La contraception en post-partum - Profession Santé
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<strong>La</strong> MAL est efficace à 98-99 % si toutes les<br />
conditions m<strong>en</strong>tionnées sont respectées 1 . <strong>La</strong><br />
MAL a été utilisée dans plusieurs contextes<br />
culturels et socio-économiques avec une efficacité<br />
comparable 4 . Il est important de bi<strong>en</strong><br />
expliquer la MAL aux pati<strong>en</strong>tes pour optimiser<br />
son efficacité. <strong>La</strong> femme doit continuellem<strong>en</strong>t<br />
se poser les questions reproduites à la<br />
figure 2 pour s'assurer que les réponses continu<strong>en</strong>t<br />
à être négatives, <strong>en</strong> particulier lors des<br />
changem<strong>en</strong>ts suivants : nourrisson qui fait ses<br />
nuits, introduction d'alim<strong>en</strong>ts solides, <strong>en</strong>fant<br />
ou mère malade 3 . Il faut égalem<strong>en</strong>t qu'elle ait<br />
une méthode contraceptive de rechange lorsque<br />
l'efficacité de la MAL ne peut plus être<br />
assurée. Une femme qui allaite est considérée<br />
comme m<strong>en</strong>struée si elle a 2 jours consécutifs<br />
de saignem<strong>en</strong>ts vaginaux, et ce, 56 jours après<br />
l'accouchem<strong>en</strong>t 4 . Il est peu probable que des<br />
saignem<strong>en</strong>ts vaginaux avant huit semaines<br />
chez une femme qui allaite exclusivem<strong>en</strong>t<br />
indiqu<strong>en</strong>t un retour de la fertilité 3 .<br />
Un allaitem<strong>en</strong>t exclusif ou quasi exclusif ne<br />
doit pas compr<strong>en</strong>dre plus d'un supplém<strong>en</strong>t à<br />
tous les 10 boires, à l'exclusion des vitamines et<br />
des médicam<strong>en</strong>ts 1 . L'utilisation de tire-lait peut<br />
diminuer l'efficacité de la MAL et les pati<strong>en</strong>tes<br />
doiv<strong>en</strong>t <strong>en</strong> être averties 4 . À l'âge de six mois, le<br />
bébé comm<strong>en</strong>ce à pr<strong>en</strong>dre des alim<strong>en</strong>ts solides<br />
et a t<strong>en</strong>dance à moins pr<strong>en</strong>dre le sein, augm<strong>en</strong>tant<br />
ainsi le risque d'ovulation 1 . Le taux<br />
d'allaitem<strong>en</strong>t exclusif au Québec étant de<br />
44 %, 35 %, 28 %, 20 % et 10 % à 1,2, 3, 4<br />
et 5 mois respectivem<strong>en</strong>t, un nombre important<br />
de femmes auront besoin d'une autre<br />
méthode de <strong>contraception</strong> fiable 5 .<br />
Méthodes barrières<br />
Il faut rappeler aux femmes que l'efficacité de<br />
ces méthodes peut varier selon l'utilisateur et<br />
qu'elles sont généralem<strong>en</strong>t moins efficaces que<br />
les méthodes hormonales 6 . Le condom constitue<br />
toutefois la meilleure protection contre les<br />
infections transmissibles sexuellem<strong>en</strong>t.<br />
Le diaphragme et la cape cervicale ont un<br />
taux d'échec plus élevé et ne sont généralem<strong>en</strong>t<br />
pas utilisés <strong>en</strong> pratique chez la femme qui<br />
allaite. Après une grossesse, on doit réévaluer<br />
l'ajustem<strong>en</strong>t de ces deux dispositifs étant donné<br />
que les mesures pré-grossesse peuv<strong>en</strong>t avoir<br />
changé 7 . <strong>La</strong> mesure n'est toutefois pas fiable<br />
chez une pati<strong>en</strong>te qui allaite à cause de l'atrophie<br />
vaginale liée à l'hypœstrogénémie. Les<br />
femmes utilisant la cape cervicale devront aussi<br />
être informées que cette méthode est moins<br />
efficace chez les femmes qui ont déjà accouché<br />
<strong>en</strong> comparaison avec les femmes nullipares 6 . En<br />
ce qui a trait à l'éponge contraceptive, son utilisation<br />
devrait att<strong>en</strong>dre six semaines après un<br />
accouchem<strong>en</strong>t 7 .<br />
Contraception hormonale<br />
Progestatifs<br />
Les contraceptifs qui conti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t seulem<strong>en</strong>t un progestatif<br />
sont les comprimés de noréthindrone, les<br />
injections intramusculaires d'acétate de médroxyprogestérone<br />
(AMPR, Depo-Provera MD ) et le stérilet<br />
de lévonorgestrel (Mir<strong>en</strong>a MD ). Les particularités<br />
<strong>en</strong>tourant le stérilet de lévonorgestrel sont discutées<br />
à la section traitant des dispositifs intra-utérins. Les<br />
progestatifs demeur<strong>en</strong>t les méthodes hormonales de<br />
premier recours durant l'allaitem<strong>en</strong>t. Le mom<strong>en</strong>t<br />
pour les débuter <strong>en</strong> <strong>post</strong>-<strong>partum</strong> est source de<br />
controverse dans la docum<strong>en</strong>tation sci<strong>en</strong>tifique, <strong>en</strong><br />
raison d'inquiétudes concernant la diminution possible<br />
de la production de lait et de l'exposition du<br />
nourrisson aux hormones.<br />
Impact sur la production de lait<br />
Contrairem<strong>en</strong>t aux œstrogènes, les progestatifs<br />
seuls n'ont pas été associés à une diminution de la<br />
