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Fondements réels et monétaires de l'inflation au ... - Idecburundi.org

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<strong>Fon<strong>de</strong>ments</strong> réels <strong>et</strong> monétaires <strong>de</strong> l’inflation <strong>au</strong><br />

Burundi<br />

Par<br />

Dr. Ferdinand BARARUZUNZA 1<br />

Résumé<br />

Les fon<strong>de</strong>ments réels <strong>et</strong> monétaires <strong>de</strong> l’inflation renvoient, pour le cas <strong>de</strong>s économies<br />

contemporaines ouvertes où le rôle <strong>de</strong> l’Etat comme du secteur privé <strong>de</strong>vient <strong>de</strong> plus en plus<br />

crucial, <strong>au</strong>x eff<strong>et</strong>s <strong>de</strong>s politiques budgétaire <strong>et</strong> monétaire, <strong>au</strong>ssi bien conjoncturelles que<br />

structurelles, sur le nive<strong>au</strong> <strong>de</strong>s prix, à travers plusieurs can<strong>au</strong>x <strong>de</strong> transmission. Le résultat<br />

majeur qui domine est que la t<strong>au</strong>x d’inflation est fondamentalement influencé par les<br />

variations t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> croissance du déficit public, du t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> croissance <strong>de</strong> la production, du<br />

t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> croissance monétaire, du t<strong>au</strong>x d’intérêt, <strong>et</strong> <strong>de</strong>s t<strong>au</strong>x d’inflation caractéristiques <strong>de</strong>s<br />

pério<strong>de</strong>s passées. Le t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> change influence indirectement le mouvement inflationniste, à<br />

travers les <strong>au</strong>tres variables ou les <strong>au</strong>tres prix. Ces variables qui passent pour c<strong>au</strong>ses<br />

majeures <strong>de</strong> l’inflation constituent alors les gran<strong>de</strong>s pistes <strong>de</strong> politiques <strong>de</strong> stabilité <strong>de</strong>s prix.<br />

Classification JEL: E31, E51, E52, E60<br />

Mots clés : Inflation, politique budgétaire, politique monétaire.<br />

1 Dr. Ferdinand BARARUZUNZA est un Chercheur Professionnel à l’IDEC, vol<strong>et</strong> Macroéconomie


2<br />

Introduction<br />

Le phénomène inflationniste est actuellement en train <strong>de</strong> s’aggraver <strong>au</strong> rythme d’inquiéter le<br />

mon<strong>de</strong> entier, <strong>et</strong> plusieurs théories sont avancées pour en expliquer la nature <strong>et</strong> les c<strong>au</strong>ses. Au<br />

nive<strong>au</strong> international, le choc pétrolier <strong>et</strong> la crise alimentaire <strong>et</strong> la crise financière américaine<br />

semblent être les plus d-gran<strong>de</strong>s sources <strong>de</strong> l’inflation. Au Burundi, l’<strong>au</strong>gmentation du prix<br />

du pétrole <strong>et</strong> <strong>de</strong>s prix d’<strong>au</strong>tres produits importés, la stagnation voire la baisse <strong>de</strong> la production<br />

<strong>et</strong> donc <strong>de</strong> l’offre <strong>de</strong>s produits agricoles <strong>et</strong> alimentaires, la crise sociopolitique qui engendre la<br />

perturbation du système économique sont les principales c<strong>au</strong>ses <strong>de</strong> l’inflation.<br />

De façon générale, les différentes interprétations <strong>de</strong> l’inflation peuvent se ramener <strong>au</strong>x<br />

facteurs <strong>de</strong> politique budgétaire <strong>et</strong> monétaire, <strong>de</strong> nature en même temps conjoncturels <strong>et</strong><br />

structurels, nation<strong>au</strong>x ou relevant <strong>de</strong> l’économie mondiale.<br />

Les facteurs conjoncturels sont essentiellement liés <strong>au</strong>x chocs temporaires <strong>et</strong> souvent<br />

inattendus qui obligent les responsables <strong>de</strong> politique économique d’engager <strong>de</strong> nouvelles<br />

dépenses dont les sources <strong>de</strong> financement peuvent être alternativement ou conjointement (1)<br />

les rec<strong>et</strong>tes fiscales, (2) les emprunts intérieurs ou extérieurs, <strong>et</strong> (3) la création monétaire. Par<br />

c<strong>au</strong>ses structurelles <strong>de</strong> l’inflation, il f<strong>au</strong>t entendre toute la problématique <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong> l’offre<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> globales, à travers l’accroissement <strong>de</strong> la production nationale ou la maîtrise<br />

par programmation <strong>de</strong> la consommation nationale, ce qui implique <strong>de</strong>s politiques dites <strong>de</strong> long<br />

terme. De même dans les économies contemporaines <strong>de</strong> plus en plus ouvertes <strong>au</strong>x échanges<br />

extérieurs, l’inflation peut être due <strong>au</strong>x déséquilibres internes ou <strong>au</strong>x déséquilibres extérieurs.<br />

Dans ce papier, nous avons l’objectif d’expliquer l’importance relative <strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong><br />

l’inflation susmentionnés <strong>et</strong> <strong>de</strong> proposer les lignes majeures <strong>de</strong> stabilisation <strong>de</strong>s prix <strong>au</strong><br />

Burundi, <strong>et</strong> <strong>de</strong> ce fait, le travail est articulé en trois. La première section porte sur la<br />

définition <strong>et</strong> la mesure du concept <strong>de</strong> l’inflation, la <strong>de</strong>uxième sur les sources <strong>de</strong> l’inflation, <strong>et</strong><br />

la <strong>de</strong>rnière section sur la vérification empirique <strong>de</strong>s théories <strong>et</strong> hypothèses présentées sur le<br />

suj<strong>et</strong> en question.


3<br />

Section I. Définition <strong>et</strong> mesure <strong>de</strong> l’inflation<br />

Il existe be<strong>au</strong>coup <strong>de</strong> définitions <strong>de</strong> la notion d’inflation, mais l’unanimité semble requise<br />

selon laquelle l’inflation est une h<strong>au</strong>sse généralisée, cumulatif <strong>et</strong> <strong>au</strong>to entr<strong>et</strong>enue <strong>de</strong>s prix<br />

[Goux (1998)]. De façon générale, elle est mesurée par la variation en pourcentage du nive<strong>au</strong><br />

<strong>de</strong>s prix à la consommation, mais sa composante permanente 2 est donnée par la médiane ou la<br />

moyenne sur une pério<strong>de</strong> quelconque [Michael, Bryan, Stephen, Cecch<strong>et</strong>ti (1994)].<br />

Cependant, il convient <strong>de</strong> souligner les limites liées à la notion <strong>de</strong> moyenne ou <strong>de</strong> médiane,<br />

car l’une ou l’<strong>au</strong>tre peut cacher <strong>de</strong>s écarts trop significatifs correspondant à <strong>de</strong>s phénomènes<br />

importants, comme le montre le graphique 1 suivant.<br />

Graphique 1. Evolution du t<strong>au</strong>x d’inflation (tinfl) <strong>au</strong> Burundi<br />

40<br />

30<br />

20<br />

10<br />

0<br />

-10<br />

1970<br />

1972<br />

1974<br />

1976<br />

1978<br />

1980<br />

1982<br />

1984<br />

1986<br />

1988<br />

tinfl<br />

1990<br />

1992<br />

Trend<br />

1994<br />

1996<br />

1998<br />

2000<br />

2002<br />

2004<br />

2006<br />

2008<br />

Sur ce graphique, la composante permanente <strong>de</strong> l’inflation est donnée par le t<strong>au</strong>x d’inflation<br />

moyen (Trend) <strong>de</strong> 10%, alors que, sur la pério<strong>de</strong> étudiée 1970-2008, le t<strong>au</strong>x d’inflation<br />

courant (tinfl) atteint souvent <strong>de</strong>s nive<strong>au</strong>x supérieurs à 30%. Ainsi, les pério<strong>de</strong>s 79-82, 94 -<br />

2000, <strong>et</strong> 2000-2003 manifestent <strong>de</strong>s pics remarquables qui méritent une attention particulière.<br />

De même, il existe dans toute économie <strong>de</strong>s prix plus flexibles <strong>et</strong> <strong>de</strong>s prix à structure<br />

relativement rigi<strong>de</strong>s. Et la littérature donne en la matière un grand nombre <strong>de</strong> théories <strong>de</strong> la<br />

rigidité <strong>de</strong>s prix (voir annexe).<br />

2 La composante permanente <strong>de</strong> l’inflation signifie la partie <strong>de</strong> l’inflation qui est réputée être stable dans le<br />

temps. Par exemple sur le graphique 1, elle est obtenue en régressant la valeur courante sur les valeurs passées<br />

du t<strong>au</strong>x d’inflation.


