D’une page à l’autreÉtude coût-efficacité évaluant l’impactde conseils téléphoniques sur l’observance aprèsle début d’une thérapie chroniqueTexte rédigé par Alexandre Guichard,étudiant en 5 e année hospitalo-universitaire,Université de Dijon, France, Mariève Simoncelli,B. Pharm., candidate à <strong>la</strong> maîtrise en sciencespharmaceutiques, et Jean-François Bussières,B. Pharm., M.Sc., M.B.A., FCSHP, Département depharmacie et Unité de recherche en pratiquepharmaceutique, CHU Sainte-Justine.Texte original soumis le 4 octobre 2008.Texte final remis le 19 janvier 2009.Révision : Nico<strong>la</strong>s Paquette-Lamontagne,B. Pharm., M.Sc., M.B.A.ObjectifÉvaluer si un service de conseils téléphoniquesprodigués par un pharmacien représenteune intervention coût-efficace chez<strong>des</strong> patients recevant une première ordonnancepour une thérapie chronique.P<strong>la</strong>n de l’étudeÉtude coût-efficacité réalisée à partir <strong>des</strong>données provenant d’une étude cliniquecontrôlée avec répartition aléatoire ayantévalué l’effet d’un suivi téléphonique effectuépar un pharmacien. L’étude pharmacoéconomiquea été approuvée par leLondon Multi-Centre Research EthicsCommittee et financée par un programmegouvernemental de recherche britannique.LieuL’étude clinique regroupait 500 patientsprovenant de 40 pharmacies communautairessituées dans 8 régions de l’Angleterre.Participants<strong>Les</strong> patients recrutés devaient recevoir unepremière ordonnance pour le traitementd’une ma<strong>la</strong>die chronique (accident vascu<strong>la</strong>irecérébral, ma<strong>la</strong>die cardiovascu<strong>la</strong>ire, asthme,diabète ou arthrite rhumatoïde) et être âgésd’au moins 75 ans. Après le recrutement, lepharmacien d’officine remettait au patientune enveloppe scellée lui indiquant le groupeauquel il devait appartenir (intervention outémoin). <strong>Les</strong> patients qui ne comprenaient oune lisaient pas l’ang<strong>la</strong>is ont été exclus ainsique ceux ne disposant pas d’un téléphone.InterventionsDeux semaines après le recrutement et ledébut du traitement, le patient a été contactéau téléphone par un pharmacien. L’interventioncomprenait une entrevue semi-structuréeainsi qu’une liste aide-mémoire <strong>des</strong> élémentsà discuter. Elle repose sur <strong>la</strong> théoriedu self-regu<strong>la</strong>tory model (SRM) qui reconnaîtl’utilité de recourir à <strong>des</strong> stimuli internes(p. ex., comment vous sentez-vous ?)et externes (p. ex., conseil d’un professionnelde <strong>la</strong> santé) afin d’influencer un comportement.L’intervention vise à conseiller le patienten tenant compte <strong>des</strong> problèmes liés à <strong>la</strong> pharmacothérapiequ’il mentionne.MesuresL’issue principale de l’étude clinique estl’inobservance rapportée par le patient etest définie comme au moins une dose demédicament non prise dans les sept derniersjours. L’observance et les coûts ont étéévalués à partir d’un entretien téléphoniqueréalisé auprès du patient quatre semainesaprès le recrutement. L’issue principale del’étude économique est le rapport coût-efficacitédu suivi téléphonique du pharmacienutilisé afin d’accroître l’observance. <strong>Les</strong>coûts incluent les coûts directs de recoursau système de santé et les coûts de l’interventionpharmaceutique (contact parl’équipe de recherche, formation du pharmacien,temps requis pour l’intervention).AnalyseUn arbre décisionnel a été mis au point afinde calculer un rapport coût-efficacité différentiel(RCED) (le coût pour qu’un patientadditionnel soit observant). Une courbed’acceptabilité coût-efficacité permet égalementde déterminer <strong>la</strong> probabilité que leRCED soit inférieur à <strong>la</strong> capacité de payermaximale du décideur.RésultatsAu total, 500 patients ont été recrutés et8 patients ont été exclus pour un total de255 patients dans le groupe intervention (tauxd’abandon de 12 %) et 237 patients dans legroupe témoin (taux d’abandon de 19 %).Pour l’analyse économique, 205 pa tients ontété retenus. L’inobservance à 4 semaines étaitsignificativement moins élevée dans le groupeintervention (11 %) que dans le groupetémoin (19 %) (p < 0,05). <strong>Les</strong> auteurs ontextrapolé ces résultats à huit semaines postrecrutement.Le pharmacien procédant ausuivi téléphonique a réalisé en médiane unappel par patient pour une durée médiane de12 minutes par appel pour l’intervention etsix minutes pour les formalités administratives.<strong>Les</strong> patients <strong>des</strong> deux groupes ont eurecours aux mêmes services de santé, maisles coûts reliés par patient ont été significativementplus élevés dans le groupe témoinque dans le groupe intervention (282 £contre 177 £). Le rapport coût-efficacité différentielmoyen était de -2168 £ pour chaque28 Québec Pharmacie vol. 56 n° 5 septembre 2009
