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Les antidépresseurs durant la grossesse : des ... - Profession Santé

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Volume 56 – n° 5Septembre 2009<strong>Les</strong> antidépresseurs<strong>durant</strong> <strong>la</strong> <strong>grossesse</strong>à votre servicesans ordonnance<strong>Les</strong> MVLchez les patientshypertendusLES pAges Bleues<strong>Les</strong> antirejets entransp<strong>la</strong>ntationcardiaqueD’une page à l’autreImpact <strong>des</strong> conseilstéléphoniquessur l’observancewww.monportailpharmacie.caPP 400702301200, avenue McGill College, bureau 800, Montréal (QC) H3B 4G7


ÉditorialTracasseries et drôleriesDirectrice de <strong>la</strong> rédactionCaroline BarilRédactrice en chefHélène-M. B<strong>la</strong>nchette, B. Pharm.Rédacteur en chef adjointJean-François Guévin, B. Pharm., M.B.A., Pharm. D.Adjointe à <strong>la</strong> directrice de <strong>la</strong> rédactionStéphanie DecellesDirection artistiqueDino PeressiniGraphisteAdriana Alvear Aya<strong>la</strong>, Jocelyne DemersDirectrice <strong>des</strong> rédactions, Groupe SantéCatherine ChoquetteDirecteur <strong>des</strong> rédactions, Groupe SantéRick CampbellComité de rédactionAvez-vous entendu parler de...Isabelle Giroux, B. Pharm. M. Sc.Dominique Harvey, B. Pharm.À vos soinsSonia Lacasse, B. Pharm.Sophie Grondin, B. Pharm. M. Sc.À votre service sans ordonnanceNancy Desmarais, B. Pharm.Julie Martineau, B. Pharm.De <strong>la</strong> mère au nourrissonCaroline Morin, B. Pharm., M. Sc.D’une page à l’autreIsabelle Boisc<strong>la</strong>ir, B. Pharm., M. Sc.Nico<strong>la</strong>s Paquette-Lamontagne, B. Pharm., M. Sc., M.B.A.InforouteJean-François Bussières, B. Pharm., M. Sc., M.B.A.<strong>Les</strong> Pages bleuesChantal Duquet, B. Pharm., M. Sc.Ingrid Wagner, B. Pharm.Pharmacovigi<strong>la</strong>nceMarie Larouche, B. Pharm., M. Sc.Christine Hamel, B. Pharm., M. Sc.P<strong>la</strong>ce aux questionsElyse Desmeules, B. Pharm.Santé publiqueSuzie Lavallée, B. Pharm.Membre honoraireGeorges Roy, M. Pharm.ImpressionImprimeries TranscontinentalQuébec Pharmacie est publié8 fois l’an par Rogers Media.Vous pouvez consulter notre politiqueenvironnementale à :www.leseditionsrogers.ca/about_rogers/environmental.htmUn éditorial n’est pas qu’une méthode deréflexion, une c<strong>la</strong>que dans le dos ou un commentaireacerbe sur une situation. Ce peut êtretout ça et ce peut être un clin d’œil. C’est le clind’œil que je vous propose ici : les tracasseriessont monnaie courante en pharmacie, communautaireou d’établissement. La lecture dudictionnaire <strong>des</strong> tracas 1 m’a donné l’idée d’endécrire quelques-uns, avec de nouveaux mots àajouter dans le dictionnaire du pharmacien. Jesouhaite vous éviter <strong>la</strong> dépression saisonnièrequi nous guette tous avec l’été gris que nousavons subi. N’oubliez pas votre vitamine D !Aidant naturel : <strong>la</strong>xatif.Bévue : ne pas voir une erreur de distributionBogue : cosse, peau, enveloppe. Par extension: peau du technicien informatique qu’onveut avoir pour son incompétence.Boudeur : patient qui refuse systématiquementtous les médicaments génériques parcequ’il y est allergique.C<strong>la</strong>irance : autorisation de décoller. Parextension : autorisation de servir unmédicament selon <strong>la</strong> fonction rénale dupatient.Col<strong>la</strong>borateur : professionnel de <strong>la</strong> santé quiagit en interdisciplinarité. Antonyme demultidisciplinaire.Couchtard : pharmacien dépanneur.Décoincé : client qui exprime fortement sesproblèmes personnels dans <strong>la</strong> salle d’attente.Désespérance : recevoir un patient qui sortde l’hôpital avec une ordonnance de18 médicaments, deux minutes avant <strong>la</strong>fermeture de <strong>la</strong> pharmacie. Par extension,recevoir un autobus de patients, alors quevous êtes à personnel réduit pour une raisonquelconque.Hacher : devenir une victime de H1N1.Liseuse : personne qui prescrit au téléphonece que le médecin a écrit dans ses notes ou ceque le médecin lui dit de dire.Livraison différée : produit en rupture <strong>des</strong>tock, pour une période indéterminée, parceque le fabricant ne sait pas quand il enproduira. Par extension, ignorance d’uneréalité.Mé<strong>la</strong>ngé : état de <strong>la</strong> personne qui veutadministrer de <strong>la</strong> poudre de Colyte et ajoute4 litres d’eau au patient pour bien le brasserensuite.Monsieur net : patient qui a lu tous les sitesWeb sur un sujet lié à sa santé et qui vientvous les expliquer.Multidisciplinaire : professionnel de <strong>la</strong> santéqui peut agir en toute autonomie.Murailler : un professionnel de <strong>la</strong> santé quine rappelle jamais quand on tente de lerejoindre.Pause : robot, ensacheuse, emballeuse qui nefonctionne pas.Peinurie : avoir de <strong>la</strong> peine à uriner. Ne pasconfondre avec pénurie.Pénurie : carence en vitamine P. L’avitaminoseP entraîne <strong>des</strong> bris de service.Perdus : les médicaments qu’un patient acommandés, qui ont été préparés mais qu’onne trouve pas. Par extension, médicamentslivrés par <strong>la</strong> pharmacie sur un étage, et nontrouvés par l’infirmière.Prendre <strong>des</strong> vessies pour <strong>des</strong> rates :modification d’un vieux proverbe. Parextension : commettre une erreur endistribuant un ou plusieurs médicaments.Prescrire : contraire de proscrire.Proscrire : politique gouvernementale quiexclut les pharmaciens de leur plein rôleprofessionnel.Saint-dique : qui indique <strong>la</strong> voie de <strong>la</strong>sainteté professionnelle.Souff<strong>la</strong>nt : patient qui arrive en courant, àbout de souffle et en crise d’asthme, et quiveut du Ventolin sans prescription.Transfaire : patient qui veut faire transférerses médicaments d’une autre pharmacie, maisil ne sait plus dans <strong>la</strong>quelle il les avait obtenus.Transférite : patient qui transfère à tous lesdeux ou trois mois ses médicaments d’unepharmacie à une autre. Synonyme detransfoire.Technocent : technicien de soutien informatiquequi nous demande de nous assurerque notre ordinateur est branché. N’esthabituellement pas un technotwit.Technotwit : définition libre selon votrehumeur, du lien d’une personne avec <strong>la</strong>technologie.Triage : choix du prochain politicien à nousembêter le moins possible.Walgrainer : chaîne américaine de pharmaciesqui vend <strong>des</strong> glucomètres à l’extérieur enmême temps que <strong>des</strong> beignets Krispy Kreme.Par extension, farce, b<strong>la</strong>gue.Bon automne à tous !1. Le baleinié, Christine Murillo, 3 tomes.www.monportailpharmacie.ca septembre 2009 vol. 56 n° 5 Québec Pharmacie 3


SommaireVolume 56 – n° 5 – septembre 2009Pour toute information1200, avenue McGill College, bureau 800Montréal (Québec) H3B 4G7Téléphone : 514 845-5141Télécopieur : 514 843-2183Quebecpharmacie@rci.rogers.comChangements d’adresseset abonnementsPour les pharmacienspar téléphone : 514 284-9588par télécopie : 514 284-3420par courriel : ordrepharm@opq.orgPour les non-pharmaciensTél. : 514 843-2594 • Téléc. : 514 843-2182Tarifs : Canada : 69 $ par année, 103 $ pour 2 ans,8 $ l’exemp<strong>la</strong>ire. Tarif de groupe/vrac : 55,20 $.(min. 6 exemp<strong>la</strong>ires).États-Unis et international (abonnement individuelseul.) : 110 $ par année. Taxes en vigueur non comprises.Directrice <strong>des</strong> ventes QuébecCaroline Bélisle 514 843-2569 (Montréal)Directrice nationale <strong>des</strong> ventes, Groupe SantéNancy Kent 416 764-3902 (Toronto)Publicité/Ventes pharmaceutiquesJosée P<strong>la</strong>nte 514 843-2953 (Montréal)Pauline Shanks 514 843-2558 (Montréal)Nedjma Zidane 514 843-2559 (Montréal)Norman Cook 416 764-3918 (Toronto)Stephen Kranabetter 416 764-3822 (Toronto)Sara Mills 416 764-4150 (Toronto)Teresa Tsuji 416 764-3905 (Toronto)Petites annonces514 843-2132Directrice de <strong>la</strong> coordinationet de <strong>la</strong> production publicitaireSylvie Graveson 514 843-2565Coordonnatrice de <strong>la</strong> productionMaria Tomasino 514 843-2147Coordonnateur du MSGC<strong>la</strong>ude Larochelle 514 843-2114Directeur de <strong>la</strong> diffusion, groupe B2BKeith Fulford 416 764-3878keith.fulford@rci.rogers.comCoordonnatrice de <strong>la</strong> diffusionFrancine Beauchamp 514 843-2594francine.beauchamp@rci.rogers.comDirectrice du développement <strong>des</strong> affaires, projets spéciauxKaren Welds 416 764-3922Éditrice exécutive, Groupe Santé, Rogers MediaJanet SmithPrésident et chef de <strong>la</strong> direction Rogers MediaAnthony P. VinerPrésident <strong>des</strong> Éditions Rogers MediaBrian SegalVice-président senior, publicationsd’affaires et professionnellesJohn MilneVous trouverez les questions de formation continueà <strong>la</strong> fin de chacun <strong>des</strong> articles.3 ÉditorialTracasseries et drôleries7 À VOS SOINSPrise en charge de l’hypothyroïdieinduite par le lithium12 P<strong>la</strong>ce aux questionsComment traiter et prévenir l’ostéonécrosede <strong>la</strong> mâchoire associée aux biphosphonates ?16 DE LA MÈRE AU NOURRISSON<strong>Les</strong> antidépresseurs <strong>durant</strong><strong>la</strong> <strong>grossesse</strong> : <strong>des</strong> risques calculés22 à votre service sans ordonnance<strong>Les</strong> MVL chez les patients hypertendus :au-delà du Code Médicament B28 D’une page à l’autreImpact <strong>des</strong> conseils téléphoniquessur l’observance32 Avez-vous entendu parler de...Le dabigatran (Pradax MD )39 <strong>Les</strong> pages bleues<strong>Les</strong> antirejets en transp<strong>la</strong>ntation cardiaque47 Pharmacovigi<strong>la</strong>nceIntoxication par l’acide valproïquesecondaire à une hypo-albuminémieDans ce numéro Gestion thérapeutique 2009Vice-présidents seniorsMarc Blondeau, Mitch Dent, Michael J. FoxVice-présidents – P<strong>la</strong>nification opérationnelleImme Chee Wah, Patrick RenardVice-président – ProductionJohn HallDépôt légal : Bibliothèque nationale du Québec,Bibliothèque nationale du Canada ISSN 0826-9874.Toutes les annonces de produits pharmaceutiques sur ordonnanceont été approuvées par le Conseil consultatif de publicitépharmaceutique.Envoi de poste –publications,conventionnº 40070230.www.monportailpharmacie.caseptembre 2009 vol. 56 n° 5 Québec Pharmacie 5


À vos soinsPrise en charge de l’hypothyroïdieinduite par le lithiumPrésentation de casMme A.S., âgée de 53 ans, a un diagnostic de ma<strong>la</strong>die affective bipo<strong>la</strong>ire. Elle se présente à <strong>la</strong> pharmacie et vous demande de luiconseiller un produit sans ordonnance aux effets « stimu<strong>la</strong>nts ». Elle vous apprend que, depuis environ six mois, elle ressent une grandefatigue, de <strong>la</strong> faiblesse muscu<strong>la</strong>ire ainsi qu’une perte d’appétit. Elle a aussi noté que, cette année, elle tolérait mal le froid de notre hiverquébécois et était très frileuse. Dans son dossier, vous notez <strong>la</strong> prise de carbonate de lithium (Carbolith MD ) 600 mg tid depuis un an,médicament auquel elle semble observante. Elle vous mentionne que le prélèvement sanguin effectué <strong>la</strong> semaine dernière était normal,selon son médecin, et elle vous tend sa copie sur <strong>la</strong>quelle vous notez une augmentation de <strong>la</strong> valeur sérique de son hormone thyréostimu<strong>la</strong>nte(TSH), avec une concentration normale de thyroxine (T 4) libre.www.monportailpharmacie.caDiscussionL’action antithyroïdienne du lithium estbien connue, bien que son mécanisme exactne soit pas complètement élucidé. De façongénérale, le lithium entraîne une augmentationdu contenu intrathyroïdien en iode etinhibe <strong>la</strong> formation et <strong>la</strong> sécrétion <strong>des</strong> iodothyronines,soit <strong>la</strong> thyroxine (T 4) et <strong>la</strong> triiodothyronine(T 3). Ces effets suppressifs risquent,entre autres, d’entraîner une hypothyroïdie,de conduire à <strong>la</strong> formation d’un goitre ou defavoriser une thyroïdite auto-immune 1,2 . Onrapporte parfois quelques cas d’hyperthyroïdieconcomitante à <strong>la</strong> prise de lithium, mais ilss’avèrent généralement une conséquenced’une compensation thyroïdienne excessive 1 .Notons que ces dysthyroïdies sont diagnostiquéesautant chez les consommateurs delithium que chez les nouveau-nés exposés aulithium in utero 2 .Des données indiquent que le lithiumentraîne une suppression de <strong>la</strong> fonction thyroïdiennechez environ 42 % <strong>des</strong> patients 3 .Elle se présente le plus fréquemment sousforme subclinique, c’est-à-dire entraînantune augmentation de <strong>la</strong> TSH et <strong>des</strong> concentrationssériques normales de T 3et T 4libres.Bien que plusieurs patients présentent tousles signes et symptômes d’une hypothyroïdiec<strong>la</strong>ssique (augmentation de TSH avec diminutionde concentration sérique de T 4), lessymptômes cliniques sont souvent absentslors d’hypothyroïdie subclinique 3 . Généralementaugmenté au cours <strong>des</strong> deux premièresannées de traitement, le risque d’hypothyroïdiesemble augmenter avec l’âge et serait particulièrementimportant chez les femmesâgées d’au moins 45 ans 4 .Un examen médical complet avant l’instaurationd’un traitement par le lithium est primordial.Un examen physique de <strong>la</strong> thyroïdeet <strong>la</strong> recherche de symptômes et d’antécédentsfamiliaux devraient être effectués d’emblée,mais le bi<strong>la</strong>n thyroïdien de base (TSH etT 4libre) et <strong>la</strong> mesure <strong>des</strong> anticorps antithyroïdiensdemeurent toutefois <strong>la</strong> pierre angu<strong>la</strong>irede cet examen pré-traitement afin de décelerune éventuelle dysthyroïdie. Le cas échéant, lelithium peut tout de même être administré,mais <strong>la</strong> dysfonction thyroïdienne doit êtreprise en charge le plus tôt possible 3-5 .<strong>Les</strong> conséquences de l’hypothyroïdie peuventêtre d’ordre à <strong>la</strong> fois somatique (into-SOAPTexte rédigé par Julie Duchaine, B. Pharm.,candidate L.L.M. Institut Philippe-Pinel.Texte original soumis le 13 mai 2009.Texte final remis le 18 juin 2009.Révision : Sonia Lacasse, B. Pharm.Mme A.S. présente une grande fatigue, de <strong>la</strong> faiblesse muscu<strong>la</strong>ire, une perte d’appétitet de <strong>la</strong> frilosité depuis environ six mois.Patiente de 53 ans, sans allergie, avec diagnostic de ma<strong>la</strong>die affective bipo<strong>la</strong>ire.Tableau stable avec lithium 600 mg tid depuis un an; médication bien tolérée etlithémie normale. Aucune consommation de MVL ou produit naturel. Prélèvementsanguin de <strong>la</strong> semaine dernière : TSH élevée à 7,0 U/L (N = 0,5 – 4,7 U/L) et T4 librenormale de 10,8 pmol/L (N = 10,3 - 35,0 pmol/L).Le lithium est connu pour induire une hypothyroïdie, le plus fréquemment sous formesubclinique, c’est-à-dire avec une augmentation de <strong>la</strong> TSH et <strong>des</strong> concentrationssériques normales de T4, tels les résultats sanguins de notre patiente. Selon<strong>la</strong> documentation scientifique, un traitement supplétif de T4 est recommandé lorsque<strong>la</strong> TSH se situe au-delà de 5 mU/L et qu’un patient est symptomatique.n Communiquer avec le médecin traitant pour suggérer l’ajout d’un traitement pourcontrer les effets indésirables probablement induits par le lithium et exclure lesdiagnostics différentiels (par palpation de <strong>la</strong> g<strong>la</strong>nde et mesure <strong>des</strong> anticorpsantithyroïdiens).n Recommander l’ajout de T4 (Synthroid), à raison de 25 μg die. Cette dose devraensuite être réajustée selon les résultats du prélèvement sanguin, par paliers de 25 μgaux 6 semaines, jusqu’à stabilisation de <strong>la</strong> TSH dans l’intervalle recommandé(N = 0,5 – 4,7 U/L).n Expliquer le nouveau médicament à notre patiente, en insistant sur les effetsindésirables à surveiller, l’importance de l’observance et <strong>des</strong> prélèvements sanguinspour en vérifier l’efficacité.n Réitérer l’importance de continuer <strong>la</strong> prise de lithium et de toujours consulterun pharmacien avant <strong>la</strong> prise de produits MVL ou naturels.n Faire un suivi, après deux semaines, pour s’assurer de <strong>la</strong> tolérance au nouveaumédicament.n Lorsque <strong>la</strong> patiente viendra renouveler sa médication dans 3 mois, s’assurerqu’un bi<strong>la</strong>n thyroïdien est prévu prochainement, aux trois mois pendant l’ajustementde <strong>la</strong> dose et aux 6 à 12 mois par <strong>la</strong> suite. Vérifier aussi l’amélioration <strong>des</strong> symptômesdans environ six mois.septembre 2009 vol. 56 n° 5 Québec Pharmacie 7


À vos soinsDes données indiquent que le lithiumentraîne une suppression de <strong>la</strong> fonction thyroïdiennechez environ 42 % <strong>des</strong> patients 3 .rance au froid, fatigue, etc.) et psychiatrique(dépression, diminution de <strong>la</strong> mémoireet de <strong>la</strong> concentration, etc.), d’où l’importanced’une prise en charge rapide. Lelithium peut être remp<strong>la</strong>cé par une autremolécule ne causant pas cet effet indésirable,mais on peut éviter ce changement demédication en administrant un traitementpharmacologique d’appoint au lithium.L’hypothyroïdie c<strong>la</strong>ssique devrait être traitéeselon les lignes directrices en vigueur,avec une préférence pour un supplémentde T 4(Synthroid MD ) par rapport à <strong>la</strong> T 3(Cytomel MD ), cette dernière entraînant <strong>des</strong>taux hormonaux parfois erratiques. Ladose moyenne de T 4est généralement évaluéeà 1,7 μg/kg chez l’adulte 6 . En ce qui atrait à l’hypothyroïdie subclinique, sontraitement demeure moins connu étantdonné le peu de documentation scientifiquesur le sujet. Toutefois, les lignes directriceset les consensus d’experts s’entendentsur le protocole suivant 3,5 :Si <strong>la</strong> TSH se situe entre 5 et 10 mU/L etque le patient est asymptomatique, un remp<strong>la</strong>cementthyroïdien ne semble pas nécessaire,mais un suivi plus étroit est de rigueur.Une seconde mesure devrait toutefois êtreeffectuée un mois plus tard. Si <strong>la</strong> TSHdemeure élevée, un suivi aux trois mois doitêtre effectué 3 . Plusieurs experts sont d’avisque <strong>la</strong> majorité <strong>des</strong> patients bénéficient d’untraitement de remp<strong>la</strong>cement lors d’uneTSH élevée persistante, mais <strong>la</strong> décision detraiter ou non doit être prise selon le jugementdu clinicien 5 .Si <strong>la</strong> TSH se situe entre 5 et 10 mU/L etque le patient est symptomatique ou si <strong>la</strong>TSH est élevée au-<strong>des</strong>sus de 10 mU/L – quele patient soit symptomatique ou non – untraitement semble nécessaire. Dans ce cas, ilest recommandé de débuter <strong>la</strong> T 4à raison de25 à 50 μg par jour, puis d’augmenter parpaliers de 25 μg aux 6 à 8 semaines jusqu’àstabilisation de <strong>la</strong> TSH dans l’intervallerecommandé. Par contre, un titrage plusgraduel est recommandé chez les patientsâgés ou présentant <strong>des</strong> troubles cardiaques.Un dé<strong>la</strong>i pouvant atteindre six mois est parfoisnécessaire afin d’observer une améliorationclinique 3 .Une réévaluation de <strong>la</strong> fonction thyroïdiennedevrait être effectuée 3 mois aprèsl’instauration de <strong>la</strong> T 4, puis aux 6 à 12 moispar <strong>la</strong> suite 3 . De plus, puisque l’hypothyroïdieest généralement réversible à l’arrêt dulithium, il est primordial de s’assurer que letraitement par <strong>la</strong> T 4ne soit pas poursuivisans motif va<strong>la</strong>ble après un arrêt ou unchangement de stabilisateur de l’humeur.Acte pharmaceutique facturableOpinion pharmaceutique : Ajouter unmédicament complémentaire à un autremédicament pour enrayer ses effets indésirables.(DIN 00999027) nOpinion pharmaceutiqueDocteur,Tel que discuté, nous vous transmettons unrésumé de notre conversation téléphoniqueconcernant Mme A.S. Après discussion avecnotre patiente, nous avons constaté qu’elleprésentait, depuis environ six mois, <strong>des</strong>symptômes qui pourraient être liés à uneéventuelle hypothyroïdie subclinique, selonles résultats de <strong>la</strong>boratoire observés <strong>la</strong>semaine dernière. Ces symptômes incluaientfatigue, faiblesse, perte d’appétit et frilosité.Dans un tel cas de tableau symptomatiqueavec une valeur de TSH au-delà de 5 mU/L,il est recommandé d’instaurer un traitementpar <strong>la</strong> T 4(Synthroid), à raison de25 μg die, à ajuster en fonction de prélèvementssanguins effectués aux trois mois,jusqu’à l’obtention d’une TSH comprisedans l’intervalle-cible (N = 0,5 – 4,7 U/L).Un bi<strong>la</strong>n thyroïdien devrait ensuite êtreeffectué aux 6 à 12 mois par <strong>la</strong> suite. Tel quediscuté, nous avons également adressé <strong>la</strong>patiente à votre bureau pour un examenphysique et une mesure <strong>des</strong> anticorps antithyroïdiensafin d’exclure les diagnosticsdifférentiels. Nous avons donc débuté letraitement comme convenu et assureronsun suivi auprès de Mme A.S.N’hésitez pas à nous contacter pour deplus amples informations. Il nous fera p<strong>la</strong>isirde rediscuter avec vous.La pharmacienneRéférences1. Maarbjerg K, Vestergaard P, Schou M. Changes inserum thyroxine (T4) and serum thyroid stimu<strong>la</strong>tinghormone (TSH) during prolonged lithium treatment.Acta Psychiatr Scand 1987; 75: 2217-21.2. Correll CU, Carlson HE. Endocrine and metabolicadverse effects of psychotropic medications in childrenand adolescents. J Am Acad Child Adolesc Psych2006; 45: 771-791.3. Kleiner J, Altshuler L, Hendrick V et coll. Lithium-Induced Subclinical Hypothyroidism: Review of theLiterature and Guidelines for treatment. J Clin Psychiatry1999; 60: 249-255.4. Johnston AM, Eagles JM. Lithium-associated clinicalhypothyroidism – Prevalence and risk factors. Br JPsychiatry 1999; 175: 336-339.5. Gharib H, Tuttle RM, Baskin HJ et coll. Consensusstatement: Subclinical Thyroid Dysfunction: A JointStatement on Management from the AmericanAssociation of Clinical Endocrinologists, the AmericanThyroid Association, and The Endocrine Society. JClin Endocrinol Metab 2005; 90: 581-585.6. Singer PA, Cooper DS, Levy EG et coll. Treatmentguidelines for patients with hyperthyroidism andhypothyroidism. Standards of Care Committee, AmericanThyroid Association. JAMA 1995; 273: 808-812.Question de formation continue1) Parmi les énoncés suivants, lequel est faux?A. Certains patients peuvent présenter une hyperthyroïdie associée à <strong>la</strong> prise delithium.B. Un patient non symptomatique avec une TSH de 9 mU/L et <strong>des</strong> valeurs normalesde iodothyronines ne nécessite généralement pas de traitement supplétif de T 4(Synthroid) à moins d’avis contraire du clinicien.C. Un prélèvement sanguin devrait être fait au moins trois mois après le début de<strong>la</strong> thérapie supplétive de T 4(Synthroid).D. Le lithium induit le plus fréquemment une hypothyroïdie c<strong>la</strong>ssique, une élévationde <strong>la</strong> TSH et une diminution <strong>des</strong> concentrations sériques d’iodothyronines,plutôt qu’une hypothyroïdie subclinique.E. Un fœtus peut être atteint d’une dysthyroïdie causée par <strong>la</strong> thérapie au lithiumde sa mère.Veuillez reporter votre réponse dans le formu<strong>la</strong>ire de <strong>la</strong> page 90 8 Québec Pharmacie vol. 56 n° 5 septembre 2009


P<strong>la</strong>ce aux questionsComment traiter et prévenirl’ostéonécrose de <strong>la</strong> mâchoireassociée aux biphosphonates ?<strong>Les</strong> biphosphonates sont indiqués dans le traitement et <strong>la</strong> prévention de l’ostéoporose, dans le traitement de <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die de Paget et del’hypercalcémie associée à certains cancers tels que les myélomes multiples, ainsi que pour sou<strong>la</strong>ger les douleurs liées aux métastasesosseuses. Depuis quelques années, nous avons vu plusieurs rapports de cas d’ostéonécrose de <strong>la</strong> mâchoire (mort osseuse décou<strong>la</strong>ntd’une innervation sanguine insuffisante) qui découlent de leur activité inhibitrice sur les ostéoc<strong>la</strong>stes 1,2 . Même si son incidence demeurefaible et qu’elle est plus souvent associée aux formu<strong>la</strong>tions intraveineuses utilisées en oncologie, il y a lieu de se questionner sur notrerôle comme pharmaciens dans <strong>la</strong> prévention et le traitement de cette complication 1 .Texte rédigé par Joanie Vivier-Trépanier,étudiante en pharmacie, 4 e année.Révision : Elyse Desmeules, B. Pharm.,et Geneviève Duperron, B. Pharm.Texte original soumis le 21 janvier 2009.Texte final remis le 2 février 2009.IncidenceL’incidence de ce problème dans <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tiongénérale est difficile à déterminer. Toutefois,celle-ci semble être re<strong>la</strong>tivement faible,bien qu’elle s’accentue d’année enannée 1 . <strong>Les</strong> médicaments les plus souventassociés à l’ostéonécrose sont, par ordred’importance, le zolédronate, le pamidronate,l’alendronate et le risédronate 1 . Unerevue de <strong>la</strong> documentation médicale publiéepar Shane en mai 2006 affirmait que moinsde 5 % <strong>des</strong> cas d’ostéonécrose de <strong>la</strong> mâchoireTableau ITraitements de l’ostéonécrose de <strong>la</strong> mâchoire associéeaux biphosphonatesTraitementsCommentairesA) Chirurgie et débridement réservé aux cas réfractaires, si encoresymptomatique même après un traitementà long terme aux antibiotiques. risque d’exposition de l’os, peut aggraverles symptômes.B) Antibiotiques :1. Pénicilline V 500 mg* po qid 1 er choix 4-62. Doxycycline 100 mg die 2 e ligne. Alternative si allergie aux pénicillines 43. Azithromycine 250 mg die 2 e ligne. Alternative si allergie aux pénicillines 44. Pénicilline V 500 mg* po qid ou amoxi- Cas réfractaires ou plus symptomatiques 4-6cilline/acide c<strong>la</strong>vu<strong>la</strong>nique 1 g po q 12 h+ Métronidazole 500 mg po tid5. Ciprofloxacine 500 mg po bid Alternative si allergie aux pénicillinesou érythromycine 400 mg* po tid et/ou cas réfractaires 4-6+ métronidazole 500 mg po tid6. Clindamycine non recommandé en raison de <strong>la</strong> faibleet même quasi -absence d’activité contreles microorganismes impliqués 4C) Rince-bouche à base de Adjuvant au traitement antibiotiquechlorhexidine 0,12 % tid-qidD) Oxygénothérapie hyperbare efficacité très limitée 3* Doses proposées dans <strong>la</strong> documentation médicale américaine, formu<strong>la</strong>tions non disponibles au Québecétaient liés aux biphosphonates par voieorale 1 .Symptômes<strong>Les</strong> symptômes vont du simple inconfort àune douleur intense à <strong>la</strong> mâchoire. La douleurserait davantage liée à l’infection quipourrait apparaître au site plutôt qu’à l’expositionosseuse elle-même 4 . En effet, <strong>la</strong>mort <strong>des</strong> tissus environnants implique <strong>la</strong>disparition de l’innervation à cet endroit,d’où l’absence de sensation de douleur. Unedifficulté à avaler et à se brosser les dentspourrait également survenir. Dans de rarescas, une paresthésie pourrait se manifesterau niveau de <strong>la</strong> mâchoire al<strong>la</strong>nt mêmejusqu’à défigurer le patient 1 . Dans ces casgraves, on a également rapporté une pertepondérale et un état de dénutrition.Hypothèses de développementLe mécanisme de développement de l’ostéonécrosen’est pas très bien élucidé. L’hypothèse<strong>la</strong> plus fréquemment émise est <strong>la</strong>suivante : <strong>la</strong> diminution du remaniementosseux causée par les biphosphonates amèneraitun ralentissement <strong>des</strong> mécanismes deréparation de l’os occasionnant <strong>la</strong> formationde microlésions et, éventuellement, delésions plus importantes pouvant aller jusqu’à<strong>la</strong> nécrose de l’os. De plus, l’action antiangiogénique<strong>des</strong> biphosphonates contribueraità l’effet ischémique déjà présent auxendroits endommagés. Enfin, le fait de manger,de mastiquer et/ou de grincer <strong>des</strong> dentsamènerait un remode<strong>la</strong>ge osseux plus rapideau niveau de <strong>la</strong> mâchoire par rapport àd’autres os du corps 1,2 .Facteurs de risqueL’analyse <strong>des</strong> différents cas a permis de décelerplusieurs facteurs de risque associés à cetype d’ostéonécrose : l’inf<strong>la</strong>mmation et l’ir-12 Québec Pharmacie vol. 56 n° 5 septembre 2009


