sport, ce qui peut être plus compliqué avec le
sport business. Et enfin, elles proposent une articulation
entre les associations, acteurs historiques de
la pratique sportive, et la pratique individuelle, qui se
développe de plus en plus.
Comment décrire la pratique sportive des Français
aujourd’hui
Ce qui la caractérise, c’est qu’il n’y a pas d’âge :
jeunes, vieux, valides, handicapés, le sport touche
toute la société. C’est une évolution, car avant la
compétition était réservée aux jeunes ; d’ailleurs,
aujourd’hui, la compétition n’est plus une motivation
majeure, les gens se mettent d’abord au sport
pour des raisons de santé. On remarque aussi que
la pratique s’affranchit de l’encadrement associatif
pour devenir plus personnelle. Mais cela ne chamboule
pas les valeurs du sport : une personne qui fait
son footing seule ou avec des amis est porteuse des
mêmes valeurs qu’un licencié dans un club.
Retrouvez Alain Arvin-Berod à la soirée débat
« Pourquoi court-on » vendredi 16 novembre à
18 h 30 au Scénario (voir ci-contre).
Pour gagner
« Quand j’ai commencé la course,
j’ai tout de suite aimé gagner,
atteindre la première place. Il faut
se faire mal pour réussir, mais la
compétition, c’est ce qui me motive.
» Carlos, coureur de demifond.
Pour la forme
« On court pour être en forme,
s’entretenir, et garder la ligne !
On pratique entre midi et deux,
en alternant avec des petites
séances de musculation. Ensuite
on se sent plus détendus pour finir
la journée. » Cyril et Philippe, pratiquants
réguliers.
Par habitude
« Je ne sais plus pourquoi je cours !
C’est devenu une habitude. J’ai
commencé il y a quarante ans,
par besoin de faire du sport, et
j’y ai pris goût. Aujourd’hui, je ne
peux plus m’arrêter. » Joël, entraîneur.
Pour me défouler
« Je travaille de nuit, donc la journée
il faut que je sorte, que je me
défoule. La course, c’est la facilité,
car le parc est à côté de chez
moi. Si je ne pouvais pas courir, je
serais sur les nerfs ! » Laurence,
pratiquante régulière.