Étude coût-efficacité évaluant l’impact de conseils téléphoniquessur l’observance après le début d’une thérapie chroniquepatient observant supplémentaire. Cettestratégie est donc dominante (plus efficace etmoins coûteuse que le fait de ne pas intervenir)et génère <strong>des</strong> économies. La courbed’acceptabilité montre également que <strong>la</strong> probabilitéque cette intervention soit coût-efficaceest de 90 % en considérant que le décideura une capacité de payer nulle.Conclusion de l’étudeLa mise en p<strong>la</strong>ce d’un service de conseilstéléphoniques par un pharmacien est uneintervention coût-efficace selon <strong>la</strong> perspectivetiers-payeur publique britannique etpeut améliorer l’observance chez <strong>des</strong>patients débutant un traitement chronique.DiscussionOn reconnaît que l’inobservance est unphénomène complexe et multifactoriel.Selon l’Organisation mondiale de <strong>la</strong> santé(OMS), « l’impact de <strong>la</strong> non-observanceaugmente avec le fardeau <strong>des</strong> ma<strong>la</strong>dies chroniques». L’inobservance peut atteindrejusqu’à 30 % <strong>des</strong> patients dès <strong>la</strong> deuxièmesemaine de traitement et sa fréquence généraleest de 30 % à 50 %. Bien qu’il s’agissed’une priorité de santé, les auteurs soulignentqu’il existe un nombre limité d’étu<strong>des</strong>ayant montré un impact positif et durabled’une intervention sur l’observance. Il existetrès peu de données sur le rapport coût-efficacitéde telles interventions.<strong>Les</strong> auteurs reconnaissent plusieurs limites.La principale est que l’étude cliniquen’a pas été conçue afin de réaliser une étudeéconomique et que sa puissance statistiqueest limitée. Le seuil utilisé pour définirl’inobservance ne fait référence qu’à uneseule de ses facettes (dose non prise), alorsque le moment de <strong>la</strong> prise et le respect <strong>des</strong>précautions n’ont pas été considérés. Laméthode de mesure de l’observance, quiest autorapportée, peut introduire un biaisde désirabilité sociale pouvant surestimerl’observance. La proportion élevée de pertesau suivi dans chacun <strong>des</strong> groupes et <strong>la</strong>durée limitée du suivi constituent d’autreslimites. En effet, une période de huit semainesest insuffisante afin d’évaluer l’impactréel de l’intervention sur l’observance àune thérapie chronique et les résultats <strong>des</strong>anté. Il aurait été intéressant de ciblerune seule pathologie puisque les ressourcesde santé consommées sont spécifiques.On peut se demander si les causesréelles de l’inobservance ont été prises encompte puisqu’un patient pourrait omettreune dose en raison d’un changementposologique recommandé par son médecin.La définition de l’observance impliqueégalement <strong>la</strong> notion d’adhésion auxrecommandations.Cette étude apporte un double éc<strong>la</strong>irage :une intervention simple et ciblée comme leconseil téléphonique chez un groupe depatients donné peut augmenter l’observanceet cette intervention peut être coûtefficace.Parce qu’il existe un nombre limitéd’étu<strong>des</strong> bien conçues montrant l’impactfavorable d’une intervention peu coûteusesur l’observance, cette étude devrait êtrerépétée à plus <strong>la</strong>rge échelle dans un systèmede soins canadien. nRéférenceElliott RA, Barber N, Clifford S, Horne R, Hartley E. The cost effectiveness of a telephone-basedadvisory service to improve adherence to newly prescribed medicines.Pharm World Sci 2008; 30:17-23.Autre lecture suggéréeClifford S, Barber N, Elliott R, Hartley E, Horne R. Patient-centred advise is effectivein improving adherence to medicines. Pharm World Sci 2006; 28:165-70.Question de formation continue7) Parmi les énoncés suivants concernant l’impactd’un suivi téléphonique de pharmaciens auprès<strong>des</strong> patients, lequel est vrai ?A. La fréquence de l’inobservance est de 50 % dès<strong>la</strong> deuxième semaine.B. 205 patients ont été retenus pour l’analyse économique,et l’inobservance à 4 semaines était significativementmoins élevée dans le groupe intervention (11 %) parrapport au groupe témoin (19 %) (p < 0,05).C. La principale limite de l’analyse économique est <strong>la</strong>proportion élevée de pertes au suivi dans le groupeintervention.D. L’intervention décrite a une probabilité de 85 % d’êtrecoût-efficace si <strong>la</strong> capacité de payer est nulle.E. Le pharmacien procédant au suivi téléphonique aréalisé un appel par patient pour une durée médianede six minutes par appel.Veuillez reporter votre réponse dans le formu<strong>la</strong>irede <strong>la</strong> page 90 RBC DOMINION VALEURS MOBILIÈRESVotre prescription pour un bonnegestion de votre patrimoineReconnu comme l’un <strong>des</strong> meilleurs conseillers enp<strong>la</strong>cement à Montréal, Francis M. Turcotte offreune gamme complète de services de gestion depatrimoine répondant aux objectifs particulierstel un professionnel pharmaceutique.Pour plus de renseignements, veuillez communiquer avec:“Construire autour de vous, pour vous”Gestion de patrimoineprofessionnelle depuis 1901Francis M. Turcotte, B. 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