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Les antidépresseurs durant la grossesse : des ... - Profession Santé

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De <strong>la</strong> mère au nourrissonmédicaments comme les antiépileptiques etles benzodiazépines relève davantage <strong>des</strong>cores psychomoteurs anormaux chez lesenfants exposés; ces résultats devront êtrereproduits dans <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> centrées sur lesantidépresseurs seulement avant de conclureà un effet de cette c<strong>la</strong>sse de médicaments.L’approche clinique en brefChoisir un antidépresseurDans un contexte de p<strong>la</strong>nification de <strong>grossesse</strong>ou de traitement à débuter <strong>durant</strong> <strong>la</strong><strong>grossesse</strong>, <strong>la</strong> décision sera guidée par lesdonnées d’innocuité du médicament, maisaussi par <strong>la</strong> présentation générale de <strong>la</strong>condition de <strong>la</strong> patiente, sa réponse antérieureà un agent ou une c<strong>la</strong>sse pharmacologique,ses comorbidités, les effets indésirablesattendus et les interactions potentiellesavec d’autres traitements pharmacologiquesen cours. Dans <strong>la</strong> mesure du possible,on choisira les agents pour lesquels on adavantage de recul <strong>durant</strong> <strong>la</strong> <strong>grossesse</strong>, soitles ISRS comme <strong>la</strong> fluoxétine, <strong>la</strong> sertraline etle citalopram (tableau I).L’innocuité <strong>des</strong> nouveaux antidépresseursest re<strong>la</strong>tivement peu connue jusqu’à présent: on envisagera leur prescription dansles situations cliniques plus compliquées,dans les cas de non-réponse ou d’intoléranceaux agents mieux connus. Le profild’effets indésirables moins favorable <strong>des</strong>antidépresseurs tricycliques les relègue endeuxième recours.Poursuivre ou cesser un traitement unefois <strong>la</strong> <strong>grossesse</strong> confirméeLa décision de poursuivre ou de cesser untraitement chez une femme qui vient deconfirmer sa <strong>grossesse</strong> doit tenir compte de<strong>la</strong> gravité de <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die traitée, du risque derechute et <strong>des</strong> données accumulées sur lemédicament. Si on peut envisager l’arrêt dutraitement pour plusieurs d’entre elles, lerisque de rechute <strong>durant</strong> <strong>la</strong> <strong>grossesse</strong> estélevé et justifie un suivi étroit de l’état de <strong>la</strong>patiente. Dans une étude, les deux tiers <strong>des</strong>femmes dont <strong>la</strong> dépression était maîtrisée etayant cessé leur médication avant <strong>la</strong> conceptionont subi une rechute au cours de <strong>la</strong><strong>grossesse</strong>, comparativement à un quart <strong>des</strong>femmes ayant poursuivi leur traitement 27 .<strong>Les</strong> femmes de cette cohorte avaient cependantde lourds antécédents psychiatriques :ces chiffres peuvent être moindres dans le casd’une patiente sans comorbidités ou soustraitement pour un premier épisode dedépression. Si le traitement est poursuivi, onfavorisera une monothérapie, avec les dosesles moins élevées possibles qui permettrontde conserver une efficacité clinique.Dans le cas <strong>des</strong> <strong>grossesse</strong>s non p<strong>la</strong>nifiées,ce qui survient dans près de 50 % <strong>des</strong> cas,l’exposition embryonnaire au médicamenta déjà eu lieu, et il est souvent difficile <strong>des</strong>evrer le médicament avant <strong>la</strong> fin de l’organogenèse: même si on peut y voir d’autresavantages, le fait de cesser le traitement à cestade ne réduit pas, ou peu, les risquespotentiels de tératogenèse structurelle.Finalement, à moins d’une intolérance oud’une réponse non satisfaisante, il existe peude situations cliniques où un antidépresseurdevrait être changé pour un autre une fois <strong>la</strong><strong>grossesse</strong> amorcée, car on exposerait alors <strong>la</strong>patiente et le fœtus à plusieurs médicamentsplutôt qu’à un seul.Poursuivre le traitement pharmacologiqueà <strong>la</strong> fin de <strong>la</strong> <strong>grossesse</strong>À l’approche du troisième trimestre, l’équipetraitante et <strong>la</strong> patiente doivent discuter <strong>des</strong>symptômes néonatals possibles et soupeser cesrisques et les bienfaits de <strong>la</strong> poursuite du traitementpharmacologique. Si l’on peut être tentéde diminuer ou d’arrêter un traitement avantl’accouchement pour prévenir <strong>la</strong> survenued’un éventuel syndrome néonatal d’expositionaux antidépresseurs, rappelons que <strong>la</strong> plupart<strong>des</strong> patientes présentent <strong>des</strong> risques significatifsd’exacerbation