Comment traiter et prévenir l’ostéonécrose de <strong>la</strong> mâchoire associée aux biphosphonates ?<strong>Les</strong> médicaments les plus souvent associés à l’ostéonécrose sont, par ordred’importance, le zolédronate, le pamidronate, l’alendronate et lerisédronate 1 .ritation de <strong>la</strong> muqueuse (p. ex., prothèsesdentaires mal ajustées), certaines ma<strong>la</strong>dies(cancer, diabète, anémie, problèmes de coagu<strong>la</strong>tionet ma<strong>la</strong>dies vascu<strong>la</strong>ires périphériques),certains médicaments (chimiothérapie,corticostéroï<strong>des</strong>), les interventionsdentaires effractives (chirurgie, extraction),les problèmes dentaires préexistants, le typede biphosphonates (dose, durée de traitement,voie d’administration), l’alcool et <strong>la</strong>cigarette. Selon les différentes référencesconsultées, dans près de 50 % <strong>des</strong> cas, l’ostéonécrosesurvenait à <strong>la</strong> suite <strong>des</strong> interventionsdentaires effractives, raison pour<strong>la</strong>quelle l’Academy of Oral medicine recommandede cesser <strong>la</strong> prise de biphosphonatesun mois avant une telle intervention. D’unautre côté, cette pratique reste encorecontroversée puisque <strong>la</strong> portée de cetteintervention n’est pas réellement connue etque <strong>la</strong> demi-vie osseuse de cette c<strong>la</strong>sse demédicaments est au-delà de 10 ans 3 .TraitementsPrésentement, il n’existe pas de lignes directricesdans <strong>la</strong> documentation médicale surRéférences1. Gomez-Front R, Martinez-Garcia ML, Olmos-MartinezJM. Osteochemonecrosis of the Jaws due toBisphophonate Treatments. Update. Medecina Oral,Patologìa Oral y Cirugìa Bucal 2008; Mai 1; 13 (5) :E318-24.2. Bernal M, Blumentals WA, Kothawa<strong>la</strong> P et coll.A Review of the Litterature on osteonecrosis of thejaw in Patients with Osteoporosis Treated with OralBiphosphonates : Prevalence, Risk Factors, and ClinicalCharacteristics. Clinical Therapeutics 2007; 29(8) : 1548-58.les traitements de cette complication. C’estpourquoi les traitements suggérés (tableau I)découlent d’étu<strong>des</strong> de cas. La thérapie vise àdiminuer <strong>la</strong> douleur et à prévenir <strong>la</strong> progressionde <strong>la</strong> nécrose. La durée du traitementantibiotique varie selon les référencesconsultées. Certains auteurs recommandentun traitement de 14 jours ou jusqu’à <strong>la</strong> maîtrisede <strong>la</strong> douleur 3,4 . D’autres préconisentun traitement à long terme, et même permanentdans certains cas réfractaires 3 . Toutefois,il faut se rappeler qu’un traitementantibiotique à vie peut entraîner <strong>des</strong> problèmesde résistance. De plus, Marx et coll.recommandent de cesser le biphosphonatependant six à neuf mois afin de permettreune meilleure guérison <strong>des</strong> tissus, puisque,de cette façon, l’effet antiangiogénique <strong>des</strong>biphosphonates est abolie 4 .PréventionLa prévention demeure <strong>la</strong> meilleure option.C’est ainsi que notre rôle en tant que pharmacienentre en jeu. Nous devons encouragerune bonne hygiène dentaire auprès denos patients prenant <strong>des</strong> biphosphonates et3. Krueger CD, Lodolce AE, Pickard AS et coll. Bisphosphonate-InducedOsteonecrosis of the Jaw.The Annals of Pharmacotherapy. Fév 2007; 41 :276-84.4. Cillo Jr JE, Marx RE, Ulloa JJ. Oral Bisphosphonate-Induced Osteonecrosis: Risk Factors, Prediction ofRisk Using Serum CTX Testing, Prevention, andTreatment. Journal of Oral Maxillofacial Surgery2007; 65 : 2397-2410.5. Bartolomeo-Gissi D, Felicetti L, Marchetti C etcoll. Biphosphonate-associated osteonecrosis canbe controlled by nonsurgical management. Oralles inciter à consulter leur dentiste tous lessix mois afin de déceler toute anomalie. <strong>Les</strong>interventions dentaires effractives devraientêtre évitées si le traitement par les biphosphonatesa débuté depuis plus de troismois 1 . Idéalement, une évaluation de <strong>la</strong>santé buccale du patient devrait être faite aumoins un mois avant de commencer untraitement afin d’enrayer toute possibilitéd’infection et de procéder à <strong>des</strong> extractionsdentaires s’il y a lieu 6 .ConclusionL’ostéonécrose de <strong>la</strong> mâchoire est surtoutassociée aux biphosphonates intraveineux.Pour l’instant, son incidence demeure faible,mais sachant que les interventions dentaireseffractives telles que les extractions dentairessemblent être un facteur précipitant, <strong>la</strong> vigi<strong>la</strong>nces’impose. De plus, il ne faut pas oublierde prendre en considération l’ensemble <strong>des</strong>facteurs de risque d’un patient. En attendant<strong>des</strong> traitements plus prometteurs, il fautmiser sur <strong>la</strong> prévention et l’information. Lerôle du pharmacien devient donc primordialdans cette optique. nSurgery, Oral Medecine, Oral Pathology, Oral Radiologyand Endodontics 2007; 104 : 473-7.6. Broumand V, Fortin M, Marx RE, Sawatari Y.Biphosphonate-Induced Exposed Bone (osteonecrosis/Osteopetrosis)of the Jaws : Risk Factors,Recognition, Prevention and Treatment. Journal ofOral Maxillofacial Surgery 2005; 63 : 1567-75.7. Cardoso ES, Cardoso AS, Correa MEP et coll. Ora<strong>la</strong>vascu<strong>la</strong>r bone necrosis associated with chemotherapyand biphosphonate therapy. Oral Diseases2005; 11; 365-69.Question de formation continue2) Parmi les énoncés suivants, lequel est faux ?A. La douleur liée à <strong>la</strong> nécrose osseuse de <strong>la</strong> mâchoire estun symptôme important de cette complication et seraitassociée fréquemment à une infection.B. <strong>Les</strong> médicaments souvent impliqués dans l’ostéonécrosesont, par ordre d’importance, le zolédronate, le pamidronate,l’alendronate et l’étidronate.C. Le mécanisme hypothétique du développement de ceproblème comporte principalement deux volets :le ralentissement du processus de réparation de l’os etl’action antiangiogénique <strong>des</strong> biphosphonates.D. La ciprofloxacine 500 mg po bid associée au métronidazole500 mg po tid constitue un <strong>des</strong> traitements de l’ostéonécrosechez les patients réfractaires à <strong>la</strong> pénicilline.E. Toutes ces réponses sont fausses.Veuillez reporter votre réponse dans le formu<strong>la</strong>ire de <strong>la</strong> page 90 www.monportailpharmacie.caseptembre 2009 vol. 56 n° 5 Québec Pharmacie 13


De <strong>la</strong> mère au nourrisson<strong>Les</strong> antidépresseurs <strong>durant</strong><strong>la</strong> <strong>grossesse</strong> : <strong>des</strong> risques calculésL’état <strong>des</strong> connaissances sur l’impact <strong>des</strong> antidépresseurs sur le développement fœtal a grandement évolué ces 10 dernières années.Cette somme croissante d’informations, conjuguée aux difficultés d’interprétation <strong>des</strong> méthodologies de recherche employées et auxrésultats parfois contradictoires <strong>des</strong> étu<strong>des</strong>, peut constituer un véritable casse-tête pour le pharmacien qui doit pourtant conseiller sespatientes enceintes et renseigner l’équipe médicale. Cet article vise à faire une synthèse <strong>des</strong> données publiées à ce jour sur l’innocuité<strong>des</strong> antidépresseurs <strong>durant</strong> <strong>la</strong> <strong>grossesse</strong>.Texte rédigé par Brigitte Martin, B. Pharm.,M.Sc., Centre IMAGe, CHU Sainte-Justine,et Martin Saint-André, MD, CM, FRCPC,psychiatre, CHU Sainte-Justine.Texte original soumis le 7 janvier 2009.Texte final remis le 7 février 2009.Révision : Marie-Julie Cimon, MD, FRCPC,psychiatre, CHUL, Centre mère-enfant.Bien que complémentaire à <strong>la</strong> prescriptiond’antidépresseurs <strong>durant</strong> <strong>la</strong> <strong>grossesse</strong>, <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce<strong>des</strong> thérapies non pharmacologiques ne serapas examinée dans ce texte centré sur les donnéesfactuelles <strong>des</strong> agents pharmacologiques.Le lecteur qui désire compléter son étude dusujet est référé à <strong>des</strong> sources d’informationsrécentes qui abordent cet aspect 1 .Cas cliniqueKarine se présente à <strong>la</strong> pharmacie pourrenouveler son ordonnance de ven<strong>la</strong>faxine.Elle reçoit ce traitement depuis deux anspour une récidive de dépression majeure.Ses symptômes sont bien maîtrisés actuellement.Elle vous demande conseil au sujetd’une <strong>grossesse</strong> éventuelle : peut-elle poursuivrece médicament sans risque ? Elle neprend aucun autre médicament.<strong>Les</strong> troubles anxieux et dépressifsen période périnatale :quelques éléments de contexteLa prévalence <strong>des</strong> troubles dépressifs est d’environà 7 % à 13 % <strong>durant</strong> <strong>la</strong> <strong>grossesse</strong>, et 2 %à 6 % <strong>des</strong> femmes enceintes répondent auxcritères de dépression majeure 2 . Ces chiffresse comparent à ceux observés dans <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tiongénérale : <strong>la</strong> <strong>grossesse</strong> ne semble ni protéger<strong>des</strong> troubles dépressifs, ni les exacerber.Pour <strong>la</strong> future mère, une psychopathologienon traitée peut signifier une décompensationpsychiatrique, une entrave au suivi prénatalet à <strong>la</strong> préparation à l’arrivée du nouveau-né,<strong>des</strong> conflits exacerbés avec <strong>la</strong> familleet l’entourage, un recours plus fréquent à l’alcool,au tabac et aux médicaments 1 . Pour l’enfantà naître, les troubles dépressifs et le stressmaternels ont été associés à une augmentationdu risque d’avortements spontanés, deprééc<strong>la</strong>mpsie, de prématurité, de petit poids à<strong>la</strong> naissance, de complications néonatales, <strong>des</strong>cores APGAR diminués et de niveaux decortisol élevés 2 . Une dépression <strong>durant</strong> <strong>la</strong><strong>grossesse</strong> augmente le risque de dépressionpostnatale et, conséquemment, peut compromettrele développement du lien mèreenfant.À plus long terme, certaines recherchesrelient également <strong>la</strong> présence de stress etde symptômes dépressifs <strong>durant</strong> <strong>la</strong> <strong>grossesse</strong> à<strong>des</strong> troubles de développement chez l’enfant(difficultés tempéramentales, impulsivité,etc.) 2,3 . Soulignons que toutes les étu<strong>des</strong> n’ontpas relevé ces risques et que plusieurs facteursde confusion peuvent intervenir dans cesrésultats. <strong>Les</strong> mères qui lisent les résultats deces étu<strong>des</strong> ont souvent tendance à se sentirinquiètes et très culpabilisées, ce qui devraitamener le pharmacien à exercer sa prudenceen transmettant ces informations à <strong>des</strong> mèresfragilisées. On sait par ailleurs que le cerveaudu bébé présente une grande neurop<strong>la</strong>sticitéet que, cliniquement, <strong>la</strong> récupération de certainsbébés exposés in utero à <strong>des</strong> stress importantss’est avérée excellente 2,3 .En dépit de ces données, une grande proportion<strong>des</strong> femmes préfèrent cesser leurtraitement lorsqu’elles apprennent leur<strong>grossesse</strong>, et <strong>la</strong> majorité d’entre elles le fontpar crainte <strong>des</strong> effets nocifs sur le développementde leur enfant 4 . Il importe doncpour les pharmaciens de bien connaître lesdonnées d’innocuité <strong>des</strong> antidépresseurspour guider le plus justement possible leurspatientes et pour conseiller judicieusementl’équipe médicale sur les options pharmacologiquesdisponibles.Tératogenèse structurelle<strong>Les</strong> antidépresseursLe tableau I recense les observations <strong>des</strong>principales étu<strong>des</strong> publiées sur les effetsd’une exposition anténatale aux antidépresseurspour l’embryon, le fœtus et le nouveauné.Il s’agit d’un résumé condensé d’un sujetcomplexe : le lecteur intéressé par un aspectprécis de <strong>la</strong> question est invité à examiner defaçon plus approfondie les étu<strong>des</strong> citées dansle tableau. La bibliographie complète dutableau peut être consultée sur le site Webwww.monportailpharmacie.ca (archives dejuillet-août de Québec Pharmacie).De façon générale, les antidépresseurs necomportent pas de risques tératogènes majeurs,16 Québec Pharmacie vol. 56 n° 5 septembre 2009


<strong>Les</strong> antidépresseurs <strong>durant</strong> <strong>la</strong> <strong>grossesse</strong> : <strong>des</strong> risques calculésbien que <strong>la</strong> somme et <strong>la</strong> qualité <strong>des</strong> donnéesétayant cette thèse varie d’une molécule àl’autre. Dans le cas <strong>des</strong> médicaments plusrécents ou moins souvent utilisés, les donnéesne permettent pas d’exclure tous les risques.La paroxétine<strong>Les</strong> récentes mises en garde de Santé Canadaau sujet d’un lien possible entre <strong>la</strong> paroxétineet les malformations congénitales, et notamment<strong>des</strong> anomalies du septum cardiaque,ont a<strong>la</strong>rmé les cliniciens et leurs patientes.<strong>Les</strong> données actuellesUne récente méta-analyse ne décèle pas derisques augmentés de malformations cardiaques5 . En effet, le taux de malformations cardiaquescalculé à partir <strong>des</strong> six étu<strong>des</strong> decohorte retenues est de 1,14 % pour lesenfants exposés à <strong>la</strong> paroxétine au premier trimestre,alors que celui <strong>des</strong> groupes de comparaisonest de 1,09 %. La différence n’est passtatistiquement significative et ces valeurscorrespondent aux incidences mesurées dans<strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion générale. De plus, <strong>la</strong> combinaison<strong>des</strong> trois étu<strong>des</strong> cas-témoins retenuespermet de calculer un rapport de cote de 1,18(intervalle de confiance [IC] 95 % 0,88-1,59)pour les malformations cardiaques.Depuis <strong>la</strong> parution de cette méta-analyse,deux autres publications ont re<strong>la</strong>ncé <strong>la</strong> controverse.Une étude comptant 3000 enfants aconstaté que l’exposition in utero à un inhibiteursélectif du recaptage de <strong>la</strong> sérotonine(ISRS) n’augmente pas le risque général <strong>des</strong>urvenue d’une anomalie majeure 6 . Cependant,le taux de malformations du septum cardiaqueest augmenté de 0,21 % en termes absolus.La paroxétine ne fait pas l’objet d’uneanalyse séparée, mais elle constitue plus du tiersde l’échantillon. Une autre étude a observé unrisque augmenté de malformations majeures,notamment cardiovascu<strong>la</strong>ires, avec <strong>la</strong> paroxétineet <strong>la</strong> fluoxétine par rapport au groupe decomparaison (malformations majeures : 5,2 %c. 4,7 % c. 2,5 %, respectivement) 7 .Ainsi, les données épidémiologiques actuellesne permettent pas de résoudre <strong>la</strong> controverse.Notons cependant quelques élémentssupplémentaires plutôt en défaveur d’un risquetératogène : les données animales nedémontrent pas de tératogenèse semb<strong>la</strong>ble àcelle soupçonnée chez l’humain, l’associationest faible dans les étu<strong>des</strong> montrant unrisque potentiel, les anomalies en question(anomalies septales) sont peu spécifiques etleur incidence de base est très variable.Des facteurs de risque ?Une étude cas-témoins a proposé un liendose-réponse entre l’exposition à <strong>la</strong> paroxétineet <strong>la</strong> survenue d’anomalies cardiaques :<strong>des</strong> doses supérieures à 25 mg par jour pendantl’organogenèse cardiaque pourraientêtre associées à un risque potentiel (rapportde cote 3,07, IC 95 % 1,00-9,42)8 . Une autreétude a également soulevé <strong>la</strong> possibilité d’uneffet tératogène synergique entre les ISRS etles benzodiazépines 6 . Ces effets potentielsconstituent <strong>des</strong> pistes d’explication pourcomprendre les résultats contradictoires <strong>des</strong>multiples étu<strong>des</strong> épidémiologiques.En résuméS’il existe effectivement un risque tératogèneassocié à <strong>la</strong> paroxétine, il reste faible :les femmes exposées au premier trimestreont un risque supplémentaire inférieur à1 % de donner naissance à un enfant présentantune malformation majeure. Ce risquesupplémentaire est probablement attribuableà une légère augmentation <strong>des</strong>malformations du septum cardiaque. Rappelonsque le risque de base d’anomaliesmajeures dans <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion générale sesitue à environ 2 % à 3 %, et celui <strong>des</strong> malformationscardiaques, à environ 1 %. <strong>Les</strong>données actuelles ne penchent pas vers uneffet de c<strong>la</strong>sse, les autres ISRS ne comportantprobablement pas ces risques.Dans <strong>la</strong> mesure du possible, on évitera <strong>la</strong>prescription de <strong>la</strong> paroxétine chez les femmesen âge de procréer ou p<strong>la</strong>nifiant une<strong>grossesse</strong>. Cependant, une femme exposéeavant de connaître sa <strong>grossesse</strong> devra êtrerassurée et informée <strong>des</strong> examens de dépistageanténatals, comme l’échocardiographiefœtale, qui pourraient lui être proposés.Complications obstétricalesAvortements spontanésDeux méta-analyses ont relevé un risqueaccru d’avortements spontanés chez lesfemmes traitées par <strong>des</strong> antidépresseurs 9,10 .Cependant, <strong>la</strong> plupart <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> inclusesn’étaient pas conçues pour l’évaluation decette issue de <strong>grossesse</strong> et les taux observés(environ 12 %), s’ils sont supérieurs auxtaux <strong>des</strong> groupes témoins, se situent néanmoinsdans les limites attendues dans <strong>la</strong>popu<strong>la</strong>tion générale.Prématurité et poids à <strong>la</strong> naissancePlusieurs chercheurs ont observé une réductionde <strong>la</strong> durée de <strong>la</strong> <strong>grossesse</strong>, une augmentationdu taux de prématurité ou unrisque augmenté de petit poids pour l’âgegestationnel chez les enfants exposés inutero aux antidépresseurs 11-16 . D’autres étu<strong>des</strong>n’ont pas montré de tels effets 17-20 . <strong>Les</strong>conclusions de <strong>la</strong> plupart de ces étu<strong>des</strong> doiventêtre interprétées avec prudence étantdonné l’absence de contrôle pour <strong>la</strong> conditionpsychiatrique maternelle, de multiplesfacteurs de confusion ou de faibles effectifs.L’état actuel <strong>des</strong> connaissances permet depenser que le taux de prématurité est plusélevé que dans <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion générale, maisque <strong>la</strong> réduction de <strong>la</strong> durée de <strong>la</strong> <strong>grossesse</strong>est de faible amplitude, soit de quelquesjours en moyenne; rappelons égalementque <strong>la</strong> dépression est elle-même un facteurde risque pour ces complications.Complications néonatalesLa plupart <strong>des</strong> antidépresseurs ont été associésà <strong>des</strong> complications à <strong>la</strong> naissance pourles enfants exposés à <strong>la</strong> fin de <strong>la</strong> <strong>grossesse</strong>(tableau I). Il s’agit surtout d’observations cliniquesisolées pour les antidépresseurs tricycliqueset les agents plus récents, mais onreconnaît maintenant l’existence d’un syndromenéonatal d’exposition pour les ISRS etles inhibiteurs du recaptage de <strong>la</strong> sérotonineet de <strong>la</strong> norépinéphrine (IRSN) 21 . En effet, 20% à 30 % <strong>des</strong> enfants exposés dans les dernièressemaines de <strong>la</strong> <strong>grossesse</strong> manifestent <strong>des</strong>signes qui se présentent dans les heures suivant<strong>la</strong> naissance et perdurent pendant quelquesjours, et moins souvent jusqu’à une oudeux semaines 21 . Dans <strong>la</strong> grande majorité <strong>des</strong>cas, ces signes sont transitoires, ne retardentpas le congé de l’enfant à <strong>la</strong> maison et ne comportentpas de risque vital pour l’enfant 13,22 .Plus rarement, soit dans moins d’un pour cent<strong>des</strong> cas, les signes peuvent être plus graves :quelques étu<strong>des</strong> ont établi <strong>des</strong> liens entre l’expositionaux ISRS et <strong>des</strong> convulsions néonatalesou de l’hypertension pulmonaire 21,23,24 . Parcontre, une étude plus récente n’a pas déceléd’association entre <strong>la</strong> prise d’ISRS en fin de<strong>grossesse</strong> et l’hypertension pulmonaire néonatale25 . On ne connaît pas encore précisémentl’étiologie de ces manifestations, ni lesfacteurs de risque (possiblement <strong>la</strong> dose, <strong>la</strong>polythérapie, <strong>la</strong> prématurité, etc.) qui pourraientprédisposer certains enfants à cescomplications.Développement psychomoteur<strong>Les</strong> recherches commencent à peine à cernerles conséquences à long terme d’uneexposition anténatale aux antidépresseurs.Onze <strong>des</strong> 13 étu<strong>des</strong> publiées à ce jour notentque les enfants d’âge présco<strong>la</strong>ire exposésaux ISRS <strong>durant</strong> <strong>la</strong> <strong>grossesse</strong> ont un développementpsychomoteur comparable àcelui <strong>des</strong> enfants <strong>des</strong> groupes de comparaison26 . Une seule étude constate que l’expositionin utero aux ISRS est associée à uneréduction mo<strong>des</strong>te de certains scores dedéveloppement moteur <strong>des</strong> enfants entre 6et 40 mois. Une étude englobant d’autreswww.monportailpharmacie.caseptembre 2009 vol. 56 n° 5 Québec Pharmacie 17


De <strong>la</strong> mère au nourrissonmédicaments comme les antiépileptiques etles benzodiazépines relève davantage <strong>des</strong>cores psychomoteurs anormaux chez lesenfants exposés; ces résultats devront êtrereproduits dans <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> centrées sur lesantidépresseurs seulement avant de conclureà un effet de cette c<strong>la</strong>sse de médicaments.L’approche clinique en brefChoisir un antidépresseurDans un contexte de p<strong>la</strong>nification de <strong>grossesse</strong>ou de traitement à débuter <strong>durant</strong> <strong>la</strong><strong>grossesse</strong>, <strong>la</strong> décision sera guidée par lesdonnées d’innocuité du médicament, maisaussi par <strong>la</strong> présentation générale de <strong>la</strong>condition de <strong>la</strong> patiente, sa réponse antérieureà un agent ou une c<strong>la</strong>sse pharmacologique,ses comorbidités, les effets indésirablesattendus et les interactions potentiellesavec d’autres traitements pharmacologiquesen cours. Dans <strong>la</strong> mesure du possible,on choisira les agents pour lesquels on adavantage de recul <strong>durant</strong> <strong>la</strong> <strong>grossesse</strong>, soitles ISRS comme <strong>la</strong> fluoxétine, <strong>la</strong> sertraline etle citalopram (tableau I).L’innocuité <strong>des</strong> nouveaux antidépresseursest re<strong>la</strong>tivement peu connue jusqu’à présent: on envisagera leur prescription dansles situations cliniques plus compliquées,dans les cas de non-réponse ou d’intoléranceaux agents mieux connus. Le profild’effets indésirables moins favorable <strong>des</strong>antidépresseurs tricycliques les relègue endeuxième recours.Poursuivre ou cesser un traitement unefois <strong>la</strong> <strong>grossesse</strong> confirméeLa décision de poursuivre ou de cesser untraitement chez une femme qui vient deconfirmer sa <strong>grossesse</strong> doit tenir compte de<strong>la</strong> gravité de <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die traitée, du risque derechute et <strong>des</strong> données accumulées sur lemédicament. Si on peut envisager l’arrêt dutraitement pour plusieurs d’entre elles, lerisque de rechute <strong>durant</strong> <strong>la</strong> <strong>grossesse</strong> estélevé et justifie un suivi étroit de l’état de <strong>la</strong>patiente. Dans une étude, les deux tiers <strong>des</strong>femmes dont <strong>la</strong> dépression était maîtrisée etayant cessé leur médication avant <strong>la</strong> conceptionont subi une rechute au cours de <strong>la</strong><strong>grossesse</strong>, comparativement à un quart <strong>des</strong>femmes ayant poursuivi leur traitement 27 .<strong>Les</strong> femmes de cette cohorte avaient cependantde lourds antécédents psychiatriques :ces chiffres peuvent être moindres dans le casd’une patiente sans comorbidités ou soustraitement pour un premier épisode dedépression. Si le traitement est poursuivi, onfavorisera une monothérapie, avec les dosesles moins élevées possibles qui permettrontde conserver une efficacité clinique.Dans le cas <strong>des</strong> <strong>grossesse</strong>s non p<strong>la</strong>nifiées,ce qui survient dans près de 50 % <strong>des</strong> cas,l’exposition embryonnaire au médicamenta déjà eu lieu, et il est souvent difficile <strong>des</strong>evrer le médicament avant <strong>la</strong> fin de l’organogenèse: même si on peut y voir d’autresavantages, le fait de cesser le traitement à cestade ne réduit pas, ou peu, les risquespotentiels de tératogenèse structurelle.Finalement, à moins d’une intolérance oud’une réponse non satisfaisante, il existe peude situations cliniques où un antidépresseurdevrait être changé pour un autre une fois <strong>la</strong><strong>grossesse</strong> amorcée, car on exposerait alors <strong>la</strong>patiente et le fœtus à plusieurs médicamentsplutôt qu’à un seul.Poursuivre le traitement pharmacologiqueà <strong>la</strong> fin de <strong>la</strong> <strong>grossesse</strong>À l’approche du troisième trimestre, l’équipetraitante et <strong>la</strong> patiente doivent discuter <strong>des</strong>symptômes néonatals possibles et soupeser cesrisques et les bienfaits de <strong>la</strong> poursuite du traitementpharmacologique. Si l’on peut être tentéde diminuer ou d’arrêter un traitement avantl’accouchement pour prévenir <strong>la</strong> survenued’un éventuel syndrome néonatal d’expositionaux antidépresseurs, rappelons que <strong>la</strong> plupart<strong>des</strong> patientes présentent <strong>des</strong> risques significatifsd’exacerbation ou de rechute de leurcondition anxiodépressive qui justifieront <strong>la</strong>poursuite du médicament à l’approche de <strong>la</strong>période postnatale. Dans <strong>la</strong> discussion avec <strong>la</strong>patiente, on doit exposer <strong>la</strong> nature et <strong>la</strong> gravité<strong>des</strong> signes habituellement observés chez lesnouveau-nés : les signes sont transitoires etpeu graves dans <strong>la</strong> grande majorité <strong>des</strong> cas etles manifestations plus graves sont égalementbeaucoup plus rares. <strong>Les</strong> données actuelles<strong>la</strong>issent penser qu’un suivi de routine est suffisantpour les enfants qui seront exposés.Le rôle du pharmacienLors de l’entrevue avec <strong>la</strong> patiente, il estavant tout essentiel de faire le point sur leshistoires médicale et pharmacologique de <strong>la</strong>patiente et de s’informer de l’évaluation dumédecin traitant de façon à conserver <strong>la</strong>cohérence du message pour <strong>la</strong> patiente etd’éviter <strong>la</strong> multiplicité <strong>des</strong> points de vue.La communication <strong>des</strong> risques peutconstituer un défi : prendre un médicamentantidépresseur <strong>durant</strong> <strong>la</strong> <strong>grossesse</strong> est ungeste chargé de significations pour unefemme qui désire bien sûr le meilleur pourson enfant à naître. Souligner les avantagesd’un état psychiatrique bien maîtrisé pourelle-même et sa famille, insister sur les bienfaitsd’un traitement pharmacologique s’il aété jugé nécessaire, expliquer les risquesconnus ou l’innocuité <strong>des</strong> médicaments enprenant le temps de préciser les limites <strong>des</strong>données actuelles et les mettre en perspectiveavec les risques de ne pas traiter, aider le coupleà interpréter les données re<strong>la</strong>yées par lesmédias comme Internet, présenter le suivipossible, voilà <strong>des</strong> interventions qui permettrontau pharmacien d’aider <strong>la</strong> patiente et lecouple à se conforter dans leur décision.Enfin, le pharmacien peut profiter <strong>des</strong>renouvellements de médicaments pouroffrir son soutien professionnel à <strong>la</strong> patienteet au couple, pour détecter les signes d’intoléranceau traitement ou de réponse insuffisanteau traitement, et pour faire le suivi àl’équipe médicale traitante (médecin, psychologue,etc.) si nécessaire.Retour sur le cas de KarineVous expliquez à Karine les connaissancesactuelles, limitées mais rassurantes, sur l’innocuitéde <strong>la</strong> ven<strong>la</strong>faxine en <strong>grossesse</strong>. Si sontraitement s’avère nécessaire <strong>durant</strong> <strong>la</strong> <strong>grossesse</strong>,<strong>la</strong> ven<strong>la</strong>faxine ne comporte pas de risquessupérieurs au risque de base d’anomaliesdans <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion générale : elle a donc97 % à 98 % <strong>des</strong> chances que son bébé sedéveloppe normalement, comme dans toutesles <strong>grossesse</strong>s. Vous profitez de <strong>la</strong> rencontreavec Karine pour l’encourager à bien prendresoin d’elle-même <strong>durant</strong> sa <strong>grossesse</strong> et àbien s’entourer d’un réseau de soutien et <strong>des</strong>oins, dont vous ferez partie. Vous lui rappelezqu’advenant <strong>des</strong> changements d’humeurimportants <strong>durant</strong> sa <strong>grossesse</strong> et <strong>durant</strong> lepost-partum, ce qui n’est pas rare, elle pourratrouver du soutien auprès de son médecin etdu CSSS qui offre <strong>des</strong> programmes de soutienpour les jeunes parents. Vous adressez Karineà son médecin pour discuter <strong>des</strong> autres aspectsde sa question, et notamment <strong>des</strong> risquespotentiels à cesser son traitement comptetenu de son histoire de dépression. Enfin, vouslui recommandez de débuter une multivitaminecontenant 0,4 à 1 mg d’acide folique.Conclusion<strong>Les</strong> antidépresseurs sont parmi les médicamentsles plus étudiés <strong>durant</strong> <strong>la</strong> <strong>grossesse</strong> et <strong>la</strong>somme croissante <strong>des</strong> données aide heureusementles professionnels de <strong>la</strong> santé à délimiterde mieux en mieux les risques et les bienfaitsdu traitement psychopharmacologique.Le traitement <strong>des</strong> troubles de l’humeur et liésà l’anxiété en période périnatale pose également<strong>des</strong> défis de communication qui demandentaux pharmaciens d’apporter leur soutienà <strong>des</strong> patientes souvent inquiètes, et quimettent en lumière l’importance du travailinterdisciplinaire auprès de cette clientèle. n18 Québec Pharmacie vol. 56 n° 5 septembre 2009