4<br />

Dans les pays africains essentiellement agricoles <strong>et</strong> à prédominance <strong>de</strong>s exploitations<br />

agricoles familiales, notamment le Burundi, certaines théories comme celle <strong>de</strong> la tarification<br />

<strong>au</strong> coût marginal ou selon la vérité <strong>de</strong>s prix, celle <strong>de</strong>s élasticités pro cycliques ou celle <strong>de</strong>s<br />

ajustements par la variation <strong>de</strong>s stocks, ne sont pas véritablement commo<strong>de</strong>s pour expliquer le<br />

comportement <strong>de</strong>s prix <strong>de</strong>s produits agricoles en milieu rural.<br />

Les biens agricoles échangés en milieu rural constituent la première catégorie <strong>de</strong>s biens à<br />

prix rigi<strong>de</strong>s parce que (1) les ménages produisent essentiellement pour l’<strong>au</strong>toconsommation,<br />

(2) l’économie rurale est très faiblement monétisée, (3) la fréquence <strong>de</strong>s marchés est très<br />

p<strong>et</strong>ite (généralement une fois la semaine), les ménages rur<strong>au</strong>x sous-estiment les prix <strong>de</strong><br />

revient <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nrées à vendre (problème <strong>de</strong> la caisse unique, <strong>de</strong> la main d’œuvre familiale <strong>et</strong> du<br />

croît <strong>de</strong>s anim<strong>au</strong>x), (4) l’information sur l’environnement économique n’est pas disponible,<br />

(5) les marchés sont difficilement accessibles suite <strong>au</strong> rése<strong>au</strong> routier insuffisant.<br />

En revanche, les mêmes produits agricoles, une fois introduits dans le circuit <strong>de</strong><br />

commercialisation, <strong>et</strong> échangés en milieu urbain notamment, ont <strong>de</strong>s prix flexibles en raison<br />

<strong>de</strong>s marges bénéficiaires que les grossistes ou détaillants ajustent rapi<strong>de</strong>ment <strong>au</strong>x chocs<br />

économiques divers comme les chocs fisc<strong>au</strong>x. Par exemple, la marge sur prix <strong>de</strong> détail en<br />

septembre 2007 est <strong>de</strong> 271.54 % pour le manioc, 127.95 % pour la farine <strong>de</strong> manioc, 345.35<br />

pour la patate douce, 76.14 pour la banane à cuire <strong>et</strong> 118.10 pour la pomme <strong>de</strong> terre [FAO<br />

(2007)].<br />

Cela revient à affirmer que les commerçants opérant sur les marchés urbains, à plus forte<br />

raison le marché <strong>de</strong> Bujumbura, reçoivent les informations sur le climat <strong>de</strong>s affaires, <strong>et</strong><br />

adaptent leurs comportements <strong>et</strong> leur système <strong>de</strong> tarification plus que les producteurs résidant<br />

à la campagne isolée. C’est à c<strong>au</strong>se <strong>de</strong> ces marges que les prix <strong>de</strong>s biens alimentaires semblent<br />

s’ajuster <strong>au</strong>x prix <strong>de</strong>s produits pétroliers, bien entendu dans <strong>de</strong>s proportions inférieures<br />

comme le montre le table<strong>au</strong> 1 ci-après.


5<br />

Table<strong>au</strong> 1. Evolution <strong>de</strong>s prix <strong>de</strong>s principales <strong>de</strong>nrées échangées en milieu urbain en<br />

francs burundais, <strong>de</strong> 1996 à 2007.<br />

Produits 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2007<br />

Gasole 150 540 563 720 1 050 1 320 1 400<br />

Essence 165 480 613 780 1 000 1 300 1 400<br />

Haricot 120 290 353 303 430 500 738<br />

Farine<br />

Manioc 150 274 430 450 500 650 800<br />

Patate<br />

douce 90 150 250 200 200 350 500<br />

%∆<br />

1996-2007<br />

833<br />

748<br />

515<br />

433<br />

455<br />

Source : FAO (2007), Rapport annuel<br />

Suite <strong>au</strong>x facteurs susmentionnés, <strong>et</strong> pour l’année 2007, les prix sur les marchés commun<strong>au</strong>x<br />

étaient respectivement <strong>de</strong> 350.95 <strong>et</strong> <strong>de</strong> 112.27 pour la farine <strong>de</strong> manioc <strong>et</strong> pour la patate douce<br />

<strong>et</strong> sont passés en milieux urbains <strong>de</strong> Bujumbura à 800 <strong>et</strong> à 500 FBU. La surproduction <strong>de</strong> la<br />

patate douce observée dans certaines régions en 2004 <strong>et</strong> en 2007 traduit l’incapacité <strong>de</strong>s<br />

circuits <strong>de</strong> commercialisation à drainer les excès vers les régions ou marchés déficitaires.<br />

En ce qui concerne la <strong>de</strong>uxième catégorie <strong>de</strong> prix rigi<strong>de</strong>s, les contrats nomin<strong>au</strong>x <strong>et</strong><br />

implicites, <strong>au</strong>xquels il f<strong>au</strong>t ajouter la contrainte forte <strong>de</strong> chômage qui amènent les agents à<br />

travailler à n’importe quel salaire offert, semblent effectivement robustes pour expliquer la<br />

très gran<strong>de</strong> lenteur d’ajustement <strong>de</strong>s salaires <strong>au</strong>x chocs conjoncturels, que ce soit dans la<br />

fonction publique, dans le secteur privé ou dans les emplois à caractère domestiques.<br />

La troisième catégorie renvoie <strong>au</strong>x biens <strong>et</strong> services <strong>de</strong> toute sorte échangés avec <strong>de</strong>s contrats<br />

annuels ou pluriannuels avec prépaiement (abonnements divers, transactions à terme…).


6<br />

Section II. Sources <strong>de</strong> l’inflation <strong>au</strong> Burundi<br />

Dans la littérature économique, les sources <strong>de</strong> l’inflation font <strong>de</strong>puis longtemps l’obj<strong>et</strong> d’une<br />

controverse houleuse. Certaines théories comme celle <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s d’éviction, soutiennent que<br />

l’inflation, serait due essentiellement <strong>au</strong>x perturbations économiques consécutives à<br />

l’intervention <strong>de</strong> l’Etat <strong>au</strong> travers <strong>de</strong>s programmes <strong>de</strong> dépenses publiques.<br />

En revanche, les monétaristes, à travers notamment la théorie quantitative <strong>de</strong> la monnaie,<br />

pensent que l’inflation est un phénomène essentiellement monétaire : « l’inflation est toujours<br />

<strong>et</strong> partout un phénomène monétaire en ce sens qu’elle est <strong>et</strong> qu’elle ne peut être générée que<br />

par une <strong>au</strong>gmentation <strong>de</strong> la quantité <strong>de</strong> monnaie plus rapi<strong>de</strong> que celle <strong>de</strong> la production » 3 .<br />

Dans c<strong>et</strong>te section, nous présentons, pour le cas du Burundi, les can<strong>au</strong>x <strong>de</strong> transmission <strong>de</strong>s<br />

eff<strong>et</strong>s <strong>de</strong> la politique budgétaire (II.1) <strong>et</strong> <strong>de</strong> la politique monétaire (II.2) sur le t<strong>au</strong>x<br />

d’inflation, ainsi que les facteurs liés à la structure même <strong>de</strong> l’économie burundaise (II.3).<br />

II.1. Transmission <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s <strong>de</strong> la politique budgétaire sur l’inflation<br />

Les sources fiscales <strong>de</strong> l’inflation renvoient d’une façon ou d’une <strong>au</strong>tre (a) à l’ampleur <strong>et</strong> à la<br />

structure <strong>de</strong>s dépenses publiques, (b) ainsi qu’<strong>au</strong> mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> financement <strong>de</strong>s dépenses en<br />

questions [Blin<strong>de</strong>r & Choi (1994), Oken & Arthur (1981)].<br />

a. Eff<strong>et</strong> direct <strong>de</strong>s dépenses publiques sur l’inflation<br />

L’influence directe <strong>de</strong> l’intervention <strong>de</strong> l’Etat trouve ici ses fon<strong>de</strong>ments dans la loi <strong>de</strong> l’offre<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>. Dans c<strong>et</strong>te perspective, les dépenses gouvernementales peuvent c<strong>au</strong>ser<br />

directement l’inflation, dans le sens où elles peuvent se traduire par un choc <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, c’est<br />

à dire une <strong>au</strong>gmentation subite <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>. Dès lors, comme l’offre ne peut pas <strong>au</strong>gmenter<br />

immédiatement pour répondre à la nouvelle <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, il en résulte un ajustement par les prix<br />

<strong>de</strong> l’économie [Heyman, Leijonhufvud (1995), Malinv<strong>au</strong>d (1991)].<br />

3 Friedman M (1958) : The Relationship of Prices to Economic stability and Growth,<br />

Cambridge.