production de lait 1,4,8 . Toutefois, l'administration<br />
de progestérone dans les 72 heures après un accouchem<strong>en</strong>t<br />
pourrait théoriquem<strong>en</strong>t empêcher la<br />
chute de progestérone <strong>en</strong>dogène nécessaire à l'initiation<br />
de la lactog<strong>en</strong>èse 9 . Dans ses recommandations,<br />
la Société des obstétrici<strong>en</strong>s et gynécologues<br />
du Canada (SOGC) m<strong>en</strong>tionne toutefois que<br />
l'administration de progestatifs est possible immédiatem<strong>en</strong>t<br />
après l'accouchem<strong>en</strong>t 9 .<br />
Cette recommandation s'appuie <strong>en</strong>tre autres<br />
sur une étude prospective où l'administration de<br />
progestatifs dans les 72 heures <strong>post</strong>-<strong>partum</strong> n'<strong>en</strong>traînait<br />
pas une diminution de l'allaitem<strong>en</strong>t 10 .<br />
Dans cette étude, un groupe de femmes utilisant<br />
l'AMPR était comparé à un groupe de femmes<br />
utilisant un autre progestatif (77 femmes utilisant<br />
la pilule cont<strong>en</strong>ant seulem<strong>en</strong>t un progestatif et<br />
deux femmes ayant eu un implant) et à un groupe<br />
de femmes utilisant une méthode de <strong>contraception</strong><br />
non hormonale. C<strong>en</strong>t deux femmes ont reçu<br />
l'AMPR, la première dose ayant été administrée <strong>en</strong><br />
moy<strong>en</strong>ne 51,9 heures après l'accouchem<strong>en</strong>t (6,25<br />
- 132 heures). On n'a observé aucune différ<strong>en</strong>ce<br />
pour le taux d'allaitem<strong>en</strong>t et pour le nombre d'allaitem<strong>en</strong>t<br />
cessé <strong>en</strong> raison d'une production insuffisante<br />
de lait, même que les femmes sous progestatifs<br />
allaitai<strong>en</strong>t p<strong>en</strong>dant une plus longue période<br />
de temps.<br />
En général, les femmes n'ont pas besoin d'une<br />
<strong>contraception</strong> durant les trois premières semaines<br />
après l'accouchem<strong>en</strong>t. Chez une pati<strong>en</strong>te chez qui<br />
on craindrait une non observance ou ayant une<br />
histoire de plusieurs échecs de <strong>contraception</strong>, il<br />
peut être nécessaire de débuter les progestatifs<br />
avant le congé de l'hôpital, qui peut être plus tôt<br />
que 72 heures <strong>post</strong>-<strong>partum</strong> 1 .<br />
Impact de l'exposition du nourrisson aux hormones<br />
par le lait<br />
Dans plusieurs études, on n'a pas observé d'impact<br />
négatif de la prise de progestatif sur la croissance et<br />
le développem<strong>en</strong>t de l'<strong>en</strong>fant 11,12 . Certains auteurs<br />
rapport<strong>en</strong>t des inquiétudes à l'égard de l'exposition<br />
à des hormones exogènes chez un nouveau-né<br />
ayant des mécanismes de métabolisme et d'élimination<br />
des médicam<strong>en</strong>ts immatures. Toutefois, le<br />
passage de ces substances dans le lait est très faible<br />
et on ne s'att<strong>en</strong>d pas à ce qu'elles puiss<strong>en</strong>t avoir un<br />
effet quelconque chez le nourrisson (tableau I). De<br />
rares cas d'augm<strong>en</strong>tation du volume des seins du<br />
nourrisson réversible à l'arrêt de l'exposition aux<br />
contraceptifs cont<strong>en</strong>ant des œstrogènes sont docum<strong>en</strong>tés,<br />
mais le li<strong>en</strong> de causalité n'est pas clair 13 .<br />
Recommandations<br />
Chez les femmes qui n'allait<strong>en</strong>t pas, l'utilisation<br />
des progestatifs seuls peut être débutée immédiatem<strong>en</strong>t<br />
après l'accouchem<strong>en</strong>t ou <strong>en</strong>core être retardée<br />
à trois semaines <strong>post</strong>-<strong>partum</strong> étant donné<br />
qu'une ovulation survi<strong>en</strong>t rarem<strong>en</strong>t avant ce<br />
stade 7,14 . Si un progestatif est débuté plus de<br />
21 jours après l'accouchem<strong>en</strong>t chez une femme<br />
qui n’allaite pas et qui n'a pas eu de retour de<br />
m<strong>en</strong>struations, une méthode barrière ou l'abstin<strong>en</strong>ce<br />
est recommandée <strong>en</strong> début de traitem<strong>en</strong>t<br />
(deux jours pour la noréthindrone orale et sept<br />
jours pour l'AMPR), après qu'on se soit assuré que<br />
la pati<strong>en</strong>te n'est pas <strong>en</strong>ceinte si elle a eu une relation<br />
sexuelle non protégée 14 . Si la pati<strong>en</strong>te a des<br />
m<strong>en</strong>struations, la <strong>contraception</strong> peut être débutée<br />
Figure 2 : Critères d'efficacité de la méthode d'aménorrhée<br />
due à la lactation<br />
M<strong>en</strong>struée Intervalles Supplém<strong>en</strong>ts Bébé<br />
<strong>en</strong>tre les boires (lait, jus, eau) 6 mois <br />
4 h le jour<br />
ou 6 h la nuit 5-10 % <br />
Si la réponse est NON à toutes ces questions, l'efficacité de la méthode<br />
d'aménorrhée due à la lactation est de 98 à 99 %.<br />
Si une de ces réponse est OUI, le risque de grossesse augm<strong>en</strong>te.<br />
Québec Pharmacie vol. 54, n° 1, janvier 2007 9