<strong>Les</strong> antidépresseurs <strong>durant</strong> <strong>la</strong> <strong>grossesse</strong> : <strong>des</strong> risques calculésTableau IInnocuité <strong>des</strong> antidépresseurs <strong>durant</strong> <strong>la</strong> <strong>grossesse</strong> : revue <strong>des</strong> principales donnéesMédicamentou c<strong>la</strong>sseAntidépresseurstricycliques ethétérocycliquesInhibiteurssélectifsdu recaptagede <strong>la</strong> sérotonine(ISRS)Tératogenèse structurelle(exposition au premier trimestre de <strong>la</strong> <strong>grossesse</strong>)Près de 3500 expositions sans preuve d’une augmentation du risquede malformations majeures par rapport au risque de base 4,11,12,17,28-34Augmentation de 1,5 à 2 fois du risque d’anomalies cardiaques avec<strong>la</strong> clomipramine dans un seul rapport 33Environ 4100 expositions au citalopram, 4200 à <strong>la</strong> sertraline,et 5700 à <strong>la</strong> fluoxétine : risque de malformations congénitalesgénéralement comparable au risque de baseEnviron 200 expositions à l’escitalopram et 400 à <strong>la</strong> fluvoxamine :données encore insuffisantes pour statuer sur les risques, mais pas depreuve d’un effet tératogène majeur à ce jour 4,6,7,11,14,17-20,30,34-385200 expositions à <strong>la</strong> paroxétine dans diverses étu<strong>des</strong> 4,6-8,12,18,20,36,37,39-44 ;augmentation <strong>des</strong> malformations majeures, notammentcardiovascu<strong>la</strong>ires, notée dans quelques étu<strong>des</strong>, mais non dans d’autres;risque supplémentaire d’anomalies cardiovascu<strong>la</strong>ires, s’il existe,estimé à moins de 1 %; lien dose-réponse suggéré 8Complications néonatales et développementpsychomoteurQuelques notifications d’effets indésirables néonatals(rétention urinaire, iléus, convulsions, etc.) 28Pas de preuve d’un effet néfaste majeur sur ledéveloppement psychomoteur dans deux petitesétu<strong>des</strong> 11,31Complications néonatales (agitation, irritabilité,trému<strong>la</strong>tions, hyper/hypotonie, tachypnée, tirage,difficultés alimentaires, etc.) transitoires et peugraves décrites chez environ 20 % à 30 % <strong>des</strong>nouveau-nés; complications graves (hypertensionpulmonaire, convulsions) plus rares (< 1 %); liendose-réponse parfois suggéré, et risque apparemmentplus élevé si polythérapie (notamment avecbenzodiazépines) et si prématurité 13-15,19,21-25,47-53Pas de preuve d’un effet néfaste majeur surle développement psychomoteur dans quelquespetites étu<strong>des</strong> 26,31,54Associations de faible ampleur entre les ISRS et diverses anomalies rares(craniosténose, omphalocèle, etc.) dans quelques étu<strong>des</strong> cas-témoins oude cohorte aux résultats parfois opposés 6,36,45,46 ; risques probablementpeu cliniquement significatifs pour une patiente exposéeInhibiteurs durecaptage de<strong>la</strong> sérotonine et de<strong>la</strong> norépinéphrine(IRSN)BupropionPrès de 1400 expositions à <strong>la</strong> ven<strong>la</strong>faxine : risque de malformationscongénitales comparable au risque de base 4,6,34,55-57Pas de données publiées à ce jour pour <strong>la</strong> duloxétine724 expositions dans le registre prospectif du fabricant : pas de preuvesd’une augmentation du risque de malformations majeures 58Quelques notifications d’effets indésirablestransitoires (agitation, trému<strong>la</strong>tions, hypertonie,difficultés respiratoires et alimentaires, convulsionsetc.) 13 ; incidence imprécisePas de données sur le développement à long termepubliées à ce jourAucune donnée retracée1300 expositions dans deux étu<strong>des</strong> : risque de malformations congénitalescomparable au risque de base 59,60MirtazapineTrazodoneInhibiteursde <strong>la</strong> monoamineoxidase (IMAO)350 expositions sans effet tératogène majeur décelé jusqu’àprésent 34,56,61,62 ; données encore insuffisantes pour exclure tousles risques400 expositions sans effet tératogène majeur décelé jusqu’àprésent 28,34,64 ; données encore insuffisantes pour exclure tous les risques21 expositions aux IMAO non réversibles : incidence de malformationsmajeures supérieure au taux attendu 28Aucune donnée épidémiologique publiée pour <strong>la</strong> moclobémideUne notification d’effets indésirables chez deuxnouveau-nés (hypothermie) 63Aucune donnée sur le développement à long termeAucune donnée retracéeAucune donnée retracéewww.monportailpharmacie.caseptembre 2009 vol. 56 n° 5 Québec Pharmacie 19


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<strong>Les</strong> antidépresseurs <strong>durant</strong> <strong>la</strong> <strong>grossesse</strong> : <strong>des</strong> risques calculésQuestions de formation continue3) Parmi les énoncés suivants, lequel est faux?A. Concernant le syndrome néonatal d’exposition aux inhibiteurssélectifs du recaptage de <strong>la</strong> sérotonine (ISRS), lesdonnées actuelles <strong>la</strong>issent penser qu’un suivi de routine estsuffisant pour les enfants exposés.B. Chez toutes les femmes traitées <strong>durant</strong> <strong>la</strong> <strong>grossesse</strong>,l’antidépresseur devrait être sevré au moins deux semainesavant <strong>la</strong> date prévue d’accouchement de façon à diminuer lerisque de complications néonatales pour le nouveau-né.C. Vingt à 30 % <strong>des</strong> nouveau-nés exposés à un ISRS à <strong>la</strong> fin de<strong>la</strong> <strong>grossesse</strong> présenteront <strong>des</strong> signes compatibles avec lesyndrome néonatal d’exposition aux ISRS.D. <strong>Les</strong> résultats <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> sont divergents en ce qui concernele lien entre l’exposition anténatale aux antidépresseurs et <strong>la</strong>prématurité; il est possible que <strong>la</strong> durée de <strong>la</strong> <strong>grossesse</strong> soitfaiblement réduite chez les femmes traitées par unantidépresseur <strong>durant</strong> <strong>la</strong> <strong>grossesse</strong>.E. Le développement psychomoteur <strong>des</strong> enfants exposés auxantidépresseurs <strong>durant</strong> <strong>la</strong> <strong>grossesse</strong> est comparable à celui<strong>des</strong> enfants non exposés dans <strong>la</strong> majorité <strong>des</strong> étu<strong>des</strong>menées à ce jour.4) Parmi les énoncés suivants, lequel est faux?A. La fluoxétine, <strong>la</strong> sertraline et le citalopram sont troisantidépresseurs dont l’innocuité <strong>durant</strong> <strong>la</strong> <strong>grossesse</strong> a étéévaluée dans plusieurs étu<strong>des</strong> et qui ne sont pas associés àune augmentation du risque de malformations congénitales.B. La prescription de mirtazapine ou de duloxétine devrait êtreréservée aux femmes enceintes qui ne répondent pas ou quine tolèrent pas les antidépresseurs dont l’innocuité estmieux documentée <strong>durant</strong> <strong>la</strong> <strong>grossesse</strong>.C. La paroxétine a été associée à une augmentation <strong>des</strong>malformations congénitales, notamment cardiovascu<strong>la</strong>ires,dans quelques étu<strong>des</strong> épidémiologiques. Le risque supplémentaire,s’il existe, est estimé à moins de 1 %.D. <strong>Les</strong> troubles anxieux ou dépressifs <strong>durant</strong> <strong>la</strong> <strong>grossesse</strong> sontassociés à une morbidité importante pour <strong>la</strong> femmeenceinte, mais ne comportent pas de risques pour le fœtus.E. Chez les femmes qui cessent leur traitement antidépresseuravant <strong>la</strong> conception, le risque de rechute <strong>durant</strong> <strong>la</strong> <strong>grossesse</strong>est élevé et justifie un suivi étroit de l’état de <strong>la</strong> patiente.Veuillez reporter vos réponses dans le formu<strong>la</strong>ire de <strong>la</strong> page 90 www.monportailpharmacie.caseptembre 2009 vol. 56 n° 5 Québec Pharmacie 21


À votre service sans ordonnance<strong>Les</strong> MVL chez les patients hypertendus :au-delà du Code Médicament BAu Canada, 27,4 % de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion souffre d’hypertension 1 . Cette proportion atteint jusqu’à 65 % <strong>des</strong> 60 ans et plus 2 . Ces patientspeuvent présenter <strong>des</strong> pathologies concomitantes pouvant être traitées par automédication (rhume, douleurs, reflux gastro-œsophagien,brûlures d’estomac, etc.). Certains médicaments et produits naturels peuvent affecter <strong>la</strong> tension artérielle et il en sera question dans leprésent article 3 . Par ailleurs, les antihypertenseurs peuvent causer <strong>des</strong> effets indésirables que le patient pourrait éventuellement traiterpar <strong>des</strong> médicaments en vente libre. <strong>Les</strong> conseils du pharmacien pour prévenir ou gérer adéquatement ces effets indésirables sont donctrès importants afin de s’assurer de l’usage optimal <strong>des</strong> médicaments.Texte rédigé par Jean-Philippe Lemieux,étudiant en pharmacie, Université de Montréal.Texte original soumis le 12 mai 2008.Texte final remis le 27 février 2009.Révision : Marc Parent, D.P.H, M.Sc., BCPS.L’auteur aimerait souligner l’apport de KatherineDesforges, étudiante en pharmacie.La tension artérielle est proportionnellementliée au débit cardiaque et à <strong>la</strong> résistancepériphérique totale 2 . Le débit cardiaqueest le volume de sang éjecté par unité detemps, alors que <strong>la</strong> résistance périphériquetotale est <strong>la</strong> somme <strong>des</strong> forces s’opposant aupassage du sang dans les vaisseaux 2 . Cettere<strong>la</strong>tion explique les effets sur <strong>la</strong> pressionartérielle de plusieurs médicaments en ventelibre (MVL) et produits de santé naturels(PSN). Une altération du volume sanguintotal, de <strong>la</strong> fréquence cardiaque ou du retourveineux par certains MVL et PSN modifie ledébit cardiaque 2 . Quant à <strong>la</strong> résistance périphérique,elle est régulée par le diamètre de<strong>la</strong> lumière <strong>des</strong> vaisseaux ainsi que par l’étatd’hypertrophie et d’é<strong>la</strong>sticité <strong>des</strong> tissusvascu<strong>la</strong>ires 2 .Plus de 90 % <strong>des</strong> cas d’hypertension sontdits « d’hypertension essentielle ou primaire» lorsqu’aucune cause n’est identifiée2 . Il existe toutefois <strong>des</strong> hypertensionssecondaires à <strong>des</strong> pathologies ou à <strong>des</strong> médicaments2 . La première ligne de traitementde ce type d’hypertension est <strong>la</strong> correctionde <strong>la</strong> cause sous-jacente 2 . Ainsi, <strong>la</strong> détectionet <strong>la</strong> gestion par le pharmacien <strong>des</strong> MVL ouPSN pouvant être à l’origine d’une hypertensionsecondaire (par exemple, les aminessympathomimétiques, les AINS, le MaHuang) sont essentielles 2 .Code Médicament BEn février 1995, le programme Code Médicamentde l’Ordre <strong>des</strong> pharmaciens duQuébec est devenu obligatoire dans toutesles pharmacies offrant <strong>des</strong> MVL 4 . Le CodeMédicament B indique une contre-indicationdu médicament visé chez les patientssouffrant d’hypertension, d’hypertrophiede <strong>la</strong> prostate, d’hyperthyroïdie ou prenant<strong>des</strong> antidépresseurs 4 . La base de données<strong>des</strong> MVL de l’OPQ répertorie 495 produitsétiquetés avec le Code Médicament B, dont18 sont c<strong>la</strong>ssés hors annexe 5 . Ce code inclutnotamment les amines sympathomimétiquesessentiellement utilisées par voie orale(phényléphrine, pseudoéphédrine et éphédrine[l’éphédrine n’est plus disponible surle marché canadien]), mais aussi par voietopique (phényléphrine en gel pour usagerectal [p. ex., Préparation H PE MD ]) 5 . <strong>Les</strong>amines sympathomimétiques orales sontdisponibles seules ou en association sousplusieurs formes pharmaceutiques; lessirops, les gouttes orales, les comprimés àlibération immédiate ou prolongée, les pelliculesà <strong>la</strong>isser fondre sur <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue (p. ex.,Triaminic Ban<strong>des</strong> Minces MD ) et les boissonschau<strong>des</strong> en sont quelques exemples 5 . <strong>Les</strong>autres amines sympathomimétiques topiquesadministrées par voie intranasale (oxymétazoline,phényléphrine, naphazoline etxylométazoline) ou ophtalmique (oxymétazoline,phényléphrine, naphazoline ettétrahydrazoline) ne sont pas visées par leCode Médicament B 5,6 .Quand le système sympathique est stimulé,il accroît <strong>la</strong> tension artérielle en augmentantle débit cardiaque (par <strong>la</strong> vasoconstriction<strong>des</strong> veines qui augmente leretour veineux ainsi que par <strong>des</strong> effets inotropeet chronotrope positifs) et <strong>la</strong> résistancepériphérique (par <strong>la</strong> vasoconstriction<strong>des</strong> artérioles à court terme etl’hypertrophie <strong>des</strong> vaisseaux à plus longterme) 2 . Une augmentation de <strong>la</strong> pressionartérielle est possible à <strong>des</strong> doses thérapeutiquesd’amines sympathomimétiques prisesoralement (pseudoéphédrine [SudafedMD ] 30 à 60 mg toutes les 4 à 6 heuressans dépasser 240 mg par jour ; phényléphrine[Sudafed PE MD ] 10 mg toutes les4 heures chez les patients hypertendus),alors que <strong>des</strong> doses plus élevées sont nécessaireschez les patients normotendus 7 .Dans <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion générale, les changementsde <strong>la</strong> fréquence cardiaque et de <strong>la</strong>tension artérielle seraient non détectablesjusqu’à 180 mg en dose unique de pseudoéphédrine8 . Cependant, à <strong>des</strong> doses de210 mg à 240 mg, ces effets peuvent être22 Québec Pharmacie vol. 56 n° 5 septembre 2009


<strong>Les</strong> MVL chez les patients hypertendus : au-delà du Code Médicament Bdétectés 8 . Il est préférable d’éviter les décongestifsoraux chez les patients hypertendus,surtout en cas de maîtrise inadéquate de <strong>la</strong>tension artérielle ou d’antécédents d’hypertension<strong>la</strong>bile. En cas d’utilisation d’undécongestif oral chez un hypertendu, il fautenvisager <strong>la</strong> plus petite dose efficace et suivrerigoureusement <strong>la</strong> tension artérielle.<strong>Les</strong> produits topiques (usage intranasal,rectal ou ophtalmique) causent plus fréquemment<strong>des</strong> effets indésirables locaux 6,8 .Ils devraient quand même être utilisés avecprudence et pour une courte période 6,7 .Aucune donnée probante n’a permis dedémontrer l’efficacité <strong>des</strong> décongestifsintranasaux lors d’un usage à long terme; deplus, deux d’entre eux (phényléphrine etoxymétazoline) ont été associés à <strong>des</strong> casd’hypertension et d’AVC après un usaged’au moins une semaine 9 .Anti-inf<strong>la</strong>mmatoiresnon stéroïdiens (AINS)Selon les recommandations <strong>des</strong> fabricants,l’ibuprofène (Motrin MD , Advil MD ) ne devraitêtre utilisé chez les patients hypertendusque sur recommandation du médecincompte tenu du risque de rétention sodée 6 .L’effet sur le débit cardiaque (via l’augmentationdu volume sanguin secondaire à <strong>la</strong>rétention sodée) et l’effet vasoconstricteursont impliqués dans les changements detension artérielle 2,10 . La hausse moyenne depression artérielle serait de 1,1 à 5 mmHgchez les utilisateurs d’AINS; les coefficientsde variation peuvent toutefois atteindre prèsde 60 mmHg 10 . L’effet est plus importantchez les patients sous traitement antihypertenseur,quelle que soit <strong>la</strong> maîtrise préa<strong>la</strong>blede <strong>la</strong> tension artérielle 10 . Cette hausse seraitpeu ou pas significative avec l’acide acétylsalicylique(AAS) 10 . En pratique, en casd’instauration d’un AINS, le suivi de <strong>la</strong> tensionartérielle dans les semaines suivantesest recommandé et le traitement sera ounon poursuivi en fonction de <strong>la</strong> réaction dechaque patient 11 .www.monportailpharmacie.caMVL avec apport importanten sodiumUne restriction sodique est souhaitable chezles personnes hypertendues, car le sodiumest associé de façon cliniquement importanteà l’hypertension 2 . En effet, s’il est ingéré enquantité excessive, le sodium augmente levolume sanguin ainsi que le débit cardiaque,ce qui contribue à l’augmentation de <strong>la</strong> tensionartérielle 2 . Lorsqu’un régime trop richeen sodium est identifié comme étant <strong>la</strong> causede l’hypertension, il est primordial d’amorcerle traitement en s’attaquant premièrementà <strong>la</strong> teneur en sodium du régime dupatient 2 . Un régime contenant 2,4 g ou moinsde sodium est associé à une diminution de <strong>la</strong>pression artérielle systolique de 2 à 8 mmHg 2 . La plupart <strong>des</strong> patients hypertendusbénéficient d’une réduction de leur apporten sodium, à l’exception de certains qui ysont insensibles 2 .Plusieurs MVL contiennent du sodium.Quelques exemples sont présentés au tableauI. Il n’existe pas de limite définie quant à <strong>la</strong>quantité maximale de sodium à ingérer via<strong>la</strong> médication. Ce<strong>la</strong> dépendra <strong>des</strong> apportsalimentaires. Cependant, outre le docusatesodique (Co<strong>la</strong>ce MD ), les produits présentésdans le tableau I fournissent <strong>des</strong> quantitésde sodium pouvant compter pour 15 % à417 % de l’apport journalier recommandéchez les hypertendus. La quantité de selcontenue dans le docusate sodique pris à <strong>la</strong>posologie maximale utilisée en automédication(200 mg par jour) est négligeable; ledocusate calcique devient une option chezles patients qui prennent de plus hautesdoses (1600 mg) 6,12 .Tableau ITeneur en sodium de certains MVL 6CaféineLa caféine n’est pas recommandée dans letraitement de l’obésité, car <strong>la</strong> perte de poidsassociée à son utilisation est essentiellementsecondaire à son effet diurétique 13 .La caféine augmente <strong>la</strong> pression artérielleà une dose médiane de 410 mg de caféinepar jour sous forme de comprimés; l’augmentationsignificative de <strong>la</strong> tension artériellesystolique (TAS) étant de 4,16 mm Hget de 2,41 mm Hg pour <strong>la</strong> tension artériellediastolique (TAD) 13,14 . L’augmentation estmoins importante pour <strong>la</strong> TAS et non significativepour <strong>la</strong> TAD lorsque <strong>la</strong> même dosede caféine est consommée sous forme decafé 14 . Outre le café, le thé, les boissonsgazeuses et énergisantes, et le choco<strong>la</strong>t, plusieursMVL contenant de <strong>la</strong> caféine sonténumérés au tableau II 6,15 . Pris à une posologiemaximale, ces produits peuvent fournirjusqu’à 1000 mg de caféine par jour, alorsque, pour éviter les autres effets secondairesde <strong>la</strong> caféine (nausées, irritabilité, anxiété etinsomnie), on devrait suggérer aux patientsde limiter <strong>la</strong> consommation quotidienne deProduit Teneur en sodium Posologie Teneur enpar unité quotidienne sodiumposologique (mg) maximale en quotidienne (mg)automédication à posologiemaximaleAlginates utilisés pour le reflux gastro-œsophagienGaviscon comprimé ordinaire 22 par comprimé 16 comprimés 352Gaviscon comprimé extra-fort 35 par comprimé 12 comprimés 420Gaviscon liquide 53 par 5 mL 80 mL 848Maalox HRF nD nD nDAntiaci<strong>des</strong> : citrate de sodium (ENO) ou bicarbonate de sodium(Alka Seltzer [contient aussi de l’AAS], Bromo Seltzer)ENO 855 par sachet 5 sachets 4275de 5 grammesAlka Seltzer comprimé régulier 523 par comprimé 8 comprimés 4184Alka Seltzer aromatisé à <strong>la</strong> cerise 464 par comprimé 8 comprimés 3712Alka Seltzer aromatisé 467 par comprimé 8 comprimés 3736au citron-limeBromo Seltzer 1000 par sachet 3 sachets 3000Médicaments pour <strong>la</strong> constipationPhosphate de sodium oral (Fleet) 556 par 5 mL Constipation 2224passagère : 20 mLC colonoscopie : 5000 à 10 00045-90 mLDocusate sodique (Co<strong>la</strong>ce) 5,17 par capsule 200 mg soit : 10,34 (capsules)0,65 par mL de gouttes 2 (capsules) 13 (gouttes)3,7 par 5 mL de sirop 20 mL (gouttes) 37 (sirop)50 mL (sirop)MVL = médicaments en vente libre; ND = non disponible; AAS = acide acétylsalicyliqueseptembre 2009 vol. 56 n° 5 Québec Pharmacie 23


À votre service sans ordonnanceLa détection et <strong>la</strong> gestion par le pharmacien <strong>des</strong> MVL ou PSN pouvant êtreà l’origine d’une hypertension secondaire sont essentielles 2 .caféine à 400-450 mg 15 . Plusieurs produitsvendus pour contribuer à <strong>la</strong> perte de poidscontiennent de <strong>la</strong> caféine 13 .NicotineMalgré les effets hémodynamiques de <strong>la</strong>nicotine (particulièrement l’augmentationde <strong>la</strong> pression artérielle [de 5 à 10 mm Hgavec les carrés à mâcher, moindre pour lestimbres]), l’emploi de TRN (traitement deremp<strong>la</strong>cement de <strong>la</strong> nicotine) est sécuritairechez les hypertendus 16-18 .Chaque TRN possède un profil de libérationde nicotine pouvant affecter différemment<strong>la</strong> tension artérielle <strong>des</strong> patients 16 . Lepharmacien se doit d’expliquer aux patientsles avantages et les inconvénients; le choix dupatient prévaut toutefois sur les avantageshémodynamiques 17,19 .Puisque <strong>la</strong> nicotine augmente <strong>la</strong> libérationde catécho<strong>la</strong>mines, notons qu’on doit parfoisdiminuer les doses de bêtabloquants à<strong>la</strong> suite de <strong>la</strong> cessation tabagique 6 . Il est ainsinécessaire de suivre régulièrement <strong>la</strong> tensionartérielle au cours de <strong>la</strong> cessationtabagique.Tableau IIExemples de produits contenant de <strong>la</strong> caféine 6Produits Teneur en caféine (mg) Autres ingrédients222 15 aas 375 mg; codéine 8 mg*Anacin 32 aas 325 mgAnacin extra-fort 32 aas 500 mgAtasol 8, Triatec 8 15 acétaminophène 325 mg; codéine 8 mg*Excedrin extra-fort MD 65 aas 500 mgInstantine, Midol 65 aas 325 mgMidol ADO 60 acétaminophène 325 mg; pyri<strong>la</strong>mine 15 mgMidol Extra-Fort 65 acétaminophène 500 mg; pyri<strong>la</strong>mine 15 mgNorgesic 30 aas 385 mg; citrate d’orphénadrine 25 mgNorgesic Forte 60 aas 770 mg; citrate d’orphénadrine 50 mgTriatec 8 Fort 15 acétaminophène 500 mg; codéine 8 mg*Tylenol N° 1 15 acétaminophène 300 mg; codéine 8 mg*Tylenol Ultra efficace 65 acétaminophène 500 mgWake-up** 100 et 200* La codéine est présente sous forme de phosphate de codéine dans ces produits.** Le fabricant recommande une dose maximale quotidienne de 1000 mg.AAS = acide acétylsalicylique.Produits de santé naturels (PSN)Plusieurs PSN ont un effet diurétique (p. ex.,le raisin <strong>des</strong> ours [Uva ursi], le boldo, le pissenlitet <strong>la</strong> salsepareille); il faut penser à l’effethypotenseur possible de ces PSN et suivre <strong>la</strong>tension artérielle lors de leur instauration 3 .La caféine étant le principe actif du café, duthé, du guarana, du ko<strong>la</strong> et du maté, ceux-cidoivent être utilisés en tenant compte <strong>des</strong>effets hémodynamiques possibles lorsqu’onatteint <strong>des</strong> doses élevées de caféine 3 .Le millepertuis, via l’induction de plusieursenzymes du cytochrome P450, peut modifier<strong>la</strong> pharmacocinétique de certains antihypertenseurs(p. ex ; l’amlodipine (Norvasc MD ), <strong>la</strong>félodipine (Plendil MD , Renedil MD ), le diltiazem(Cardizem MD , Tiazac MD ) et le vérapamil (ChronoveraMD , Isoptin MD ) 3,6 . La prudence est demise à l’instauration ou à l’arrêt de ce PSN 3 .Quelques cas d’hypertension ont été associésaux PSN suivants : Dong Quai, MaHuang (éphédra), glycyrrhizine (contenuedans <strong>la</strong> réglisse) ainsi que <strong>des</strong> produitshoméopathiques chinois 3 .Certains produits amaigrissants contiennentde <strong>la</strong> synéphrine (p. ex., Meta Slim WeightReduction Formu<strong>la</strong> MD ), une amine glycyrrhizinede l’orange amère (Citrus aurantium)pouvant avoir <strong>des</strong> effets simi<strong>la</strong>ires aux autresamines sympathomimétiques,<strong>Les</strong> PSN ne font pas exception quant àleur contenu en sodium; par exemple,certaines formu<strong>la</strong>tions de sulfate de glucosaminepeuvent fournir d’importantesquantités de sodium. Il est préférable deprivilégier les marques sans sodium.Plusieurs autres PSN pourraient modifier<strong>la</strong> maîtrise de <strong>la</strong> tension artérielle.C’estpourquoi un suivi de <strong>la</strong> tension artérielleest conseillé 3 .Consultations en vente libreliées aux effets indésirables<strong>des</strong> antihypertenseursToux<strong>Les</strong> IECA peuvent engendrer une toux sècheet persistante 6,7 . Le mécanisme suggéré estl’accumu<strong>la</strong>tion de kinines à <strong>la</strong> suite de l’inhibitionde leur dégradation par les IECA 6 .Cet effet secondaire peut se produire entre24 heures et 1 an après l’instauration d’unIECA 6 . Une diminution de <strong>la</strong> dose d’IECAou son remp<strong>la</strong>cement par un autre antihypertenseur(p. ex., un ARA) est à privilégiersi le problème est trop incommodant 6 .InsomnieL’insomnie et les cauchemars sont <strong>des</strong> effetsindésirables possibles du traitement par lesbêtabloquants 6,22,23 . <strong>Les</strong> diurétiques peuventaussi être une cause d’insomnie en causant<strong>des</strong> mictions nocturnes plus fréquentes 20,21 . Ilserait alors adéquat de conseiller le patientsur l’hygiène du sommeil et sur l’horaire deprise <strong>des</strong> diurétiques pour éviter les réveilsnocturnes 20,21 . Le pharmacien pourra égalementproposer un changement de <strong>la</strong> pharmacothérapiesi ce<strong>la</strong> est envisageable. Latenue d’un journal du sommeil est recommandée,car celui-ci servira pour réévaluerl’efficacité <strong>des</strong> interventions et les causes <strong>des</strong>troubles du sommeil 20 .ConstipationPlusieurs antihypertenseurs peuventinduire de <strong>la</strong> constipation 14 . Citons le vérapamilet les autres bloqueurs <strong>des</strong> canauxcalciques (BCC), les bêtabloquants, lesdiurétiques et <strong>la</strong> clonidine (Catapress MD ) 6 .Le pharmacien peut encore une fois proposerun changement du traitement antihypertenseur,<strong>des</strong> mesures non pharmacologiquesou, en dernier recours, untraitement symptomatique. Il faut faireattention aux mesures non pharmacologiquesproposées à ces patients. En effet, unetrop grande augmentation de l’apportliquidien n’est pas adéquate chez les24 Québec Pharmacie vol. 56 n° 5 septembre 2009