ou de rechute de leurcondition anxiodépressive qui justifieront <strong>la</strong>poursuite du médicament à l’approche de <strong>la</strong>période postnatale. Dans <strong>la</strong> discussion avec <strong>la</strong>patiente, on doit exposer <strong>la</strong> nature et <strong>la</strong> gravité<strong>des</strong> signes habituellement observés chez lesnouveau-nés : les signes sont transitoires etpeu graves dans <strong>la</strong> grande majorité <strong>des</strong> cas etles manifestations plus graves sont égalementbeaucoup plus rares. <strong>Les</strong> données actuelles<strong>la</strong>issent penser qu’un suivi de routine est suffisantpour les enfants qui seront exposés.Le rôle du pharmacienLors de l’entrevue avec <strong>la</strong> patiente, il estavant tout essentiel de faire le point sur leshistoires médicale et pharmacologique de <strong>la</strong>patiente et de s’informer de l’évaluation dumédecin traitant de façon à conserver <strong>la</strong>cohérence du message pour <strong>la</strong> patiente etd’éviter <strong>la</strong> multiplicité <strong>des</strong> points de vue.La communication <strong>des</strong> risques peutconstituer un défi : prendre un médicamentantidépresseur <strong>durant</strong> <strong>la</strong> <strong>grossesse</strong> est ungeste chargé de significations pour unefemme qui désire bien sûr le meilleur pourson enfant à naître. Souligner les avantagesd’un état psychiatrique bien maîtrisé pourelle-même et sa famille, insister sur les bienfaitsd’un traitement pharmacologique s’il aété jugé nécessaire, expliquer les risquesconnus ou l’innocuité <strong>des</strong> médicaments enprenant le temps de préciser les limites <strong>des</strong>données actuelles et les mettre en perspectiveavec les risques de ne pas traiter, aider le coupleà interpréter les données re<strong>la</strong>yées par lesmédias comme Internet, présenter le suivipossible, voilà <strong>des</strong> interventions qui permettrontau pharmacien d’aider <strong>la</strong> patiente et lecouple à se conforter dans leur décision.Enfin, le pharmacien peut profiter <strong>des</strong>renouvellements de médicaments pouroffrir son soutien professionnel à <strong>la</strong> patienteet au couple, pour détecter les signes d’intoléranceau traitement ou de réponse insuffisanteau traitement, et pour faire le suivi àl’équipe médicale traitante (médecin, psychologue,etc.) si nécessaire.Retour sur le cas de KarineVous expliquez à Karine les connaissancesactuelles, limitées mais rassurantes, sur l’innocuitéde <strong>la</strong> ven<strong>la</strong>faxine en <strong>grossesse</strong>. Si sontraitement s’avère nécessaire <strong>durant</strong> <strong>la</strong> <strong>grossesse</strong>,<strong>la</strong> ven<strong>la</strong>faxine ne comporte pas de risquessupérieurs au risque de base d’anomaliesdans <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion générale : elle a donc97 % à 98 % <strong>des</strong> chances que son bébé sedéveloppe normalement, comme dans toutesles <strong>grossesse</strong>s. Vous profitez de <strong>la</strong> rencontreavec Karine pour l’encourager à bien prendresoin d’elle-même <strong>durant</strong> sa <strong>grossesse</strong> et àbien s’entourer d’un réseau de soutien et <strong>des</strong>oins, dont vous ferez partie. Vous lui rappelezqu’advenant <strong>des</strong> changements d’humeurimportants <strong>durant</strong> sa <strong>grossesse</strong> et <strong>durant</strong> lepost-partum, ce qui n’est pas rare, elle pourratrouver du soutien auprès de son médecin etdu CSSS qui offre <strong>des</strong> programmes de soutienpour les jeunes parents. Vous adressez Karineà son médecin pour discuter <strong>des</strong> autres aspectsde sa question, et notamment <strong>des</strong> risquespotentiels à cesser son traitement comptetenu de son histoire de dépression. Enfin, vouslui recommandez de débuter une multivitaminecontenant 0,4 à 1 mg d’acide folique.Conclusion<strong>Les</strong> antidépresseurs sont parmi les médicamentsles plus étudiés <strong>durant</strong> <strong>la</strong> <strong>grossesse</strong> et <strong>la</strong>somme croissante <strong>des</strong> données aide heureusementles professionnels de <strong>la</strong> santé à délimiterde mieux en mieux les risques et les bienfaitsdu traitement psychopharmacologique.Le traitement <strong>des</strong> troubles de l’humeur et liésà l’anxiété en période périnatale pose également<strong>des</strong> défis de communication qui demandentaux pharmaciens d’apporter leur soutienà <strong>des</strong> patientes souvent inquiètes, et quimettent en lumière l’importance du travailinterdisciplinaire auprès de cette clientèle. n18 Québec Pharmacie vol. 56 n° 5 septembre 2009

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