Infarctus du myocarde avec élévation du ... - Profession Santé
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Québec<br />
Pharmacie<br />
la référence en<br />
formation continue<br />
Avril - mai 2013 vol. 60 n˚2<br />
<strong>Infarctus</strong><br />
<strong>du</strong> <strong>myocarde</strong><br />
<strong>avec</strong> élévation<br />
<strong>du</strong> segment ST<br />
21<br />
Troubles d’éjaculation<br />
associés à la silodosine<br />
(Rapaflo MD )<br />
7<br />
Le liraglutide<br />
(Victoza MD )<br />
13<br />
Loi 41 :<br />
où en sommes-nous <br />
31<br />
4 UFC de l’OPQ<br />
PP 40070230<br />
1200, avenue McGill College, bureau 800, Montréal (QC) H3B 4G7
Québec<br />
Pharmacie<br />
sommaire<br />
Avril - mai 2013<br />
vol. 60 | n° 2<br />
60<br />
a n s<br />
fondée en 1953<br />
Éditrice Groupe SantÉ<br />
caroline Bélisle, 514 843-2569, caroline.belisle@rci.rogers.com<br />
directeur deS rÉdactionS, Groupe SantÉ<br />
rick campbell, 416 764-3891, rick.campbell@rci.rogers.com<br />
directrice de la rÉdaction<br />
caroline Baril, 514 843-2573, caroline.baril@rci.rogers.com<br />
Éditorial<br />
Souffrez-vous<br />
de TAP <br />
Équipe Éditoriale<br />
rÉdacteur en chef<br />
Jean-françois Guévin, B. pharm., M.B.a., pharm. d.<br />
rÉdactrice en chef adJointe<br />
céline léveillé-imbeault, B. pharm., M. Sc.<br />
adJointe à la directrice de la rÉdaction<br />
Mélanie alain<br />
direction artiStique<br />
dino peressini<br />
GraphiSte<br />
Jocelyne demers<br />
intÉGrateur WeB<br />
Jonathan favreau<br />
GeStionnaire deS proJetS SpÉciaux<br />
chantal Benhamron<br />
ComitÉ de rÉdaCtion<br />
Avez-vous enten<strong>du</strong> parler de...<br />
Mélanie caouette, B. pharm., M. Sc.<br />
caroline Sirois, B. pharm., M. Sc., ph. d.<br />
À vos soins<br />
Sarah Saudrais Janecek, B. pharm.<br />
Sophie Grondin, B. pharm., M. Sc.<br />
À votre service sans ordonnance<br />
nancy desmarais, B. pharm.<br />
Julie Martineau, B. pharm.<br />
D’une page à l’autre<br />
nicolas paquette-lamontagne, B. pharm., M. Sc., M.B.a.<br />
Place aux questions<br />
noura a. Shahid, B. pharm.<br />
Les pages bleues<br />
Stéphanie Biron, B. pharm.<br />
Sarah Girard, pharm. d.<br />
caroline Morin, B. pharm., M. Sc.<br />
Pharmacovigilance<br />
christine hamel, B. pharm., M. Sc.<br />
Santé publique<br />
Marie-Jahelle desjardins, B. pharm.<br />
Technologies<br />
Jean-françois Bussières, B. pharm., M. Sc., M.B.a.<br />
pour nous joindre<br />
québec pharmacie, 1200 avenue McGill college, bureau 800, Montréal (québec) h3B 4G7<br />
tél. : 514 845-5141, téléc. : 514 843-2184, courriel : quebecpharmacie@rci.rogers.com<br />
abonnement ou Changement d’adresse<br />
1200, McGill college, bureau 800, Montréal (québec) h3B 4G7<br />
publiCitÉ<br />
directeurS de coMpteS<br />
MontrÉal<br />
Josée plante, 514 843-2953<br />
pauline Shanks, 514 843-2558<br />
nancy <strong>du</strong>mont, 514 843-2132<br />
toronto<br />
teresa tsuji, 416 764-3905<br />
norman cook, 416 764-3918<br />
Sara Mills, 416 764-4150<br />
Stephen Kranabetter, 416 764-3822<br />
Scott tweed, 1 800 668-8151<br />
Joe Sawaged, 1 800 262-5135<br />
coordonnatrice de la pro<strong>du</strong>ction<br />
rosalina lento, 514 843-2557<br />
les Éditions rogers media<br />
Kenneth Whyte, président<br />
patrick renard, Vice-président, finances<br />
Janet Smith, Éditrice exécutive, Groupe Santé<br />
david carmichael, directeur général<br />
des activités en ligne<br />
tricia Benn, directrice principale,<br />
Études de marché, rogers connecte<br />
dépôt légal : Bibliothèque nationale <strong>du</strong> québec,<br />
Bibliothèque nationale <strong>du</strong> canada iSSn 0826-9874.<br />
toutes les annonces de pro<strong>du</strong>its pharmaceutiques<br />
sur ordonnance ont été approuvées par le<br />
conseil consultatif de publicité pharmaceutique.<br />
envoi de poste – publications,<br />
convention nº 40070230.<br />
5<br />
À vos soins<br />
Troubles d’éjaculation<br />
associés à la prise de<br />
silodosine (Rapaflo MD )<br />
7<br />
Les pages bleues<br />
Syndrome<br />
coronarien<br />
aigu : STEMI et<br />
traitement à<br />
long terme<br />
21<br />
Avez-vous enten<strong>du</strong><br />
parler de...<br />
Le liraglutide<br />
(Victoza MD )<br />
Santé publique<br />
Loi 41 : où en<br />
sommes-nous <br />
13<br />
31<br />
D’une page à l’autre<br />
Charge de travail, stress et satisfaction<br />
<strong>du</strong> pharmacien communautaire 35<br />
Bon usage des médicaments : rétroaction<br />
électronique vs intervention par<br />
un pharmacien dans les GMF 36<br />
coordonnatrice de la diffuSion<br />
francine Beauchamp, 514 843-2594, téléc. : 514 843-2182, francine.beauchamp@rci.rogers.com<br />
tarifs : canada : 76 $ par année, 113 $ pour 2 ans, 8 $ l’exemplaire. tarif de groupe/vrac : 61 $<br />
(min. 6 exemplaires). États-unis et international (abonnement indivi<strong>du</strong>el seul.) : 110 $ par année.<br />
taxes en vigueur non comprises.<br />
Québec Pharmacie est imprimée par imprimeries transcontinental<br />
et est publié 8 fois l’an par rogers Media.<br />
Vous pouvez consulter notre politique environnementale à :<br />
www.leseditionsrogers.ca/propos_nous/politique_environnement.shtml<br />
Questions de<br />
FC<br />
Répondez en ligne sur<br />
www.professionsante.ca,<br />
section Ma FC en ligne;<br />
rechercher Québec Pharmacie,<br />
avril – mai 2013.<br />
Date limite : 22 avril 2014.<br />
Donne 4 UFC.<br />
www.<strong>Profession</strong>sante.ca | Avril – mAi 2013 | Québec Pharmacie | 3
éditorial<br />
Céline Léveillé-Imbeault, B. Pharm., M. Sc.<br />
Rédactrice en chef adjointe<br />
Souffrez-vous de TAP<br />
Selon la première et unique édition <strong>du</strong> DSM-C (Manuel diagnostique et<br />
statistique des troubles mentaux pharmaceutiques selon Céline), le<br />
trouble d’anxiété psycho-pharmaceutique (TAP) se caractérise par de<br />
l’anxiété et de l’inquiétude excessives et parfois incontrôlables concernant<br />
la pratique pharmaceutique. Il est couramment accompagné de symptômes<br />
somatiques. Parmi les plus courants, notons l’agitation, la fatigabilité,<br />
les difficultés de concentration, l’irritabilité et les tensions musculaires. Ces<br />
symptômes se manifestent généralement dans le contexte <strong>du</strong> travail mais<br />
peuvent aussi survenir dans d’autres circonstances selon la gravité de l’atteinte.<br />
Une détresse psychologique et une altération <strong>du</strong> fonctionnement<br />
sont les signes indiquant une forte atteinte. Le facteur de risque le plus commun<br />
est d’être pharmacien communautaire.<br />
Depuis quelque temps, j’ai des vertiges, des palpitations, une sensation de<br />
fébrilité face aux nouvelles activités conférées par la fameuse loi 41. Comme<br />
plusieurs d’entre nous, je souffre de TAP. Plusieurs questions, tant organisationnelles,<br />
financières que professionnelles, hantent mon esprit soucieux<br />
de la bonne voie de la profession.<br />
Pourquoi souffrir d’un tel mal maintenant C’est ce qu’on souhaitait en<br />
tant que profession, non Mon analyse se résume ainsi : les rêves ne sont<br />
pas très inquiétants, la réalité l’est autrement.<br />
Pour ma part, l’élément déclencheur fut la déclaration <strong>du</strong> Dr Réjean<br />
Hébert, ministre de la Santé et des Service sociaux, en décembre dernier, qui<br />
souhaitait que la population puisse bénéficier de ces nouveaux services au<br />
printemps 2013. « Euh ! C’est comme demain matin, ça ! » Je souhaite que nos<br />
organisations nous laissent le temps de nous préparer adéquatement à cette<br />
révolution. Je ne parle pas ici de reporter indéfiniment la mise en application<br />
mais bien de prendre le temps de former la majorité d’entre nous, d’examiner<br />
plus attentivement nos nouvelles obligations, notamment les formulaires de<br />
liaison <strong>avec</strong> les médecins, et de régler l’épineuse question de la rémunération.<br />
Il ne faudrait pas tomber quelques mètres après la ligne de départ.<br />
En attendant, voici un<br />
acronyme, de mon cru, résumant<br />
mes réflexions afin de mieux<br />
contrôler le TAP. ■<br />
Mesures non pharmacologiques <strong>du</strong> TAP<br />
B<br />
E<br />
N<br />
Z<br />
O<br />
But : Ne pas oublier que l’objectif premier de ces nouvelles<br />
activités est le bien-être des patients et leur accès aux soins<br />
de première ligne.<br />
Équipe : Faites équipe <strong>avec</strong> vos collègues, les ATP, vos patients et<br />
leurs méde cins. Recentrez-vous sur le « B » lorsque vous sentez des<br />
dérapages.<br />
Nidation : Acceptez que l’instauration de ces nouvelles<br />
pratiques sera longue mais combien gratifiante. Faites votre<br />
nid une brindille à la fois, c’est le printemps après tout !<br />
Zen : Prenez le temps de respirer, ayez <strong>du</strong> plaisir au travail,<br />
régénérez-vous dans d’autres activités que la pharmacie et<br />
faites-vous aider à gérer votre stress si vous en ressentez le besoin.<br />
Organisation : Revoyez en profondeur vos méthodes de<br />
travail <strong>avec</strong> vos collègues, soyez créatifs. Faites un suivi régulier<br />
des changements apportés. Acceptez de ne pas répondre aux<br />
besoins de vos patients sur-le-champ, donnez des rendez-vous.<br />
Gagnez <strong>du</strong> temps<br />
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Seulement chez<br />
80938_PUB_Quebec PharmacieB 1<br />
www.<strong>Profession</strong>sante.ca | avril – mai 2013 | Québec 12-10-01 Pharmacie 3:52 PM | 5
à vos soins<br />
Texte rédigé par Amina Bouaita,<br />
étudiante en 4 e année <strong>du</strong> Pharm. D.,<br />
Université de Montréal, et<br />
François P. Turgeon, B. Pharm., M. Sc.,<br />
Pharmacie François P. Turgeon.<br />
Texte original soumis<br />
le 26 décembre 2012.<br />
Texte final soumis<br />
le 4 février 2013.<br />
Révision : Sophie Grondin, B. Pharm., M. Sc.,<br />
Pharmacie Félice Saulnier.<br />
Les auteurs et la réviseure scientifique ne déclarent aucun conflit d’intérêts lié à la rédaction de cet article.<br />
Troubles d’éjaculation associés à la prise de silodosine<br />
(Rapaflo MD )<br />
Objectifs d’apprentissage:<br />
1. Expliquer les mécanismes d’action possibles selon lesquels la silodosine engendre un dysfonctionnement de l’éjaculation.<br />
2. Connaître la différence de risque de troubles d’éjaculation entre les différents antagonistes des récepteurs α-1A-adrénergiques.<br />
Présentation <strong>du</strong> patient<br />
Monsieur M.F., 75 ans, se présente à la pharmacie<br />
pour des troubles éjaculatoires, caractérisés<br />
par un volume de sperme plus faible<br />
et/ou une anéjaculation. Ce problème le<br />
gêne excessivement. Il est apparu il y a deux<br />
semaines, coïncidant <strong>avec</strong> l’instauration de<br />
la silodosine. Le patient prenait de l’ alfuzosine<br />
(Xatral MD ) depuis deux ans, mais son<br />
médecin l’a remplacée par de la silodosine<br />
sans raison spécifique.<br />
Discussion<br />
L’hypertrophie bénigne de la prostate pose souvent<br />
un problème de flot urinaire que le patient<br />
ressent comme une envie d’uriner plus fréquente<br />
ou nocturne, <strong>avec</strong> un débit urinaire faible<br />
et une sensation de vidange incomplète. Ce<br />
problème est causé par une obstruction mécanique<br />
de l’urètre, en raison d’une hyperplasie<br />
de la prostate ainsi que d’une obstruction fonctionnelle<br />
découlant d’une contraction des<br />
muscles lisses et augmentant la résistance au<br />
passage de l’urine dans l’urètre 1 . Les antagonistes<br />
des récepteurs α-1–adrénergiques sont les<br />
médicaments de premier recours pour ré<strong>du</strong>ire<br />
les symptômes de flot urinaire liés à l’hypertrophie<br />
bénigne de la prostate 1,2 .<br />
La silodosine a été approuvée par Santé<br />
Canada en janvier 2011. Commercialisée sous<br />
le nom de Rapaflo, elle est indiquée pour le traitement<br />
de l’hypertrophie bénigne de la prostate.<br />
C’est un antagoniste sélectif des récepteurs<br />
α-1A–adrénergiques de la prostate et de la vessie.<br />
Le blocage de ces récepteurs engendre une<br />
relaxation des fibres musculaires lisses <strong>du</strong> col<br />
vésical et de l’urètre prostatique. L’avantage de<br />
la silodosine est qu’elle a peu d’affinité pour les<br />
récepteurs vasculaires de type α-1B–adrénergiques<br />
et est considérée comme 40 fois plus<br />
sélective pour les récepteurs α-1A–adrénergiques<br />
que la tamsulosine (Flomax MD ). Par conséquent,<br />
elle cause moins d’hypotension que les<br />
autres molécules de la même famille. C’est un<br />
substrat important de l’isoenzyme CYP3A4 et<br />
de la glycoprotéine-P. Les principaux effets<br />
indésirables sont les suivants : éjaculation<br />
rétrograde (28,1 %), vertiges (3,2 %) et hypotension<br />
orthostatique (2,6 %) 3 .<br />
Le mécanisme d’éjaculation normal est<br />
enclenché par la stimulation <strong>du</strong> système nerveux<br />
sympathique. Cela se tra<strong>du</strong>it par la<br />
contraction de l’épididyme, des canaux déférents,<br />
des vésicules séminales et de la prostate,<br />
et mène à l’entrée <strong>du</strong> fluide séminal dans l’urètre.<br />
Il s’ensuit l’expulsion <strong>du</strong> sperme par des<br />
contractions saccadées de la base de l’urètre<br />
vers le méat urétral aboutissant à l’éjaculation.<br />
Jusqu’à présent, le mécanisme d’action exact<br />
par lequel la silodosine engendre un dysfonctionnement<br />
de l’éjaculation n’a pas été clairement<br />
élucidé. L’opinion conventionnelle penche<br />
en faveur de l’éjaculation rétrograde, plus<br />
précisément l’afflux rétrograde <strong>du</strong> liquide<br />
séminal. En effet, au lieu de sortir par le méat<br />
urétral, le sperme prend un chemin rétrograde<br />
et est envoyé en arrière, vers la vessie, probablement<br />
en raison d’une mauvaise contraction <strong>du</strong><br />
sphincter <strong>du</strong> col vésical 4 . Dans l’autre hypothèse,<br />
les récepteurs α-1A-adrénergiques sont<br />
prédominants dans les vésicules séminales<br />
(75 %). Ainsi, en se liant à ces récepteurs, la silodosine<br />
in<strong>du</strong>it une diminution des contractions<br />
au niveau des vésicules séminales. Cela entraîne<br />
une ré<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> liquide séminal dans le<br />
con<strong>du</strong>it éjaculatoire. Par conséquent, il n’y pas<br />
d’éjaculation rétrograde, mais plutôt une<br />
ré<strong>du</strong>ction de l’émission <strong>du</strong> liquide séminal 2 .<br />
Plusieurs études ont démontré que les bloqueurs<br />
des récepteurs α-1A–adrénergiques<br />
peuvent in<strong>du</strong>ire des désordres éjaculatoires.<br />
Cela est étroitement lié à l’affinité que peuvent<br />
avoir ces antagonistes vis-à-vis des récepteurs<br />
α-1A-adrénergiques. De ce fait, la silodosine<br />
présente un haut risque de troubles éjaculatoires<br />
(environ de 20 % à 30 %), comparativement<br />
à la tamsulosine CR (environ 2 %). Cet effet<br />
n’est pas observé <strong>avec</strong> l’alfuzosine 1,3 .<br />
S<br />
O<br />
A<br />
P<br />
Le patient se plaint d’éjaculations<br />
anormales et/ou insuffisantes<br />
depuis la prise de Rapaflo<br />
8 mg die, débuté le<br />
27 octobre 2012.<br />
Patient de 75 ans.<br />
Pas d’allergie connue.<br />
Médication actuelle :<br />
amlodipine 5 mg die AM.<br />
Rapaflo 8 mg die hs.<br />
Médication récemment<br />
cessée : Xatral 10 mg die hs.<br />
La silodosine a démontré<br />
qu’elle pouvait causer une<br />
éjaculation rétrograde, chez<br />
28,1 % des patients. Cela est<br />
étroitement lié à sa grande<br />
affinité pour les récepteurs<br />
α-1A–adrénergiques. Sachant<br />
que les symptômes <strong>du</strong> patient<br />
étaient bien maîtrisés <strong>avec</strong><br />
l’alfuzosine et que celle-ci ne<br />
lui a pas causé de trouble<br />
éjaculatoire, il est raisonnable<br />
de réinstaurer ce médicament<br />
et de cesser le silodosine.<br />
Prendre contact <strong>avec</strong> le<br />
médecin afin de lui suggérer<br />
de remplacer la silodosine par<br />
l’alfuzosine 10 mg die hs.<br />
Rédiger une opinion<br />
pharmaceutique. Faire le suivi<br />
<strong>avec</strong> le patient dans quatre à<br />
sept jours pour réévaluer la<br />
présence de troubles<br />
éjaculatoires.<br />
www.<strong>Profession</strong>sante.ca | avril – Mai 2013 | Québec Pharmacie | 7
PP 40070230<br />
1200, avenue McGill College, bureau 800, Montréal (QC) H3B 4G7<br />
QP02_001_ƒ.indd 7 13-04-11 14:31<br />
à vos soins<br />
réinstaurer ce médicament. L’autre option de<br />
traitement acceptable est la substitution par<br />
un α-1A–adrénergique moins spécifique, tel<br />
que la tamsulosine CR. ■<br />
Acte pharmaceutique facturable<br />
Opinion pharmaceutique facturable : remplacer<br />
un pro<strong>du</strong>it par un autre pour cause d’effet<br />
indésirable (DIN 023616710).<br />
Le patient est très incommodé par ce trouble.<br />
Par conséquent, il est recommandé de cesser<br />
immédiatement le médicament puisque le<br />
problème est réversible à l’arrêt 2 . À noter que<br />
dans une étude, bien que 22,3 % des patients<br />
aient rapporté des troubles éjaculatoires, seulement<br />
2,9 % d’entre eux ont cessé le traitement,<br />
toutes causes confon<strong>du</strong>es 1 . Sachant que<br />
le temps de demi-vie de la silodosine est de<br />
13 heures, il faut prévoir environ quatre jours<br />
pour un retour à la normale. Puisque l’état <strong>du</strong><br />
patient était bien maîtrisé <strong>avec</strong> l’alfuzosine et<br />
que ce dernier ne cause pas de dysfonctionnements<br />
éjaculatoires, il est raisonnable de<br />
Opinion pharmaceutique<br />
Bonjour Docteur,<br />
Monsieur M.F., 75 ans, utilisait l’alfuzosine 10 mg une fois par jour pour des symptômes urinaires<br />
découlant d’une hypertrophie bénigne de la prostate. Il y a deux semaines, ce médicament a été remplacé<br />
par de la silodosine 8 mg une fois par jour. Depuis cette modification, le patient rapporte des<br />
troubles éjaculatoires (ré<strong>du</strong>ction de la quantité de sperme ou absence d’éjaculat), tout en conservant<br />
une bonne maîtrise de ses symptômes urinaires. La silodosine a été liée à un plus grand risque de<br />
troubles éjaculatoires que les autres bloqueurs des récepteurs α-1A–adrénergiques (tamsulosine et<br />
alfuzosine), probablement à cause de sa plus grande affinité pour ces récepteurs. Étant donné que le<br />
patient ne présentait pas ce problème <strong>avec</strong> l’alfuzosine, je vous suggère de cesser la silodosine et de<br />
réinstaurer l’alfuzosine à raison de 10 mg une fois par jour. Le problème éjaculatoire devrait disparaître<br />
en une semaine, ce que je pourrai vérifier auprès <strong>du</strong> patient, tout comme le contrôle des problèmes<br />
urinaires qui devrait se maintenir <strong>avec</strong> le changement de molécule.<br />
Le pharmacien<br />
références : 1. Kawabe K. et coll. Silodosin, a new α-1A-adrenoceptor-sélective antagonist for treating benign hyperplasia: Results of phase III randomized, placebocontrolled,<br />
double-blind study in Japanese men. Journal of Urology 2006; 98: 1019-24. 2. Hisasue SI, et coll. Ejaculatory disorder caused by alpha-1 adrenoceptor antagonists<br />
is not retrograde ejaculation but a loss of seminal emission. International Journal of Urology 2006; 13: 1311-6. 3. Talbert RL, DiPiro JT, Matzke GR, Posey LM, Wells BG, Yee GC. Chapter 93.<br />
Benign Prostatic Hyperplasia. Dans : Talbert RL, DiPiro JT, Matzke GR, Posey LM, Wells BG, Yee GC, eds. Pharmacotherapy: A Pathophysiologic Approach. 8 e edition. New York: McGraw-<br />
Hill; 2011. [Consulté le 28 novembre 2012.] www.accesspharmacy.com/content.aspxaID=7994823. 4. Nagai A, et coll. Ejaculatory dysfunction caused by the new a1-blocker Silodosin:<br />
A preliminary study to analyze human ejaculation using color Doppler ultrasonography. International Journal of Urology 2008; 15: 915-8.<br />
Les références portant un code de couleur indiquent au lecteur qu’il s’agit des références principales de l’article telles que choisies par les auteurs et/ou les réviseurs scientifiques.<br />
Question de<br />
FC<br />
Répondez en ligne sur www.professionsante.ca,<br />
section Ma FC en ligne; rechercher Québec Pharmacie, avril-mai 2013.<br />
Date limite : 22 avril 2014. Donne 4 UFC.<br />
1. Quel énoncé est vrai <br />
A La tamsulosine est plus sélective pour les récepteurs α-1A–adrénergiques<br />
que la silodosine et l’alfuzosine; d’où la présence de troubles<br />
éjaculatoires.<br />
B La silodosine est plus sélective pour les récepteurs α-1B–adrénergiques<br />
que la tamsulosine et l’alfuzosine; d’où l’apparition d’hypotension<br />
orthostatique.<br />
C<br />
D<br />
La silodosine est plus sélective pour les récepteurs α-1A–adrénergiques<br />
et moins sélective pour les récepteurs α-1B–adrénergiques que la<br />
tamsulosine et l’alfuzosine; d’où la présence de troubles éjaculatoires<br />
et le faible risque d’hypotension orthostatique.<br />
Les troubles éjaculatoires secondaires à la silodosine sont irréversibles.<br />
Québec<br />
pharmacie<br />
Québec<br />
Pharmacie<br />
La référence en<br />
formation continue<br />
Avril - mai 2013 vol. 60 n˚ 2<br />
Lire son exemplaire<br />
de Québec Pharmacie …<br />
<strong>Infarctus</strong><br />
<strong>du</strong> <strong>myocarde</strong><br />
<strong>avec</strong> élévation<br />
<strong>du</strong> segment ST<br />
21<br />
Troubles d’éjaculation<br />
associés à la silodosine<br />
(Rapaflo MD )<br />
7<br />
Le liraglutide<br />
(Victoza MD )<br />
13<br />
Loi 41 :<br />
où en sommes-nous <br />