<strong>Les</strong> MVL chez les patients hypertendus : au-delà du Code Médicament Bpatients sous diurétiques. Par ailleurs,l’emploi de psyllium nécessite aussi unapport liquidien important et il est recommandéde l’espacer de deux heures avec <strong>la</strong>prise d’autres médicaments 6 .Références1. Wolf-Maier K, Cooper RS, Banegas JR et coll.Hypertension prevalence and blood pressure levelsin 6 European countries, Canada, and the UnitedStates. JAMA 2003; 289(18) : 2363-9.2. Sassen JJ, Carter BL. Hypertension. Dans : DiPiro JT,Talbert RL, Wells BG et coll., eds. Pharmacotherapy :A pathophysiologic approach, 6 e éd. New York :McGraw-Hill Publishing Inc, 2005 : 185-217.3. Ernst E. Cardiovascu<strong>la</strong>r adverse effects of herbalmedicines : A systemic review of the recent literature.Can J Cardiol 2003; 19(7) : 818-27.4. Ordre <strong>des</strong> pharmaciens du Québec. Autotraitement: Médicaments vendus sans ordonnance. [Enligne. Page consultée le 5 mai 2008.]. www.opq.org/fr/services_public/autotraitement.5. Ordre <strong>des</strong> pharmaciens du Québec. Base de données<strong>des</strong> médicaments en vente libre. [En ligne.Page consultée le 5 mai 2008.]. //prod.opq.org/mvl/Produits.aspx6. Association <strong>des</strong> pharmaciens du Canada. Compendium<strong>des</strong> produits et spécialités pharmaceutiques.Ottawa : Association <strong>des</strong> pharmaciens duCanada, 2006 : V1-V68, L58-L64 105-6, 248, 445-6,533-4, 564, 716-7, 776-84, 910, 946, 1019-1020,1177-8, 1191-3, 1231-4, 1463-5, 1491, 1543-6,1618-22, 1639-40, 2511, 2559-61, 2567.7. Roy H. Upper respiratory tract infection Dans :Patient self-care : helping patients make therapeuticchoices, 1 re éd. Ottawa : Association <strong>des</strong> pharmaciensdu Canada, 2002 : 130-41.ConclusionPlusieurs PSN et MVL peuvent présenterun effet néfaste sur <strong>la</strong> tension artérielle <strong>des</strong>patients hypertendus. Si l’on est dans ledoute ou si le médicament en questiondoit absolument être administré, un suivirégulier de <strong>la</strong> tension artérielle du patient8. May JR, Smith PH. Allergic rhinitis. Dans : DiPiro JT,Talbert RL, Wells BG et coll., eds. Pharmacotherapy :A pathophysiologic approach, 6 e éd. New York :McGraw-Hill Publishing Inc, 2005 : 1729-40.9. Cantu C, Arauz A, Murillo-Baril<strong>la</strong> LM et coll. Strokeassociated with sympathomimetics contained inthe over-the-counter cough and cold drugs. Stroke.2003; 34(7) : 1667-72.10. Frishman WH. Effects of nonsteroidal anti-inf<strong>la</strong>mmatorydrug therapy on blood pressure and peripheraledema. Am J Cardiol. 2002 Mar 21; 89(6A) :18D-25D.11. Tannenbaum H, Bombardier C, Davis P et coll. Anevidence-based approach to prescribing nonsteroida<strong>la</strong>ntiinf<strong>la</strong>mmatory drugs. Third Canadian ConsensusConference. J Rheumatol. 2006 Jan; 33(1) : 140-57.12. Bowles-Jordan J. Constipation. Dans : Patient selfcare: helping patients make therapeutic choices, 1 reéd. Ottawa : Association <strong>des</strong> pharmaciens du Canada,2002 : 222-36.13. Heschuk S. Weight management. Dans : Patientself-care : helping patients make therapeutic choices,1 re éd. Ottawa: Association <strong>des</strong> pharmaciens duCanada, 2002 : 376-89.14. Noordzij M, Uiterwaal CS, Arends LR et coll. Bloodpressure response to chronic intake of coffee ands’avère opportun pour déterminer <strong>la</strong> gravitéde l’interaction considérant que l’hypertensionest souvent asymptomatique 2 .Le pharmacien doit également évaluer <strong>la</strong>possibilité que <strong>la</strong> consultation du patientpuisse être associée à un effet indésirablede son traitement antihypertenseur. ncaffeine : A meta-analysis of randomized controlledtrials. J hypertens. 23(5), May 2005, 921-8.15. Beveridge C. Basic nutrition. Dans : Patient selfcare: helping patients make therapeutic choices,1 re éd. Ottawa: Association <strong>des</strong> pharmaciens duCanada, 2002 : 339-54.16. Benowittz NL. Gour<strong>la</strong>y SG. Cardiovascu<strong>la</strong>r toxicity ofnicotine : implications for nicotine rep<strong>la</strong>cement therapy.J Am Coll Cardiol. 1997 Jun; 29(7) : 1422-31.17. Thériault A. Cesser de fumer, qu’a-t-on en pharmacie? Québec Pharmacie. 2007 Mai; 54(5) : 21-5.18. Institut de cardiologie de Montréal. Protocole :Thérapie de remp<strong>la</strong>cement de <strong>la</strong> nicotine pour tousles patients hospitalisés. Accepté par le CMDP le 5décembre 2005.19. Choquette J. L’abandon du tabac. Québec Pharmacie.2002 fév; 49(2) : 113-23.20. Vail<strong>la</strong>ncourt R. Insomnia. Dans : Patient self-care :helping patients make therapeutic choices, 1 re éd.Ottawa: Association <strong>des</strong> pharmaciens du Canada,2002 : 49-57.21. Jackson CW. Curtis JL. Sleep disorders. Dans : DiPiroJT, Talbert RL, Wells BG et coll., eds. Pharmacotherapy: A pathophysiologic approach, 6 e éd. NewYork : McGraw-Hill Publishing Inc, 2005 : 1321-32.Questions de formation continue5) Lequel <strong>des</strong> énoncés suivants est faux ?Chez les hypertendus :A. <strong>Les</strong> décongestifs oraux peuvent causer une augmentationde <strong>la</strong> tension artérielle à doses thérapeutiques.B. L’AAS et l’ibuprofène causent une augmentation simi<strong>la</strong>irede <strong>la</strong> tension artérielle.C. La caféine ne semble pas avoir le même effet sur <strong>la</strong>tension artérielle lorsqu’elle est prise sous forme de caféou de comprimé.D. <strong>Les</strong> thérapies de remp<strong>la</strong>cement de <strong>la</strong> nicotine sontsécuritaires chez les patients souffrant d’hypertension.E. Le millepertuis est susceptible de modifier <strong>la</strong> pharmacocinétiquede plusieurs antihypertenseurs.6) Lequel <strong>des</strong> produits suivants, aux doses utiliséesen automédication, a le plus faible apporten sodium ?A. Alka-SeltzerB. ENOC. Gaviscon liquideD. Co<strong>la</strong>ceE. Fleet Phospho SodaVeuillez reporter vos réponsesdans le formu<strong>la</strong>ire de <strong>la</strong> page 90 www.monportailpharmacie.caseptembre 2009 vol. 56 n° 5 Québec Pharmacie 25


D’une page à l’autreÉtude coût-efficacité évaluant l’impactde conseils téléphoniques sur l’observance aprèsle début d’une thérapie chroniqueTexte rédigé par Alexandre Guichard,étudiant en 5 e année hospitalo-universitaire,Université de Dijon, France, Mariève Simoncelli,B. Pharm., candidate à <strong>la</strong> maîtrise en sciencespharmaceutiques, et Jean-François Bussières,B. Pharm., M.Sc., M.B.A., FCSHP, Département depharmacie et Unité de recherche en pratiquepharmaceutique, CHU Sainte-Justine.Texte original soumis le 4 octobre 2008.Texte final remis le 19 janvier 2009.Révision : Nico<strong>la</strong>s Paquette-Lamontagne,B. Pharm., M.Sc., M.B.A.ObjectifÉvaluer si un service de conseils téléphoniquesprodigués par un pharmacien représenteune intervention coût-efficace chez<strong>des</strong> patients recevant une première ordonnancepour une thérapie chronique.P<strong>la</strong>n de l’étudeÉtude coût-efficacité réalisée à partir <strong>des</strong>données provenant d’une étude cliniquecontrôlée avec répartition aléatoire ayantévalué l’effet d’un suivi téléphonique effectuépar un pharmacien. L’étude pharmacoéconomiquea été approuvée par leLondon Multi-Centre Research EthicsCommittee et financée par un programmegouvernemental de recherche britannique.LieuL’étude clinique regroupait 500 patientsprovenant de 40 pharmacies communautairessituées dans 8 régions de l’Angleterre.Participants<strong>Les</strong> patients recrutés devaient recevoir unepremière ordonnance pour le traitementd’une ma<strong>la</strong>die chronique (accident vascu<strong>la</strong>irecérébral, ma<strong>la</strong>die cardiovascu<strong>la</strong>ire, asthme,diabète ou arthrite rhumatoïde) et être âgésd’au moins 75 ans. Après le recrutement, lepharmacien d’officine remettait au patientune enveloppe scellée lui indiquant le groupeauquel il devait appartenir (intervention outémoin). <strong>Les</strong> patients qui ne comprenaient oune lisaient pas l’ang<strong>la</strong>is ont été exclus ainsique ceux ne disposant pas d’un téléphone.InterventionsDeux semaines après le recrutement et ledébut du traitement, le patient a été contactéau téléphone par un pharmacien. L’interventioncomprenait une entrevue semi-structuréeainsi qu’une liste aide-mémoire <strong>des</strong> élémentsà discuter. Elle repose sur <strong>la</strong> théoriedu self-regu<strong>la</strong>tory model (SRM) qui reconnaîtl’utilité de recourir à <strong>des</strong> stimuli internes(p. ex., comment vous sentez-vous ?)et externes (p. ex., conseil d’un professionnelde <strong>la</strong> santé) afin d’influencer un comportement.L’intervention vise à conseiller le patienten tenant compte <strong>des</strong> problèmes liés à <strong>la</strong> pharmacothérapiequ’il mentionne.MesuresL’issue principale de l’étude clinique estl’inobservance rapportée par le patient etest définie comme au moins une dose demédicament non prise dans les sept derniersjours. L’observance et les coûts ont étéévalués à partir d’un entretien téléphoniqueréalisé auprès du patient quatre semainesaprès le recrutement. L’issue principale del’étude économique est le rapport coût-efficacitédu suivi téléphonique du pharmacienutilisé afin d’accroître l’observance. <strong>Les</strong>coûts incluent les coûts directs de recoursau système de santé et les coûts de l’interventionpharmaceutique (contact parl’équipe de recherche, formation du pharmacien,temps requis pour l’intervention).AnalyseUn arbre décisionnel a été mis au point afinde calculer un rapport coût-efficacité différentiel(RCED) (le coût pour qu’un patientadditionnel soit observant). Une courbed’acceptabilité coût-efficacité permet égalementde déterminer <strong>la</strong> probabilité que leRCED soit inférieur à <strong>la</strong> capacité de payermaximale du décideur.RésultatsAu total, 500 patients ont été recrutés et8 patients ont été exclus pour un total de255 patients dans le groupe intervention (tauxd’abandon de 12 %) et 237 patients dans legroupe témoin (taux d’abandon de 19 %).Pour l’analyse économique, 205 pa tients ontété retenus. L’inobservance à 4 semaines étaitsignificativement moins élevée dans le groupeintervention (11 %) que dans le groupetémoin (19 %) (p < 0,05). <strong>Les</strong> auteurs ontextrapolé ces résultats à huit semaines postrecrutement.Le pharmacien procédant ausuivi téléphonique a réalisé en médiane unappel par patient pour une durée médiane de12 minutes par appel pour l’intervention etsix minutes pour les formalités administratives.<strong>Les</strong> patients <strong>des</strong> deux groupes ont eurecours aux mêmes services de santé, maisles coûts reliés par patient ont été significativementplus élevés dans le groupe témoinque dans le groupe intervention (282 £contre 177 £). Le rapport coût-efficacité différentielmoyen était de -2168 £ pour chaque28 Québec Pharmacie vol. 56 n° 5 septembre 2009


Étude coût-efficacité évaluant l’impact de conseils téléphoniquessur l’observance après le début d’une thérapie chroniquepatient observant supplémentaire. Cettestratégie est donc dominante (plus efficace etmoins coûteuse que le fait de ne pas intervenir)et génère <strong>des</strong> économies. La courbed’acceptabilité montre également que <strong>la</strong> probabilitéque cette intervention soit coût-efficaceest de 90 % en considérant que le décideura une capacité de payer nulle.Conclusion de l’étudeLa mise en p<strong>la</strong>ce d’un service de conseilstéléphoniques par un pharmacien est uneintervention coût-efficace selon <strong>la</strong> perspectivetiers-payeur publique britannique etpeut améliorer l’observance chez <strong>des</strong>patients débutant un traitement chronique.DiscussionOn reconnaît que l’inobservance est unphénomène complexe et multifactoriel.Selon l’Organisation mondiale de <strong>la</strong> santé(OMS), « l’impact de <strong>la</strong> non-observanceaugmente avec le fardeau <strong>des</strong> ma<strong>la</strong>dies chroniques». L’inobservance peut atteindrejusqu’à 30 % <strong>des</strong> patients dès <strong>la</strong> deuxièmesemaine de traitement et sa fréquence généraleest de 30 % à 50 %. Bien qu’il s’agissed’une priorité de santé, les auteurs soulignentqu’il existe un nombre limité d’étu<strong>des</strong>ayant montré un impact positif et durabled’une intervention sur l’observance. Il existetrès peu de données sur le rapport coût-efficacitéde telles interventions.<strong>Les</strong> auteurs reconnaissent plusieurs limites.La principale est que l’étude cliniquen’a pas été conçue afin de réaliser une étudeéconomique et que sa puissance statistiqueest limitée. Le seuil utilisé pour définirl’inobservance ne fait référence qu’à uneseule de ses facettes (dose non prise), alorsque le moment de <strong>la</strong> prise et le respect <strong>des</strong>précautions n’ont pas été considérés. Laméthode de mesure de l’observance, quiest autorapportée, peut introduire un biaisde désirabilité sociale pouvant surestimerl’observance. La proportion élevée de pertesau suivi dans chacun <strong>des</strong> groupes et <strong>la</strong>durée limitée du suivi constituent d’autreslimites. En effet, une période de huit semainesest insuffisante afin d’évaluer l’impactréel de l’intervention sur l’observance àune thérapie chronique et les résultats <strong>des</strong>anté. Il aurait été intéressant de ciblerune seule pathologie puisque les ressourcesde santé consommées sont spécifiques.On peut se demander si les causesréelles de l’inobservance ont été prises encompte puisqu’un patient pourrait omettreune dose en raison d’un changementposologique recommandé par son médecin.La définition de l’observance impliqueégalement <strong>la</strong> notion d’adhésion auxrecommandations.Cette étude apporte un double éc<strong>la</strong>irage :une intervention simple et ciblée comme leconseil téléphonique chez un groupe depatients donné peut augmenter l’observanceet cette intervention peut être coûtefficace.Parce qu’il existe un nombre limitéd’étu<strong>des</strong> bien conçues montrant l’impactfavorable d’une intervention peu coûteusesur l’observance, cette étude devrait êtrerépétée à plus <strong>la</strong>rge échelle dans un systèmede soins canadien. nRéférenceElliott RA, Barber N, Clifford S, Horne R, Hartley E. The cost effectiveness of a telephone-basedadvisory service to improve adherence to newly prescribed medicines.Pharm World Sci 2008; 30:17-23.Autre lecture suggéréeClifford S, Barber N, Elliott R, Hartley E, Horne R. Patient-centred advise is effectivein improving adherence to medicines. Pharm World Sci 2006; 28:165-70.Question de formation continue7) Parmi les énoncés suivants concernant l’impactd’un suivi téléphonique de pharmaciens auprès<strong>des</strong> patients, lequel est vrai ?A. La fréquence de l’inobservance est de 50 % dès<strong>la</strong> deuxième semaine.B. 205 patients ont été retenus pour l’analyse économique,et l’inobservance à 4 semaines était significativementmoins élevée dans le groupe intervention (11 %) parrapport au groupe témoin (19 %) (p < 0,05).C. La principale limite de l’analyse économique est <strong>la</strong>proportion élevée de pertes au suivi dans le groupeintervention.D. L’intervention décrite a une probabilité de 85 % d’êtrecoût-efficace si <strong>la</strong> capacité de payer est nulle.E. Le pharmacien procédant au suivi téléphonique aréalisé un appel par patient pour une durée médianede six minutes par appel.Veuillez reporter votre réponse dans le formu<strong>la</strong>irede <strong>la</strong> page 90 RBC DOMINION VALEURS MOBILIÈRESVotre prescription pour un bonnegestion de votre patrimoineReconnu comme l’un <strong>des</strong> meilleurs conseillers enp<strong>la</strong>cement à Montréal, Francis M. Turcotte offreune gamme complète de services de gestion depatrimoine répondant aux objectifs particulierstel un professionnel pharmaceutique.Pour plus de renseignements, veuillez communiquer avec:“Construire autour de vous, pour vous”Gestion de patrimoineprofessionnelle depuis 1901Francis M. Turcotte, B. Sc.Conseiller en p<strong>la</strong>cementFM Turcotte Gestion de Patrimoinede RBC Dominion valeurs mobilièresfrancis.turcotte@rbc.comwww.francisturcotte.comRBC Dominion valeurs mobilières Inc.* et <strong>la</strong> Banque Royale du Canada sont <strong>des</strong> entités juridiquesdistinctes et affiliées. *Membre du FCPE. ®Marque déposée de <strong>la</strong> Banque Royale du Canada, utiliséesous licence. RBC Dominion valeurs mobilières est une marque déposée de <strong>la</strong> Banque Royale du Canada,utilisée sous licence. ©Copyright 2009. Tous droits réservés.www.monportailpharmacie.caseptembre 2009 vol. 56 n° 5 Québec Pharmacie 29


Le dabigatran (Pradax MD )Quant à l’odiparcil, il stimule <strong>la</strong> libérationde chondroïtine, ce qui confère une activitéantithrombotique par une activation d’uncofacteur de l’héparine.Le dabigatran (Pradax) est un nouvel anticoagu<strong>la</strong>ntoral permettant de prévenir lesthromboembolies veineuses à <strong>la</strong> suite <strong>des</strong>arthrop<strong>la</strong>sties électives de <strong>la</strong> hanche et dugenou. Il est approuvé depuis juin 2008 auCanada et est commercialisé par BoehringerIngelheim (Canada) ltée 5 .Pharmacologie et mécanismed’actionLe dabigatran etexi<strong>la</strong>te est le promédicamentdu dabigatran, mais il n’a aucune activitéanticoagu<strong>la</strong>nte en soi. À <strong>la</strong> suite de sonabsorption par voie orale, le dabigatranetexi<strong>la</strong>te est converti en dabigatran par unehydrolyse catalysée via <strong>des</strong> estérases p<strong>la</strong>smatiqueset hépatiques. Le dabigatran est uninhibiteur direct de <strong>la</strong> thrombine, il est réversibleet compétitif. La conversion du fibrinogèneen fibrine au cours de <strong>la</strong> cascade de <strong>la</strong>coagu<strong>la</strong>tion est médiée par <strong>la</strong> thrombine.Par conséquent, l’inhibition de <strong>la</strong> thrombineprévient <strong>la</strong> formation de thrombus. Le dabigatraninhibe à <strong>la</strong> fois <strong>la</strong> thrombine libre, <strong>la</strong>thrombine liée à <strong>la</strong> fibrine et l’agrégationp<strong>la</strong>quettaire provoquée par <strong>la</strong> thrombine 6 . Ilse lie à <strong>la</strong> thrombine et bloque l’interactionde cette dernière avec ses substrats 2,3 . Lafigure 1 tirée du Drug Information Center(DIC) en ligne montre les différents sitesd’action <strong>des</strong> thérapies anticoagu<strong>la</strong>ntes.PharmacocinétiqueLa pharmacocinétique du dabigatran a étéétudiée tant chez <strong>des</strong> volontaires sains quechez <strong>des</strong> sujets ayant subi une arthrop<strong>la</strong>stieélective de <strong>la</strong> hanche ou du genou (administrationd’une dose unique ou de doses multiples).<strong>Les</strong> résultats obtenus ont montré que<strong>la</strong> pharmacocinétique du dabigatran est légèrementdifférente chez les volontaires sains,par comparaison avec les sujets opérés 6 . Danstous les cas, sa pharmacocinétique estlinéaire 3 . Le dabigatran etexi<strong>la</strong>te est absorbé àraison de 3,5 % à 5 %, sans égard à <strong>la</strong> nourriture.Lors de son administration à <strong>des</strong> volontairessains, <strong>la</strong> concentration p<strong>la</strong>smatiqueaugmente rapidement, jusqu’à atteindre uneconcentration maximale, puis diminue enprésentant une demi-vie évaluée à 11 heures.Une corré<strong>la</strong>tion a été établie entre <strong>la</strong> concentrationde dabigatran et le degré de l’effetanticoagu<strong>la</strong>nt. Le temps de demi-vie semblelégèrement plus long chez les sujets opérés,passant d’une moyenne de 11 heures chez lessujets sains à une moyenne de 14 à 17 heureschez les sujets opérés. Cependant, dans lesdeux cas, l’administration uniquotidienneest possible en raison d’un temps de demievieassez long. Le dabigatran est faiblementlié aux protéines p<strong>la</strong>smatiques humaines(34 %-35 %), et ce, d’une manière indépendantede <strong>la</strong> concentration. Le volume de distributionavoisine les 60 à 70 litres. La principalevoie de métabolisme du dabigatranetexi<strong>la</strong>te est l’hydrolyse caractérisée par lesestérases. Le dabigatran est faiblementconjugué (10 %). Son élimination est principalementrénale à 85 % et fécale à 6 %.<strong>Les</strong> CYP 450 ne participent pas au métabolismedu dabigatran. L’aire sous <strong>la</strong> courbedu dabigatran est semb<strong>la</strong>ble chez les volontairessains et les sujets opérés. Chez les personnesâgées, on note une augmentation del’aire sous <strong>la</strong> courbe de 40 % à 60 %, ainsiqu’une concentration maximale 25 % plusélevée. Chez les insuffisants rénaux modérés(30-50 mL/min), l’exposition au dabigatranest 2,7 fois plus élevée et, chez les insuffisantsrénaux graves (10-30 mL/min), elleest six fois plus élevée. Pour l’insuffisancerénale modérée, <strong>la</strong> dose de dabigatran doitêtre ajustée à <strong>la</strong> baisse et, dans le cas de l’insuffisancerénale grave, le produit est contreindiqué.Ni le sexe, ni le poids, ni l’origineethnique asiatique ne semblent modifier lesparamètres pharmacocinétiques de façon àchanger l’approche clinique 6 . À titre comparatif,<strong>la</strong> warfarine, un autre anticoagu<strong>la</strong>ntadministré par voie orale, offre une biodisponibilitécomplète, présente une demi-viebeaucoup plus longue (20 à 60 heures) et estfortement liée aux protéines. <strong>Les</strong> principalescaractéristiques pharmacocinétiques sontprésentées au tableau I.Indications et étu<strong>des</strong> cliniquesLe dabigatran est approuvé au Canada pour<strong>la</strong> prévention de <strong>la</strong> TEV chez les sujets ayantsubi une arthrop<strong>la</strong>stie élective totale de <strong>la</strong>hanche ou du genou 5,6 . La Commissioneuropéenne a approuvé <strong>la</strong> commercialisationdu dabigatran (Pradaxa) dans 27 étatsmembres de l’Union européenne 8 . <strong>Les</strong> indicationssont les mêmes qu’au Canada. Leproduit est en attente d’approbation d’ici2010 par <strong>la</strong> FDA américaine. Le tableau IIprésente les principales étu<strong>des</strong> cliniques quiportent sur le dabigatran.Étu<strong>des</strong> comparatives avecl’énoxaparineDans <strong>la</strong> littérature médicale, trois étu<strong>des</strong>majeures portant sur l’utilisation du dabigatranont été publiées. <strong>Les</strong> deux premières,soit RE-NOVATE 9 et RE-MODEL 10 , ontcomparé le dabigatran 220 mg ou 150 mgpar jour à l’énoxaparine 40 mg par jour, soitle traitement recommandé en préventionde <strong>la</strong> TEV à <strong>la</strong> suite d’une arthrop<strong>la</strong>stietotale élective de <strong>la</strong> hanche ou du genou,dans les lignes directrices européennes. EnTableau IPrincipaux paramètres pharmacocinétiques du dabigatran et de <strong>la</strong> warfarine 3,6Biodisponibilité Cmax (1) T ½ (h) ASC C<strong>la</strong>irance, Vd Liaison aux Dé<strong>la</strong>iélimination protéines d’actionDabigatran 0,8 11 h 6-10 ng*h/ Urine 60 à 70 L 34-35 % 2 h(volontaires à 1,4 mL/mg (85 %)sains) ng/mL/mg Fèces (6 %)Dabigatran 3,5-5 % 1,22 ng/ 14-17 h 9,7 ng*h/ Absence de 0,86- faible 7,0-9,0 h(sujets mL/mg mL/mg données 1,0 L/kgopérés) T tmaxpost-chirurgieWarfarine 100 % 20-60 h U urine 0,14 L/kg Forte Lent(92 %) (99 %)Abréviations : Cmax (concentration maximale), T½ (temps de demi-vie), ASC (aire sous <strong>la</strong> courbe), Vd (volume de distribution), Tmax (temps pour atteindre le Cmax)www.monportailpharmacie.caseptembre 2009 vol. 56 n° 5 Québec Pharmacie 33


Avez-vous entendu parler de...ce qui concerne <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion, RE-NOVATEn’a inclus que les sujets subissant une chirurgiede <strong>la</strong> hanche et RE-MODEL n’a inclusque les sujets subissant une chirurgie dugenou. La durée de traitement était de 28 à35 jours à <strong>la</strong> suite d’une chirurgie de <strong>la</strong> hancheet de 6 à 10 jours à <strong>la</strong> suite d’une chirurgiedu genou. <strong>Les</strong> sujets <strong>des</strong> deux étu<strong>des</strong>étaient âgés de plus de 18 ans (moyenne de64 et 69 ans) et avaient un poids supérieur à40 kg. Hommes et femmes se répartissaientà part égale, ils étaient de race b<strong>la</strong>nche ouasiatique et avaient une fonction rénale normale(≥ 50 mL/min). <strong>Les</strong> deux étu<strong>des</strong> ontconclu à <strong>la</strong> non-infériorité du dabigatran(toutes doses confondues) par rapport àl’énoxaparine 40 mg par jour quant à <strong>la</strong> survenuede TEV veinographiques ou symptomatiquesassociée à <strong>la</strong> mortalité. De plus, lesdeux étu<strong>des</strong> n’ont montré aucune différencesignificative en ce qui a trait aux saignementsmajeurs, aux événements coronarienset à l’augmentation <strong>des</strong> enzymeshépatiques entre les groupes témoins et lestraitements. Le dabigatran à 150 mg parjour pourrait, selon ces données, être unesolution de rechange à l’énoxaparine puisquece traitement cause <strong>des</strong> effets indésirableslégèrement inférieurs tout en favorisant<strong>la</strong> prévention de <strong>la</strong> TEV lors d’une arthrop<strong>la</strong>stieélective. Par ailleurs, les effets indésirablessont plus importants lors de l’administrationde <strong>la</strong> dose de 220 mg par jour.L’étude RE-MOBILIZE 11 , quant à elle, acomparé le dabigatran 220 mg ou 110 mg parjour à l’énoxaparine 30 mg deux fois par jour,qui est actuellement <strong>la</strong> dose recommandée enprévention de <strong>la</strong> TEV, selon les gui<strong>des</strong> thérapeutiquesd’Amérique du Nord, lors d’unearthrop<strong>la</strong>stie totale élective du genou. Lapopu<strong>la</strong>tion s’apparentait à celle <strong>des</strong> deuxautres étu<strong>des</strong>. <strong>Les</strong> sujets étaient âgés de plusde 18 ans, l’âge moyen était de 66 ans, et lesautres caractéristiques étaient les mêmes.L’étude a montré l’infériorité <strong>des</strong> deux régimesposologiques de dabigatran par rapportà l’énoxaparine 30 mg deux fois par jour pour<strong>la</strong> survenue de TEV symptomatiques. Toutcomme dans les deux premières étu<strong>des</strong>, letaux de saignements majeurs, <strong>la</strong> survenued’événements coronariens et l’augmentation<strong>des</strong> enzymes hépatiques ont été semb<strong>la</strong>blespour le groupe témoin et les groupes detraitement. Par opposition aux résultats <strong>des</strong>étu<strong>des</strong> européennes, le dabigatran ne peutreprésenter une solution de rechange auxprophy<strong>la</strong>xies de <strong>la</strong> TEV actuellement recommandéesen Amérique du Nord. Des essaisavec <strong>des</strong> doses ou <strong>des</strong> régimes posologiquesdifférents pourraient mener à démontrer <strong>la</strong>non-infériorité du dabigatran, mais ce dernierne peut faire l’objet de recommandationsacceptables actuellement.Tableau IIPrincipales étu<strong>des</strong> portant sur le dabigatran 9,10,11Auteurs et devis popu<strong>la</strong>tion Groupes de résultats Commentairede l’étude à l’étude traitementRE-NOVATE n : 3494 Groupe témoin Non-infériorité Aucune différenceEricksson BI et coll. ≥ 18 ans (≈ 64) Énoxaparine par rapport significative pour lesÉtude à répartition Arthrop<strong>la</strong>stie totale 40 mg die à l’énoxaparine : saignements majeurs,aléatoire, double insu élective de <strong>la</strong> hanche % TEV et mortalité les événementsversus énoxaparine Groupes combinée de 6,7 coronariens ettraitements avec énoxaparine, l’augmentation <strong>des</strong>Dabigatran 6,0 et 8,6 avec enzymes hépatiques220 mg dabigatranDurée : 28 à 35 jours Dabigatran 220 mg et 150 mg150 mg die respectivementRE-MODEL N : 2076 Groupe témoin Non-infériorité Aucune différenceEricksson BI et coll. ≥ 18 ans (≈ 69) Énoxaparine par rapport significative pour lesÉtude à répartition Arthrop<strong>la</strong>stie totale 40 mg die à l’énoxaparine : saignements majeurs,aléatoire, double insu élective du genou % TEV et mortalité les événementsversus énoxaparine Groupes combinée de 37,7 coronariens ettraitements avec énoxaparine, l’augmentation <strong>des</strong>Dabigatran 36,4 et 40,6 avec enzymes hépatiques220 mg dabigatranDurée : 6 à 10 jours Dabigatran 220 mg et 150 mg150 mg die respectivementRE-MOBILIZE N : 1896 Groupe témoin <strong>Les</strong> deux doses sont Pas de différenceGinsberg JS et coll. ≥ 18 ans (≈ 66) Énoxaparine inférieures pour les saignementsÉtude à répartition Arthrop<strong>la</strong>stie totale 30 mg bid à l’énoxaparine : majeurs etaléatoire, double insu élective du genou p= 0,2 pour 220 mg l’augmentationversus énoxaparine Groupes et p < 0,001 pour 110 mg <strong>des</strong> enzymes hépatiquestraitementsDabigatran220 mgDurée : 12 à 15 joursDabigatran110 mg dieLégende : N : nombre de sujets34 Québec Pharmacie vol. 56 n° 5 septembre 2009