7<br />

Pour le cas du Burundi, on observe un accroissement progressif <strong>de</strong> toutes sortes <strong>de</strong> dépenses<br />

sociales (1) <strong>de</strong> santé publique, (2) d’éducation, (3) <strong>de</strong> réinsertion socioprofessionnelle <strong>de</strong>s<br />

soldats <strong>et</strong> officiers démobilisés, (4) d’installation <strong>et</strong> d’encadrement <strong>de</strong>s populations sinistrées<br />

<strong>de</strong> toute sorte, (5) <strong>de</strong> paiement <strong>de</strong>s arriérés <strong>de</strong> la d<strong>et</strong>te publique intérieure ou extérieure, (6) <strong>de</strong><br />

sécurité publique, <strong>et</strong>c.<br />

Par exemple, les graphiques 2&3 traduisent les choix <strong>et</strong> les orientations <strong>de</strong> la politique<br />

budgétaire en termes <strong>de</strong> dépenses totales (Total), <strong>de</strong> dépenses <strong>au</strong> titre <strong>de</strong>s services génér<strong>au</strong>x<br />

(G), <strong>de</strong> services soci<strong>au</strong>x (S), <strong>et</strong> <strong>de</strong> services économiques (E). Il ressort <strong>de</strong> ces graphiques que<br />

les services génér<strong>au</strong>x occupent <strong>de</strong>puis les années 1970 la première place, viennent ensuite les<br />

services soci<strong>au</strong>x, tandis que les dépenses directement productives sont toujours négligées.<br />

Une telle structure <strong>de</strong>s dépenses se r<strong>et</strong>rouve dans presque tous les pays p<strong>au</strong>vres avec gran<strong>de</strong><br />

contrainte <strong>de</strong> liquidité qui les pousse à satisfaire les besoins les plus urgents, en privilégiant<br />

l’administration centrale <strong>et</strong> l’<strong>au</strong>torité politique du pays.<br />

Graphique 2. Structure <strong>de</strong>s dépenses en millions <strong>de</strong> francs burundais<br />

(<strong>de</strong> 1970 à 1993)<br />

50000<br />

Dépenses<br />

40000<br />

30000<br />

20000<br />

10000<br />

0<br />

1970<br />

1973<br />

1976<br />

1979<br />

1982<br />

Année<br />

1985<br />

1988<br />

1991<br />

G S E Total


8<br />

NB. Le choix <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre l’évolution <strong>de</strong>s diverses catégories <strong>de</strong> dépenses sur <strong>de</strong>ux graphiques<br />

est motivé par le fait que pour la représentation sur un seul graphique, certaines courbes se<br />

confon<strong>de</strong>nt avec l’axe <strong>de</strong>s abscisses <strong>et</strong> <strong>de</strong>viennent moins lisibles.<br />

Graphique 3. Evolution <strong>de</strong> la structure <strong>de</strong>s dépenses en millions <strong>de</strong> francs burundais<br />

(1994-2008)<br />

450 000<br />

400 000<br />

350 000<br />

300 000<br />

Dépenses<br />

250 000<br />

200 000<br />

150 000<br />

100 000<br />

50 000<br />

0<br />

1994<br />

1995<br />

1996<br />

1997<br />

1998<br />

1999<br />

G S E Total<br />

2000<br />

2001<br />

2002<br />

2003<br />

2004<br />

2005<br />

2006<br />

2007<br />

2008<br />

Année<br />

C<strong>et</strong>te structure <strong>de</strong>s dépenses publiques est plus inflationniste parce que les dépenses <strong>au</strong><br />

titre <strong>de</strong>s services génér<strong>au</strong>x sont dominées par <strong>de</strong>s importations, ou alors <strong>de</strong>s<br />

consommations <strong>de</strong> luxe.


9<br />

b. Mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> financement <strong>de</strong>s dépenses publiques <strong>et</strong> inflation<br />

S’agissant du mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> financement <strong>de</strong>s dépenses publiques, les instruments effectivement ou<br />

potentiellement disponibles pour faire face à c<strong>et</strong>te montée <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> sociale en dépenses<br />

publiques sont essentiellement (1) les rec<strong>et</strong>te fiscales <strong>et</strong> (2) la d<strong>et</strong>te publique.<br />

Pour le premier mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> financement, il importe <strong>de</strong> noter que, dans une situation <strong>de</strong> crise<br />

sociale <strong>et</strong> politique qui secoue le pays <strong>de</strong>puis 1993, l’assi<strong>et</strong>te fiscale qu’est la production<br />

intérieure diminue en valeur réelle (accroissement <strong>de</strong>s prix plus proportionnel que celui <strong>de</strong> la<br />

production nominale) <strong>et</strong> le relèvement du montant <strong>de</strong>s rec<strong>et</strong>tes fiscales n’est envisageable que<br />

par le canal d’une forte <strong>au</strong>gmentation du t<strong>au</strong>x d’imposition, du nombre <strong>de</strong> produits à<br />

imposer(en diminuant les exonérations ou en attaquant le système informel).<br />

Or, les ven<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> biens <strong>et</strong> services incorporent rapi<strong>de</strong>ment ces changements <strong>de</strong> politique<br />

fiscale dans les prix <strong>de</strong> vente, ce qui provoque un accroissement <strong>de</strong>s prix <strong>et</strong> du t<strong>au</strong>x<br />

d’inflation. Pour le cas du Burundi en espèce, le graphique 4 suivant donne une vue<br />

d’ensemble <strong>de</strong> la relation qui s’établit entre les rec<strong>et</strong>tes fiscales () <strong>et</strong> le t<strong>au</strong>x d’inflation.<br />

Graphique 4. Evolution du t<strong>au</strong>x <strong>de</strong>s rec<strong>et</strong>tes fiscales (DRF) <strong>et</strong> du t<strong>au</strong>x d’inflation<br />

(tinfl)<br />

60<br />

40<br />

Valeurs<br />

20<br />

0<br />

-20<br />

-40<br />

1970<br />

1973<br />

1976<br />

1979<br />

1982<br />

1985<br />

1988<br />

1991<br />

1994<br />

1997<br />

2000<br />

2003<br />

2006<br />

Année<br />

DRF (%)<br />

tinfl


10<br />

Ce graphique démontre que le poids <strong>de</strong> la fiscalité est bien remarquable comme source <strong>de</strong><br />

l’inflation, surtout à partir <strong>de</strong> la <strong>de</strong>uxième moitié <strong>de</strong>s années 1990 où les le t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> croissance<br />

<strong>de</strong>s rec<strong>et</strong>tes fiscales totales monte <strong>et</strong> diminue presque avec le t<strong>au</strong>x d’inflation. Dans une telle<br />

pério<strong>de</strong> d’instabilité politique <strong>et</strong> donc également économique, l’assi<strong>et</strong>te fiscale en termes<br />

d’accroissement <strong>de</strong> la production intérieure ne s’est pas améliorée, <strong>et</strong> l’accroissement <strong>de</strong>s<br />

rec<strong>et</strong>tes fiscales a été rendu possible par <strong>de</strong>s actions sur le t<strong>au</strong>x d’imposition <strong>et</strong> sur la gamme<br />

<strong>de</strong>s biens imposables. C<strong>et</strong>te option <strong>de</strong> politique fiscale est dangereuse à moyen ou long terme<br />

car elle risque <strong>de</strong> confirmer le principe <strong>de</strong> Laffer selon lequel « trop d’impôt tue l’impôt ».<br />

Le <strong>de</strong>uxième mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> financement est la d<strong>et</strong>te publique intérieure ou extérieure dont la<br />

soutenabilité dépend du rapport entre le t<strong>au</strong>x d’intérêt sur la d<strong>et</strong>te en question <strong>et</strong> le t<strong>au</strong>x <strong>de</strong><br />

croissance <strong>de</strong> l’économie nationale considéré comme un indicateur <strong>de</strong> la capacité à<br />

rembourser [Raffinot & Ven<strong>et</strong> (2003)].<br />

A ce propos, l’analyse <strong>de</strong> soutenabilité <strong>de</strong> la d<strong>et</strong>te publique pour le Burundi à faible<br />

croissance <strong>et</strong> à faible mobilité <strong>de</strong>s capit<strong>au</strong>x internation<strong>au</strong>x, montre que l’accroissement <strong>de</strong>s<br />

dépenses publiques se traduit par l’<strong>au</strong>gmentation <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> crédits qui, toute chose<br />

égale par ailleurs, l’offre <strong>de</strong> monnaie restant inchangées, provoque une h<strong>au</strong>sse du t<strong>au</strong>x<br />

d’intérêt <strong>et</strong> partant, d’<strong>au</strong>tres prix [Modigliani (1976), Feldstein <strong>et</strong> Horioka (1994)].<br />

Ce mécanisme comporte bien entendu les eff<strong>et</strong>s d’éviction multiples en termes <strong>de</strong> baisse <strong>de</strong><br />

l’activité privée consécutive à l’accroissement <strong>de</strong>s t<strong>au</strong>x d’intérêt nomin<strong>au</strong>x [Hicks (1980-81)].<br />

Pour le cas du Burundi, le graphique 5 ci-après perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> j<strong>au</strong>ger la c<strong>au</strong>salité entre la d<strong>et</strong>te<br />

intérieure <strong>et</strong> l’inflation.