31<br />
… et faire sa formation<br />
continue en ligne<br />
4 UFC DE L’OPQ<br />
8 | Québec Pharmacie | avril – Mai 2013 | www.<strong>Profession</strong>sante.ca
avez-vous<br />
enten<strong>du</strong><br />
parler de...<br />
Texte rédigé par Isabelle Dupont, B. Pharm., M. Sc.,<br />
pharmacienne, Pharmacie Isabelle Dupont et Hôpital<br />
Brome-Missisquoi-Perkins, Cowansville.<br />
Texte original soumis<br />
le 30 novembre 2011.<br />
Texte final remis<br />
le 27 août 2012.<br />
Révision: Sophya Berrada, B. Pharm., M. Sc.,<br />
pharmacienne, Pharmacie Consolante, Delli Colli,<br />
Caron et Loranger, conférencière invitée,<br />
Faculté de pharmacie, Université de Montréal.<br />
Le liraglutide (Victoza MD )<br />
L’auteure et la réviseure scientifique ne déclarent aucun conflit d’intérêts lié à la rédaction de cet article.<br />
Objectifs d’apprentissage:<br />
1. Comprendre les mécanismes d’action <strong>du</strong> liraglutide.<br />
2. Être en mesure d’identifier les limites des études actuelles sur le liraglutide et de déterminer sa place dans la thérapie.<br />
3. Identifier les patients pour qui l’utilisation de ce médicament pourrait être bénéfique.<br />
4. Informer les patients sur l’utilisation et les effets indésirables <strong>du</strong> liraglutide.<br />
S:10”<br />
Présentation <strong>du</strong> patient<br />
Monsieur X vous rencontre afin de discuter<br />
d’un nouveau médicament, le liraglutide<br />
(Victoza MD ). Lors de sa plus récente visite<br />
médicale, son médecin lui a appris que son<br />
diabète s’était détérioré. Étant donné qu’il<br />
prend déjà de la metformine (Glucophage<br />
MD ) et <strong>du</strong> glyburide (Diabeta MD ) à des<br />
doses maximales, son médecin envisage<br />
l’ajout de liraglutide. Pour cette raison, il<br />
désire connaître les principaux avantages de<br />
cet agent et ses effets secondaires, et souhaite<br />
que vous lui disiez si ce médicament<br />
est une bonne option pour lui.<br />
T:10.75”<br />
I Mécanismes d’action des incrétines endogènes 2,4,5,7,8<br />
Glucagon-like peptide 1 (GLP-1)<br />
SéCrétIonS<br />
Cellules L de l’iléon distal et <strong>du</strong> côlon<br />
mo<strong>du</strong>lées par la quantité de glucose<br />
MéCanISMeS D’aCtIon<br />
Libération glucodépendante d’insuline<br />
Inhibe la sécrétion de glucagon<br />
et de somatostatine ( pro<strong>du</strong>ction<br />
glucose par le foie)<br />
Favorise la satiété<br />
Favorise la perte de poids<br />
Stimule la prolifération des cellules<br />
bêta-pancréatiques<br />
Diminue probablement la résistance<br />
à l’insuline<br />
Ralentit la vidange gastrique<br />
Depuis la découverte de l’insuline par Banting<br />
en 1921, de nombreuses molécules pour le traitement<br />
<strong>du</strong> diabète sont apparues dans l’arsenal<br />
thérapeutique <strong>du</strong> diabète 1 . Cependant, les effets<br />
indésirables des molécules utilisées, les comorbidités<br />
des patients, la prévalence et la progression<br />
de la maladie font en sorte que le traitement<br />
optimal <strong>du</strong> diabète demeure d’actualité 2-5 . Au fil<br />
<strong>du</strong> temps, l’évolution de la pharmacothérapie a<br />
été grandement influencée par notre compréhension<br />
de la physiopathologie <strong>du</strong> diabète et de<br />
ses complications macrovasculaires et microvasculaires<br />
1 . La découverte récente <strong>du</strong> moyen<br />
d’utiliser sur le contrôle glycémique les effets des<br />
incrétines endogènes, sécrétées par certaines<br />
cellules intestinales, bouleverse à nouveau l’algorithme<br />
de traitement. Parmi ces hormones, les<br />
deux principales sont le « glucagon-like peptide<br />
1 » (GLP-1) et le « glucose-dependent insulinotropic<br />
polypeptide » (GIP) 2-7 . Le tableau I<br />
présente les principales caractéristiques de ces<br />
deux hormones.<br />
La demi-vie <strong>du</strong> GLP-1 est inférieure à deux<br />
minutes et celle <strong>du</strong> GIP est de cinq à sept minutes<br />
2 . Sur le plan pharmacocinétique, ces deux<br />
peptides sont rapidement dégradés par des<br />
enzymes endogènes, soit la dipeptityl peptidase-4<br />
(DPP-4) et l’endopeptidase neutre (NEP).<br />
Puisque l’effet <strong>du</strong> GLP-1 est diminué ou absent<br />
chez le patient diabétique, plusieurs molécules<br />
prolongeant ou mimant l’effet <strong>du</strong> GLP-1 ont été<br />
mises au point 4-6 . Ainsi, deux classes médicamenteuses<br />
ont récemment été commercialisées<br />
sur le marché canadien : la famille des inhibiteurs<br />
de la DPP-4, comprenant entre autres la<br />
sitagliptine (Januvia MD ), la saxagliptine (Onglyza<br />
MD ) et la linagliptine (Trajenta MD ), et celle des<br />
analogues des incrétines, incluant l’exénatide<br />
(Byetta MD ) et le liraglutide (Victoza MD ). Ce dernier,<br />
commercialisé par NovoNordisk, est<br />
approuvé au Canada depuis juillet 2009 8 .<br />
Pharmacologie et mécanisme d’action<br />
Le mécanisme d’action <strong>du</strong> liraglutide est similaire<br />
à celui <strong>du</strong> GLP-1 endogène, c’est-à-dire<br />
Glucose-dependent insulinotropic polypeptide (GIP)<br />
Cellules K <strong>du</strong> <strong>du</strong>odénum et <strong>du</strong> jéjunum<br />
mo<strong>du</strong>lées par la quantité de nutriments<br />
Libération glucodépendante d’insuline<br />
Stimule la sécrétion de glucagon<br />
Favorise la prise de nourriture<br />
Favorise le gain de poids<br />
Stimule la prolifération des cellules<br />
bêta-pancréatiques<br />
II Pharmacocinétique des analogues <strong>du</strong> GLP-1 disponibles au Canada 5,6,8<br />
Paramètres Liraglutide (Victoza) exénatide (Byetta)<br />
Mode d’administration Sous-cutané Sous-cutané<br />
Biodisponibilité Absolue 51 % à 55 % Relative 93 % à 97 %<br />
Concentration maximale 9 à 12 heures 2 heures<br />
Temps de demi-vie (T ½<br />
) 10 à 14 heures 2,4 heures<br />
Durée d’action 24 heures 4 à 6 heures<br />
% liaison protéinique 98 % Non disponible<br />
Métabolisme Aucun organe majeur Aucun organe majeur<br />
Volume de distribution (Vd) 11 à 17 litres 28,3 litres<br />
Élimination Aucune voie spécifique majeure Surtout rénale<br />
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avez-vous<br />
enten<strong>du</strong><br />
parler de...<br />
qu’il pro<strong>du</strong>it l’effet agoniste <strong>du</strong> GLP-1 sur ses<br />
récepteurs 8 . Au niveau des cellules pancréatiques,<br />
l’activation <strong>du</strong> récepteur couplé à l’adénylcyclase<br />
par la protéine G stimulatrice (Gs)<br />
augmente la formation de l’adénosine monophosphate<br />
cyclique intracellulaire (AMPc).<br />
Cette hausse d’AMPc se tra<strong>du</strong>it par une synthèse<br />
et une sécrétion d’insuline gluco-dépendante<br />
5,6,8 . De plus, le ligarutide ralentit la<br />
vidange gastrique et ré<strong>du</strong>it la libération <strong>du</strong> glucagon<br />
également de manière glucodépendante<br />
3,5,6,8 . Concernant sa structure chimique, le<br />
ligarutide présente une analogie structurelle de<br />
97 % <strong>avec</strong> le GLP-1 endogène 6,8 . Ces changements<br />
moléculaires lui permettent de se lier<br />
davantage aux protéines plasmatiques, ce qui,<br />
par conséquent, empêche sa désactivation par<br />
les enzymes endogènes 6,8 . Ainsi, sa demi-vie est<br />
de loin supérieure à celle <strong>du</strong> GLP-1 endogène,<br />
passant de 2 minutes à 10 à 14 heures 5,8 .<br />
Indications<br />
Actuellement, le liraglutide est officiellement<br />
indiqué au Canada chez les diabétiques de type<br />
2 en association <strong>avec</strong> la metformine à dose maximale<br />
tolérée, quand cette dernière et les mesures<br />
non pharmacologiques (MNP) n’ont pas permis<br />
l’atteinte des cibles thérapeutiques. Il est aussi<br />
approuvé en combinaison <strong>avec</strong> la metformine<br />
(Glucophage MD ) et une sulfonylurée, quand la<br />
médication et les MNP ne permettent pas une<br />
maîtrise adéquate de la glycémie 8 . Selon la littérature<br />
médicale, le liraglutide pourrait être utilisé<br />
dans d’autres contextes cliniques, incluant<br />
en monothérapie ou en association <strong>avec</strong> l’insuline<br />
9 . Pour le moment, ces indications sont non<br />
officielles.<br />
essais cliniques<br />
En matière d’essais cliniques, tous les résultats<br />
consultés sont en faveur <strong>du</strong> liraglutide concernant,<br />
entre autres, sa capacité à ré<strong>du</strong>ire l’hémoglobine<br />
glyquée (HbA 1c<br />
), la glycémie capillaire et<br />
le poids 2,5,6,8-16 . Parmi ces essais, LEAD-1 a<br />
démontré que le liraglutide permettait un<br />
meilleur contrôle glycémique. En effet, après 26<br />
semaines, les patients des sous-groupes liraglutide<br />
1,2 mg et 1,8 mg ont présenté une baisse de<br />
l’HbA 1c<br />
supérieure à celle de la rosiglitazone<br />
(Avandia MD ) (p < 0,0001) 10 , une diminution cliniquement<br />
intéressante de l’HbA 1c<br />
, puisque 42 %<br />
des sujets ont présenté une HbA 1c<br />
inférieure à<br />
7 % <strong>avec</strong> le liraglutide 1,8 mg par jour. Ainsi, le<br />
liraglutide permet d’obtenir une meilleure<br />
HbA 1c<br />
que le glimépiride (Amaryl MD ), en monothérapie<br />
ou en association <strong>avec</strong> la rosiglitazone<br />
(Avandia). Cependant, dans cette étude, les<br />
III Principales études cliniques sur le liraglutide 10-15<br />
études<br />
Population à l’étude<br />
et mesures principales<br />
PratLey r, nauCk M, BaILey t, et CoLL.<br />
Étude multicentrique, randomisée,<br />
Population<br />
groupe parallèle, essai ouvert, contrôlée Diabète de type 2<br />
<strong>avec</strong> un groupe comparateur sous traitement<br />
Metformine (≥ 1500 mg/jour)<br />
depuis au moins 3 mois<br />
Étude de non- infériorité<br />
HbA 1c<br />
7,5 % à 10 %<br />
Objectif<br />
Comparer l’efficacité et la sécurité <strong>du</strong> liraglutide<br />
Mesures<br />
par rapport à la sitagliptine lorsqu’ajouté à la metformine Variation de l’HbA 1c<br />
Variation <strong>du</strong> poids<br />
n total<br />
= 665<br />
Durée<br />
26 semaines<br />
LeaD-5<br />
Étude multicentrique, randomisée,<br />
Population<br />
groupe parallèle, essai ouvert, contrôlée Diabète de type 2<br />
<strong>avec</strong> un groupe comparateur sous traitement IMC ≤ 45 kg/m 2<br />
ou placebo<br />
HbA 1c<br />
7,5 % à 10 % si prise d’un<br />
Étude de non- infériorité<br />
hypoglycémiant ou anti-hyperglycémiant<br />
en monothérapie<br />
Objectif<br />
Évaluer l’efficacité <strong>du</strong> liraglutide<br />
HbA 1c<br />
7 % à 10 % si prise<br />
en combinaison <strong>avec</strong> le glimépiride et la metformine d’hypoglycémiants ou d’antihyperglycémiants<br />
en association<br />
n total<br />
= 581<br />
Mesures<br />
Durée<br />
Variation de l’HbA 1c<br />
26 semaines Variation <strong>du</strong> poids<br />
LeaD-6<br />
Étude multicentrique, randomisée,<br />
Population<br />
groupe parallèle, essai ouvert, contrôlée Diabète type 2<br />
<strong>avec</strong> un groupe comparateur sous traitement IMC ≤ 45 kg/m 2<br />
HbA 1c<br />
: 7 % à 11 %<br />
Étude en intention<br />
Médication stable depuis > 3 mois<br />
Metformine dose maximale tolérable<br />
Objectif<br />
ou<br />
Évaluer l’efficacité <strong>du</strong> liraglutide en association<br />
Sulfonylurée dose maximale tolérable<br />
<strong>avec</strong> la metformine +/- une sulfonylurée<br />
ou<br />
Ces deux classes médicamenteuses<br />
n total<br />
= 464<br />
précédentes en association<br />
Durée<br />
Mesures<br />
26 semaines Variation de l’HbA 1c<br />
Variation <strong>du</strong> poids<br />
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andomisation résultats Commentaires<br />
Metformine + liraglutide 1,2 mg die Variation de l’HbA 1c<br />
n Randomisation adéquate<br />
(n = 225) Liraglutide 1,2 mg = 1,29 % n Groupe comparateur<br />
Liraglutide 1,8 mg = 1,51 % n Absence de groupe placebo<br />
Metformine + liraglutide 1,8 mg die Sitagliptine = 0,88 % n Non à double aveugle<br />
(n = 221) n Courte <strong>du</strong>rée<br />
Différence de HbA1c (favorisant le liraglutide) n Perte au suivi plus importante<br />
Metformine + sitagliptine 100 mg die Liraglutide 1,2 mg vs sitagliptine 0,40 % (p < 0,0001) dans le groupe liraglutide 1,2 mg<br />
(n = 219) Liraglutide 1,8 mg vs sitagliptine 0,63 % (p < 0,0001)<br />
Variation pondérale<br />
Liraglutide 1,2 mg = 2,78 kg<br />
Liraglutide 1,8 mg = 3,68 kg<br />
Sitagliptine = 1,16 kg<br />
Différence de poids (favorisant le liraglutide)<br />
Liraglutide 1,2 mg vs sitagliptine 1,62 kg (p < 0,0001)<br />
Liraglutide 1,8 mg vs sitagliptine 2,53 kg (p < 0,0001)<br />
Liraglutide 1,2 mg vs 1,8 mg (p = 0,03)<br />
Glimépiride 4 mg/jour + metformine Variation de l’HbA 1c<br />
n 2 comparateurs<br />
2000 mg/jour + liraglutide 1,8 mg die Liraglutide = 1,3 % n Patients naïfs à l’insuline<br />
(n = 232) Glargine = 1,1 % n La combinaison est représentative de la réalité<br />
Placebo = 0,2 %<br />
(metformine + sulfonylurée)<br />
Glimépiride 4 mg/jour + n Courte <strong>du</strong>rée<br />
metformine 2000 mg/jour + Différence de HbA 1c<br />
(favorisant le liraglutide) n Étude ouverte<br />
Glargine titration selon schéma Liraglutide vs placebo 1,09 % (p < 0,0001) n Nécessité de l’ajustement des doses <strong>avec</strong> glargine<br />
les 8 e semaines, puis selon l’investigateur Liraglutide vs glargine 0,24 % (p = 0,0015) n n placebo<br />
= pas dans le même ordre de grandeur<br />
(n = 232) Glargine vs placebo 0,85 % (p < 0,0001) que n des autres groupes<br />
Glimépiride<br />
Variation pondérale<br />
4 mg/jour + metformine 2000 mg/jour + Liraglutide = 1,8 kg<br />
Placebo<br />
Glargine = 1,6 kg<br />
(n = 114) Placebo = 0,4 kg<br />
Différence de poids (favorisant le liraglutide)<br />
Liraglutide vs glargine 3,43kg (p = 0,0001)<br />
Liraglutide vs placebo 1,39 kg (p = 0,0001)<br />
Traitement préexistant + Variation de l’HbA 1c<br />
n Randomisation adéquate<br />
liraglutide 1,8 mg die Liraglutide = 1,1 % n Dose maximale de chaque molécule<br />
(n = 233) Exénatide = 0,8 % n Traitements comparables<br />
aux normes de pratique<br />
Traitement préexistant + Différence de HbA 1c<br />
(favorisant le liraglutide) n Courte <strong>du</strong>rée<br />
exénatide 10 mcg bid n Étude ouverte<br />
(n = 231) Liraglutide vs exénatide 0,33 % (p < 0,0001)<br />
Proportion de sujets atteignant cible HbA 1c<br />
< 7 %<br />
Liraglutide vs exénatide (54 % vs 43 %)<br />
RC 2,02 (non significatif )<br />
(IC = 1,31 à 3,11)<br />
Variation pondérale<br />
Liraglutide 3,24 kg<br />
Exénatide 2,87 kg<br />
Différence de poids (non significatif)<br />
Liraglutide vs exénatide 0,33 % kg (p = 0,2235)<br />
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avez-vous<br />
enten<strong>du</strong><br />
parler de...<br />
retour sur le cas clinique<br />
Pour Monsieur X, l’ajout de liraglutide pourrait<br />
être une option intéressante, si son assurance<br />
accepte de le couvrir, étant donné que<br />
les études portant sur cette molécule<br />
démontrent une amélioration significative<br />
de HbA 1c<br />
et de l’atteinte des cibles thérapeutiques.<br />
De plus, puisque Monsieur X a un surplus<br />
de poids, l’ajout de liraglutide devient<br />
très intéressant car, dans la majorité des études,<br />
les sujets ont per<strong>du</strong> <strong>du</strong> poids. Pour les<br />
effets secondaires, la majorité d’entre eux<br />
sont gastro-intestinaux et souvent passagers.<br />
Le risque d’hypoglycémie reste faible,<br />
mais comme notre patient prend aussi <strong>du</strong><br />
glyburide, une diminution de la dose de<br />
cette dernière est à envisager.<br />
doses de glimépiride et de rosiglitazone n’ont pas<br />
été maximisées, laissant un doute en ce qui a<br />
trait à la supériorité véritable <strong>du</strong> liraglutide.<br />
Une autre étude, LEAD-4 11 , a aussi démontré que<br />
l’ajout de liraglutide à un traitement d’association<br />
metformine (Glucophage) et rosiglitazone contribuait<br />
à optimiser le contrôle glycémique et l’atteinte<br />
des cibles d’HbA 1c<br />
. De plus, l’étude LEAD-3 12 a<br />
révélé que le liraglutide en monothérapie, à des<br />
doses de 1,2 mg et 1,8 mg par jour, était supérieur au<br />
glimépiride 8 mg par jour pour ré<strong>du</strong>ire l’HbA 1c<br />
,<br />
pour augmenter la proportion de sujets atteignant<br />
une valeur d’HbA 1c<br />
inférieure à 7 %, en plus d’avoir<br />
une incidence moindre d’hypoglycémie. Dans<br />
l’étude de Pratley et coll. 13 , les chercheurs ont aussi<br />
conclu que le liraglutide (1,2 mg et 1,8 mg par jour)<br />
était statistiquement supérieur à la sitagliptine pour<br />
ré<strong>du</strong>ire l’HbA 1c<br />
( 1,29, 1,51 et 0,88, respectivement).<br />
Ces résultats vont dans le sens de l’hypothèse<br />
que, même si l’enzyme de la DPP-4 est inactivée,<br />
le patient diabétique présente une carence en<br />
GLP-1. Par conséquent, l’utilisation d’un analogue<br />
<strong>du</strong> GLP-1 offrirait davantage de bénéfices qu’un<br />
inhibiteur de la DPP-4 13 .<br />
Outre l’optimisation <strong>du</strong> contrôle glycémique<br />
et l’atteinte des cibles thérapeutiques, un autre<br />
avantage <strong>avec</strong> les analogues <strong>du</strong> GLP-1 est la perte<br />
de poids 10,13,14 . Au cours des essais cliniques, une<br />
des issues étudiées a été la variation pondérale<br />
des patients. Contrairement à la rosiglitazone, à<br />
l’insuline, au glimépiride et à la sitagliptine, le<br />
liraglutide a démontré, en général, une baisse<br />
significative <strong>du</strong> poids des patients 10-12,15 . Dans<br />
l’étude de Pratley et coll. 13 , les sujets sous liraglutide<br />
1,8 mg perdaient en moyenne 3,68 kg, comparativement<br />
à 1,16 kg sous sitagliptine<br />
(p < 0,0001). De plus, bien que la formulation de<br />
liraglutide soit injectable, la satisfaction des<br />
patients était plus grande qu’<strong>avec</strong> la sitagliptine.<br />
Cette observation peut être attribuée à une<br />
meilleure maîtrise <strong>du</strong> diabète. Outre les médicaments<br />
per os, le liraglutide semble aussi plus efficace<br />
que l’administration d’insuline de longue<br />
<strong>du</strong>rée pour ré<strong>du</strong>ire l’HbA 1c<br />
.<br />
Dans LEAD-5 15 , un essai comparant le liraglutide<br />
1,8 mg par jour <strong>avec</strong> l’insuline glargine<br />
(Lantus MD ) en ajout à un traitement de metformine<br />
et de glimépiride, les résultats ont démontré<br />
une différence significative de 0,24 %<br />
(p = 0,0015) de l’HbA 1c<br />
en faveur <strong>du</strong> sous-groupe<br />
liraglutide 1,8 mg par jour, en plus de noter une<br />
perte de poids chez les utilisateurs de liraglutide<br />
15 . Par ailleurs, comparativement à l’exénatide<br />
10 mcg 2 fois par jour, le liraglutide 1,8 mg<br />
par jour a ré<strong>du</strong>it davantage l’HbA 1c<br />
, soit de<br />
0,33 % (p < 0,0001), dans l’étude LEAD-6 14 . De<br />
plus, dans cette étude, la diminution pondérale<br />
était plus importante, mais non statistiquement<br />
significative, dans le groupe liraglutide (3,24 kg<br />
et 2,87 kg, respectivement, soit une différence de<br />
0,38 kg [p = 0,2235]). Outre la diminution<br />
d’HbA 1c<br />
et la perte de poids, les essais cliniques<br />
ont présenté des améliorations de la glycémie<br />
capillaire, de la pression artérielle et <strong>du</strong> bilan lipidique<br />
chez les sujets sous liraglutide 9 . Cependant,<br />
des études seront nécessaires afin de déterminer<br />
l’impact réel <strong>du</strong> liraglutide sur les<br />
paramètres de la pression artérielle et <strong>du</strong> bilan<br />
lipidique 16,17 .<br />
En somme, le liraglutide est une molécule<br />
efficace pour ré<strong>du</strong>ire l’HbA 1c<br />
et atteindre la<br />
valeur d’HbA 1c<br />
cible, tout en favorisant une<br />
perte de poids. Cependant, les essais cliniques<br />
actuels sont de courte <strong>du</strong>rée, variant entre 26 et<br />
52 semaines pour la plupart. Des études sont<br />
nécessaires pour déterminer son innocuité à<br />
plus long terme, sa position plus élaborée dans<br />
l’algorithme de traitement et son efficacité en<br />
IV Incidences des principaux effets indésirables selon l’étude LEAD-6 14<br />
événements Liraglutide (Victoza) exénatide (Byetta)<br />
Nausée 25,5 % 28,0 %<br />
Diarrhée 12,3 % 12,1%<br />
Dyspepsie 8,9 % 4,7 %<br />
Céphalée 8,9 % 10,3 %<br />
Hypoglycémie mineure 1,93 % 2,60 %<br />
monothérapie. Le tableau III présente certaines<br />
études cliniques.<br />
effets indésirables<br />
En raison de sa formulation injectable, quelques<br />
cas d’irritation ou de prurit au site d’injection<br />
ont été rapportés 8,16 . Outre cela, les effets indésirables<br />
communs demeurent les céphalées, les<br />
symptômes pseudo-grippaux, les troubles gastro-intestinaux<br />
(nausée, diarrhée, vomissements<br />
et dyspepsie) et les hypoglycémies 9,19 . Selon certaines<br />
données, la nausée touche jusqu’à 40 %<br />
des patients traités par le liraglutide 2,9 . Usuellement,<br />
ces effets ont tendance à disparaître vers la<br />
quatrième semaine de traitement, mais ils peuvent<br />
persister chez certains patients 2,9 . On estime<br />
à 3 % le taux d’abandon associé aux effets gastrointestinaux<br />
<strong>avec</strong> le liraglutide 5 . Même si, initialement,<br />
l’incidence de ces effets est similaire entre<br />
le liraglutide et l’exénatide, les effets digestifs<br />
semblent per<strong>du</strong>rer davantage chez les utilisateurs<br />
de l’exénatide 3,14 . Le ralentissement de la<br />
