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Infarctus du myocarde avec élévation du ... - Profession Santé

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Québec<br />

Pharmacie<br />

la référence en<br />

formation continue<br />

Avril - mai 2013 vol. 60 n˚2<br />

<strong>Infarctus</strong><br />

<strong>du</strong> <strong>myocarde</strong><br />

<strong>avec</strong> élévation<br />

<strong>du</strong> segment ST<br />

21<br />

Troubles d’éjaculation<br />

associés à la silodosine<br />

(Rapaflo MD )<br />

7<br />

Le liraglutide<br />

(Victoza MD )<br />

13<br />

Loi 41 :<br />

où en sommes-nous <br />

31<br />

4 UFC de l’OPQ<br />

PP 40070230<br />

1200, avenue McGill College, bureau 800, Montréal (QC) H3B 4G7


Québec<br />

Pharmacie<br />

sommaire<br />

Avril - mai 2013<br />

vol. 60 | n° 2<br />

60<br />

a n s<br />

fondée en 1953<br />

Éditrice Groupe SantÉ<br />

caroline Bélisle, 514 843-2569, caroline.belisle@rci.rogers.com<br />

directeur deS rÉdactionS, Groupe SantÉ<br />

rick campbell, 416 764-3891, rick.campbell@rci.rogers.com<br />

directrice de la rÉdaction<br />

caroline Baril, 514 843-2573, caroline.baril@rci.rogers.com<br />

Éditorial<br />

Souffrez-vous<br />

de TAP <br />

Équipe Éditoriale<br />

rÉdacteur en chef<br />

Jean-françois Guévin, B. pharm., M.B.a., pharm. d.<br />

rÉdactrice en chef adJointe<br />

céline léveillé-imbeault, B. pharm., M. Sc.<br />

adJointe à la directrice de la rÉdaction<br />

Mélanie alain<br />

direction artiStique<br />

dino peressini<br />

GraphiSte<br />

Jocelyne demers<br />

intÉGrateur WeB<br />

Jonathan favreau<br />

GeStionnaire deS proJetS SpÉciaux<br />

chantal Benhamron<br />

ComitÉ de rÉdaCtion<br />

Avez-vous enten<strong>du</strong> parler de...<br />

Mélanie caouette, B. pharm., M. Sc.<br />

caroline Sirois, B. pharm., M. Sc., ph. d.<br />

À vos soins<br />

Sarah Saudrais Janecek, B. pharm.<br />

Sophie Grondin, B. pharm., M. Sc.<br />

À votre service sans ordonnance<br />

nancy desmarais, B. pharm.<br />

Julie Martineau, B. pharm.<br />

D’une page à l’autre<br />

nicolas paquette-lamontagne, B. pharm., M. Sc., M.B.a.<br />

Place aux questions<br />

noura a. Shahid, B. pharm.<br />

Les pages bleues<br />

Stéphanie Biron, B. pharm.<br />

Sarah Girard, pharm. d.<br />

caroline Morin, B. pharm., M. Sc.<br />

Pharmacovigilance<br />

christine hamel, B. pharm., M. Sc.<br />

Santé publique<br />

Marie-Jahelle desjardins, B. pharm.<br />

Technologies<br />

Jean-françois Bussières, B. pharm., M. Sc., M.B.a.<br />

pour nous joindre<br />

québec pharmacie, 1200 avenue McGill college, bureau 800, Montréal (québec) h3B 4G7<br />

tél. : 514 845-5141, téléc. : 514 843-2184, courriel : quebecpharmacie@rci.rogers.com<br />

abonnement ou Changement d’adresse<br />

1200, McGill college, bureau 800, Montréal (québec) h3B 4G7<br />

publiCitÉ<br />

directeurS de coMpteS<br />

MontrÉal<br />

Josée plante, 514 843-2953<br />

pauline Shanks, 514 843-2558<br />

nancy <strong>du</strong>mont, 514 843-2132<br />

toronto<br />

teresa tsuji, 416 764-3905<br />

norman cook, 416 764-3918<br />

Sara Mills, 416 764-4150<br />

Stephen Kranabetter, 416 764-3822<br />

Scott tweed, 1 800 668-8151<br />

Joe Sawaged, 1 800 262-5135<br />

coordonnatrice de la pro<strong>du</strong>ction<br />

rosalina lento, 514 843-2557<br />

les Éditions rogers media<br />

Kenneth Whyte, président<br />

patrick renard, Vice-président, finances<br />

Janet Smith, Éditrice exécutive, Groupe Santé<br />

david carmichael, directeur général<br />

des activités en ligne<br />

tricia Benn, directrice principale,<br />

Études de marché, rogers connecte<br />

dépôt légal : Bibliothèque nationale <strong>du</strong> québec,<br />

Bibliothèque nationale <strong>du</strong> canada iSSn 0826-9874.<br />

toutes les annonces de pro<strong>du</strong>its pharmaceutiques<br />

sur ordonnance ont été approuvées par le<br />

conseil consultatif de publicité pharmaceutique.<br />

envoi de poste – publications,<br />

convention nº 40070230.<br />

5<br />

À vos soins<br />

Troubles d’éjaculation<br />

associés à la prise de<br />

silodosine (Rapaflo MD )<br />

7<br />

Les pages bleues<br />

Syndrome<br />

coronarien<br />

aigu : STEMI et<br />

traitement à<br />

long terme<br />

21<br />

Avez-vous enten<strong>du</strong><br />

parler de...<br />

Le liraglutide<br />

(Victoza MD )<br />

Santé publique<br />

Loi 41 : où en<br />

sommes-nous <br />

13<br />

31<br />

D’une page à l’autre<br />

Charge de travail, stress et satisfaction<br />

<strong>du</strong> pharmacien communautaire 35<br />

Bon usage des médicaments : rétroaction<br />

électronique vs intervention par<br />

un pharmacien dans les GMF 36<br />

coordonnatrice de la diffuSion<br />

francine Beauchamp, 514 843-2594, téléc. : 514 843-2182, francine.beauchamp@rci.rogers.com<br />

tarifs : canada : 76 $ par année, 113 $ pour 2 ans, 8 $ l’exemplaire. tarif de groupe/vrac : 61 $<br />

(min. 6 exemplaires). États-unis et international (abonnement indivi<strong>du</strong>el seul.) : 110 $ par année.<br />

taxes en vigueur non comprises.<br />

Québec Pharmacie est imprimée par imprimeries transcontinental<br />

et est publié 8 fois l’an par rogers Media.<br />

Vous pouvez consulter notre politique environnementale à :<br />

www.leseditionsrogers.ca/propos_nous/politique_environnement.shtml<br />

Questions de<br />

FC<br />

Répondez en ligne sur<br />

www.professionsante.ca,<br />

section Ma FC en ligne;<br />

rechercher Québec Pharmacie,<br />

avril – mai 2013.<br />

Date limite : 22 avril 2014.<br />

Donne 4 UFC.<br />

www.<strong>Profession</strong>sante.ca | Avril – mAi 2013 | Québec Pharmacie | 3


éditorial<br />

Céline Léveillé-Imbeault, B. Pharm., M. Sc.<br />

Rédactrice en chef adjointe<br />

Souffrez-vous de TAP<br />

Selon la première et unique édition <strong>du</strong> DSM-C (Manuel diagnostique et<br />

statistique des troubles mentaux pharmaceutiques selon Céline), le<br />

trouble d’anxiété psycho-pharmaceutique (TAP) se caractérise par de<br />

l’anxiété et de l’inquiétude excessives et parfois incontrôlables concernant<br />

la pratique pharmaceutique. Il est couramment accompagné de symptômes<br />

somatiques. Parmi les plus courants, notons l’agitation, la fatigabilité,<br />

les difficultés de concentration, l’irritabilité et les tensions musculaires. Ces<br />

symptômes se manifestent généralement dans le contexte <strong>du</strong> travail mais<br />

peuvent aussi survenir dans d’autres circonstances selon la gravité de l’atteinte.<br />

Une détresse psychologique et une altération <strong>du</strong> fonctionnement<br />

sont les signes indiquant une forte atteinte. Le facteur de risque le plus commun<br />

est d’être pharmacien communautaire.<br />

Depuis quelque temps, j’ai des vertiges, des palpitations, une sensation de<br />

fébrilité face aux nouvelles activités conférées par la fameuse loi 41. Comme<br />

plusieurs d’entre nous, je souffre de TAP. Plusieurs questions, tant organisationnelles,<br />

financières que professionnelles, hantent mon esprit soucieux<br />

de la bonne voie de la profession.<br />

Pourquoi souffrir d’un tel mal maintenant C’est ce qu’on souhaitait en<br />

tant que profession, non Mon analyse se résume ainsi : les rêves ne sont<br />

pas très inquiétants, la réalité l’est autrement.<br />

Pour ma part, l’élément déclencheur fut la déclaration <strong>du</strong> Dr Réjean<br />

Hébert, ministre de la Santé et des Service sociaux, en décembre dernier, qui<br />

souhaitait que la population puisse bénéficier de ces nouveaux services au<br />

printemps 2013. « Euh ! C’est comme demain matin, ça ! » Je souhaite que nos<br />

organisations nous laissent le temps de nous préparer adéquatement à cette<br />

révolution. Je ne parle pas ici de reporter indéfiniment la mise en application<br />

mais bien de prendre le temps de former la majorité d’entre nous, d’examiner<br />

plus attentivement nos nouvelles obligations, notamment les formulaires de<br />

liaison <strong>avec</strong> les médecins, et de régler l’épineuse question de la rémunération.<br />

Il ne faudrait pas tomber quelques mètres après la ligne de départ.<br />

En attendant, voici un<br />

acronyme, de mon cru, résumant<br />

mes réflexions afin de mieux<br />

contrôler le TAP. ■<br />

Mesures non pharmacologiques <strong>du</strong> TAP<br />

B<br />

E<br />

N<br />

Z<br />

O<br />

But : Ne pas oublier que l’objectif premier de ces nouvelles<br />

activités est le bien-être des patients et leur accès aux soins<br />

de première ligne.<br />

Équipe : Faites équipe <strong>avec</strong> vos collègues, les ATP, vos patients et<br />

leurs méde cins. Recentrez-vous sur le « B » lorsque vous sentez des<br />

dérapages.<br />

Nidation : Acceptez que l’instauration de ces nouvelles<br />

pratiques sera longue mais combien gratifiante. Faites votre<br />

nid une brindille à la fois, c’est le printemps après tout !<br />

Zen : Prenez le temps de respirer, ayez <strong>du</strong> plaisir au travail,<br />

régénérez-vous dans d’autres activités que la pharmacie et<br />

faites-vous aider à gérer votre stress si vous en ressentez le besoin.<br />

Organisation : Revoyez en profondeur vos méthodes de<br />

travail <strong>avec</strong> vos collègues, soyez créatifs. Faites un suivi régulier<br />

des changements apportés. Acceptez de ne pas répondre aux<br />

besoins de vos patients sur-le-champ, donnez des rendez-vous.<br />

Gagnez <strong>du</strong> temps<br />

grâce à<br />

Offrez-leur un outil qui permet d’accéder à leur dossier<br />

personnel sur brunet.ca.<br />

De nombreux avantages pour vos clients :<br />

Dossiers Renouvellements Rappels<br />

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Marc St-Aubin, directeur développement des ventes au<br />

1 800 363-3345 poste 4616 ou au mstaubin@metro.ca.<br />

Seulement chez<br />

80938_PUB_Quebec PharmacieB 1<br />

www.<strong>Profession</strong>sante.ca | avril – mai 2013 | Québec 12-10-01 Pharmacie 3:52 PM | 5


à vos soins<br />

Texte rédigé par Amina Bouaita,<br />

étudiante en 4 e année <strong>du</strong> Pharm. D.,<br />

Université de Montréal, et<br />

François P. Turgeon, B. Pharm., M. Sc.,<br />

Pharmacie François P. Turgeon.<br />

Texte original soumis<br />

le 26 décembre 2012.<br />

Texte final soumis<br />

le 4 février 2013.<br />

Révision : Sophie Grondin, B. Pharm., M. Sc.,<br />

Pharmacie Félice Saulnier.<br />

Les auteurs et la réviseure scientifique ne déclarent aucun conflit d’intérêts lié à la rédaction de cet article.<br />

Troubles d’éjaculation associés à la prise de silodosine<br />

(Rapaflo MD )<br />

Objectifs d’apprentissage:<br />

1. Expliquer les mécanismes d’action possibles selon lesquels la silodosine engendre un dysfonctionnement de l’éjaculation.<br />

2. Connaître la différence de risque de troubles d’éjaculation entre les différents antagonistes des récepteurs α-1A-adrénergiques.<br />

Présentation <strong>du</strong> patient<br />

Monsieur M.F., 75 ans, se présente à la pharmacie<br />

pour des troubles éjaculatoires, caractérisés<br />

par un volume de sperme plus faible<br />

et/ou une anéjaculation. Ce problème le<br />

gêne excessivement. Il est apparu il y a deux<br />

semaines, coïncidant <strong>avec</strong> l’instauration de<br />

la silodosine. Le patient prenait de l’ alfuzosine<br />

(Xatral MD ) depuis deux ans, mais son<br />

médecin l’a remplacée par de la silodosine<br />

sans raison spécifique.<br />

Discussion<br />

L’hypertrophie bénigne de la prostate pose souvent<br />

un problème de flot urinaire que le patient<br />

ressent comme une envie d’uriner plus fréquente<br />

ou nocturne, <strong>avec</strong> un débit urinaire faible<br />

et une sensation de vidange incomplète. Ce<br />

problème est causé par une obstruction mécanique<br />

de l’urètre, en raison d’une hyperplasie<br />

de la prostate ainsi que d’une obstruction fonctionnelle<br />

découlant d’une contraction des<br />

muscles lisses et augmentant la résistance au<br />

passage de l’urine dans l’urètre 1 . Les antagonistes<br />

des récepteurs α-1–adrénergiques sont les<br />

médicaments de premier recours pour ré<strong>du</strong>ire<br />

les symptômes de flot urinaire liés à l’hypertrophie<br />

bénigne de la prostate 1,2 .<br />

La silodosine a été approuvée par Santé<br />

Canada en janvier 2011. Commercialisée sous<br />

le nom de Rapaflo, elle est indiquée pour le traitement<br />

de l’hypertrophie bénigne de la prostate.<br />

C’est un antagoniste sélectif des récepteurs<br />

α-1A–adrénergiques de la prostate et de la vessie.<br />

Le blocage de ces récepteurs engendre une<br />

relaxation des fibres musculaires lisses <strong>du</strong> col<br />

vésical et de l’urètre prostatique. L’avantage de<br />

la silodosine est qu’elle a peu d’affinité pour les<br />

récepteurs vasculaires de type α-1B–adrénergiques<br />

et est considérée comme 40 fois plus<br />

sélective pour les récepteurs α-1A–adrénergiques<br />

que la tamsulosine (Flomax MD ). Par conséquent,<br />

elle cause moins d’hypotension que les<br />

autres molécules de la même famille. C’est un<br />

substrat important de l’isoenzyme CYP3A4 et<br />

de la glycoprotéine-P. Les principaux effets<br />

indésirables sont les suivants : éjaculation<br />

rétrograde (28,1 %), vertiges (3,2 %) et hypotension<br />

orthostatique (2,6 %) 3 .<br />

Le mécanisme d’éjaculation normal est<br />

enclenché par la stimulation <strong>du</strong> système nerveux<br />

sympathique. Cela se tra<strong>du</strong>it par la<br />

contraction de l’épididyme, des canaux déférents,<br />

des vésicules séminales et de la prostate,<br />

et mène à l’entrée <strong>du</strong> fluide séminal dans l’urètre.<br />

Il s’ensuit l’expulsion <strong>du</strong> sperme par des<br />

contractions saccadées de la base de l’urètre<br />

vers le méat urétral aboutissant à l’éjaculation.<br />

Jusqu’à présent, le mécanisme d’action exact<br />

par lequel la silodosine engendre un dysfonctionnement<br />

de l’éjaculation n’a pas été clairement<br />

élucidé. L’opinion conventionnelle penche<br />

en faveur de l’éjaculation rétrograde, plus<br />

précisément l’afflux rétrograde <strong>du</strong> liquide<br />

séminal. En effet, au lieu de sortir par le méat<br />

urétral, le sperme prend un chemin rétrograde<br />

et est envoyé en arrière, vers la vessie, probablement<br />

en raison d’une mauvaise contraction <strong>du</strong><br />

sphincter <strong>du</strong> col vésical 4 . Dans l’autre hypothèse,<br />

les récepteurs α-1A-adrénergiques sont<br />

prédominants dans les vésicules séminales<br />

(75 %). Ainsi, en se liant à ces récepteurs, la silodosine<br />

in<strong>du</strong>it une diminution des contractions<br />

au niveau des vésicules séminales. Cela entraîne<br />

une ré<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> liquide séminal dans le<br />

con<strong>du</strong>it éjaculatoire. Par conséquent, il n’y pas<br />

d’éjaculation rétrograde, mais plutôt une<br />

ré<strong>du</strong>ction de l’émission <strong>du</strong> liquide séminal 2 .<br />

Plusieurs études ont démontré que les bloqueurs<br />

des récepteurs α-1A–adrénergiques<br />

peuvent in<strong>du</strong>ire des désordres éjaculatoires.<br />

Cela est étroitement lié à l’affinité que peuvent<br />

avoir ces antagonistes vis-à-vis des récepteurs<br />

α-1A-adrénergiques. De ce fait, la silodosine<br />

présente un haut risque de troubles éjaculatoires<br />

(environ de 20 % à 30 %), comparativement<br />

à la tamsulosine CR (environ 2 %). Cet effet<br />

n’est pas observé <strong>avec</strong> l’alfuzosine 1,3 .<br />

S<br />

O<br />

A<br />

P<br />

Le patient se plaint d’éjaculations<br />

anormales et/ou insuffisantes<br />

depuis la prise de Rapaflo<br />

8 mg die, débuté le<br />

27 octobre 2012.<br />

Patient de 75 ans.<br />

Pas d’allergie connue.<br />

Médication actuelle :<br />

amlodipine 5 mg die AM.<br />

Rapaflo 8 mg die hs.<br />

Médication récemment<br />

cessée : Xatral 10 mg die hs.<br />

La silodosine a démontré<br />

qu’elle pouvait causer une<br />

éjaculation rétrograde, chez<br />

28,1 % des patients. Cela est<br />

étroitement lié à sa grande<br />

affinité pour les récepteurs<br />

α-1A–adrénergiques. Sachant<br />

que les symptômes <strong>du</strong> patient<br />

étaient bien maîtrisés <strong>avec</strong><br />

l’alfuzosine et que celle-ci ne<br />

lui a pas causé de trouble<br />

éjaculatoire, il est raisonnable<br />

de réinstaurer ce médicament<br />

et de cesser le silodosine.<br />

Prendre contact <strong>avec</strong> le<br />

médecin afin de lui suggérer<br />

de remplacer la silodosine par<br />

l’alfuzosine 10 mg die hs.<br />

Rédiger une opinion<br />

pharmaceutique. Faire le suivi<br />

<strong>avec</strong> le patient dans quatre à<br />

sept jours pour réévaluer la<br />

présence de troubles<br />

éjaculatoires.<br />

www.<strong>Profession</strong>sante.ca | avril – Mai 2013 | Québec Pharmacie | 7


PP 40070230<br />

1200, avenue McGill College, bureau 800, Montréal (QC) H3B 4G7<br />

QP02_001_ƒ.indd 7 13-04-11 14:31<br />

à vos soins<br />

réinstaurer ce médicament. L’autre option de<br />

traitement acceptable est la substitution par<br />

un α-1A–adrénergique moins spécifique, tel<br />

que la tamsulosine CR. ■<br />

Acte pharmaceutique facturable<br />

Opinion pharmaceutique facturable : remplacer<br />

un pro<strong>du</strong>it par un autre pour cause d’effet<br />

indésirable (DIN 023616710).<br />

Le patient est très incommodé par ce trouble.<br />

Par conséquent, il est recommandé de cesser<br />

immédiatement le médicament puisque le<br />

problème est réversible à l’arrêt 2 . À noter que<br />

dans une étude, bien que 22,3 % des patients<br />

aient rapporté des troubles éjaculatoires, seulement<br />

2,9 % d’entre eux ont cessé le traitement,<br />

toutes causes confon<strong>du</strong>es 1 . Sachant que<br />

le temps de demi-vie de la silodosine est de<br />

13 heures, il faut prévoir environ quatre jours<br />

pour un retour à la normale. Puisque l’état <strong>du</strong><br />

patient était bien maîtrisé <strong>avec</strong> l’alfuzosine et<br />

que ce dernier ne cause pas de dysfonctionnements<br />

éjaculatoires, il est raisonnable de<br />

Opinion pharmaceutique<br />

Bonjour Docteur,<br />

Monsieur M.F., 75 ans, utilisait l’alfuzosine 10 mg une fois par jour pour des symptômes urinaires<br />

découlant d’une hypertrophie bénigne de la prostate. Il y a deux semaines, ce médicament a été remplacé<br />

par de la silodosine 8 mg une fois par jour. Depuis cette modification, le patient rapporte des<br />

troubles éjaculatoires (ré<strong>du</strong>ction de la quantité de sperme ou absence d’éjaculat), tout en conservant<br />

une bonne maîtrise de ses symptômes urinaires. La silodosine a été liée à un plus grand risque de<br />

troubles éjaculatoires que les autres bloqueurs des récepteurs α-1A–adrénergiques (tamsulosine et<br />

alfuzosine), probablement à cause de sa plus grande affinité pour ces récepteurs. Étant donné que le<br />

patient ne présentait pas ce problème <strong>avec</strong> l’alfuzosine, je vous suggère de cesser la silodosine et de<br />

réinstaurer l’alfuzosine à raison de 10 mg une fois par jour. Le problème éjaculatoire devrait disparaître<br />

en une semaine, ce que je pourrai vérifier auprès <strong>du</strong> patient, tout comme le contrôle des problèmes<br />

urinaires qui devrait se maintenir <strong>avec</strong> le changement de molécule.<br />

Le pharmacien<br />

références : 1. Kawabe K. et coll. Silodosin, a new α-1A-adrenoceptor-sélective antagonist for treating benign hyperplasia: Results of phase III randomized, placebocontrolled,<br />

double-blind study in Japanese men. Journal of Urology 2006; 98: 1019-24. 2. Hisasue SI, et coll. Ejaculatory disorder caused by alpha-1 adrenoceptor antagonists<br />

is not retrograde ejaculation but a loss of seminal emission. International Journal of Urology 2006; 13: 1311-6. 3. Talbert RL, DiPiro JT, Matzke GR, Posey LM, Wells BG, Yee GC. Chapter 93.<br />

Benign Prostatic Hyperplasia. Dans : Talbert RL, DiPiro JT, Matzke GR, Posey LM, Wells BG, Yee GC, eds. Pharmacotherapy: A Pathophysiologic Approach. 8 e edition. New York: McGraw-<br />

Hill; 2011. [Consulté le 28 novembre 2012.] www.accesspharmacy.com/content.aspxaID=7994823. 4. Nagai A, et coll. Ejaculatory dysfunction caused by the new a1-blocker Silodosin:<br />

A preliminary study to analyze human ejaculation using color Doppler ultrasonography. International Journal of Urology 2008; 15: 915-8.<br />

Les références portant un code de couleur indiquent au lecteur qu’il s’agit des références principales de l’article telles que choisies par les auteurs et/ou les réviseurs scientifiques.<br />

