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8<br />

avant-propos<br />

Par Hélène Guichard, commissaire de l’exposition<br />

Égyptologues, amateurs, étudiants ou voyageurs savent tous que la figure animale est omniprésente dans les témoignages<br />

artistiques que nous ont laissés les anciens Égyptiens. Ces curieuses divinités – corps humain à tête animale ou corps<br />

animal à tête humaine – pour extraordinaires qu’elles soient, ne nous étonnent plus et sont l’image de marque, dans<br />

l’imaginaire collectif, de la civilisation égyptienne. De même, les scènes de la vie quotidienne où évoluent chats, singes et<br />

gazelles, ou encore les scènes agricoles qui couvrent les parois des mastabas, ces tombes caractéristiques de l’Ancien<br />

Empire, nous rendent l’Égypte ancienne singulièrement proche et familière. Il est vrai que l’animal est une référence<br />

commune autour de laquelle, à travers les siècles et au gré des civilisations, les hommes se rejoignent et se retrouvent.<br />

Pourtant, le rapport que les Égyptiens ont entretenu avec les représentants du règne animal n’a pas toujours été<br />

justement compris et le jugement qu’ont porté sur lui les historiens grecs et romains, les penseurs chrétiens des origines<br />

et les observateurs occidentaux modernes, se transmettant des idées reçues et des interprétations hasardeuses, n’a<br />

jamais été à l’honneur de la civilisation égyptienne. L’égyptologie, avec l’aide des zoologistes, s’est bien sûr emparée<br />

du sujet dès le 19 e siècle, mais l’iconographie est tellement riche qu’elle constitue, de nos jours encore, un vaste terrain<br />

d’enquête. Et la qualité esthétique et la force évocatrice des productions artistiques égyptiennes sont telles qu’aux plaisirs<br />

de l’identification et de la recherche égyptologique s’ajoute, sans conteste, la délectation. C’est donc à partager ces<br />

plaisirs que notre exposition prétend inviter le visiteur.<br />

Quelle était la faune antique qui s’offrait à l’observation des Égyptiens Admirable ou redoutable, comment l’ont-ils<br />

apprivoisée, chassée ou exploitée Comment se sont-ils approprié ces formes fascinantes pour exprimer autre chose<br />

que la simple beauté animale Quelles sont les motivations qui les ont incités à représenter leurs dieux et leurs rois<br />

comme des bêtes Pourquoi ont-ils sacrifié et momifié des multitudes d’animaux, du plus humble au plus spectaculaire <br />

Autant de questions que l’on peut légitimement se poser et auxquelles l’exposition tentera d’apporter des éléments de<br />

réponse tout en fournissant au visiteur des clés de compréhension et le loisir de contempler, de la gracile gazelle au<br />

taureau puissant, le spectacle d’une faune sublimée par l’habileté des artistes égyptiens.<br />

La vocation de l’archéologue étant de restituer et de dévoiler, par son enquête minutieuse et patiente, les aspects d’un<br />

monde révolu, la faune antique du Nil offre ce merveilleux avantage d’apporter un éclairage essentiel sur de nombreux<br />

volets de la civilisation pharaonique. Les témoins sont innombrables – sculptures, reliefs, peintures, sources écrites,<br />

momies, restes animaux – et les disciplines multiples – histoire et histoire de l’art, épigraphie, archéozoologie – et c’est<br />

donc tout un champ d’investigation et une foule d’indices qui s’offrent à nos recherches. C’est pourquoi il nous a semblé<br />

pertinent de faire un point de la question et de livrer une vision de l’Égypte ancienne, profane et sacrée, à travers le prisme<br />

du monde animal.<br />

Dans cet objectif, plus de 430 œuvres et documents ont été sélectionnés. Si la plupart sont issus des collections du<br />

département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre, des spécimens naturalisés sont prêtés par le muséum<br />

d’Histoire naturelle de Lille, un volume de la Description de l’Égypte par la Bibliothèque centrale des Musées nationaux, et<br />

quelques œuvres ou objets par le Muséum national d’Histoire naturelle, par le département des Antiquités orientales du<br />

Louvre ou par le musée du Petit Palais (Paris). Dans son itinérance espagnole (Caixa Forum à Madrid à partir d’avril 2015,<br />

puis à Barcelone jusqu’en janvier 2016), l’exposition fera appel à quelques œuvres et spécimens des muséums de Madrid<br />

et de Barcelone, du Museu de Montserrat et du Museu Egipci de Barcelone.<br />

Si les salles du Louvre exposent de manière permanente de nombreuses œuvres figurant à l’exposition, plus de 150 ont<br />

été spécialement sorties des réserves, certaines n’ayant jusqu’à présent jamais été exposées au public. L’occasion pour<br />

elles de bénéficier d’opérations de restauration, d’un certain nombre d’analyses de matériaux (notamment d’analyses<br />

xylologiques pour identifier les essences de bois – indigènes ou importés – utilisés pour les façonner), mais aussi d’être<br />

publiées pour la première fois.<br />

Enfin, une opération d’examen tomodensitométrique 1 de 14 des momies animales exposées a été mise en place sous la<br />

houlette d’un médecin radiologue et avec le concours d’un cabinet vétérinaire équipé d’un scanner. L’imagerie médicale<br />

obtenue dans ce cadre et interprétée par des experts a permis de collecter des informations scientifiques inédites sur ces<br />

momies (nature de l’animal embaumé, type de mise à mort, techniques mises en œuvre par les embaumeurs, etc.). Elle a<br />

de surcroît été exploitée pour concevoir un dispositif multimédia qui offrira au visiteur l’opportunité de procéder lui-même<br />

à l’autopsie virtuelle de quelques spécimens.<br />

La mise en regard du répertoire animalier, des spécimens naturalisés et des momies animales, des productions artistiques,<br />

des objets de la vie quotidienne et des témoignages des croyances religieuses et funéraires, permettra, nous le souhaitons,<br />

de sensibiliser les publics à l’intérêt et aux charmes de ce monde animal tel que l’ont connu et exprimé, avec intelligence<br />

et sensibilité, les anciens Égyptiens.<br />

1 <br />

Tomodensitométrie : technique d’imagerie médicale qui consiste à mesurer, au moyen d’un scanner, l’absorption des rayons X par les tissus puis, par<br />

traitement informatique, à numériser et enfin reconstruire des images 2D ou 3D des structures anatomiques.

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