vidange gastrique et <strong>du</strong> péristaltisme serait l’élément<br />
expliquant l’origine de ces effets 3 .<br />
Un autre effet indésirable à surveiller, surtout<br />
en début de traitement, est l’hypoglycémie 9-15 .<br />
Malgré un mécanisme glucodépendant, l’utilisation<br />
<strong>du</strong> liraglutide, en monothérapie ou en<br />
association, est associée à un risque d’hypoglycémie<br />
d’environ 3 % à 12 % 16 . Ce risque s’accroît<br />
jusqu’à 27 %, lorsque le liraglutide est associé à<br />
une sulfonylurée 16 . Dans l’étude Pratley et coll. 14 ,<br />
l’association metformine et liraglutide a présenté<br />
une faible incidence d’hypoglycémie comparable<br />
à l’association metformine et sitagliptine.<br />
Dans la majorité des essais, l’ajout <strong>du</strong><br />
liraglutide ou de l’exénatide ne causait que des<br />
hypoglycémies mineures 12,16 . Néanmoins, l’instauration<br />
d’un analogue <strong>du</strong> GLP-1 chez un<br />
patient traité par une sulfonylurée exige une réévaluation<br />
à la baisse de la dose de la sulfonylurée<br />
étant donné le risque accru d’hypoglycémie 3 . De<br />
plus, bien que le liraglutide soit plus efficace pour<br />
ré<strong>du</strong>ire l’HbA 1c<br />
que l’exénatide, il occasionnerait<br />
moins d’hypoglycémies selon les résultats de<br />
l’étude de Buse (1,9 vs 2,6 hypoglycémies/<br />
patients-années, p = 0,0131) 14,16 .<br />
Dans la littérature médicale, on rapporte aussi<br />
la formation d’anticorps <strong>avec</strong> les analogues <strong>du</strong><br />
GLP-1 18 . On estime que 4 % à 13 % des patients<br />
sous liraglutide en développeront, contre 27 % à<br />
49 % <strong>avec</strong> l’exénatide 4,16-18 . Cette différence serait<br />
attribuable à leur homologie structurelle <strong>avec</strong> le<br />
GLP-1 humain 18 . Selon les données actuelles, la<br />
formation d’anticorps <strong>avec</strong> le liraglutide n’affecterait<br />
pas l’efficacité <strong>du</strong> médicament, contrairement<br />
à l’exénatide pour lequel des cas de perte<br />
d’efficacité ont été rapportés 16,17 . Néanmoins, des<br />
études supplémentaires seront nécessaires afin<br />
de déterminer l’impact clinique de la formation<br />
de ces anticorps.<br />
Un autre effet indésirable, quoique controversé,<br />
demeure la pancréatite 3,19 . Puisque le diabète<br />
et l’obésité demeurent des facteurs prédisposant<br />
à la pancréatite, il est difficile d’imputer<br />
16 | Québec Pharmacie | avril – mai 2013 | www.<strong>Profession</strong>sante.ca
cet effet uniquement à la prise de médicaments 4 .<br />
De plus, dans les études de phase III <strong>avec</strong> le liraglutide,<br />
l’incidence des cas de pancréatite était<br />
comparable à celle de la population diabétique 12 .<br />
Toutefois, dans l’étude d’Elashoff et coll. 20 , les<br />
auteurs ont examiné les cas de pancréatite rapportés<br />
à la FDA <strong>avec</strong> l’exénatide et la sitagliptine<br />
pour les comparer à ceux des autres médicaments<br />
hypoglycémiants oraux 20 . Ils ont conclu<br />
que le risque de pancréatite pour les analogues<br />
<strong>du</strong> GLP-1 était supérieur à 2,5 fois la normale en<br />
comparaison <strong>avec</strong> les autres thérapies, mais non<br />
en comparaison <strong>avec</strong> le diabète en tant que tel 20 .<br />
Même si, a priori, de nombreuses études semblent<br />
ne pas associer la pancréatite aiguë à la<br />
prise d’un agoniste <strong>du</strong> GLP-1, la prudence est de<br />
mise, car la plupart de ces études n’ont pas été<br />
conçues pour analyser cette issue. Des études<br />
supplémentaires <strong>avec</strong> une puissance adéquate<br />
seront nécessaires pour exclure <strong>avec</strong> certitude<br />
cette association 17 . Le tableau IV présente les<br />
principaux effets indésirables.<br />
Mises en garde et contre-indications<br />
Le liraglutide est contre-indiqué en présence d’une<br />
hypersensibilité à ce dernier ou à une de ses composantes<br />
8 . Selon les données actuelles, le liraglutide<br />
ne doit pas être utilisé chez les diabétiques de<br />
type 1 et dans le traitement de l’acidocétose 8 . De<br />
plus, des études animales ont démontré que le liraglutide<br />
pouvait in<strong>du</strong>ire une hyperplasie des cellules<br />
C de la thyroïde, augmentant l’excrétion de la<br />
calcitonine 3,8 . Une étude menée chez l’humain n’a<br />
pas réussi à démontrer une hausse <strong>du</strong> taux de calcitonine<br />
<strong>avec</strong> le liraglutide 3 . Cependant, <strong>du</strong>rant les<br />
essais cliniques, quelques cas d’hyperplasie des<br />
cellules C de la thyroïde ont été documentés 8 . Par<br />
prudence, le liraglutide n’est pas recommandé<br />
chez des patients <strong>avec</strong> antécédents personnels ou<br />
familiaux <strong>du</strong> carcinome mé<strong>du</strong>llaire de la thyroïde<br />
ou <strong>du</strong> syndrome néoplasique endocrinien multiple<br />
de type 2 8,19 . Actuellement, il n’existe aucune<br />
preuve que cela augmente les carcinomes thyroïdiens,<br />
mais la prudence est de mise et le suivi adéquat,<br />
nécessaire.<br />
Populations spéciales<br />
L’utilisation <strong>du</strong> liraglutide chez la femme<br />
enceinte est contre-indiquée, car certaines études<br />
animales ont démontré des effets tératogènes<br />
et des effets toxiques sur la repro<strong>du</strong>ction, mais<br />
aucune étude n’a été effectuée chez l’humain 8,19 .<br />
De plus, selon la monographie, le liraglutide doit<br />
être cessé <strong>du</strong>rant l’allaitement étant donné l’absence<br />
d’études chez l’humain 8,19 . Il ne doit pas<br />
non plus être employé chez les moins de 18 ans<br />
par manque de données scientifiques 9,19 . En ce<br />
qui a trait à la population gériatrique, la monographie<br />
rapporte que l’incidence des effets gastro-intestinaux<br />
s’est accrue chez les plus de 70<br />
ans. Par conséquent, une titration plus lente des<br />
doses pourrait s’avérer nécessaire 8 . Concernant<br />
l’insuffisance rénale de grade léger, le liraglutide<br />
ne nécessiterait pas d’ajustement de dose, comparativement<br />
à l’exénatide 5,8 . Néanmoins, son<br />
utilisation chez des patients atteints d’insuffisance<br />
hépatique ou rénale de grade modéré ou<br />
sévère est non recommandée par manque d’études<br />
et d’expériences cliniques. De plus, chez des<br />
patients cardiaques, son emploi nécessite un<br />
suivi plus étroit, car des cas d’augmentation de la<br />
fréquence cardiaque et de l’incidence de bloc<br />
opinion d’experts<br />
Conseils aux patients 8<br />
auriculo-ventriculaire, par allongement de<br />
l’onde « PR », ont été rapportés 8 . En ce qui<br />
concerne l’utilisation <strong>du</strong> liraglutide chez des<br />
patients <strong>avec</strong> antécédents de pancréatite, les<br />
recommandations actuelles suggèrent la prudence<br />
étant donné l’association possible entre<br />
pancréatite et liraglutide 8 .<br />
Lorsque le coût <strong>du</strong> médicament n’est pas en cause, de plus en plus de médecins omnipraticiens ou<br />
endocrinologues favorisent l’usage <strong>du</strong> liraglutide. Plusieurs effets bénéfiques sont proposés par le<br />
liraglutide seul. En effet, cette molécule a des effets complémentaires intéressants, optimisant la thérapie<br />
d’un patient diabétique et permettant ainsi d’atteindre les résultats recherchés.<br />
Outre la sécrétion gluco-dépendante d’insuline que procure le liraglutide, lui conférant un risque d’hypoglycémie<br />
considérablement diminué, cette molécule augmente le sentiment de satiété et favorise<br />
ainsi une perte de poids. Il diminue également la pro<strong>du</strong>ction hépatique de glucose ainsi que la résistance<br />
à l’insuline et permet d’augmenter la prolifération des cellules bêta- pancréatiques. Ce dernier avantage,<br />
non négligeable, encourage souvent les médecins à utiliser ce médicament de plus en plus tôt chez les<br />
diabétiques de type 2, moment où il aurait plus de cellules bêta-pancréatiques stimulables.<br />
Il est alors légitime de s’interroger sur son utilisation en association <strong>avec</strong> l’insuline. On pense que<br />
cette association pourrait diminuer les doses quotidiennes d’insuline en minimisant probablement<br />
le gain de poids et les épisodes d’hypoglycémie. Vous avez sûrement déjà observé en pratique clinique<br />
la combinaison de liraglutide <strong>avec</strong> un régime d’une injection d’insuline par jour. En effet, il<br />
existe quelques études sur le sujet. Par contre, peu d’études sont disponibles sur son utilisation combinée<br />
à un régime de deux injections ou plus d’insuline par jour, mais il est possible que vous en<br />
rencontriez dans votre pratique. Cependant, afin d’approuver officiellement les utilisations ci-dessus,<br />
davantage de données sont nécessaires.<br />
Également, on peut également se questionner sur l’utilisation <strong>du</strong> liraglutide en diabète de type 1.<br />
Actuellement, il n’est pas <strong>du</strong> tout utilisé chez cette population. Y aurait-il un avantage pour ces<br />
patients grâce à la diminution de la gluconéogenèse hépatique Ou encore par l’effet sur le poids<br />
Seules de futures études pourront nous éclairer sur le sujet.<br />
Sophya Berrada, pharmacienne<br />
n Ce médicament est utilisé pour le traitement <strong>du</strong> diabète. Il permet de diminuer votre glycémie<br />
en améliorant le travail de l’insuline dans votre corps. Il fait partie de la classe des incrétines.<br />
n Ce pro<strong>du</strong>it s’administre dans l’abdomen, la cuisse ou le haut <strong>du</strong> bras une fois par jour, sans égard<br />
aux repas, toujours vers la même heure. Il doit être limpide et sans couleur.<br />
n Le stylo utilisé est bon pendant 30 jours et se garde dans le frigo ou à la température de la pièce.<br />
Le stylo non utilisé se conserve au frigo, et non au congélateur. À chaque injection, le capuchon<br />
doit être remis sur le stylo pour protéger le médicament de la lumière. L’aiguille doit être changée<br />
après chaque utilisation pour s’assurer de l’exactitude de la prochaine dose.<br />
n Après avoir commencé à prendre ce médicament, vous pouvez présenter des brûlures d’estomac<br />
et de la constipation, avoir des nausées, des vomissements et des maux de tête. Poursuivez<br />
le traitement car, habituellement, ces symptômes disparaissent <strong>du</strong>rant les quatre premières<br />
semaines d’utilisation.<br />
n Si vous êtes une femme en âge de procréer, vous devez parler <strong>avec</strong> votre médecin si une grossesse<br />
est souhaitée. Ne prenez pas cette médication si vous êtes enceinte ou croyez l’être. De<br />
plus, ce médicament n’est pas recommandé si vous allaitez.<br />
n En début de traitement, vous devez prendre plus souvent vos glycémies, surtout si vous prenez<br />
d’autres médicaments pour le diabète. Il est possible que vous présentiez des hypoglycémies. Si<br />
cela vous arrive, avisez votre pharmacien.<br />
n Si vous oubliez de prendre votre médicament, prenez-le le lendemain à la même dose que d’habitude.<br />
Ne prenez pas de dose supplémentaire ou n’augmentez pas la dose.<br />
n Si vous présentez des palpitations, de la dysphagie, des douleurs abdominales, de la dyspnée,<br />
un enrouement de la voix ou une masse au niveau <strong>du</strong> cou, vous devez immédiatement communiquer<br />
<strong>avec</strong> votre médecin.<br />
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avez-vous<br />
enten<strong>du</strong><br />
parler de...<br />
Interactions médicamenteuses<br />
Puisqu’aucun organe majeur n’a été identifié en<br />
ce qui concerne le métabolisme <strong>du</strong> liraglutide,<br />
aucune interaction médicamenteuse cliniquement<br />
importante n’a été mise en évidence. In<br />
vitro, des interactions pharmacocinétiques via<br />
les cytochromes ou la fixation aux protéines<br />
plasmatiques sont peu susceptibles. Cependant,<br />
in vivo, la prudence est de mise concernant le<br />
ralentissement de la vidange gastrique, qui<br />
pourrait potentiellement ralentir ou modifier<br />
l’absorption des autres médicaments. D’après la<br />
monographie, une dose unique de liraglutide a<br />
diminué l’ASC et retardé l’atteinte des concentrations<br />
maximales de lisinopril (Zestil MD ), de<br />
digoxine (Toloxin MD ) et des contraceptifs oraux<br />
d’éthinylestradiol et de lévonorgestrel 8 . Cependant,<br />
aucun impact sur le plan clinique n’a été<br />
constaté. Toutefois, la prudence est de mise <strong>avec</strong><br />
les médicaments à index thérapeutique étroit ou<br />
lors de l’administration concomitante de médicaments<br />
pouvant affecter la fréquence cardiaque<br />
ou allonger l’intervalle PR.<br />
De son côté, la warfarine (Coumadin MD ) n’a<br />
pas fait l’objet d’étude. Par conséquent, un suivi<br />
plus serré <strong>du</strong> rapport normalisé international<br />
(RNI) est recommandé à l’instauration de la<br />
dose <strong>avec</strong> le liraglutide, à sa modification ou à sa<br />
cessation. En ce qui a trait à l’alimentation ou à la<br />
prise concomitante de pro<strong>du</strong>its naturels, aucune<br />
interaction n’a été démontrée pour le moment 8 .<br />
Conservation<br />
Le liraglutide se conserve au réfrigérateur à une<br />
température entre 2 ºC et 8 ºC jusqu’à la première<br />
injection 8 . Par la suite, le liraglutide peut<br />
être conservé à la température de la pièce (moins<br />
de 30 ºC) ou au réfrigérateur 8 . Indépendamment<br />
<strong>du</strong> mode de conservation, la stabilité de ce pro<strong>du</strong>it<br />
est de 30 jours après l’ouverture <strong>du</strong> stylo et il<br />
doit être entreposé à l’abri de la lumière 8 .<br />
La tableau V traite de la posologie et des<br />
coûts de traitement <strong>du</strong> liraglutide en comparaison<br />
à d’autres traitements, en plus de toucher à la<br />
couverture des patients en ce qui a trait à ce<br />
médicament. Quant au tableau de conseils à<br />
donner à un patient commençant un traitement<br />
par liraglutide, il est présenté en page 17.<br />
Conclusion<br />
Le liraglutide est intéressant pour optimiser l’atteinte<br />
des cibles thérapeutiques : diminuer<br />
l’HbA 1c<br />
, favoriser une perte de poids et ré<strong>du</strong>ire<br />
les risques d’hypoglycémies. Néanmoins, même<br />
si, a priori, l’utilisation des analogues <strong>du</strong> GLP-1<br />
semble une voie prometteuse, actuellement, son<br />
coût et certaines questions d’innocuité à long<br />
terme limitent son utilisation. En effet, la majorité<br />
des essais cliniques <strong>du</strong>rent environ un an, ce<br />
qui est bien court comparativement au pronostic<br />
de la maladie.<br />
Des études à long terme sont nécessaires<br />
afin de déterminer l’efficacité et l’innocuité <strong>du</strong><br />
I Posologie et coûts de traitement 8<br />
Posologie<br />
Coût de traitement<br />
Liraglutide (30 doses de 0,6 mg, 15 doses Deux stylos de liraglutide multidoses pré-remplis<br />
de 1,2 mg ou 10 doses de 1,8 mg) jetable de 3 ml, <strong>avec</strong> aiguilles NovoFine = 155 $<br />
Titration progressive de la dose suggérée Exénatide 0,25 mcg/ml (contenant de 1,2 ml ou 2,4 ml)<br />
pour éviter les effets indésirables = 145,28 $<br />
■ dose de départ : 0,6 mg sc une fois Traitement de liraglutide = 155 $ (doses de 1,2 mg)<br />
par jour, pendant une semaine par mois<br />
■ ensuite, dose à 1,2 mg sc une fois Traitement de sitagliptine = 75 $ (doses de 1,2 mg)<br />
par jour, pendant une semaine par mois<br />
■ ensuite, au besoin, dose à 1,8 mg sc<br />
une fois par jour<br />
CouVerture<br />
Liraglutide pas encore couvert par l’assurance gouvernementale<br />
Couverture pour certains patients via le programme <strong>du</strong> patient d’exception<br />
Légende : sc = sous-cutané<br />
Suite à la page 43 <br />
n<br />
n<br />
n<br />
n<br />
Suivi et surveillance de<br />
la thérapie 19<br />
Patient : suivi de ses valeurs de glycémies<br />
plusieurs fois par semaine en début<br />
de traitement ainsi que de son poids<br />
Paramètres métaboliques : suivi <strong>du</strong><br />
poids, de l’HbA 1c<br />
, et <strong>du</strong> cahier de glycémies<br />
<strong>du</strong> patient tous les trois mois à l’intro<strong>du</strong>ction<br />
<strong>du</strong> médicament et, par la<br />
suite, lorsqu’il est stable, un suivi deux fois<br />
par an sera suffisant. Avant l’intro<strong>du</strong>ction<br />
<strong>du</strong> liraglutide, le professionnel de la santé<br />
doit toutefois s’assurer que le niveau de<br />
calcitonine sérique est normal.<br />
effets indésirables : suivi de la gravité<br />
des troubles digestifs (perte de poids), la<br />
présence d’hypoglycémie, les signes et<br />
symptômes d’une pancréatite à chaque<br />
rencontre.<br />
Suivi médical: s’assurer, avant l’intro<strong>du</strong>ction,<br />
de l’absence de no<strong>du</strong>les ou de dysfonctionnement<br />
de la glande thyroïde.<br />
QuEstIons DE<br />
FC<br />
Répondez en ligne sur www.professionsante.ca,<br />
section Ma FC en ligne; rechercher Québec Pharmacie, avril-mai 2013.<br />
Date limite : 22 avril 2014. Donne 4 uFC.<br />
2. Parmi les énoncés suivants, lequel est vrai <br />
a La sécrétion de GLP-1 est indépendante de la concentration<br />
de glucose ingéré.<br />
B La demi-vie <strong>du</strong> GLP-1 et <strong>du</strong> GIP est respectivement de 7 minutes<br />
et inférieure à deux minutes.<br />
C L’effet <strong>du</strong> GLP-1 est augmenté chez les patients diabétiques.<br />
D Le mécanisme d’action <strong>du</strong> liraglutide est d’inhiber la dipeptidyl<br />
peptidase-4 (DPP-4).<br />
e Le liraglutide a une analogie structurelle de 97 % <strong>avec</strong> le GLP-1 humain.<br />
3. Parmi les énoncés suivants, lequel est faux <br />
a Le liraglutide 1,8 mg die est plus efficace que l’exénatide 10 mcg bid<br />
pour ré<strong>du</strong>ire l’HbA 1c<br />
., selon l’étude LEAD-6.<br />
B L’incidence de nausées <strong>avec</strong> le liraglutide peut atteindre 40 %.<br />
C L’incidence de la formation d’anticorps <strong>avec</strong> le liraglutide est supérieure<br />
à celle de l’exénatide.<br />
D Les analogues <strong>du</strong> GLP-1 favorisent la perte de poids.<br />
e La demi-vie <strong>du</strong> liraglutide est d’environ 13 heures.<br />
18 | Québec Pharmacie | avril – mai 2013 | www.<strong>Profession</strong>sante.ca
avez-vous<br />
enten<strong>du</strong><br />
parler de...<br />
Suite de la page 18<br />
liraglutide à long terme, et pour baliser son utilisation chez certaines<br />
populations particulières, comme les patients en insuffisance rénale et<br />
hépatique. Les données actuellement disponibles en font une option de<br />
rechange intéressante en association <strong>avec</strong> la metformine et/ou une sulfonylurée<br />
pour optimiser la maîtrise <strong>du</strong> diabète de type 2 et ré<strong>du</strong>ire les<br />
risques d’hypoglycémie, étant donné son mécanisme d’action glucodépendant.<br />
Néanmoins, il est légitime de s’interroger sur la façon optimale<br />
de l’utiliser, en monothérapie ou en association <strong>avec</strong> l’insuline.<br />
Certains praticiens combinent déjà le liraglutide <strong>avec</strong> divers régimes<br />
d’insuline afin de ré<strong>du</strong>ire les doses d’insuline et de limiter la prise de<br />
poids. Cependant, cette association n’a pas été homologuée par Santé<br />
Canada et plusieurs études sont nécessaires afin d’en valider, entre<br />
autres, l’innocuité. ■<br />
références : 1. Constan G. Le pancréas bioarticiel : une avenue de traitement<br />
prometteuse pour le diabète de type 1. Québec Pharmacie 2011; 3 (suppl. Diabète) :<br />
41-55. 2. Cernea S, Itamar R. Therapy in the early stage: Incretins. Diabetes Care 2011; 34<br />
(suppl.2): 264-71. 3. Russell-Jones D. The safety and tolerability of GLP-1 receptor<br />
agonists in the treatment of type-2 diabetes. Int J Clin Pract 2010; 64(10): 1402-14.<br />
4. Matthew PG, Prately RE. Efficacy and safety of incretin-based therapies in patients<br />
with type 2 diabetes mellitus. Am J Med 2009;122: 11-24. 5. Verspohl EJ. Novel<br />
therapeutics for the type 2 diabetes: Incretin hormone mimetics (glucagon-likepeptide-1<br />
receptor agonists) and dipeptidyl peptidase-4 inhibitors. Pharmacol Ther<br />
2009; 124: 113-38. 6. Garber AJ. Long-acting glucocagon-like peptide 1 receptor<br />
agonists. Diabetes Care 2011; 34 (suppl.2): 279-84. 7. Peters A. Incretin-based therapies:<br />
Review of current clinical trail data. Am J Med 2010; 123: 28-37. 8. NovoNordisk.<br />
Monographie <strong>du</strong> liraglutide (Victoza MD ) Mississauga, Ontario; mai 2010. 9. Montanya E,<br />
Sesti G. A review of efficacy and safety data regarding the use of liraglutide, a once-daily<br />
human glucagon-likepeptide 1 analogue, in the treatment of type 2 diabetes mellitus.<br />
Clin Ther 2009; 3: 2472-88. 10. Marre M, Shaw J, Brandle M, et coll. Liraglutide, a once<br />
daily human GLP-1 analogue, added to a sulphonylurea over 26 weeks pro<strong>du</strong>ces<br />
greater improvements in glycaemic and weigh control compared with adding<br />
rosiglitazone or placebo in subjects type 2 diabetes (LEAD-1). Diabet Med 2009;26(3):<br />
268-78. 11. Zinman B, Gerich J, Buse JB, et coll. Efficacy and safety of the human<br />
glucagon-like peptide-1 analog liraglutide in combination with metformin and<br />
thiazolidinedione in patients with type 2 diabetes (LEAD-4 Met+TZD). Diabetes Care<br />
2009; 32: 1224-30. 12. Garber a, et coll. Liraglutide versus glimepiride<br />