Question de<br />

FC<br />

Répondez en ligne sur www.professionsante.ca,<br />

section Ma FC en ligne; rechercher Québec Pharmacie, avril-mai 2013.<br />

Date limite : 22 avril 2014. Donne 4 UFC.<br />

1. Quel énoncé est vrai <br />

A La tamsulosine est plus sélective pour les récepteurs α-1A–adrénergiques<br />

que la silodosine et l’alfuzosine; d’où la présence de troubles<br />

éjaculatoires.<br />

B La silodosine est plus sélective pour les récepteurs α-1B–adrénergiques<br />

que la tamsulosine et l’alfuzosine; d’où l’apparition d’hypotension<br />

orthostatique.<br />

C<br />

D<br />

La silodosine est plus sélective pour les récepteurs α-1A–adrénergiques<br />

et moins sélective pour les récepteurs α-1B–adrénergiques que la<br />

tamsulosine et l’alfuzosine; d’où la présence de troubles éjaculatoires<br />

et le faible risque d’hypotension orthostatique.<br />

Les troubles éjaculatoires secondaires à la silodosine sont irréversibles.<br />

Québec<br />

pharmacie<br />

Québec<br />

Pharmacie<br />

La référence en<br />

formation continue<br />

Avril - mai 2013 vol. 60 n˚ 2<br />

Lire son exemplaire<br />

de Québec Pharmacie …<br />

<strong>Infarctus</strong><br />

<strong>du</strong> <strong>myocarde</strong><br />

<strong>avec</strong> élévation<br />

<strong>du</strong> segment ST<br />

21<br />

Troubles d’éjaculation<br />

associés à la silodosine<br />

(Rapaflo MD )<br />

7<br />

Le liraglutide<br />

(Victoza MD )<br />

13<br />

Loi 41 :<br />

où en sommes-nous <br />

31<br />

… et faire sa formation<br />

continue en ligne<br />

4 UFC DE L’OPQ<br />

8 | Québec Pharmacie | avril – Mai 2013 | www.<strong>Profession</strong>sante.ca


avez-vous<br />

enten<strong>du</strong><br />

parler de...<br />

Texte rédigé par Isabelle Dupont, B. Pharm., M. Sc.,<br />

pharmacienne, Pharmacie Isabelle Dupont et Hôpital<br />

Brome-Missisquoi-Perkins, Cowansville.<br />

Texte original soumis<br />

le 30 novembre 2011.<br />

Texte final remis<br />

le 27 août 2012.<br />

Révision: Sophya Berrada, B. Pharm., M. Sc.,<br />

pharmacienne, Pharmacie Consolante, Delli Colli,<br />

Caron et Loranger, conférencière invitée,<br />

Faculté de pharmacie, Université de Montréal.<br />

Le liraglutide (Victoza MD )<br />

L’auteure et la réviseure scientifique ne déclarent aucun conflit d’intérêts lié à la rédaction de cet article.<br />

Objectifs d’apprentissage:<br />

1. Comprendre les mécanismes d’action <strong>du</strong> liraglutide.<br />

2. Être en mesure d’identifier les limites des études actuelles sur le liraglutide et de déterminer sa place dans la thérapie.<br />

3. Identifier les patients pour qui l’utilisation de ce médicament pourrait être bénéfique.<br />

4. Informer les patients sur l’utilisation et les effets indésirables <strong>du</strong> liraglutide.<br />

S:10”<br />

Présentation <strong>du</strong> patient<br />

Monsieur X vous rencontre afin de discuter<br />

d’un nouveau médicament, le liraglutide<br />

(Victoza MD ). Lors de sa plus récente visite<br />

médicale, son médecin lui a appris que son<br />

diabète s’était détérioré. Étant donné qu’il<br />

prend déjà de la metformine (Glucophage<br />

MD ) et <strong>du</strong> glyburide (Diabeta MD ) à des<br />

doses maximales, son médecin envisage<br />

l’ajout de liraglutide. Pour cette raison, il<br />

désire connaître les principaux avantages de<br />

cet agent et ses effets secondaires, et souhaite<br />

que vous lui disiez si ce médicament<br />

est une bonne option pour lui.<br />

T:10.75”<br />

I Mécanismes d’action des incrétines endogènes 2,4,5,7,8<br />

Glucagon-like peptide 1 (GLP-1)<br />

SéCrétIonS<br />

Cellules L de l’iléon distal et <strong>du</strong> côlon<br />

mo<strong>du</strong>lées par la quantité de glucose<br />

MéCanISMeS D’aCtIon<br />

Libération glucodépendante d’insuline<br />

Inhibe la sécrétion de glucagon<br />

et de somatostatine ( pro<strong>du</strong>ction<br />

glucose par le foie)<br />

Favorise la satiété<br />

Favorise la perte de poids<br />

Stimule la prolifération des cellules<br />

bêta-pancréatiques<br />

Diminue probablement la résistance<br />

à l’insuline<br />

Ralentit la vidange gastrique<br />

Depuis la découverte de l’insuline par Banting<br />

en 1921, de nombreuses molécules pour le traitement<br />

<strong>du</strong> diabète sont apparues dans l’arsenal<br />

thérapeutique <strong>du</strong> diabète 1 . Cependant, les effets<br />

indésirables des molécules utilisées, les comorbidités<br />

des patients, la prévalence et la progression<br />

de la maladie font en sorte que le traitement<br />

optimal <strong>du</strong> diabète demeure d’actualité 2-5 . Au fil<br />

<strong>du</strong> temps, l’évolution de la pharmacothérapie a<br />

été grandement influencée par notre compréhension<br />

de la physiopathologie <strong>du</strong> diabète et de<br />

ses complications macrovasculaires et microvasculaires<br />

1 . La découverte récente <strong>du</strong> moyen<br />

d’utiliser sur le contrôle glycémique les effets des<br />

incrétines endogènes, sécrétées par certaines<br />

cellules intestinales, bouleverse à nouveau l’algorithme<br />

de traitement. Parmi ces hormones, les<br />

deux principales sont le « glucagon-like peptide<br />

1 » (GLP-1) et le « glucose-dependent insulinotropic<br />

polypeptide » (GIP) 2-7 . Le tableau I<br />

présente les principales caractéristiques de ces<br />

deux hormones.<br />

La demi-vie <strong>du</strong> GLP-1 est inférieure à deux<br />

minutes et celle <strong>du</strong> GIP est de cinq à sept minutes<br />

2 . Sur le plan pharmacocinétique, ces deux<br />

peptides sont rapidement dégradés par des<br />

enzymes endogènes, soit la dipeptityl peptidase-4<br />

(DPP-4) et l’endopeptidase neutre (NEP).<br />

Puisque l’effet <strong>du</strong> GLP-1 est diminué ou absent<br />

chez le patient diabétique, plusieurs molécules<br />

prolongeant ou mimant l’effet <strong>du</strong> GLP-1 ont été<br />

mises au point 4-6 . Ainsi, deux classes médicamenteuses<br />

ont récemment été commercialisées<br />

sur le marché canadien : la famille des inhibiteurs<br />

de la DPP-4, comprenant entre autres la<br />

sitagliptine (Januvia MD ), la saxagliptine (Onglyza<br />

MD ) et la linagliptine (Trajenta MD ), et celle des<br />

analogues des incrétines, incluant l’exénatide<br />

(Byetta MD ) et le liraglutide (Victoza MD ). Ce dernier,<br />

commercialisé par NovoNordisk, est<br />

approuvé au Canada depuis juillet 2009 8 .<br />

Pharmacologie et mécanisme d’action<br />

Le mécanisme d’action <strong>du</strong> liraglutide est similaire<br />

à celui <strong>du</strong> GLP-1 endogène, c’est-à-dire<br />

Glucose-dependent insulinotropic polypeptide (GIP)<br />

Cellules K <strong>du</strong> <strong>du</strong>odénum et <strong>du</strong> jéjunum<br />

mo<strong>du</strong>lées par la quantité de nutriments<br />

Libération glucodépendante d’insuline<br />

Stimule la sécrétion de glucagon<br />

Favorise la prise de nourriture<br />

Favorise le gain de poids<br />

Stimule la prolifération des cellules<br />

bêta-pancréatiques<br />

II Pharmacocinétique des analogues <strong>du</strong> GLP-1 disponibles au Canada 5,6,8<br />

Paramètres Liraglutide (Victoza) exénatide (Byetta)<br />

Mode d’administration Sous-cutané Sous-cutané<br />

Biodisponibilité Absolue 51 % à 55 % Relative 93 % à 97 %<br />

Concentration maximale 9 à 12 heures 2 heures<br />

Temps de demi-vie (T ½<br />

) 10 à 14 heures 2,4 heures<br />

Durée d’action 24 heures 4 à 6 heures<br />

% liaison protéinique 98 % Non disponible<br />

Métabolisme Aucun organe majeur Aucun organe majeur<br />

Volume de distribution (Vd) 11 à 17 litres 28,3 litres<br />

Élimination Aucune voie spécifique majeure Surtout rénale<br />

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avez-vous<br />

enten<strong>du</strong><br />

parler de...<br />

qu’il pro<strong>du</strong>it l’effet agoniste <strong>du</strong> GLP-1 sur ses<br />

récepteurs 8 . Au niveau des cellules pancréatiques,<br />

l’activation <strong>du</strong> récepteur couplé à l’adénylcyclase<br />

par la protéine G stimulatrice (Gs)<br />

augmente la formation de l’adénosine monophosphate<br />

cyclique intracellulaire (AMPc).<br />

Cette hausse d’AMPc se tra<strong>du</strong>it par une synthèse<br />

et une sécrétion d’insuline gluco-dépendante<br />

5,6,8 . De plus, le ligarutide ralentit la<br />

vidange gastrique et ré<strong>du</strong>it la libération <strong>du</strong> glucagon<br />

également de manière glucodépendante<br />

3,5,6,8 . Concernant sa structure chimique, le<br />

ligarutide présente une analogie structurelle de<br />

97 % <strong>avec</strong> le GLP-1 endogène 6,8 . Ces changements<br />

moléculaires lui permettent de se lier<br />

davantage aux protéines plasmatiques, ce qui,<br />

par conséquent, empêche sa désactivation par<br />

les enzymes endogènes 6,8 . Ainsi, sa demi-vie est<br />

de loin supérieure à celle <strong>du</strong> GLP-1 endogène,<br />

passant de 2 minutes à 10 à 14 heures 5,8 .<br />

Indications<br />

Actuellement, le liraglutide est officiellement<br />

indiqué au Canada chez les diabétiques de type<br />

2 en association <strong>avec</strong> la metformine à dose maximale<br />

tolérée, quand cette dernière et les mesures<br />

non pharmacologiques (MNP) n’ont pas permis<br />

l’atteinte des cibles thérapeutiques. Il est aussi<br />

approuvé en combinaison <strong>avec</strong> la metformine<br />

(Glucophage MD ) et une sulfonylurée, quand la<br />

médication et les MNP ne permettent pas une<br />

maîtrise adéquate de la glycémie 8 . Selon la littérature<br />

médicale, le liraglutide pourrait être utilisé<br />

dans d’autres contextes cliniques, incluant<br />

en monothérapie ou en association <strong>avec</strong> l’insuline<br />

9 . Pour le moment, ces indications sont non<br />

officielles.<br />

essais cliniques<br />

En matière d’essais cliniques, tous les résultats<br />

consultés sont en faveur <strong>du</strong> liraglutide concernant,<br />

entre autres, sa capacité à ré<strong>du</strong>ire l’hémoglobine<br />

glyquée (HbA 1c<br />

), la glycémie capillaire et<br />

le poids 2,5,6,8-16 . Parmi ces essais, LEAD-1 a<br />

démontré que le liraglutide permettait un<br />

meilleur contrôle glycémique. En effet, après 26<br />

semaines, les patients des sous-groupes liraglutide<br />

1,2 mg et 1,8 mg ont présenté une baisse de<br />

l’HbA 1c<br />

supérieure à celle de la rosiglitazone<br />

(Avandia MD ) (p < 0,0001) 10 , une diminution cliniquement<br />

intéressante de l’HbA 1c<br />

, puisque 42 %<br />

des sujets ont présenté une HbA 1c<br />

inférieure à<br />

7 % <strong>avec</strong> le liraglutide 1,8 mg par jour. Ainsi, le<br />

liraglutide permet d’obtenir une meilleure<br />

HbA 1c<br />

que le glimépiride (Amaryl MD ), en monothérapie<br />

ou en association <strong>avec</strong> la rosiglitazone<br />

(Avandia). Cependant, dans cette étude, les<br />

III Principales études cliniques sur le liraglutide 10-15<br />

études<br />

Population à l’étude<br />

et mesures principales<br />

PratLey r, nauCk M, BaILey t, et CoLL.<br />

Étude multicentrique, randomisée,<br />

Population<br />

groupe parallèle, essai ouvert, contrôlée Diabète de type 2<br />

<strong>avec</strong> un groupe comparateur sous traitement<br />

Metformine (≥ 1500 mg/jour)<br />

depuis au moins 3 mois<br />

Étude de non- infériorité<br />

HbA 1c<br />

7,5 % à 10 %<br />

Objectif<br />

Comparer l’efficacité et la sécurité <strong>du</strong> liraglutide<br />

Mesures<br />

par rapport à la sitagliptine lorsqu’ajouté à la metformine Variation de l’HbA 1c<br />

Variation <strong>du</strong> poids<br />

n total<br />

= 665<br />

Durée<br />

26 semaines<br />

LeaD-5<br />

Étude multicentrique, randomisée,<br />

Population<br />

groupe parallèle, essai ouvert, contrôlée Diabète de type 2<br />

<strong>avec</strong> un groupe comparateur sous traitement IMC ≤ 45 kg/m 2<br />

ou placebo<br />

HbA 1c<br />

7,5 % à 10 % si prise d’un<br />

Étude de non- infériorité<br />

hypoglycémiant ou anti-hyperglycémiant<br />

en monothérapie<br />

Objectif<br />

Évaluer l’efficacité <strong>du</strong> liraglutide<br />

HbA 1c<br />

7 % à 10 % si prise<br />

en combinaison <strong>avec</strong> le glimépiride et la metformine d’hypoglycémiants ou d’antihyperglycémiants<br />

en association<br />

n total<br />

= 581<br />

Mesures<br />

Durée<br />

Variation de l’HbA 1c<br />

26 semaines Variation <strong>du</strong> poids<br />

LeaD-6<br />

Étude multicentrique, randomisée,<br />

Population<br />

groupe parallèle, essai ouvert, contrôlée Diabète type 2<br />

<strong>avec</strong> un groupe comparateur sous traitement IMC ≤ 45 kg/m 2<br />

HbA 1c<br />

: 7 % à 11 %<br />

Étude en intention<br />

Médication stable depuis > 3 mois<br />

Metformine dose maximale tolérable<br />

Objectif<br />

ou<br />

Évaluer l’efficacité <strong>du</strong> liraglutide en association<br />

Sulfonylurée dose maximale tolérable<br />

<strong>avec</strong> la metformine +/- une sulfonylurée<br />

ou<br />

Ces deux classes médicamenteuses<br />

n total<br />

= 464<br />

précédentes en association<br />

Durée<br />

Mesures<br />

26 semaines Variation de l’HbA 1c<br />

Variation <strong>du</strong> poids<br />

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andomisation résultats Commentaires<br />

Metformine + liraglutide 1,2 mg die Variation de l’HbA 1c<br />

n Randomisation adéquate<br />

(n = 225) Liraglutide 1,2 mg = 1,29 % n Groupe comparateur<br />

Liraglutide 1,8 mg = 1,51 % n Absence de groupe placebo<br />

Metformine + liraglutide 1,8 mg die Sitagliptine = 0,88 % n Non à double aveugle<br />

(n = 221) n Courte <strong>du</strong>rée<br />

Différence de HbA1c (favorisant le liraglutide) n Perte au suivi plus importante<br />

Metformine + sitagliptine 100 mg die Liraglutide 1,2 mg vs sitagliptine 0,40 % (p < 0,0001) dans le groupe liraglutide 1,2 mg<br />

(n = 219) Liraglutide 1,8 mg vs sitagliptine 0,63 % (p < 0,0001)<br />

Variation pondérale<br />

Liraglutide 1,2 mg = 2,78 kg<br />

Liraglutide 1,8 mg = 3,68 kg<br />

Sitagliptine = 1,16 kg<br />

Différence de poids (favorisant le liraglutide)<br />

Liraglutide 1,2 mg vs sitagliptine 1,62 kg (p < 0,0001)<br />

Liraglutide 1,8 mg vs sitagliptine 2,53 kg (p < 0,0001)<br />

Liraglutide 1,2 mg vs 1,8 mg (p = 0,03)<br />

Glimépiride 4 mg/jour + metformine Variation de l’HbA 1c<br />

n 2 comparateurs<br />

2000 mg/jour + liraglutide 1,8 mg die Liraglutide = 1,3 % n Patients naïfs à l’insuline<br />

(n = 232) Glargine = 1,1 % n La combinaison est représentative de la réalité<br />

Placebo = 0,2 %<br />

(metformine + sulfonylurée)<br />

Glimépiride 4 mg/jour + n Courte <strong>du</strong>rée<br />

metformine 2000 mg/jour + Différence de HbA 1c<br />

(favorisant le liraglutide) n Étude ouverte<br />

Glargine titration selon schéma Liraglutide vs placebo 1,09 % (p < 0,0001) n Nécessité de l’ajustement des doses <strong>avec</strong> glargine<br />

les 8 e semaines, puis selon l’investigateur Liraglutide vs glargine 0,24 % (p = 0,0015) n n placebo<br />

= pas dans le même ordre de grandeur<br />

(n = 232) Glargine vs placebo 0,85 % (p < 0,0001) que n des autres groupes<br />

Glimépiride<br />

Variation pondérale<br />

4 mg/jour + metformine 2000 mg/jour + Liraglutide = 1,8 kg<br />

Placebo<br />

Glargine = 1,6 kg<br />

(n = 114) Placebo = 0,4 kg<br />

Différence de poids (favorisant le liraglutide)<br />

Liraglutide vs glargine 3,43kg (p = 0,0001)<br />

Liraglutide vs placebo 1,39 kg (p = 0,0001)<br />

Traitement préexistant + Variation de l’HbA 1c<br />

n Randomisation adéquate<br />

liraglutide 1,8 mg die Liraglutide = 1,1 % n Dose maximale de chaque molécule<br />

(n = 233) Exénatide = 0,8 % n Traitements comparables<br />

aux normes de pratique<br />

Traitement préexistant + Différence de HbA 1c<br />

(favorisant le liraglutide) n Courte <strong>du</strong>rée<br />

exénatide 10 mcg bid n Étude ouverte<br />

(n = 231) Liraglutide vs exénatide 0,33 % (p < 0,0001)<br />

Proportion de sujets atteignant cible HbA 1c<br />

< 7 %<br />

Liraglutide vs exénatide (54 % vs 43 %)<br />

RC 2,02 (non significatif )<br />

(IC = 1,31 à 3,11)<br />

Variation pondérale<br />

Liraglutide 3,24 kg<br />

Exénatide 2,87 kg<br />

Différence de poids (non significatif)<br />

Liraglutide vs exénatide 0,33 % kg (p = 0,2235)<br />

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avez-vous<br />

enten<strong>du</strong><br />

parler de...<br />

retour sur le cas clinique<br />

Pour Monsieur X, l’ajout de liraglutide pourrait<br />

être une option intéressante, si son assurance<br />

accepte de le couvrir, étant donné que<br />

les études portant sur cette molécule<br />

démontrent une amélioration significative<br />

de HbA 1c<br />

et de l’atteinte des cibles thérapeutiques.<br />

De plus, puisque Monsieur X a un surplus<br />

de poids, l’ajout de liraglutide devient<br />

très intéressant car, dans la majorité des études,<br />

les sujets ont per<strong>du</strong> <strong>du</strong> poids. Pour les<br />

effets secondaires, la majorité d’entre eux<br />

sont gastro-intestinaux et souvent passagers.<br />

Le risque d’hypoglycémie reste faible,<br />

mais comme notre patient prend aussi <strong>du</strong><br />

glyburide, une diminution de la dose de<br />

cette dernière est à envisager.<br />

doses de glimépiride et de rosiglitazone n’ont pas<br />

été maximisées, laissant un doute en ce qui a<br />

trait à la supériorité véritable <strong>du</strong> liraglutide.<br />

Une autre étude, LEAD-4 11 , a aussi démontré que<br />

l’ajout de liraglutide à un traitement d’association<br />

metformine (Glucophage) et rosiglitazone contribuait<br />

à optimiser le contrôle glycémique et l’atteinte<br />

des cibles d’HbA 1c<br />

. De plus, l’étude LEAD-3 12 a<br />

révélé que le liraglutide en monothérapie, à des<br />

doses de 1,2 mg et 1,8 mg par jour, était supérieur au<br />

glimépiride 8 mg par jour pour ré<strong>du</strong>ire l’HbA 1c<br />

,<br />

pour augmenter la proportion de sujets atteignant<br />

une valeur d’HbA 1c<br />

inférieure à 7 %, en plus d’avoir<br />

une incidence moindre d’hypoglycémie. Dans<br />

l’étude de Pratley et coll. 13 , les chercheurs ont aussi<br />

conclu que le liraglutide (1,2 mg et 1,8 mg par jour)<br />

était statistiquement supérieur à la sitagliptine pour<br />

ré<strong>du</strong>ire l’HbA 1c<br />

( 1,29, 1,51 et 0,88, respectivement).<br />

Ces résultats vont dans le sens de l’hypothèse<br />

que, même si l’enzyme de la DPP-4 est inactivée,<br />

le patient diabétique présente une carence en<br />

GLP-1. Par conséquent, l’utilisation d’un analogue<br />

<strong>du</strong> GLP-1 offrirait davantage de bénéfices qu’un<br />

inhibiteur de la DPP-4 13 .<br />

Outre l’optimisation <strong>du</strong> contrôle glycémique<br />

et l’atteinte des cibles thérapeutiques, un autre<br />

avantage <strong>avec</strong> les analogues <strong>du</strong> GLP-1 est la perte<br />

de poids 10,13,14 . Au cours des essais cliniques, une<br />

des issues étudiées a été la variation pondérale<br />

des patients. Contrairement à la rosiglitazone, à<br />

l’insuline, au glimépiride et à la sitagliptine, le<br />

liraglutide a démontré, en général, une baisse<br />

significative <strong>du</strong> poids des patients 10-12,15 . Dans<br />

l’étude de Pratley et coll. 13 , les sujets sous liraglutide<br />

1,8 mg perdaient en moyenne 3,68 kg, comparativement<br />

à 1,16 kg sous sitagliptine<br />

(p < 0,0001). De plus, bien que la formulation de<br />

liraglutide soit injectable, la satisfaction des<br />

patients était plus grande qu’<strong>avec</strong> la sitagliptine.<br />

Cette observation peut être attribuée à une<br />

meilleure maîtrise <strong>du</strong> diabète. Outre les médicaments<br />

per os, le liraglutide semble aussi plus efficace<br />

que l’administration d’insuline de longue<br />

<strong>du</strong>rée pour ré<strong>du</strong>ire l’HbA 1c<br />

.<br />

Dans LEAD-5 15 , un essai comparant le liraglutide<br />

1,8 mg par jour <strong>avec</strong> l’insuline glargine<br />

(Lantus MD ) en ajout à un traitement de metformine<br />

et de glimépiride, les résultats ont démontré<br />

une différence significative de 0,24 %<br />

(p = 0,0015) de l’HbA 1c<br />

en faveur <strong>du</strong> sous-groupe<br />

liraglutide 1,8 mg par jour, en plus de noter une<br />

perte de poids chez les utilisateurs de liraglutide<br />

15 . Par ailleurs, comparativement à l’exénatide<br />

10 mcg 2 fois par jour, le liraglutide 1,8 mg<br />

par jour a ré<strong>du</strong>it davantage l’HbA 1c<br />

, soit de<br />

0,33 % (p < 0,0001), dans l’étude LEAD-6 14 . De<br />

plus, dans cette étude, la diminution pondérale<br />

était plus importante, mais non statistiquement<br />

significative, dans le groupe liraglutide (3,24 kg<br />

et 2,87 kg, respectivement, soit une différence de<br />

0,38 kg [p = 0,2235]). Outre la diminution<br />

d’HbA 1c<br />

et la perte de poids, les essais cliniques<br />

ont présenté des améliorations de la glycémie<br />

capillaire, de la pression artérielle et <strong>du</strong> bilan lipidique<br />