11<br />

Graphique 5. Evolution du t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> croissance <strong>de</strong> la d<strong>et</strong>te publique intérieure<br />

(D<strong>de</strong>puint en %) <strong>et</strong> du t<strong>au</strong>x d’inflation (tinfl)<br />

300<br />

Valeurs<br />

200<br />

100<br />

0<br />

-100<br />

1970<br />

1973<br />

1976<br />

1979<br />

1982<br />

1985<br />

1988<br />

1991<br />

Années<br />

D<strong>de</strong>puint (%)<br />

tinfl<br />

1994<br />

1997<br />

2000<br />

2003<br />

2006<br />

Ce graphique dégage une certaine trajectoire convergente du t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> croissance <strong>de</strong> la d<strong>et</strong>te<br />

intérieure <strong>et</strong> du t<strong>au</strong>x d’inflation. Il est vrai que l’économie burundaise est encore<br />

financièrement réprimée <strong>et</strong> que les programmes <strong>de</strong> libéralisation financières restent mitigés,<br />

mais la d<strong>et</strong>te publique intérieure influence <strong>de</strong> façon non négligeable la formation <strong>de</strong>s t<strong>au</strong>x<br />

d’intérêt surtout débiteurs sur le marché <strong>de</strong> la monnaie <strong>et</strong> partant le nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> l’inflation. Le<br />

t<strong>au</strong>x d’intérêt joue ici comme relais entre les facteurs réels <strong>et</strong> les facteurs monétaires <strong>de</strong><br />

l’inflation.


12<br />

II.2. <strong>Fon<strong>de</strong>ments</strong> monétaires <strong>de</strong> l’inflation<br />

Les pensées monétaristes soutiennent que l’inflation est essentiellement due à <strong>de</strong>s facteurs<br />

monétaristes, <strong>et</strong> que l’instrument le mieux approprié pour stabiliser les prix est le contrôle <strong>de</strong><br />

la masse monétaire en circulation [Feldstein, Stock (1994), Friedman & Kuttner (1992), Judd<br />

& Motley (1992),Friedman (1956), Friedman (1958)].<br />

Dans c<strong>et</strong>te perspective, un accroissement du t<strong>au</strong>x d’inflation serait attribuable <strong>au</strong>x<br />

responsables <strong>de</strong> la politique monétaire qui sont chargés du contrôle <strong>de</strong>s variables directement<br />

ou indirectement corrélées <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> général <strong>de</strong>s prix telles que la (1) masse monétaire en<br />

circulation, (2) le t<strong>au</strong>x d’intérêt, <strong>et</strong> (3) le t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> change.<br />

a. De la corrélation entre le t<strong>au</strong>x d’inflation <strong>et</strong> les variables comme la masse<br />

monétaire en circulation <strong>et</strong> le t<strong>au</strong>x d’intérêt<br />

L’influence <strong>de</strong>s facteurs monétaires sur l’inflation est toujours controversée. Premièrement,<br />

il existe une littérature qui démontre que l’<strong>au</strong>gmentation <strong>de</strong> la masse monétaire rendue<br />

possible par l’introduction <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong>x bill<strong>et</strong>s <strong>et</strong> pièces pour payer les fournisseurs divers, se<br />

traduit par l’<strong>au</strong>gmentation du revenu nominal (M) <strong>et</strong> <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> sur le marché <strong>de</strong>s biens <strong>et</strong><br />

services, <strong>et</strong> ce phénomène est inflationniste à partir du moment où l’ajustement <strong>de</strong> l’offre <strong>de</strong><br />

biens <strong>et</strong> services ne peut se faire qu’après un certain délai. Ainsi, à court terme, l’ajustement<br />

<strong>de</strong> l’économie <strong>au</strong>x chocs ne se fait que par les prix. C<strong>et</strong>te influence <strong>de</strong> la masse monétaire est<br />

appelée « eff<strong>et</strong> d’encaisses réelles » [Lucas (1990), Grosman <strong>et</strong> Weiss (1983)].<br />

Deuxièmement, on peut envisager <strong>de</strong>s situations où les accroissements <strong>de</strong> monnaie pourraient<br />

ne pas c<strong>au</strong>ser <strong>de</strong> l’inflation, une fois orientés davantage, par le canal <strong>de</strong> la distribution <strong>de</strong>s<br />

crédits, vers l’investissement productif <strong>et</strong> non vers la consommation [Jaffee <strong>et</strong> Russell (1976),<br />

Stiglitz <strong>et</strong> Weiss (1981), Bernanke <strong>et</strong> Blin<strong>de</strong>r (1988)].<br />

Troisièmement, l’accroissement <strong>de</strong> la masse monétaire pourrait provoquer plutôt la baisse du<br />

t<strong>au</strong>x d’intérêt selon la loi <strong>de</strong> l’offre <strong>et</strong> <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> la monnaie, ce qui est en quelque<br />

sorte une source <strong>de</strong> diminution <strong>de</strong>s prix. C<strong>et</strong>te relation est connue sous le nom <strong>de</strong> : « eff<strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

liquidité » [Ohanian & Stockman (1997)].


13<br />

Pour le Burundi, les différentes émissions <strong>de</strong> monnaie semblent be<strong>au</strong>coup plus orientées vers<br />

le financement <strong>de</strong>s déficits publics, ce qui est à l’origine <strong>de</strong> la dévaluation <strong>de</strong> la monnaie<br />

nationale, laquelle se répercute sur le nive<strong>au</strong> <strong>de</strong>s prix. Sa finalité n’est pas d’<strong>au</strong>gmenter l’offre<br />

<strong>de</strong> monnaie en vue <strong>de</strong> réduire le t<strong>au</strong>x d’intérêt, d’où les eff<strong>et</strong>s <strong>de</strong> liquidités sont presque nuls<br />

ou imperceptibles.<br />

La politique <strong>de</strong> crédit semble timi<strong>de</strong> par rapport à son objectif <strong>de</strong> stimuler la production. Par<br />

exemple, les tentatives en termes <strong>de</strong> Fonds National <strong>de</strong> Garantie ont échoué, les Banques ou<br />

sociétés <strong>de</strong> financement du développement orientent leurs activités <strong>de</strong> plus en plus vers le<br />

commerce, comme stratégie <strong>de</strong> limiter les risques. En définitive, l’eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> la politique<br />

monétaire sur l’inflation apparaît sur le graphique 6.<br />

Graphique 6. T<strong>au</strong>x <strong>de</strong> croissance monétaire (tm2), t<strong>au</strong>x d’intérêt (it) <strong>et</strong> t<strong>au</strong>x<br />

d’inflation (tinfl)<br />

60<br />

40<br />

Valeurs<br />

20<br />

0<br />

-20<br />

1970<br />

1973<br />

1976<br />

1979<br />

1982<br />

1985<br />

1988<br />

1991<br />

1994<br />

1997<br />

2000<br />

2003<br />

2006<br />

Années<br />

tinfl tm2 it<br />

On remarque une gran<strong>de</strong> corrélation entre le t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> croissance monétaire <strong>et</strong> le t<strong>au</strong>x<br />

d’inflation. Plus profondément, le t<strong>au</strong>x d’inflation monte chaque fois que le t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> croissance<br />

monétaire <strong>au</strong>gmente <strong>et</strong> diminue dans le cas contraire, <strong>et</strong> ce résultat semble plus vraisemblable<br />

durant toute la pério<strong>de</strong> qui commence par l’année 1994, où les pics <strong>de</strong> la croissance monétaire<br />

correspondant avec ceux <strong>de</strong> la croissance du t<strong>au</strong>x d’inflation.