monotherapy for type 2 diabetes (LeaD-3 Mono): a randomised, 52-week,<br />
phase III, double-blind, parallel-treatment trial. Lancet 2009; 373(9662) :473-<br />
81. 13. Pratley r, nauck M, Bailey t, et coll. one year of liraglutide treatment<br />
offeres sustained and more effective glycaemic control and weight re<strong>du</strong>ction<br />
compared with sitagliptin, both in combination with metformin, in patients<br />
with type 2 diabetes: a radomised, parallel-group, open-label trail. Int J Clin<br />
Prat 2011: 1-11. 14. Buse JB, Rosenstock J, Sesti G, et coll. Liraglutide once a day versus<br />
exenatide twice a day for type 2 diabetes: A 26-week randomised, parallel-group,<br />
multinational, open-label trial (LEAD-6). Lancet 2009; 374: 39-47. 15. russel-Jones D,<br />
Vaag a, Schmitz o, et coll. Liraglutide vs insulin glargine and placebo in<br />
combination with metformin and sulfonylurea therapy in type 2 diabetes<br />
mellitus (LeaD-5 met+Su). Diabetologia 2009;50(10): 2046-55. 16. White J.<br />
Efficacy and safety of incretin-based therapies: Clinical trial data. American Pharmacist<br />
Association 2009; 49 (suppl.1): 30-40. 17. Pinelli NR, Hurren KM. Efficacy and safety of<br />
long-acting glucagon-like peptide-1 receptors agonists compared with exenatide<br />
twice daily and sitagliptin in type 2 diabetes mellitus: A systematic review and metaanalysis.<br />
Ann Pharmacother 2011; 45: 850-60. 18. Buse JB, Garber A, Rosenstock J, et coll.<br />
Liraglutide treatment is associated with a low frequence and magnitude of antibody<br />
formation with no apparent impact on glycemic response or increased frequency of<br />
adverse events: Results from the liraglutide effect and action in diabetes (LEAD) trials. J<br />
Clin Endocrinol Metab 2011; 96: 1695-702. 19. Micromedex Healthcare series.<br />
Monographie <strong>du</strong> liraglutide (Victoza MD ). Thomson Micromedex. [En ligne. Page<br />
consultée le 29 novembre 2011.] www.thomsonhc.com 20. Elashoff M, Matveyenko AV,<br />
Gier B, et coll. Pancreatitis, pancreatic and thyroid cancer with glucagon-likepeptide-1-<br />
based therapies. Gastroenterology 2011; 141: 150-6.<br />
Les références portant un code de couleur indiquent au lecteur<br />
qu’il s’agit des références principales de l’article telles que choisies par les auteurs.<br />
www.<strong>Profession</strong>sante.ca | avril – mai 2013 | Québec Pharmacie | 43
les pages<br />
bleues<br />
Texte rédigé par Caroline Sirois,<br />
B. Pharm., M. Sc., Ph. D.,<br />
professeure régulière,<br />
sciences infirmières, UQAR.<br />
Texte original soumis<br />
le 17 janvier 2013.<br />
Texte final soumis<br />
le 27 mars 2013.<br />
Révision : Isabelle Taillon, B. Pharm., M. Sc., pharmacienne,<br />
Institut universitaire de cardiologie et pneumologie de<br />
Québec, professeure agrégée de clinique à l’Université Laval,<br />
et Stéphanie Biron, B. Pharm., Distribution Pharmaplus.<br />
Source de financement : Caroline Sirois a reçu une bourse de formation postdoctorale <strong>du</strong> Fonds de recherche en santé <strong>du</strong> Québec pendant une partie de la rédaction de cet article.<br />
Isabelle Taillon a déjà été conférencière pour des compagnies pharmaceutiques, notamment pour des médicaments comme le Brilinta, l’Effient, le Xarelto et le Pradax.<br />
Le syndrome coronarien aigu (2 e partie)*<br />
Les STEMI et le traitement à long terme après un SCA<br />
objectifs d’aPPrentissage:<br />
1. Différencier les méthodes de reperfusion et les traitements antithrombotiques utilisés.<br />
2. Identifier les traitements pharmacologiques antiangineux et d’appoint <strong>du</strong> SCA.<br />
3. Être en mesure d’évaluer la thérapie concomitante <strong>du</strong> patient et les traitements à long terme après un SCA.<br />
Nous présentons ici la deuxième partie de l’article<br />
sur le syndrome coronarien aigu (SCA). La<br />
première partie portait sur le traitement de l’angine<br />
instable et de l’infarctus <strong>du</strong> <strong>myocarde</strong> sans<br />
élévation <strong>du</strong> segment ST 1 . Le traitement pharmacologique<br />
de l’infarctus <strong>du</strong> <strong>myocarde</strong> <strong>avec</strong><br />
élévation <strong>du</strong> segment ST (STEMI) fait l’objet <strong>du</strong><br />
présent article. Les principales pistes thérapeutiques<br />
y sont abordées, de même que les controverses<br />
qui entourent certaines des thérapies. On<br />
y analyse également les traitements pharmacologiques<br />
d’appoint <strong>du</strong> SCA, de même que la gestion<br />
de la thérapie concomitante <strong>du</strong> patient.<br />
Enfin, on présente brièvement les preuves justifiant<br />
les traitements à long terme après un SCA.<br />
Informations de base<br />
Le lecteur trouvera les informations pertinentes<br />
quant aux définitions, à l’épidémiologie et à la<br />
physiopathologie <strong>du</strong> SCA dans la première partie<br />
publiée dans l’édition de juillet-août 2012 1 . Rappelons<br />
brièvement que l’infarctus <strong>du</strong> <strong>myocarde</strong><br />
<strong>avec</strong> élévation <strong>du</strong> segment ST (STEMI) constitue<br />
une urgence thérapeutique. Il représente le tiers de<br />
tous les cas de SCA 2 . On estime qu’annuellement<br />
environ 4800 patients sont hospitalisés pour un<br />
STEMI au Québec 3 . Dans le STEMI, l’artère coronaire<br />
touchée est totalement occluse par un<br />
thrombus contenant des caillots de fibrine. Sans<br />
intervention pour désobstruer cette artère, une<br />
portion importante <strong>du</strong> <strong>myocarde</strong> risque de subir<br />
une nécrose, la plupart <strong>du</strong> temps, non réversible.<br />
Cette perte de viabilité <strong>du</strong> muscle cardiaque peut<br />
elle-même entraîner une série de conséquences<br />
dramatiques selon l’endroit et l’éten<strong>du</strong>e de la zone<br />
atteinte : diminution de la force de contraction,<br />
développement d’une insuffisance cardiaque, risque<br />
d’arythmies, voire la mort.<br />
Présentation de la patiente<br />
A.B., une patiente de 67 ans, se présente à l’urgence<br />
d’une petite ville de Gaspésie pour des<br />
douleurs angineuses qui ont débuté il y a<br />
environ quatre heures. Ses médicaments<br />
usuels comprennent un traitement antihypertenseur<br />
(Avalide MD ), un supplément de<br />
calcium et de vitamine D, une hormonothérapie<br />
(Premarine MD /Provera MD ) et des antiinflammatoires<br />
(naproxène) administrés pour<br />
une entorse à la cheville depuis environ une<br />
semaine. On lui diagnostique un STEMI.<br />
Quelle est la meilleure stratégie de reperfusion<br />
dans son cas<br />
Traitement aigu de l’infarctus <strong>du</strong><br />
<strong>myocarde</strong> <strong>avec</strong> élévation <strong>du</strong> segment ST<br />
traitement de reperfusion<br />
Dans le STEMI, le but premier de l’intervention<br />
est de rouvrir l’artère obstruée le plus rapidement<br />
possible afin de permettre la reperfusion<br />
<strong>du</strong> <strong>myocarde</strong>. Deux méthodes peuvent être<br />
employées : la fibrinolyse (aussi appelée thrombolyse)<br />
ou l’intervention coronarienne percutanée<br />
(ICP). Quelle que soit l’approche utilisée, le<br />
temps d’intervention est fondamental : tout délai<br />
dans le rétablissement de la circulation entraîne<br />
une augmentation de la mortalité. Par exemple,<br />
parmi les interventions pratiquées au Québec<br />
d’octobre 2006 à mars 2007, celles qui n’ont pas<br />
été effectuées dans les délais prescrits à cette époque<br />
(moins de 30 minutes pour la fibrinolyse et<br />
moins de 90 minutes pour l’ICP) ont été associées<br />
à une mortalité deux fois plus importante<br />
30 jours suivant l’intervention que celles qui ont<br />
eu lieu dans les délais (6,6 % vs 3,3 %; RC : 2,14;<br />
IC 95 % : 1,21-3,93) 4 .<br />
Selon les données des essais cliniques et les<br />
résultats de la pratique usuelle, les ICP seraient<br />
associées à de meilleurs résultats que la fibrinolyse<br />
5,6 . Selon les plus récentes recommandations,<br />
on choisira la fibrinolyse si le délai pour l’ICP est<br />
important (plus de 120 minutes avant l’intervention)<br />
et que la présentation <strong>du</strong> STEMI est récente<br />
(3 heures et moins depuis le début des symptômes)<br />
7 . Dans ce contexte, la fibrinolyse s’avère le<br />
seul choix possible pour les hôpitaux éloignés<br />
d’un centre où l’on fait des ICP 8,9 . Outre ces circonstances,<br />
d’autres éléments peuvent influer<br />
sur le choix de pratiquer une ICP ou d’administrer<br />
la fibrinolyse. Les conditions qui favorisent<br />
l’ICP sont résumées au tableau I .<br />
Lorsque l’option de traitement retenue est la<br />
fibrinolyse, divers agents peuvent être utilisés :<br />
streptokinase, rétéplase (rPA), altéplase (r-tPA)<br />
et ténectéplase (TNK-tPA). Toutefois, seuls<br />
l’altéplase et le ténectéplase sont offerts au<br />
Québec pour la thrombolyse coronarienne. Le<br />
tableau II résume les doses des divers agents et<br />
les contre-indications à leur usage. Le bénéfice<br />
clinique de la fibrinolyse est optimal si le délai<br />
entre l’administration et le début des symptômes<br />
est inférieur à six heures. Il est toujours possible<br />
d’administrer le médicament si le délai se situe<br />
entre 6 et 12 heures, mais les bénéfices au-delà <strong>du</strong><br />
seuil des 12 heures sont fortement diminués. Par<br />
ailleurs, le bénéfice absolu est d’autant plus<br />
grand que le risque de mortalité est élevé (dans le<br />
cas d’un infarctus antérieur ou d’une récidive<br />
d’infarctus, par exemple). En matière d’efficacité,<br />
la streptokinase s’est révélée inférieure à l’altéplase,<br />
ce qui n’en fait plus une option de traitement<br />
intéressante 11 . Le ténectéplase (bolus unique)<br />
et le rétéplase (double bolus) se sont, quant à<br />
eux, avérés comparables à l’altéplase 12,13 . Le<br />
ténectéplase engendre toutefois moins de saignements<br />
extracérébraux que l’altéplase et présente<br />
un mode d’administration simple, en comparaison<br />
<strong>avec</strong> le rétéplase 10 . Le ténectéplase est<br />
donc largement utilisé au Québec (99 % des fibrinolyses<br />
ont été réalisées <strong>avec</strong> ce médicament en<br />
2006-2007) 4 .<br />
Qu’en est-il de combiner la fibrinolyse et l’ICP <br />
Depuis quelques années, cette stratégie pharmaco-invasive<br />
a connu un essor considérable.<br />
Elle consiste à pratiquer une ICP après l’administration<br />
d’un fibrinolytique. Il existe encore<br />
* La première partie de cet article a été publiée<br />
dans le numéro de juillet-août 2012.<br />
www.<strong>Profession</strong>sante.ca | avril – mai 2013 | Québec Pharmacie | 21
les pages<br />
bleues<br />
peu de données probantes issues des essais cliniques<br />
aléatoires pour soutenir cette pratique pour<br />
l’ensemble des patients 14 . La récente étude<br />
STREAM a d’ailleurs mis en évidence que le risque<br />
combiné de mort, de choc, d’insuffisance<br />
cardiaque et de récidive d’infarctus dans les<br />
30 jours n’était pas ré<strong>du</strong>it de manière statistiquement<br />
significative dans le groupe des<br />
939 patients qui avaient reçu la fibrinolyse avant<br />
l’ICP, comparativement au groupe des<br />
943 patients chez qui on avait pratiqué l’ICP seulement<br />
(RR = 0,86; IC 95 % : 0,68-1,09, p = 0,21) 15 .<br />
Le risque de saignement intracrânien était également<br />
accru <strong>avec</strong> la fibrinolyse, notamment si la<br />
dose n’était pas ré<strong>du</strong>ite de moitié chez les 75 ans<br />
et plus 15 . On recommande donc de restreindre la<br />
stratégie pharmaco-invasive aux patients à haut<br />
risque, tels que ceux ayant subi un infarctus<br />
antérieur ou un infarctus inférieur <strong>avec</strong> des<br />
signes de risque à l’électrocardiogramme, ceux<br />
qui n’ont pas répon<strong>du</strong> à la thrombolyse (angioplastie<br />
de secours) ou ceux qui souffrent d’un<br />
choc cardiogénique.<br />
En somme, quelle que soit l’option thérapeutique<br />
choisie (fibrinolyse, ICP, traitement pharmaco-invasif),<br />
le traitement consiste à désobstruer<br />
l’artère le plus rapidement possible afin de<br />
rétablir la circulation sanguine. Certains traitements<br />
d’appoint doivent néanmoins être administrés<br />
de manière concomitante afin de prévenir<br />
l’échec de la thérapie ou encore de soulager<br />
les symptômes, ce qui est abordé dans les deux<br />
I Conditions favorisant la pratique d’une intervention coronarienne<br />
percutanée (iCP) plutôt que l’administration de la fibrinolyse<br />
lors d’un STEmi 7,10<br />
Présentation des symptômes > 3 heures<br />
Possibilité de pratiquer une ICP en temps opportun (< 120 minutes)*<br />
Présence de contres-indications à la fibrinolyse (p. ex., risque de saignements,<br />
particulièrement une hémorragie intracrânienne)<br />
STEMI à haut risque de complications (p. ex., risque de choc cardiogénique<br />
chez un indivi<strong>du</strong> de moins de 75 ans; infarctus de classe killip 3 )<br />
Le diagnostic de STEMI demeure douteux<br />
* Note : Les recommandations canadiennes de 2011 10 mentionnent un délai < 90 minutes, mais les plus récentes recommandations<br />
américaines suggèrent un délai de < 120 minutes 7 .<br />
STEMI : infarctus <strong>du</strong> <strong>myocarde</strong> <strong>avec</strong> élévation <strong>du</strong> segment ST<br />
sections suivantes, soit Traitement antithrombotique<br />
et Traitement phaarmacologique antiangineux.<br />
traitement antithrombotique<br />
Un traitement antithrombotique d’appoint<br />
devra être mis en œuvre quelle que soit la stratégie<br />
de reperfusion. On tente ainsi d’empêcher la<br />
croissance <strong>du</strong> thrombus logé dans l’artère coronaire<br />
touchée et de prévenir d’autres agrégations<br />
plaquettaires ou réocclusions qui seraient favorisées<br />
par la thrombolyse ou l’ICP pratiquée. Le<br />
tableau III résume les médicaments recommandés<br />
ainsi que les doses usuelles. Plusieurs<br />
antithrombotiques sont maintenant présents<br />
sur le marché. Les recommandations quant aux<br />
doses et aux combinaisons les plus favorables<br />
sont ainsi susceptibles d’être modifiées selon les<br />
nouvelles études qui seront effectuées.<br />
Acide acétylsalicylique (AAS)<br />
Une dose d’AAS doit être administrée dès la première<br />
intervention médicale, tout comme lors<br />
d’une angine instable ou d’un NSTEMI. La dose<br />
de charge et la dose de maintien seront les mêmes<br />
indépendamment de l’option de désobstruction<br />
choisie (160-325 mg, puis 75-162 mg die) 10,16 .<br />
Pour la dose de charge, l’inhibition de la thromboxane<br />
A2 sera plus rapide si le pro<strong>du</strong>it est préalablement<br />
croqué avant d’être avalé.<br />
Intervention coronarienne percutanée (ICP)<br />
Lors d’une ICP, outre l’AAS, deux autres médicaments<br />
antithrombotiques devraient faire partie<br />
de l’arsenal thérapeutique : un inhibiteur des<br />
récepteurs de l’adénosine diphosphate et un<br />
anticoagulant 10 .<br />
II Doses et contre-indications des fibrinolytiques dans les cas de STEmi<br />
Nom Dose Contre-indications<br />
Streptokinase (Streptase MD )<br />
1,5 million U IV en 1 heure Absolues : Antécédents d’hémorragies intracrâniennes;<br />
néoplasme malin intracrânien; lésion vasculaire cérébrale;<br />
AVC ischémique <strong>du</strong>rant les 3 derniers mois (sauf AVC dans les 3 heures),<br />
dissection aortique; saignement actif; traumatisme facial ou<br />
crânien récent (3 mois);<br />
Relatives: Hypertension sévère (> 180 mm Hg systolique ou<br />
Rétéplase (r-PA) (Retavase MD ) Bolus IV: 10 U; 2 e bolus 110 mm Hg diastolique), AVC depuis plus de 3 mois;<br />
de 10 U 30 min plus tard utilisation d’anticoagulants; grossesse; ulcère actif;<br />
Altéplase (rt-PA) (Activase MD ) Bolus: 15 mg IV, saignement interne récent (2-4 semaines), chirurgie majeure<br />
puis 0,75 mg/kg x 30 min (< 3 semaines)<br />
(max 50 mg), puis 0,5 mg/kg<br />
x 60 min (max 35 mg)<br />
Ténectéplase (TNK-tPA) (TNKase MD ) Bolus unique IV en 5 sec<br />
30 mg si < 60 kg<br />
35 mg si 60-69 kg<br />
40 mg si 70-79 kg<br />
45 mg si 80-89 kg<br />
50 mg si ≥ 90 kg<br />
AVC : accident vasculaire cérébral; IV : intraveineux; min : minutes; sec : secondes; STEMI : infarctus <strong>du</strong> <strong>myocarde</strong> <strong>avec</strong> élévation <strong>du</strong> segment ST; U : unités<br />
22 | Québec Pharmacie | avril – mai 2013 | www.<strong>Profession</strong>sante.ca
Concernant les antagonistes des récepteurs de<br />
l’adénosine diphosphate, le clopidogrel (une<br />
thiénopyridine) demeure le médicament étalon<br />
de cette catégorie. La dose de charge de clopidogrel<br />
devrait être de 600 mg 10 en raison des résultats<br />
de l’étude OASIS-7 17 . L’usage d’une forte<br />
dose de charge repose sur le fait que le clopidogrel<br />
est un promédicament qui doit être métabolisé<br />
pour être efficace; plus les doses utilisées sont<br />
importantes, plus les concentrations efficaces<br />
sont atteintes rapidement dans ces situations<br />
d’urgence. À l’opposé, le prasugrel (thiénopyridine)<br />
et le ticagrélor (triazolopyrimidine) présentent<br />
un début d’action rapide et un degré<br />
d’inhibition plaquettaire plus important. Ils ont<br />
été associés à de meilleures issues cliniques,<br />
comparativement au clopidogrel.<br />
Par exemple, dans l’étude TRITON-TIMI 38,<br />
le prasugrel s’est révélé supérieur au clopidogrel<br />
pour ré<strong>du</strong>ire l’ensemble composé de la mort<br />
cardiovasculaire, des infarctus <strong>du</strong> <strong>myocarde</strong><br />
non fatals et des accidents vasculaires cérébraux<br />
(AVC) (RR = 0,81; IC 95 % : 0,73-0,00)<br />
chez les patients présentant un SCA (angine<br />
instable, NSTEMI et STEMI) et pour lesquels<br />
une ICP était prévue 18 . En outre, le prasugrel<br />
s’avère intéressant chez les indivi<strong>du</strong>s présentant<br />
un risque élevé de thrombose des tuteurs<br />
puisqu’il a été associé à un plus faible risque à<br />
cet égard, soit une ré<strong>du</strong>ction d’un peu plus de<br />
50 %. Néanmoins, il importe de mentionner<br />
que le prasugrel accroît le risque de saignements.<br />
Dans l’étude TRITON-TIMI 38, 2,4 %<br />
des patients sous prasugrel ont présenté un saignement<br />
majeur, comparativement à 1,8 %<br />
dans le groupe clopidogrel (RR = 1,32; IC 95 % :<br />
1,03-1,68) 18 . De fait, la stratification des types de<br />
saignements a confirmé les risques accrus <strong>avec</strong><br />
le prasugrel, comparativement au clopidogrel,<br />
tant pour les saignements menaçant la vie<br />
(1,4 % contre 0,9 %, p = 0,01), les saignements<br />
non fatals (1,1 % contre 0,9 %, p = 0,23) que pour<br />
les saignements fatals (0,4 % contre 0,1 %,<br />
p = 0,002) 18 . L’augmentation des saignements a<br />
été observée dans certains groupes spécifiques;<br />
de ce fait, le prasugrel doit absolument être<br />
évité chez les personnes ayant déjà souffert<br />
d’un AVC ou d’une ischémie cérébrale transitoire,<br />
et il n’est pas recommandé chez celles de<br />
plus de 75 ans et celles de moins de 60 kg.<br />
Notons toutefois que l’étude TRILOGY-ACS,<br />
effectuée dans le cadre d’une angine instable et<br />
de NSTEMI, a évalué une dose de maintien de<br />
5 mg (au lieu de 10 mg) chez les personnes de<br />
moins de 60 kg ou de plus de 75 ans, suggérant<br />
que cette dose pourrait être sécuritaire dans ces<br />
populations quant au risque de saignements 19 . Il<br />
n’existe toutefois pas de donnée probante dans le<br />
cadre de STEMI 25 .<br />
Enfin, l’efficacité <strong>du</strong> ticagrélor a été démontrée<br />
dans l’étude PLATO chez des patients en SCA<br />
(angine instable, NSTEMI et STEMI) traités par<br />
ICP ou médicalement 20 . Dans cette étude, l’ensemble<br />
composé de la mort cardiovasculaire, des<br />
IM non fatals et des AVC est survenu moins fréquemment<br />
dans le groupe traité par le ticagrélor<br />
III antithrombotiques selon la stratégie de reperfusion lors de STEmi 7<br />
Fibrinolyse<br />
Intervention coronarienne percutanée (ICP)<br />
Dose initiale Dose de maintien Dose initiale Dose de maintien Durée<br />
ANTIPlAqueTTAIReS<br />
Acide acétylsalicylique 160-325 mg 75-162 mg die 160-325 mg 75-162 mg die Indéfiniment<br />
Clopidogrel<br />
≤75 ans: 300 mg 75 mg die 600 mg 75 mg die 14 jours à plus<br />
>75 ans: 75 mg de 12 mois (voir texte)<br />
Prasugrel<br />
— — 60 mg 10 mg die (5 mg si < 60 kg 12 à 15 mois<br />
ou > 75 ans)<br />
Ticagrélor<br />
— — 180 mg 90 mg bid 12 mois<br />
GP2b3A<br />
Abciximab<br />
— — 0,25 mg/kg 0,125 ug/kg/min 12 heures<br />
eptifibatide<br />
— — 180 ug/kg x 2 2,0 ug/kg/min 18 heures<br />
à 10 min d’intervalle<br />
Tirofiban<br />
— — 25 ug/kg 0,15 ug/kg/min 18-24 heures<br />
ANTIThRoMbINeS<br />
héparine<br />
60 U/kg (max 4000 U) 12 U/kg/h (max 1000 U/h); 70-100 U/kg si pas Min 48 heures ad fin<br />
non fractionnée<br />
viser TCA 50-70 s GP IIb/IIIa hospitalisation, jusqu’à<br />
50-70 U/kg <strong>avec</strong> GP IIb/IIIa 8 jours ou jusqu’à<br />
la revascularisation<br />
Énoxaparine<br />
30 mg IV si < 75 ans 1 mg/kg q12h sc 0,3 mg/kg IV si dernière dose Min 48 heures ad fin<br />
(max 100 mg q12h); > 8 h avant gonflement hospitalisation, jusqu’à<br />
≥75 ans: 0,75 mg/kg <strong>du</strong> ballonnet 8 jours ou jusqu’à<br />
et max 75 mg pour<br />
la revascularisation<br />
2 premières doses<br />
Clcr < 30 ml/min:<br />
donner q24h<br />
Fondaparinux 2,5 mg IV 2,5 mg sc die — — Min 48 heures ad fin<br />