chez les sujets sous liraglutide 9 . Cependant,<br />

des études seront nécessaires afin de déterminer<br />

l’impact réel <strong>du</strong> liraglutide sur les<br />

paramètres de la pression artérielle et <strong>du</strong> bilan<br />

lipidique 16,17 .<br />

En somme, le liraglutide est une molécule<br />

efficace pour ré<strong>du</strong>ire l’HbA 1c<br />

et atteindre la<br />

valeur d’HbA 1c<br />

cible, tout en favorisant une<br />

perte de poids. Cependant, les essais cliniques<br />

actuels sont de courte <strong>du</strong>rée, variant entre 26 et<br />

52 semaines pour la plupart. Des études sont<br />

nécessaires pour déterminer son innocuité à<br />

plus long terme, sa position plus élaborée dans<br />

l’algorithme de traitement et son efficacité en<br />

IV Incidences des principaux effets indésirables selon l’étude LEAD-6 14<br />

événements Liraglutide (Victoza) exénatide (Byetta)<br />

Nausée 25,5 % 28,0 %<br />

Diarrhée 12,3 % 12,1%<br />

Dyspepsie 8,9 % 4,7 %<br />

Céphalée 8,9 % 10,3 %<br />

Hypoglycémie mineure 1,93 % 2,60 %<br />

monothérapie. Le tableau III présente certaines<br />

études cliniques.<br />

effets indésirables<br />

En raison de sa formulation injectable, quelques<br />

cas d’irritation ou de prurit au site d’injection<br />

ont été rapportés 8,16 . Outre cela, les effets indésirables<br />

communs demeurent les céphalées, les<br />

symptômes pseudo-grippaux, les troubles gastro-intestinaux<br />

(nausée, diarrhée, vomissements<br />

et dyspepsie) et les hypoglycémies 9,19 . Selon certaines<br />

données, la nausée touche jusqu’à 40 %<br />

des patients traités par le liraglutide 2,9 . Usuellement,<br />

ces effets ont tendance à disparaître vers la<br />

quatrième semaine de traitement, mais ils peuvent<br />

persister chez certains patients 2,9 . On estime<br />

à 3 % le taux d’abandon associé aux effets gastrointestinaux<br />

<strong>avec</strong> le liraglutide 5 . Même si, initialement,<br />

l’incidence de ces effets est similaire entre<br />

le liraglutide et l’exénatide, les effets digestifs<br />

semblent per<strong>du</strong>rer davantage chez les utilisateurs<br />

de l’exénatide 3,14 . Le ralentissement de la<br />

vidange gastrique et <strong>du</strong> péristaltisme serait l’élément<br />

expliquant l’origine de ces effets 3 .<br />

Un autre effet indésirable à surveiller, surtout<br />

en début de traitement, est l’hypoglycémie 9-15 .<br />

Malgré un mécanisme glucodépendant, l’utilisation<br />

<strong>du</strong> liraglutide, en monothérapie ou en<br />

association, est associée à un risque d’hypoglycémie<br />

d’environ 3 % à 12 % 16 . Ce risque s’accroît<br />

jusqu’à 27 %, lorsque le liraglutide est associé à<br />

une sulfonylurée 16 . Dans l’étude Pratley et coll. 14 ,<br />

l’association metformine et liraglutide a présenté<br />

une faible incidence d’hypoglycémie comparable<br />

à l’association metformine et sitagliptine.<br />

Dans la majorité des essais, l’ajout <strong>du</strong><br />

liraglutide ou de l’exénatide ne causait que des<br />

hypoglycémies mineures 12,16 . Néanmoins, l’instauration<br />

d’un analogue <strong>du</strong> GLP-1 chez un<br />

patient traité par une sulfonylurée exige une réévaluation<br />

à la baisse de la dose de la sulfonylurée<br />

étant donné le risque accru d’hypoglycémie 3 . De<br />

plus, bien que le liraglutide soit plus efficace pour<br />

ré<strong>du</strong>ire l’HbA 1c<br />

que l’exénatide, il occasionnerait<br />

moins d’hypoglycémies selon les résultats de<br />

l’étude de Buse (1,9 vs 2,6 hypoglycémies/<br />

patients-années, p = 0,0131) 14,16 .<br />

Dans la littérature médicale, on rapporte aussi<br />

la formation d’anticorps <strong>avec</strong> les analogues <strong>du</strong><br />

GLP-1 18 . On estime que 4 % à 13 % des patients<br />

sous liraglutide en développeront, contre 27 % à<br />

49 % <strong>avec</strong> l’exénatide 4,16-18 . Cette différence serait<br />

attribuable à leur homologie structurelle <strong>avec</strong> le<br />

GLP-1 humain 18 . Selon les données actuelles, la<br />

formation d’anticorps <strong>avec</strong> le liraglutide n’affecterait<br />

pas l’efficacité <strong>du</strong> médicament, contrairement<br />

à l’exénatide pour lequel des cas de perte<br />

d’efficacité ont été rapportés 16,17 . Néanmoins, des<br />

études supplémentaires seront nécessaires afin<br />

de déterminer l’impact clinique de la formation<br />

de ces anticorps.<br />

Un autre effet indésirable, quoique controversé,<br />

demeure la pancréatite 3,19 . Puisque le diabète<br />

et l’obésité demeurent des facteurs prédisposant<br />

à la pancréatite, il est difficile d’imputer<br />

16 | Québec Pharmacie | avril – mai 2013 | www.<strong>Profession</strong>sante.ca


cet effet uniquement à la prise de médicaments 4 .<br />

De plus, dans les études de phase III <strong>avec</strong> le liraglutide,<br />

l’incidence des cas de pancréatite était<br />

comparable à celle de la population diabétique 12 .<br />

Toutefois, dans l’étude d’Elashoff et coll. 20 , les<br />

auteurs ont examiné les cas de pancréatite rapportés<br />

à la FDA <strong>avec</strong> l’exénatide et la sitagliptine<br />

pour les comparer à ceux des autres médicaments<br />

hypoglycémiants oraux 20 . Ils ont conclu<br />

que le risque de pancréatite pour les analogues<br />

<strong>du</strong> GLP-1 était supérieur à 2,5 fois la normale en<br />

comparaison <strong>avec</strong> les autres thérapies, mais non<br />

en comparaison <strong>avec</strong> le diabète en tant que tel 20 .<br />

Même si, a priori, de nombreuses études semblent<br />

ne pas associer la pancréatite aiguë à la<br />

prise d’un agoniste <strong>du</strong> GLP-1, la prudence est de<br />

mise, car la plupart de ces études n’ont pas été<br />

conçues pour analyser cette issue. Des études<br />

supplémentaires <strong>avec</strong> une puissance adéquate<br />

seront nécessaires pour exclure <strong>avec</strong> certitude<br />

cette association 17 . Le tableau IV présente les<br />

principaux effets indésirables.<br />

Mises en garde et contre-indications<br />

Le liraglutide est contre-indiqué en présence d’une<br />

hypersensibilité à ce dernier ou à une de ses composantes<br />

8 . Selon les données actuelles, le liraglutide<br />

ne doit pas être utilisé chez les diabétiques de<br />

type 1 et dans le traitement de l’acidocétose 8 . De<br />

plus, des études animales ont démontré que le liraglutide<br />

pouvait in<strong>du</strong>ire une hyperplasie des cellules<br />

C de la thyroïde, augmentant l’excrétion de la<br />

calcitonine 3,8 . Une étude menée chez l’humain n’a<br />

pas réussi à démontrer une hausse <strong>du</strong> taux de calcitonine<br />

<strong>avec</strong> le liraglutide 3 . Cependant, <strong>du</strong>rant les<br />

essais cliniques, quelques cas d’hyperplasie des<br />

cellules C de la thyroïde ont été documentés 8 . Par<br />

prudence, le liraglutide n’est pas recommandé<br />

chez des patients <strong>avec</strong> antécédents personnels ou<br />

familiaux <strong>du</strong> carcinome mé<strong>du</strong>llaire de la thyroïde<br />

ou <strong>du</strong> syndrome néoplasique endocrinien multiple<br />

de type 2 8,19 . Actuellement, il n’existe aucune<br />

preuve que cela augmente les carcinomes thyroïdiens,<br />

mais la prudence est de mise et le suivi adéquat,<br />

nécessaire.<br />

Populations spéciales<br />

L’utilisation <strong>du</strong> liraglutide chez la femme<br />

enceinte est contre-indiquée, car certaines études<br />

animales ont démontré des effets tératogènes<br />

et des effets toxiques sur la repro<strong>du</strong>ction, mais<br />

aucune étude n’a été effectuée chez l’humain 8,19 .<br />

De plus, selon la monographie, le liraglutide doit<br />

être cessé <strong>du</strong>rant l’allaitement étant donné l’absence<br />

d’études chez l’humain 8,19 . Il ne doit pas<br />

non plus être employé chez les moins de 18 ans<br />

par manque de données scientifiques 9,19 . En ce<br />

qui a trait à la population gériatrique, la monographie<br />

rapporte que l’incidence des effets gastro-intestinaux<br />

s’est accrue chez les plus de 70<br />

ans. Par conséquent, une titration plus lente des<br />

doses pourrait s’avérer nécessaire 8 . Concernant<br />

l’insuffisance rénale de grade léger, le liraglutide<br />

ne nécessiterait pas d’ajustement de dose, comparativement<br />

à l’exénatide 5,8 . Néanmoins, son<br />

utilisation chez des patients atteints d’insuffisance<br />

hépatique ou rénale de grade modéré ou<br />

sévère est non recommandée par manque d’études<br />

et d’expériences cliniques. De plus, chez des<br />

patients cardiaques, son emploi nécessite un<br />

suivi plus étroit, car des cas d’augmentation de la<br />

fréquence cardiaque et de l’incidence de bloc<br />

opinion d’experts<br />

Conseils aux patients 8<br />

auriculo-ventriculaire, par allongement de<br />

l’onde « PR », ont été rapportés 8 . En ce qui<br />

concerne l’utilisation <strong>du</strong> liraglutide chez des<br />

patients <strong>avec</strong> antécédents de pancréatite, les<br />

recommandations actuelles suggèrent la prudence<br />

étant donné l’association possible entre<br />

pancréatite et liraglutide 8 .<br />

Lorsque le coût <strong>du</strong> médicament n’est pas en cause, de plus en plus de médecins omnipraticiens ou<br />

endocrinologues favorisent l’usage <strong>du</strong> liraglutide. Plusieurs effets bénéfiques sont proposés par le<br />

liraglutide seul. En effet, cette molécule a des effets complémentaires intéressants, optimisant la thérapie<br />

d’un patient diabétique et permettant ainsi d’atteindre les résultats recherchés.<br />

Outre la sécrétion gluco-dépendante d’insuline que procure le liraglutide, lui conférant un risque d’hypoglycémie<br />

considérablement diminué, cette molécule augmente le sentiment de satiété et favorise<br />

ainsi une perte de poids. Il diminue également la pro<strong>du</strong>ction hépatique de glucose ainsi que la résistance<br />

à l’insuline et permet d’augmenter la prolifération des cellules bêta- pancréatiques. Ce dernier avantage,<br />

non négligeable, encourage souvent les médecins à utiliser ce médicament de plus en plus tôt chez les<br />

diabétiques de type 2, moment où il aurait plus de cellules bêta-pancréatiques stimulables.<br />

Il est alors légitime de s’interroger sur son utilisation en association <strong>avec</strong> l’insuline. On pense que<br />

cette association pourrait diminuer les doses quotidiennes d’insuline en minimisant probablement<br />

le gain de poids et les épisodes d’hypoglycémie. Vous avez sûrement déjà observé en pratique clinique<br />

la combinaison de liraglutide <strong>avec</strong> un régime d’une injection d’insuline par jour. En effet, il<br />

existe quelques études sur le sujet. Par contre, peu d’études sont disponibles sur son utilisation combinée<br />

à un régime de deux injections ou plus d’insuline par jour, mais il est possible que vous en<br />

rencontriez dans votre pratique. Cependant, afin d’approuver officiellement les utilisations ci-dessus,<br />

davantage de données sont nécessaires.<br />

Également, on peut également se questionner sur l’utilisation <strong>du</strong> liraglutide en diabète de type 1.<br />

Actuellement, il n’est pas <strong>du</strong> tout utilisé chez cette population. Y aurait-il un avantage pour ces<br />

patients grâce à la diminution de la gluconéogenèse hépatique Ou encore par l’effet sur le poids<br />

Seules de futures études pourront nous éclairer sur le sujet.<br />

Sophya Berrada, pharmacienne<br />

n Ce médicament est utilisé pour le traitement <strong>du</strong> diabète. Il permet de diminuer votre glycémie<br />

en améliorant le travail de l’insuline dans votre corps. Il fait partie de la classe des incrétines.<br />

n Ce pro<strong>du</strong>it s’administre dans l’abdomen, la cuisse ou le haut <strong>du</strong> bras une fois par jour, sans égard<br />

aux repas, toujours vers la même heure. Il doit être limpide et sans couleur.<br />

n Le stylo utilisé est bon pendant 30 jours et se garde dans le frigo ou à la température de la pièce.<br />

Le stylo non utilisé se conserve au frigo, et non au congélateur. À chaque injection, le capuchon<br />

doit être remis sur le stylo pour protéger le médicament de la lumière. L’aiguille doit être changée<br />

après chaque utilisation pour s’assurer de l’exactitude de la prochaine dose.<br />

n Après avoir commencé à prendre ce médicament, vous pouvez présenter des brûlures d’estomac<br />

et de la constipation, avoir des nausées, des vomissements et des maux de tête. Poursuivez<br />

le traitement car, habituellement, ces symptômes disparaissent <strong>du</strong>rant les quatre premières<br />

semaines d’utilisation.<br />

n Si vous êtes une femme en âge de procréer, vous devez parler <strong>avec</strong> votre médecin si une grossesse<br />

est souhaitée. Ne prenez pas cette médication si vous êtes enceinte ou croyez l’être. De<br />

plus, ce médicament n’est pas recommandé si vous allaitez.<br />

n En début de traitement, vous devez prendre plus souvent vos glycémies, surtout si vous prenez<br />

d’autres médicaments pour le diabète. Il est possible que vous présentiez des hypoglycémies. Si<br />

cela vous arrive, avisez votre pharmacien.<br />

n Si vous oubliez de prendre votre médicament, prenez-le le lendemain à la même dose que d’habitude.<br />

Ne prenez pas de dose supplémentaire ou n’augmentez pas la dose.<br />

n Si vous présentez des palpitations, de la dysphagie, des douleurs abdominales, de la dyspnée,<br />

un enrouement de la voix ou une masse au niveau <strong>du</strong> cou, vous devez immédiatement communiquer<br />

<strong>avec</strong> votre médecin.<br />

www.<strong>Profession</strong>sante.ca | avril – mai 2013 | Québec Pharmacie | 17


avez-vous<br />

enten<strong>du</strong><br />

parler de...<br />

Interactions médicamenteuses<br />

Puisqu’aucun organe majeur n’a été identifié en<br />

ce qui concerne le métabolisme <strong>du</strong> liraglutide,<br />

aucune interaction médicamenteuse cliniquement<br />

importante n’a été mise en évidence. In<br />

vitro, des interactions pharmacocinétiques via<br />

les cytochromes ou la fixation aux protéines<br />

plasmatiques sont peu susceptibles. Cependant,<br />

in vivo, la prudence est de mise concernant le<br />

ralentissement de la vidange gastrique, qui<br />

pourrait potentiellement ralentir ou modifier<br />

l’absorption des autres médicaments. D’après la<br />

monographie, une dose unique de liraglutide a<br />

diminué l’ASC et retardé l’atteinte des concentrations<br />

maximales de lisinopril (Zestil MD ), de<br />

digoxine (Toloxin MD ) et des contraceptifs oraux<br />

d’éthinylestradiol et de lévonorgestrel 8 . Cependant,<br />

aucun impact sur le plan clinique n’a été<br />

constaté. Toutefois, la prudence est de mise <strong>avec</strong><br />

les médicaments à index thérapeutique étroit ou<br />

lors de l’administration concomitante de médicaments<br />

pouvant affecter la fréquence cardiaque<br />

ou allonger l’intervalle PR.<br />

De son côté, la warfarine (Coumadin MD ) n’a<br />

pas fait l’objet d’étude. Par conséquent, un suivi<br />

plus serré <strong>du</strong> rapport normalisé international<br />

(RNI) est recommandé à l’instauration de la<br />

dose <strong>avec</strong> le liraglutide, à sa modification ou à sa<br />

cessation. En ce qui a trait à l’alimentation ou à la<br />

prise concomitante de pro<strong>du</strong>its naturels, aucune<br />

interaction n’a été démontrée pour le moment 8 .<br />

Conservation<br />

Le liraglutide se conserve au réfrigérateur à une<br />

température entre 2 ºC et 8 ºC jusqu’à la première<br />

injection 8 . Par la suite, le liraglutide peut<br />

être conservé à la température de la pièce (moins<br />

de 30 ºC) ou au réfrigérateur 8 . Indépendamment<br />

<strong>du</strong> mode de conservation, la stabilité de ce pro<strong>du</strong>it<br />

est de 30 jours après l’ouverture <strong>du</strong> stylo et il<br />

doit être entreposé à l’abri de la lumière 8 .<br />

La tableau V traite de la posologie et des<br />

coûts de traitement <strong>du</strong> liraglutide en comparaison<br />

à d’autres traitements, en plus de toucher à la<br />

couverture des patients en ce qui a trait à ce<br />

médicament. Quant au tableau de conseils à<br />

donner à un patient commençant un traitement<br />

par liraglutide, il est présenté en page 17.<br />

Conclusion<br />

Le liraglutide est intéressant pour optimiser l’atteinte<br />

des cibles thérapeutiques : diminuer<br />

l’HbA 1c<br />

, favoriser une perte de poids et ré<strong>du</strong>ire<br />

les risques d’hypoglycémies. Néanmoins, même<br />

si, a priori, l’utilisation des analogues <strong>du</strong> GLP-1<br />

semble une voie prometteuse, actuellement, son<br />

coût et certaines questions d’innocuité à long<br />

terme limitent son utilisation. En effet, la majorité<br />

des essais cliniques <strong>du</strong>rent environ un an, ce<br />

qui est bien court comparativement au pronostic<br />

de la maladie.<br />

Des études à long terme sont nécessaires<br />

afin de déterminer l’efficacité et l’innocuité <strong>du</strong><br />

I Posologie et coûts de traitement 8<br />

Posologie<br />

Coût de traitement<br />

Liraglutide (30 doses de 0,6 mg, 15 doses Deux stylos de liraglutide multidoses pré-remplis<br />

de 1,2 mg ou 10 doses de 1,8 mg) jetable de 3 ml, <strong>avec</strong> aiguilles NovoFine = 155 $<br />

Titration progressive de la dose suggérée Exénatide 0,25 mcg/ml (contenant de 1,2 ml ou 2,4 ml)<br />

pour éviter les effets indésirables = 145,28 $<br />

■ dose de départ : 0,6 mg sc une fois Traitement de liraglutide = 155 $ (doses de 1,2 mg)<br />

par jour, pendant une semaine par mois<br />

■ ensuite, dose à 1,2 mg sc une fois Traitement de sitagliptine = 75 $ (doses de 1,2 mg)<br />

par jour, pendant une semaine par mois<br />

■ ensuite, au besoin, dose à 1,8 mg sc<br />

une fois par jour<br />

CouVerture<br />

Liraglutide pas encore couvert par l’assurance gouvernementale<br />

Couverture pour certains patients via le programme <strong>du</strong> patient d’exception<br />

Légende : sc = sous-cutané<br />

Suite à la page 43 <br />

n<br />

n<br />

n<br />

n<br />

Suivi et surveillance de<br />

la thérapie 19<br />

Patient : suivi de ses valeurs de glycémies<br />

plusieurs fois par semaine en début<br />

de traitement ainsi que de son poids<br />

Paramètres métaboliques : suivi <strong>du</strong><br />

poids, de l’HbA 1c<br />

, et <strong>du</strong> cahier de glycémies<br />

<strong>du</strong> patient tous les trois mois à l’intro<strong>du</strong>ction<br />

<strong>du</strong> médicament et, par la<br />

suite, lorsqu’il est stable, un suivi deux fois<br />

par an sera suffisant. Avant l’intro<strong>du</strong>ction<br />

<strong>du</strong> liraglutide, le professionnel de la santé<br />

doit toutefois s’assurer que le niveau de<br />

calcitonine sérique est normal.<br />

effets indésirables : suivi de la gravité<br />

des troubles digestifs (perte de poids), la<br />

présence d’hypoglycémie, les signes et<br />

symptômes d’une pancréatite à chaque<br />

rencontre.<br />

Suivi médical: s’assurer, avant l’intro<strong>du</strong>ction,<br />

de l’absence de no<strong>du</strong>les ou de dysfonctionnement<br />

de la glande thyroïde.<br />

QuEstIons DE<br />

FC<br />

Répondez en ligne sur www.professionsante.ca,<br />

section Ma FC en ligne; rechercher Québec Pharmacie, avril-mai 2013.<br />

Date limite : 22 avril 2014. Donne 4 uFC.<br />

2. Parmi les énoncés suivants, lequel est vrai <br />

a La sécrétion de GLP-1 est indépendante de la concentration<br />

de glucose ingéré.<br />

B La demi-vie <strong>du</strong> GLP-1 et <strong>du</strong> GIP est respectivement de 7 minutes<br />

et inférieure à deux minutes.<br />

C L’effet <strong>du</strong> GLP-1 est augmenté chez les patients diabétiques.<br />

D Le mécanisme d’action <strong>du</strong> liraglutide est d’inhiber la dipeptidyl<br />

peptidase-4 (DPP-4).<br />

e Le liraglutide a une analogie structurelle de 97 % <strong>avec</strong> le GLP-1 humain.<br />

3. Parmi les énoncés suivants, lequel est faux <br />

a Le liraglutide 1,8 mg die est plus efficace que l’exénatide 10 mcg bid<br />

pour ré<strong>du</strong>ire l’HbA 1c<br />

., selon l’étude LEAD-6.<br />

B L’incidence de nausées <strong>avec</strong> le liraglutide peut atteindre 40 %.<br />

C L’incidence de la formation d’anticorps <strong>avec</strong> le liraglutide est supérieure<br />

à celle de l’exénatide.<br />

D Les analogues <strong>du</strong> GLP-1 favorisent la perte de poids.<br />

e La demi-vie <strong>du</strong> liraglutide est d’environ 13 heures.<br />

18 | Québec Pharmacie | avril – mai 2013 | www.<strong>Profession</strong>sante.ca


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parler de...<br />

Suite de la page 18<br />

liraglutide à long terme, et pour baliser son utilisation chez certaines<br />

populations particulières, comme les patients en insuffisance rénale et<br />

hépatique. Les données actuellement disponibles en font une option de<br />

rechange intéressante en association <strong>avec</strong> la metformine et/ou une sulfonylurée<br />

pour optimiser la maîtrise <strong>du</strong> diabète de type 2 et ré<strong>du</strong>ire les<br />

risques d’hypoglycémie, étant donné son mécanisme d’action glucodépendant.<br />

Néanmoins, il est légitime de s’interroger sur la façon optimale<br />

de l’utiliser, en monothérapie ou en association <strong>avec</strong> l’insuline.<br />

Certains praticiens combinent déjà le liraglutide <strong>avec</strong> divers régimes<br />

d’insuline afin de ré<strong>du</strong>ire les doses d’insuline et de limiter la prise de<br />

poids. Cependant, cette association n’a pas été homologuée par Santé<br />

Canada et plusieurs études sont nécessaires afin d’en valider, entre<br />

autres, l’innocuité. ■<br />

références : 1. Constan G. Le pancréas bioarticiel : une avenue de traitement<br />

prometteuse pour le diabète de type 1. Québec Pharmacie 2011; 3 (suppl. Diabète) :<br />

41-55. 2. Cernea S, Itamar R. Therapy in the early stage: Incretins. Diabetes Care 2011; 34<br />

(suppl.2): 264-71. 3. Russell-Jones D. The safety and tolerability of GLP-1 receptor<br />

agonists in the treatment of type-2 diabetes. Int J Clin Pract 2010; 64(10): 1402-14.<br />