14<br />

Ainsi, pendant la crise socio politique qui a commencé en 1993, l’inflation semble<br />

effectivement être plus d’origine monétaire, ce qui s’expliquerait par l’ampleur <strong>de</strong>s déficits<br />

financés par création monétaire.<br />

Durant c<strong>et</strong>te pério<strong>de</strong>, les t<strong>au</strong>x d’intérêt nomin<strong>au</strong>x ont subi une h<strong>au</strong>sse permanente en restant<br />

<strong>au</strong>-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> 18%. Ainsi, les accroissements <strong>de</strong> la masse monétaire ont eu plus <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong><br />

d’encaisses réelles <strong>et</strong> moins d’eff<strong>et</strong> positif sur les crédits orientés vers l’investissement<br />

productif <strong>et</strong> pas du tout d’eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> liquidité.<br />

b. Volatilité du t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> change <strong>et</strong> ses implications sur le t<strong>au</strong>x d’inflation<br />

De même, compte tenu <strong>de</strong> la dévaluation <strong>de</strong> la monnaie nationale burundaise ou <strong>de</strong>s<br />

fluctuations <strong>de</strong>s prix internation<strong>au</strong>x, le renchérissement <strong>de</strong>s biens importés, notamment <strong>de</strong>s<br />

produits pétroliers, se répercute immédiatement ou à moyen terme sur les prix <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nrées<br />

produites <strong>et</strong> offertes localement (inflation importée).<br />

Ce mécanisme <strong>de</strong> transmission s’explique <strong>au</strong> travers notamment <strong>de</strong> la théorie <strong>de</strong>s prix<br />

relatifs. La notion <strong>de</strong> prix relatifs désigne ici le rapport entre les prix intérieurs, c'est-à-dire<br />

<strong>de</strong>s biens <strong>et</strong> services produits nationalement <strong>et</strong> les prix extérieurs c'est-à-dire <strong>de</strong>s biens <strong>et</strong><br />

services produits dans le reste du mon<strong>de</strong> [Dornbush (1976), Kouri (1975), Mun<strong>de</strong>ll (1964)].<br />

Ce canal <strong>de</strong> transmission <strong>de</strong>s fluctuations <strong>de</strong>s prix internation<strong>au</strong>x est implicitement lié <strong>au</strong><br />

principe <strong>de</strong> la parité <strong>de</strong>s pouvoirs d’achat qui stipule que le prix d’un bien <strong>de</strong>vrait être le<br />

même partout où il est échangé, ce qui signifie que le t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> change d’une monnaie dépend<br />

du nive<strong>au</strong> d’inflation pratiqué dans les partenaires étrangers, <strong>et</strong> que dans un pays quelconque,<br />

l’accroissement <strong>de</strong> l’inflation intérieure implique la dévaluation <strong>de</strong> la monnaie <strong>et</strong> inversement.<br />

Pour le cas du Burundi, la corrélation entre le t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> change <strong>et</strong> le t<strong>au</strong>x d’inflation pourrait<br />

être appréciée <strong>au</strong> travers du graphique 7 suivant.


15<br />

Graphique 7. Croissance du t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> change [Dtcn (%)] <strong>et</strong> du t<strong>au</strong>x d’inflation<br />

(tinfl)<br />

40<br />

Valeurs<br />

20<br />

0<br />

-20<br />

1970<br />

1973<br />

1976<br />

1979<br />

1982<br />

1985<br />

Années<br />

1988<br />

1991<br />

1994<br />

1997<br />

2000<br />

2003<br />

2006<br />

tinfl Dtcn (%)<br />

Il est tout à fait clair que le t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> change n’affecte pas directement <strong>et</strong> dans <strong>de</strong>s proportions<br />

importantes le t<strong>au</strong>x d’inflation. D’une part, l’économie burundaise est faiblement ouverte <strong>au</strong>x<br />

échanges extérieures, <strong>et</strong> d’une part, les eff<strong>et</strong>s <strong>de</strong> la dévaluation sur l’inflation transitent par<br />

d’<strong>au</strong>tres can<strong>au</strong>x comme la fiscalité, la réduction <strong>de</strong> la consommation <strong>de</strong> certains biens<br />

importés, <strong>et</strong>c.<br />

II.3. C<strong>au</strong>ses structurelles <strong>de</strong> l’inflation <strong>au</strong> Burundi<br />

Les sources réelles <strong>de</strong> l’inflation qui ne sont pas directement d’origine fiscale tiennent <strong>au</strong><br />

déséquilibre du marché <strong>de</strong>s biens <strong>et</strong> services, <strong>et</strong> plus précisément <strong>au</strong> déficit <strong>de</strong> l’offre c<strong>au</strong>sé<br />

par l’insuffisance <strong>de</strong> la production nationale ou à l’excès <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> liée essentiellement à<br />

la croissance <strong>de</strong> la population.<br />

Du côté <strong>de</strong> l’offre, dans les pays en développement qui vivent essentiellement <strong>de</strong><br />

l’agriculture, l’offre globale est dominée par les produits agricoles, à plus forte raison les<br />

biens alimentaires, <strong>et</strong> dépend <strong>de</strong> façon prépondérante <strong>de</strong>s aléas climatiques. Cependant, il est<br />

important <strong>de</strong> noter que pour le cas en espèce du Burundi, la crise sociale <strong>et</strong> politique qui sévit<br />

<strong>de</strong>puis 1993 est une c<strong>au</strong>se forte <strong>de</strong> la baisse <strong>de</strong> la production agricole telle que lisible dans le<br />

graphique 8.


16<br />

Graphique 8. Evolution <strong>de</strong> la production agricole en équivalents céréales (EC)<br />

1 220<br />

Evolution <strong>de</strong> la production en EC<br />

1 200<br />

1 180<br />

1 160<br />

1 140<br />

1 120<br />

1 100<br />

1 080<br />

2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008<br />

Années<br />

Source : OMD, <strong>de</strong>uxième rapport d’exécution, Vice-Ministère chargé <strong>de</strong> la Planification,<br />

septembre 2008.<br />

Bien entendu, d’<strong>au</strong>tres c<strong>au</strong>ses structurelles bloquent la dynamique <strong>de</strong> la production nationale.<br />

Il s’agit notamment du « faible développement <strong>de</strong> l’économie rurale, du t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> croissance<br />

démographique trop élevé <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’exiguïté <strong>de</strong>s terres qui en résulte, <strong>de</strong> la prédominance d’une<br />

économie <strong>de</strong> subsistance, <strong>de</strong> l’insuffisance <strong>de</strong>s infrastructures d’appui à la production, du<br />

faible nive<strong>au</strong> d’épargne <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’investissement, du faible nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> développement du capital<br />

humain, du t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> chômage élevé <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’ampleur <strong>de</strong> l’économie informelle… » [CSLP<br />

(2006)].<br />

A cela s’ajoutent d’<strong>au</strong>tres facteurs politiques qui sont la source <strong>de</strong> la m<strong>au</strong>vaise gouvernance,<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> la malversation économique non suffisamment combattues qui justifient l’inefficacité<br />

<strong>de</strong>s politiques publiques <strong>et</strong> <strong>de</strong>s budg<strong>et</strong>s y relatifs [Banque Mondiale (2008)].


17<br />

Au nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, les sources du déséquilibre du marché <strong>de</strong> biens <strong>et</strong> services<br />

tiennent à la croissance démographique, à la disparité <strong>de</strong>s revenus <strong>de</strong>s ménages tels que les<br />

plus riches manifestent <strong>de</strong>s fonctions <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> inélastiques par rapport <strong>au</strong>x prix, à une<br />

absence <strong>de</strong> planification <strong>de</strong>s importations moins chères aptes à combler le déficit surtout en<br />

biens alimentaires, <strong>et</strong>c.<br />

Du point <strong>de</strong> vue macroéconomique, en comparant la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>et</strong> l’offre, la pério<strong>de</strong> réputée<br />

la plus frappée par l’inflation est <strong>au</strong>ssi celle où le t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> croissance <strong>de</strong> la production<br />

intérieure est inférieur <strong>au</strong> t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> croissance <strong>de</strong> la population, traduisant par là un excès <strong>de</strong> la<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> (voir graphique 9 ci-après).<br />

Graphique 9. Evolution <strong>de</strong>s t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> croissance <strong>de</strong> la population [population growth<br />

(annual %)] <strong>et</strong> <strong>de</strong> la production intérieure [GDP growth (annual %)]<br />

30<br />

Valeurs<br />

20<br />

10<br />

0<br />

-10<br />

1970<br />

1973<br />

1976<br />

1979<br />

1982<br />

1985<br />

1988<br />

1991<br />

Années<br />

GDP growth (annual %) Population growth (annual %)<br />

1994<br />

1997<br />

2000<br />

2003<br />

2006<br />

Avant la crise sociopolitique qui a commencé en octobre 1993, le t<strong>au</strong>x d’inflation était<br />

relativement faible, étant donné que la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> en biens <strong>et</strong> services qui est approximé ici par<br />

le t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> croissance <strong>de</strong> la population était couverte par l’offre. Dès 1993, suite à la<br />

perturbation <strong>de</strong> la fonction <strong>de</strong> production intérieure, l’inflation a commencé à monter<br />

vertigineusement suite à la carence <strong>de</strong>s biens, surtout alimentaires.