hospitalisation, jusqu’à<br />
8 jours ou jusqu’à<br />
la revascularisation<br />
bivalirudine<br />
— — 0,75 mg/kg 1,75 mg/kg/h Durée de la procé<strong>du</strong>re<br />
ou ad 4 hres<br />
post-procé<strong>du</strong>re<br />
bid: deux fois par jour; die: une fois par jour; IV: intraveineux; sc: sous-cutané; TCA: temps de céphaline activée<br />
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les pages<br />
bleues<br />
que dans le groupe traité par le clopidogrel<br />
(RR = 0,84; IC 95 % : 0,77-0,92), et ce, indépendamment<br />
de l’option de traitement choisie. Il<br />
s’agit par ailleurs de la seule étude qui ait démontré<br />
une ré<strong>du</strong>ction de la mortalité. Le risque de<br />
saignements était plus élevé dans le groupe ticagrélor<br />
que dans le groupe clopidogrel, mais ce,<br />
uniquement pour les saignements majeurs survenant<br />
hors d’un contexte de pontage. Le ticagrélor<br />
est également associé à un risque de dyspnée<br />
réversible (survenant habituellement en<br />
début de thérapie), bien que cet effet entraîne<br />
rarement l’arrêt de la thérapie 21 . Une bradycardie<br />
asymptomatique survient enfin chez certains<br />
patients à risque, par exemple ceux qui souffrent<br />
de bloc auriculo-ventriculaire de 2 e ou 3 e degré,<br />
ou de syncope liée à une bradycardie (patients<br />
sans stimulateur cardiaque, ou pacemaker).<br />
Trois différents anticoagulants peuvent être utilisés<br />
lors d’une ICP : l’héparine non fractionnée,<br />
l’énoxaparine et la bivalirudine (tableau III ). Le<br />
fondaparinux ne doit jamais être utilisé seul puisque<br />
les résultats de l’étude OASIS-6 ont identifié<br />
un risque accru de thrombose de cathéter lors de<br />
l’intervention. Alors, un bolus d’héparine IV doit<br />
être administré lors de la procé<strong>du</strong>re permettant<br />
d’éviter cet effet 22 .<br />
L’énoxaparine IV a été comparée <strong>avec</strong> l’héparine<br />
non fractionnée IV dans l’étude ATOLL, en<br />
2011 23 . Aucune différence statistiquement significative<br />
n’a été notée entre les deux groupes quant<br />
à l’ensemble comprenant la mortalité à 30 jours,<br />
les complications d’infarctus <strong>du</strong> <strong>myocarde</strong>,<br />
l’échec de la procé<strong>du</strong>re et les saignements<br />
majeurs (RR = 0,83; IC 95 % : 0,68-1,01). Toutefois,<br />
l’événement indésirable étudié (ensemble<br />
comprenant mort, SCA récurrent ou revascularisation<br />
urgente) était moindre dans le groupe<br />
recevant l’énoxaparine (RR = 0,59; IC 95 % :<br />
0,38-0,91), sans que les saignements ne soient<br />
accrus. Néanmoins, les récentes lignes directrices<br />
américaines ne mentionnent pas l’énoxaparine<br />
parmi les anticoagulants qui peuvent être<br />
utilisés lors d’une ICP en STEMI 7 .<br />
Par contre, la bivalirudine, un inhibiteur<br />
direct de la thrombine, constitue une solution de<br />
rechange à l’héparine, <strong>avec</strong> ou sans traitement<br />
préalable à l’héparine 7 . Elle représente une thérapie<br />
intéressante chez les patients à haut risque de<br />
saignements. En effet, cette substance a été étudiée<br />
dans l’étude HORIZONS-AMI, étude<br />
ouverte qui la comparait à la combinaison d’héparine<br />
et de GP IIb/IIIa 24 . L’usage de bivalirudine<br />
a été associé à une ré<strong>du</strong>ction des saignements,<br />
à une augmentation initiale de thrombose<br />
<strong>du</strong> tuteur au cours des premières 24 heures de<br />
traitement (mais aucune différence significative<br />
à 30 jours) et à une ré<strong>du</strong>ction de la mortalité de<br />
toutes causes et de la mortalité de cause cardiovasculaire<br />
(à 30 jours et se maintenant jusqu’à<br />
trois ans). Malgré certaines limites (p. ex., usage<br />
d’héparine non fractionnée en prérandomisation,<br />
recours à la thérapie de secours <strong>avec</strong> les<br />
GP IIb/IIIa et dose de charge de clopidogrel 25 ), la<br />
bivalirudine s’est ainsi taillé une place dans l’arsenal<br />
thérapeutique des ICP. Toutefois, son prix<br />
n’en fait pas une première option de traitement<br />
au Québec, l’héparine IV demeurant très utilisée.<br />
De plus, la diminution des saignements<br />
observée lors des études cliniques <strong>avec</strong> la bivalirudine<br />
était liée à l’utilisation de la voie fémorale<br />
pour l’ICP, alors que plusieurs centres utilisent<br />
l’accès par voie radiale au Québec.<br />
Largement utilisés au début des années 2000<br />
dans le contexte d’un SCA, les inhibiteurs<br />
GP IIb/IIIa voient leur place moins bien définie<br />
25 dans le cadre d’une ICP lors d’un STEMI.<br />
L’avènement des doses de charge de clopidogrel,<br />
l’utilisation des nouveaux antiplaquettaires,<br />
l’ajout de bivalirudine à l’arsenal thérapeutique<br />
et la thrombo-aspiration (aspiration <strong>du</strong><br />
caillot lors d’une ICP réalisée dans le contexte<br />
d’un STEMI) ont relayé au troisième rang l’utilisation<br />
des inhibiteurs GP IIb/IIIa. Certains<br />
auteurs suggèrent que les inhibiteurs GP IIb/<br />
IIIa pourraient s’avérer utiles comme stratégie<br />
de secours, notamment en présence d’un gros<br />
thrombus ou d’une situation où la désobstruction<br />
ne fonctionne pas adéquatement (noreflow)<br />
7,25 . Dans cette optique, les lignes directrices<br />
américaines mentionnent qu’il est<br />
raisonnable de commencer un traitement par<br />
un inhibiteur GP IIb/IIIa chez certains patients<br />
souffrant de STEMI, traités par héparine non<br />
fractionnée, en faisant référence aux situations<br />
précédemment mentionnées (classe IIa).<br />
Fibrinolyse<br />
En plus de l’AAS, le traitement antiplaquettaire<br />
dans la fibrinolyse devrait comprendre le<br />
clopidogrel. Les études CLARITY-TIMI et<br />
COMMIT ont mis en évidence, respectivement,<br />
une ré<strong>du</strong>ction des événements cardiaques et de<br />
la mortalité de toutes causes chez les patients<br />
ayant reçu une fibrinolyse 26,27 . Le prasugrel et le<br />
ticagrélor n’ont pas été étudiés dans ce contexte<br />
et ne devraient donc pas être utilisés pour l’instant<br />
7,10 . Enfin, aucune donnée probante ne soutient<br />
l’emploi d’un inhibiteur GP IIb/IIIa dans le<br />
cadre de la fibrinolyse puisque plusieurs études<br />
ont démontré non seulement l’absence de bénéfices,<br />
mais la présence d’un risque accru de saignements.<br />
L’anticoagulation par voie parentérale est<br />
requise <strong>du</strong>rant la fibrinolyse, sauf lors d’une<br />
thrombolyse <strong>avec</strong> la streptokinase. L’anticoagulation<br />
devrait être poursuivie au moins pendant<br />
48 heures ou pour toute la <strong>du</strong>rée de l’hospitalisation<br />
(jusqu’à huit jours), ou jusqu’à la revascularisation<br />
par ICP 7,25 . L’héparine non fractionnée<br />
demeure un choix de traitement approprié; le<br />
monitorage est essentiel pour que la cible de traitement<br />
soit atteinte (temps de céphaline activée<br />
[TCA] : 50-70 s), mais son effet est plus facilement<br />
réversible (<strong>avec</strong> la protamine) en présence<br />
d’un saignement. L’usage d’énoxaparine a<br />
conféré un risque moindre de récidive d’infarctus<br />
et d’ischémie réfractaire, comparativement à<br />
l’héparine non fractionnée, dans l’étude<br />
ASSENT-3, bien que le risque de saignements ait<br />
été plus élevé dans le groupe traité par l’énoxaparine<br />
28 . D’autres études ont obtenu des résultats<br />
similaires 29,30 . En raison de ces risques accrus de<br />
saignements, il est recommandé de diminuer la<br />
dose d’énoxaparine chez les patients de 75 ans et<br />
plus 7 . Quant aux patients <strong>avec</strong> une insuffisance<br />
rénale modérée à sévère, il demeure approprié<br />
d’ajuster la dose à la baisse ou d’utiliser l’héparine<br />
non fractionnée, afin de ré<strong>du</strong>ire les risques<br />
de saignements 7,25 .<br />
Le fondaparinux a, quant à lui, été étudié dans<br />
le cadre d’un STEMI traité par thrombolyse ou<br />
ICP dans l’essai OASIS-6 31 . Les bénéfices conférés<br />
par ce pro<strong>du</strong>it étaient supérieurs à ceux<br />
engendrés par l’héparine non fractionnée quant<br />
à la mortalité et aux récidives d’infarctus,<br />
notamment chez les patients qui recevaient de la<br />
streptokinase 7 .<br />
Enfin, il n’existe aucune preuve en faveur de<br />
l’usage de la bivalirudine dans un contexte de<br />
fibrinolyse, mais les lignes directrices américaines<br />
mentionnent qu’elle pourrait être utilisée<br />
comme anticoagulant dans le cas de thrombocytopénie<br />
in<strong>du</strong>ite par l’héparine 7 .<br />
Place des nouveaux anticoagulants<br />
Il existe peu de données probantes sur les<br />
nouveaux anticoagulants oraux dans le traitement<br />
<strong>du</strong> SCA. De fait, la place de ces agents,<br />
notamment en association <strong>avec</strong> les nouveaux<br />
antiplaquettaires, n’est pas définie et la triple<br />
thérapie (antiplaquettaires – autres que le clopidogrel<br />
–, ASA et anticoagulant) n’est pas<br />
recommandée. Seules quelques études ont été<br />
réalisées jusqu’à présent <strong>avec</strong> les nouveaux<br />
anticoagulants. Par ailleurs, l’usage de 2,5 mg<br />
de rivaroxaban à raison de deux fois par jour a<br />
ré<strong>du</strong>it la survenue de l’ensemble comprenant<br />
mort cardiovasculaire, infarctus <strong>du</strong> <strong>myocarde</strong><br />
et AVC dans l’étude ATLAS ACS 2-TIMI 51,<br />
réalisée chez des patients en SCA (angine instable,<br />
NSTEMI et STEMI) 32 . Son usage était<br />
cependant associé à une augmentation <strong>du</strong> risque<br />
de saignements. De plus, il n’a pas été évalué<br />
en association <strong>avec</strong> le prasugrel ou le ticagrélor<br />
: le risque de saignements pourrait ainsi<br />
être augmenté <strong>avec</strong> ces agents. D’autre part,<br />
l’apixaban n’a pas démontré de bénéfices dans<br />
le traitement <strong>du</strong> SCA dans l’étude<br />
APPRAISE-2 33 , alors que le darexaban et le<br />
dabigatran n’ont pas été associés à des résultats<br />
bénéfiques quant au SCA 25 . En somme, d’autres<br />
études devront être effectuées pour reconnaître<br />
la place des nouveaux anticoagulants dans le<br />
traitement <strong>du</strong> SCA, mais les résultats préliminaires<br />
ne laissent pas entrevoir de bénéfices cliniques<br />
très favorables.<br />
24 | Québec Pharmacie | avril – mai 2013 | www.<strong>Profession</strong>sante.ca
traitement pharmacologique antiangineux<br />
Contrairement à l’angine instable et au<br />
NSTEMI, l’utilisation des antiangineux est plus<br />
limitée dans le traitement d’un STEMI. Les fondements<br />
de l’usage de ces médicaments sont<br />
décrits ci-dessous, alors que la place des traitements<br />
à long terme est abordée spécifiquement<br />
dans la section Traitements à long terme après le<br />
SCA : quoi et combien de temps <br />
Nitrates<br />
Bien que les nitrates n’améliorent pas la survie et<br />
ne ré<strong>du</strong>isent généralement pas la blessure infligée<br />
au <strong>myocarde</strong>, ils s’avèrent utiles pour ré<strong>du</strong>ire<br />
la douleur angineuse lors de STEMI, notamment<br />
avant que la thrombolyse ou l’ICP ait pu<br />
rétablir la circulation sanguine. Ils peuvent par<br />
ailleurs s’avérer utiles dans le cas d’hypertension<br />
ou d’insuffisance cardiaque, pour autant que le<br />
patient ne présente pas d’hypotension, de bradycardie<br />
ou de tachycardie importante, d’infarctus<br />
ventriculaire droit, et qu’un inhibiteur de la<br />
phosphodiestérase-5 n’ait pas été utilisé <strong>du</strong>rant<br />
les 24 à 48 heures précédentes 7,25 .<br />
Bêta-bloquants et bloqueurs<br />
des canaux calciques (BCC)<br />
non-dihydropyridines<br />
Pour la plupart des patients souffrant de<br />
STEMI, il convient d’attendre que l’état soit<br />
stabilisé avant d’administrer un bêta-bloquant;<br />
on privilégie également la voie orale autant<br />
que possible 7,25 . En effet, l’utilisation de bêtabloquants<br />
par voie intraveineuse a été associée<br />
à un risque de choc cardiogénique dans l’étude<br />
COMMIT, notamment pour les patients présentant<br />
de la tachycardie, de l’hypotension ou<br />
une insuffisance cardiaque de classe Killip II ou<br />
III 34 . Les lignes directrices américaines recommandent<br />
le métoprolol (25 à 50 mg po q 6-12 h<br />
<strong>avec</strong> augmentation sur deux à trois jours pour<br />
atteindre une dose quotidienne totale de<br />
200 mg [selon la tolérance], répartie en une ou<br />
deux doses) ou le carvédilol (6,25 mg bid à augmenter<br />
à 25 mg bid selon la tolérance). L’aténolol,<br />
le propranolol et le bisoprolol demeurent<br />
des choix appropriés en raison des bénéfices<br />
démontrés lors d’études réalisées en STEMI ou<br />
en insuffisance cardiaque.<br />
Dans un épisode aigu de STEMI, rien ne<br />
prouve que les BCC apportent des bénéfices. De<br />
fait, l’usage de BCC a été associé à une tendance à<br />
favoriser de mauvaises issues cliniques dans une<br />
méta-analyse 35 ; il n’y a donc pas lieu de les utiliser,<br />
à moins qu’un patient ne puisse recevoir un bêtabloquant<br />
et présente de l’ischémie, une tension<br />
artérielle élevée ou une fibrillation auriculaire 7 .<br />
Inhibiteurs de l’enzyme de conversion<br />
de l’angiotensine (IECA) et antagonistes<br />
des récepteurs de l’angiotensine II (ARA)<br />
L’usage d’IECA a été associé à une augmentation<br />
de la survie dans le SCA, notamment si ces médicaments<br />
étaient administrés rapidement lors de<br />
l’hospitalisation. Chez les patients qui ne présentent<br />
pas d’hypotension, les experts recommandent<br />
d’instaurer l’IECA dans les 24 heures suivant<br />
un STEMI, en présence de congestion pulmonaire<br />
ou d’une fraction d’éjection ventriculaire<br />
gauche de moins de 40 % 7 . L’usage d’un IECA s’est<br />
en effet révélé sécuritaire, bien toléré et efficace<br />
pour ré<strong>du</strong>ire la mortalité 7,25 . Néanmoins, il<br />
n’existe pas de consensus quant au type de patients<br />
qui devraient recevoir un IECA; certains experts<br />
estiment que tous les patients bénéficient d’un<br />
traitement, alors que d’autres privilégient le traitement<br />
chez les patients à haut risque uniquement<br />
7,25 . Quoi qu’il en soit, les IECA ne devraient<br />
pas être administrés par voie intraveineuse <strong>du</strong>rant<br />
les premières 24 heures en raison <strong>du</strong> risque d’hypotension.<br />
Parmi les IECA, les lignes directrices<br />
suggèrent l’emploi de lisinopril (dose visée de<br />
10 mg die ou plus élevée, si tolérée), de captopril<br />
(jusqu’à 25-50 mg tid), de ramipril (jusqu’à 5 mg<br />
bid) et de trandolapril (jusqu’à 4 mg die) 7 . L’énalapril<br />
a également été étudié en STEMI et s’avère<br />
une option appropriée dans le contexte. Enfin, les<br />
ARA constituent des choix thérapeutiques adéquats<br />
pour les patients qui ne peuvent pas tolérer<br />
un IECA 7 . Le valsartan, particulièrement, pourrait<br />
être débuté à 20 mg bid et titré jusqu’à une<br />
dose de 160 mg bid 7 .<br />
Éplérénone<br />
L’éplérénone, un inhibiteur sélectif de l’aldostérone,<br />
a été évaluée dans l’IM <strong>avec</strong> dysfonctionnement<br />
ventriculaire gauche chez des patients souffrant<br />
soit d’insuffisance cardiaque (fraction<br />
éjection < 40 %), de dysfonctionnement ventriculaire<br />
gauche ou de diabète (étude EPHESUS) 36 .<br />
L’utilisation de 25-50 mg d’éplérénone a été associée<br />
à une diminution absolue <strong>du</strong> risque de mortalité<br />
de 2,3 %, conférant un nombre requis pour<br />
traiter (number needed to treat) de 43 en 16 mois.<br />
Ces résultats soutiennent l’utilisation de l’éplérénone<br />
chez les patients subissant un STEMI, déjà<br />
traités par un IECA et un bêta-bloquant, et qui<br />
présentent les mêmes caractéristiques que celles<br />
décrites ci-haut, pour autant que leur fonction<br />
rénale ne soit pas altérée et qu’ils ne présentent<br />
pas d’hyperkaliémie 7 . Les lignes directrices américaines<br />
confèrent un niveau de preuve de classe I<br />
à cette recommandation, mais elles mentionnent<br />
que cette thérapie doit être instaurée dans les<br />
sept jours <strong>du</strong> STEMI pour que les patients en retirent<br />
des bénéfices cliniques 7 . Parallèlement, au<br />
Québec, l’éplérénone est remboursée par la Régie<br />
de l’assurance maladie uniquement pour les personnes<br />
qui présentent des signes d’insuffisance<br />
cardiaque et de dysfonctionnement systolique<br />
ventriculaire gauche (fraction d’éjection < 40 %)<br />
après un infarctus <strong>du</strong> <strong>myocarde</strong>, si le traitement<br />
est instauré dans les jours suivant l’IM en complément<br />
de la thérapie standard.<br />
Traitements pharmacologiques<br />
d’appoint <strong>du</strong> SCA : douleur,<br />
essoufflement et anxiété<br />
Outre le traitement de la problématique cardiaque<br />
aiguë, certains problèmes de santé devront<br />
également être pris en charge chez le patient<br />
souffrant de SCA. En effet, quel que soit le type<br />
d’événement (angine instable, NSTEMI ou<br />
STEMI), la douleur, l’essoufflement et l’anxiété<br />
peuvent s’avérer des éléments importants dans<br />
l’évolution <strong>du</strong> cas, et un traitement approprié<br />
doit être entrepris.<br />
douleur<br />
Pour soulager la douleur rési<strong>du</strong>elle des patients<br />
traités par les nitrates et autres antiangineux<br />
(bêta-bloquants, BCC), l’utilisation d’opioïdes<br />
(habituellement la morphine) est indiquée 7,25,37,38 .<br />
Les doses de morphine recommandées sont<br />
comprises dans une échelle de 1 à 8 mg IV toutes<br />
les 5 à 30 minutes 7,38 . Outre les actions analgésique<br />
et anxiolytique, la morphine procure certains<br />
effets hémodynamiques intéressants,<br />
notamment par la ré<strong>du</strong>ction de la tension artérielle<br />
et de la fréquence cardiaque 7,37,38 .<br />
Toutefois, cette substance peut engendrer une<br />
dépression respiratoire, limitant l’oxygénation 37 .<br />
Une étude observationnelle a révélé une augmentation<br />
<strong>du</strong> risque de décès associée à l’usage<br />
de la morphine dans le traitement de l’angine<br />
instable/NSTEMI, ce qui a con<strong>du</strong>it à une ré<strong>du</strong>ction<br />
<strong>du</strong> niveau de preuve de ce médicament dans<br />
les lignes directrices de l’American College of<br />
Cardiology (ACC)/American Heart Association<br />
(AHA) en 2007 39 . Les experts soulignent ainsi<br />
que la morphine devrait être réservée aux<br />
patients adéquatement traités par des nitrates et<br />
des bêta-bloquants 37 .<br />
essoufflement<br />
Les patients, qui présentent de l’essoufflement,<br />
sont hypoxiques ou souffrent d’insuffisance cardiaque,<br />
devraient recevoir de l’oxygène 7,25 . Les<br />
données probantes soutenant l’utilisation de<br />
l’oxygène chez les autres patients demeurent<br />
lacunaires 7,25 .<br />
anxiété<br />
Plusieurs patients présentent de l’anxiété face à<br />
l’événement qu’ils subissent et en réaction à la<br />
douleur ressentie 25 . L’administration d’anxiolytiques<br />
peut s’avérer appropriée pour ré<strong>du</strong>ire une<br />
Suite <strong>du</strong> cas clinique (1)<br />
Comme la patiente ne présente pas de<br />
contre-indications et qu’elle habite loin d’un<br />
centre où s’effectuent des ICP, la fibrinolyse<br />
constitue la solution de reperfusion la plus<br />
appropriée. Les médecins jugent qu’il n’est<br />
pas nécessaire de la transférer pour effectuer<br />
une stratégie pharmaco-invasive puisque<br />
son état est stable et qu’elle se porte beaucoup<br />
mieux. Le pharmacien a toutefois<br />
demandé à ce que soient apportés certains<br />
changements à sa thérapie. Quels sont ces<br />
changements <br />
www.<strong>Profession</strong>sante.ca | avril – mai 2013 | Québec Pharmacie | 25
les pages<br />
bleues<br />
anxiété importante qui n’a pas déjà été atténuée<br />
par l’usage d’opioïdes 25 . Toutefois, l’usage de<br />
benzodiazépines n’entraîne pas de bénéfices en<br />
termes de ré<strong>du</strong>ction de morbidité ou de mortalité,<br />
bien que la diminution de l’anxiété puisse<br />
tout de même ré<strong>du</strong>ire les demandes d’oxygène<br />
par le <strong>myocarde</strong> 40 .<br />
la thérapie concomitante <strong>du</strong> patient :<br />
que faut-il cesser ou poursuivre<br />
pendant l’épisode de SCA <br />
anti-inflammatoires non stéroïdiens (ains)<br />
Les AINS ne devraient pas être utilisés lors d’un<br />
SCA 7 . En effet, tous les AINS peuvent entrer en<br />
compétition <strong>avec</strong> l’AAS pour l’inhibition de la<br />
thromboxane A2. Alors que l’inhibition de<br />
l’AAS est irréversible, celle des AINS est réversible,<br />
ce qui entraîne une diminution de l’efficacité<br />
antiplaquettaire. Comme l’usage d’AINS a été<br />
associé à des risques accrus de mortalité et d’infarctus,<br />
tout en augmentant le risque d’hypertension<br />
et d’insuffisance cardiaque, il est recommandé<br />
de les cesser lors d’un SCA 7 .<br />
hormonothérapie<br />
L’étude HERS II a démontré que l’hormonothérapie<br />
de remplacement ne procure aucun bénéfice<br />
cardiovasculaire, tout en augmentant le risque<br />
de certaines complications (p. ex., cancer <strong>du</strong><br />
sein, thrombose veineuse) 41 . Il n’y a donc pas lieu<br />
d’utiliser l’hormonothérapie de remplacement<br />
en prévention primaire des événements. Lors<br />
d’un SCA, il est recommandé de cesser l’hormonothérapie.<br />