Le dabigatran (Pradax MD )Le dabigatran est approuvé au Canada pour <strong>la</strong> prévention de <strong>la</strong> TEVchez les sujets ayant subi une arthrop<strong>la</strong>stie élective totale de <strong>la</strong> hancheou du genou.Étude comparative avec<strong>la</strong> warfarineLe dabigatran a été comparé avec <strong>la</strong> warfarinedans une étude de phase II. La popu<strong>la</strong>tionà l’étude comptait 542 sujets atteints defibril<strong>la</strong>tion auricu<strong>la</strong>ire et durait 12 semaines.<strong>Les</strong> 472 sujets du groupe témoin ont reçu de<strong>la</strong> warfarine (RNI 2 à 3) et les 70 sujets dugroupe de traitement ont été p<strong>la</strong>cés sousdabigatran à dose variable, une fois par jour.L’étude a montré une hausse <strong>des</strong> enzymeshépatiques trois fois supérieure à <strong>la</strong> normalechez 0,7 % <strong>des</strong> sujets du groupe de traitement,et ce, toutes doses confondues, et chezaucun sujet du groupe témoin 2 .L’étude PETRO a été <strong>la</strong> première étuderandomisée à évaluer le dabigatran chez502 personnes atteintes de FA. Le groupeexpérimental recevait le dabigatran 50 mg,150 mg ou 300 mg deux fois par jour avecou sans aspirine 81 mg ou 325 mg, alors quele groupe témoin recevait <strong>la</strong> warfarine(RNI 2 à 3) pendant 3 à 12 semaines. Deshémorragies majeures sont survenues uniquementdans le groupe dabigatran 300 mgen association avec l’aspirine. <strong>Les</strong> événementsthromboemboliques sont survenusdans le groupe dabigatran 50 mg seulement.Aucune toxicité hépatique sérieuse n’a étéobservée dans les groupes 14 .L’étude RELY 12 , un essai clinique randomiséà double insu, est en cours. Un total de15 000 sujets a été recruté dans 44 pays. Ladurée prévue de l’étude est de deux ans.Pour être inclus, les sujets doivent êtreatteints de FA non valvu<strong>la</strong>ire et avoir unautre facteur de risque de thromboembolieartérielle. Le groupe témoin reçoit <strong>la</strong> warfarine(RNI 2 à 3) et le groupe de traitement,le dabigatran en dose de 150 mg ou 220 mgà l’aveugle. L’issue primaire est de démontrer<strong>la</strong> non-infériorité du dabigatran parrapport à <strong>la</strong> warfarine avec l’indice combinéde thromboembolies et d’ischémies.Enfin, aucune étude comparant <strong>la</strong> daltéparine(Fragmin MD ) au dabigatran, que cesoit en contexte d’arthrop<strong>la</strong>stie ou de toutesautres indications, n’a été publiée à ce jour.www.monportailpharmacie.ca<strong>Les</strong> recommandationsnord-américainesVoici un bref rappel <strong>des</strong> dernières lignesdirectrices publiées en ce qui a trait à <strong>la</strong> préventionde <strong>la</strong> thromboembolie veineuse lorsd’une arthrop<strong>la</strong>stie de <strong>la</strong> hanche ou dugenou. L’un <strong>des</strong> trois régimes suivants estapproprié : une HFPM, le fondaparinux ou<strong>la</strong> warfarine (RNI 2 à 3) pour une duréeminimale de 10 jours 15 lors d’une interventionau genou. Cette durée peut augmenterpour atteindre quatre ou cinq semaineslorsqu’il s’agit d’une arthrop<strong>la</strong>stie de <strong>la</strong> hanche16 . Le CHEST recommande, pour unechirurgie élective de <strong>la</strong> hanche, l’une <strong>des</strong>prophy<strong>la</strong>xies de routine suivantes : uneHFPM 12 heures avant <strong>la</strong> chirurgie ou 12 à14 heures après <strong>la</strong> chirurgie, le fondaparinux2,5 mg débuté 6 à 24 heures après <strong>la</strong> chirurgieou <strong>la</strong> warfarine avec un RNI entre 2-3instauré avant <strong>la</strong> chirurgie ou le soir de <strong>la</strong>chirurgie. Pour une chirurgie élective dugenou, les recommandations sont les mêmes.<strong>Les</strong> doses d’HFPM recommandées sont de30 mg d’énoxaparine deux fois par jour pendant7 à 14 jours ou de <strong>la</strong> daltéparine 5 000 Uune fois par jour pendant 5 à 7 jours 17 .Effets indésirablesLe dabigatran a généralement été bien tolérédans les étu<strong>des</strong> cliniques. Le plus souvent, <strong>la</strong>fréquence <strong>des</strong> effets indésirables a été semb<strong>la</strong>bleà celle de l’énoxaparine dans les groupestémoins. Parmi les effets indésirables rapportésà 1 %, aucune différence significative n’apu être démontrée. La fréquence <strong>des</strong> saignementsmajeurs définie soit par une diminutionde l’hémoglobine plus grande ou égale à20 g/L ou par le besoin d’au moins deux transfusions,ou par <strong>des</strong> saignements rétro-péritonéaux,intracrâniens, intraocu<strong>la</strong>ires ou intrarachidiensmortels a été semb<strong>la</strong>ble chez lesTableau IIIEffets indésirables liés au traitement par le dabigatran lors<strong>des</strong> étu<strong>des</strong> cliniques, par rapport à l’énoxaparine 1Effets indésirables Dabigatran Dabigatran Énoxaparine150 mg die 220 mg die 40 mg dieou 30 mg(n = 2737) (n = 2682) (n = 2716)Saignement majeur* 0,6–1,3 % 0,6–1,8 % 1,4–1,5 %Tout saignement 8,3-13,8 % 8,6-13,8 % 9,7-13,4 %Système sanguinet lymphatiqueAnémie 4 % 4,4 % 4,5 %Hémorragie gastro-intestinale 1,2 % 0,6 % 0,6 %Hématurie 1,2 % 1,2 % 0,8 %Hématome 1,4 % 1,4 % 1,8 %Hémorragie au niveau 1,3 % 1,0 % 1,0 %d’une p<strong>la</strong>ieInvestigationsBaisse de l’Hb 1,6 % 1,3 % 2,4 %Blessures, empoisonnementet complications chirurgicalesSécrétion au niveau d’une p<strong>la</strong>ieHématome postopératoire 4,7 % 4,8 % 3,0 %Hémorragie postopératoire 2,4 % 1,7 % 2,5 %Anémie postopératoire 1,5 % 2,4 % 1,7 %Hématome traumatique 1,4 % 1,5 % 1,6 %Écoulement postopératoire 1,1 % 1,3 % 1,0 %* Diminution Hb > ou = 20g/L, nécessité de > ou = 2 transfusions, saignement rétro-péritonéal, intracrânien, intraocu<strong>la</strong>ire ouintrarachidien mortelseptembre 2009 vol. 56 n° 5 Québec Pharmacie 35


Avez-vous entendu parler de...sujets ayant reçu le dabigatran ou l’énoxaparine.Au niveau du système sanguin et lymphatique,le dabigatran a causé légèrementplus d’hématurie que l’énoxaparine. En ce quiconcerne les investigations, <strong>la</strong> baisse de l’hémoglobinecausée par l’énoxaparine a été plusfréquente que celle induite par le dabigatran.À l’inverse, le nombre de sujets qui ont rapporté<strong>des</strong> sécrétions au niveau de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ie a étéplus important dans les groupes de traitement.L’augmentation <strong>des</strong> enzymes hépatiquesa été plus fréquente dans les groupestémoins. <strong>Les</strong> autres effets indésirables, rarestoutefois, qui ont été rapportés sont les suivants: thrombocytopénie, hémorragie rectale,élévation <strong>des</strong> transaminases, hémarthrose,épistaxis, ecchymose 1 . L’incidence <strong>des</strong>principaux effets indésirables, comparativementà celle de l’énoxaparine, est présentée autableau III. La littérature médicale ne rapportemalheureusement pas de données comparativesentre les effets indésirables de <strong>la</strong> warfarineet ceux du dabigatran en contexte dechirurgie de <strong>la</strong> hanche ou du genou.Tableau IVConseils aux utilisateurs de dabigatran 14Mises en gardeet contre-indicationsOn ne doit pas utiliser le dabigatran chez lessujets insuffisants rénaux graves (< 30 mL/min). On devrait aussi éviter de l’administrerlors de manifestations hémorragiques,de diathèse hémorragique ou chez les sujetsprésentant une altération spontanée oupharmacologique de l’hémostase. <strong>Les</strong> lésionsétant associées à un risque de saignementsignificatif sur le p<strong>la</strong>n clinique, tels qu’uninfarctus cérébral (hémorragique ou ischémique),au cours <strong>des</strong> six derniers mois, letraitement concomitant par un inhibiteurde <strong>la</strong> P-glycoprotéine et l’hypersensibilitésont également <strong>des</strong> contre-indications 5,6 .Le fabricant a aussi émis <strong>des</strong> mises engarde quant à l’utilisation du dabigatranchez les personnes qui doivent subir uneanesthésie avec cathéters périduraux àdemeure post-opératoire en raison du risqued’hématomes rachidiens ou péridurauxpouvant entraîner une paralysie prolongéeou permanente. Il en est de même pourceux qui reçoivent un traitement d’HNF,d’HFPM, de fondaparinux, de bivalirudine,de thrombolytiques, d’antagonistes GPIIb/IIIa, de clopidogrel, de ticlopidine, de sulfinpyrazoneou d’antagonistes de <strong>la</strong> vitamineK. Étant donné que l’administrationd’une faible dose d’aspirine < 160 mg parjour n’a pas fait l’objet d’étu<strong>des</strong> importantes,elle n’est pas recommandée. À <strong>la</strong> suite del’administration du dabigatran, il est recommandéd’attendre 24 heures avant de commencerà administrer un anticoagu<strong>la</strong>ntparentéral. Pour ce qui est de l’inverse, iln’existe actuellement pas de données dans<strong>la</strong> littérature médicale 6 .En ce qui concerne l’administration de cemédicament aux popu<strong>la</strong>tions spéciales,l’innocuité et l’efficacité n’ont pas été établieschez les jeunes de moins de 18 ans, lesfemmes enceintes ou celles qui al<strong>la</strong>itent.Par conséquent, l’utilisation n’est pasrecommandée pour ces popu<strong>la</strong>tions 6 . Engériatrie, chez les plus de 75 ans, il fautfaire preuve de prudence; une dose de150 mg par jour devrait être prise en considérationen raison du déclin de <strong>la</strong> fonctionrénale. Lors d’une insuffisance hépatique,le dabigatran n’est pas recommandé si lesenzymes hépatiques sont supérieures àdeux fois <strong>la</strong> limite supérieure de <strong>la</strong> normaleen raison de l’absence d’étu<strong>des</strong>. La mêmerecommandation s’applique si le poids estinférieur à 50 kg. Bien qu’aucune donnéespécifique ne soit disponible pour lespatients obèses, les étu<strong>des</strong> ont inclus <strong>des</strong>patients pesant jusqu’à 120 kg, et le poidscorporel n’a eu qu’un effet mineur sur <strong>la</strong>c<strong>la</strong>irance p<strong>la</strong>smatique du dabigatran.Interactions médicamenteusesNi le dabigatran etexi<strong>la</strong>te ni sa fractionactive ne sont métabolisés par le CYP 450 etn’exercent un effet sur les isoenzymes du■ Le dabigatran (Pradax) empêche <strong>la</strong> formation de caillots sanguins en bloquant l’activité d’uneprotéine nommée « thrombine ».■ <strong>Les</strong> capsules peuvent être prises avec ou sans nourriture, mais elles ne peuvent être mâchées.Si vous oubliez une dose, consultez votre pharmacien ou votre médecin.■ Le dabigatran peut causer <strong>des</strong> effets indésirables graves. Arrêtez-le si vous saignez au niveaude <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ie, d’une blessure ou du rectum. Parlez au pharmacien ou au médecin si <strong>la</strong> p<strong>la</strong>iecoule, si vous avez <strong>des</strong> bleus ou un saignement à <strong>la</strong> suite d’une blessure, d’une épistaxis(saignement de nez), du sang dans les selles ou dans l’urine.■ Gardez les capsules entre 15 et 30°C. Une fois le f<strong>la</strong>con ouvert, les capsules doivent êtreutilisées dans les 30 jours.CYP 450. Le dabigatran etexi<strong>la</strong>te est unsubstrat avec une affinité modérée pour letransporteur de <strong>la</strong> P-glycoprotéine (P-gp).Par conséquent, les inducteurs ou les inhibiteursde <strong>la</strong> P-gp puissants pourraient avoirun impact sur l’exposition au dabigatran.Parmi les inducteurs de <strong>la</strong> P-gp, on trouve levérapamil et <strong>la</strong> c<strong>la</strong>rithromycine qui ne sontpas recommandés en association avec ledabigatran. La quinidine est, quant à elle,contre-indiquée. <strong>Les</strong> inhibiteurs de <strong>la</strong> P-gp,tels que <strong>la</strong> rifampicine et le millepertuis,doivent également faire l’objet de prudence.L’amiodarone augmente l’aire sous <strong>la</strong>courbe et <strong>la</strong> concentration maximale dedabigatran, <strong>la</strong> dose suggérée est donc de150 mg. <strong>Les</strong> antiaci<strong>des</strong> semblent réduirel’exposition au dabigatran, en conséquence,il faut éviter l’administration concomitantedans les 24 heures postchirurgie 6 .Posologie et coûts de traitement<strong>Les</strong> doses recommandées au Canada pour <strong>la</strong>prévention de <strong>la</strong> TEV à <strong>la</strong> suite d’une arthrop<strong>la</strong>stiedu genou élective est de 220 mg parjour à débuter quatre heures postchirurgie.Au jour 0, il est suggéré d’administrer unecapsule de 110 mg, puis d’augmenter à deuxcapsules une fois par jour par <strong>la</strong> suite, pourun maximum de dix jours. Pour <strong>la</strong> préventionde <strong>la</strong> TEV à <strong>la</strong> suite d’une arthrop<strong>la</strong>stiede <strong>la</strong> hanche élective, <strong>la</strong> posologie est de220 mg par jour à commencer dans les quatreheures postchirurgie, selon le mêmerégime posologique que pour <strong>la</strong> chirurgie dugenou, mais pour une durée maximale de28 à 35 jours. En présence d’insuffisancerénale modérée (30-50 mL/min), <strong>la</strong> dosedevrait être de 150 mg par jour 6 . Le dabigatranpeut être administré indépendammentde <strong>la</strong> nourriture. De plus, il n’existe aucunedonnée concernant le passage d’un anticoagu<strong>la</strong>ntparentéral au dabigatran, mais il sembleapproprié d’attendre le moment où letraitement parentéral aurait eu lieu pourcommencer à administrer le dabigatran.Actuellement, <strong>la</strong> Régie de l’assurance-ma<strong>la</strong>diedu Québec ne rembourse pas le dabigatranet le coût pour un traitement de 30 joursà <strong>la</strong> dose recommandée de 220 mg, soit60 capsules de 110 mg, est d’environ 250 $. Àtitre indicatif, <strong>la</strong> warfarine coûte plus oumoins 5 $ par mois, mais elle engendre <strong>des</strong>coûts par rapport au suivi <strong>des</strong> RNI, etl’énoxaparine coûte 190 $ par mois si l’oncalcule le coût pour un traitement de 30 mg2 fois par jour, pendant 14 jours. <strong>Les</strong> deuxtraitements sont remboursés par les assurancespubliques 13 . <strong>Les</strong> conseils pertinents àdonner aux personnes traitées par le dabigatransont présentés dans le tableau IV.36 Québec Pharmacie vol. 56 n° 5 septembre 2009


ConclusionLe dabigatran est un nouvel anticoagu<strong>la</strong>ntoral sur le marché canadien. Il inhibe <strong>la</strong>liaison de <strong>la</strong> thrombine avec ses substratset prévient <strong>la</strong> transformation du fibrinogèneen fibrine, ce qui prévient <strong>la</strong> formationde thrombus. Sa p<strong>la</strong>ce dans <strong>la</strong> thérapieactuelle reste à déterminer puisqu’il a étédémontré que ce médicament, pris unefois par jour, est inférieur à l’énoxaparineadministrée de façon sous-cutanée deuxfois par jour, selon les lignes thérapeutiquesreconnues en Amérique du Nord,dans le contexte de prévention de <strong>la</strong> TEV.<strong>Les</strong> deux thérapies présentent cependantLe dabigatran (Pradax MD )<strong>des</strong> effets indésirables simi<strong>la</strong>ires. Ce médicamentserait une solution de rechange àl’énoxaparine pour <strong>la</strong> prévention de <strong>la</strong>TEV, à <strong>la</strong> suite d’une chirurgie élective deremp<strong>la</strong>cement de <strong>la</strong> hanche ou du genou.Des étu<strong>des</strong> supplémentaires sont encours afin de valider si le médicamentpourrait être une solution de rechangeintéressante à <strong>la</strong> warfarine chez les sujetsatteints de fibril<strong>la</strong>tion auricu<strong>la</strong>ire afin deprévenir les accidents ischémiques et lesthromboses artérielles. Également à surveiller,le rivaroxaban (Xeralto), un nouve<strong>la</strong>gent commercialisé par Bayer et visant àprévenir <strong>la</strong> TEV chez les adultes qui subissentune chirurgie élective de <strong>la</strong> hanche oudu genou. Il s’agit du premier inhibiteurdirect du facteur Xa. La dose recommandéeest de 10 mg par jour, 6 à 12 heuresaprès <strong>la</strong> chirurgie pendant deux semainesdans le cas du genou et cinq semaines, dansle cas de <strong>la</strong> hanche. La série d’étu<strong>des</strong> Recordsemble démontrer une efficacité supérieureà l’énoxaparine 40 mg une fois parjour (Record 1-2-3) ou 30 mg deux fois parjour (Record-4) et un avantage en matièred’effets indésirables, soit une diminution<strong>des</strong> saignements. Le produit est approuvéau Canada et en Allemagne à l’heureactuelle 18 . ■Références1. Statistique Canada. Arthrop<strong>la</strong>stie de <strong>la</strong> hanche etdu genou. Rapports sur <strong>la</strong> santé 2002;14(1) :43-59.2. Hirsh J, O’Donnell M et Eikelboom JW. Beyondunfractioned heparin and warfarine : current andfuture advances. Circu<strong>la</strong>tion 2007; 116: 552-60.3. Ma Q. Development of oral anticoagu<strong>la</strong>nts (Commentary).British Journal of Clinical Pharmacology2007; 64(3): 263-5.4. Liesenfeld KH, Schafer HG, Troconiz IF et coll.Effects of the direct thrombin inhibitor dabigatranon ex-vivo coagu<strong>la</strong>tion time in orthopaedic surgerypatients : A popu<strong>la</strong>tion model analysis. BritishJournal of Clinical Pharmacology 2006; 62(5) :527-37.5. Santé Canada. Avis de décision portant sur Pradax,14 juillet 2008.6. Boehringer Ingelheim (Canada) Ltée. Monographiedu dabigatran (Pradax MD ). Burlington, Ontario,Canada; juin 2008.7. Drug Information Center (DIC). Dabigatran etexi<strong>la</strong>te.Drug Information Center, 2008 [En ligne.Page consultée le 6 décembre 2008.] drugs-in.blogspot.com/2008/07/dabigatran-etetexi<strong>la</strong>te.html8. Boehringer Ingelheim (Canada) Ltée. L’anticoagu<strong>la</strong>ntoral innovateur dabigatran etexi<strong>la</strong>te Pradaxa®(nom de marque européen) homologué par <strong>la</strong> Commissioneuropéenne. Communiqués de presse.Boehringer Ingelheim (Canada) Ltée, 2008. [En ligne.Page consultée le 7 décembre 2008.] www.boehringer-ingelheim.ca/francais/news/2008/2008-3-27.asp9. Ericksson BI, Dahl OE, Rosencher N et coll. Dabigatranetexi<strong>la</strong>te versus enoxaparin for preventionof venous thromboembolism after total hip rep<strong>la</strong>cement: A randomised, double-blind, non-inferioritytrial (Renovate). Lancet 2007; 370: 949-56.10. Ericksson BI, Dahl OE, Rosencher N et coll. Oraldabigatran etexi<strong>la</strong>te vs. Subcutaneous enoxaparinfor the prevention of venous thromboembolismafter total knee rep<strong>la</strong>cement : The Re-Model randomizedtrial. Journal of Thrombosis and Haemostasis2007; 5: 2178-85.11. Ginsberg JS, Davidson BL, Comp PC et coll. Theoral thrombin inhibitor dabigatran etexi<strong>la</strong>te vs thenorth american enoxaparin regimen for the preventionof venous thromboembolism after kneearthrop<strong>la</strong>sty surgery (Re-mobilize). The Journal ofArthrop<strong>la</strong>sty 2008; 0(0) : 1-10.12. Boehringer Ingelheim U.S. Corporation. RE-LY.Boehringer Ingel heim U.S. Corporation, 2008. [Enligne. Page consultée le 7 décembre 2008.] https://www.rely-trial.com/RelyWeb/index.jsp13. McKesson Canada Inc. Pharmaclick. McKesson CanadaInc. 2008. [En ligne. Page consultée le 10 décembre2008.] https://clients.mckesson.ca/logon14. Ezekowitz MD, Reilly PA, Nehmiz et coll. Dabigatranwith or without concomitant aspirin comparedwith warfarine alone in patients with nonvalvu<strong>la</strong>r atrial fibril<strong>la</strong>tion (PETRO Study). TheAmerican Journal of Cardiology 2007; 100(9) :1419-26.15. Geerts WH, Pineo GF, Heit JA et coll. Preventionof venous thromboembolism : The Seventh ACCPConference on Antithrombotic and ThromboliticTherapy. Chest 2004; 126(3 Suppl) : 338S-400S.16. Deitelzeig SB, McKean SC, Amin An et coll. Preventionof venous thromboembolism in the orthopedicsurgery patient. The Cleve<strong>la</strong>nd Clinical Journalof Medicine 2008: 75(3 Suppl) : S27-36.17. William H. Geerts, David Bergqvist, Graham F etcoll. Antithombotic and thrombolytic therapy 8 th edition: ACCP Guidelines. Chest 2008; 133; 381-453.18. Bayer healthcare. About Xarelto. [En ligne. Pageconsultée le 21 janvier 2009.] www.xarelto.com/scripts/pages/en/information-on-xarelto/efficacy/index.phpQuestions de formation continue8) Parmi les énoncés suivants, lequel est vrai ?A. Le dabigatran 220 mg par jour n’est pas inférieurà l’énoxaparine 30 mg deux fois par jour pour<strong>la</strong> prévention de <strong>la</strong> TEV à <strong>la</strong> suite d’une arthrop<strong>la</strong>stietotale élective du genou.B. La durée de traitement par le dabigatran se situe entre28 et 35 jours dans le cas d’arthrop<strong>la</strong>stie totale électivedu genou.C. <strong>Les</strong> étu<strong>des</strong> cliniques ont montré que l’augmentation<strong>des</strong> enzymes hépatiques est inférieure avec l’énoxaparineune fois par jour, en comparaison avec le dabigatran220 mg ou 150 mg une fois par jour.D. <strong>Les</strong> insuffisants rénaux modérés (30-50 ml/min)devraient recevoir une dose de dabigatran de 110 mgpar jour.E. L’effet anticoagu<strong>la</strong>nt du dabigatran est proportionnelà sa concentration p<strong>la</strong>smatique.9) Parmi les énoncés suivants, lequel est faux ?A. Le dabigatran peut être administré avec ou sansnourriture.B. La liaison aux protéines du dabigatran est faible.Il en est de même pour son niveau de biodisponibilitéqui est faible après l’administration par voie orale.C. Le dabigatran est un inhibiteur réversible et compétitifde <strong>la</strong> thrombine. Il inhibe aussi <strong>la</strong> thrombine libre,mais pas <strong>la</strong> thrombine liée.D. La prévention de <strong>la</strong> TEV avec le dabigatran n’est pasremboursée par <strong>la</strong> Régie de l’assurance médicamentdu Québec.E. Chez les personnes de 75 ans et plus, <strong>la</strong> doserecommandée est de 150 mg par jour.Veuillez reporter vos réponses dans le formu<strong>la</strong>ire de <strong>la</strong> page 90 www.monportailpharmacie.caseptembre 2009 vol. 56 n° 5 Québec Pharmacie 37