18<br />

A la lumière <strong>de</strong>s explications <strong>de</strong> la notion d’inflation <strong>et</strong> <strong>de</strong> ses différentes sources, il est<br />

possible d’envisager les mécanismes <strong>de</strong> défense du pouvoir d’achat <strong>et</strong> <strong>de</strong> lutte contre<br />

l’inflation. Mai il se pose toujours la question <strong>de</strong> savoir jusqu’où il f<strong>au</strong>t combattre la h<strong>au</strong>sse<br />

<strong>de</strong>s prix, car l’inflation n’est pas que nuisible, elle perm<strong>et</strong> notamment une certaine flexibilité<br />

<strong>de</strong>s politiques économiques en terme <strong>de</strong> contrôle du t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> chômage <strong>et</strong> <strong>de</strong> croissance.<br />

En eff<strong>et</strong>, les politiques budgétaires expansionnistes provoquent un accroissement du t<strong>au</strong>x<br />

d’inflation d’une part, mais perm<strong>et</strong>tent d’<strong>au</strong>gmenter le nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> l’emploi <strong>et</strong> donc <strong>de</strong> réduire<br />

le t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> chômage.<br />

A partir <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te relation inflation-chômage, il se pose la question <strong>de</strong> savoir quel est le nive<strong>au</strong><br />

d’inflation qui serait tolérable compte tenu du nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> croissance <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’emploi souhaité. Il<br />

n’existe pas <strong>de</strong> réponse précise à c<strong>et</strong>te question, mais il y a moyen <strong>de</strong> penser à un intervalle<br />

acceptable <strong>de</strong> t<strong>au</strong>x d’inflation cibles.<br />

Pour le cas <strong>de</strong>s pays en développement, à plus forte raison, <strong>de</strong> l’Afrique subsaharienne, les<br />

programmes du FMI avancent qu’un t<strong>au</strong>x qui en <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> 5% ou <strong>au</strong> <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> 30 % serait<br />

trop nuisible à l’activité économique [Goldsbrough, Adovor & Elberger (2007)]. Dans c<strong>et</strong><br />

intervalle, il est admis que la marge <strong>de</strong> 15 à 20 % serait acceptable comme marge cible <strong>de</strong><br />

t<strong>au</strong>x d’inflation. En particulier pour la zone Franc CFA, les t<strong>au</strong>x utilisés pour définir le<br />

domaine <strong>de</strong> l’inflation dite modérée restent inférieurs <strong>au</strong> seuil <strong>de</strong> 15 % [Dornbusch & Fisher<br />

(1993)].<br />

En ce qui concerne le Burundi, il s’était engagé durant la pério<strong>de</strong> 2003-2007 à stabiliser les<br />

prix, avec un objectif <strong>de</strong> passer <strong>de</strong> la cible d’inflation <strong>de</strong> 5 à 10 % à la cible d’inflation <strong>de</strong> 3 à<br />

5 %. Cependant, il n’y est pas parvenu, puisque le t<strong>au</strong>x d’inflation oscille toujours <strong>au</strong>tour <strong>de</strong><br />

10 %. Un grand effort reste à fournir pour arriver à soutenir le pouvoir d’achat <strong>de</strong>s ménages.<br />

Dans c<strong>et</strong> esprit, il est nécessaire <strong>de</strong> vérifier empiriquement les plus grands arguments <strong>de</strong><br />

l’inflation en vue d’apprécier les instruments les plus efficaces <strong>de</strong> politique <strong>de</strong> stabilisation<br />

<strong>de</strong>s prix, ce qui est le souci <strong>de</strong> la section III.


19<br />

Section III. Test <strong>de</strong> force comparative <strong>de</strong>s variables explicatives <strong>de</strong> l’inflation<br />

Les facteurs précé<strong>de</strong>mment présentés influencent le phénomène inflationniste mais avec <strong>de</strong>s<br />

pouvoirs explicatifs différents. Ainsi, lorsque les responsables <strong>de</strong> la politique économique<br />

doivent stabiliser les prix, ils se posent toujours la question <strong>de</strong> savoir quelles variables<br />

déterminent l’inflation plus que les <strong>au</strong>tres. Le test <strong>de</strong> force explicative comparative <strong>de</strong>s<br />

variables a alors l’objectif d’établir l’ordre dans lequel les facteurs évoqués expliquent<br />

l’inflation.<br />

III.1. Spécification du modèle <strong>de</strong> l’inflation <strong>et</strong> signes attendus <strong>de</strong>s coefficients<br />

A. le Modèle<br />

Au regard <strong>de</strong> la structure <strong>de</strong>s dépenses <strong>de</strong> consommation, nous postulons que la valeur <strong>de</strong>s<br />

biens consommésle prix <strong>de</strong> la consommation <strong>de</strong>s ménages en question (p) est une pondération<br />

<strong>de</strong>s prix <strong>de</strong>s biens importés (p m ) <strong>et</strong> <strong>de</strong>s prix <strong>de</strong>s biens produits localement dits encore prix<br />

intérieurs (p d ). Ainsi le modèle <strong>de</strong> base est <strong>de</strong> la forme :<br />

p t = p t d<br />

+ p t<br />

m<br />

(éq.1)<br />

Présentée sous forme logarithmique en vue <strong>de</strong> dégager les élasticités respectives <strong>de</strong>s variables<br />

explicatives <strong>de</strong> la structure du prix <strong>de</strong> la consommation <strong>de</strong>s ménages, l’équation 1 <strong>de</strong>vient :<br />

log p t = log (p t d ) + log (p t m )<br />

(éq.2)<br />

Or, les prix <strong>de</strong>s biens échangeables internationalement sont gouvernés par les lois du marché<br />

mondial, notamment les prix mondi<strong>au</strong>x (pf) <strong>et</strong> le t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> change (e), référence faite <strong>de</strong> la<br />

parité <strong>de</strong>s pouvoirs d’achat (PPA). De ce fait, la dépréciation du t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> change ou<br />

l’<strong>au</strong>gmentation <strong>de</strong>s prix internation<strong>au</strong>x vont se répercuter sur les prix <strong>de</strong>s biens importés <strong>et</strong><br />

inversement :<br />

log (p t m ) =log e t + log (p t f )<br />

(éq.3)<br />

Ainsi, l’équation 2 <strong>de</strong>vient :


20<br />

log p t = log (p t d ) + log e t + log (p t f )<br />

(éq.4)<br />

Quant <strong>au</strong>x prix intérieurs <strong>de</strong>s biens produits localement, ils dépen<strong>de</strong>nt du rapport entre le<br />

volume <strong>de</strong> la production <strong>et</strong> la masse monétaire en circulation. Ce rapport est expliqué dans les<br />

théories <strong>de</strong> la fonction <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> monnaie néoclassique <strong>et</strong> keynésienne. D’un côté, la<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> monnaie néoclassique est essentiellement gouvernée par la quantitative <strong>de</strong> la<br />

monnaie selon laquelle le prix <strong>de</strong>s biens <strong>et</strong> services dépend da production nationale <strong>et</strong> <strong>de</strong> la<br />

vitesse <strong>de</strong> circulation :<br />

vM<br />

M =<br />

t<br />

t<br />

= 1 ptYt<br />

⇒ pt<br />

(éq.5)<br />

v<br />

Yt<br />

Où v traduit la vitesse <strong>de</strong> circulation <strong>de</strong> la monnaie c’est-à-dire le nombre <strong>de</strong> fois qu’une unité<br />

monétaire passe d’un agent à un <strong>au</strong>tre suite à une transaction.<br />

De l’<strong>au</strong>tre côté, la théorie keynésienne soutient que la masse monétaire dépend du volume <strong>de</strong><br />

la production <strong>et</strong> du t<strong>au</strong>x d’intérêt :<br />

M<br />

t<br />

= F( Yt<br />

, i)<br />

(éq.6)<br />

La convergence <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux théorie, quantitative <strong>et</strong> keynésienne, est liée à la présence <strong>de</strong> la<br />

production nationale dans la détermination <strong>de</strong> la masse monétaire, <strong>et</strong> leur différence est<br />

traduite par la variable t<strong>au</strong>x d’intérêt qui, chez les économistes classiques, est contenue dans<br />

l’influence exercée par les prix.<br />

Au Burundi, la libéralisation financière est telle que le poids <strong>de</strong>s t<strong>au</strong>x d’intérêt soit<br />

relativement significatif. De ce fait, il semble plus réaliste <strong>de</strong> combiner les <strong>de</strong>ux théories, ce<br />

qui donne l’équation 7, suivante :<br />

M<br />

t<br />

= F(<br />

Y , i , P<br />

⇒ log P<br />

t<br />

d<br />

t<br />

t<br />

d<br />

t<br />

) ⇒ P<br />

t<br />

d<br />

t<br />

= α logY<br />

+ β log M<br />

= G(<br />

Y , M , i ) = αY<br />

t<br />

t<br />

+ λi<br />

t<br />

t<br />

t<br />

t<br />

+ βM<br />

t<br />

+ λi<br />

t<br />

(éq.7)<br />

Comme le t<strong>au</strong>x d’intérêt est exprimé en pourcentage, il n’est pas nécessaire <strong>de</strong> le transformer<br />

en logarithme pour générer son impact en terme d’élasticité.