Suite <strong>du</strong> cas clinique (2)<br />
Pour la patiente A.B., le pharmacien suggère<br />
de cesser l’hormonothérapie et l’anti-inflammatoire<br />
non stéroïdien. Quelques jours plus<br />
tard, on doit préparer le formulaire de suivi<br />
<strong>avec</strong> la pharmacie communautaire. Que<br />
devrait-on y inscrire<br />
les traitements à long terme après<br />
le SCA : quoi et combien de temps <br />
La prise en charge à long terme après un épisode<br />
de SCA est toujours la même, quel que soit<br />
le type d’événement qu’a subi le patient (angine<br />
instable, NSTEMI ou STEMI). On veillera à<br />
prévenir la progression de la maladie et le risque<br />
de récidive en assurant une prise en charge<br />
pharmacologique et non pharmacologique<br />
adéquate.<br />
bêta-bloquants et ieca<br />
L’usage de bêta-bloquants est recommandé à<br />
long terme chez les patients ayant subi un SCA,<br />
notamment un STEMI, s’ils ne présentent pas<br />
de contre-indications 7 . Toutefois, il importe de<br />
rappeler que la majorité des données probantes<br />
soutenant ces recommandations ont été obtenues<br />
avant que la reperfusion ne devienne la<br />
méthode la plus répan<strong>du</strong>e. On reconnaît que<br />
les bénéfices seraient plus grands pour les<br />
patients <strong>avec</strong> de l’insuffisance cardiaque, un<br />
dysfonctionnement ventriculaire gauche ou<br />
des arythmies ventriculaires 7 . De fait, un<br />
patient souffrant d’insuffisance cardiaque<br />
(fraction d’éjection < 40 %) doit nécessairement<br />
recevoir un bêta-bloquant. Toutefois, l’efficacité<br />
à long terme des bêta-bloquants pour<br />
les patients qui ne présentent pas de complications<br />
après leur SCA est moins claire et n’a pas<br />
été évaluée de manière appropriée depuis que<br />
la reperfusion est largement utilisée. Pour<br />
alimenter la réflexion, une récente étude de<br />
cohorte observationnelle, portant sur<br />
5628 patients japonais, a mis en évidence que<br />
l’usage de bêta-bloquants après un STEMI avait<br />
diminué la mortalité chez les indivi<strong>du</strong>s à haut<br />
risque, mais pas chez ceux présentant un faible<br />
risque 42 . Au total, on n’a noté aucune ré<strong>du</strong>ction<br />
de la mortalité (RR = 0,935; IC 95 % : 0,711-<br />
1,230). Malgré les limites inhérentes à la<br />
con<strong>du</strong>ite d’études observationnelles et la validité<br />
externe potentiellement moindre dans le<br />
contexte nord-américain, ces résultats soulignent<br />
la nécessité de remettre en cause la pertinence<br />
d’utiliser ces médicaments chez tous les<br />
patients suivant un SCA, <strong>avec</strong> l’avènement de<br />
nouvelles thérapies, techniques et procé<strong>du</strong>res.<br />
L’usage d’un IECA à long terme est recommandé<br />
chez tous les patients chez lesquels on a<br />
instauré la thérapie, puisque cette classe d’agents<br />
a été associée à une ré<strong>du</strong>ction de la mortalité cardiovasculaire<br />
et de la survenue d’infarctus <strong>du</strong><br />
<strong>myocarde</strong> 25 . Toutefois, l’usage des IECA à long<br />
terme est moins bien établi pour les patients à<br />
faible risque qui ont été revascularisés à la suite<br />
d’un STEMI et qui reçoivent un traitement<br />
hypolipémiant très puissant 7 .<br />
antithrombotiques<br />
Le traitement par l’AAS devrait être poursuivi<br />
indéfiniment chez tous les patients ayant subi un<br />
SCA 16 . Afin d’éviter les problèmes de saignements,<br />
il est recommandé d’utiliser de faibles<br />
doses (75-162 mg par jour) 16 . Pour les patients<br />
intolérants à l’aspirine, le clopidogrel s’avère une<br />
option acceptable. Tout comme pour l’AAS, le<br />
traitement devra être poursuivi indéfiniment 16 .<br />
En plus de l’aspirine, le clopidogrel devrait être<br />
utilisé pendant au moins un mois (jusqu’à<br />
12 mois si le risque de saignement est faible), lors<br />
d’une angine instable/NSTEMI 16 . Après un<br />
STEMI traité par thrombolyse, on recommande<br />
l’usage de clopidogrel et d’AAS pour au moins<br />
14 jours, et jusqu’à 12 mois si le patient ne présente<br />
pas de risque accru de saignements 16 . Si le<br />
patient a subi une ICP, le clopidogrel doit être<br />
poursuivi <strong>avec</strong> l’AAS pendant 12 mois, et ce, quel<br />
que soit le type de tuteur implanté 7,16 . De fait, l’association<br />
pourrait même être poursuivie pendant<br />
plus d’un an chez les personnes à faible risque<br />
de saignements et à haut risque de<br />
thrombose 16 . Quant au prasugrel et au ticagrélor,<br />
ils devraient être poursuivis pendant 12 mois,<br />
jusqu’à 15 mois pour le prasugrel 16 .<br />
statines<br />
Les statines exercent un effet stabilisant sur la<br />
plaque athéromateuse. On leur attribue également<br />
des effets positifs sur la fonction endothéliale,<br />
l’agrégation plaquettaire et l’inflammation.<br />
Ainsi, elles pourraient s’avérer essentielles<br />
pour ré<strong>du</strong>ire le lourd fardeau d’événements qui<br />
surviennent après un SCA. En l’absence de<br />
contre-indication, les statines devraient être<br />
instaurées chez tous les patients ayant souffert<br />
d’un SCA, sans égard à leur taux de cholestérol<br />
LDL initial 7,43 . Les doses élevées de statines,<br />
notamment l’atorvastatine 80 mg, seraient privilégiées<br />
puisqu’elles sont associées à de<br />
meilleures issues cliniques 7 .<br />
La principale controverse sur l’usage des statines<br />
réside dans le choix <strong>du</strong> moment de l’instauration<br />
de la thérapie. Plusieurs militent pour une<br />
instauration rapide, avant la sortie de l’hôpital,<br />
alléguant qu’une telle rapidité procure des bénéfices<br />
plus importants et que l’adhésion au traitement<br />
est favorisée 43 . Or, certains auteurs émettent<br />
des réserves sur les bénéfices réels engendrés<br />
Suivi et surveillance<br />
de la thérapie<br />
Dans la note rédigée pour la pharmacie communautaire,<br />
on fait état des médicaments qui<br />
doivent être poursuivis tels quels (antihypertenseurs,<br />
calcium et vitamine D) et de ceux qui<br />
ont été cessés en raison <strong>du</strong> SCA et qui ne doivent<br />
plus être repris (hormonothérapie, antiinflammatoire<br />
non stéroïdien). On indique<br />
également qu’A.B. recevra de l’aspirine à faible<br />
dose indéfiniment et <strong>du</strong> clopidogrel pendant<br />
12 mois. Il est noté qu’il faut vérifier tout épisode<br />
de saignement chez cette personne; si<br />
jamais il y a des saignements, on évaluera la<br />
pertinence de cesser le traitement par le clopidogrel.<br />
Enfin, étant donné qu’un traitement<br />
par une statine vient d’être entrepris, on<br />
demande au pharmacien communautaire<br />
d’assurer le suivi approprié: noter la présence<br />
d’effets indésirables (notamment les douleurs<br />
musculaires) et vérifier les valeurs de laboratoire<br />
dans quatre semaines (valeur <strong>du</strong> LDL<br />
[viser < 2,0 mmol/L]) et s’assurer que les valeurs<br />
de créatine kinase (CK) sont normales. La dose<br />
de statine (atorvastatine) pourra ainsi être augmentée<br />
jusqu’à 80 mg selon la tolérance de la<br />
patiente, afin d’obtenir les résultats escomptés.<br />
26 | Québec Pharmacie | avril – mai 2013 | www.<strong>Profession</strong>sante.ca
par une administration rapide des statines. Par<br />
exemple, une récente revue Cochrane incluant<br />
18 essais cliniques aléatoires n’a noté aucune différence<br />
entre l’instauration rapide (dans les<br />
14 jours suivant le SCA) et le traitement standard<br />
quant au risque de récurrence d’infarctus, de<br />
mort, de revascularisation, d’insuffisance cardiaque<br />
ou d’AVC après un suivi de quatre mois 44 .<br />
Néanmoins, les lignes directrices soulignent que<br />
l’amélioration de l’adhésion au traitement<br />
constitue une raison suffisante pour instaurer le<br />
traitement par les statines avant la sortie de l’hôpital<br />
7 . Le pharmacien représente par ailleurs le<br />
professionnel de la santé le plus apte à surveiller<br />
l’adhésion au traitement, élément souvent problématique<br />
pour des médicaments comme les<br />
statines dont le traitement doit être poursuivi<br />
indéfiniment 10 .<br />
mesures non pharmacologiques<br />
Les mesures non pharmacologiques ont évidemment<br />
une importance capitale dans les suites<br />
d’un épisode de SCA. L’abandon <strong>du</strong> tabac<br />
peut, par exemple, se tra<strong>du</strong>ire par une ré<strong>du</strong>ction<br />
relative <strong>du</strong> risque de décès de près 50 % 45 . Il s’agirait<br />
de la mesure de prévention secondaire la plus<br />
efficace 25 . Le pharmacien devrait donc toujours<br />
s’enquérir <strong>du</strong> statut tabagique <strong>du</strong> patient et lui<br />
proposer des aides pharmacologiques et non<br />
pharmacologiques. La période suivant le SCA<br />
constitue une fenêtre de temps intéressante pour<br />
mettre en œuvre de telles stratégies 25,46 . Par<br />
ailleurs, comme le taux de rechute est élevé après<br />
la période de convalescence, le pharmacien peut<br />
jouer un rôle fondamental dans la cessation définitive<br />
<strong>du</strong> tabagisme. Les thérapies de remplacement<br />
de la nicotine, le bupropion (Zyban MD ) et la<br />
varénicline (Champix MD ), se sont tous révélées<br />
sécuritaires dans la période post-SCA 43 . Les<br />
principes d’alimentation et de mise en forme<br />
devraient également faire partie <strong>du</strong> plan de soin<br />
de l’équipe traitante. Enfin, les interventions<br />
psychosociales, les programmes de gestion <strong>du</strong><br />
stress et les programmes de réhabilitation basés<br />
sur l’exercice physique devraient être mis en<br />
place pour assurer une prise en charge optimale<br />
<strong>du</strong> patient ayant subi un SCA 25 .<br />
Conclusion<br />
Les nouvelles options thérapeutiques ont permis<br />
de ré<strong>du</strong>ire considérablement la morbidité et la<br />
mortalité dans tout le spectre <strong>du</strong> SCA. Toutefois,<br />
le nombre croissant de médicaments suscite<br />
souvent des interrogations quant aux meilleures<br />
associations dans certaines situations particulières,<br />
notamment pour une population de plus<br />
en plus âgée, qui consomme de plus en plus de<br />
médicaments. L’équilibre entre les meilleurs<br />
résultats et les effets indésirables est parfois difficile<br />
à cibler. Par ailleurs, malgré les avancées<br />
appréciables dans la thérapie <strong>du</strong> SCA ces dernières<br />
décennies, le risque de récidive demeure<br />
élevé. Il importe donc de veiller à ce que les stratégies<br />
appropriées soient mises en œuvre pour<br />
ré<strong>du</strong>ire ce risque, tout en procurant une qualité<br />
de vie appréciable aux patients. Le pharmacien<br />
occupe une place privilégiée à cet égard. De plus,<br />
il peut jouer un rôle important dans l’évaluation<br />
de l’adhésion au traitement pharmacologique et<br />
dans le renforcement de la mise en œuvre des<br />
mesures non pharmacologiques. ■<br />
références : 1. Sirois C. Syndrome coronarien aigu (1re partie) : L’angine instable et les NSTEMI. Québec Pharmacie 2012; 59: 15-22. 2. Eagle K, Goodman SG, Avezum Á, et coll. Practice variation<br />
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infarction survivors: A longitudinal study. Eur J Cardiovasc Prev Rehabil 2011; 18: 533-41.<br />
Les références portant un code de couleur indiquent au lecteur qu’il s’agit des références principales de l’article telles que choisies par les auteurs.<br />
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bleues<br />
QuESTionS DE<br />
FC<br />
4. Parmi les énoncés suivants concernant les statines,<br />
lequel est vrai <br />
A Les statines ne devraient être administrées que chez les patients<br />
dont le cholestérol LDL est élevé à l’admission.<br />
b Les statines diminuent le risque cardiovasculaire, surtout au cours<br />
des quatre premiers mois suivant leur instauration à l’hôpital.<br />
C Les statines devraient être instaurées à l’hôpital afin d’améliorer<br />
l’adhésion au traitement.<br />
D Les statines n’exercent pas de rôle sur la plaque athéromateuse déjà<br />
formée, mais diminuent la formation d’une nouvelle plaque<br />
(prévention secondaire des événements).<br />
e Les statines in<strong>du</strong>isent des effets indésirables importants si elles sont<br />
intro<strong>du</strong>ites trop tôt après un épisode d’angine instable/NSTEMI.<br />
5. Parmi les énoncés suivants concernant les stratégies<br />
de reperfusion, lequel est vrai <br />
A En général, les bénéfices de la fibrinolyse sont supérieurs à ceux<br />
des interventions coronariennes percutanées (ICP).<br />
b Il est déconseillé de pratiquer une ICP après la fibrinolyse en raison<br />
<strong>du</strong> risque de saignement.<br />
C Les délais prescrits pour recourir aux stratégies de reperfusion<br />
après l’arrivée à l’hôpital sont de moin de 30 minutes dans le cas de la<br />
fibrinolyse et de moins de 120 minutes dans le cas de l’ICP.<br />
D La streptokinase est l’agent fibrinolytique privilégié en raison<br />
de sa facilité d’administration, de son efficacité et de son coût.<br />
e La fibrinolyse est plus efficace dans le cadre de NSTEMI que<br />
dans les STEMI.<br />
Répondez en ligne sur www.professionsante.ca,<br />
section Ma FC en ligne; rechercher Québec Pharmacie, avril-mai 2013.<br />
Date limite : 22 avril 2014. Donne 4 uFC.<br />
6. Parmi les associations suivantes d’antithrombotiques,<br />
laquelle serait appropriée au cours d’une fibrinolyse<br />
<strong>avec</strong> le ténectéplase <br />
A AAS + prasugrel + héparine non fractionnée<br />
b AAS + ticagrélor + énoxaparine<br />
C AAS + clopidogrel + bivalirudine<br />
D clopidogrel + eptifibatide + héparine non fractionnée<br />
e AAS + clopidogrel + énoxaparine<br />
7. Parmi les énoncés suivants concernant les antithrombotiques<br />
utilisés lors d’une ICP, lequel est vrai <br />
A Trois différents anticoagulants peuvent être utilisés lors d’une ICP :<br />
l’héparine non fractionnée, l’énoxaparine et la bivalirudine.<br />
b La dose de charge de clopidogrel devrait varier entre 75 mg<br />
et 300 mg selon l’âge <strong>du</strong> patient.<br />
C Le prasugrel s’est révélé supérieur au clopidogrel,<br />
en plus de causer moins de saignements.<br />
D Le fondaparinux est associé à de meilleurs résultats que l’héparine<br />
non fractionnée et il s’avère une solution de rechange intéressante<br />
pour un patient allergique à l’héparine.<br />
e Les inhibiteurs GpIIb/IIIa devraient toujours faire partie de la thérapie,<br />
surtout en association <strong>avec</strong> le prasugrel ou le ticagrélor.<br />
8. Parmi les énoncés suivants, lequel est vrai <br />
A L’hormonothérapie de remplacement peut être poursuivie lors d’un<br />
SCA si la patiente éprouve des symptômes de ménopause modérés.<br />
b Le traitement par l’AAS devrait être poursuivi indéfiniment<br />
chez tous les patients ayant subi un SCA.<br />
C Les anti-inflammatoires non stéroïdiens peuvent être utilisés en même<br />
temps que l’aspirine lors d’un SCA parce qu’il existe un grand nombre<br />
de preuves attestant qu’ils sont sécuritaires.<br />
D Tous les patients devraient recevoir un bêta-bloquant rapidement<br />
par voie intraveineuse, dès leur arrivée à l’hôpital pour un SCA.<br />
e En cas d’allergie à l’aspirine, le prasugrel devrait être utilisé.<br />
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28 | Québec Pharmacie | avril – mai 2013 | www.<strong>Profession</strong>sante.ca
santé<br />
publique<br />
Texte rédigé par Catherine Guay,<br />
candidate au Pharm. D.,<br />
et Ema Ferreira, B. Pharm., M. Sc.,<br />
Pharm. D., FSCPH, Université<br />
de Montréal et CHU Sainte-Justine.<br />
Texte original soumis<br />
le 5 octobre 2012.<br />
Texte final remis<br />
le 12 octobre 2012.<br />
Révision:<br />
Marie-Jahelle Desjardins,<br />
B. Pharm.<br />
Remerciements:<br />
Diane Lamarre<br />
et Michel Caron (OPQ),<br />
Ian Bourgoin (AQPP).<br />
Loi 41: où en sommes-nous<br />
Les auteures et la réviseure scientifique ne déclarent aucun conflit d’intérêts lié à la rédaction de cet article.<br />
Objectifs d’apprentissage:<br />
1. Présenter les étapes qui ont mené à l’élargissement <strong>du</strong> rôle <strong>du</strong> pharmacien québécois.<br />
2. Comparer les champs d’exercice des pharmaciens <strong>du</strong> Québec et ceux des autres provinces canadiennes et de quelques pays.<br />
L’année 2020<br />
En 2020, les pharmaciens québécois ont, depuis<br />
longtemps, la possibilité de prescrire certains<br />
médicaments pour des problèmes de santé<br />
bénins grâce aux règlements <strong>du</strong> projet de loi 41<br />
adoptés en 2013.<br />
Vous êtes en train d’analyser les résultats de<br />
laboratoire que vous avez demandés la veille<br />
lorsqu’un assistant technique vous avise qu’une<br />
jeune patiente souhaite vous consulter. Vous fermez<br />
le DSQ que vous consultiez et vous vous<br />
dirigez vers l’aire de confidentialité.<br />
Présentation de la patiente<br />
Léa, 15 ans, se plaint de crampes<br />
menstruelles. Elle affirme souffrir de ces<br />
crampes pendant quelques jours au début<br />
de ses règles. Elle dit ne pas avoir de problème<br />
de santé ni d’allergie connue. Elle a<br />
récemment subi un bilan de santé annuel<br />
chez le médecin de son groupe de médecine<br />
familiale et rapporte que tout était normal.<br />
Elle a malheureusement oublié de parler<br />
de ses crampes à son médecin et ne<br />
parvient pas à obtenir un nouveau rendezvous<br />
avant plusieurs semaines.<br />
Depuis ce matin, Léa a pris deux comprimés<br />
de 200 mg d’ibuprofène toutes les six heures,<br />
mais elle ne s’est sentie que partiellement soulagée.<br />
Elle a quitté l’école plus tôt que prévu et<br />
s’est allongée <strong>avec</strong> une bouillotte d’eau chaude<br />
sur le ventre. Rien n’y fait!<br />
Comment pouvez-vous aider Léa <br />
Les pharmaciens québécois doivent s’attendre à<br />
de grands changements dans leur pratique au<br />
cours de cette année. Avec l’adoption de la loi 41,<br />
nous pourrons accomplir de nouveaux actes<br />
afin de mieux aider nos patients. Toutefois, le<br />
Québec n’a pas l’exclusivité des changements de<br />
législation touchant la pharmacie. Cet article fait<br />
le point sur l’élargissement <strong>du</strong> rôle traditionnel<br />
<strong>du</strong> pharmacien dans les autres provinces canadiennes,<br />
ainsi qu’ailleurs dans le monde. Il<br />
énonce les étapes qu’il reste à franchir avant que<br />
ces nouveaux actes ne deviennent réalité.<br />
Rappel historique<br />
C’est au printemps 2011 que la plupart d’entre nous<br />
avons enten<strong>du</strong> parler des nouveaux actes pour la<br />
première fois. D’abord simple rumeur, la campagne<br />
pour ces nouveaux actes a été lancée par un<br />
communiqué de presse de l’Ordre des pharmaciens<br />
<strong>du</strong> Québec (OPQ). L’OPQ avait enten<strong>du</strong> les<br />
récriminations des pharmaciens, excédés par des<br />
situations frustrantes, et allait prendre les mesures<br />
nécessaires pour remédier à ces situations.<br />
Une véritable croisade s’amorce dès lors; l’OPQ<br />
utilise les médias sociaux comme tremplin pour<br />
gagner la faveur populaire, <strong>avec</strong> la mise en ligne<br />
<strong>du</strong> site Pour le mieux, qui explique les revendications<br />
des pharmaciens et invite la population à<br />
les appuyer. L’Ordre et les associations d’étudiants<br />
et de résidents en pharmacie des universités<br />
Laval et de Montréal rédigent et déposent à<br />
l’Assemblée nationale <strong>du</strong> Québec des mémoires<br />
encourageant l’élargissement <strong>du</strong> rôle <strong>du</strong> pharmacien.<br />
Le 15 novembre 2011, le Collège des<br />
médecins <strong>du</strong> Québec donne publiquement son<br />
appui aux pharmaciens dans un communiqué<br />
de presse conjoint <strong>avec</strong> l’OPQ. Toutefois, alors<br />
que les pharmaciens, enthousiastes, gagnent peu<br />
à peu l’appui de la population et des médecins,<br />
d’autres professionnels de la santé, notamment<br />
les infirmières, émettent des réserves.<br />
Le 8 décembre 2011, le projet de loi 41 modifiant<br />
la Loi sur la pharmacie et permettant l’élargissement<br />
<strong>du</strong> rôle des pharmaciens est adopté à<br />
l’Assemblée nationale <strong>du</strong> Québec. Les pharmaciens<br />
crient victoire !<br />
Champs de pratique élargis des<br />
pharmaciens : une tendance mondiale<br />
Si les pharmaciens québécois ont récemment<br />
commencé à réclamer un élargissement de leurs<br />
champs de pratique, le processus est enclenché<br />
depuis beaucoup plus longtemps dans d’autres<br />
provinces canadiennes. D’autres nations ont<br />
également fait confiance à leurs pharmaciens en<br />
élargissant leurs champs d’exercice. Le terme<br />
« prescription » regroupe une variété d’actes<br />
allant de la rédaction d’une ordonnance jusqu’à<br />
la gestion d’une thérapie médicamenteuse, en<br />
passant par l’adaptation et la prolongation de<br />
l’ordonnance d’un autre prescripteur.<br />
Les pharmaciens américains sont les premiers à<br />
avoir obtenu un droit de prescrire. En effet, en<br />
2003, alors que les pharmaciens québécois s’enthousiasmaient<br />
de pouvoir prescrire un médicament<br />
requis aux fins de contraception orale d’urgence<br />
(COU), les Américains pouvaient déjà<br />
prescrire dans 38 États 1 ! En 2009, ce nombre s’élevait<br />
à 45 2 . Ces derniers peuvent prescrire de façon<br />