LES pages bleues<strong>Les</strong> antirejetsen transp<strong>la</strong>ntation cardiaqueLa transp<strong>la</strong>ntation cardiaque est sans contredit <strong>la</strong> forme de traitement <strong>la</strong> plus efficace de l’insuffisance cardiaque terminale. L’évolution<strong>des</strong> traitements immunosuppresseurs a amélioré considérablement <strong>la</strong> survie <strong>des</strong> patients et cette longévité passe inévitablement parune immunosuppression prolongée. Celle-ci résulte notamment en une prévalence accrue <strong>des</strong> comorbidités secondaires à <strong>la</strong> thérapieantirejet, à savoir l’infection, l’hypertension, les dyslipidémies, l’insuffisance rénale, le diabète, l’ostéoporose et les néop<strong>la</strong>sies. Lapharmacothérapie de ces patients est complexe et changeante. Il importe donc que le pharmacien connaisse bien ces médicaments àindex thérapeutique étroit, leurs effets secondaires, les interactions médicamenteuses potentielles et leur monitorage. Ces éléments sontd’une importance capitale pour <strong>la</strong> survie et <strong>la</strong> qualité de vie de ces patients.Selon le registre de <strong>la</strong> International Society ofHeart and Lung Transp<strong>la</strong>ntation, <strong>la</strong> survie detrois ans après <strong>la</strong> greffe avant l’époque de <strong>la</strong>cyclosporine, soit dans les années 1969-1980,était de 40 %. À <strong>la</strong> suite de <strong>la</strong> mise en marchéde <strong>la</strong> cyclosporine au début <strong>des</strong> années 1980,70 % <strong>des</strong> greffés survivaient plus de trois ans 1 .En dépit de ces avancées encourageantes et del’évolution continue <strong>des</strong> thérapies, l’espérancede vie d’un greffé cardiaque est de 9 à 11 ans,en fonction de <strong>la</strong> pathologie de base 1 .Le rejetAvant l’introduction de <strong>la</strong> cyclosporine, lerejet du cœur transp<strong>la</strong>nté était <strong>la</strong> cause principalede mortalité et de morbidité. Bienqu’actuellement on estime qu’environ 30 %<strong>des</strong> greffés auront un épisode de rejet au coursde <strong>la</strong> première année de greffe, le rejet aigu est<strong>la</strong> cause de 15 % <strong>des</strong> décès observés au coursde cette même année, les complications opératoiresétant responsables de <strong>la</strong> moitié <strong>des</strong>décès répertoriés au cours de cette mêmepériode 1 .Le diagnostic du rejet cellu<strong>la</strong>ire est posé àl’aide d’une biopsie endomyocardique et <strong>la</strong>symptomatologie varie selon <strong>la</strong> gravité durejet, <strong>la</strong> plupart étant asymptomatiques. Lerejet plus sérieux causera un dysfonctionnementdu greffon se manifestant par <strong>des</strong> symptômesde défail<strong>la</strong>nce cardiaque gauche (dyspnée,fatigue, œdème, etc.). Le rejet humoral,appelé aussi « rejet vascu<strong>la</strong>ire » survient plusieursjours ou semaines après <strong>la</strong> greffe. Cetype de rejet est moins fréquent que le rejetcellu<strong>la</strong>ire et peut être associé à un grave dysfonctionnementdu cœur.Selon <strong>la</strong> gravité du rejet cellu<strong>la</strong>ire, le traitementpeut aller de l’observation jusqu’aurecours aux corticostéroï<strong>des</strong> (intraveineux ouper os), aux anticorps mono ou polyclonauxen passant par une majoration <strong>des</strong> dosesd’immunosuppresseurs utilisés ou par unchangement dans le régime immunosuppresseuren cours 2,3 . Le rejet humoral se traiteà l’aide de hautes doses de stéroï<strong>des</strong> ou parune intensification de l’immunosuppression.<strong>Les</strong> cas plus sérieux pourront requérir l’utilisationde gammaglobulines ou même dep<strong>la</strong>smaphérèse afin de moduler <strong>la</strong> productiond’anticorps ou d’extraire <strong>des</strong> anticorpscircu<strong>la</strong>nts 2,3 .La vasculopathie du greffonParmi les complications plus tardives de <strong>la</strong>greffe cardiaque, on retient une coronaropathiediffuse qui atteint préférentiellement lesartères de petit calibre. Il s’agit de <strong>la</strong> vasculopathiedu greffon 4 . Bien que cette vasculopathiesoit présente chez tous les types de greffed’organes soli<strong>des</strong>, elle est plus facilement diagnostiquéeet étudiée chez les greffés cardiaquesgrâce à <strong>la</strong> facilité d’examen <strong>des</strong> artèrescoronaires. La morbidité associée à <strong>la</strong> vasculopathiedu greffon est significative puisque,pendant de nombreuses années, cette atteinteétait <strong>la</strong> principale cause de décès <strong>des</strong> grefféscardiaques. Actuellement, <strong>la</strong> vasculopathie dugreffon a cédé son titre de cause principale dedécès au profit <strong>des</strong> complications néop<strong>la</strong>siques,mais elle demeure <strong>la</strong> cause principale deperte du greffon et une source importante demorbidité chez les greffés cardiaques.<strong>Les</strong> immunosuppresseursL’immunosuppression demeure <strong>la</strong> pierreangu<strong>la</strong>ire du traitement <strong>des</strong> greffés. Au-delà<strong>des</strong> bénéfices c<strong>la</strong>irement démontrés enmatière de rejets, on lui reconnaît aussi <strong>des</strong>effets secondaires significatifs qui modulentfortement son utilisation. <strong>Les</strong> générationsplus récentes d’immunosuppresseurs ontaussi montré un effet bénéfique dans <strong>la</strong> vasculopathiedu greffon 4 .L’immunosuppression primaire en greffecardiaque consiste en une triple thérapieregroupant un inhibiteur de <strong>la</strong> calcineurine(cyclosporine ; Neoral MD ), ou le tacrolimusPrograf MD , un agent antimétabolite purique(azathioprine ; Imuran MD ), ou le mofétilmycophéno<strong>la</strong>te(Cellcept MD ), et un corticostéroïde1-4 . Un an après <strong>la</strong> greffe, 94 % <strong>des</strong>Texte rédigé par Nathalie Châteauvert, M.Sc.,pharmacienne clinicienne, Institut universitairede cardiologie et de pneumologie de Québec,Hôpital Laval.Révision : Dr Bernard Cantin, cardiologue,Institut universitaire de cardiologie et depneumologie de Québec, Hôpital Laval, etChantal Duquet, M.Sc.Texte original soumis le 15 juin 2009.Texte final remis le 1 er juillet 2009.www.monportailpharmacie.caseptembre 2009 vol. 56 n° 5 Québec Pharmacie 39


LES pages bleuespatients reçoivent toujours un inhibiteur de<strong>la</strong> calcineurine, plus de 80 % d’entre eux, unagent antimétabolite purique, le plus souventle mofétilmycophéno<strong>la</strong>te (77 % <strong>des</strong> greffés)et 63 % sont toujours sous corticothérapie.Une faible mais croissante proportion depatients reçoit un inhibiteur du signal de <strong>la</strong>prolifération (sirolimus [Rapamune MD ] ouévérolimus [Certican MD ]) 1 . Ce dernier n’estpas encore disponible au Canada, mais il faitl’objet d’un important projet de recherche, <strong>des</strong>orte qu’il est utilisé chez plusieurs greffés cardiaquesdepuis plus de deux ans. Il est toutefois<strong>la</strong>rgement utilisé dans plus de 40 payssitués principalement en Eurasie.Le choix <strong>des</strong> immunosuppresseurs dans lesmois suivant <strong>la</strong> greffe se module en fonction<strong>des</strong> effets secondaires et <strong>des</strong> complicationsque présente chaque individu.Comme les corticostéroï<strong>des</strong> sont utilisés<strong>la</strong>rgement et qu’ils sont bien connus <strong>des</strong> pharmaciens,cette c<strong>la</strong>sse de médicaments utiliséscomme immunosuppresseurs ne sera pastraitée dans cet article.Tableau IEffets secondaires <strong>des</strong> antirejets<strong>Les</strong> inhibiteurs de<strong>la</strong> calcineurine (ICN)La cyclosporine A (CyA) (Neoral, Sandimmune)et le tacrolimus (TAC) (Prograf, Advagraf)sont les antirejets constituant <strong>la</strong> pierreangu<strong>la</strong>ire de l’immunosuppression chez lesgreffés cardiaques. <strong>Les</strong> ICN inhibent <strong>la</strong> calcineurine,une protéine intralymphocytaireessentielle à <strong>la</strong> production de cytokines impliquéesdans les réactions immunitaires,notamment l’activation et <strong>la</strong> prolifération <strong>des</strong>lymphocytes 4,5 . Le TAC est un médicament50 à 100 fois plus puissant que <strong>la</strong> cyclosporinepour inhiber <strong>la</strong> prolifération <strong>des</strong> lymphocytesimpliqués dans <strong>la</strong> réaction de rejet 5 .Effets secondaires CyA TAC MMF Ec-MPS AZA SRL EVEAlopécie ++ +Anémie ++ ++ ++ +++ ++Diabète ++ +++Diarrhée ++ +++ +++ ++ ++ +++ +++Hépatotoxicité + ++ + + +Hirsutisme +++Hypercholestérolémie ++++ +++ ++++ ++++Hyperkaliémie ++ ++ + ++ ++Hyperp<strong>la</strong>sie gingivale +++Hypertension ++++ +++ ++ ++ ++Hypertriglycéridémie +++ +++ ++++ ++++Hyperuricémie +++ +++ ++ ++ +++ +++Hypomagnésémie +++ +++Néphrotoxicité +++ +++ ++ ++Neurotoxicité ++ +++ ++ +(tremblements, paresthésie)Neurotoxicité (convulsions) + +Leucopénie ++ ++ +++ +++ ++Thrombopénie +++ ++ ++ + ++Retard dans <strong>la</strong> guérison de p<strong>la</strong>ies ++ +++ : rare < 5 % ++ : commun 5-15 % +++ : très commun ++++ : <strong>la</strong> majorité <strong>des</strong> patientsEffets secondairesLa néphrotoxicité est l’effet secondaire le plusfréquent et ayant le plus de conséquences àlong terme. Elle se présente dans les mêmesproportions avec l’un ou l’autre <strong>des</strong> ICN.Cette toxicité rénale peut être aiguë, souventproportionnelle à <strong>la</strong> dose, ou chronique, avecprésence de sclérose artério<strong>la</strong>ire et de fibrosetubulo-interstitielle. Rarement, elle se manifestepar un syndrome urémique. L’hypertensionet l’hyperlipidémie se produisent chez <strong>la</strong>majorité <strong>des</strong> patients, mais l’incidence seraitproportionnellement plus importante avec <strong>la</strong>CyA 6-9 . L’hypertrichose atteint plus de 50 %<strong>des</strong> patients sous CyA, alors que cet effet estabsent avec le TAC, ce dernier pouvant àl’inverse être <strong>la</strong> cause d’alopécie. L’hyperp<strong>la</strong>siegingivale est un problème re<strong>la</strong>tivementfréquent qui touche uniquement les patientssous CyA. L’incidence de diabète et <strong>la</strong> toxiciténeurologique (tremblements, céphalées,insomnie, paresthésie) sont plus importantesavec le TAC 8-10 . L’hypomagnésémie, l’hyperkaliémieet l’hyperuricémie sont <strong>des</strong> effetssecondaires qui touchent <strong>la</strong> plupart <strong>des</strong>patients sous ICN.Le tableau I compare l’incidence <strong>des</strong> effetssecondaires <strong>des</strong> antirejets.Données probantes cliniquesL’efficacité <strong>des</strong> ICN quant à <strong>la</strong> prévention durejet en greffe cardiaque favorise le tacrolimus6,7 . <strong>Les</strong> associations TAC-mycophéno<strong>la</strong>temofétil (MMF) et TAC-azathioprine (AZA)seraient supérieures à <strong>la</strong> CyA combinée auxmêmes médicaments, causant moins de rejetshistologiquement démontrés 6,7 . En dépit deces résultats, aucune différence quant à <strong>la</strong> survieà un an n’a été démontrée. Ces étu<strong>des</strong> suggèrentque le TAC est supérieur à <strong>la</strong> CyA pourréduire le rejet histologique, mais elles reflètentaussi que <strong>la</strong> plupart <strong>des</strong> rejets ne sont paslourds de conséquences. Il est important denoter que cette supériorité apparente du TACpeut être expliquée en partie par une meilleureabsorption et <strong>des</strong> taux sériques plus prévisiblesque <strong>la</strong> CyA. La conversion de <strong>la</strong> CyA auTAC est une approche justifiée dans le casd’un rejet significatif sous CyA. Un ratio deconversion empirique de 1 mg TAC pour40-50 mg de CyA est souvent adopté, bienque <strong>des</strong> dosages de contrôle soient requispour ajuster <strong>la</strong> dose adéquatement.Pharmacocinétique et monitorageLa CyA et le Prograf (TAC) sont administrésdeux fois par jour, toutes les 12 heures. L’instaurationde l’un ou l’autre de ces ICN se faità dose croissante, pour atteindre les dosagescibles selon le moment de <strong>la</strong> post-transp<strong>la</strong>ntation.Une formu<strong>la</strong>tion uniquotidienne detacrolimus est offerte sous le nom commerciald’Advagraf MD . Cette formu<strong>la</strong>tion à longuedurée d’action de TAC est toujours sousévaluation en vue d’obtenir l’indication deprévention du rejet en greffe cardiaque. Uneévaluation pharmacologique préliminaire adémontré une exposition comparable entre<strong>la</strong> formu<strong>la</strong>tion à longue durée d’action et <strong>la</strong>formu<strong>la</strong>tion standard après une conversion1 :1 chez <strong>des</strong> patients, plus de six mois après <strong>la</strong>greffe. <strong>Les</strong> patients convertis à <strong>la</strong> formu<strong>la</strong>tionà longue durée d’action sont demeurés stables<strong>durant</strong> l’année qui a suivi <strong>la</strong> conversion etle médicament a été bien toléré, avec un profild’effets secondaires comparable à celui duTAC dans sa formu<strong>la</strong>tion standard 11 .<strong>Les</strong> ICN sont faiblement absorbés au niveaude <strong>la</strong> muqueuse gastro-intestinale, leur biodisponibilitéest de l’ordre de 25 à 30 %. La nourriturediminue l’aire sous <strong>la</strong> courbe <strong>des</strong> concentrationsen fonction du temps de l’ordre de 15à 40 %. Une grande variabilité intra et interindividuelleexiste quant à leur absorption. Ainsi,40 Québec Pharmacie vol. 56 n° 5 septembre 2009


<strong>Les</strong> antirejets en transp<strong>la</strong>ntation cardiaque : l’évolution <strong>des</strong> poisonsil est recommandé de les prendre avec rigueur,toujours de <strong>la</strong> même façon, soit avec ou sansaliments. Un changement au niveau du transitgastro-intestinal secondaire à <strong>la</strong> diarrhée ou àl’utilisation d’agents prokinétiques, tels que lemétoclopramide ou <strong>la</strong> dompéridone, peutentraîner une augmentation de l’absorptionet, conséquemment, une hausse <strong>des</strong> concentrationssanguines <strong>des</strong> ICN.Le TAC et <strong>la</strong> CyA sont <strong>la</strong>rgement liés auxprotéines p<strong>la</strong>smatiques (albumine et lipoprotéinesparticulièrement). On connaît peu l’impactclinique de ces liaisons. <strong>Les</strong> enfants ont unvolume de distribution presque deux fois plusgrand que celui de l’adulte; ce volume s’expliqueentre autres par une plus faible quantité etaffinité <strong>des</strong> protéines à se lier aux médicaments,augmentant leur répartition tissu<strong>la</strong>ireet leur élimination. Ils requièrent ainsi <strong>des</strong>doses d’ICN deux à quatre fois plus élevéesque chez l’adulte 11,12 . <strong>Les</strong> ICN subissent unmétabolisme pré-systémique par les enzymesdu CYP4503A4 de l’intestin et y retournent ense liant à <strong>la</strong> p-glycoprotéine (p-gp). <strong>Les</strong> ICNsont <strong>des</strong> substrats et <strong>des</strong> inhibiteurs de cesvoies métaboliques. Une étude in vivo adémontré que seule <strong>la</strong> CyA a <strong>la</strong> capacité d’inhiberl’activité de <strong>la</strong> p-glycoprotéine aux dosesutilisées en clinique, lesquelles sont nettementplus élevées que celles du TAC pour un effetimmunosuppresseur comparable 5 .<strong>Les</strong> ICN sont métabolisés principalementpar les CYP4503A du foie et de l’intestin avecmoins de 0,5 % <strong>des</strong> médicaments retrouvésinchangés dans l’urine ou les fèces. Une fois deplus, <strong>la</strong> CyA aurait un impact beaucoup plussignificatif sur l’activité de cyp4503A5 que leTAC. Le cytochrome 3A5 serait davantageimpliqué dans le métabolisme du TAC. L’expressiondu cyp4503A5 est polymorphique.Il semble que 10 à 40 % de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion caucasienneaurait une haute expression de cecytochrome, ce qui pourrait expliquer l’utilisationde doses plus importantes pour atteindreles concentrations sanguines cibles chezcertains patients 11,12 .Le monitorage <strong>des</strong> ICN diffère selon lemédicament. En effet, <strong>la</strong> documentationscientifique abonde de données sur le meilleuroutil pour surveiller <strong>la</strong> CyA, alors que pour leTAC <strong>la</strong> concentration avant <strong>la</strong> dose du matinest encore <strong>la</strong> norme de pratique 2,3 . Pour <strong>la</strong>CyA, on se demande quel paramètre donnera<strong>la</strong> meilleure corré<strong>la</strong>tion entre l’exposition àl’immunosuppression et le rejet et/ou <strong>la</strong> toxicité.Des étu<strong>des</strong> ont montré que <strong>la</strong> concentrationsanguine avant <strong>la</strong> dose (C0) n’offre pasune bonne corré<strong>la</strong>tion avec l’exposition aumédicament obtenue par <strong>la</strong> surface sous <strong>la</strong>courbe concentration-temps. L’utilisation de<strong>la</strong> concentration sanguine deux heures aprèswww.monportailpharmacie.ca<strong>la</strong> dose (C2) pour l’ajustement thérapeutiqueoffrirait une meilleure corré<strong>la</strong>tion avec l’expositionà l’immunosuppression et réduiraitle nombre de rejets aigus. On a de plusdémontré une diminution significative <strong>des</strong>doses de CyA en ajustant le médicament àl’aide du C2 plutôt que du C0, ce qui pourraitentraîner une diminution de <strong>la</strong> toxicité 14 . Bienque l’utilisation du monitorage C2 soit bienétablie en greffe rénale, le consensus sur <strong>la</strong>transp<strong>la</strong>ntation cardiaque de <strong>la</strong> Société canadiennede cardiologie fait du monitorage auC2 une recommandation 2B 3,15 .Il est bien connu que le rejet est plus importantau cours <strong>des</strong> premiers mois suivant <strong>la</strong>greffe. Conséquemment, les concentrationssanguines visées dépendent du temps écoulédepuis <strong>la</strong> greffe. En clinique, elles sont aussiindividualisées en fonction <strong>des</strong> épiso<strong>des</strong> derejet, <strong>des</strong> effets secondaires et <strong>des</strong> autresimmunosuppresseurs utilisés en concomitance1-3 . Le tableau II exprime les concentrationssanguines visées <strong>des</strong> ICN lorsqu’ils sontassociés aux agents antimétabolites puriques,soit <strong>la</strong> thérapie immunosuppressive de premièreintention, alors que le tableau IIIrésume les taux sériques visés <strong>des</strong> inhibiteursdu signal de <strong>la</strong> prolifération (ISP) en associationou non avec les ICN 3 . Bien que les ISP, lesirolimus et l’évérolimus, n’aient pas de toxicitérénale intrinsèque, ils peuvent augmenterle potentiel de néphrotoxicité <strong>des</strong> ICN. Enconséquence, une association avec les ISPnécessite une réduction <strong>des</strong> cibles d’ICN.Bien qu’il y ait peu d’étu<strong>des</strong> rigoureuses ayantpour but de déterminer les taux visés d’ICNlorsqu’utilisés en association avec le sirolimusou l’évérolimus, il semble que le potentie<strong>la</strong>ntirejet <strong>des</strong> ISP soit assez important pourcompenser ces taux sériques d’ICN qui peuventatteindre 50 % de <strong>la</strong> normale 16 .<strong>Les</strong> interactions médicamenteusesavec les ICNBon nombre de médicaments d’usage courantentrent en interaction avec les ICN. Laplupart <strong>des</strong> données sur les interactionsmédicamenteuses avec les ICN impliquentdavantage <strong>la</strong> CyA que le TAC. D’une part, ils’agit d’un médicament utilisé depuis beaucoupplus longtemps en clinique et, d’autrepart, tel que mentionné précédemment, certainsauteurs ont démontré que le TAC avaitun impact mitigé sur l’activité de <strong>la</strong> p-gp et duCyp4503A4 5,17 . En tant que clinicien, il appertsage d’extrapoler au TAC les interactions lesplus significatives que l’on rencontre avec <strong>la</strong>CyA et d’effectuer le monitorage d’usage afind’éviter toute complication.Parmi les agents antihypertenseurs, le diltiazemet le vérapamil inhibent le cyp4503A4et <strong>la</strong> p-gp, augmentant ainsi les concentrationssanguines <strong>des</strong> ICN de façon significative.Bien que certaines dihydropyridinesaient aussi été rapportées comme pouvantfaire augmenter les concentrations <strong>des</strong> ICN,en clinique, l’utilisation de l’amlodipine oude <strong>la</strong> nifédipine n’entraîne pas d’augmentation<strong>des</strong> concentrations <strong>des</strong> ICN 17 . Quant auxautres anti-hypertenseurs, tels que les inhibiteursde l’enzyme de conversion (IECA), lesantagonistes <strong>des</strong> récepteurs de l’angiotensine 2(ARA) et l’hydrochlorothiazide (HCTZ), ilsprésentent un intérêt certain pour leur effetnéphroprotecteur (pour les IECA et les ARA)et leur efficacité (pour l’HCTZ), mais leurutilisation justifie un suivi étroit de <strong>la</strong> fonctionrénale puisque leur association avec lesICN peut <strong>la</strong> détériorer, habituellement defaçon temporaire.<strong>Les</strong> hypolipémiants font partie du traitementde base <strong>des</strong> greffés cardiaques tant pourleurs effets préventifs sur <strong>la</strong> vasculopathie dugreffon que pour maîtriser l’augmentation<strong>des</strong> lipi<strong>des</strong> sanguins, un effet délétère <strong>des</strong>ICN 2 . L’atorvastatine, <strong>la</strong> lovastatine et <strong>la</strong>simvastatine sont <strong>des</strong> substrats du cyp4503A4les prédisposant à interagir avec les ICN. Eneffet, il est bien démontré que les ICN, particulièrement<strong>la</strong> CyA, inhibent <strong>la</strong> biotransformationde ces statines, ce qui a pour conséquencesune accumu<strong>la</strong>tion sous une formeactive de ces médicaments et <strong>la</strong> survenue demyotoxicité (myalgie, musculopathie et rhab-Tableau IITaux sériques cibles (en ng/mL) avant <strong>la</strong> dose (C0)et 2 heures après (C2) <strong>des</strong> ICN en associationavec les antimétabolites puriques (AZA, MMF ou EC-MPS) 2,13Temps depuis <strong>la</strong> greffe 0-3 mois 3-6 mois 6-12 mois > 12 moisCyclosporine C0 300-400 200-300 150-250 ng 100-150Cyclosporine C2 1200-1400 800-1000 700-900 500-700Tacrolimus 10-20 5-15 5-15 5-15ICN : inhibiteurs de <strong>la</strong> calcineurine AZA : azathioprine MMF : mofétilmycophéno<strong>la</strong>te EC-MPS : mycophéno<strong>la</strong>te sodiqueseptembre 2009 vol. 56 n° 5 Québec Pharmacie 41


LES pages bleues<strong>Les</strong> hypolipémiants font partie du traitement de base<strong>des</strong> greffés cardiaques tant pour leurs effets préventifs sur <strong>la</strong> vasculopathiedu greffon que pour maîtriser l’augmentation <strong>des</strong> lipi<strong>des</strong> sanguins,un effet délétère <strong>des</strong> ICN.domyolse) 17 . La fluvastatine est métaboliséepar le cyp4502C9, une voie métabolique nonempruntée par les ICN. La pravastatine est unsubstrat de <strong>la</strong> p-gp, mais elle ne passe pas parle CYP4503A4, ce qui <strong>la</strong>isse croire à une accumu<strong>la</strong>tionpotentielle de cette statine, bien quepossiblement en quantité moindre. La rosuvastatinen’est pas métabolisée par lecyp4503A4, mais une augmentation significativede l’ordre de 10 fois son expositionlorsqu’associée avec <strong>la</strong> CyA a été démontrée,ce qui en fait une contre-indication aux dosesusuelles 18 . L’ézétimibe a fait l’objet de quelquesétu<strong>des</strong> chez les greffés cardiaques. <strong>Les</strong>résultats confirment que l’ézétimibe est sécuritaireet efficace en association avec <strong>la</strong> CyA 19 .Une fois de plus, l’utilisation de <strong>la</strong> plus petitedose efficace de statine demeure une règle dechoix, et l’association avec l’ézétimibe peuts’avérer utile lorsque les cibles ne sont pasatteintes chez les sujets considérés comme àhaut risque, en présence d’une vasculopathiedu greffon ou lorsque les statines sont contreindiquéesou non tolérées. Il importe dedemeurer prudent puisque une augmentation<strong>des</strong> concentrations sanguines de l’ézétimibea été rapportée lorsque ce médicamentest associé à <strong>la</strong> CyA. Quant aux fibrates, leurutilisation peut être envisagée dans <strong>la</strong> mesureoù les doses sont ajustées selon <strong>la</strong> fonctionrénale. On suggère de surveiller les dosages<strong>des</strong> ICN lors de leur introduction. Bien queles données soient limitées, il pourrait y avoirune augmentation <strong>des</strong> dosages <strong>des</strong> ICN 16 .<strong>Les</strong> antifongiques, à savoir kétoconazole,fluconazole, itraconazole et voriconazole, sonttous <strong>des</strong> inhibiteurs du cyp4503A4 et de <strong>la</strong>p-gp (sauf le fluconazole). Le kétoconazole estle plus puissant inhibiteur du métabolisme<strong>des</strong> ICN, suivi par l’itraconazole, le voriconazoleet le fluconazole (doses > 200 mg). Cesagents peuvent jusqu’à doubler les concentrationssériques <strong>des</strong> ICN et, conséquemment, <strong>la</strong>toxicité re<strong>la</strong>tive. En présence de kétoconazole,de voriconazole et d’itraconazole, il est recommandéde diminuer d’emblée les doses d’ICNde 30 à 50 % 17,20 . L’inhibition enzymatique estobservée immédiatement après l’administrationde <strong>la</strong> première dose de l’inhibiteur. Toutefois,on a peu de données au regard de <strong>la</strong> duréeattendue de cette inhibition lorsque le médicamentest cessé. La demi-vie de l’inhibiteur etsa liaison protéique peuvent affecter <strong>la</strong> duréede cette inhibition. On considère qu’enmoyenne 7 à 10 jours sont requis pour que lesconcentrations sanguines de l’immunosuppresseurretournent aux valeurs de base.Habituellement, les cliniciens considèrentles interactions médicamenteuses commeplus indésirables que bénéfiques. Comme <strong>la</strong>thérapie immunosuppressive est très coûteuse,<strong>la</strong> réduction <strong>des</strong> doses quotidiennes estperçue comme génératrice d’économie substantielle.<strong>Les</strong> antifongiques azolés, notammentle kétoconazole, en association avec <strong>la</strong>CyA, se sont révélés les agents les plus sécuritaireset efficaces pour réduire le fardeaufinancier que représente une immunosuppressionà long terme, sans sacrifier le bienêtredu patient 21 . D’autres investigateurspharmacoéconomes se sont intéressés à unesemb<strong>la</strong>ble association réductrice de coûtsavec le diltiazem, précisément chez les greffésrénaux 22 . Cette dernière interaction à viséepharmacoéconomique est utilisée <strong>la</strong>rgementen pratique chez les greffés rénaux.La goutte est une complication invalidanteet fréquente chez les patients sous ICN. Lagestion de cette comorbidité se complique parles interactions médicamenteuses <strong>des</strong> agentsantigoutteux avec les ICN. <strong>Les</strong> anti-inf<strong>la</strong>mmatoiresnon stéroïdiens présentent un risqueaccru d’insuffisance rénale et d’hyperkaliémiechez les patients prenant <strong>des</strong> ICN. La colchicines’avère aussi un choix peu sécuritaire enassociation avec les ICN. Une combinaisond’effets secondaires, tels que diarrhées, hépatonéphropathieet neuromyopathie, peut êtreinduite en associant <strong>la</strong> colchicine et <strong>la</strong> CyA. Cesyndrome apparaît dans les deux premièressemaines suivant l’instauration de <strong>la</strong> colchicineet se résout trois à quatre semaines aprèsson arrêt. La CyA poten tialiserait les effetstoxiques de <strong>la</strong> colchicine en inhibant <strong>la</strong> p-gp.De plus, les effets secondaires, tels que <strong>la</strong> diarrhée,peuvent engendrer une déshydratationet une insuffisance rénale aiguë. Or, <strong>la</strong> colchicinedevrait être utilisée brièvement et à <strong>la</strong>dose <strong>la</strong> plus faible possible chez les patientssous ICN. Le monitorage <strong>des</strong> symptômes dediarrhées, vomissements, jaunisse, faiblessemuscu<strong>la</strong>ire, myalgies et paresthésie distale,devrait être fait étroitement et l’apparition del’un ou l’autre de ces symptômes justifie l’arrêtde <strong>la</strong> colchicine 23 . <strong>Les</strong> corticostéroï<strong>des</strong>demeurent <strong>des</strong> agents sécuritaires et efficacespour le traitement <strong>des</strong> épiso<strong>des</strong> aigus degoutte. Il n’y a pas d’interaction significativeentre les ICN et l’allopurinol bien qu’une possibleaccumu<strong>la</strong>tion <strong>des</strong> concentrations sanguinesde cyclosporine ait été rapportée 2,24 .L’interaction <strong>des</strong> ICN avec les antiépileptiques,phénytoïne et carbamazépine, est biendocumentée. La puissante induction ducyp4503A4 par ces agents peut réduirejusqu’à quatre fois les concentrations sanguinesde CyA. Le même effet devrait être anticipéavec le TAC, bien que peu de donnéessoient rapportées. À l’inverse, une augmentation<strong>des</strong> concentrations sanguines de phénytoïnea été rapportée lors de l’utilisationconcomitante de TAC. Un dép<strong>la</strong>cement de <strong>la</strong>phénytoïne <strong>des</strong> sites de liaison protéiques est<strong>la</strong> cause <strong>la</strong> plus probable puisqu’il s’agit dedeux médicaments fortement liés qui seconcurrencent pour les sites de liaison protéiques.Au-delà <strong>des</strong> effets sur le métabolisme,l’association phénytoïne-CyA peut potentialiserl’hyperp<strong>la</strong>sie gingivale 2,17 .Parmi les antibiotiques pouvant interagirsignificativement avec les ICN, on trouvel’érythomycine, un inhibiteur du cyp4503A4,et <strong>la</strong> c<strong>la</strong>rithromycine. Le même mécanisme yest à l’œuvre, mais avec un moindre impact.<strong>Les</strong> concentrations <strong>des</strong> ICN peuvent augmentersignificativement en présence de cesmacroli<strong>des</strong>. L’azithromycine serait une solutionde rechange de choix. Quant à <strong>la</strong> ciprofloxacine,son usage est sécuritaire en associationavec les ICN. Il n’est pas recommandé demodifier les doses d’ICN ni de surveiller leursconcentrations sanguines. On rapporte uneaugmentation potentielle de <strong>la</strong> créatinine sériquequi s’expliquerait par une compétitionpour <strong>la</strong> sécrétion tubu<strong>la</strong>ire de ces deux médicaments.<strong>Les</strong> antirétroviraux augmententsignificativement les taux sériques <strong>des</strong> ICN et,à l’inverse, <strong>la</strong> rifampicine les diminue.Le tableau IV énumère les interactions lesplus courantes et les plus significatives, etoffre <strong>des</strong> suggestions de monitorage cliniquede ces interactions. Ce tableau est disponiblesur MonPortailPharmacie.ca (archives deQuébec Pharmacie, numéro de septembre2009). Dans <strong>la</strong> section « FC en ligne », cetableau se trouve intégré à <strong>la</strong> chronique.42 Québec Pharmacie vol. 56 n° 5 septembre 2009