21<br />

Dès lors, l’équation (2) <strong>de</strong>vient, compte tenu <strong>de</strong>s équations (4) <strong>et</strong> (7) :<br />

log p t = log (p t d )+ log (p t m ) = log (p t d ) + log e t + log (p t f )<br />

⇔ log p t = α log Y t + β log M t + λ log i t + δ log e t + ρ log (p t f )<br />

(éq.8)<br />

Dès lors, afin <strong>de</strong> mieux mesurer l’impact <strong>de</strong> la politique budgétaire sur l’indice <strong>de</strong>s prix à la<br />

consommation, il est tout à fait commo<strong>de</strong> d’introduire dans l’équation <strong>de</strong> l’inflation la<br />

variable déficit public. De même, les prix internation<strong>au</strong>x (P f ) constituent une variable<br />

exogène sur laquelle les <strong>au</strong>torités nationales ne peuvent pas agir, raison pour laquelle il serait<br />

compréhensible <strong>de</strong> la supprimer <strong>de</strong> l’équation en question.<br />

Enfin, dans la pratique, certaines séries pour les variables comme le déficit, qui ont <strong>de</strong> valeurs<br />

négatives, ne peuvent pas être transformées en logarithmes, <strong>et</strong> pour cela, nous adoptons<br />

d’utiliser pour toutes les séries, les t<strong>au</strong>x. Ainsi, le modèle final à estimer, avec constante <strong>et</strong><br />

résidu, est <strong>de</strong> la forme :<br />

ti t =c + α tcd t + β tcy t + λ tcm t + ρ i t + δ tce t + u t (éq.9)<br />

où : c = constante, ti = t<strong>au</strong>x d’inflation, tcd = t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> croissance du déficit, tcy = t<strong>au</strong>x <strong>de</strong><br />

croissance du produit intérieur brut, tcm = t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> croissance <strong>de</strong> la masse monétaire M2, i =<br />

t<strong>au</strong>x d’intérêt débiteur, <strong>et</strong> tce = t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> croissance du t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> change nominal, u est le résidu.<br />

Dans c<strong>et</strong>te équation, la politique monétaire pourra influencer le nive<strong>au</strong> <strong>de</strong>s prix à travers la<br />

masse monétaire, le t<strong>au</strong>x d’intérêt, <strong>et</strong> t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> change, <strong>et</strong> la politique budgétaire pourra agir sur<br />

le t<strong>au</strong>x d’inflation à travers les déficits publics essentiellement <strong>et</strong> la production intérieure.<br />

B. Signes attendus <strong>de</strong>s coefficients<br />

Dans ce modèle, il est clair que le t<strong>au</strong>x d’inflation serait en même temps influencé<br />

directement par la politique budgétaire, la politique monétaire, <strong>et</strong> indirectement, à moyen <strong>et</strong><br />

long terme par le canal <strong>de</strong> la production nationale. En termes <strong>de</strong> signes attendus <strong>de</strong>s variables,<br />

il est logique <strong>de</strong> postuler que :


22<br />

a. le signe associé à la première variable est controversé : l’économie keynésienne <strong>de</strong> la<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>, basée sur le principe du multiplicateur nous append que les dépenses publiques<br />

stimulent la consommation, l’investissement <strong>et</strong> la production nationale <strong>et</strong> partant provoque<br />

l’<strong>au</strong>gmentation <strong>de</strong> l’offre qui réduit le nive<strong>au</strong> <strong>de</strong>s prix. Dans c<strong>et</strong> esprit, le signe α, <strong>de</strong> la<br />

variable tcd serait négatif.<br />

Cependant, la théorie <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s d’éviction postule que l’accroissement <strong>de</strong>s dépenses<br />

publiques provoque plus l’accroissement <strong>de</strong>s t<strong>au</strong>x d’intérêt <strong>et</strong> donc <strong>de</strong> l’inflation. Le signe en<br />

question serait alors positif. Pour le cas du Burundi, nous avons établi que les dépenses<br />

publiques sont dominées par les services génér<strong>au</strong>x <strong>et</strong> les services soci<strong>au</strong>x à faible capacité<br />

d’entraînement, ce qui expliquerait que le signe <strong>de</strong> corrélation entre l’inflation <strong>et</strong> le déficit soit<br />

positif.<br />

b. Pour le signe β associé à la masse monétaire, il est possible que le t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> croissance<br />

monétaire, dans un contexte <strong>de</strong> contrainte budgétaire <strong>de</strong> l’Etat <strong>et</strong> d’une économie dualiste, soit<br />

supérieur <strong>au</strong> t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> croissance économique, ce qui provoquerait l’inflation. Le signe serait<br />

alors positif.<br />

c. Les signes que prendraient les variables t<strong>au</strong>x d’intérêt, t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> change <strong>et</strong> prix<br />

internation<strong>au</strong>x sont bien entendu positifs, compte tenu <strong>de</strong> la théorie <strong>de</strong>s prix relatifs.


23<br />

III.2. Test <strong>de</strong> stationnarité <strong>de</strong>s variables r<strong>et</strong>enues<br />

a. Description du test<br />

Pour tester la stationnarité <strong>de</strong>s séries, nous utilisons le test ADF (Augmented Dickey-Fuller)<br />

qui procè<strong>de</strong> <strong>de</strong> la façon suivante. Soit le vecteur <strong>au</strong>torégressif d’ordre 1 : y t = u +ρy t-1 + ε t .<br />

Alors, y est stationnaire si : -1


24<br />

IV.3. Résultats <strong>de</strong> l’estimation par la MCO<br />

a. Présentation <strong>de</strong>s résultats<br />

1°. Métho<strong>de</strong> d’estimation : Moindre carrés ordinaires<br />

2°. Fonction commandée : TI C TCD TCY TCM I TCE D(TI) D(TCD) D(TCY) D(TCM)<br />

D(I) D(TCE) D(TI(-1)) D(TCD(-1)) D(TCY(-1)) D(TCM(-1)) D(I(-1)) D(TCE(-1))<br />

3°. Structure <strong>de</strong> l’équation : TI = C(1) + C(2)*TCD + C(3)*TCY + C(4)*TCM + C(5)*I +<br />

C(6)*TCE + C(7)*D(TI) + C(8)*D(TCD) + C(9)*D(TCY) + C(10)*D(TCM) + C(11)*D(I) +<br />

C(12)*D(TCE) + C(13)*D(TI(-1)) + C(14)*D(TCD(-1)) + C(15)*D(TCY(-1)) +<br />

C(16)*D(TCM(-1)) + C(17)*D(I(-1)) + C(18)*D(TCE(-1))<br />

4°. Valeurs <strong>de</strong>s 18 coefficients estimés (Table<strong>au</strong> 3)<br />

Variable Coefficient Ecart type Statistique <strong>de</strong> Stu<strong>de</strong>nt Probabilité.<br />

1. C 18.745 6.168 3.039 0.018<br />

2. TCD -0.006 0.013 -0.464 0.526<br />

3. TCY -0.489 0.279 -1.749 0.123<br />

4. TCM -3E-09 1E-09 -2.565 0.378<br />

5. I 0.055 0.023 2.334 0.352<br />

6. TCE -1E-09 2E-09 -0.700 0.505<br />

7. D(TI) 0.506 0.185 2.733 0.229<br />

8. D(TCD) 0.018 0.017 1.077 0.031<br />

9. D(TCY) -0.045 -0.306 0.146 0.036<br />

10. D(TCM) 2E-09 1E-09 2.126 0.011<br />

11. D(I) 0.058 0.040 -1.465 0.028<br />

12. D(TCE) 1E-09 1E-09 0.696 0.508<br />

13. D(TI(-1)) 0.539 0.154 3.487 0.010<br />

14. D(TCD(-1)) 0.014 0.011 1.273 0.243<br />

15. D(TCY(-1)) 0.243 0.300 0.808 0.445<br />

16. D(TCM(-1)) 1E-09 8E-10 1.275 0.242<br />

17. D(I(-1)) -0.051 0.047 -1.087 0.312<br />

18. D(TCE(-1)) 6E-10 9E-10 0.662 0.528<br />

R-squared 0.846<br />

Durbin-Watson 1.572<br />

Jarque-Bera 2.31


25<br />

b. Commentaire <strong>de</strong>s résultats <strong>et</strong> conclusion<br />

La lecture <strong>de</strong> ce table<strong>au</strong> montre que le modèle estimé est statistiquement robuste avec un<br />

coefficient <strong>de</strong> détermination R 2 supérieur à 84%, une valeur <strong>de</strong> DW qui confirme<br />

l’absence d’<strong>au</strong>tocorrélation <strong>de</strong>s erreurs, une valeur <strong>de</strong> Jarque-Bera <strong>de</strong> 2.31 inférieure à 5.9,<br />

qui confirme la distribution normale <strong>de</strong>s termes d’erreurs.<br />