4. Matthew PG, Prately RE. Efficacy and safety of incretin-based therapies in patients<br />

with type 2 diabetes mellitus. Am J Med 2009;122: 11-24. 5. Verspohl EJ. Novel<br />

therapeutics for the type 2 diabetes: Incretin hormone mimetics (glucagon-likepeptide-1<br />

receptor agonists) and dipeptidyl peptidase-4 inhibitors. Pharmacol Ther<br />

2009; 124: 113-38. 6. Garber AJ. Long-acting glucocagon-like peptide 1 receptor<br />

agonists. Diabetes Care 2011; 34 (suppl.2): 279-84. 7. Peters A. Incretin-based therapies:<br />

Review of current clinical trail data. Am J Med 2010; 123: 28-37. 8. NovoNordisk.<br />

Monographie <strong>du</strong> liraglutide (Victoza MD ) Mississauga, Ontario; mai 2010. 9. Montanya E,<br />

Sesti G. A review of efficacy and safety data regarding the use of liraglutide, a once-daily<br />

human glucagon-likepeptide 1 analogue, in the treatment of type 2 diabetes mellitus.<br />

Clin Ther 2009; 3: 2472-88. 10. Marre M, Shaw J, Brandle M, et coll. Liraglutide, a once<br />

daily human GLP-1 analogue, added to a sulphonylurea over 26 weeks pro<strong>du</strong>ces<br />

greater improvements in glycaemic and weigh control compared with adding<br />

rosiglitazone or placebo in subjects type 2 diabetes (LEAD-1). Diabet Med 2009;26(3):<br />

268-78. 11. Zinman B, Gerich J, Buse JB, et coll. Efficacy and safety of the human<br />

glucagon-like peptide-1 analog liraglutide in combination with metformin and<br />

thiazolidinedione in patients with type 2 diabetes (LEAD-4 Met+TZD). Diabetes Care<br />

2009; 32: 1224-30. 12. Garber a, et coll. Liraglutide versus glimepiride<br />

monotherapy for type 2 diabetes (LeaD-3 Mono): a randomised, 52-week,<br />

phase III, double-blind, parallel-treatment trial. Lancet 2009; 373(9662) :473-<br />

81. 13. Pratley r, nauck M, Bailey t, et coll. one year of liraglutide treatment<br />

offeres sustained and more effective glycaemic control and weight re<strong>du</strong>ction<br />

compared with sitagliptin, both in combination with metformin, in patients<br />

with type 2 diabetes: a radomised, parallel-group, open-label trail. Int J Clin<br />

Prat 2011: 1-11. 14. Buse JB, Rosenstock J, Sesti G, et coll. Liraglutide once a day versus<br />

exenatide twice a day for type 2 diabetes: A 26-week randomised, parallel-group,<br />

multinational, open-label trial (LEAD-6). Lancet 2009; 374: 39-47. 15. russel-Jones D,<br />

Vaag a, Schmitz o, et coll. Liraglutide vs insulin glargine and placebo in<br />

combination with metformin and sulfonylurea therapy in type 2 diabetes<br />

mellitus (LeaD-5 met+Su). Diabetologia 2009;50(10): 2046-55. 16. White J.<br />

Efficacy and safety of incretin-based therapies: Clinical trial data. American Pharmacist<br />

Association 2009; 49 (suppl.1): 30-40. 17. Pinelli NR, Hurren KM. Efficacy and safety of<br />

long-acting glucagon-like peptide-1 receptors agonists compared with exenatide<br />

twice daily and sitagliptin in type 2 diabetes mellitus: A systematic review and metaanalysis.<br />

Ann Pharmacother 2011; 45: 850-60. 18. Buse JB, Garber A, Rosenstock J, et coll.<br />

Liraglutide treatment is associated with a low frequence and magnitude of antibody<br />

formation with no apparent impact on glycemic response or increased frequency of<br />

adverse events: Results from the liraglutide effect and action in diabetes (LEAD) trials. J<br />

Clin Endocrinol Metab 2011; 96: 1695-702. 19. Micromedex Healthcare series.<br />

Monographie <strong>du</strong> liraglutide (Victoza MD ). Thomson Micromedex. [En ligne. Page<br />

consultée le 29 novembre 2011.] www.thomsonhc.com 20. Elashoff M, Matveyenko AV,<br />

Gier B, et coll. Pancreatitis, pancreatic and thyroid cancer with glucagon-likepeptide-1-<br />

based therapies. Gastroenterology 2011; 141: 150-6.<br />

Les références portant un code de couleur indiquent au lecteur<br />

qu’il s’agit des références principales de l’article telles que choisies par les auteurs.<br />

www.<strong>Profession</strong>sante.ca | avril – mai 2013 | Québec Pharmacie | 43


les pages<br />

bleues<br />

Texte rédigé par Caroline Sirois,<br />

B. Pharm., M. Sc., Ph. D.,<br />

professeure régulière,<br />

sciences infirmières, UQAR.<br />

Texte original soumis<br />

le 17 janvier 2013.<br />

Texte final soumis<br />

le 27 mars 2013.<br />

Révision : Isabelle Taillon, B. Pharm., M. Sc., pharmacienne,<br />

Institut universitaire de cardiologie et pneumologie de<br />

Québec, professeure agrégée de clinique à l’Université Laval,<br />

et Stéphanie Biron, B. Pharm., Distribution Pharmaplus.<br />

Source de financement : Caroline Sirois a reçu une bourse de formation postdoctorale <strong>du</strong> Fonds de recherche en santé <strong>du</strong> Québec pendant une partie de la rédaction de cet article.<br />

Isabelle Taillon a déjà été conférencière pour des compagnies pharmaceutiques, notamment pour des médicaments comme le Brilinta, l’Effient, le Xarelto et le Pradax.<br />

Le syndrome coronarien aigu (2 e partie)*<br />

Les STEMI et le traitement à long terme après un SCA<br />

objectifs d’aPPrentissage:<br />

1. Différencier les méthodes de reperfusion et les traitements antithrombotiques utilisés.<br />

2. Identifier les traitements pharmacologiques antiangineux et d’appoint <strong>du</strong> SCA.<br />

3. Être en mesure d’évaluer la thérapie concomitante <strong>du</strong> patient et les traitements à long terme après un SCA.<br />

Nous présentons ici la deuxième partie de l’article<br />

sur le syndrome coronarien aigu (SCA). La<br />

première partie portait sur le traitement de l’angine<br />

instable et de l’infarctus <strong>du</strong> <strong>myocarde</strong> sans<br />

élévation <strong>du</strong> segment ST 1 . Le traitement pharmacologique<br />

de l’infarctus <strong>du</strong> <strong>myocarde</strong> <strong>avec</strong><br />

élévation <strong>du</strong> segment ST (STEMI) fait l’objet <strong>du</strong><br />

présent article. Les principales pistes thérapeutiques<br />

y sont abordées, de même que les controverses<br />

qui entourent certaines des thérapies. On<br />

y analyse également les traitements pharmacologiques<br />

d’appoint <strong>du</strong> SCA, de même que la gestion<br />

de la thérapie concomitante <strong>du</strong> patient.<br />

Enfin, on présente brièvement les preuves justifiant<br />

les traitements à long terme après un SCA.<br />

Informations de base<br />

Le lecteur trouvera les informations pertinentes<br />

quant aux définitions, à l’épidémiologie et à la<br />

physiopathologie <strong>du</strong> SCA dans la première partie<br />

publiée dans l’édition de juillet-août 2012 1 . Rappelons<br />

brièvement que l’infarctus <strong>du</strong> <strong>myocarde</strong><br />

<strong>avec</strong> élévation <strong>du</strong> segment ST (STEMI) constitue<br />

une urgence thérapeutique. Il représente le tiers de<br />

tous les cas de SCA 2 . On estime qu’annuellement<br />

environ 4800 patients sont hospitalisés pour un<br />

STEMI au Québec 3 . Dans le STEMI, l’artère coronaire<br />

touchée est totalement occluse par un<br />

thrombus contenant des caillots de fibrine. Sans<br />

intervention pour désobstruer cette artère, une<br />

portion importante <strong>du</strong> <strong>myocarde</strong> risque de subir<br />

une nécrose, la plupart <strong>du</strong> temps, non réversible.<br />

Cette perte de viabilité <strong>du</strong> muscle cardiaque peut<br />

elle-même entraîner une série de conséquences<br />

dramatiques selon l’endroit et l’éten<strong>du</strong>e de la zone<br />

atteinte : diminution de la force de contraction,<br />

développement d’une insuffisance cardiaque, risque<br />

d’arythmies, voire la mort.<br />

Présentation de la patiente<br />

A.B., une patiente de 67 ans, se présente à l’urgence<br />

d’une petite ville de Gaspésie pour des<br />

douleurs angineuses qui ont débuté il y a<br />

environ quatre heures. Ses médicaments<br />

usuels comprennent un traitement antihypertenseur<br />

(Avalide MD ), un supplément de<br />

calcium et de vitamine D, une hormonothérapie<br />

(Premarine MD /Provera MD ) et des antiinflammatoires<br />

(naproxène) administrés pour<br />

une entorse à la cheville depuis environ une<br />

semaine. On lui diagnostique un STEMI.<br />

Quelle est la meilleure stratégie de reperfusion<br />

dans son cas<br />

Traitement aigu de l’infarctus <strong>du</strong><br />

<strong>myocarde</strong> <strong>avec</strong> élévation <strong>du</strong> segment ST<br />

traitement de reperfusion<br />

Dans le STEMI, le but premier de l’intervention<br />

est de rouvrir l’artère obstruée le plus rapidement<br />

possible afin de permettre la reperfusion<br />

<strong>du</strong> <strong>myocarde</strong>. Deux méthodes peuvent être<br />

employées : la fibrinolyse (aussi appelée thrombolyse)<br />

ou l’intervention coronarienne percutanée<br />

(ICP). Quelle que soit l’approche utilisée, le<br />

temps d’intervention est fondamental : tout délai<br />

dans le rétablissement de la circulation entraîne<br />

une augmentation de la mortalité. Par exemple,<br />

parmi les interventions pratiquées au Québec<br />

d’octobre 2006 à mars 2007, celles qui n’ont pas<br />

été effectuées dans les délais prescrits à cette époque<br />

(moins de 30 minutes pour la fibrinolyse et<br />

moins de 90 minutes pour l’ICP) ont été associées<br />

à une mortalité deux fois plus importante<br />

30 jours suivant l’intervention que celles qui ont<br />

eu lieu dans les délais (6,6 % vs 3,3 %; RC : 2,14;<br />

IC 95 % : 1,21-3,93) 4 .<br />

Selon les données des essais cliniques et les<br />

résultats de la pratique usuelle, les ICP seraient<br />

associées à de meilleurs résultats que la fibrinolyse<br />

5,6 . Selon les plus récentes recommandations,<br />

on choisira la fibrinolyse si le délai pour l’ICP est<br />

important (plus de 120 minutes avant l’intervention)<br />

et que la présentation <strong>du</strong> STEMI est récente<br />

(3 heures et moins depuis le début des symptômes)<br />

7 . Dans ce contexte, la fibrinolyse s’avère le<br />

seul choix possible pour les hôpitaux éloignés<br />

d’un centre où l’on fait des ICP 8,9 . Outre ces circonstances,<br />

d’autres éléments peuvent influer<br />

sur le choix de pratiquer une ICP ou d’administrer<br />

la fibrinolyse. Les conditions qui favorisent<br />

l’ICP sont résumées au tableau I .<br />

Lorsque l’option de traitement retenue est la<br />

fibrinolyse, divers agents peuvent être utilisés :<br />

streptokinase, rétéplase (rPA), altéplase (r-tPA)<br />

et ténectéplase (TNK-tPA). Toutefois, seuls<br />

l’altéplase et le ténectéplase sont offerts au<br />

Québec pour la thrombolyse coronarienne. Le<br />

tableau II résume les doses des divers agents et<br />

les contre-indications à leur usage. Le bénéfice<br />

clinique de la fibrinolyse est optimal si le délai<br />

entre l’administration et le début des symptômes<br />

est inférieur à six heures. Il est toujours possible<br />

d’administrer le médicament si le délai se situe<br />

entre 6 et 12 heures, mais les bénéfices au-delà <strong>du</strong><br />

seuil des 12 heures sont fortement diminués. Par<br />

ailleurs, le bénéfice absolu est d’autant plus<br />

grand que le risque de mortalité est élevé (dans le<br />

cas d’un infarctus antérieur ou d’une récidive<br />

d’infarctus, par exemple). En matière d’efficacité,<br />

la streptokinase s’est révélée inférieure à l’altéplase,<br />

ce qui n’en fait plus une option de traitement<br />

intéressante 11 . Le ténectéplase (bolus unique)<br />

et le rétéplase (double bolus) se sont, quant à<br />

eux, avérés comparables à l’altéplase 12,13 . Le<br />

ténectéplase engendre toutefois moins de saignements<br />

extracérébraux que l’altéplase et présente<br />

un mode d’administration simple, en comparaison<br />

<strong>avec</strong> le rétéplase 10 . Le ténectéplase est<br />

donc largement utilisé au Québec (99 % des fibrinolyses<br />

ont été réalisées <strong>avec</strong> ce médicament en<br />

2006-2007) 4 .<br />

Qu’en est-il de combiner la fibrinolyse et l’ICP <br />

Depuis quelques années, cette stratégie pharmaco-invasive<br />

a connu un essor considérable.<br />

Elle consiste à pratiquer une ICP après l’administration<br />

d’un fibrinolytique. Il existe encore<br />

* La première partie de cet article a été publiée<br />

dans le numéro de juillet-août 2012.<br />

www.<strong>Profession</strong>sante.ca | avril – mai 2013 | Québec Pharmacie | 21


les pages<br />

bleues<br />

peu de données probantes issues des essais cliniques<br />

aléatoires pour soutenir cette pratique pour<br />

l’ensemble des patients 14 . La récente étude<br />

STREAM a d’ailleurs mis en évidence que le risque<br />

combiné de mort, de choc, d’insuffisance<br />

cardiaque et de récidive d’infarctus dans les<br />

30 jours n’était pas ré<strong>du</strong>it de manière statistiquement<br />

significative dans le groupe des<br />

939 patients qui avaient reçu la fibrinolyse avant<br />

l’ICP, comparativement au groupe des<br />

943 patients chez qui on avait pratiqué l’ICP seulement<br />

(RR = 0,86; IC 95 % : 0,68-1,09, p = 0,21) 15 .<br />

Le risque de saignement intracrânien était également<br />

accru <strong>avec</strong> la fibrinolyse, notamment si la<br />

dose n’était pas ré<strong>du</strong>ite de moitié chez les 75 ans<br />

et plus 15 . On recommande donc de restreindre la<br />

stratégie pharmaco-invasive aux patients à haut<br />

risque, tels que ceux ayant subi un infarctus<br />

antérieur ou un infarctus inférieur <strong>avec</strong> des<br />

signes de risque à l’électrocardiogramme, ceux<br />

qui n’ont pas répon<strong>du</strong> à la thrombolyse (angioplastie<br />

de secours) ou ceux qui souffrent d’un<br />

choc cardiogénique.<br />

En somme, quelle que soit l’option thérapeutique<br />

choisie (fibrinolyse, ICP, traitement pharmaco-invasif),<br />

le traitement consiste à désobstruer<br />

l’artère le plus rapidement possible afin de<br />

rétablir la circulation sanguine. Certains traitements<br />

d’appoint doivent néanmoins être administrés<br />

de manière concomitante afin de prévenir<br />

l’échec de la thérapie ou encore de soulager<br />

les symptômes, ce qui est abordé dans les deux<br />

I Conditions favorisant la pratique d’une intervention coronarienne<br />

percutanée (iCP) plutôt que l’administration de la fibrinolyse<br />

lors d’un STEmi 7,10<br />

Présentation des symptômes > 3 heures<br />

Possibilité de pratiquer une ICP en temps opportun (< 120 minutes)*<br />

Présence de contres-indications à la fibrinolyse (p. ex., risque de saignements,<br />

particulièrement une hémorragie intracrânienne)<br />

STEMI à haut risque de complications (p. ex., risque de choc cardiogénique<br />

chez un indivi<strong>du</strong> de moins de 75 ans; infarctus de classe killip 3 )<br />

Le diagnostic de STEMI demeure douteux<br />

* Note : Les recommandations canadiennes de 2011 10 mentionnent un délai < 90 minutes, mais les plus récentes recommandations<br />

américaines suggèrent un délai de < 120 minutes 7 .<br />

STEMI : infarctus <strong>du</strong> <strong>myocarde</strong> <strong>avec</strong> élévation <strong>du</strong> segment ST<br />

sections suivantes, soit Traitement antithrombotique<br />

et Traitement phaarmacologique antiangineux.<br />

traitement antithrombotique<br />

Un traitement antithrombotique d’appoint<br />

devra être mis en œuvre quelle que soit la stratégie<br />

de reperfusion. On tente ainsi d’empêcher la<br />

croissance <strong>du</strong> thrombus logé dans l’artère coronaire<br />

touchée et de prévenir d’autres agrégations<br />

plaquettaires ou réocclusions qui seraient favorisées<br />

par la thrombolyse ou l’ICP pratiquée. Le<br />

tableau III résume les médicaments recommandés<br />

ainsi que les doses usuelles. Plusieurs<br />

antithrombotiques sont maintenant présents<br />

sur le marché. Les recommandations quant aux<br />

doses et aux combinaisons les plus favorables<br />

sont ainsi susceptibles d’être modifiées selon les<br />

nouvelles études qui seront effectuées.<br />

Acide acétylsalicylique (AAS)<br />

Une dose d’AAS doit être administrée dès la première<br />

intervention médicale, tout comme lors<br />

d’une angine instable ou d’un NSTEMI. La dose<br />

de charge et la dose de maintien seront les mêmes<br />

indépendamment de l’option de désobstruction<br />

choisie (160-325 mg, puis 75-162 mg die) 10,16 .<br />

Pour la dose de charge, l’inhibition de la thromboxane<br />

A2 sera plus rapide si le pro<strong>du</strong>it est préalablement<br />

croqué avant d’être avalé.<br />

Intervention coronarienne percutanée (ICP)<br />

Lors d’une ICP, outre l’AAS, deux autres médicaments<br />

antithrombotiques devraient faire partie<br />

de l’arsenal thérapeutique : un inhibiteur des<br />

récepteurs de l’adénosine diphosphate et un<br />

anticoagulant 10 .<br />

II Doses et contre-indications des fibrinolytiques dans les cas de STEmi<br />

Nom Dose Contre-indications<br />

Streptokinase (Streptase MD )<br />

1,5 million U IV en 1 heure Absolues : Antécédents d’hémorragies intracrâniennes;<br />

néoplasme malin intracrânien; lésion vasculaire cérébrale;<br />

AVC ischémique <strong>du</strong>rant les 3 derniers mois (sauf AVC dans les 3 heures),<br />

dissection aortique; saignement actif; traumatisme facial ou<br />

crânien récent (3 mois);<br />

Relatives: Hypertension sévère (> 180 mm Hg systolique ou<br />

Rétéplase (r-PA) (Retavase MD ) Bolus IV: 10 U; 2 e bolus 110 mm Hg diastolique), AVC depuis plus de 3 mois;<br />

de 10 U 30 min plus tard utilisation d’anticoagulants; grossesse; ulcère actif;<br />

Altéplase (rt-PA) (Activase MD ) Bolus: 15 mg IV, saignement interne récent (2-4 semaines), chirurgie majeure<br />

puis 0,75 mg/kg x 30 min (< 3 semaines)<br />

(max 50 mg), puis 0,5 mg/kg<br />

x 60 min (max 35 mg)<br />

Ténectéplase (TNK-tPA) (TNKase MD ) Bolus unique IV en 5 sec<br />

30 mg si < 60 kg<br />

35 mg si 60-69 kg<br />

40 mg si 70-79 kg<br />

45 mg si 80-89 kg<br />

50 mg si ≥ 90 kg<br />

AVC : accident vasculaire cérébral; IV : intraveineux; min : minutes; sec : secondes; STEMI : infarctus <strong>du</strong> <strong>myocarde</strong> <strong>avec</strong> élévation <strong>du</strong> segment ST; U : unités<br />

22 | Québec Pharmacie | avril – mai 2013 | www.<strong>Profession</strong>sante.ca


Concernant les antagonistes des récepteurs de<br />

l’adénosine diphosphate, le clopidogrel (une<br />

thiénopyridine) demeure le médicament étalon<br />

de cette catégorie. La dose de charge de clopidogrel<br />

devrait être de 600 mg 10 en raison des résultats<br />

de l’étude OASIS-7 17 . L’usage d’une forte<br />

dose de charge repose sur le fait que le clopidogrel<br />

est un promédicament qui doit être métabolisé<br />

pour être efficace; plus les doses utilisées sont<br />

importantes, plus les concentrations efficaces<br />

sont atteintes rapidement dans ces situations<br />

d’urgence. À l’opposé, le prasugrel (thiénopyridine)<br />

et le ticagrélor (triazolopyrimidine) présentent<br />

un début d’action rapide et un degré<br />

d’inhibition plaquettaire plus important. Ils ont<br />

été associés à de meilleures issues cliniques,<br />

comparativement au clopidogrel.<br />

Par exemple, dans l’étude TRITON-TIMI 38,<br />

le prasugrel s’est révélé supérieur au clopidogrel<br />

pour ré<strong>du</strong>ire l’ensemble composé de la mort<br />

cardiovasculaire, des infarctus <strong>du</strong> <strong>myocarde</strong><br />

non fatals et des accidents vasculaires cérébraux<br />

(AVC) (RR = 0,81; IC 95 % : 0,73-0,00)<br />

chez les patients présentant un SCA (angine<br />

instable, NSTEMI et STEMI) et pour lesquels<br />

une ICP était prévue 18 . En outre, le prasugrel<br />

s’avère intéressant chez les indivi<strong>du</strong>s présentant<br />

un risque élevé de thrombose des tuteurs<br />

puisqu’il a été associé à un plus faible risque à<br />

cet égard, soit une ré<strong>du</strong>ction d’un peu plus de<br />

50 %. Néanmoins, il importe de mentionner<br />

que le prasugrel accroît le risque de saignements.<br />

Dans l’étude TRITON-TIMI 38, 2,4 %<br />

des patients sous prasugrel ont présenté un saignement<br />

majeur, comparativement à 1,8 %<br />

dans le groupe clopidogrel (RR = 1,32; IC 95 % :<br />

1,03-1,68) 18 . De fait, la stratification des types de<br />

saignements a confirmé les risques accrus <strong>avec</strong><br />

le prasugrel, comparativement au clopidogrel,<br />

tant pour les saignements menaçant la vie<br />

(1,4 % contre 0,9 %, p = 0,01), les saignements<br />

non fatals (1,1 % contre 0,9 %, p = 0,23) que pour<br />

les saignements fatals (0,4 % contre 0,1 %,<br />

p = 0,002) 18 . L’augmentation des saignements a<br />

été observée dans certains groupes spécifiques;<br />

de ce fait, le prasugrel doit absolument être<br />

évité chez les personnes ayant déjà souffert<br />

d’un AVC ou d’une ischémie cérébrale transitoire,<br />

et il n’est pas recommandé chez celles de<br />

plus de 75 ans et celles de moins de 60 kg.<br />

Notons toutefois que l’étude TRILOGY-ACS,<br />

effectuée dans le cadre d’une angine instable et<br />

de NSTEMI, a évalué une dose de maintien de<br />

5 mg (au lieu de 10 mg) chez les personnes de<br />

moins de 60 kg ou de plus de 75 ans, suggérant<br />

que cette dose pourrait être sécuritaire dans ces<br />

populations quant au risque de saignements 19 . Il<br />

n’existe toutefois pas de donnée probante dans le<br />

cadre de STEMI 25 .<br />

Enfin, l’efficacité <strong>du</strong> ticagrélor a été démontrée<br />

dans l’étude PLATO chez des patients en SCA<br />

(angine instable, NSTEMI et STEMI) traités par<br />

ICP ou médicalement 20 . Dans cette étude, l’ensemble<br />

composé de la mort cardiovasculaire, des<br />

IM non fatals et des AVC est survenu moins fréquemment<br />

dans le groupe traité par le ticagrélor<br />

III antithrombotiques selon la stratégie de reperfusion lors de STEmi 7<br />

Fibrinolyse<br />

Intervention coronarienne percutanée (ICP)<br />

Dose initiale Dose de maintien Dose initiale Dose de maintien Durée<br />

ANTIPlAqueTTAIReS<br />

Acide acétylsalicylique 160-325 mg 75-162 mg die 160-325 mg 75-162 mg die Indéfiniment<br />