dite « dépendante » – ils exécutent un acte délégué<br />
par un prescripteur – ou de façon « indépendante »<br />
– le prescripteur pose un diagnostic et choisit une<br />
ligne de traitement, alors que le pharmacien sélectionne<br />
et surveille la thérapie médicamenteuse 1 . À<br />
titre comparatif, la prescription de la COU par les<br />
pharmaciens québécois serait considérée comme<br />
un modèle de prescription indépendante, alors<br />
que nos ordonnances collectives seraient des<br />
exemples de prescriptions dépendantes.<br />
Aux États-Unis, les deux formes de prescription<br />
sont évidemment encadrées par des protocoles,<br />
et les modalités varient selon les États,<br />
mais c’est la prescription « dépendante » qui est<br />
mise de l’avant par la plupart des États. Elle permet<br />
aux pharmaciens communautaires de gérer<br />
les maladies chroniques comme l’asthme, le diabète<br />
ou la maladie bipolaire, et aux pharmaciens<br />
hospitaliers d’ajuster les dosages d’héparine ou<br />
de prescrire des médicaments, tels que des antiémétiques,<br />
des antihistaminiques ou même des<br />
benzodiazépines 1 . Les pharmaciens américains<br />
ont également la possibilité d’administrer des<br />
vaccins à la suite d’une formation 3 .<br />
Les partisans de la prescription indépendante<br />
affirment qu’elle permet d’utiliser les compétences<br />
des prescripteurs et des pharmaciens de façon<br />
optimale. Ce modèle de prescription a d’abord<br />
été implanté en Floride, en 1984. Les pharmaciens<br />
floridiens peuvent prescrire, à partir d’un<br />
formulaire, des antiémétiques, des antidiarrhéiques<br />
et des pro<strong>du</strong>its d’aide à la cessation tabagique.<br />
Ils déplorent toutefois que ce formulaire n’ait<br />
pas été mis à jour plus fréquemment, si bien que<br />
beaucoup de médicaments inscrits sont maintenant<br />
en vente libre. Plusieurs continuent à prescrire<br />
et à analyser des tests de laboratoire, et<br />
www.<strong>Profession</strong>sante.ca | avril – Mai 2013 | Québec Pharmacie | 31
santé<br />
publique<br />
même à faire des examens physiques ainsi que<br />
des injections de médicaments par voie intraveineuse.<br />
Il faut mentionner que ces actes sont<br />
controversés et que l’American College of Physicians<br />
ne les encourage pas, arguant que les bénéfices<br />
pour les patients ne sont pas établis 1 .<br />
Ailleurs dans le monde<br />
L’élargissement <strong>du</strong> rôle traditionnel <strong>du</strong> pharmacien<br />
est discuté partout à travers le monde. Une<br />
vingtaine de pays rapporte que les pharmaciens<br />
détiennent un certain droit de prescrire, habituellement<br />
en collaboration <strong>avec</strong> les prescripteurs 4 . Au<br />
Royaume-Uni, un modèle de prescription dit<br />
« dépendant » a été intro<strong>du</strong>it en 2003, suivi d’un<br />
modèle « indépendant » en 2006 2-4 . La Nouvelle-<br />
Zélande permet également aux pharmaciens de<br />
prescrire selon des arrangements pré-établis <strong>avec</strong><br />
les autres professionnels de la santé 2 . En Afrique, la<br />
délégation de la prescription aux pharmaciens est<br />
perçue comme une solution potentielle à la pénurie<br />
de médecins, mais ce concept reste impopulaire<br />
auprès de ces derniers 1 . Ajoutons que l’élargissement<br />
<strong>du</strong> rôle traditionnel <strong>du</strong> pharmacien est en<br />
discussion en Australie, en Grande-Bretagne et en<br />
France. Toutefois, quel que soit le pays, deux points<br />
reviennent souvent : les pharmaciens ne peuvent<br />
jamais prescrire librement des narcotiques ou des<br />
substances contrôlées et ils doivent généralement<br />
aviser le médecin <strong>du</strong> patient de leurs démarches.<br />
I Actes autorisés en octobre 2012<br />
Au Canada<br />
Auparavant, au Canada, le droit de prescrire était<br />
réservé aux domaines de la médecine et de la<br />
médecine dentaire. Au cours des années, d’autres<br />
professionnels de la santé, tels que les podiatres, les<br />
optométristes, les sages-femmes et les infirmières<br />
praticiennes spécialisées, ont obtenu le droit de<br />
prescrire certains médicaments. Bien que les pharmaciens<br />
de quelques provinces puissent prescrire<br />
la COU, c’est en Alberta, en 2007, que les pharmaciens<br />
ont réellement obtenu le droit de prescrire.<br />
Les autres provinces <strong>du</strong> Canada en sont à divers<br />
stades d’élaboration des nouveaux actes et chaque<br />
province a différentes priorités, soit adapter une<br />
prescription (Colombie-Britannique), prescrire en<br />
cas d’urgence (la COU au Québec), instaurer une<br />
thérapie médicamenteuse (Alberta) ou administrer<br />
un médicament (la vaccination en Ontario)<br />
(voir I ). La formation exigée varie selon les provinces;<br />
si, en Alberta, tous les pharmaciens peuvent<br />
prescrire sans formation supplémentaire, les pharmaciens<br />
ontariens qui souhaiteront vacciner<br />
devront suivre auparavant une formation sur l’immunisation<br />
et les techniques d’injection 2 . Au Québec,<br />
une formation sera nécessaire pour pouvoir<br />
accomplir certains des nouveaux actes. En effet, le<br />
gouvernement a exigé une attestation de formation<br />
pour l’article 7 de la loi 41 (voir encadré), malgré le<br />
désaccord de l’OPQ, qui juge que les pharmaciens<br />
ont déjà les connaissances nécessaires 5 .<br />
Article 7: Ajuster l’ordonnance d’un médecin<br />
suivant les conditions et modalités déterminées<br />
par règlement, en modifiant la forme, la<br />
dose, la quantité ou la posologie d’un médicament<br />
prescrit ou en substituant au médicament<br />
prescrit un autre médicament appartenant<br />
à une même sous‐classe thérapeutique 6 .<br />
Tous les pharmaciens albertains peuvent<br />
adapter une prescription écrite par un autre professionnel<br />
et prescrire un médicament en cas<br />
d’urgence depuis 2007. Ils peuvent même obtenir<br />
une autorisation de prescription supplémentaire<br />
dans un domaine particulier s’ils démontrent<br />
à l’Alberta Pharmacists Association, au<br />
moyen de différentes attestations, qu’ils ont l’expertise<br />
nécessaire et un environnement de pratique<br />
adéquat. Ils peuvent également demander<br />
des tests de laboratoire, à condition de mettre en<br />
place un système permettant de gérer les résultats<br />
critiques en tout temps 7 . Un sondage réalisé<br />
en 2010 a montré que la population albertaine a<br />
Adapter une Prescrire pour Administrer Tests de<br />
ordonnance un problème un vaccin laboratoire<br />
de santé mineur<br />
Colombie-Britannique Oui Non Oui Non<br />
Alberta Oui Oui Oui Oui<br />
Saskatchewan Oui Oui Non Non<br />
Manitoba Oui Oui Oui Oui<br />
Québec Oui* Oui* Non Oui*<br />
Ontario Oui* Oui* Oui* Oui*<br />
Nouvelle-Écosse Oui Oui Oui Oui<br />
Nouveau-Brunswick Oui Oui Oui Oui<br />
États-Unis Oui Oui Oui Oui<br />
fortement apprécié l’élargissement des actes des<br />
pharmaciens, en particulier la prolongation et<br />
l’adaptation des prescriptions 4 .<br />
Le Manitoba a emboîté le pas en 2010 en déposant<br />
un projet de loi permettant l’élargissement<br />
des actes des pharmaciens. Toutefois, comme au<br />
Québec, la loi n’est pas en vigueur puisque les<br />
règlements n’ont pas encore été adoptés. Le projet<br />
de loi prévoit notamment que les pharmaciens<br />
pourront prescrire un médicament pour un problème<br />
de santé mineur. Par exemple, il est planifié<br />
que les pharmaciens manitobains pourront prescrire<br />
un inhibiteur de la pompe à protons en cas de<br />
dyspepsie, une crème de trétinoïne en cas d’acné<br />
légère à modérée ou encore un traitement antibiotique<br />
pour une infection urinaire non compliquée.<br />
En Ontario, les pharmaciens se concentrent sur<br />
l’obtention imminente <strong>du</strong> droit de vacciner.<br />
L’Ontario Pharmacists Association souhaite<br />
même que toutes les pharmacies ontariennes aient<br />
un pharmacien pouvant vacciner d’ici la fin de<br />
2013 ! Ce projet vise à faciliter l’enseignement des<br />
techniques d’administration des médicaments<br />
injectables et à augmenter la disponibilité <strong>du</strong> vaccin<br />
contre l’influenza, tout en ré<strong>du</strong>isant le coût des<br />
campagnes de vaccination. Mentionnons que le<br />
ministère de la Santé ontarien versera des honoraires<br />
de 7,50 $ pour chaque vaccin administré par un<br />
pharmacien. Si la vaccination a été discutée au<br />
Québec également, cet acte n’a pas été retenu pour<br />
le projet de loi 41; les pharmaciens québécois ont<br />
obtenu le droit d’injecter des pro<strong>du</strong>its médicamenteux,<br />
mais seulement à des fins d’enseignement.<br />
Notons aussi que tous les pharmaciens ontariens<br />
peuvent prolonger des prescriptions échues,<br />
sous certaines conditions, et qu’ils souhaiteraient<br />
bientôt pouvoir prescrire des médicaments pour<br />
des problèmes de santé mineurs 8 .<br />
Un élargissement des actes, similaire à ce qui se<br />
prépare au Québec, est entré en vigueur en<br />
Saskatchewan le 4 mars 2011. Une campagne<br />
semblable à la campagne « Pour le mieux » de<br />
l’OPQ a même été mise en ligne sur le site<br />
MyPharmacistKnows.com ! Les pharmaciens<br />
saskatchewanais peuvent maintenant adapter<br />
des prescriptions, à condition qu’ils aient suivi la<br />
formation en ligne nécessaire et que le médecin<br />
n’ait pas inscrit « Do not adjust » sur l’ordonnance.<br />
Toutefois, la prescription de médicaments<br />
pour des problèmes de santé mineurs est retardée,<br />
les modalités étant encore en discussion <strong>avec</strong><br />
les médecins 9 . Les pharmaciens <strong>du</strong> Nouveau-<br />
Brunswick ont également déjà un droit de prescrire,<br />
pour adapter une prescription et en cas de<br />
problème de santé mineur. Ils peuvent aussi<br />
administrer des vaccins et en prescrire certains 10 .<br />
En Nouvelle-Écosse, médecins et pharmaciens<br />
coopèrent dans le cadre d’un « collaborative prescribing<br />
», permettant, par exemple, à un médecin<br />
d’inscrire sur une ordonnance « Please prescribe<br />
and dispense for this patient with community<br />
acquired pneumonia and moderate renal failure »,<br />
laissant ainsi au pharmacien le soin de sélectionner<br />
* en attente de l’adoption des règlements Suite à la page 34 <br />
32 | Québec Pharmacie | avril – Mai 2013 | www.<strong>Profession</strong>sante.ca
santé<br />
publique<br />
Suite de la page 32<br />
et de surveiller la médication. Les pharmaciens de<br />
cette province peuvent aussi immuniser les<br />
patients, à condition d’avoir suivi des cours de<br />
premiers soins et de réanimation cardio-respiratoire,<br />
ainsi qu’une formation sur la vaccination 11 .<br />
Peu d’informations sont disponibles à propos<br />
des provinces de la Colombie-Britannique, de<br />
l’Île-<strong>du</strong>-Prince-Édouard, de Terre-Neuve-et-<br />
Labrador et des Territoires <strong>du</strong> Nord-Ouest, <strong>du</strong><br />
Nunavut et <strong>du</strong> Yukon.<br />
Les controverses<br />
Les thèmes qui reviennent toujours dans les<br />
médias lorsqu’on discute de l’élargissement des<br />
actes des pharmaciens sont les qualifications, le<br />
diagnostic, le bien-être <strong>du</strong> patient, l’appui des<br />
médecins et les conflits d’intérêts 4 . Si les médecins<br />
sont généralement favorables à l’idée de déléguer<br />
le droit de prescrire aux pharmaciens, ils sont plus<br />
réticents à leur laisser poser des diagnostics. Ce<br />
dernier point est également controversé chez les<br />
pharmaciens, certains arguant que les signes et<br />
symptômes de beaucoup de maladies bénignes<br />
sont assez évocateurs pour qu’une première ligne<br />
de traitement soit tentée sans obtenir de diagnostic,<br />
alors que d’autres estiment plutôt que la formation<br />
actuelle n’est pas adéquate 4 . Les réserves<br />
émises par le public concernent plutôt les conflits<br />
d’intérêts et la sûreté; si les pharmaciens surveillent<br />
les ordonnances des médecins, qui surveille<br />
les ordonnances des pharmaciens Finalement,<br />
il est intéressant de mentionner que dans les<br />
publications et les médias, si la prescription par les<br />
pharmaciens est toujours comparée à celle des<br />
médecins, on fait peu mention de la prescription<br />
par les infirmières praticiennes spécialisées ou<br />
d’autres professionnels de la santé. On soulève<br />
rarement le fait, par exemple, que la majorité des<br />
médicaments prescrits par les vétérinaires sont<br />
aussi ven<strong>du</strong>s par d’autres professionnels de la<br />
santé, point qui suscite pourtant la controverse<br />
lorsqu’on parle des pharmaciens !<br />
Et au Québec <br />
Le gouvernement actuel étant favorable à cette<br />
nouvelle loi, on peut raisonnablement penser que<br />
les nouveaux actes devraient entrer en vigueur au<br />
cours de l’année 2013 12 . Les questions de l’implantation<br />
et de la rémunération se poseront alors.<br />
Quelles seront les procé<strong>du</strong>res pour exercer ces<br />
nouvelles tâches Qui paiera pour ce travail supplémentaire,<br />
le patient ou le gouvernement L’Association<br />
québécoise des pharmaciens propriétaires<br />
(AQPP), sans vouloir se prononcer<br />
prématurément, se penche sur le sujet 13 . Gageons<br />
toutefois que, si les pharmaciens sont rémunérés<br />
pour les consultations pour la COU, les opinions et<br />
les refus, les nouveaux actes ne manqueront pas de<br />
l’être aussi. Et comment un patient pourra-t-il<br />
Retour sur le cas de Léa<br />
En 2020, si la dysménorrhée fait partie des problèmes<br />
de santé mineurs que les pharmaciens<br />
pourront prendre en charge, vous pourrez<br />
suggé rer à Léa de l’ibuprofène 800 mg PO TID<br />
prn ou <strong>du</strong> naproxène sodique 550 mg PO, puis<br />
275 mg PO toutes les 6 à 8 heures prn pendant<br />
quelques jours. Vous devrez sans doute documenter<br />
l’intervention dans son dossier et aviser<br />
son médecin. Vous serez également responsable<br />
d’effectuer un suivi, par exemple en téléphonant<br />
à Léa deux jours plus tard et en l’interrogeant sur<br />
l’efficacité et l’innocuité <strong>du</strong> traitement.<br />
avoir accès à ces services Les pharmaciens, souvent<br />
surchargés, seront-ils capables d’absorber une<br />
augmentation de leurs responsabilités Autant de<br />
questions auxquelles il faudra répondre.<br />
Conclusion<br />
La pratique de la pharmacie a énormément évolué<br />
partout dans le monde, passant de la distribution<br />
de médicaments et de la préparation de magistrales<br />
à la gestion de la thérapie médicamenteuse et à<br />
la prescription. Mais quel que soit le modèle de<br />
prescription mis de l’avant, l’élargissement des<br />
actes a toujours pour but d’améliorer les soins au<br />
patient. Au Québec, les tenants et aboutissants de<br />
la loi 41 ne manqueront pas d’optimiser notre travail.<br />
Soyez aux aguets ! ■<br />
références : 1. Tonna A, Stewart D, McCaig D. An international overview of some pharmacist prescribing models. Journal of the Malta College of Pharmacy Practice<br />
2008; 14: 20-6. 2. Pharmacist Prescribing Task Force. Prescribing by pharmacists: Information Paper. CJHP 2009; 63(3): 267-74. 3. American Pharmacists Association. Guidelines for<br />
Pharmacy-Based Immunization Advocacy. [En ligne. Page consultée le 28 septembre 2012.] www.pharmacist.com/guidelines-pharmacy-based-immunization-advocacy 4. Schindel T,<br />
Given LM. The pharmacist as prescriber: A discourse analysis of newspaper media in Canada. Research in Social and Administrative Pharmacy 2012; 1-12. 5. Ordre des pharmaciens <strong>du</strong><br />
Québec. Mémoire de l’Ordre des pharmaciens sur le projet de loi 41 modifiant la Loi sur la pharmacie. [En ligne. Page consultée le 24 septembre 2012.] www.opq.org/<br />
fr-CA/publications/memoires-et-enonces-de-position/ 6. Assemblée nationale. Projet de loi 41 : Loi modifiant la Loi sur la pharmacie. [En ligne. Page consultée le<br />
24 septembre 2012.] www.assnat.qc.ca/fr/travaux-parlementaires/projets-loi/projet-loi-41-39-2.html 7. Alberta College of Pharmacists. Practice Resources. [En ligne. Page<br />
consultée le 26 septembre 2012.] https://pharmacists.ab.ca/nPharmacistResources/default.aspx 8. Ontario Pharmacists Association. Ontario pharmacists move one step closer to being able<br />
to offer injection and immunization services. [En ligne. Page consultée le 27 septembre 2012.] www.opatoday.com/files/members/documents/publications/Eblast2012/OPA_<br />
Bulletin_20120705.html 9. Pharmacists Association of Saskatchewan. PAS Visitors (Public Resources). [En ligne. Page consultée le 27 septembre 2012.] www.skpharmacists.ca/pas-visitors-<br />
%28public-resources%29 10. New Brunswick Pharmaceutical Society. Drug Prescription Manual. [En ligne. Page consultée le 26 septembre 2012.] www.nbpharmacists.ca/<br />
PharmacistsResources/StandardsGuidelines/tabid/261/Default.aspx 11. Nova Scotia College of Pharmacists. Standards of practice: Prescribing of drugs by pharmacists. [En ligne. Page<br />
consultée le 1 er octobre 2012.] www.nspharmacists.ca/standards/index.html 12. Communication verbale <strong>avec</strong> Michel Caron de l’Ordre des pharmaciens <strong>du</strong> Québec, le 7 septembre 2012.<br />
13. Communication verbale <strong>avec</strong> Ian Bourgoin de l’Association des pharmaciens propriétaires, le 10 octobre 2012.<br />
Les références portant un code de couleur indiquent au lecteur qu’il s’agit des références principales de l’article telles que choisies par les auteurs.<br />
Questions de<br />
FC<br />
Répondez en ligne sur www.professionsante.ca,<br />
section Ma FC en ligne; rechercher Québec Pharmacie, avril-mai 2013.<br />
Date limite : 22 avril 2014. Donne 4 UFC.<br />
9. Laquelle des affirmations suivantes est fausse <br />
A Les pharmaciens de l’Alberta peuvent vacciner.<br />
B Il est prévu que les pharmaciens québécois pourront administrer<br />
un médicament, par exemple un vaccin.<br />
C Aux États-Unis, les pharmaciens qui le désirent peuvent suivre<br />
une formation sur la vaccination puis administrer des vaccins.<br />
D Les pharmaciens de la Saskatchewan ne peuvent pas vacciner.<br />
10. Laquelle des affirmations suivantes est vraie <br />
A Les ordonnances collectives sont un exemple de prescription<br />
indépendante.<br />
B Le modèle de prescription dépendant est mis de l’avant par la plupart<br />
des États américains.<br />
C La prescription dépendante permet aux pharmaciens américains<br />
de prescrire librement des benzodiazépines.<br />
D Au Royaume-Uni, la prescription indépendante a été implantée<br />
avant la prescription dépendante.<br />
34 | Québec Pharmacie | avril – Mai 2013 | www.<strong>Profession</strong>sante.ca
d’une page<br />
à l’autre<br />
Texte rédigé par Marine Neeman, pharmacienne diplômée en Suisse et assistante de recherche<br />
à l’Unité de recherche en pratique pharmaceutique (URPP), CHU Sainte-Justine, Aurélie Guérin,<br />
interne en pharmacie à l’Université Paris XI et assistante de recherche à l’URPP, CHU Sainte-Justine,<br />
et Jean-François Bussières, B. Pharm., M. Sc., MBA, FCSHP, chef <strong>du</strong> département de pharmacie<br />
et de l’URPP, CHU Sainte-Justine, et professeur titulaire de clinique, Faculté de pharmacie, UdeM.<br />
Texte original soumis<br />
le 25 janvier 2013.<br />
Texte final remis<br />
le 3 avril 2013.<br />
Révision scientifique:<br />
Nicolas Paquette-<br />
Lamontagne,<br />
B. Pharm.,<br />
M. Sc., MBA, PMP.<br />
Les auteurs et le réviseur scientifique ne déclarent aucun conflit d’intérêts lié à la rédaction de cet article.<br />
Charge de travail et son impact sur le stress<br />
et la satisfaction <strong>du</strong> pharmacien communautaire<br />
Étude analysÉe: Lea VM, Corlett SA, Rodgers RM. Workload and its impact on community pharmacists’job satisfaction and stress.<br />
A review of the literature. Int J Pharm Pract. 2012; 20: 259-71.<br />
Objectifs d’apprentissage :<br />
1. Identifier l’impact de la charge de travail sur le stress et la satisfaction <strong>du</strong> pharmacien communautaire.<br />
2. Être en mesure d’utiliser des données portant sur la recherche évaluative des pratiques pharmaceutiques<br />
pour améliorer sa pratique professionnelle.<br />
Objectif de l’étude<br />
Déterminer la nature de la charge de travail des<br />
pharmaciens communautaires et son évolution<br />
depuis les années 1990. Examiner les associations<br />
probables entre leur charge de travail, leur état de<br />
stress et la satisfaction qu’ils retirent de leur travail.<br />
Plan et lieu<br />
La revue documentaire a été réalisée par des pharmaciens<br />
membres <strong>du</strong> département de pharmacie de<br />
la Medway School of Pharmacy au Royaume-Uni.<br />
Participants<br />
Huit banques de données ont été consultées de<br />
1995 à 2011, soit Web of Science, ScienceDirect,<br />
Medline, CINAHL, NeLM, International Pharmaceutical<br />
Abstracts, Pharmacy Practice Research<br />
Trust et le RPSGB. Deux journaux ont été consultés<br />
sur papier, soit le Pharmaceutical Journal et The<br />
international Journal of Pharmacy Practice.<br />
Ont été incluses les études respectant les critères<br />
suivants : mesure et/ou description de la charge de<br />
travail <strong>du</strong> pharmacien, quels que soient le type<br />
d’officine et la relation <strong>avec</strong> le stress et la satisfaction<br />
au travail. Ont été exclues les études sur les<br />
services pharmaceutiques par Internet, celles en<br />
rapport <strong>avec</strong> des secteurs autres que la pharmacie<br />