Les coefficients statistiquement significatifs sont ceux pour lesquels les probabilités sont<br />

inférieures à 5%. Il s’agit <strong>de</strong>s coefficients c(8), c(9), c(10), c(11), <strong>et</strong> c(13), associés<br />

respectivement <strong>au</strong>x différences premières <strong>de</strong>s t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> croissance du déficit public d(tcd),<br />

t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> croissance <strong>de</strong> la production d(tcy), t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> croissance monétaire d(tcm),t<strong>au</strong>x<br />

d’intérêt d(i), <strong>et</strong> <strong>au</strong>x variations absolues <strong>de</strong>s t<strong>au</strong>x d’inflation caractéristiques <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s<br />

passées d(ti(-1)).<br />

Les coefficients en question, s<strong>au</strong>f c(9) sont positifs, ce qui signifie que le t<strong>au</strong>x d’inflation<br />

monte lorsque les variables <strong>de</strong> déficit public, <strong>de</strong> masse monétaire en circulation, <strong>de</strong> t<strong>au</strong>x<br />

d’intérêt varient à la h<strong>au</strong>sse. Le coefficient c(9) associé à la production intérieure est<br />

négatif, ce qui est tout à fait logique puisque l’accroissement <strong>de</strong> la production <strong>et</strong> donc <strong>de</strong><br />

l’offre <strong>de</strong> biens <strong>et</strong> services sur le marché participe à l’amortissement du phénomène<br />

inflationniste. Les variations <strong>de</strong> t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> change n’influencent pas <strong>de</strong> façon significative <strong>et</strong><br />

directement le t<strong>au</strong>x d’inflation, parce ses eff<strong>et</strong>s transitent par les <strong>au</strong>tres variables comme le<br />

t<strong>au</strong>x d’intérêt.<br />

Ainsi, en termes <strong>de</strong> politiques conjoncturelles <strong>de</strong> lutte contre l’inflation, les actions<br />

porteraient sur la diminution ou l’orientation efficiente <strong>de</strong>s déficits, le contrôle <strong>de</strong> la<br />

croissance monétaire qui <strong>de</strong>vrait être programmée <strong>au</strong> rythme <strong>de</strong> la croissance <strong>de</strong> la<br />

production, <strong>et</strong> les mesures qui inciteraient à la baisse <strong>de</strong>s t<strong>au</strong>x d’intérêt débiteurs par les<br />

banques commerciales. De même, toujours à court terme, il est possible <strong>de</strong> stimuler la<br />

production, par le biais <strong>de</strong>s investissements directement productifs <strong>et</strong> capables <strong>de</strong><br />

perm<strong>et</strong>tre la lutte contre le chômage, <strong>de</strong> façon conjoncturelle, c’est-à-dire <strong>au</strong> travers <strong>de</strong>s<br />

activités génératrice <strong>de</strong> revenus <strong>et</strong> d’emplois courts sous forme <strong>de</strong> p<strong>et</strong>its contrats à durée<br />

déterminée.


26<br />

A moyen <strong>et</strong> long terme, la lutte contre l’inflation se poursuivrait avec <strong>de</strong>s réformes<br />

structurelles visant à transformer l’appareil productif national <strong>et</strong> à l’adapter <strong>au</strong>x besoins<br />

contemporains en production <strong>et</strong> en consommation. Cela passerait inévitablement par <strong>de</strong><br />

gros investissements directement productifs <strong>au</strong> travers <strong>de</strong>s entreprises productrices <strong>de</strong><br />

biens marchands,ou indirectement productifs à savoir les infrastructures publiques comme<br />

les routes, les écoles, les dispensaires , à savoir l’investissement en capital humain, en<br />

sécurité intérieure <strong>et</strong> en défense nationale, <strong>et</strong>c…<br />

La lutte contre le chômage à long terme serait la conséquence <strong>de</strong> la fonction <strong>de</strong> production<br />

nationale, puisque, les investissements à gros impacts appellent <strong>au</strong>tomatiquement <strong>de</strong><br />

nouve<strong>au</strong>x emplois plus stables, avec <strong>de</strong>s contrats <strong>de</strong> plus longue durée.<br />

La <strong>de</strong>rnière piste <strong>de</strong> stabilisation <strong>de</strong>s prix à long terme renvoie bien entendu <strong>au</strong> contrôle<br />

<strong>de</strong>s naissances <strong>et</strong> à la maîtrise <strong>de</strong> la croissance <strong>de</strong> la population. Il s’agirait <strong>de</strong> sensibiliser<br />

la population <strong>et</strong> d’arriver à un consensus relatif sur la cible <strong>de</strong> croissance <strong>de</strong> la population<br />

compatible avec les ressources disponibles à court, moyen <strong>et</strong> long terme.


27<br />

Annexe. Axes <strong>de</strong> la viscosité <strong>de</strong>s prix<br />

Axes théoriques<br />

Brève <strong>de</strong>scription<br />

1. Contrats nomin<strong>au</strong>x Les prix sont initialement fixés par les<br />

contrats [Keynes (1936)]<br />

2. Contrats implicites Les entreprises acceptent <strong>de</strong> stabiliser les<br />

prix par <strong>de</strong>s accords en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> la loi<br />

[Okun (1981), Azariadis & costas (1975)]<br />

3. Jugement <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong>s prix Les firmes ont peur du jugement <strong>de</strong> la qualité<br />

<strong>de</strong>s biens suite à une variation <strong>de</strong>s prix [Allen<br />

(1988), Stiglitz & Joseph (1987)]<br />

4. Nature psychologique <strong>de</strong>s prix Certains prix ont une valeur spécialement<br />

psychologique [Kashyap (1992] relativement<br />

indépendante <strong>de</strong>s chocs économiques<br />

5. Elasticités pro cycliques Les courbes <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong>viennent <strong>de</strong><br />

moins en moins élastiques quand elles se<br />

déplacent vers le h<strong>au</strong>t suite à une<br />

<strong>au</strong>gmentation <strong>de</strong>s prix [Bils (1989), Shapiro<br />

(1988)]<br />

6. Tarification basée sur les coûts L’<strong>au</strong>gmentation lente <strong>de</strong>s prix est une<br />

conséquence <strong>de</strong> l’ajustement progressif <strong>de</strong>s<br />

coûts <strong>de</strong> production suivant une courbe<br />

convexe [Gordon (1981), Blanchard (1983)]<br />

7. Coût marginal constant Si le coût marginal est constant, les prix <strong>de</strong><br />

vente <strong>de</strong>vraient l’être <strong>au</strong>ssi [Hall (1986)]<br />

8. Coût <strong>de</strong> l’ajustement <strong>de</strong>s prix Les firmes hésitent à changer fréquemment<br />

les prix, suite <strong>au</strong>x coûts d’ajustement qu’elles<br />

ont peur <strong>de</strong> supporter en termes <strong>de</strong> coût<br />

d’impression <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong>x catalogues, <strong>de</strong><br />

nouvelles listes <strong>de</strong> prix, coût lié à la perte <strong>de</strong>s<br />

clients, multiples problèmes <strong>de</strong> formation <strong>de</strong>s<br />

ven<strong>de</strong>urs,[Rotemberg(1982),Mankiw (1985)]


28<br />

9. R<strong>et</strong>ards d’ajustement dus à la lenteur Lenteur dans la prise <strong>de</strong> décision suite à<br />

bure<strong>au</strong>cratique<br />

l’existence d’une longue bure<strong>au</strong>cratie<br />

hiérarchisée [Blin<strong>de</strong>r (1994)]<br />

10. Coordination défaillante La défaillance du marché due à une m<strong>au</strong>vaise<br />

coordination crée l’asymétrie d’informations<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> comportement, <strong>de</strong> sorte que chaque<br />

firme attend d’abord que ses rivales<br />

modifient les prix pour ne pas en être la<br />

première victime [Ball & Romer (1991)]<br />

11. Délais <strong>de</strong> livraison, changement <strong>de</strong><br />

qualité, réduction <strong>de</strong> certains services<br />

Les firmes préfèrent s’ajuster <strong>au</strong>x chocs en<br />

réduisant la qualité <strong>de</strong>s biens ou <strong>de</strong>s services<br />

offerts, en modifiant les délais <strong>de</strong> livraison,<br />

<strong>et</strong>c. [Carlton (1990)]<br />

12. Variation <strong>de</strong>s stocks Les firmes s’ajustent <strong>au</strong>x chocs par les<br />

quantités (stockage ou déstockage) plutôt que<br />

par les prix [Blin<strong>de</strong>r (1982)]


29<br />

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