Clopidogrel<br />

≤75 ans: 300 mg 75 mg die 600 mg 75 mg die 14 jours à plus<br />

>75 ans: 75 mg de 12 mois (voir texte)<br />

Prasugrel<br />

— — 60 mg 10 mg die (5 mg si < 60 kg 12 à 15 mois<br />

ou > 75 ans)<br />

Ticagrélor<br />

— — 180 mg 90 mg bid 12 mois<br />

GP2b3A<br />

Abciximab<br />

— — 0,25 mg/kg 0,125 ug/kg/min 12 heures<br />

eptifibatide<br />

— — 180 ug/kg x 2 2,0 ug/kg/min 18 heures<br />

à 10 min d’intervalle<br />

Tirofiban<br />

— — 25 ug/kg 0,15 ug/kg/min 18-24 heures<br />

ANTIThRoMbINeS<br />

héparine<br />

60 U/kg (max 4000 U) 12 U/kg/h (max 1000 U/h); 70-100 U/kg si pas Min 48 heures ad fin<br />

non fractionnée<br />

viser TCA 50-70 s GP IIb/IIIa hospitalisation, jusqu’à<br />

50-70 U/kg <strong>avec</strong> GP IIb/IIIa 8 jours ou jusqu’à<br />

la revascularisation<br />

Énoxaparine<br />

30 mg IV si < 75 ans 1 mg/kg q12h sc 0,3 mg/kg IV si dernière dose Min 48 heures ad fin<br />

(max 100 mg q12h); > 8 h avant gonflement hospitalisation, jusqu’à<br />

≥75 ans: 0,75 mg/kg <strong>du</strong> ballonnet 8 jours ou jusqu’à<br />

et max 75 mg pour<br />

la revascularisation<br />

2 premières doses<br />

Clcr < 30 ml/min:<br />

donner q24h<br />

Fondaparinux 2,5 mg IV 2,5 mg sc die — — Min 48 heures ad fin<br />

hospitalisation, jusqu’à<br />

8 jours ou jusqu’à<br />

la revascularisation<br />

bivalirudine<br />

— — 0,75 mg/kg 1,75 mg/kg/h Durée de la procé<strong>du</strong>re<br />

ou ad 4 hres<br />

post-procé<strong>du</strong>re<br />

bid: deux fois par jour; die: une fois par jour; IV: intraveineux; sc: sous-cutané; TCA: temps de céphaline activée<br />

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les pages<br />

bleues<br />

que dans le groupe traité par le clopidogrel<br />

(RR = 0,84; IC 95 % : 0,77-0,92), et ce, indépendamment<br />

de l’option de traitement choisie. Il<br />

s’agit par ailleurs de la seule étude qui ait démontré<br />

une ré<strong>du</strong>ction de la mortalité. Le risque de<br />

saignements était plus élevé dans le groupe ticagrélor<br />

que dans le groupe clopidogrel, mais ce,<br />

uniquement pour les saignements majeurs survenant<br />

hors d’un contexte de pontage. Le ticagrélor<br />

est également associé à un risque de dyspnée<br />

réversible (survenant habituellement en<br />

début de thérapie), bien que cet effet entraîne<br />

rarement l’arrêt de la thérapie 21 . Une bradycardie<br />

asymptomatique survient enfin chez certains<br />

patients à risque, par exemple ceux qui souffrent<br />

de bloc auriculo-ventriculaire de 2 e ou 3 e degré,<br />

ou de syncope liée à une bradycardie (patients<br />

sans stimulateur cardiaque, ou pacemaker).<br />

Trois différents anticoagulants peuvent être utilisés<br />

lors d’une ICP : l’héparine non fractionnée,<br />

l’énoxaparine et la bivalirudine (tableau III ). Le<br />

fondaparinux ne doit jamais être utilisé seul puisque<br />

les résultats de l’étude OASIS-6 ont identifié<br />

un risque accru de thrombose de cathéter lors de<br />

l’intervention. Alors, un bolus d’héparine IV doit<br />

être administré lors de la procé<strong>du</strong>re permettant<br />

d’éviter cet effet 22 .<br />

L’énoxaparine IV a été comparée <strong>avec</strong> l’héparine<br />

non fractionnée IV dans l’étude ATOLL, en<br />

2011 23 . Aucune différence statistiquement significative<br />

n’a été notée entre les deux groupes quant<br />

à l’ensemble comprenant la mortalité à 30 jours,<br />

les complications d’infarctus <strong>du</strong> <strong>myocarde</strong>,<br />

l’échec de la procé<strong>du</strong>re et les saignements<br />

majeurs (RR = 0,83; IC 95 % : 0,68-1,01). Toutefois,<br />

l’événement indésirable étudié (ensemble<br />

comprenant mort, SCA récurrent ou revascularisation<br />

urgente) était moindre dans le groupe<br />

recevant l’énoxaparine (RR = 0,59; IC 95 % :<br />

0,38-0,91), sans que les saignements ne soient<br />

accrus. Néanmoins, les récentes lignes directrices<br />

américaines ne mentionnent pas l’énoxaparine<br />

parmi les anticoagulants qui peuvent être<br />

utilisés lors d’une ICP en STEMI 7 .<br />

Par contre, la bivalirudine, un inhibiteur<br />

direct de la thrombine, constitue une solution de<br />

rechange à l’héparine, <strong>avec</strong> ou sans traitement<br />

préalable à l’héparine 7 . Elle représente une thérapie<br />

intéressante chez les patients à haut risque de<br />

saignements. En effet, cette substance a été étudiée<br />

dans l’étude HORIZONS-AMI, étude<br />

ouverte qui la comparait à la combinaison d’héparine<br />

et de GP IIb/IIIa 24 . L’usage de bivalirudine<br />

a été associé à une ré<strong>du</strong>ction des saignements,<br />

à une augmentation initiale de thrombose<br />

<strong>du</strong> tuteur au cours des premières 24 heures de<br />

traitement (mais aucune différence significative<br />

à 30 jours) et à une ré<strong>du</strong>ction de la mortalité de<br />

toutes causes et de la mortalité de cause cardiovasculaire<br />

(à 30 jours et se maintenant jusqu’à<br />

trois ans). Malgré certaines limites (p. ex., usage<br />

d’héparine non fractionnée en prérandomisation,<br />

recours à la thérapie de secours <strong>avec</strong> les<br />

GP IIb/IIIa et dose de charge de clopidogrel 25 ), la<br />

bivalirudine s’est ainsi taillé une place dans l’arsenal<br />

thérapeutique des ICP. Toutefois, son prix<br />

n’en fait pas une première option de traitement<br />

au Québec, l’héparine IV demeurant très utilisée.<br />

De plus, la diminution des saignements<br />

observée lors des études cliniques <strong>avec</strong> la bivalirudine<br />

était liée à l’utilisation de la voie fémorale<br />

pour l’ICP, alors que plusieurs centres utilisent<br />

l’accès par voie radiale au Québec.<br />

Largement utilisés au début des années 2000<br />

dans le contexte d’un SCA, les inhibiteurs<br />

GP IIb/IIIa voient leur place moins bien définie<br />

25 dans le cadre d’une ICP lors d’un STEMI.<br />

L’avènement des doses de charge de clopidogrel,<br />

l’utilisation des nouveaux antiplaquettaires,<br />

l’ajout de bivalirudine à l’arsenal thérapeutique<br />

et la thrombo-aspiration (aspiration <strong>du</strong><br />

caillot lors d’une ICP réalisée dans le contexte<br />

d’un STEMI) ont relayé au troisième rang l’utilisation<br />

des inhibiteurs GP IIb/IIIa. Certains<br />

auteurs suggèrent que les inhibiteurs GP IIb/<br />

IIIa pourraient s’avérer utiles comme stratégie<br />

de secours, notamment en présence d’un gros<br />

thrombus ou d’une situation où la désobstruction<br />

ne fonctionne pas adéquatement (noreflow)<br />

7,25 . Dans cette optique, les lignes directrices<br />

américaines mentionnent qu’il est<br />

raisonnable de commencer un traitement par<br />

un inhibiteur GP IIb/IIIa chez certains patients<br />

souffrant de STEMI, traités par héparine non<br />

fractionnée, en faisant référence aux situations<br />

précédemment mentionnées (classe IIa).<br />

Fibrinolyse<br />

En plus de l’AAS, le traitement antiplaquettaire<br />

dans la fibrinolyse devrait comprendre le<br />

clopidogrel. Les études CLARITY-TIMI et<br />

COMMIT ont mis en évidence, respectivement,<br />

une ré<strong>du</strong>ction des événements cardiaques et de<br />

la mortalité de toutes causes chez les patients<br />

ayant reçu une fibrinolyse 26,27 . Le prasugrel et le<br />

ticagrélor n’ont pas été étudiés dans ce contexte<br />

et ne devraient donc pas être utilisés pour l’instant<br />

7,10 . Enfin, aucune donnée probante ne soutient<br />

l’emploi d’un inhibiteur GP IIb/IIIa dans le<br />

cadre de la fibrinolyse puisque plusieurs études<br />

ont démontré non seulement l’absence de bénéfices,<br />

mais la présence d’un risque accru de saignements.<br />

L’anticoagulation par voie parentérale est<br />

requise <strong>du</strong>rant la fibrinolyse, sauf lors d’une<br />

thrombolyse <strong>avec</strong> la streptokinase. L’anticoagulation<br />

devrait être poursuivie au moins pendant<br />

48 heures ou pour toute la <strong>du</strong>rée de l’hospitalisation<br />

(jusqu’à huit jours), ou jusqu’à la revascularisation<br />

par ICP 7,25 . L’héparine non fractionnée<br />

demeure un choix de traitement approprié; le<br />

monitorage est essentiel pour que la cible de traitement<br />

soit atteinte (temps de céphaline activée<br />

[TCA] : 50-70 s), mais son effet est plus facilement<br />

réversible (<strong>avec</strong> la protamine) en présence<br />

d’un saignement. L’usage d’énoxaparine a<br />

conféré un risque moindre de récidive d’infarctus<br />

et d’ischémie réfractaire, comparativement à<br />

l’héparine non fractionnée, dans l’étude<br />

ASSENT-3, bien que le risque de saignements ait<br />

été plus élevé dans le groupe traité par l’énoxaparine<br />

28 . D’autres études ont obtenu des résultats<br />

similaires 29,30 . En raison de ces risques accrus de<br />

saignements, il est recommandé de diminuer la<br />

dose d’énoxaparine chez les patients de 75 ans et<br />

plus 7 . Quant aux patients <strong>avec</strong> une insuffisance<br />

rénale modérée à sévère, il demeure approprié<br />

d’ajuster la dose à la baisse ou d’utiliser l’héparine<br />

non fractionnée, afin de ré<strong>du</strong>ire les risques<br />

de saignements 7,25 .<br />

Le fondaparinux a, quant à lui, été étudié dans<br />

le cadre d’un STEMI traité par thrombolyse ou<br />

ICP dans l’essai OASIS-6 31 . Les bénéfices conférés<br />

par ce pro<strong>du</strong>it étaient supérieurs à ceux<br />

engendrés par l’héparine non fractionnée quant<br />

à la mortalité et aux récidives d’infarctus,<br />

notamment chez les patients qui recevaient de la<br />

streptokinase 7 .<br />

Enfin, il n’existe aucune preuve en faveur de<br />

l’usage de la bivalirudine dans un contexte de<br />

fibrinolyse, mais les lignes directrices américaines<br />

mentionnent qu’elle pourrait être utilisée<br />

comme anticoagulant dans le cas de thrombocytopénie<br />

in<strong>du</strong>ite par l’héparine 7 .<br />

Place des nouveaux anticoagulants<br />

Il existe peu de données probantes sur les<br />

nouveaux anticoagulants oraux dans le traitement<br />

<strong>du</strong> SCA. De fait, la place de ces agents,<br />

notamment en association <strong>avec</strong> les nouveaux<br />

antiplaquettaires, n’est pas définie et la triple<br />

thérapie (antiplaquettaires – autres que le clopidogrel<br />

–, ASA et anticoagulant) n’est pas<br />

recommandée. Seules quelques études ont été<br />

réalisées jusqu’à présent <strong>avec</strong> les nouveaux<br />

anticoagulants. Par ailleurs, l’usage de 2,5 mg<br />

de rivaroxaban à raison de deux fois par jour a<br />

ré<strong>du</strong>it la survenue de l’ensemble comprenant<br />

mort cardiovasculaire, infarctus <strong>du</strong> <strong>myocarde</strong><br />

et AVC dans l’étude ATLAS ACS 2-TIMI 51,<br />

réalisée chez des patients en SCA (angine instable,<br />

NSTEMI et STEMI) 32 . Son usage était<br />

cependant associé à une augmentation <strong>du</strong> risque<br />

de saignements. De plus, il n’a pas été évalué<br />

en association <strong>avec</strong> le prasugrel ou le ticagrélor<br />

: le risque de saignements pourrait ainsi<br />

être augmenté <strong>avec</strong> ces agents. D’autre part,<br />

l’apixaban n’a pas démontré de bénéfices dans<br />

le traitement <strong>du</strong> SCA dans l’étude<br />

APPRAISE-2 33 , alors que le darexaban et le<br />

dabigatran n’ont pas été associés à des résultats<br />

bénéfiques quant au SCA 25 . En somme, d’autres<br />

études devront être effectuées pour reconnaître<br />

la place des nouveaux anticoagulants dans le<br />

traitement <strong>du</strong> SCA, mais les résultats préliminaires<br />

ne laissent pas entrevoir de bénéfices cliniques<br />

très favorables.<br />

24 | Québec Pharmacie | avril – mai 2013 | www.<strong>Profession</strong>sante.ca


traitement pharmacologique antiangineux<br />

Contrairement à l’angine instable et au<br />

NSTEMI, l’utilisation des antiangineux est plus<br />

limitée dans le traitement d’un STEMI. Les fondements<br />

de l’usage de ces médicaments sont<br />

décrits ci-dessous, alors que la place des traitements<br />

à long terme est abordée spécifiquement<br />

dans la section Traitements à long terme après le<br />

SCA : quoi et combien de temps <br />

Nitrates<br />

Bien que les nitrates n’améliorent pas la survie et<br />

ne ré<strong>du</strong>isent généralement pas la blessure infligée<br />

au <strong>myocarde</strong>, ils s’avèrent utiles pour ré<strong>du</strong>ire<br />

la douleur angineuse lors de STEMI, notamment<br />

avant que la thrombolyse ou l’ICP ait pu<br />

rétablir la circulation sanguine. Ils peuvent par<br />

ailleurs s’avérer utiles dans le cas d’hypertension<br />

ou d’insuffisance cardiaque, pour autant que le<br />

patient ne présente pas d’hypotension, de bradycardie<br />

ou de tachycardie importante, d’infarctus<br />

ventriculaire droit, et qu’un inhibiteur de la<br />

phosphodiestérase-5 n’ait pas été utilisé <strong>du</strong>rant<br />

les 24 à 48 heures précédentes 7,25 .<br />

Bêta-bloquants et bloqueurs<br />

des canaux calciques (BCC)<br />

non-dihydropyridines<br />

Pour la plupart des patients souffrant de<br />

STEMI, il convient d’attendre que l’état soit<br />

stabilisé avant d’administrer un bêta-bloquant;<br />

on privilégie également la voie orale autant<br />

que possible 7,25 . En effet, l’utilisation de bêtabloquants<br />

par voie intraveineuse a été associée<br />

à un risque de choc cardiogénique dans l’étude<br />

COMMIT, notamment pour les patients présentant<br />

de la tachycardie, de l’hypotension ou<br />

une insuffisance cardiaque de classe Killip II ou<br />

III 34 . Les lignes directrices américaines recommandent<br />

le métoprolol (25 à 50 mg po q 6-12 h<br />

<strong>avec</strong> augmentation sur deux à trois jours pour<br />

atteindre une dose quotidienne totale de<br />

200 mg [selon la tolérance], répartie en une ou<br />

deux doses) ou le carvédilol (6,25 mg bid à augmenter<br />

à 25 mg bid selon la tolérance). L’aténolol,<br />

le propranolol et le bisoprolol demeurent<br />

des choix appropriés en raison des bénéfices<br />

démontrés lors d’études réalisées en STEMI ou<br />

en insuffisance cardiaque.<br />

Dans un épisode aigu de STEMI, rien ne<br />

prouve que les BCC apportent des bénéfices. De<br />

fait, l’usage de BCC a été associé à une tendance à<br />

favoriser de mauvaises issues cliniques dans une<br />

méta-analyse 35 ; il n’y a donc pas lieu de les utiliser,<br />

à moins qu’un patient ne puisse recevoir un bêtabloquant<br />

et présente de l’ischémie, une tension<br />

artérielle élevée ou une fibrillation auriculaire 7 .<br />

Inhibiteurs de l’enzyme de conversion<br />

de l’angiotensine (IECA) et antagonistes<br />

des récepteurs de l’angiotensine II (ARA)<br />

L’usage d’IECA a été associé à une augmentation<br />

de la survie dans le SCA, notamment si ces médicaments<br />

étaient administrés rapidement lors de<br />

l’hospitalisation. Chez les patients qui ne présentent<br />

pas d’hypotension, les experts recommandent<br />

d’instaurer l’IECA dans les 24 heures suivant<br />

un STEMI, en présence de congestion pulmonaire<br />

ou d’une fraction d’éjection ventriculaire<br />

gauche de moins de 40 % 7 . L’usage d’un IECA s’est<br />

en effet révélé sécuritaire, bien toléré et efficace<br />

pour ré<strong>du</strong>ire la mortalité 7,25 . Néanmoins, il<br />

n’existe pas de consensus quant au type de patients<br />

qui devraient recevoir un IECA; certains experts<br />

estiment que tous les patients bénéficient d’un<br />

traitement, alors que d’autres privilégient le traitement<br />

chez les patients à haut risque uniquement<br />

7,25 . Quoi qu’il en soit, les IECA ne devraient<br />

pas être administrés par voie intraveineuse <strong>du</strong>rant<br />

les premières 24 heures en raison <strong>du</strong> risque d’hypotension.<br />

Parmi les IECA, les lignes directrices<br />

suggèrent l’emploi de lisinopril (dose visée de<br />

10 mg die ou plus élevée, si tolérée), de captopril<br />

(jusqu’à 25-50 mg tid), de ramipril (jusqu’à 5 mg<br />

bid) et de trandolapril (jusqu’à 4 mg die) 7 . L’énalapril<br />

a également été étudié en STEMI et s’avère<br />

une option appropriée dans le contexte. Enfin, les<br />

ARA constituent des choix thérapeutiques adéquats<br />

pour les patients qui ne peuvent pas tolérer<br />

un IECA 7 . Le valsartan, particulièrement, pourrait<br />

être débuté à 20 mg bid et titré jusqu’à une<br />

dose de 160 mg bid 7 .<br />

Éplérénone<br />

L’éplérénone, un inhibiteur sélectif de l’aldostérone,<br />

a été évaluée dans l’IM <strong>avec</strong> dysfonctionnement<br />

ventriculaire gauche chez des patients souffrant<br />

soit d’insuffisance cardiaque (fraction<br />

éjection < 40 %), de dysfonctionnement ventriculaire<br />

gauche ou de diabète (étude EPHESUS) 36 .<br />

L’utilisation de 25-50 mg d’éplérénone a été associée<br />

à une diminution absolue <strong>du</strong> risque de mortalité<br />

de 2,3 %, conférant un nombre requis pour<br />

traiter (number needed to treat) de 43 en 16 mois.<br />

Ces résultats soutiennent l’utilisation de l’éplérénone<br />

chez les patients subissant un STEMI, déjà<br />

traités par un IECA et un bêta-bloquant, et qui<br />

présentent les mêmes caractéristiques que celles<br />

décrites ci-haut, pour autant que leur fonction<br />

rénale ne soit pas altérée et qu’ils ne présentent<br />

pas d’hyperkaliémie 7 . Les lignes directrices américaines<br />

confèrent un niveau de preuve de classe I<br />

à cette recommandation, mais elles mentionnent<br />

que cette thérapie doit être instaurée dans les<br />

sept jours <strong>du</strong> STEMI pour que les patients en retirent<br />

des bénéfices cliniques 7 . Parallèlement, au<br />

Québec, l’éplérénone est remboursée par la Régie<br />

de l’assurance maladie uniquement pour les personnes<br />

qui présentent des signes d’insuffisance<br />

cardiaque et de dysfonctionnement systolique<br />

ventriculaire gauche (fraction d’éjection < 40 %)<br />

après un infarctus <strong>du</strong> <strong>myocarde</strong>, si le traitement<br />

est instauré dans les jours suivant l’IM en complément<br />

de la thérapie standard.<br />

Traitements pharmacologiques<br />

d’appoint <strong>du</strong> SCA : douleur,<br />

essoufflement et anxiété<br />

Outre le traitement de la problématique cardiaque<br />

aiguë, certains problèmes de santé devront<br />

également être pris en charge chez le patient<br />

souffrant de SCA. En effet, quel que soit le type<br />

d’événement (angine instable, NSTEMI ou<br />

STEMI), la douleur, l’essoufflement et l’anxiété<br />

peuvent s’avérer des éléments importants dans<br />

l’évolution <strong>du</strong> cas, et un traitement approprié<br />

doit être entrepris.<br />

douleur<br />

Pour soulager la douleur rési<strong>du</strong>elle des patients<br />

traités par les nitrates et autres antiangineux<br />

(bêta-bloquants, BCC), l’utilisation d’opioïdes<br />

(habituellement la morphine) est indiquée 7,25,37,38 .<br />

Les doses de morphine recommandées sont<br />

comprises dans une échelle de 1 à 8 mg IV toutes<br />

les 5 à 30 minutes 7,38 . Outre les actions analgésique<br />

et anxiolytique, la morphine procure certains<br />

effets hémodynamiques intéressants,<br />

notamment par la ré<strong>du</strong>ction de la tension artérielle<br />

et de la fréquence cardiaque 7,37,38 .<br />

Toutefois, cette substance peut engendrer une<br />

dépression respiratoire, limitant l’oxygénation 37 .<br />

Une étude observationnelle a révélé une augmentation<br />

<strong>du</strong> risque de décès associée à l’usage<br />

de la morphine dans le traitement de l’angine<br />

instable/NSTEMI, ce qui a con<strong>du</strong>it à une ré<strong>du</strong>ction<br />