<strong>Les</strong> antirejets en transp<strong>la</strong>ntation cardiaque : l’évolution <strong>des</strong> poisons<strong>Les</strong> antifongiques azolés, notamment le kétoconazole, en associationavec <strong>la</strong> CyA, se sont révélés les agents les plus sécuritaires et efficacespour réduire le fardeau financier que représente une immunosuppressionà long terme, sans sacrifier le bien-être du patient.Compte tenu de l’index thérapeutique étroit<strong>des</strong> ICN, il convient que tout ajout de nouveauxmédicaments mérite qu’on évalue lesrisques d’interaction. Il ne faut pas oublier lejus de pamplemousse qui est un inhibiteur ducyp4503A4 bien connu. Son utilisation,même sporadique, peut augmenter les concentrationsd’ICN jusqu’à trois jours après uneseule consommation. Bien que ce<strong>la</strong> soit biendémontré dans les étu<strong>des</strong> fondamentales, ilsemble que l’impact clinique soit plutôt faibleavec les ICN 26 . À moins d’être aussi rigoureuxdans <strong>la</strong> prise de son jus que dans celui de sonantirejet, il reste souhaitable d’éviter <strong>la</strong> consommationde jus de pamplemousse.<strong>Les</strong> antimétabolites puriquesL’azathioprine (AZA), le mofétilmycophéno<strong>la</strong>te(MMF) et le mycophéno<strong>la</strong>te sodique (EC-MPS) sont <strong>des</strong> inhibiteurs de <strong>la</strong> prolifération<strong>des</strong> lymphocytes aussi appelés « antimétabolitespuriques ». L’AZA a été le premier immunosuppresseurà se montrer efficace pour prévenirle rejet d’organes soli<strong>des</strong>. L’AZA a étéremp<strong>la</strong>cé au cours <strong>des</strong> dernières années par<strong>des</strong> agents moins toxiques, plus spécifiques etplus puissants, comme le MMF et le EC-MPS.Le MMF et l’EC-MPS inhibent de façon sélective<strong>la</strong> production <strong>des</strong> lymphocytes en réponseà une stimu<strong>la</strong>tion allogénique, sans inhiber <strong>la</strong>croissance d’autres lignées cellu<strong>la</strong>ires 9 . Lemétabolite actif du MMF et de l’EC-MPS estl’acide mycophénolique (AMP) qui est libéréet exerce un effet immunosuppresseur. L’EC-MPS est une formu<strong>la</strong>tion entérique qui libèrel’AMP au niveau de l’intestin et dont l’efficacitéet <strong>la</strong> bioéquivalence ont été démontrées 27 .Effets secondairesL’effet secondaire le plus redoutable de l’AZAest sa myélotoxicité, incluant <strong>la</strong> leucopénie,l’anémie et <strong>la</strong> thrombopénie. Ces effetsdépendent de <strong>la</strong> dose et se résolvent dans les 7à 10 jours suivant une diminution de dose oul’arrêt. Le MMF est re<strong>la</strong>tivement bien toléré.<strong>Les</strong> effets secondaires les plus courants sontd’ordre digestif, à savoir nausées et diarrhées,lesquels répondent normalement à une diminutionde <strong>la</strong> dose. <strong>Les</strong> effets indésirablesdigestifs seraient davantage liés aux niveauxsériques d’AMP qu’à <strong>la</strong> dose de MMF. Certainesétu<strong>des</strong> ont montré que <strong>la</strong> forme entérosoluble(EC-MPS) permettrait de diminuer leseffets secondaires gastro-intestinaux et amélioreraitainsi <strong>la</strong> qualité de vie <strong>des</strong> patients 28 .<strong>Les</strong> effets secondaires d’ordre hématologique,moins fréquents qu’avec l’AZA, comprennentaussi <strong>la</strong> leucopénie, <strong>la</strong> thrombopénie etrarement <strong>la</strong> pancytopénie. Toutefois, le risqued’infections virales semble plus élevé avec leMMF qu’avec l’AZA 29 .Données probantes cliniquesLe MMF a d’abord été utilisé en remp<strong>la</strong>cementde l’AZA chez <strong>des</strong> patients en rejet.Dans ces essais, le médicament s’est révéléefficace comme traitement de sauvetage 2 .Une vaste étude dans <strong>la</strong>quelle les patientsétaient sous CyA et stéroï<strong>des</strong> en associationavec le MMF ou l’AZA s’est traduite par unediminution du nombre de rejets et de <strong>la</strong> mortalitétoutes causes, un an après <strong>la</strong> greffe. Uneanalyse à plus long terme confirme <strong>la</strong> persistancede ces résultats en plus d’évoquer <strong>la</strong>possibilité de diminution de <strong>la</strong> vasculopathiedu greffon 29,30 . Le MMF ou l’EC-MPS s’utilisele plus souvent en association avec un ICN etles corticostéroï<strong>des</strong> 2 .Pharmacocinétique et monitorageLe MMF et l’EC-MPS ont une excellente biodisponibilité,soit près de 100 %. Après l’absorption,ils sont hydrolysés en leur formeactive, l’acide mycophénolique (AMP). Cemétabolite subit ensuite une glucuronidationpour former l’acide mycophénolique glucuronidé(AMPG), dépourvu d’activité pharmacologique.L’AMPG est excrété dans <strong>la</strong> bileet retourne dans l’intestin pour reformer del’AMP. La demi-vie d’élimination de l’AMPest de 16 heures. La c<strong>la</strong>irance de l’AMP esttrès dépendante de sa liaison protéique. Or, <strong>la</strong>présence d’insuffisance rénale et d’urémiedans <strong>la</strong> période de post-transp<strong>la</strong>ntationrésulte en une diminution de <strong>la</strong> liaison del’AMP aux protéines et en une augmentationde <strong>la</strong> c<strong>la</strong>irance de l’AMP libre 31 . Cet élémentjustifie l’utilisation de doses de MMF oud’EC-MPS plus importantes dans <strong>la</strong> périodede post-transp<strong>la</strong>ntation.La recircu<strong>la</strong>tion entérohépatique del’AMPG est inhibée par <strong>la</strong> CyA, ce quientraîne une exposition systémique à l’AMPdiminuée en présence de cette association. Àl’arrêt de <strong>la</strong> CyA, une augmentation de l’ordrede 50 % <strong>des</strong> concentrations d’AMPavant <strong>la</strong> dose a été démontrée. L’utilisationdu TAC avec le MMF entraîne à l’inverseune exposition à l’AMP qui croît avec letemps après <strong>la</strong> greffe. On a démontré qu’à<strong>des</strong> doses de MMF de 1 g deux fois par jour,l’exposition à l’immunosuppression estsupérieure de façon significative lorsque leMMF est combiné au TAC versus à <strong>la</strong> CyA.<strong>Les</strong> concentrations moyennes d’AMP atteintesau creux le matin avec une dose de MMFde 1 g deux fois par jour avec le TAC sont lesmêmes que celles atteintes avec une dose deMMF de 1,5 g deux fois par jour avec <strong>la</strong>CyA 32 . <strong>Les</strong> doses recommandées dans <strong>la</strong> préventiondu rejet en transp<strong>la</strong>ntation cardiaquesont de 1,5 g deux fois par jour en associationavec <strong>la</strong> CyA et de 1 g deux fois parjour avec le TAC 31,32 .L’utilité d’effectuer une surveil<strong>la</strong>nce thérapeutiquedu MMF n’est pas c<strong>la</strong>irementdémontrée 31 . L’AMP n’a pas une concentration-doselinéaire <strong>durant</strong> les premiers moisaprès <strong>la</strong> greffe. La pharmacocinétique variablede l’AMP dans le temps, <strong>la</strong> recircu<strong>la</strong>tionentéro-hépatique et l’ICN utilisé en associationrendent difficile l’interprétation du paramètremesuré 32 . On n’a pas déterminé c<strong>la</strong>irementquelle méthode de surveil<strong>la</strong>nce reflétaitavec précision l’immunosuppression. Laconcentration sanguine avant <strong>la</strong> dose dumatin ne reflète pas l’exposition à l’immunosuppressiontelle qu’obtenue par l’aire sous <strong>la</strong>courbe 32 . Or, en pratique, <strong>la</strong> surveil<strong>la</strong>nce del’AMP n’est pas faite de routine, mais ellepeut être utile chez certains patients à hautrisque de rejet, comme ceux qui reçoivent <strong>des</strong>doses réduites ou aucun ICN, ceux hautementsensibilisés, les Afro-Américains ouceux n’ayant pas reçu d’induction de l’immunosuppression.<strong>Les</strong> concentrations sanguinesvisées du métabolite actif de l’AMP sont de1,6-4,2 ng/mL 32 .L’équivalence MMF-EC-MPS est <strong>la</strong> suivante: MMF 500 mg/comprimé = EC-MPS360 mg/comprimé. Comme il s’agit d’unmédicament tératogène et mutagénique, lescomprimés ne devraient pas être coupés nimanipulés avec les mains. Ils devraientdemeurer dans leur embal<strong>la</strong>ge originaljusqu’au moment de <strong>la</strong> prise.www.monportailpharmacie.caseptembre 2009 vol. 56 n° 5 Québec Pharmacie 43


LES pages bleues<strong>Les</strong> immunosuppresseurs sont <strong>des</strong> médicaments pharmacologiquementcomplexes. Ils possèdent un index thérapeutique étroit entre le rejetet <strong>la</strong> toxicité, justifiant un monitorage étroit de leurs concentrationssanguines et/ou <strong>des</strong> effets secondaires qu’ils peuvent engendrer.<strong>Les</strong> interactions médicamenteusesL’absorption de MMF peut être significativementdiminuée par les antiaci<strong>des</strong> ou le fer enraison de <strong>la</strong> formation d’un complexe par ché<strong>la</strong>tion.L’exposition à l’immunosuppressionmesurée par l’aire sous <strong>la</strong> courbe a été diminuéejusqu’à près de 90 % lorsque le MMF a étéadministré au même moment que le fer 33 . Il vasans dire que les conséquences d’une telle interactionpeuvent être catastrophiques et qu’ilimporte de bien enseigner au patient l’importanced’espacer de deux à quatre heures <strong>la</strong> prisede fer ou d’antiaci<strong>des</strong> à base de cations. Parailleurs, <strong>la</strong> dose de MMF (ou EC-MPS) doitêtre modulée en fonction <strong>des</strong> autres antirejetsassociés, notamment les ICN. Une interactionsignificative existe entre l’allopurinol et l’AZA.L’allopurinol augmente significativement <strong>la</strong>biodisponibilité du métabolite actif de l’AZA.Des cas d’anémie, de leucopénie et de thrombopénieont été rapportés. Lorsqu’une telleassociation est inévitable, il faut diminuer de 75% les doses <strong>des</strong> deux médicaments 17 .<strong>Les</strong> inhibiteurs du signalde <strong>la</strong> prolifération (ISP)L’histoire <strong>des</strong> ISP aussi appelés « inhibiteurs de<strong>la</strong> mTOR » (mammalian Target of Rapamycin)date <strong>des</strong> années 1970, époque à <strong>la</strong>quelle <strong>la</strong> rapamycinea été isolée de Streptomyces hygroscopius,un champignon retrouvé dans le sol del’île de Pâques. <strong>Les</strong> ISP sont le sirolimus (SRL),aussi connu sous le nom de rapamycine (RapamuneMD ), et son dérivé, l’évérolimus (ÉVÉ)(Certican MD ). Leur effet antiprolifératif n’estpas restreint aux lymphocytes et s’appliqueaussi aux cellules néop<strong>la</strong>siques. Ce<strong>la</strong> confère àcette c<strong>la</strong>sse de médicaments un effet potentiellementprotecteur contre certaines formes decancer, considérant que le cancer compte pour23 % <strong>des</strong> décès chez les greffés cinq ans après <strong>la</strong>transp<strong>la</strong>ntation cardiaque. Cette c<strong>la</strong>sse d’antirejetsoffre de plus une nouvelle option thérapeutiquepour <strong>la</strong> prévention de <strong>la</strong> vasculopathiedu greffon. Il s’agit sans doute d’antirejetsprometteurs 34-36 .Effets secondaires<strong>Les</strong> ISP étant de puissants immunosuppresseurs,l’infection devient ainsi un <strong>des</strong> effetssecondaires attendus. Quelques étu<strong>des</strong> ontmontré une augmentation <strong>des</strong> infectionsbactériennes chez les patients recevant un ISP,comparativement à l’AZA 37,38 . En contrepartie,l’incidence d’infection à cytomégalovirusest plus faible chez les sujets traités par un ISPversus le MMF ou l’AZA 36-38 . La toxicité pulmonaire,qui se manifeste sous <strong>la</strong> forme depneumonie interstitielle, a été observée avecl’utilisation du SRL. Il semble que cet effetsoit inexistant avec l’utilisation de l’ÉVÉ. Eneffet, <strong>la</strong> résolution <strong>des</strong> symptômes pulmonairesa été rapportée une fois le SRL remp<strong>la</strong>cépar l’ÉVÉ 39 . <strong>Les</strong> ISP, de par leur effet antiprolifératif,entraînent <strong>des</strong> complications auniveau <strong>des</strong> p<strong>la</strong>ies. Celles-ci se présentent sous<strong>la</strong> forme de déhiscence de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ie sternale,d’infections de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ie sternale ou de lymphocèle.La différence entre le SRl et l’ÉVÉquant aux complications de p<strong>la</strong>ies est inconnue.Bien que <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> observationnellestendent à favoriser l’ÉVÉ à cet égard, les différencesdans l’utilisation du SRL et de l’ÉVÉdans les protocoles de chaque étude peuventexpliquer ces résultats. De plus, ils n’ontjamais été étudiés l’un contre l’autre. Eneffet, l’exposition au SRL a été immédiateaprès <strong>la</strong> greffe avec l’utilisation fréquented’une dose de charge, tandis que l’introductionde l’ÉVÉ a été retardée jusqu’à 72 heuresaprès <strong>la</strong> transp<strong>la</strong>ntation 37-38 . Par ailleurs,les différences peuvent aussi être re<strong>la</strong>tives à<strong>la</strong> distribution tissu<strong>la</strong>ire et aux concentrationssanguines de l’un ou l’autre <strong>des</strong> ISP.Afin de minimiser ces effets, il est recommandéd’éviter leur utilisation <strong>durant</strong> leprocessus de guérison <strong>des</strong> p<strong>la</strong>ies. Pour lespatients déjà p<strong>la</strong>cés sous cette thérapie et quirequièrent une chirurgie, on recommandede cesser les ISP au moins une semaine avantl’intervention et de les réinstaurer 14 à 21jours après <strong>la</strong> chirurgie 35 .<strong>Les</strong> ISP n’ont pas de néphrotoxicité inhérenteà leur utilisation, mais ils peuvent potentialisercelle qu’induisent les ICN 14,35,36 . Parailleurs, on a observé une prévalence accruede protéinurie, un prédicteur d’insuffisancerénale chronique, chez les utilisateurs d’ISP 40 .L’utilisation d’un médicament de <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse <strong>des</strong>inhibiteurs de l’enzyme de conversion oud’un antagoniste <strong>des</strong> récepteurs de l’angiotensine2 comme agent néphroprotecteur està considérer.Données probantes cliniquesEn transp<strong>la</strong>ntation cardiaque, l’ÉVÉ a faitl’objet d’un plus grand nombre d’étu<strong>des</strong> quele SRL. L’ÉVÉ a été comparé à l’AZA chez <strong>des</strong>patients greffés de novo qui recevaient aussi<strong>la</strong> CyA et <strong>des</strong> corticostéroï<strong>des</strong>. À 12 mois, l’incidencede rejet et de vasculopathie du greffonétait significativement moindre qu’avecl’AZA 38 . Une plus petite étude menée avec leSRL a permis d’obtenir <strong>des</strong> résultats semb<strong>la</strong>bles37 .L’utilisation <strong>des</strong> ISP s’est révélée intéressantedans <strong>la</strong> perspective où une diminution<strong>des</strong> doses d’ICN était possible, minimisantainsi <strong>la</strong> néphrotoxicité re<strong>la</strong>tive. Il faut se rappelerque l’insuffisance rénale chroniquesurvient chez près de 7 % <strong>des</strong> greffés cardiaquescinq ans après <strong>la</strong> greffe 41 . La faisabilitéd’une diminution de doses d’ICN avec l’utilisation<strong>des</strong> ISP a été démontrée chez <strong>des</strong>greffés cardiaques présentant une insuffisancerénale plus de six mois après <strong>la</strong> greffe.<strong>Les</strong> résultats ont été concluants quant à l’efficacitéantirejet et à l’amélioration de <strong>la</strong>fonction rénale 35 . Par ailleurs, le sevrage précoce<strong>des</strong> ICN après <strong>la</strong> greffe avec <strong>la</strong> conversionau SRL a été tenté chez un petit nombrede greffés présentant une insuffisance rénale.<strong>Les</strong> résultats ont été décevants puisqu’uneaugmentation du nombre de rejets a étéobservée, justifiant l’arrêt de l’étude 42 . Cesdonnées suggèrent que l’utilisation <strong>des</strong> ICNest essentielle au maintien d’une immunosuppressionadéquate <strong>durant</strong> <strong>la</strong> premièreannée après <strong>la</strong> transp<strong>la</strong>ntation 35 .À ce jour, aucun de ces agents n’a démontréune diminution de <strong>la</strong> mortalité, si bien queleur utilisation en greffe cardiaque demeurecontroversée.D’autres étu<strong>des</strong> sont nécessaires pourconfirmer si les bénéfices de cette c<strong>la</strong>sse demédicaments en matière de vasculopathie dugreffon, de rejet aigu, d’insuffisance rénale etd’infections à cytomégalovirus surpassent leseffets secondaires, notamment sur les infectionsde p<strong>la</strong>ies. Le partage d’expériences clini-44 Québec Pharmacie vol. 56 n° 5 septembre 2009


<strong>Les</strong> antirejets en transp<strong>la</strong>ntation cardiaque : l’évolution <strong>des</strong> poisonsques permettra de préciser l’utilisation optimale<strong>des</strong> ISP en termes de sélection depatients et de dosages cibles <strong>des</strong> ICN utilisésen association 35 .Pharmacocinétique et monitorage<strong>Les</strong> ISP ont une biodisponibilité orale de15 %. La constance quant à leur prise avec ousans aliments demeure une recommandationpertinente puisque <strong>des</strong> variabilités ont éténotées dans <strong>la</strong> biodisponibilité du médicamenten fonction de <strong>la</strong> prise avec ou sans aliments 42 .<strong>Les</strong> ISP présentent une pharmacocinétique quiressemble à celle <strong>des</strong> ICN, notamment en cequi concerne leur distribution et leur métabolisme.Ils sont tous deux métabolisés par leCYP4503A4 et sont <strong>des</strong> substrats de <strong>la</strong> p-glycoprotéine.Ils ont une très longue demi-vie d’élimination,soit près de 60 heures pour le SRL etapproximativement 43 heures pour l’ÉVÉ. Unegrande variabilité intra et interindividuelle enmatière de paramètres pharmacocinétiques<strong>des</strong> ISP existe, ce qui justifie le monitorage thérapeutiquede ces médicaments. Le SRL seprend une fois par jour, alors que l’ÉVÉ nécessiteune prise biquotidienne malgré sa longuedemi-vie d’élimination.Le monitorage <strong>des</strong> concentrations sanguinesavant <strong>la</strong> dose d’ISP est recommandépuisque ce paramètre reflète judicieusementl’exposition à l’immunosuppression 43 . Unebonne corré<strong>la</strong>tion existe entre le rejet et lesconcentrations de SRL avant <strong>la</strong> dose. <strong>Les</strong> tauxsériques visés en greffe cardiaque ne sont pasc<strong>la</strong>irement élucidés et <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> cliniquessont en cours pour tenter de répondre à cettequestion. Il paraît sécuritaire et efficace deviser <strong>des</strong> taux sériques de SRL d’entre 4 et12 mcg/L lorsque combiné avec <strong>la</strong> CyA. Dansun régime sans CyA (ni TAC), <strong>des</strong> taux sériquesde 8-20 mcg/L sont recommandés 43 .Pour l’ÉVÉ, les cibles visées ne font pas pourautant l’objet de recommandations c<strong>la</strong>ires,mais suffisamment d’étu<strong>des</strong> ont été menéespour définir les écarts optimaux. Basés sur lesRéférences1. Taylor D, Edwards L, Aurora P et coll. Registry ofthe International Society for Heart and LungTransp<strong>la</strong>ntation : Twenty-fifth Official Adult HeartTransp<strong>la</strong>nt Report 2008. J Heart Lung Transp<strong>la</strong>nt2008; 27: 943-56.2. 2001 Canadian Cardiovascu<strong>la</strong>r Society ConsensusConference on Cardiac Transp<strong>la</strong>ntation. CanJ Cardiol 2003; 19: 620-54.3. Canadian Cardiovascu<strong>la</strong>r Society ConsensusConference update on cardiac transp<strong>la</strong>ntation2008 : Executive Summary. Can J Cardiol 2009;25(4): 197-205.4. Lindenfeld J, Miller G, Shaker S et coll. Drugtherapy in the Heart Transp<strong>la</strong>nt Recipient Part I :Cardiac Rejection and Immunosuppressive Drugs.Circu<strong>la</strong>tion 2004; 110: 3734-40.5. Lemahieu W, Maes B, Verbeke K et coll. CYP3A4and P-Glypoprotein Activity in Healthy Controlsanalyses exposition-efficacité et expositionsécurité,<strong>des</strong> taux sériques avant <strong>la</strong> dose de 3-8ng/mL assurent une immunosuppression adéquate35 . Tout comme pour le SRL, ces recommandationssont va<strong>la</strong>bles dans un régime oùl’ÉVÉ est combiné à <strong>la</strong> CyA et où les taux sériquesvisés pour cette dernière sont de 50 % <strong>des</strong>taux visés sans un ISP. En absence d’ICN, lestaux d’ÉVÉ visés ne sont pas élucidés, mais ilest sans doute approprié de viser <strong>des</strong> taux plusélevés pour maintenir une immunosuppressionefficace. Compte tenu de <strong>la</strong> longue demivie<strong>des</strong> ISP, il faut attendre l’équilibre (cinq fois<strong>la</strong> demi-vie d’élimination), soit jusqu’à deuxsemaines avant de faire un dosage en début detraitement et lors de tout changement de dosesde l’ISP ou de l’ICN associé, particulièrements’il s’agit de <strong>la</strong> CyA 35,43 .<strong>Les</strong> interactions médicamenteusesComme les ISP sont <strong>des</strong> substrats duCyp4503A4 et de <strong>la</strong> p-gp, <strong>des</strong> interactionssimi<strong>la</strong>ires à celles documentées avec les ICNsont attendues, bien que <strong>la</strong> documentation nedéborde pas d’information sur le sujet. Quelquesinteractions ont été documentées entreautres avec le diltiazem et le SRL. La monographiedu SRL recommande de ne pas administrerle médicament avec le kétoconazole etle voriconazole 44 .La CyA, par son effet inhibiteur du 3A4,augmente significativement les niveaux p<strong>la</strong>smatiquesdu SRL et de l’ÉVÉ. À l’inverse, lesISP n’ont pas d’effets sur les concentrations deCyA. À cet égard, une étude menée chez lesgreffés rénaux recevant SRL et CyA depuisplus de trois mois a montré une différencesignificative <strong>des</strong> taux sériques selon que le SRLétait administré en même temps ou à quatreheures d’intervalle de <strong>la</strong> CyA, soit 13,1 ± 7,1versus 8,9± 4,4 ng/mL (p


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Le traitement du rejet implique entre autres une majorationde l’immunosuppression.11) Parmi les énoncés suivants, lequel décrit l’immunosuppressionprimaire d’un greffé cardiaque ?A. Un inhibiteur de <strong>la</strong> calcineurine, les corticostéroï<strong>des</strong>et un antimétabolite puriqueB. Un inhibiteur de <strong>la</strong> calcineurine et un antimétabolitepuriqueC. Un inhibiteur de <strong>la</strong> calcineurine, les corticostéroï<strong>des</strong>et un inhibiteur du signal de <strong>la</strong> proliférationD. Deux inhibiteurs de <strong>la</strong> calcineurine et un antimétabolitepuriqueE. Un antimétabolite purique, un inhibiteur du signalde <strong>la</strong> prolifération et les corticostéroï<strong>des</strong>12) Parmi les immunosuppresseurs suivants, lequel n’estpas métabolisé par les enzymes du cyp4503A4 ?A. La cyclosporine AB. Le mycophéno<strong>la</strong>te sodiqueC. Le tacrolimusD. Le sirolimusE. L’évérolimus13) Parmi les énoncés suivants, lequel est un effetsecondaire propre à <strong>la</strong> cyclosporine A ?A. HypertensionB. NéphrotoxicitéC. HypertrichoseD. HypomagnésémieE. Dyslipidémie14) Parmi les antirejets suivants, lequel ne doit pas êtreadministré au même moment que le fer ?A. Le sirolimusB. Le tacrolimusC. Le mofétilmycophéno<strong>la</strong>teD. La cyclosporineE. L’azathioprineVeuillez reporter vos réponses dans le formu<strong>la</strong>ire de <strong>la</strong> page 90 46 Québec Pharmacie vol. 56 n° 5 septembre 2009


Tableau IVInteractions médicamenteuses significatives avec les antirejets 3,17,18Antirejets + médicament Effet/mécanisme Gestion de l’interactionICNCyA Diltiazem, Vérapamil exposition <strong>des</strong> ICN par inhibition dose <strong>des</strong> ICN de 25-50 %tac de leur métabolisme surveiller Cs 5-7 jours après l’introductionCyA Atorvastatine,TAC Simvastatine exposition à <strong>la</strong> statine Utiliser <strong>la</strong> plus petite dose de statineL lovastatine risque myopathie/rhabdomyolise considérer <strong>la</strong> prise de pravastatineI inhibition du Cyp4503A4 et p-gp par les ICN ou de fluvastatineCyA Rosuvastatine exposition à <strong>la</strong> rosuvastatine de 7 fois Éviter cette associationDonnées limitéesCyA Bosentan concentrations sanguines avant <strong>la</strong> dose Éviter cette associationde bosentan de 30 fois concentrations de <strong>la</strong> CyA avant <strong>la</strong> dose de 50 %CyA Fluconazole >200 mg exposition <strong>des</strong> ICN par inhibition dose <strong>des</strong> ICN de 30-50 %TAC Itraconazole de leur métabolisme surveiller Cs <strong>des</strong> ICN 3 jours après l’introductionKétoconazoleet 1 fois par semaine pendant le traitementVvoriconazoleCyA Millepertuis exposition <strong>des</strong> ICN par induction Éviter cette associationtacde leur métabolismeR risque accru de rejetCyA Phénytoïne exposition <strong>des</strong> ICN par induction dose d’ICN de 25-50 % lors de l’introductiontac de leur métabolisme de <strong>la</strong> phénytoïneR risque accru de rejet surveiller Cs <strong>des</strong> ICN 2 fois par semaine X 2-3 semainesR risque accru d’hyperp<strong>la</strong>sie gingivale avec <strong>la</strong> CyA Considérer solutions de rechange : ac. valproïque, <strong>des</strong> Cs de phénytoïnegabapentin, <strong>la</strong>motrigine, vigabatrinDébut de l’effet retardésurveiller Cs <strong>des</strong> ICN et phénytoïne lors de l’arrêtde l’anticonvulsivant chaque semaine X 4 mois.CyA Carbamazépine exposition <strong>des</strong> ICN par induction surveiller Cs <strong>des</strong> ICN 2 fois par semaine X 2 semainesTAC Oxcarbazépine de leur métabolisme considérer solutions de rechange : ac. valproïque,R risque accru de rejet gabapentin, <strong>la</strong>motrigine, vigabatrinCyA Amiodarone exposition aux ICN par inhibition surveiller Cs <strong>des</strong> ICN 2 fois par semaine lorstac de leur métabolisme de l’introduction de l’amiodarone puis1 fois/semaine X 1 mois.S suivi étroit Cs 1 fois / semaine <strong>des</strong> ICN lorsde l’arrêt de l’amiodaroneICNCyA Érythromycine exposition aux ICN par inhibition dose <strong>des</strong> ICN de 25 %TAC C<strong>la</strong>rythromycine de leur métabolisme surveiller Cs <strong>des</strong> ICN 3 jours après l’introduction hépatotoxicitéet 1 fois par semaine pendant le traitementCyA Rifampicine exposition <strong>des</strong> ICN par induction monitorer Cs <strong>des</strong> ICN 2 fois par semainetac de leur métabolisme X 2 semaines puis Q1-2 semaines jusqu’à 1 moisR risque accru de rejet après l’arrêt de <strong>la</strong> rifampicine.ISPSirolimus Diltiazem exposition du sirolimus par inhibition surveiller Cs du sirolimus, 1 à 2 fois par semaineV vérapamil métabolique et de <strong>la</strong> p-gp pour les 2 premières semainesSirolimus Fluconazole exposition <strong>des</strong> ISP par inhibition métaboliqueÉvérolimus ItraconazoleSirolimus Kétoconazole exposition <strong>des</strong> ISP par inhibition métabolique Éviter ces associationsÉvérolimus VoriconazoleSirolimus Cyclosporine exposition du sirolimus par inhibition surveiller tout changement au moment de <strong>la</strong> prisemétaboliquede l’un ou l’autre <strong>des</strong> médicaments associés.R recommander de prendre les 2 médicamentstoujours au même moment.Débuter le sirolimus à petite dose en présence de CyA.Anti-métabolites puriquesMMF/EC-MPS Cholestyramine exposition du métabolite actif du MMF Éviter l’associationpar de l’absorptionsi aucune solution de rechange, prendre MMF 2 heuresavant ou 4 heures aprèsMMF/EC-MPS Fer, antiaci<strong>des</strong> exposition du métabolite actif espacer <strong>la</strong> prise de 2 à 4 heurespar absorption (ché<strong>la</strong>tion)AZA allopurinol biodisponibilité et accumu<strong>la</strong>tion du métabolite dose AZA et d’allopurinol de 75 %actif de l’AZA (6-mercaptopurine)Surveiller éléments sanguins(hémoglobine, p<strong>la</strong>quettes, leucocytes)