communautaire, celles qui ne différencient pas la<br />
charge de travail des pharmaciens <strong>avec</strong> celle des<br />
autres collaborateurs de la pharmacie, celles qui<br />
examinent la satisfaction au travail et le stress sans<br />
toutefois les relier à la charge de travail et celles<br />
effectuées en dehors de la Grande-Bretagne.<br />
Interventions<br />
Cette revue ne recense aucune intervention pharmaceutique<br />
spécifique, mais s’intéresse au travail usuel<br />
<strong>du</strong> pharmacien en pharmacie communautaire.<br />
Paramètres évalués<br />
Les termes recherchés dans les bases de données<br />
étaient les suivants : pharmacie; pharmacien; communautaire;<br />
vente; dispensation; travail; charge de<br />
travail, mesure <strong>du</strong> travail; tâches; pro<strong>du</strong>ctivité;<br />
satisfaction au travail; stress au travail. Des méthodes<br />
quantitatives et qualitatives ont été utilisées<br />
pour évaluer ces paramètres. La charge de travail a<br />
été mesurée, notamment à l’aide de méthodes<br />
observationnelles et d’un journal de bord tenu par<br />
le pharmacien. L’état de stress des pharmaciens<br />
ainsi que la satisfaction qu’ils retirent de leur travail<br />
ont été mesurés, notamment à l’aide de questionnaires,<br />
d’interviews au téléphone et en personne.<br />
Résultats<br />
Treize études ont été retenues, cinq ont été publiées<br />
dans les années 1990, contre huit dans les années<br />
2000. Parmi ces études, six donnent une description<br />
de l’activité <strong>du</strong> pharmacien et de la façon dont son<br />
temps est utilisé, et sept illustrent le comportement<br />
<strong>du</strong> pharmacien (dont la satisfaction à son travail) face<br />
à la surcharge de travail et au stress qui en découle.<br />
De cette revue, nous retenons les éléments-clés<br />
suivants : en ce qui concerne la charge de travail, les<br />
résultats des études montrent de façon générale<br />
que le pharmacien consacre la majeure partie de<br />
son temps (51 %-75 %) à l’exécution des ordonnances,<br />
10 %-25 % de son temps aux conseils aux<br />
patients et 25 % de son temps aux tâches administratives.<br />
En outre, le nombre d’heures travaillées<br />
est en hausse et l’équilibre travail-famille est plus<br />
difficile à maintenir. Certaines données détaillées<br />
nous étonnent (p. ex., le temps associé à un conseil<br />
pour des médicaments en vente libre est significativement<br />
plus long que pour un médicament d’ordonnance,<br />
le stress perçu est plus élevé en officine<br />
qu’en établissement de santé).<br />
En ce qui concerne le degré de stress des pharmaciens<br />
et la satisfaction au travail, la charge de travail<br />
influe négativement sur les décisions professionnelles<br />
des pharmaciens nouvellement diplômés.<br />
Une charge de travail importante implique que le<br />
pharmacien fera moins de pauses et donc, possiblement,<br />
plus d’erreurs. D’autres facteurs tels que l’isolement<br />
professionnel, les changements apportés à<br />
la pratique professionnelle ainsi que les obligations<br />
de formation continue des pharmaciens contribuent<br />
à augmenter leur stress au travail.<br />
La satisfaction que retirent les pharmaciens de leur<br />
travail est peu documentée. Le point principal révélé<br />
par les études est que leur niveau de satisfaction augmente<br />
lorsqu’ils voient leur rôle clinique augmenté.<br />
Conclusion<br />
Les auteurs concluent qu’une augmentation marquée<br />
de la charge de travail des pharmaciens est<br />
présente depuis plusieurs années et qu’elle continue<br />
à s’accroître. Les auteurs soulignent qu’une<br />
optimisation de la délégation de certaines tâches,<br />
notamment au personnel technique, pourrait<br />
contribuer à ré<strong>du</strong>ire la charge de travail et à augmenter<br />
la satisfaction.<br />
Discussion<br />
Il existe peu de données sur la charge de travail et<br />
son impact sur la satisfaction et le stress au travail<br />
pour les pharmaciens exerçant en milieu communautaire.<br />
Bien que réalisée en Europe, cette étude<br />
porte sur le système de santé britannique qui comporte<br />
des similarités <strong>avec</strong> le nôtre quant à la pratique<br />
pharmaceutique. La revue documentaire met<br />
en évidence une charge de travail importante et<br />
croissante pour les pharmaciens d’officine, un<br />
stress professionnel, des risques d’erreurs médicamenteuses<br />
accrus et une plus grande insatisfaction.<br />
Il est intéressant de souligner que plusieurs études<br />
font ressortir l’utilisation de journaux de bord que<br />
rédigent les pharmaciens eux-mêmes afin de documenter<br />
leur charge de travail. Bien que ce type d’outil<br />
soit très subjectif et qu’il repose sur la déclaration<br />
personnelle des participants, il peut être très utile. Si<br />
le nombre d’ordonnances de médicaments ou d’actes<br />
facturés aux tiers payeurs représente les unités de<br />
mesure les plus souvent utilisées en pharmacie pour<br />
décrire la charge de travail, la tâche <strong>du</strong> pharmacien<br />
Suite à la page 37 <br />
www.<strong>Profession</strong>sante.ca | avril – Mai 2013 | Québec Pharmacie | 35
d’une page<br />
à l’autre<br />
Texte rédigé par Myriam Berruyer, interne en pharmacie, Université de Montpellier,<br />
et assistante de recherche, Unité de recherche en pratique pharmaceutique (URPP),<br />
CHU Sainte-Justine, et Jean-François Bussières, B. Pharm., M. Sc., MBA, FCSHP,<br />
Département de pharmacie et URPP, CHU Sainte-Justine et professeur titulaire<br />
de clinique, Faculté de pharmacie, Université de Montréal.<br />
Texte original soumis<br />
le 25 janvier 2013.<br />
Texte final remis<br />
le 24 mars 2013.<br />
Révision scientifique:<br />
Nicolas Paquette-<br />
Lamontagne, B. Pharm.,<br />
M.Sc., MBA, PMP.<br />
Les auteurs et le réviseur scientifique ne déclarent aucun conflit d’intérêts lié à la rédaction de cet article.<br />
Bon usage des médicaments: rétroaction électronique<br />
vs intervention par un pharmacien dans les GMF<br />
Étude analysÉe: Avery AJ, Rodgers S, Cantrill JA, Armstrong S, Cresswell K, Eden M, Elliott RA, Howard R, Kendrick D, Morris CJ, Prescott<br />
RJ, Swanwick G, Franklin M, Putman K, Boyd M, Sheikh A. A pharmacist-led information technology intervention for medication errors<br />
(PINCER): A multicentre, cluster randomised, controlled trial and cost-effectiveness analysis. Lancet 2012; 379 (9823): 1310-13.<br />
Objectifs d’apprentissage:<br />
1. Comparer l’impact d’une rétroaction électronique et d’une intervention par un pharmacien dans un contexte de GMF<br />
2. Être en mesure d’utiliser des données portant sur la recherche évaluative des pratiques pharmaceutiques<br />
pour améliorer sa pratique professionnelle<br />
Objectif de l’étude<br />
Évaluer l’efficacité <strong>du</strong> programme PINCER (Pharmacist-led<br />
information-technology intervention for<br />
medication errors) pour la sécurité de prescription<br />
et la surveillance de la thérapie médicamenteuse,<br />
par rapport à des alertes électroniques sans intervention<br />
humaine. Analyser le rapport coût/efficacité<br />
par erreur médicamenteuse évitée grâce à ce<br />
programme.<br />
Plan et lieu de l’étude<br />
Étude contrôlée, randomisée par groupes et multicentrique.<br />
La randomisation était stratifiée par établissement<br />
(Manchester et Nottingham) et par la<br />
taille des cohortes de patients par groupe de médecine<br />
de famille (GMF) (< 2500 patients, 2500-6000<br />
et > 6000).<br />
Participants<br />
Les GMF des UK National Health Services situés<br />
près de Manchester et de Nottingham ont été approchés<br />
entre le 11 juillet 2006 et le 8 août 2007. Ces<br />
groupes devaient avoir un système de prescription<br />
électronique et recevoir les résultats de laboratoire<br />
électroniquement depuis au moins<br />
15 mois. Ont été exclus les groupes qui ne documentaient<br />
pas les facteurs de morbidité ou les ordonnances<br />
de médicaments dans un dossier électronique.<br />
Intervention<br />
Le groupe de recherche a identifié 12 critères de<br />
bon usage qui ont été paramétrés sous forme<br />
d’alerte électronique ou d’intervention pharmaceutique<br />
(PINCER). Le groupe témoin ne bénéficiait<br />
que des alertes électroniques. Lors de la<br />
mesure des ordonnances de médicaments et de<br />
tests de laboratoire saisies, le médecin recevait une<br />
alerte électronique pour les ordonnances jugées<br />
potentiellement non conformes aux cri tères de<br />
bon usage. Les médecins disposaient de 12 semaines<br />
pour corriger leur pratique.<br />
Le groupe « intervention » bénéficiait <strong>du</strong> programme<br />
PINCER sous l’égide <strong>du</strong> pharmacien. À<br />
partir d’un rapport-synthèse des alertes électroniques<br />
générées par prescripteur, le pharmacien<br />
organisait une rencontre multidisciplinaire pour<br />
parler des écarts de pratique, mettre en perspective<br />
les données probantes, proposer des actions correctrices<br />
et discuter des cas cliniques. Du matériel<br />
é<strong>du</strong>catif était remis. L’intervention pharmaceutique<br />
était soutenue par des stratégies visant à<br />
ré<strong>du</strong>ire les erreurs médicamenteuses. Les médecins<br />
disposaient de 12 semaines pour apporter des<br />
correctifs à leur pratique.<br />
Paramètres évalués<br />
Les données ont été recueillies avant le début de<br />
l’intervention, à 6 mois et à 12 mois de suivi. Les<br />
critères de bon usage ont été sélectionnés en raison<br />
de leur impact dans la pratique courante, de<br />
leur impact potentiel sur la ré<strong>du</strong>ction des risques<br />
et de leur capacité de détection par un logiciel<br />
informatique lors des soins courants. Trois critères<br />
ont été considérés comme l’issue primaire :<br />
ordonnance d’anti-inflammatoires non stéroïdiens<br />
(AINS) chez des patients <strong>avec</strong> antécédents<br />
d’ulcère, non accompagnée de l’ordonnance d’un<br />
inhibiteur de la pompe à protons (IPP), ordonnance<br />
de bêtabloquants chez des patients asthmatiques<br />
et, enfin, ordonnance à long terme d’inhibiteurs<br />
de l’enzyme de conversion de<br />
l’angiotensine ou d’inhibiteurs de l’anse chez des<br />
patients de plus de 75 ans, sans bilan électrolytique<br />
ni mesure de l’urée <strong>du</strong>rant les 15 mois précédents.<br />
Huit issues secondaires et deux issues composites<br />
ont également été analysées. Une analyse<br />
en intention de traiter a été utilisée.<br />
En ce qui concerne l’analyse coût/efficacité, l’issue<br />
était le nombre d’erreurs médicamenteuses<br />
identifiées dans les deux groupes à 6 et<br />
12 mois après la période d’intervention. Les auteurs<br />
ont pris en considération les coûts directs associés<br />
aux rapports des alertes électroniques générées,<br />
ainsi que les coûts liés à l’organisation <strong>du</strong> programme<br />
PINCER. Les coûts associés aux séquelles<br />
résultant des erreurs médicamenteuses n’ont pas<br />
été inclus dans l’analyse. Une courbe d’acceptabilité<br />
a été créée afin d’évaluer la probabilité que les<br />
coûts de l’intervention par erreur évitée soient<br />
acceptés par les décideurs.<br />
Résultats<br />
Au total, 72 GMF sur 240 (30 %) ont été recrutés.<br />
Trente-six groupes ont été randomisés au groupe<br />
témoin, représentant 32 938 patients à risque au<br />
début de l’étude. Trente-six groupes ont été randomisés<br />
au groupe intervention, représentant<br />
30 399 patients à risque au début de l’étude. Le profil<br />
socio-économique des groupes de médecine<br />
participants était similaire à celui des groupes<br />
n’ayant pas participé à l’étude, bien que les groupes<br />
participants aient généralement été plus importants<br />
en taille et aient souvent comporté une mission<br />
é<strong>du</strong>cative.<br />
Après six mois de suivi, on a observé une diminution<br />
significative de la prévalence d’erreurs<br />
médicamenteuses en faveur <strong>du</strong> groupe intervention<br />
pour les trois issues primaires : diminution des<br />
ordonnances d’AINS sans IPP (51/1852 vs 86/2014<br />
– RC : 0,58 – IC 95 % : 0,38-0,89), des ordonnances<br />
de bêtabloquants chez des patients asthmatiques<br />
(658/22224 vs 499/20312 – RC : 0,73 – IC 95 % :<br />
0,58-0,91) et des ordonnances à long terme d’IECA<br />
ou de diurétique de l’anse sans bilan de la fonction<br />
rénale (436/5329 vs 255/4851 – RC : 0,51 – IC 95 % :<br />
0,34-0,78).<br />
L’analyse des mesures secondaires à six mois a<br />
montré une diminution significative des erreurs<br />
médicamenteuses de suivi pour les patients sous<br />
warfarine (pas d’INR réalisé dans les trois mois) en<br />
faveur <strong>du</strong> groupe intervention (52/1720 vs 78/1618<br />
– RC : 0,53 – IC 95 % : 0,29-0,95), ainsi qu’une diminution<br />
significative des erreurs médicamenteuses<br />
36 | Québec Pharmacie | avril – Mai 2013 | www.<strong>Profession</strong>sante.ca
de suivi (pas de bilan de la fonction thyroïdienne<br />
dans les derniers 6 mois sous amiodarone)<br />
des patients sous amiodarone (81/242 vs<br />
106/235 – RC : 0,57 – IC 95 % : 0,36-0,92). Les<br />
participants au groupe intervention étaient<br />
moins à risque de souffrir d’au moins un problème<br />
lié à une ordonnance de médicament<br />
(553/24073 vs 752/263229 – RC : 0,71 – IC 95 % :<br />
0,59-0,86) ou d’un problème de suivi (584/6963<br />
vs 868/7409 – RC : 0,56 – IC 95 % : 0,44-0,70).<br />
Après 12 mois de suivi, on observait toujours<br />
une diminution significative de la prévalence<br />
d’erreurs médicamenteuses en faveur <strong>du</strong><br />
groupe intervention pour deux des trois critères<br />
principaux (bêtabloquant/asthme; IECA<br />
ou diurétique de l’anse/fonction rénale).<br />
L’analyse coût/efficacité a évalué un ratio<br />
incrémentiel d’environ 100 $CAN par erreur<br />
médicamenteuse évitée à 6 mois et par erreur<br />
médicamenteuse évitée à 12 mois. Puisque le<br />
taux de ré<strong>du</strong>ction des erreurs médicamenteuses<br />
a été maintenu à 12 mois, les auteurs suggèrent<br />
une intervention pharmaceutique annuelle.<br />
Conclusion<br />
L’étude montre que l’intervention des pharmaciens<br />
dans le cadre <strong>du</strong> programme PINCER est<br />
plus efficace qu’une simple rétroaction électronique<br />
pour ré<strong>du</strong>ire le nombre de patients à risque<br />
de recevoir une ordonnance ou un suivi<br />
thérapeutique pharmacologique inadapté.<br />
Discussion<br />
Cette étude met en évidence la valeur ajoutée<br />
de la présence ponctuelle des pharmaciens<br />
afin d’optimiser l’utilisation d’alertes électroniques<br />
auprès de médecins de famille en cabinet.<br />
De façon générale, elle montre une baisse<br />
<strong>du</strong> risque d’erreurs médicamenteuses (découlant<br />
d’ordonnances non conformes dont les<br />
critères de bon usage ont été établis à partir de<br />
données probantes).<br />
En pratique communautaire, les pharmaciens<br />
sont exposés à de nombreux critères de<br />
bon usage (p. ex., lignes directrices de l’Institut<br />
national d’excellence en santé et en services<br />
sociaux <strong>du</strong> Québec, littérature scientifique<br />
primaire et secondaire, guides de pratique de<br />
sociétés savantes, ordonnances collectives).<br />
Pour certains décideurs, il paraît possible<br />
d’optimiser le bon usage des médicaments en<br />
ajoutant simplement des alertes électroniques<br />
aux outils utilisés.<br />
Cette étude révèle que le pharmacien peut<br />
améliorer significativement ce bon usage en<br />
organisant des rencontres structurées <strong>du</strong>rant<br />
lesquelles les alertes sont discutées périodiquement.<br />
À une époque où l’électronique ne fait<br />
que gagner <strong>du</strong> terrain, il est illusoire de penser<br />
que l’ajout d’alertes aux moindres gestes de saisies<br />
électroniques favorisera des pratiques<br />
conformes. Des études montrent une désensibilisation<br />
et un évitement croissant des utilisateurs<br />
qui ignorent et contournent les alertes.<br />
Avec l’ajout de nouvelles activités réservées en<br />
pratique pharmaceutique au Québec, dans la<br />
foulée <strong>du</strong> projet de loi 41, les pharmaciens<br />
devraient profiter de ce type d’étude pour ajouter<br />
à leur pratique un volet clinico-administratif<br />
et l’organisation périodique de rencontres<br />
d’échange sur le bon usage des médicaments.<br />
Les comités régionaux sur les services pharmaceutiques<br />
de certaines régions ont d’ailleurs<br />
déjà évoqué cet aspect. ■<br />
Charge de travail – Suite de la page 35<br />
est beaucoup plus complexe que ne le reflètent ces unités<br />
de mesure. En effet, plusieurs activités pharmaceutiques<br />
réalisées en nombre limité peuvent être fastidieuses et<br />
influer significativement sur la charge de travail (p. ex.,<br />
explication à la clientèle de changements apportés aux<br />
modalités de remboursement des médicaments, gestion<br />
d’une rupture d’approvisionnement, continuité de soins<br />
<strong>avec</strong> le milieu hospitalier, surveillance de la thérapie<br />
médicamenteuse, documentation appropriée des interventions<br />
dans le dossier informatisé, gestion d’une alerte<br />
<strong>avec</strong> un ordre professionnel).<br />
Si la mesure quotidienne de toutes les activités est<br />
sans doute fastidieuse et peu réaliste, un échantillonnage<br />
de celles-ci (p. ex., une semaine tous les trois mois)<br />
pourrait permettre d’établir un profil évolutif de l’activité<br />
pharmaceutique. Des étudiants en formation<br />
pourraient contribuer à cette observation directe et à<br />
cette documentation. Aussi, des exercices de réorganisation<br />
<strong>du</strong> travail <strong>avec</strong> de l’aide externe en consultation<br />
professionnelle peuvent permettre de capturer la<br />
variété et la complexité de l’activité pharmaceutique.<br />
Dans l’enquête Tendances et perspectives menée par<br />
l’équipe de L’actualité pharmaceutique en 2011 2 , les<br />
pharmaciens rapportent 12 enjeux relatifs à l’exercice<br />
de la pharmacie au Canada, notamment le manque de<br />
temps/ressources (58 % des répondants), la charge de<br />
travail trop lourde (47 % des répondants) et le manque<br />
de pharmaciens (15 %). L’émergence des ordonnances<br />
collectives depuis une décennie et, plus récemment,<br />
des activités réservées découlant <strong>du</strong> projet de loi 41<br />
contribueront à augmenter la charge de travail des<br />
pharmaciens en milieu communautaire. ■<br />
lecture suggÉrÉe : Alain M. Tendances et perspectives<br />
– Sondage auprès des pharmaciens communautaires. [En<br />
ligne. Site visité le 22 janvier 2013.] www.professionsante.ca/<br />
pharmaciens/actualites/tendances-et-perspectives-sondageaupres-des-pharmaciens-communautaires-14925<br />
Questions de<br />
FC<br />
Répondez en ligne sur www.professionsante.ca,<br />
section Ma FC en ligne; rechercher Québec Pharmacie, avril-mai 2013.<br />
Date limite : 22 avril 2014. Donne 4 UFC.<br />
11. En ce qui concerne la charge de travail et son impact sur le stress<br />
et la satisfaction au travail <strong>du</strong> pharmacien communautaire,<br />
indiquez, parmi les énoncés suivants, celui qui est faux.<br />
A En ce qui concerne la charge de travail, les résultats des études<br />
montrent que le pharmacien consacre la majeure partie de son temps<br />
(51-75 %) à l’exécution des ordonnances, 25-45 % de son temps<br />
aux conseils aux patients et 25 %, aux tâches administratives.<br />
B La satisfaction que retirent les pharmaciens de leur travail est peu<br />
documentée. Le point principal révélé par les études est que le niveau<br />
de satisfaction augmente lorsque les pharmaciens voient leur rôle<br />
clinique augmenté.<br />
C Des facteurs tels que l’isolement, les changements apportés à la<br />
pratique professionnelle ainsi que les obligations de formation continue<br />
des pharmaciens contribuent à augmenter leur stress au travail.<br />
D Les pharmaciens d’officine devraient profiter de ce type d’études<br />
pour établir, au sein de leur milieu de pratique, un outil commun<br />
permettant de mieux décrire la charge de travail au fil <strong>du</strong> temps.<br />
E Dans l’enquête Tendances et perspectives menée en 2011,<br />
58 % des répondants mentionnent le manque de temps/ressources<br />
comme un enjeu relatif à l’exercice de la pharmacie au Canada.<br />
12. En ce qui concerne le bon usage des médicaments<br />
et l’essai présenté, indiquez l’énoncé qui est faux <br />
A Après six mois de suivi, on a observé une diminution significative<br />
de la prévalence d’erreurs médicamenteuses en faveur <strong>du</strong> groupe<br />
intervention pour les trois mesures primaires.<br />
B L’analyse des mesures secondaires à six mois a montré une<br />
diminution significative des erreurs médicamenteuses de suivi<br />
pour les patients sous warfarine.<br />
C Les participants au groupe intervention étaient moins à risque<br />
d’avoir au moins un problème lié à une ordonnance de médicament<br />
ou un problème de suivi.<br />
D L’analyse coût/efficacité a évalué un ratio incrémentiel d’environ<br />
200 $CAN) par erreur médicamenteuse évitée à six mois.<br />
E Après 12 mois de suivi, on observait toujours une diminution<br />
significative de la prévalence d’erreurs médicamenteuses en faveur<br />
<strong>du</strong> groupe intervention pour deux des trois critères principaux.<br />
www.<strong>Profession</strong>sante.ca | avril – Mai 2013 | Québec Pharmacie | 37