<strong>du</strong> niveau de preuve de ce médicament dans<br />

les lignes directrices de l’American College of<br />

Cardiology (ACC)/American Heart Association<br />

(AHA) en 2007 39 . Les experts soulignent ainsi<br />

que la morphine devrait être réservée aux<br />

patients adéquatement traités par des nitrates et<br />

des bêta-bloquants 37 .<br />

essoufflement<br />

Les patients, qui présentent de l’essoufflement,<br />

sont hypoxiques ou souffrent d’insuffisance cardiaque,<br />

devraient recevoir de l’oxygène 7,25 . Les<br />

données probantes soutenant l’utilisation de<br />

l’oxygène chez les autres patients demeurent<br />

lacunaires 7,25 .<br />

anxiété<br />

Plusieurs patients présentent de l’anxiété face à<br />

l’événement qu’ils subissent et en réaction à la<br />

douleur ressentie 25 . L’administration d’anxiolytiques<br />

peut s’avérer appropriée pour ré<strong>du</strong>ire une<br />

Suite <strong>du</strong> cas clinique (1)<br />

Comme la patiente ne présente pas de<br />

contre-indications et qu’elle habite loin d’un<br />

centre où s’effectuent des ICP, la fibrinolyse<br />

constitue la solution de reperfusion la plus<br />

appropriée. Les médecins jugent qu’il n’est<br />

pas nécessaire de la transférer pour effectuer<br />

une stratégie pharmaco-invasive puisque<br />

son état est stable et qu’elle se porte beaucoup<br />

mieux. Le pharmacien a toutefois<br />

demandé à ce que soient apportés certains<br />

changements à sa thérapie. Quels sont ces<br />

changements <br />

www.<strong>Profession</strong>sante.ca | avril – mai 2013 | Québec Pharmacie | 25


les pages<br />

bleues<br />

anxiété importante qui n’a pas déjà été atténuée<br />

par l’usage d’opioïdes 25 . Toutefois, l’usage de<br />

benzodiazépines n’entraîne pas de bénéfices en<br />

termes de ré<strong>du</strong>ction de morbidité ou de mortalité,<br />

bien que la diminution de l’anxiété puisse<br />

tout de même ré<strong>du</strong>ire les demandes d’oxygène<br />

par le <strong>myocarde</strong> 40 .<br />

la thérapie concomitante <strong>du</strong> patient :<br />

que faut-il cesser ou poursuivre<br />

pendant l’épisode de SCA <br />

anti-inflammatoires non stéroïdiens (ains)<br />

Les AINS ne devraient pas être utilisés lors d’un<br />

SCA 7 . En effet, tous les AINS peuvent entrer en<br />

compétition <strong>avec</strong> l’AAS pour l’inhibition de la<br />

thromboxane A2. Alors que l’inhibition de<br />

l’AAS est irréversible, celle des AINS est réversible,<br />

ce qui entraîne une diminution de l’efficacité<br />

antiplaquettaire. Comme l’usage d’AINS a été<br />

associé à des risques accrus de mortalité et d’infarctus,<br />

tout en augmentant le risque d’hypertension<br />

et d’insuffisance cardiaque, il est recommandé<br />

de les cesser lors d’un SCA 7 .<br />

hormonothérapie<br />

L’étude HERS II a démontré que l’hormonothérapie<br />

de remplacement ne procure aucun bénéfice<br />

cardiovasculaire, tout en augmentant le risque<br />

de certaines complications (p. ex., cancer <strong>du</strong><br />

sein, thrombose veineuse) 41 . Il n’y a donc pas lieu<br />

d’utiliser l’hormonothérapie de remplacement<br />

en prévention primaire des événements. Lors<br />

d’un SCA, il est recommandé de cesser l’hormonothérapie.<br />

Suite <strong>du</strong> cas clinique (2)<br />

Pour la patiente A.B., le pharmacien suggère<br />

de cesser l’hormonothérapie et l’anti-inflammatoire<br />

non stéroïdien. Quelques jours plus<br />

tard, on doit préparer le formulaire de suivi<br />

<strong>avec</strong> la pharmacie communautaire. Que<br />

devrait-on y inscrire<br />

les traitements à long terme après<br />

le SCA : quoi et combien de temps <br />

La prise en charge à long terme après un épisode<br />

de SCA est toujours la même, quel que soit<br />

le type d’événement qu’a subi le patient (angine<br />

instable, NSTEMI ou STEMI). On veillera à<br />

prévenir la progression de la maladie et le risque<br />

de récidive en assurant une prise en charge<br />

pharmacologique et non pharmacologique<br />

adéquate.<br />

bêta-bloquants et ieca<br />

L’usage de bêta-bloquants est recommandé à<br />

long terme chez les patients ayant subi un SCA,<br />

notamment un STEMI, s’ils ne présentent pas<br />

de contre-indications 7 . Toutefois, il importe de<br />

rappeler que la majorité des données probantes<br />

soutenant ces recommandations ont été obtenues<br />

avant que la reperfusion ne devienne la<br />

méthode la plus répan<strong>du</strong>e. On reconnaît que<br />

les bénéfices seraient plus grands pour les<br />

patients <strong>avec</strong> de l’insuffisance cardiaque, un<br />

dysfonctionnement ventriculaire gauche ou<br />

des arythmies ventriculaires 7 . De fait, un<br />

patient souffrant d’insuffisance cardiaque<br />

(fraction d’éjection < 40 %) doit nécessairement<br />

recevoir un bêta-bloquant. Toutefois, l’efficacité<br />

à long terme des bêta-bloquants pour<br />

les patients qui ne présentent pas de complications<br />

après leur SCA est moins claire et n’a pas<br />

été évaluée de manière appropriée depuis que<br />

la reperfusion est largement utilisée. Pour<br />

alimenter la réflexion, une récente étude de<br />

cohorte observationnelle, portant sur<br />

5628 patients japonais, a mis en évidence que<br />

l’usage de bêta-bloquants après un STEMI avait<br />

diminué la mortalité chez les indivi<strong>du</strong>s à haut<br />

risque, mais pas chez ceux présentant un faible<br />

risque 42 . Au total, on n’a noté aucune ré<strong>du</strong>ction<br />

de la mortalité (RR = 0,935; IC 95 % : 0,711-<br />

1,230). Malgré les limites inhérentes à la<br />

con<strong>du</strong>ite d’études observationnelles et la validité<br />

externe potentiellement moindre dans le<br />

contexte nord-américain, ces résultats soulignent<br />

la nécessité de remettre en cause la pertinence<br />

d’utiliser ces médicaments chez tous les<br />

patients suivant un SCA, <strong>avec</strong> l’avènement de<br />

nouvelles thérapies, techniques et procé<strong>du</strong>res.<br />

L’usage d’un IECA à long terme est recommandé<br />

chez tous les patients chez lesquels on a<br />

instauré la thérapie, puisque cette classe d’agents<br />

a été associée à une ré<strong>du</strong>ction de la mortalité cardiovasculaire<br />

et de la survenue d’infarctus <strong>du</strong><br />

<strong>myocarde</strong> 25 . Toutefois, l’usage des IECA à long<br />

terme est moins bien établi pour les patients à<br />

faible risque qui ont été revascularisés à la suite<br />

d’un STEMI et qui reçoivent un traitement<br />

hypolipémiant très puissant 7 .<br />

antithrombotiques<br />

Le traitement par l’AAS devrait être poursuivi<br />

indéfiniment chez tous les patients ayant subi un<br />

SCA 16 . Afin d’éviter les problèmes de saignements,<br />

il est recommandé d’utiliser de faibles<br />

doses (75-162 mg par jour) 16 . Pour les patients<br />

intolérants à l’aspirine, le clopidogrel s’avère une<br />

option acceptable. Tout comme pour l’AAS, le<br />

traitement devra être poursuivi indéfiniment 16 .<br />

En plus de l’aspirine, le clopidogrel devrait être<br />

utilisé pendant au moins un mois (jusqu’à<br />

12 mois si le risque de saignement est faible), lors<br />

d’une angine instable/NSTEMI 16 . Après un<br />

STEMI traité par thrombolyse, on recommande<br />

l’usage de clopidogrel et d’AAS pour au moins<br />

14 jours, et jusqu’à 12 mois si le patient ne présente<br />

pas de risque accru de saignements 16 . Si le<br />

patient a subi une ICP, le clopidogrel doit être<br />

poursuivi <strong>avec</strong> l’AAS pendant 12 mois, et ce, quel<br />

que soit le type de tuteur implanté 7,16 . De fait, l’association<br />

pourrait même être poursuivie pendant<br />

plus d’un an chez les personnes à faible risque<br />

de saignements et à haut risque de<br />

thrombose 16 . Quant au prasugrel et au ticagrélor,<br />

ils devraient être poursuivis pendant 12 mois,<br />

jusqu’à 15 mois pour le prasugrel 16 .<br />

statines<br />

Les statines exercent un effet stabilisant sur la<br />

plaque athéromateuse. On leur attribue également<br />

des effets positifs sur la fonction endothéliale,<br />

l’agrégation plaquettaire et l’inflammation.<br />

Ainsi, elles pourraient s’avérer essentielles<br />

pour ré<strong>du</strong>ire le lourd fardeau d’événements qui<br />

surviennent après un SCA. En l’absence de<br />

contre-indication, les statines devraient être<br />

instaurées chez tous les patients ayant souffert<br />

d’un SCA, sans égard à leur taux de cholestérol<br />

LDL initial 7,43 . Les doses élevées de statines,<br />

notamment l’atorvastatine 80 mg, seraient privilégiées<br />

puisqu’elles sont associées à de<br />

meilleures issues cliniques 7 .<br />

La principale controverse sur l’usage des statines<br />

réside dans le choix <strong>du</strong> moment de l’instauration<br />

de la thérapie. Plusieurs militent pour une<br />

instauration rapide, avant la sortie de l’hôpital,<br />

alléguant qu’une telle rapidité procure des bénéfices<br />

plus importants et que l’adhésion au traitement<br />

est favorisée 43 . Or, certains auteurs émettent<br />

des réserves sur les bénéfices réels engendrés<br />

Suivi et surveillance<br />

de la thérapie<br />

Dans la note rédigée pour la pharmacie communautaire,<br />

on fait état des médicaments qui<br />

doivent être poursuivis tels quels (antihypertenseurs,<br />

calcium et vitamine D) et de ceux qui<br />

ont été cessés en raison <strong>du</strong> SCA et qui ne doivent<br />

plus être repris (hormonothérapie, antiinflammatoire<br />

non stéroïdien). On indique<br />

également qu’A.B. recevra de l’aspirine à faible<br />

dose indéfiniment et <strong>du</strong> clopidogrel pendant<br />

12 mois. Il est noté qu’il faut vérifier tout épisode<br />

de saignement chez cette personne; si<br />

jamais il y a des saignements, on évaluera la<br />

pertinence de cesser le traitement par le clopidogrel.<br />

Enfin, étant donné qu’un traitement<br />

par une statine vient d’être entrepris, on<br />

demande au pharmacien communautaire<br />

d’assurer le suivi approprié: noter la présence<br />

d’effets indésirables (notamment les douleurs<br />

musculaires) et vérifier les valeurs de laboratoire<br />

dans quatre semaines (valeur <strong>du</strong> LDL<br />

[viser < 2,0 mmol/L]) et s’assurer que les valeurs<br />

de créatine kinase (CK) sont normales. La dose<br />

de statine (atorvastatine) pourra ainsi être augmentée<br />

jusqu’à 80 mg selon la tolérance de la<br />

patiente, afin d’obtenir les résultats escomptés.<br />

26 | Québec Pharmacie | avril – mai 2013 | www.<strong>Profession</strong>sante.ca


par une administration rapide des statines. Par<br />

exemple, une récente revue Cochrane incluant<br />

18 essais cliniques aléatoires n’a noté aucune différence<br />

entre l’instauration rapide (dans les<br />

14 jours suivant le SCA) et le traitement standard<br />

quant au risque de récurrence d’infarctus, de<br />

mort, de revascularisation, d’insuffisance cardiaque<br />

ou d’AVC après un suivi de quatre mois 44 .<br />

Néanmoins, les lignes directrices soulignent que<br />

l’amélioration de l’adhésion au traitement<br />

constitue une raison suffisante pour instaurer le<br />

traitement par les statines avant la sortie de l’hôpital<br />

7 . Le pharmacien représente par ailleurs le<br />

professionnel de la santé le plus apte à surveiller<br />

l’adhésion au traitement, élément souvent problématique<br />

pour des médicaments comme les<br />

statines dont le traitement doit être poursuivi<br />

indéfiniment 10 .<br />

mesures non pharmacologiques<br />

Les mesures non pharmacologiques ont évidemment<br />

une importance capitale dans les suites<br />

d’un épisode de SCA. L’abandon <strong>du</strong> tabac<br />

peut, par exemple, se tra<strong>du</strong>ire par une ré<strong>du</strong>ction<br />

relative <strong>du</strong> risque de décès de près 50 % 45 . Il s’agirait<br />

de la mesure de prévention secondaire la plus<br />

efficace 25 . Le pharmacien devrait donc toujours<br />

s’enquérir <strong>du</strong> statut tabagique <strong>du</strong> patient et lui<br />

proposer des aides pharmacologiques et non<br />

pharmacologiques. La période suivant le SCA<br />

constitue une fenêtre de temps intéressante pour<br />

mettre en œuvre de telles stratégies 25,46 . Par<br />

ailleurs, comme le taux de rechute est élevé après<br />

la période de convalescence, le pharmacien peut<br />

jouer un rôle fondamental dans la cessation définitive<br />

<strong>du</strong> tabagisme. Les thérapies de remplacement<br />

de la nicotine, le bupropion (Zyban MD ) et la<br />

varénicline (Champix MD ), se sont tous révélées<br />

sécuritaires dans la période post-SCA 43 . Les<br />

principes d’alimentation et de mise en forme<br />

devraient également faire partie <strong>du</strong> plan de soin<br />

de l’équipe traitante. Enfin, les interventions<br />

psychosociales, les programmes de gestion <strong>du</strong><br />

stress et les programmes de réhabilitation basés<br />

sur l’exercice physique devraient être mis en<br />

place pour assurer une prise en charge optimale<br />

<strong>du</strong> patient ayant subi un SCA 25 .<br />

Conclusion<br />

Les nouvelles options thérapeutiques ont permis<br />

de ré<strong>du</strong>ire considérablement la morbidité et la<br />

mortalité dans tout le spectre <strong>du</strong> SCA. Toutefois,<br />

le nombre croissant de médicaments suscite<br />

souvent des interrogations quant aux meilleures<br />

associations dans certaines situations particulières,<br />

notamment pour une population de plus<br />

en plus âgée, qui consomme de plus en plus de<br />

médicaments. L’équilibre entre les meilleurs<br />

résultats et les effets indésirables est parfois difficile<br />

à cibler. Par ailleurs, malgré les avancées<br />

appréciables dans la thérapie <strong>du</strong> SCA ces dernières<br />

décennies, le risque de récidive demeure<br />

élevé. Il importe donc de veiller à ce que les stratégies<br />

appropriées soient mises en œuvre pour<br />

ré<strong>du</strong>ire ce risque, tout en procurant une qualité<br />

de vie appréciable aux patients. Le pharmacien<br />

occupe une place privilégiée à cet égard. De plus,<br />

il peut jouer un rôle important dans l’évaluation<br />

de l’adhésion au traitement pharmacologique et<br />

dans le renforcement de la mise en œuvre des<br />

mesures non pharmacologiques. ■<br />

références : 1. Sirois C. Syndrome coronarien aigu (1re partie) : L’angine instable et les NSTEMI. Québec Pharmacie 2012; 59: 15-22. 2. Eagle K, Goodman SG, Avezum Á, et coll. Practice variation<br />

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as an adjunct to thrombolytic therapy in acute myocardial infarction: A subgroup analysis of the OASIS-6 trial. Eur Heart J 2008; 29: 324-31. 32. Mega JL, Braunwald E, Wiviott SD, et coll. Rivaroxaban<br />

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infarction survivors: A longitudinal study. Eur J Cardiovasc Prev Rehabil 2011; 18: 533-41.<br />

Les références portant un code de couleur indiquent au lecteur qu’il s’agit des références principales de l’article telles que choisies par les auteurs.<br />

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p. 9<br />

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(1 re partie)<br />

p. 15<br />

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p. 5<br />

les pages<br />

bleues<br />

QuESTionS DE<br />

FC<br />

4. Parmi les énoncés suivants concernant les statines,<br />

lequel est vrai <br />

A Les statines ne devraient être administrées que chez les patients<br />

dont le cholestérol LDL est élevé à l’admission.<br />

b Les statines diminuent le risque cardiovasculaire, surtout au cours<br />

des quatre premiers mois suivant leur instauration à l’hôpital.<br />

C Les statines devraient être instaurées à l’hôpital afin d’améliorer<br />

l’adhésion au traitement.<br />

D Les statines n’exercent pas de rôle sur la plaque athéromateuse déjà<br />

formée, mais diminuent la formation d’une nouvelle plaque<br />

(prévention secondaire des événements).<br />

e Les statines in<strong>du</strong>isent des effets indésirables importants si elles sont<br />

intro<strong>du</strong>ites trop tôt après un épisode d’angine instable/NSTEMI.<br />

5. Parmi les énoncés suivants concernant les stratégies<br />

de reperfusion, lequel est vrai <br />

A En général, les bénéfices de la fibrinolyse sont supérieurs à ceux<br />

des interventions coronariennes percutanées (ICP).<br />

b Il est déconseillé de pratiquer une ICP après la fibrinolyse en raison<br />

<strong>du</strong> risque de saignement.<br />

C Les délais prescrits pour recourir aux stratégies de reperfusion<br />

après l’arrivée à l’hôpital sont de moin de 30 minutes dans le cas de la<br />

fibrinolyse et de moins de 120 minutes dans le cas de l’ICP.<br />

D La streptokinase est l’agent fibrinolytique privilégié en raison<br />

de sa facilité d’administration, de son efficacité et de son coût.<br />

e La fibrinolyse est plus efficace dans le cadre de NSTEMI que<br />

dans les STEMI.<br />

Répondez en ligne sur www.professionsante.ca,<br />

section Ma FC en ligne; rechercher Québec Pharmacie, avril-mai 2013.<br />

Date limite : 22 avril 2014. Donne 4 uFC.<br />

6. Parmi les associations suivantes d’antithrombotiques,<br />

laquelle serait appropriée au cours d’une fibrinolyse<br />

<strong>avec</strong> le ténectéplase <br />

A AAS + prasugrel + héparine non fractionnée<br />

b AAS + ticagrélor + énoxaparine<br />

C AAS + clopidogrel + bivalirudine<br />

D clopidogrel + eptifibatide + héparine non fractionnée<br />

e AAS + clopidogrel + énoxaparine<br />

7. Parmi les énoncés suivants concernant les antithrombotiques<br />

utilisés lors d’une ICP, lequel est vrai <br />

A Trois différents anticoagulants peuvent être utilisés lors d’une ICP :<br />

l’héparine non fractionnée, l’énoxaparine et la bivalirudine.<br />

b La dose de charge de clopidogrel devrait varier entre 75 mg<br />

et 300 mg selon l’âge <strong>du</strong> patient.<br />

C Le prasugrel s’est révélé supérieur au clopidogrel,<br />

en plus de causer moins de saignements.<br />

D Le fondaparinux est associé à de meilleurs résultats que l’héparine<br />

non fractionnée et il s’avère une solution de rechange intéressante<br />

pour un patient allergique à l’héparine.<br />

e Les inhibiteurs GpIIb/IIIa devraient toujours faire partie de la thérapie,<br />

surtout en association <strong>avec</strong> le prasugrel ou le ticagrélor.<br />

8. Parmi les énoncés suivants, lequel est vrai <br />

A L’hormonothérapie de remplacement peut être poursuivie lors d’un<br />

SCA si la patiente éprouve des symptômes de ménopause modérés.<br />

b Le traitement par l’AAS devrait être poursuivi indéfiniment<br />

chez tous les patients ayant subi un SCA.<br />

C Les anti-inflammatoires non stéroïdiens peuvent être utilisés en même<br />

temps que l’aspirine lors d’un SCA parce qu’il existe un grand nombre<br />

de preuves attestant qu’ils sont sécuritaires.<br />

D Tous les patients devraient recevoir un bêta-bloquant rapidement<br />

par voie intraveineuse, dès leur arrivée à l’hôpital pour un SCA.<br />

e En cas d’allergie à l’aspirine, le prasugrel devrait être utilisé.<br />

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p. 5<br />

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p. 9<br />

Traitement antithrombotique<br />

Les nouvelles<br />

lignes directrices<br />

p. 12<br />

GESTION<br />

THÉRAPEUTIQUE<br />

2012<br />

p. 19 à 36<br />

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28 | Québec Pharmacie | avril – mai 2013 | www.<strong>Profession</strong>sante.ca


santé<br />

publique<br />

Texte rédigé par Catherine Guay,<br />

candidate au Pharm. D.,<br />

et Ema Ferreira, B. Pharm., M. Sc.,<br />

Pharm. D., FSCPH, Université<br />

de Montréal et CHU Sainte-Justine.<br />

Texte original soumis<br />

le 5 octobre 2012.<br />

Texte final remis<br />

le 12 octobre 2012.<br />

Révision:<br />

Marie-Jahelle Desjardins,<br />

B. Pharm.<br />

Remerciements:<br />

Diane Lamarre<br />

et Michel Caron (OPQ),<br />

Ian Bourgoin (AQPP).<br />

Loi 41: où en sommes-nous<br />

Les auteures et la réviseure scientifique ne déclarent aucun conflit d’intérêts lié à la rédaction de cet article.<br />

Objectifs d’apprentissage:<br />

1. Présenter les étapes qui ont mené à l’élargissement <strong>du</strong> rôle <strong>du</strong> pharmacien québécois.<br />

2. Comparer les champs d’exercice des pharmaciens <strong>du</strong> Québec et ceux des autres provinces canadiennes et de quelques pays.<br />

L’année 2020<br />

En 2020, les pharmaciens québécois ont, depuis<br />

longtemps, la possibilité de prescrire certains<br />

médicaments pour des problèmes de santé<br />

bénins grâce aux règlements <strong>du</strong> projet de loi 41<br />

adoptés en 2013.<br />

Vous êtes en train d’analyser les résultats de<br />

laboratoire que vous avez demandés la veille<br />

lorsqu’un assistant technique vous avise qu’une<br />

jeune patiente souhaite vous consulter. Vous fermez<br />

le DSQ que vous consultiez et vous vous<br />

dirigez vers l’aire de confidentialité.<br />

Présentation de la patiente<br />

Léa, 15 ans, se plaint de crampes<br />

menstruelles. Elle affirme souffrir de ces<br />

crampes pendant quelques jours au début<br />

de ses règles. Elle dit ne pas avoir de problème<br />

de santé ni d’allergie connue. Elle a<br />

récemment subi un bilan de santé annuel<br />

chez le médecin de son groupe de médecine<br />

familiale et rapporte que tout était normal.<br />

Elle a malheureusement oublié de parler<br />

de ses crampes à son médecin et ne<br />

parvient pas à obtenir un nouveau rendezvous<br />

avant plusieurs semaines.<br />

Depuis ce matin, Léa a pris deux comprimés<br />

de 200 mg d’ibuprofène toutes les six heures,<br />

mais elle ne s’est sentie que partiellement soulagée.<br />

Elle a quitté l’école plus tôt que prévu et<br />

s’est allongée <strong>avec</strong> une bouillotte d’eau chaude<br />

sur le ventre. Rien n’y fait!<br />

Comment pouvez-vous aider Léa <br />

Les pharmaciens québécois doivent s’attendre à<br />

de grands changements dans leur pratique au<br />

cours de cette année. Avec l’adoption de la loi 41,<br />

nous pourrons accomplir de nouveaux actes<br />

afin de mieux aider nos patients. Toutefois, le<br />

Québec n’a pas l’exclusivité des changements de<br />

législation touchant la pharmacie. Cet article fait<br />

le point sur l’élargissement <strong>du</strong> rôle traditionnel<br />

<strong>du</strong> pharmacien dans les autres provinces canadiennes,<br />

ainsi qu’ailleurs dans le monde. Il<br />

énonce les étapes qu’il reste à franchir avant que<br />

ces nouveaux actes ne deviennent réalité.<br />

Rappel historique<br />

C’est au printemps 2011 que la plupart d’entre nous<br />

avons enten<strong>du</strong> parler des nouveaux actes pour la<br />

première fois. D’abord simple rumeur, la campagne<br />

pour ces nouveaux actes a été lancée par un<br />

communiqué de presse de l’Ordre des pharmaciens<br />

<strong>du</strong> Québec (OPQ). L’OPQ avait enten<strong>du</strong> les<br />

récriminations des pharmaciens, excédés par des<br />

situations frustrantes, et allait prendre les mesures<br />

nécessaires pour remédier à ces situations.<br />

Une véritable croisade s’amorce dès lors; l’OPQ<br />

utilise les médias sociaux comme tremplin pour<br />

gagner la faveur populaire, <strong>avec</strong> la mise en ligne<br />

<strong>du</strong> site Pour le mieux, qui explique les revendications<br />

des pharmaciens et invite la population à<br />

les appuyer. L’Ordre et les associations d’étudiants<br />

et de résidents en pharmacie des universités<br />

Laval et de Montréal rédigent et déposent à<br />

l’Assemblée nationale <strong>du</strong> Québec des mémoires<br />

encourageant l’élargissement <strong>du</strong> rôle <strong>du</strong> pharmacien.<br />