Pharmacovigi<strong>la</strong>nceIntoxication par l’acide valproïquesecondaire à une hypo-albuminémie<strong>Les</strong> réactions médicamenteuses constituent <strong>la</strong> cause principale <strong>des</strong> ma<strong>la</strong>dies iatrogéniques. <strong>Les</strong> intoxications médicamenteuses peuventsurvenir dans diverses situations, aiguës ou chroniques, intentionnelles ou non intentionnelles. <strong>Les</strong> intoxications médicamenteusessurvenant dans un contexte d’hypo-albuminémie sont méconnues. Voici le cas d’un homme ayant présenté une intoxication par l’acidevalproïque à <strong>la</strong> suite d’une hypo-albuminémie.Présentation du casAu jour 1, S.M., un homme de race b<strong>la</strong>nchede 56 ans, est admis à l’urgence de l’hôpitaldans un contexte de chutes avec perte deconscience. À l’examen, le patient est éveillé,confus, désorienté et présente un ralentissementpsychomoteur ainsi qu’une douleurdorsale légère. Ses antécédents médicaux etchirurgicaux sont les suivants : diabète detype 2 (depuis 10 ans environ), dyslipidémie,trouble de l’équilibre (chutes), hyperkaliémieplus ou moins chronique, dépendanceà l’alcool, malnutrition, lithiasevésicu<strong>la</strong>ire et opération, en 1998, pour ledrainage d’un hématome sous-dural secondaireà une chute. La médication usuelle deS.M. se retrouve au tableau I. À l’admission,<strong>la</strong> médication usuelle est prescrite ànouveau, à l’exception de <strong>la</strong> metformine etdu polystyrène sulfonate sodique puisque lepatient présente une légère insuffisancerénale aiguë secondaire à une déshydratation(créatinine à 143 µmol/L, c<strong>la</strong>iranceestimée à 50 mL/min) et une normokaliémie(potassium à 4,9 mmol/L). <strong>Les</strong> premièresinvestigations (radiologiques, biochimiques)démontrent <strong>des</strong> fractures lombaires(L 1et L 3), <strong>des</strong> désordres électrolytiques etvitaminiques, une anémie inf<strong>la</strong>mmatoire,une légère hypo-albuminémie sans doutesecondaire à une malnutrition (tableau II),un dosage d’acide valproïque total un peubas (tableau II), une stéatose hépatique etune dégénérescence cérébelleuse probablementsecondaire à l’alcool. Sur le p<strong>la</strong>n clinique,le patient présente une polyneuropathied’origine multiple (diabétique,alcoolique, déficience légère en vitamineB12 [112 µmol/L]). Le diagnostic de syndromede Wernicke est rapidement évoqué.Ainsi, tel que suggéré par les recommandationsde <strong>la</strong> prise en charge d’un patient avecun syndrome de Wernicke, on amorce 1 untraitement à hautes doses de thiamine(500 mg intraveineux [ I.V. ] 4 fois par jour)et <strong>la</strong> correction <strong>des</strong> désordres électrolytiqueset vitaminiques. Pour les fractureslombaires, on administre une dose de pamidronate30 mg I.V. et on entame le traitementpar l’association habituelle de carbonatede calcium (500 mg 2 fois par jour) etde vitamine D3 (400 UI 2 fois par jour).Après une amélioration au cours <strong>des</strong> deuxpremières semaines de traitement du syndromede Wernicke, l’état du patient sedétériore soudainement : au jour 15, onconstate un retour de <strong>la</strong> confusion, de <strong>la</strong>désorientation et de l’ataxie. De plus, uneTableau IMédication usuelle de S.M.MédicamentAcide acétylsalicylique 80 mg po dieLansoprazole 30 mg po dieMetformine 500 mg po tidPolystyrène sulfonate sodique 15 g po tidDivalproex sodique 500 mg po bidTexte rédigé par Maxime Doré,B.Sc., B. Pharm., M.Sc.,Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal.Texte original soumis le 5 octobre 2008.Texte final remis le 20 novembre 2008.Révision : Christine Hamel, B. Pharm., M.Sc.,Hôpital Royal-Victoria, Montréal.DuréeDepuis quelques annéesDepuis 5 mois environDepuis 1 an et demi environTableau IIValeurs de <strong>la</strong>boratoire (dosage d’acide valproïque et albuminémie)acide valproïque total Acide valproïque libre Albuminémie(350 à 700 µmol/L) (28 à 104 µmol/L) (35 à 50 g/L)Jour #1 261 28Jour #161 er prélèvement 277 212 e prélèvement 240 122,2Jour #20 56Jour #53 34Tableau IIIExemples de médicaments à faible et forte extractions hépatiques 10Faible extraction hépatiqueAcide valproïqueCarbamazépineDiazépamIbuprofènePhénytoïneTolbutamideWafarineForte extraction hépatiqueamitriptylinelidocaïnemépéridinemorphinepropranololvérapamilwww.monportailpharmacie.ca septembre 2009 vol. 56 n° 5 Québec Pharmacie 47


Pharmacovigi<strong>la</strong>nceFigure IChangements en fonction du temps <strong>des</strong> paramètrespharmacocinétiques d’un médicament à faible extraction hépatiquelors d’une augmentation de <strong>la</strong> fraction libre 10Fraction libreC<strong>la</strong>irance intrinsèqueC<strong>la</strong>irance totaleConcentration totaleConcentration libredysarthrie ainsi qu’un léger astérixis sontapparus. Dès lors, on demande un dosaged’acide valproïque (Epival MD ) total et oncesse l’Epival d’emblée puisque l’indicationchez ce patient demeure nébuleuse (l’Epiva<strong>la</strong>urait été administré dans un contexte deconvulsions secondaires à l’alcool). À cemoment, le dosage d’acide valproïque totals’avère normal, voire faible (tableau II).Après discussion avec l’équipe de médecineinterne, il est convenu de refaire un prélèvement,mais, cette fois, pour le dosage del’acide valproïque libre puisque le patientprésente une hypo-albuminémie plusimportante qu’à l’admission (tableau II) etque l’acide valproïque est connu pour êtrefortement lié aux protéines p<strong>la</strong>smatiques(90 %) 2-4 . Il est à noter que le niveau d’ammoniac(NH 3) est à 15 µmol/L à ce moment,soit dans les limites de <strong>la</strong> normale (10 à47 µmol/L), <strong>la</strong>issant croire qu’une intoxicationpar l’acide valproïque est peu probable.Toutefois, les résultats du deuxième prélèvementconfirment l’hypothèse d’une intoxicationpar l’acide valproïque puisque ledosage d’acide valproïque total est de240 µmol/L (intervalle thérapeutique : 350 à700 µmol/L), alors que le dosage d’acidevalproïque libre est de 122,2 µmol/L (intervallethérapeutique : 28 à 104 µmol/L). Leratio libre/total est donc de 0,51; ainsi, 51 %de l’acide valproïque est sous forme libre,alors que <strong>la</strong> normale se situe entre 5 % et15 %. Une fois corrigé pour l’albuminémie,le dosage d’acide valproïque total varie entreTemps815 et 1883 µmol/L selon <strong>la</strong> méthode utiliséepour faire le calcul 5 , ce qui dépasse l’intervallethérapeutique (tableau II). Ceniveau toxique d’acide valproïque peutdonc expliquer <strong>la</strong> détérioration du patient.Au jour 20, soit cinq jours suivant l’arrêt del’Epival, une amélioration au niveau de <strong>la</strong>dysarthrie et de l’astérixis est notable et ledosage d’acide valproïque total est désormaisde 56 µmol/L. Au jour 25, soit 10 jourssuivant l’arrêt de l’Epival, le patient n’estplus dysarthrique, ne souffre plus d’astérixis,est nettement moins confus et il estorienté. Une excellente évolution sur le p<strong>la</strong>ncognitif est aussi observable. Au jour 58, lepatient reçoit son congé de l’hôpital.Discussion<strong>Les</strong> réactions médicamenteuses sont considéréescomme <strong>la</strong> principale cause <strong>des</strong> ma<strong>la</strong>diesiatrogéniques 6 . Elles peuvent être c<strong>la</strong>sséesselon leur étiologie en réaction im munologiqueou en réaction non immunologique 7 .<strong>Les</strong> réactions non immunologiques sont lesplus fréquentes (75 % à 80 %) et sont re<strong>la</strong>tivementprévisibles, contrairement aux réactionsimmunologiques 7 . Comme elles sont prévisibles,il est donc possible de les prévenir parun suivi adéquat 8 . Pour certains médicaments,un suivi implique un dosage sanguin,p<strong>la</strong>smatique ou sérique. Toutefois, iln’est pas nécessaire d’effectuer un monitorage<strong>des</strong> concentrations sanguines pourtous les médicaments 9 . <strong>Les</strong> dosages sontgénéralement réservés aux médicamentsayant un intervalle thérapeutique étroit ouun potentiel de toxicité important avec uneconcentration légèrement au-<strong>des</strong>sus de l’intervallethérapeutique 9 . <strong>Les</strong> intoxicationsmédicamenteuses peuvent survenir dansdiverses situations, aiguës ou chroniques,intentionnelles ou non intentionnelles : tentativede suicide, insuffisance rénale ouhépatique, hypo-albuminémie, interactionsmédicamenteuses.La plupart <strong>des</strong> médicaments se lient auxprotéines p<strong>la</strong>smatiques, essentiellement àl’albumine 10 . L’α 1-glycoprotéine acide et leslipoprotéines sont les autres protéines detransport <strong>des</strong> médicaments en importanceaprès l’albumine 10 . La liaison <strong>des</strong> médicamentsaux protéines p<strong>la</strong>smatiques peut êtreaffectée par différentes conditions physiologiquesou pathologiques : l’âge avancé, <strong>la</strong><strong>grossesse</strong>, le sexe, le tabagisme, l’obésité, lesproblèmes médicaux graves, les ma<strong>la</strong>diesrénales ou hépatiques, l’hyperthyroïdisme,le cancer, les brûlures extensives et lors d’interactionsmédicamenteuses 10 .L’Epival est un médicament utilisé commeanticonvulsivant et stabilisateur de l’humeur.Bien que son mécanisme d’action nesoit pas complètement élucidé, on supposequ’il augmenterait <strong>la</strong> concentration d’acideγ-aminobutyrique (GABA) dans le cerveau,ce qui expliquerait son efficacité dans letraitement de l’épilepsie 2,12 . De plus, il diminuerait<strong>la</strong> neurotransmission (dopaminergiqueset neurotransmetteurs excitateurs) etaurait un effet stabilisateur <strong>des</strong> membranesneuronales; toutefois, l’effet précis de cemédicament sur les membranes neuronalesest inconnu 2,12 . Il est composé de divalproexsodique qui se dissocie dans le tube digestifen valproate (acide valproïque) pour êtreensuite absorbé (biodisponibilité d’environ100 %) 2 . Une fois absorbé, l’acide valproïquese lie fortement aux protéines p<strong>la</strong>smatiques(90 %), particulièrement à l’albumine,pour être ensuite distribué dans tout l’organisme2-4 . L’acide valproïque est essentiellementmétabolisé par le foie, principalementpar glucuronoconjugaison (30 %-50 %) etβ-oxydation (environ 40 %) et, dans unemoindre mesure, par ω-oxidation 2,11,13 . Denombreux métabolites sont ainsi formés,certains actifs, d’autres toxiques 2,11,13 . Lademi-vie de l’acide valproïque est d’environ6 à 16 heures et l’élimination <strong>des</strong> métabolitesest majoritairement rénale 2,11,13 .Comme on l’a mentionné précédemment,l’acide valproïque se lie fortement aux protéinesp<strong>la</strong>smatiques, plus particulièrement àl’albumine. Il est toutefois important dementionner que <strong>la</strong> liaison aux protéinesp<strong>la</strong>smatiques de l’acide valproïque est satu-48 Québec Pharmacie vol. 56 n° 5 septembre 2009


Intoxication par l’acide valproïque secondaire à une hypo-albuminémierable; ainsi, <strong>la</strong> liaison aux protéines p<strong>la</strong>smatiquesdiminue à <strong>la</strong> suite d’une augmentationde <strong>la</strong> concentration totale d’acidevalproïque (90 % à 280 µmol/L et 82 % à875 µmol/L) 2-4,9 . De cette manière, <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tionentre <strong>la</strong> dose d’Epival et <strong>la</strong> concentrationtotale d’acide valproïque n’est paslinéaire. Par contre, <strong>la</strong> pharmacocinétiquede <strong>la</strong> fraction libre d’acide valproïque estlinéaire 2 . En effet, comme l’acide valproïqueest une molécule à faible extraction hépatique,<strong>la</strong> c<strong>la</strong>irance totale de l’acide valproïque(Cl tot) est dépendante de <strong>la</strong> fraction libre(f libre) et de <strong>la</strong> c<strong>la</strong>irance intrinsèque (Cl int) :Cl tot≈ f librex Cl int3,4,10. Ainsi, si <strong>la</strong> f libred’acidevalproïque augmente (interaction médicamenteuseou hypo-albuminémie, par exemple),<strong>la</strong> Cl totd’acide valproïque augmente àson tour et <strong>la</strong> concentration totale d’acidevalproïque à l’équilibre (C totéq) est diminuéepuisque C totéq= F x (D / t) / Cl tot, où F représente<strong>la</strong> biodisponibilité, D <strong>la</strong> dose et t l’intervalleposologique 3,10 . Toutefois, comme<strong>la</strong> Cl intdemeure généralement constante, <strong>la</strong>concentration libre à l’équilibre (C libreéq)demeure elle aussi constante puisqueC libreéq= F x (D / t) / Cl intou, plus simplement,C libreéq= f librex C totéq3,10. Par conséquent,chez un patient avec hypo-albuminémie,malgré l’augmentation de <strong>la</strong> fraction libre,<strong>la</strong> concentration libre d’acide valproïque àl’équilibre demeure généralement inchangée,mais <strong>la</strong> concentration totale d’acide valproïqueà l’équilibre diminue à cause d’uneaugmentation de son métabolisme 3,10 . Parcontre, <strong>la</strong> concentration libre d’acide valproïqueaugmente de manière transitoire jusqu’àl’atteinte de l’état d’équilibre (figure 1). Il està noter qu’une augmentation de <strong>la</strong> concentrationlibre se traduit non seulement parune meilleure efficacité de l’acide valproïque,mais aussi par une augmentation <strong>des</strong>effets indésirables puisque c’est <strong>la</strong> fractionlibre du médicament qui s’avère pharmacologiquementactive. Ainsi, pour unmédicament à faible extraction hépatique(tableau III), lorsqu’une concentrationtotale s’avère basse en présence d’hypoalbuminémie,il importe de résister à l’envied’augmenter <strong>la</strong> dose, car bien que <strong>la</strong> concentrationtotale soit basse, <strong>la</strong> concentrationlibre, elle, demeure élevée.L’incidence <strong>des</strong> intoxications par l’acidevalproïque est en hausse aux États-Unis 13 .Heureusement, environ 50 % <strong>des</strong> patientsne présentent que <strong>des</strong> symptômes mineurset <strong>la</strong> mortalité se situe autour de 2 % 13 . Lamajorité <strong>des</strong> patients intoxiqués par l’acidevalproïque présentent un dysfonctionnementdu système nerveux central (SNC)d’intensité variable selon les concentrationssanguines d’acide valproïque : somnolence,léthargie, hallucinations, encéphalopathieavec ou sans hyperammoniémie, myoclonie,tremblement, convulsion, œdème cérébralet, plus rarement, de <strong>la</strong> dysarthrie, dunystagmus et de l’ataxie 12-15 . <strong>Les</strong> symptômesimpliquant d’autres systèmes sont les suivants: nausée, vomissement, détresse respiratoire,bloc auriculo-ventricu<strong>la</strong>ire, hépatotoxicité,troubles métaboliques (altérationdu cycle de l’urée et du métabolisme <strong>des</strong>aci<strong>des</strong> gras), pancréatite, anémie, leucopénie,thrombocytopénie, troubles électrolytiqueset insuffisance rénale 12,13,16,17 .Fait intéressant à noter, l’acide valproïquepourrait diminuer l’albuminémie. En effet,quelques rapports de cas ont démontré unediminution de l’albuminémie à <strong>la</strong> suite del’introduction de l’acide valproïque 18 . Cettehypo-albuminémie serait transitoire lors del’introduction de l’acide valproïque, maiselle pourrait tout de même avoir un impactsignificatif au début du traitement 18 . Parailleurs, une augmentation <strong>des</strong> aci<strong>des</strong> graslibres pourrait à son tour augmenter <strong>la</strong> fractionlibre d’acide valproïque, car ceux-cientrent en compétition avec l’acide valproïqueau niveau <strong>des</strong> sites de liaison à l’albumine3-5 . De plus, il est important de se rappelerque l’acide valproïque peut altérer lemétabolisme <strong>des</strong> aci<strong>des</strong> gras 13 . Il est à noterque les aci<strong>des</strong> gras libres peuvent être augmentéschez les patients urémiques, lespatients atteints d’une ma<strong>la</strong>die hépatique,les patients hypertriglycéridémiques ou lorsd’une infusion d’aci<strong>des</strong> gras (alimentationparentérale) 3 . Enfin, une hyperbilirubinémiepeut elle aussi engendrer un dép<strong>la</strong>cementde l’acide valproïque <strong>des</strong> sites deliaison à l’albumine et ainsi favoriser uneaugmentation de <strong>la</strong> fraction libre 5 . Ainsi, lesdosages <strong>des</strong> aci<strong>des</strong> gras libres et de <strong>la</strong> bilirubinesont potentiellement deux autres paramètresà documenter dans le contexte d’uneaugmentation de <strong>la</strong> fraction libre d’acidevalproïque sans autre cause apparente.Le cas présenté impliquait un médicamentà faible extraction hépatique. Dans le cas d’unmédicament à forte extraction hépatique(tableau III), lorsque <strong>la</strong> fraction libre augmente,il n’y a pas d’augmentation de <strong>la</strong> Cl tot,car Cl tot≈ Q, où Q représente le débit sanguinhépatique 10 . De cette manière, <strong>la</strong> concentrationtotale à l’équilibre ne change pas, carC totéq= F x (D / t) / Cl tot, alors que <strong>la</strong> concentrationlibre à l’équilibre du médicament augmentepuisque C libreéq= f librex C totéq10. Parconséquent, en présence d’une hypo-albuminémie,l’augmentation de <strong>la</strong> concentrationlibre et de <strong>la</strong> réponse pharmacologique d’unmédicament à forte extraction hépatique estplus importante, comparativement à unmédicament à faible extraction hépatique 10 .Tel que mentionné précédemment, lesréactions médicamenteuses non immunologiquessont prévisibles si l’on fait un suiviadéquat. Par contre, <strong>la</strong> fraction libre et <strong>la</strong>concentration libre <strong>des</strong> médicamentsdemeurent parfois difficilement prévisibles.Ainsi, Dasgupta A. suggère que pour plusieursmédicaments ayant une liaison auxprotéines p<strong>la</strong>smatiques de plus de 80 %, unmonitorage <strong>des</strong> concentrations libres seraitplus adéquat que le monitorage habituel <strong>des</strong>concentrations totales, notamment pour lesanticonvulsivants (phénytoïne, carbamazépineet acide valproïque) 9 . Du moins, lemonitorage <strong>des</strong> concentrations libres seraitparticulièrement recommandé chez lespatients urémiques (insuffisance rénale), lespatients avec atteinte hépatique chronique,les patients avec hypo-albuminémie oulorsqu’on suspecte une interaction médicamenteuse3,5,9,10,19 . La mesure de <strong>la</strong> concentrationlibre d’acide valproïque n’est pasofferte par tous les <strong>la</strong>boratoires. Seul unnombre limité d’entre eux offre ce service.Pour cette raison, Hermida J. et Tutor C. ontpublié un modèle de correction de <strong>la</strong>concentration totale d’acide valproïque(C totcorrigée) en fonction de l’albumine 5 . Selonleur modèle, pour une albumine à 21 g/L, <strong>la</strong>C totcorrigéeest de 1067 µmol/L 5 . Ce modèle nesemble pas tout à fait précis et ne remp<strong>la</strong>cepas le dosage de <strong>la</strong> concentration libre, maisil peut tout de même s’avérer utile si ledosage de <strong>la</strong> concentration libre n’est pasdisponible dans un dé<strong>la</strong>i raisonnable.ImputabilitéLa chronologie <strong>des</strong> événements et <strong>la</strong> présentation<strong>des</strong> signes et symptômes ontrapidement orienté le diagnostic vers uneintoxication par l’acide valproïque. La documentationmédicale abondait aussi en cesens, quoique certaines données aient étélimitées. <strong>Les</strong> symptômes présentés par S.M.à l’admission (confusion, désorientation,ralentissement psychomoteur) avaient toutd’abord été attribués au syndrome de Wernicke.S.M. avait une légère hypo-albuminémieà l’admission donc, a posteriori, l’intoxicationpouvait être légère à ce moment(tableau II). L’hypo-albuminémie s’est accentuée au cours de l’hospitalisation, ce quipeut effectivement expliquer <strong>la</strong> détériorationde l’état du patient. Chez ce dernier, <strong>la</strong> faibleconcentration totale d’acide valproïque peuts’expliquer par l’augmentation de sa c<strong>la</strong>iranceà <strong>la</strong> suite de l’augmentation de sa fraction libre.Suite à <strong>la</strong> page 52 www.monportailpharmacie.caseptembre 2009 vol. 56 n° 5 Québec Pharmacie 49


Pharmacovigi<strong>la</strong>nce Suite de <strong>la</strong> page 49Toutefois, l’interprétation est difficile puisqu’aucundosage avant l’épisode en questionn’était disponible. Pour ce qui est de <strong>la</strong> concentrationlibre d’acide valproïque, on ne disposeque d’une seule valeur, il est donc impossiblede <strong>la</strong> comparer; néanmoins, cette valeur de122,2 µmol/L dépasse l’intervalle thérapeutiquede 28 à 104 µmol/L, ce qui nous a permisd’objectiver l’intoxication. La concentrationlibre d’acide valproïque était élevée, probablementparce que l’équilibre n’était pas atteint,ou bien parce que <strong>la</strong> c<strong>la</strong>irance intrinsèque avaitpeut-être diminué vu l’état du patient. L’impact<strong>des</strong> métabolites de l’acide valproïque étaitdifficile à quantifier, mais ces derniers auraientpu effectivement contribuer aux symptômes.<strong>Les</strong> signes et symptômes de S.M. ont grandementdiminué à <strong>la</strong> suite de l’arrêt de l’Epival.Ainsi, avec l’arrêt de l’Epival et <strong>la</strong> poursuite dutraitement du syndrome de Wernicke, l’état dupatient s’est nettement amélioré tant sur lep<strong>la</strong>n cognitif que moteur : ces deux mesuressont probablement responsables de cette amélioration.Toutefois, cette dernière est vraimentsurvenue à <strong>la</strong> suite de l’arrêt de l’Epival, ce quipermet de croire à une forte implication dumédicament. Par ailleurs, aucune autre causede dysarthrie et d’astérixis n’a été identifiée.Ainsi, un résultat de 8 est obtenu lorsquel’échelle de probabilité d’effets indésirablesmédicamenteux de Naranjo est appliquée à <strong>la</strong>situation 20 , ce qui signifie qu’une intoxicationpar l’acide valproïque est probablement responsablede l’état de S.M. Il n’y a toutefois paseu de deuxième essai thérapeutique avec l’Epival,puisqu’il n’y avait aucune indication c<strong>la</strong>irepour S.M.TraitementDans <strong>la</strong> plupart <strong>des</strong> intoxications médicamenteuses,l’arrêt rapide du médicament encause demeure une action importante àentreprendre, de même que l’évaluation de<strong>la</strong> quantité de médicament ingérée 12 . L’approcheinitiale d’une intoxication par l’acidevalproïque dépend <strong>des</strong> signes et <strong>des</strong> symptômesprésentés par le patient : le traitementde soutien est le principal traitement 13,16 . Ladécontamination gastro-intestinale avec ducharbon activé en dose unique ou multiplepeut être envisagée chez certains patients,particulièrement dans un contexte d’ingestionaiguë de comprimés à longue duréed’action, mais elle s’avère moins utile dansun contexte d’intoxication chronique 13,16 . Lanaloxone et <strong>la</strong> L-carnitine sont deux médicamentspotentiellement utiles dans uncontexte d’intoxication par l’acide valproïque,quoique leurs bénéfices n’aient pas étéc<strong>la</strong>irement démontrés. La naloxone à raisonde 0,8 à 2 mg peut s’avérer efficace pour renverser<strong>la</strong> dépression du SNC, probablementvia l’inhibition <strong>des</strong> effets du GABA 2,16,21 . LaL-carnitine peut s’avérer utile pour renverserl’hyperammoniémie et l’hépatotoxicitéinduite par l’acide valproïque puisque toutesdeux seraient médiées par une déficience encarnitine. L’administration de L-carnitine50 mg/kg/dose (1 à 3 doses par jour) estrecommandée chez les patients présentantune hyperammoniémie, un coma ou undysfonctionnement hépatique 13,16,17 . Toutefois,<strong>la</strong> dose, <strong>la</strong> posologie et <strong>la</strong> durée de traitementoptimales ne sont pas c<strong>la</strong>irementdéfinies. Enfin, les techniques favorisant uneaugmentation de l’élimination de l’acidevalproïque, telles que l’hémodialyse et l’hémoperfusion,sont rarement indiquées puisquel’acide valproïque est fortement lié auxprotéines p<strong>la</strong>smatiques. Toutefois, <strong>la</strong> concentrationlibre d’acide valproïque peut s’avérerélevée dans un tel contexte : un dosaged’acide valproïque libre pourrait donc serévéler utile 13 . Par conséquent, les techniquesd’élimination extracorporelle sontréservées aux cas réfractaires, mais ellespourraient être utiles dans un contexted’hypo-albuminémie ou dans une autresituation où <strong>la</strong> fraction libre est grandementaugmentée 13 . Dans le cas de S.M., une intoxicationpar l’acide valproïque a rapidementété suspectée et on a aussitôt cessé l’Epival.Mis à part le traitement de soutien (hydratation)et un suivi plus étroit, aucun traitementspécifique ne s’est avéré nécessaire.Une administration de naloxone auraitpeut-être pu permettre une récupérationplus rapide.ConclusionLa meilleure prévention <strong>des</strong> intoxicationsmédicamenteuses demeure un suivi adéquat<strong>des</strong> effets indésirables et, dans les casoù il est disponible, le monitorage <strong>des</strong>concentrations sanguines s’avère très utile.Toutefois, pour certains médicaments, il estimportant de tenir compte d’autres paramètresen plus <strong>des</strong> concentrations sanguines,notamment l’albuminémie. Le pharmacienest le professionnel de <strong>la</strong> santé tout àfait désigné pour interpréter les dosages <strong>des</strong>concentrations sanguines <strong>des</strong> médicamentsen fonction <strong>des</strong> autres paramètres de <strong>la</strong>boratoire.Le dosage de <strong>la</strong> concentration librede certains médicaments peut se révélerutile dans différentes situations où <strong>la</strong> fractionlibre peut être augmentée, mais cetteanalyse de <strong>la</strong>boratoire reste présentementSuite à <strong>la</strong> page 55 52 Québec Pharmacie vol. 56 n° 5 septembre 2009


Intoxication par l’acide valproïque secondaire à une hypo-albuminémie Suite de <strong>la</strong> page 52difficile d’accès. À l’heure actuelle, <strong>la</strong> pierre angu<strong>la</strong>ire en matièred’intoxication par l’acide valproïque demeure l’arrêt rapide dumédicament. Le traitement de soutien a aussi une grande importanceen ce qui concerne le sou<strong>la</strong>gement <strong>des</strong> signes et <strong>des</strong> symptômesassociés. La décontamination gastro-intestinale peut êtrerecommandée dans certaines situations. De plus, on peut envisagerun traitement spécifique par <strong>la</strong> naloxone et <strong>la</strong> L-carnitine dans lescas plus graves. Enfin, les techniques d’élimination extracorporellesont réservées aux cas réfractaires. nRéférences1. Sechi G, Serra A. Wernicke’s encephalopathy : new clinical settings and recentadvances in diagnosis and management. Lancet Neurol 2007; 6(5) : 442-55.2. Abbott Laboratories Limited. 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Le monitorage <strong>des</strong> concentrations libres est particulièrementrecommandé chez les patients avec atteinteshépatique et/ou rénale, les patients avec hypoalbuminémieou lorsqu’on suspecte une interaction médicamenteuse.16) Parmi les énoncés suivants, lequel est vrai ?A. Il est indiqué d’effectuer un monitorage <strong>des</strong> concentrationssanguines pour tous les médicaments.B. Pour les médicaments à faible extraction hépatique,lorsque <strong>la</strong> concentration totale est en <strong>des</strong>sous del’intervalle thérapeutique en présence d’une hypo-albuminémie,il faut augmenter <strong>la</strong> dose afin d’obtenir uneconcentration totale dans l’intervalle thérapeutique.C. En présence d’une hypo-albuminémie, l’augmentationde <strong>la</strong> concentration libre et de <strong>la</strong> réponse pharmacologiqued’un médicament à forte extraction hépatiqueest plus importante, comparativement à un médicamentà faible extraction hépatique.D. L’hémodialyse et l’hémoperfusion sont toujoursinutiles dans un contexte d’intoxication par l’acidevalproïque puisque cette molécule se lie fortement auxprotéines p<strong>la</strong>smatiques.E. L’administration de charbon activé est particulièrementindiquée dans les cas d’intoxication chronique parl’acide valproïque.Veuillez reporter vos réponsesdans le formu<strong>la</strong>ire de <strong>la</strong> page 90 www.monportailpharmacie.caseptembre 2009 vol. 56 n° 5 Québec Pharmacie 55

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