Le 15 novembre 2011, le Collège des<br />

médecins <strong>du</strong> Québec donne publiquement son<br />

appui aux pharmaciens dans un communiqué<br />

de presse conjoint <strong>avec</strong> l’OPQ. Toutefois, alors<br />

que les pharmaciens, enthousiastes, gagnent peu<br />

à peu l’appui de la population et des médecins,<br />

d’autres professionnels de la santé, notamment<br />

les infirmières, émettent des réserves.<br />

Le 8 décembre 2011, le projet de loi 41 modifiant<br />

la Loi sur la pharmacie et permettant l’élargissement<br />

<strong>du</strong> rôle des pharmaciens est adopté à<br />

l’Assemblée nationale <strong>du</strong> Québec. Les pharmaciens<br />

crient victoire !<br />

Champs de pratique élargis des<br />

pharmaciens : une tendance mondiale<br />

Si les pharmaciens québécois ont récemment<br />

commencé à réclamer un élargissement de leurs<br />

champs de pratique, le processus est enclenché<br />

depuis beaucoup plus longtemps dans d’autres<br />

provinces canadiennes. D’autres nations ont<br />

également fait confiance à leurs pharmaciens en<br />

élargissant leurs champs d’exercice. Le terme<br />

« prescription » regroupe une variété d’actes<br />

allant de la rédaction d’une ordonnance jusqu’à<br />

la gestion d’une thérapie médicamenteuse, en<br />

passant par l’adaptation et la prolongation de<br />

l’ordonnance d’un autre prescripteur.<br />

Les pharmaciens américains sont les premiers à<br />

avoir obtenu un droit de prescrire. En effet, en<br />

2003, alors que les pharmaciens québécois s’enthousiasmaient<br />

de pouvoir prescrire un médicament<br />

requis aux fins de contraception orale d’urgence<br />

(COU), les Américains pouvaient déjà<br />

prescrire dans 38 États 1 ! En 2009, ce nombre s’élevait<br />

à 45 2 . Ces derniers peuvent prescrire de façon<br />

dite « dépendante » – ils exécutent un acte délégué<br />

par un prescripteur – ou de façon « indépendante »<br />

– le prescripteur pose un diagnostic et choisit une<br />

ligne de traitement, alors que le pharmacien sélectionne<br />

et surveille la thérapie médicamenteuse 1 . À<br />

titre comparatif, la prescription de la COU par les<br />

pharmaciens québécois serait considérée comme<br />

un modèle de prescription indépendante, alors<br />

que nos ordonnances collectives seraient des<br />

exemples de prescriptions dépendantes.<br />

Aux États-Unis, les deux formes de prescription<br />

sont évidemment encadrées par des protocoles,<br />

et les modalités varient selon les États,<br />

mais c’est la prescription « dépendante » qui est<br />

mise de l’avant par la plupart des États. Elle permet<br />

aux pharmaciens communautaires de gérer<br />

les maladies chroniques comme l’asthme, le diabète<br />

ou la maladie bipolaire, et aux pharmaciens<br />

hospitaliers d’ajuster les dosages d’héparine ou<br />

de prescrire des médicaments, tels que des antiémétiques,<br />

des antihistaminiques ou même des<br />

benzodiazépines 1 . Les pharmaciens américains<br />

ont également la possibilité d’administrer des<br />

vaccins à la suite d’une formation 3 .<br />

Les partisans de la prescription indépendante<br />

affirment qu’elle permet d’utiliser les compétences<br />

des prescripteurs et des pharmaciens de façon<br />

optimale. Ce modèle de prescription a d’abord<br />

été implanté en Floride, en 1984. Les pharmaciens<br />

floridiens peuvent prescrire, à partir d’un<br />

formulaire, des antiémétiques, des antidiarrhéiques<br />

et des pro<strong>du</strong>its d’aide à la cessation tabagique.<br />

Ils déplorent toutefois que ce formulaire n’ait<br />

pas été mis à jour plus fréquemment, si bien que<br />

beaucoup de médicaments inscrits sont maintenant<br />

en vente libre. Plusieurs continuent à prescrire<br />

et à analyser des tests de laboratoire, et<br />

www.<strong>Profession</strong>sante.ca | avril – Mai 2013 | Québec Pharmacie | 31


santé<br />

publique<br />

même à faire des examens physiques ainsi que<br />

des injections de médicaments par voie intraveineuse.<br />

Il faut mentionner que ces actes sont<br />

controversés et que l’American College of Physicians<br />

ne les encourage pas, arguant que les bénéfices<br />

pour les patients ne sont pas établis 1 .<br />

Ailleurs dans le monde<br />

L’élargissement <strong>du</strong> rôle traditionnel <strong>du</strong> pharmacien<br />

est discuté partout à travers le monde. Une<br />

vingtaine de pays rapporte que les pharmaciens<br />

détiennent un certain droit de prescrire, habituellement<br />

en collaboration <strong>avec</strong> les prescripteurs 4 . Au<br />

Royaume-Uni, un modèle de prescription dit<br />

« dépendant » a été intro<strong>du</strong>it en 2003, suivi d’un<br />

modèle « indépendant » en 2006 2-4 . La Nouvelle-<br />

Zélande permet également aux pharmaciens de<br />

prescrire selon des arrangements pré-établis <strong>avec</strong><br />

les autres professionnels de la santé 2 . En Afrique, la<br />

délégation de la prescription aux pharmaciens est<br />

perçue comme une solution potentielle à la pénurie<br />

de médecins, mais ce concept reste impopulaire<br />

auprès de ces derniers 1 . Ajoutons que l’élargissement<br />

<strong>du</strong> rôle traditionnel <strong>du</strong> pharmacien est en<br />

discussion en Australie, en Grande-Bretagne et en<br />

France. Toutefois, quel que soit le pays, deux points<br />

reviennent souvent : les pharmaciens ne peuvent<br />

jamais prescrire librement des narcotiques ou des<br />

substances contrôlées et ils doivent généralement<br />

aviser le médecin <strong>du</strong> patient de leurs démarches.<br />

I Actes autorisés en octobre 2012<br />

Au Canada<br />

Auparavant, au Canada, le droit de prescrire était<br />

réservé aux domaines de la médecine et de la<br />

médecine dentaire. Au cours des années, d’autres<br />

professionnels de la santé, tels que les podiatres, les<br />

optométristes, les sages-femmes et les infirmières<br />

praticiennes spécialisées, ont obtenu le droit de<br />

prescrire certains médicaments. Bien que les pharmaciens<br />

de quelques provinces puissent prescrire<br />

la COU, c’est en Alberta, en 2007, que les pharmaciens<br />

ont réellement obtenu le droit de prescrire.<br />

Les autres provinces <strong>du</strong> Canada en sont à divers<br />

stades d’élaboration des nouveaux actes et chaque<br />

province a différentes priorités, soit adapter une<br />

prescription (Colombie-Britannique), prescrire en<br />

cas d’urgence (la COU au Québec), instaurer une<br />

thérapie médicamenteuse (Alberta) ou administrer<br />

un médicament (la vaccination en Ontario)<br />

(voir I ). La formation exigée varie selon les provinces;<br />

si, en Alberta, tous les pharmaciens peuvent<br />

prescrire sans formation supplémentaire, les pharmaciens<br />

ontariens qui souhaiteront vacciner<br />

devront suivre auparavant une formation sur l’immunisation<br />

et les techniques d’injection 2 . Au Québec,<br />

une formation sera nécessaire pour pouvoir<br />

accomplir certains des nouveaux actes. En effet, le<br />

gouvernement a exigé une attestation de formation<br />

pour l’article 7 de la loi 41 (voir encadré), malgré le<br />

désaccord de l’OPQ, qui juge que les pharmaciens<br />

ont déjà les connaissances nécessaires 5 .<br />

Article 7: Ajuster l’ordonnance d’un médecin<br />

suivant les conditions et modalités déterminées<br />

par règlement, en modifiant la forme, la<br />

dose, la quantité ou la posologie d’un médicament<br />

prescrit ou en substituant au médicament<br />

prescrit un autre médicament appartenant<br />

à une même sous‐classe thérapeutique 6 .<br />

Tous les pharmaciens albertains peuvent<br />

adapter une prescription écrite par un autre professionnel<br />

et prescrire un médicament en cas<br />

d’urgence depuis 2007. Ils peuvent même obtenir<br />

une autorisation de prescription supplémentaire<br />

dans un domaine particulier s’ils démontrent<br />

à l’Alberta Pharmacists Association, au<br />

moyen de différentes attestations, qu’ils ont l’expertise<br />

nécessaire et un environnement de pratique<br />

adéquat. Ils peuvent également demander<br />

des tests de laboratoire, à condition de mettre en<br />

place un système permettant de gérer les résultats<br />

critiques en tout temps 7 . Un sondage réalisé<br />

en 2010 a montré que la population albertaine a<br />

Adapter une Prescrire pour Administrer Tests de<br />

ordonnance un problème un vaccin laboratoire<br />

de santé mineur<br />

Colombie-Britannique Oui Non Oui Non<br />

Alberta Oui Oui Oui Oui<br />

Saskatchewan Oui Oui Non Non<br />

Manitoba Oui Oui Oui Oui<br />

Québec Oui* Oui* Non Oui*<br />

Ontario Oui* Oui* Oui* Oui*<br />

Nouvelle-Écosse Oui Oui Oui Oui<br />

Nouveau-Brunswick Oui Oui Oui Oui<br />

États-Unis Oui Oui Oui Oui<br />

fortement apprécié l’élargissement des actes des<br />

pharmaciens, en particulier la prolongation et<br />

l’adaptation des prescriptions 4 .<br />

Le Manitoba a emboîté le pas en 2010 en déposant<br />

un projet de loi permettant l’élargissement<br />

des actes des pharmaciens. Toutefois, comme au<br />

Québec, la loi n’est pas en vigueur puisque les<br />

règlements n’ont pas encore été adoptés. Le projet<br />

de loi prévoit notamment que les pharmaciens<br />

pourront prescrire un médicament pour un problème<br />

de santé mineur. Par exemple, il est planifié<br />

que les pharmaciens manitobains pourront prescrire<br />

un inhibiteur de la pompe à protons en cas de<br />

dyspepsie, une crème de trétinoïne en cas d’acné<br />

légère à modérée ou encore un traitement antibiotique<br />

pour une infection urinaire non compliquée.<br />

En Ontario, les pharmaciens se concentrent sur<br />

l’obtention imminente <strong>du</strong> droit de vacciner.<br />

L’Ontario Pharmacists Association souhaite<br />

même que toutes les pharmacies ontariennes aient<br />

un pharmacien pouvant vacciner d’ici la fin de<br />

2013 ! Ce projet vise à faciliter l’enseignement des<br />

techniques d’administration des médicaments<br />

injectables et à augmenter la disponibilité <strong>du</strong> vaccin<br />

contre l’influenza, tout en ré<strong>du</strong>isant le coût des<br />

campagnes de vaccination. Mentionnons que le<br />

ministère de la Santé ontarien versera des honoraires<br />

de 7,50 $ pour chaque vaccin administré par un<br />

pharmacien. Si la vaccination a été discutée au<br />

Québec également, cet acte n’a pas été retenu pour<br />

le projet de loi 41; les pharmaciens québécois ont<br />

obtenu le droit d’injecter des pro<strong>du</strong>its médicamenteux,<br />

mais seulement à des fins d’enseignement.<br />

Notons aussi que tous les pharmaciens ontariens<br />

peuvent prolonger des prescriptions échues,<br />

sous certaines conditions, et qu’ils souhaiteraient<br />

bientôt pouvoir prescrire des médicaments pour<br />

des problèmes de santé mineurs 8 .<br />

Un élargissement des actes, similaire à ce qui se<br />

prépare au Québec, est entré en vigueur en<br />

Saskatchewan le 4 mars 2011. Une campagne<br />

semblable à la campagne « Pour le mieux » de<br />

l’OPQ a même été mise en ligne sur le site<br />

MyPharmacistKnows.com ! Les pharmaciens<br />

saskatchewanais peuvent maintenant adapter<br />

des prescriptions, à condition qu’ils aient suivi la<br />

formation en ligne nécessaire et que le médecin<br />

n’ait pas inscrit « Do not adjust » sur l’ordonnance.<br />

Toutefois, la prescription de médicaments<br />

pour des problèmes de santé mineurs est retardée,<br />

les modalités étant encore en discussion <strong>avec</strong><br />

les médecins 9 . Les pharmaciens <strong>du</strong> Nouveau-<br />

Brunswick ont également déjà un droit de prescrire,<br />

pour adapter une prescription et en cas de<br />

problème de santé mineur. Ils peuvent aussi<br />

administrer des vaccins et en prescrire certains 10 .<br />

En Nouvelle-Écosse, médecins et pharmaciens<br />

coopèrent dans le cadre d’un « collaborative prescribing<br />

», permettant, par exemple, à un médecin<br />

d’inscrire sur une ordonnance « Please prescribe<br />

and dispense for this patient with community<br />

acquired pneumonia and moderate renal failure »,<br />

laissant ainsi au pharmacien le soin de sélectionner<br />

* en attente de l’adoption des règlements Suite à la page 34 <br />

32 | Québec Pharmacie | avril – Mai 2013 | www.<strong>Profession</strong>sante.ca


santé<br />

publique<br />

Suite de la page 32<br />

et de surveiller la médication. Les pharmaciens de<br />

cette province peuvent aussi immuniser les<br />

patients, à condition d’avoir suivi des cours de<br />

premiers soins et de réanimation cardio-respiratoire,<br />

ainsi qu’une formation sur la vaccination 11 .<br />

Peu d’informations sont disponibles à propos<br />

des provinces de la Colombie-Britannique, de<br />

l’Île-<strong>du</strong>-Prince-Édouard, de Terre-Neuve-et-<br />

Labrador et des Territoires <strong>du</strong> Nord-Ouest, <strong>du</strong><br />

Nunavut et <strong>du</strong> Yukon.<br />

Les controverses<br />

Les thèmes qui reviennent toujours dans les<br />

médias lorsqu’on discute de l’élargissement des<br />

actes des pharmaciens sont les qualifications, le<br />

diagnostic, le bien-être <strong>du</strong> patient, l’appui des<br />

médecins et les conflits d’intérêts 4 . Si les médecins<br />

sont généralement favorables à l’idée de déléguer<br />

le droit de prescrire aux pharmaciens, ils sont plus<br />

réticents à leur laisser poser des diagnostics. Ce<br />

dernier point est également controversé chez les<br />

pharmaciens, certains arguant que les signes et<br />

symptômes de beaucoup de maladies bénignes<br />

sont assez évocateurs pour qu’une première ligne<br />

de traitement soit tentée sans obtenir de diagnostic,<br />

alors que d’autres estiment plutôt que la formation<br />

actuelle n’est pas adéquate 4 . Les réserves<br />

émises par le public concernent plutôt les conflits<br />

d’intérêts et la sûreté; si les pharmaciens surveillent<br />

les ordonnances des médecins, qui surveille<br />

les ordonnances des pharmaciens Finalement,<br />

il est intéressant de mentionner que dans les<br />

publications et les médias, si la prescription par les<br />

pharmaciens est toujours comparée à celle des<br />

médecins, on fait peu mention de la prescription<br />

par les infirmières praticiennes spécialisées ou<br />

d’autres professionnels de la santé. On soulève<br />

rarement le fait, par exemple, que la majorité des<br />

médicaments prescrits par les vétérinaires sont<br />

aussi ven<strong>du</strong>s par d’autres professionnels de la<br />

santé, point qui suscite pourtant la controverse<br />

lorsqu’on parle des pharmaciens !<br />

Et au Québec <br />

Le gouvernement actuel étant favorable à cette<br />

nouvelle loi, on peut raisonnablement penser que<br />

les nouveaux actes devraient entrer en vigueur au<br />

cours de l’année 2013 12 . Les questions de l’implantation<br />

et de la rémunération se poseront alors.<br />

Quelles seront les procé<strong>du</strong>res pour exercer ces<br />

nouvelles tâches Qui paiera pour ce travail supplémentaire,<br />

le patient ou le gouvernement L’Association<br />

québécoise des pharmaciens propriétaires<br />

(AQPP), sans vouloir se prononcer<br />

prématurément, se penche sur le sujet 13 . Gageons<br />

toutefois que, si les pharmaciens sont rémunérés<br />

pour les consultations pour la COU, les opinions et<br />

les refus, les nouveaux actes ne manqueront pas de<br />

l’être aussi. Et comment un patient pourra-t-il<br />

Retour sur le cas de Léa<br />

En 2020, si la dysménorrhée fait partie des problèmes<br />

de santé mineurs que les pharmaciens<br />

pourront prendre en charge, vous pourrez<br />

suggé rer à Léa de l’ibuprofène 800 mg PO TID<br />

prn ou <strong>du</strong> naproxène sodique 550 mg PO, puis<br />

275 mg PO toutes les 6 à 8 heures prn pendant<br />

quelques jours. Vous devrez sans doute documenter<br />

l’intervention dans son dossier et aviser<br />

son médecin. Vous serez également responsable<br />

d’effectuer un suivi, par exemple en téléphonant<br />

à Léa deux jours plus tard et en l’interrogeant sur<br />

l’efficacité et l’innocuité <strong>du</strong> traitement.<br />

avoir accès à ces services Les pharmaciens, souvent<br />

surchargés, seront-ils capables d’absorber une<br />

augmentation de leurs responsabilités Autant de<br />

questions auxquelles il faudra répondre.<br />

Conclusion<br />

La pratique de la pharmacie a énormément évolué<br />

partout dans le monde, passant de la distribution<br />

de médicaments et de la préparation de magistrales<br />

à la gestion de la thérapie médicamenteuse et à<br />

la prescription. Mais quel que soit le modèle de<br />

prescription mis de l’avant, l’élargissement des<br />

actes a toujours pour but d’améliorer les soins au<br />

patient. Au Québec, les tenants et aboutissants de<br />

la loi 41 ne manqueront pas d’optimiser notre travail.<br />

Soyez aux aguets ! ■<br />

références : 1. Tonna A, Stewart D, McCaig D. An international overview of some pharmacist prescribing models. Journal of the Malta College of Pharmacy Practice<br />

2008; 14: 20-6. 2. Pharmacist Prescribing Task Force. Prescribing by pharmacists: Information Paper. CJHP 2009; 63(3): 267-74. 3. American Pharmacists Association. Guidelines for<br />

Pharmacy-Based Immunization Advocacy. [En ligne. Page consultée le 28 septembre 2012.] www.pharmacist.com/guidelines-pharmacy-based-immunization-advocacy 4. Schindel T,<br />

Given LM. The pharmacist as prescriber: A discourse analysis of newspaper media in Canada. Research in Social and Administrative Pharmacy 2012; 1-12. 5. Ordre des pharmaciens <strong>du</strong><br />

Québec. Mémoire de l’Ordre des pharmaciens sur le projet de loi 41 modifiant la Loi sur la pharmacie. [En ligne. Page consultée le 24 septembre 2012.] www.opq.org/<br />

fr-CA/publications/memoires-et-enonces-de-position/ 6. Assemblée nationale. Projet de loi 41 : Loi modifiant la Loi sur la pharmacie. [En ligne. Page consultée le<br />

24 septembre 2012.] www.assnat.qc.ca/fr/travaux-parlementaires/projets-loi/projet-loi-41-39-2.html 7. Alberta College of Pharmacists. Practice Resources. [En ligne. Page<br />

consultée le 26 septembre 2012.] https://pharmacists.ab.ca/nPharmacistResources/default.aspx 8. Ontario Pharmacists Association. Ontario pharmacists move one step closer to being able<br />

to offer injection and immunization services. [En ligne. Page consultée le 27 septembre 2012.] www.opatoday.com/files/members/documents/publications/Eblast2012/OPA_<br />

Bulletin_20120705.html 9. Pharmacists Association of Saskatchewan. PAS Visitors (Public Resources). [En ligne. Page consultée le 27 septembre 2012.] www.skpharmacists.ca/pas-visitors-<br />

%28public-resources%29 10. New Brunswick Pharmaceutical Society. Drug Prescription Manual. [En ligne. Page consultée le 26 septembre 2012.] www.nbpharmacists.ca/<br />

PharmacistsResources/StandardsGuidelines/tabid/261/Default.aspx 11. Nova Scotia College of Pharmacists. Standards of practice: Prescribing of drugs by pharmacists. [En ligne. Page<br />

consultée le 1 er octobre 2012.] www.nspharmacists.ca/standards/index.html 12. Communication verbale <strong>avec</strong> Michel Caron de l’Ordre des pharmaciens <strong>du</strong> Québec, le 7 septembre 2012.<br />

13. Communication verbale <strong>avec</strong> Ian Bourgoin de l’Association des pharmaciens propriétaires, le 10 octobre 2012.<br />

Les références portant un code de couleur indiquent au lecteur qu’il s’agit des références principales de l’article telles que choisies par les auteurs.<br />

Questions de<br />

FC<br />

Répondez en ligne sur www.professionsante.ca,<br />

section Ma FC en ligne; rechercher Québec Pharmacie, avril-mai 2013.<br />

Date limite : 22 avril 2014. Donne 4 UFC.<br />

9. Laquelle des affirmations suivantes est fausse <br />

A Les pharmaciens de l’Alberta peuvent vacciner.<br />

B Il est prévu que les pharmaciens québécois pourront administrer<br />

un médicament, par exemple un vaccin.<br />

C Aux États-Unis, les pharmaciens qui le désirent peuvent suivre<br />

une formation sur la vaccination puis administrer des vaccins.<br />

D Les pharmaciens de la Saskatchewan ne peuvent pas vacciner.<br />

10. Laquelle des affirmations suivantes est vraie <br />

A Les ordonnances collectives sont un exemple de prescription<br />

indépendante.<br />

B Le modèle de prescription dépendant est mis de l’avant par la plupart<br />

des États américains.<br />

C La prescription dépendante permet aux pharmaciens américains<br />

de prescrire librement des benzodiazépines.<br />

D Au Royaume-Uni, la prescription indépendante a été implantée<br />

avant la prescription dépendante.<br />

34 | Québec Pharmacie | avril – Mai 2013 | www.<strong>Profession</strong>sante.ca


d’une page<br />

à l’autre<br />

Texte rédigé par Marine Neeman, pharmacienne diplômée en Suisse et assistante de recherche<br />

à l’Unité de recherche en pratique pharmaceutique (URPP), CHU Sainte-Justine, Aurélie Guérin,<br />

interne en pharmacie à l’Université Paris XI et assistante de recherche à l’URPP, CHU Sainte-Justine,<br />

et Jean-François Bussières, B. Pharm., M. Sc., MBA, FCSHP, chef <strong>du</strong> département de pharmacie<br />

et de l’URPP, CHU Sainte-Justine, et professeur titulaire de clinique, Faculté de pharmacie, UdeM.<br />

Texte original soumis<br />

le 25 janvier 2013.<br />

Texte final remis<br />

le 3 avril 2013.<br />

Révision scientifique:<br />

Nicolas Paquette-<br />

Lamontagne,<br />

B. Pharm.,<br />

M. Sc., MBA, PMP.<br />

Les auteurs et le réviseur scientifique ne déclarent aucun conflit d’intérêts lié à la rédaction de cet article.<br />

Charge de travail et son impact sur le stress<br />

et la satisfaction <strong>du</strong> pharmacien communautaire<br />

Étude analysÉe: Lea VM, Corlett SA, Rodgers RM. Workload and its impact on community pharmacists’job satisfaction and stress.<br />

A review of the literature. Int J Pharm Pract. 2012; 20: 259-71.<br />

Objectifs d’apprentissage :<br />

1. Identifier l’impact de la charge de travail sur le stress et la satisfaction <strong>du</strong> pharmacien communautaire.<br />

2. Être en mesure d’utiliser des données portant sur la recherche évaluative des pratiques pharmaceutiques<br />

pour améliorer sa pratique professionnelle.<br />

Objectif de l’étude<br />

Déterminer la nature de la charge de travail des<br />

pharmaciens communautaires et son évolution<br />

depuis les années 1990. Examiner les associations<br />

probables entre leur charge de travail, leur état de<br />

stress et la satisfaction qu’ils retirent de leur travail.<br />

Plan et lieu<br />

La revue documentaire a été réalisée par des pharmaciens<br />

membres <strong>du</strong> département de pharmacie de<br />

la Medway School of Pharmacy au Royaume-Uni.<br />

Participants<br />

Huit banques de données ont été consultées de<br />

1995 à 2011, soit Web of Science, ScienceDirect,<br />

Medline, CINAHL, NeLM, International Pharmaceutical<br />

Abstracts, Pharmacy Practice Research<br />

Trust et le RPSGB. Deux journaux ont été consultés<br />

sur papier, soit le Pharmaceutical Journal et The<br />

international Journal of Pharmacy Practice.<br />

Ont été incluses les études respectant les critères<br />

suivants : mesure et/ou description de la charge de<br />

travail <strong>du</strong> pharmacien, quels que soient le type<br />

d’officine et la relation <strong>avec</strong> le stress et la satisfaction<br />

au travail. Ont été exclues les études sur les<br />

services pharmaceutiques par Internet, celles en<br />

rapport <strong>avec</strong> des secteurs autres que la pharmacie<br />

communautaire, celles qui ne différencient pas la<br />

charge de travail des pharmaciens <strong>avec</strong> celle des<br />

autres collaborateurs de la pharmacie, celles qui<br />

examinent la satisfaction au travail et le stress sans<br />

toutefois les relier à la charge de travail et celles<br />

effectuées en dehors de la Grande-Bretagne.<br />

Interventions<br />

Cette revue ne recense aucune intervention pharmaceutique<br />

spécifique, mais s’intéresse au travail usuel<br />

<strong>du</strong> pharmacien en pharmacie communautaire.<br />

Paramètres évalués<br />

Les termes recherchés dans les bases de données<br />

étaient les suivants : pharmacie; pharmacien; communautaire;<br />

vente; dispensation; travail; charge de<br />

travail, mesure <strong>du</strong> travail; tâches; pro<strong>du</strong>ctivité;<br />

satisfaction au travail; stress au travail. Des méthodes<br />

quantitatives et qualitatives ont été utilisées<br />

pour évaluer ces paramètres. La charge de travail a<br />

été mesurée, notamment à l’aide de méthodes<br />

observationnelles et d’un journal de bord tenu par<br />

le pharmacien. L’état de stress des pharmaciens<br />

ainsi que la satisfaction qu’ils retirent de leur travail<br />

ont été mesurés, notamment à l’aide de questionnaires,<br />

d’interviews au téléphone et en personne.<br />

Résultats<br />

Treize études ont été retenues, cinq ont été publiées<br />

dans les années 1990, contre huit dans les années<br />

2000. Parmi ces études, six donnent une description<br />

de l’activité <strong>du</strong> pharmacien et de la façon dont son<br />

temps est utilisé, et sept illustrent le comportement<br />

<strong>du</strong> pharmacien (dont la satisfaction à son travail) face<br />

à la surcharge de travail et au stress qui en découle.<br />

De cette revue, nous retenons les éléments-clés<br />

suivants : en ce qui concerne la charge de travail, les<br />

résultats des études montrent de façon générale<br />

que le pharmacien consacre la majeure partie de<br />

son temps (51 %-75 %) à l’exécution des ordonnances,<br />

10 %-25 % de son temps aux conseils aux<br />

patients et 25 % de son temps aux tâches administratives.<br />

En outre, le nombre d’heures travaillées<br />

est en hausse et l’équilibre travail-famille est plus<br />

difficile à maintenir. Certaines données détaillées<br />

nous étonnent (p. ex., le temps associé à un conseil<br />

pour des médicaments en vente libre est significativement<br />

plus long que pour un médicament d’ordonnance,<br />

le stress perçu est plus élevé en officine<br />

qu’en établissement de santé).<br />

En ce qui concerne le degré de stress des pharmaciens<br />

et la satisfaction au travail, la charge de travail<br />

influe négativement sur les décisions professionnelles<br />

des pharmaciens nouvellement diplômés.<br />

Une charge de travail importante implique que le<br />

pharmacien fera moins de pauses et donc, possiblement,<br />

plus d’erreurs. D’autres facteurs tels que l’isolement<br />

professionnel, les changements apportés à<br />

la pratique professionnelle ainsi que les obligations<br />

de formation continue des pharmaciens contribuent<br />

à augmenter leur stress au travail.<br />

La satisfaction que retirent les pharmaciens de leur<br />

travail est peu documentée. Le point principal révélé<br />

par les études est que leur niveau de satisfaction augmente<br />

lorsqu’ils voient leur rôle clinique augmenté.<br />

Conclusion<br />

Les auteurs concluent qu’une augmentation marquée<br />

de la charge de travail des pharmaciens est<br />

présente depuis plusieurs années et qu’elle continue<br />

à s’accroître. Les auteurs soulignent qu’une<br />

optimisation de la délégation de certaines tâches,<br />

notamment au personnel technique, pourrait<br />

contribuer à ré<strong>du</strong>ire la charge de travail et à augmenter<br />

la satisfaction.<br />

Discussion<br />

Il existe peu de données sur la charge de travail et<br />

son impact sur la satisfaction et le stress au travail<br />

pour les pharmaciens exerçant en milieu communautaire.<br />

Bien que réalisée en Europe, cette étude<br />

porte sur le système de santé britannique qui comporte<br />

des similarités <strong>avec</strong> le nôtre quant à la pratique<br />

pharmaceutique. La revue documentaire met<br />

en évidence une charge de travail importante et<br />

croissante pour les pharmaciens d’officine, un<br />

stress professionnel, des risques d’erreurs médicamenteuses<br />

accrus et une plus grande insatisfaction.<br />

Il est intéressant de souligner que plusieurs études<br />

font ressortir l’utilisation de journaux de bord que<br />

rédigent les pharmaciens eux-mêmes afin de documenter<br />

leur charge de travail. Bien que ce type d’outil<br />

soit très subjectif et qu’il repose sur la déclaration<br />

personnelle des participants, il peut être très utile. Si<br />

le nombre d’ordonnances de médicaments ou d’actes<br />

facturés aux tiers payeurs représente les unités de<br />

mesure les plus souvent utilisées en pharmacie pour<br />

décrire la charge de travail, la tâche <strong>du</strong> pharmacien<br />

Suite à la page 37 <br />

www.<strong>Profession</strong>sante.ca | avril – Mai 2013 | Québec Pharmacie | 35


d’une page<br />

à l’autre<br />

Texte rédigé par Myriam Berruyer, interne en pharmacie, Université de Montpellier,<br />

et assistante de recherche, Unité de recherche en pratique pharmaceutique (URPP),<br />

CHU Sainte-Justine, et Jean-François Bussières, B. Pharm., M. Sc., MBA, FCSHP,<br />

Département de pharmacie et URPP, CHU Sainte-Justine et professeur titulaire<br />

de clinique, Faculté de pharmacie, Université de Montréal.<br />

Texte original soumis<br />

le 25 janvier 2013.<br />

Texte final remis<br />

le 24 mars 2013.<br />

Révision scientifique:<br />

Nicolas Paquette-<br />

Lamontagne, B. Pharm.,<br />

M.Sc., MBA, PMP.<br />

Les auteurs et le réviseur scientifique ne déclarent aucun conflit d’intérêts lié à la rédaction de cet article.<br />

Bon usage des médicaments: rétroaction électronique<br />

vs intervention par un pharmacien dans les GMF<br />

Étude analysÉe: Avery AJ, Rodgers S, Cantrill JA, Armstrong S, Cresswell K, Eden M, Elliott RA, Howard R, Kendrick D, Morris CJ, Prescott<br />

RJ, Swanwick G, Franklin M, Putman K, Boyd M, Sheikh A. A pharmacist-led information technology intervention for medication errors<br />

(PINCER): A multicentre, cluster randomised, controlled trial and cost-effectiveness analysis. Lancet 2012; 379 (9823): 1310-13.<br />

Objectifs d’apprentissage:<br />

1. Comparer l’impact d’une rétroaction électronique et d’une intervention par un pharmacien dans un contexte de GMF<br />

2. Être en mesure d’utiliser des données portant sur la recherche évaluative des pratiques pharmaceutiques<br />

pour améliorer sa pratique professionnelle<br />

Objectif de l’étude<br />

Évaluer l’efficacité <strong>du</strong> programme PINCER (Pharmacist-led<br />

information-technology intervention for<br />

medication errors) pour la sécurité de prescription<br />

et la surveillance de la thérapie médicamenteuse,<br />

par rapport à des alertes électroniques sans intervention<br />

humaine. Analyser le rapport coût/efficacité<br />

par erreur médicamenteuse évitée grâce à ce<br />

programme.<br />

Plan et lieu de l’étude<br />

Étude contrôlée, randomisée par groupes et multicentrique.<br />

La randomisation était stratifiée par établissement<br />

(Manchester et Nottingham) et par la<br />

taille des cohortes de patients par groupe de médecine<br />

de famille (GMF) (< 2500 patients, 2500-6000<br />

et > 6000).<br />

Participants<br />

Les GMF des UK National Health Services situés<br />

près de Manchester et de Nottingham ont été approchés<br />

entre le 11 juillet 2006 et le 8 août 2007. Ces<br />

groupes devaient avoir un système de prescription<br />

électronique et recevoir les résultats de laboratoire<br />

électroniquement depuis au moins<br />

15 mois. Ont été exclus les groupes qui ne documentaient<br />

pas les facteurs de morbidité ou les ordonnances<br />

de médicaments dans un dossier électronique.<br />

Intervention<br />

Le groupe de recherche a identifié 12 critères de<br />

bon usage qui ont été paramétrés sous forme<br />

d’alerte électronique ou d’intervention pharmaceutique<br />

(PINCER). Le groupe témoin ne bénéficiait<br />

que des alertes électroniques. Lors de la<br />

mesure des ordonnances de médicaments et de<br />

tests de laboratoire saisies, le médecin recevait une<br />

alerte électronique pour les ordonnances jugées<br />

potentiellement non conformes aux cri tères de<br />

bon usage. Les médecins disposaient de 12 semaines<br />

pour corriger leur pratique.<br />

Le groupe « intervention » bénéficiait <strong>du</strong> programme<br />

PINCER sous l’égide <strong>du</strong> pharmacien. À<br />

partir d’un rapport-synthèse des alertes électroniques<br />

générées par prescripteur, le pharmacien<br />

organisait une rencontre multidisciplinaire pour<br />

parler des écarts de pratique, mettre en perspective<br />

les données probantes, proposer des actions correctrices<br />

et discuter des cas cliniques. Du matériel<br />

é<strong>du</strong>catif était remis. L’intervention pharmaceutique<br />

était soutenue par des stratégies visant à<br />

ré<strong>du</strong>ire les erreurs médicamenteuses. Les médecins<br />

disposaient de 12 semaines pour apporter des<br />

correctifs à leur pratique.<br />

Paramètres évalués<br />

Les données ont été recueillies avant le début de<br />

l’intervention, à 6 mois et à 12 mois de suivi. Les<br />

critères de bon usage ont été sélectionnés en raison<br />

de leur impact dans la pratique courante, de<br />

leur impact potentiel sur la ré<strong>du</strong>ction des risques<br />

et de leur capacité de détection par un logiciel<br />

informatique lors des soins courants. Trois critères<br />

ont été considérés comme l’issue primaire :<br />

ordonnance d’anti-inflammatoires non stéroïdiens<br />

(AINS) chez des patients <strong>avec</strong> antécédents<br />

d’ulcère, non accompagnée de l’ordonnance d’un<br />

inhibiteur de la pompe à protons (IPP), ordonnance<br />

de bêtabloquants chez des patients asthmatiques<br />

et, enfin, ordonnance à long terme d’inhibiteurs<br />

de l’enzyme de conversion de<br />

l’angiotensine ou d’inhibiteurs de l’anse chez des<br />

patients de plus de 75 ans, sans bilan électrolytique<br />

ni mesure de l’urée <strong>du</strong>rant les 15 mois précédents.<br />

Huit issues secondaires et deux issues composites<br />

ont également été analysées. Une analyse<br />

en intention de traiter a été utilisée.<br />

En ce qui concerne l’analyse coût/efficacité, l’issue<br />

était le nombre d’erreurs médicamenteuses<br />

identifiées dans les deux groupes à 6 et<br />

12 mois après la période d’intervention. Les auteurs<br />

ont pris en considération les coûts directs associés<br />

aux rapports des alertes électroniques générées,<br />

ainsi que les coûts liés à l’organisation <strong>du</strong> programme<br />

PINCER. Les coûts associés aux séquelles<br />

résultant des erreurs médicamenteuses n’ont pas<br />

été inclus dans l’analyse. Une courbe d’acceptabilité<br />

a été créée afin d’évaluer la probabilité que les<br />

coûts de l’intervention par erreur évitée soient<br />

acceptés par les décideurs.<br />

Résultats<br />

Au total, 72 GMF sur 240 (30 %) ont été recrutés.<br />

Trente-six groupes ont été randomisés au groupe<br />

témoin, représentant 32 938 patients à risque au<br />

début de l’étude. Trente-six groupes ont été randomisés<br />

au groupe intervention, représentant<br />

30 399 patients à risque au début de l’étude. Le profil<br />

socio-économique des groupes de médecine<br />

participants était similaire à celui des groupes<br />

n’ayant pas participé à l’étude, bien que les groupes<br />

participants aient généralement été plus importants<br />

en taille et aient souvent comporté une mission<br />

é<strong>du</strong>cative.<br />

Après six mois de suivi, on a observé une diminution<br />

significative de la prévalence d’erreurs<br />

médicamenteuses en faveur <strong>du</strong> groupe intervention<br />

pour les trois issues primaires : diminution des<br />

ordonnances d’AINS sans IPP (51/1852 vs 86/2014<br />

– RC : 0,58 – IC 95 % : 0,38-0,89), des ordonnances<br />

de bêtabloquants chez des patients asthmatiques<br />

(658/22224 vs 499/20312 – RC : 0,73 – IC 95 % :<br />

0,58-0,91) et des ordonnances à long terme d’IECA<br />

ou de diurétique de l’anse sans bilan de la fonction<br />

rénale (436/5329 vs 255/4851 – RC : 0,51 – IC 95 % :<br />

0,34-0,78).<br />

L’analyse des mesures secondaires à six mois a<br />

montré une diminution significative des erreurs<br />

médicamenteuses de suivi pour les patients sous<br />

warfarine (pas d’INR réalisé dans les trois mois) en<br />

faveur <strong>du</strong> groupe intervention (52/1720 vs 78/1618<br />

– RC : 0,53 – IC 95 % : 0,29-0,95), ainsi qu’une diminution<br />

significative des erreurs médicamenteuses<br />

36 | Québec Pharmacie | avril – Mai 2013 | www.<strong>Profession</strong>sante.ca


de suivi (pas de bilan de la fonction thyroïdienne<br />

dans les derniers 6 mois sous amiodarone)<br />

des patients sous amiodarone (81/242 vs<br />

106/235 – RC : 0,57 – IC 95 % : 0,36-0,92). Les<br />

participants au groupe intervention étaient<br />

moins à risque de souffrir d’au moins un problème<br />

lié à une ordonnance de médicament<br />

(553/24073 vs 752/263229 – RC : 0,71 – IC 95 % :<br />

0,59-0,86) ou d’un problème de suivi (584/6963<br />

vs 868/7409 – RC : 0,56 – IC 95 % : 0,44-0,70).<br />

Après 12 mois de suivi, on observait toujours<br />

une diminution significative de la prévalence<br />

d’erreurs médicamenteuses en faveur <strong>du</strong><br />

groupe intervention pour deux des trois critères<br />

principaux (bêtabloquant/asthme; IECA<br />

ou diurétique de l’anse/fonction rénale).<br />

L’analyse coût/efficacité a évalué un ratio<br />

incrémentiel d’environ 100 $CAN par erreur<br />

médicamenteuse évitée à 6 mois et par erreur<br />

médicamenteuse évitée à 12 mois. Puisque le<br />

taux de ré<strong>du</strong>ction des erreurs médicamenteuses<br />

a été maintenu à 12 mois, les auteurs suggèrent<br />

une intervention pharmaceutique annuelle.<br />

Conclusion<br />

L’étude montre que l’intervention des pharmaciens<br />

dans le cadre <strong>du</strong> programme PINCER est<br />

plus efficace qu’une simple rétroaction électronique<br />

pour ré<strong>du</strong>ire le nombre de patients à risque<br />

de recevoir une ordonnance ou un suivi<br />

thérapeutique pharmacologique inadapté.<br />

Discussion<br />

Cette étude met en évidence la valeur ajoutée<br />

de la présence ponctuelle des pharmaciens<br />

afin d’optimiser l’utilisation d’alertes électroniques<br />

auprès de médecins de famille en cabinet.<br />

De façon générale, elle montre une baisse<br />

<strong>du</strong> risque d’erreurs médicamenteuses (découlant<br />

d’ordonnances non conformes dont les<br />

critères de bon usage ont été établis à partir de<br />

données probantes).<br />

En pratique communautaire, les pharmaciens<br />

sont exposés à de nombreux critères de<br />

bon usage (p. ex., lignes directrices de l’Institut<br />

national d’excellence en santé et en services<br />

sociaux <strong>du</strong> Québec, littérature scientifique<br />

primaire et secondaire, guides de pratique de<br />

sociétés savantes, ordonnances collectives).<br />

Pour certains décideurs, il paraît possible<br />

d’optimiser le bon usage des médicaments en<br />

ajoutant simplement des alertes électroniques<br />

aux outils utilisés.<br />

Cette étude révèle que le pharmacien peut<br />

améliorer significativement ce bon usage en<br />

organisant des rencontres structurées <strong>du</strong>rant<br />

lesquelles les alertes sont discutées périodiquement.<br />

À une époque où l’électronique ne fait<br />

que gagner <strong>du</strong> terrain, il est illusoire de penser<br />

que l’ajout d’alertes aux moindres gestes de saisies<br />

électroniques favorisera des pratiques<br />

conformes. Des études montrent une désensibilisation<br />

et un évitement croissant des utilisateurs<br />

qui ignorent et contournent les alertes.<br />

Avec l’ajout de nouvelles activités réservées en<br />

pratique pharmaceutique au Québec, dans la<br />

foulée <strong>du</strong> projet de loi 41, les pharmaciens<br />

devraient profiter de ce type d’étude pour ajouter<br />

à leur pratique un volet clinico-administratif<br />

et l’organisation périodique de rencontres<br />

d’échange sur le bon usage des médicaments.<br />

Les comités régionaux sur les services pharmaceutiques<br />

de certaines régions ont d’ailleurs<br />

déjà évoqué cet aspect. ■<br />

Charge de travail – Suite de la page 35<br />

est beaucoup plus complexe que ne le reflètent ces unités<br />

de mesure. En effet, plusieurs activités pharmaceutiques<br />

réalisées en nombre limité peuvent être fastidieuses et<br />

influer significativement sur la charge de travail (p. ex.,<br />

explication à la clientèle de changements apportés aux<br />

modalités de remboursement des médicaments, gestion<br />

d’une rupture d’approvisionnement, continuité de soins<br />

<strong>avec</strong> le milieu hospitalier, surveillance de la thérapie<br />

médicamenteuse, documentation appropriée des interventions<br />

dans le dossier informatisé, gestion d’une alerte<br />

<strong>avec</strong> un ordre professionnel).<br />

Si la mesure quotidienne de toutes les activités est<br />

sans doute fastidieuse et peu réaliste, un échantillonnage<br />

de celles-ci (p. ex., une semaine tous les trois mois)<br />

pourrait permettre d’établir un profil évolutif de l’activité<br />

pharmaceutique. Des étudiants en formation<br />

pourraient contribuer à cette observation directe et à<br />

cette documentation. Aussi, des exercices de réorganisation<br />

<strong>du</strong> travail <strong>avec</strong> de l’aide externe en consultation<br />

professionnelle peuvent permettre de capturer la<br />

variété et la complexité de l’activité pharmaceutique.<br />

Dans l’enquête Tendances et perspectives menée par<br />

l’équipe de L’actualité pharmaceutique en 2011 2 , les<br />

pharmaciens rapportent 12 enjeux relatifs à l’exercice<br />

de la pharmacie au Canada, notamment le manque de<br />

temps/ressources (58 % des répondants), la charge de<br />

travail trop lourde (47 % des répondants) et le manque<br />

de pharmaciens (15 %). L’émergence des ordonnances<br />

collectives depuis une décennie et, plus récemment,<br />

des activités réservées découlant <strong>du</strong> projet de loi 41<br />

contribueront à augmenter la charge de travail des<br />

pharmaciens en milieu communautaire. ■<br />

lecture suggÉrÉe : Alain M. Tendances et perspectives<br />

– Sondage auprès des pharmaciens communautaires. [En<br />

ligne. Site visité le 22 janvier 2013.] www.professionsante.ca/<br />

pharmaciens/actualites/tendances-et-perspectives-sondageaupres-des-pharmaciens-communautaires-14925<br />

Questions de<br />

FC<br />

Répondez en ligne sur www.professionsante.ca,<br />

section Ma FC en ligne; rechercher Québec Pharmacie, avril-mai 2013.<br />

Date limite : 22 avril 2014. Donne 4 UFC.<br />

11. En ce qui concerne la charge de travail et son impact sur le stress<br />

et la satisfaction au travail <strong>du</strong> pharmacien communautaire,<br />

indiquez, parmi les énoncés suivants, celui qui est faux.<br />

A En ce qui concerne la charge de travail, les résultats des études<br />

montrent que le pharmacien consacre la majeure partie de son temps<br />

(51-75 %) à l’exécution des ordonnances, 25-45 % de son temps<br />

aux conseils aux patients et 25 %, aux tâches administratives.<br />

B La satisfaction que retirent les pharmaciens de leur travail est peu<br />

documentée. Le point principal révélé par les études est que le niveau<br />

de satisfaction augmente lorsque les pharmaciens voient leur rôle<br />

clinique augmenté.<br />

C Des facteurs tels que l’isolement, les changements apportés à la<br />

pratique professionnelle ainsi que les obligations de formation continue<br />

des pharmaciens contribuent à augmenter leur stress au travail.<br />

D Les pharmaciens d’officine devraient profiter de ce type d’études<br />

pour établir, au sein de leur milieu de pratique, un outil commun<br />

permettant de mieux décrire la charge de travail au fil <strong>du</strong> temps.<br />

E Dans l’enquête Tendances et perspectives menée en 2011,<br />

58 % des répondants mentionnent le manque de temps/ressources<br />

comme un enjeu relatif à l’exercice de la pharmacie au Canada.<br />

12. En ce qui concerne le bon usage des médicaments<br />

et l’essai présenté, indiquez l’énoncé qui est faux <br />

A Après six mois de suivi, on a observé une diminution significative<br />

de la prévalence d’erreurs médicamenteuses en faveur <strong>du</strong> groupe<br />

intervention pour les trois mesures primaires.<br />

B L’analyse des mesures secondaires à six mois a montré une<br />

diminution significative des erreurs médicamenteuses de suivi<br />

pour les patients sous warfarine.<br />

C Les participants au groupe intervention étaient moins à risque<br />

d’avoir au moins un problème lié à une ordonnance de médicament<br />

ou un problème de suivi.<br />

D L’analyse coût/efficacité a évalué un ratio incrémentiel d’environ<br />

200 $CAN) par erreur médicamenteuse évitée à six mois.<br />

E Après 12 mois de suivi, on observait toujours une diminution<br />

significative de la prévalence d’erreurs médicamenteuses en faveur<br />

<strong>du</strong> groupe intervention pour deux des trois critères principaux.<br />

www.<strong>Profession</strong>sante.ca | avril – Mai 2013 | Québec Pharmacie | 37

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