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PORTRAIT
Vincennois depuis plus de quarante ans, le poète Charles Dobzynski a reçu au cours
du mois de février la prestigieuse bourse Goncourt de la poésie. Une consécration
qui récompense l’ensemble de son œuvre, aussi prolifi que que diverse.
Dans le cercle des Goncourt
Il est heureux. Heureux
et honoré, Charles
Dobzynski. Un peu
ému, même s’il ne l’avoue
pas. Recevoir un prix pour
l’ensemble de son œuvre,
ça marque un homme.
« Cette bourse
est un signe de
reconnaissance de
la part de l’une des
plus importantes
institutions
littéraires du
pays », confie le
poète. Certains de
ses ouvrages ont
déjà été primés
par le passé,
mais l’œuvre de
toute une vie…
Et par l’académie
Goncourt ! Des
mots, des vers, des
textes, accumulés
depuis son adolescence, « une
mer toujours recommencée,
une polyphonie », selon les
propres termes de l’écrivain
Robert Sabatier.
Arrivé de Pologne au début
des années trente avec ses
parents, Charles Dobzynski
parle à l’époque polonais
et yiddish. Le français, il
va l’apprendre, « à vitesse
grand V », sur les bancs de
l’école communale. Mais la
Seconde Guerre mondiale
éclate et avec elle son lot
d’horreurs. Obligé de fuir
Paris avec sa mère et de
vivre dans la clandestinité
pour échapper aux nazis,
le jeune Dobzynski dévore
Rimbaud, Lautréamont, Jules
Verne, Alexandre Dumas,
Bio express
1929 : naissance
à Varsovie,
Pologne
1949 : Paul
Éluard présente
ses textes
1971 : Anthologie
de la poésie
yiddish
1999 : Lancement
de la revue
Aujourd’hui
poème
Lamartine… « Je lisais tout ce
qui me tombait sous la main.
J’achetais les Classiques
Fayard, qui ne valaient que
quelques centimes. » Naît
ainsi l’envie irrépressible
de poser ses propres mots
sur la vie.
Aujourd’hui,
les rayons de
sa bibliothèque
débordent de ses
œuvres. Dans
son appartement
vincennois, les
souvenirs de ces
années littéraires
raisonnent encore :
photographies
de Neruda, de
René Char et
de Paul Éluard,
son « parrain »
poétique. « En
1949, la revue Les
Lettres françaises a organisé
un concours, La Poésie
des Inconnus. Des textes
de jeunes poètes étaient
sélectionnés par un jury,
et présentés ensuite par un
artiste notoire. » Les poèmes
de Charles Dobzynski sont
retenus. C’est Paul Éluard qui
se charge de les présenter.
Pour un début de carrière,
on peut rêver pire !
Des poèmes
plein la tête
Après ce « lancement
fulgurant », le poète s’attèle
à une tout autre aventure,
le journalisme. Il fait ses
premières armes aux côtés
de Louis Aragon à Ce soir.
Son premier reportage : un
congrès d’anesthésiologie
à Paris. Au fil des mois,
il couvre de nombreuses
rubriques, dont celle dédiée
au cinéma, sous le nom
de Michel Capdenac. Les
collaborations s’enchaînent,
France Soir, Les Lettres
Françaises et, depuis
1972, la revue Europe, où
il occupe actuellement le
poste de rédacteur en chef.
Parallèlement à son travail,
Charles Dobzynski écrit :
poèmes, nouvelles, L’Opéra
de l’Espace, La vie est un
orchestre, Le Commerce
des Monde… À 77 ans et
avec une bibliographie aussi
longue qu’un curriculum vitae
de ministre, il continue sa
route poétique avec ferveur,
loin d’être « rassasié ». Des
projets en cours, des ouvrages
à paraître d’ici quelques
mois * : boulimique, Charles
Dobzynski – boulimique et
passionné. Dans le halo de
lumière de son bureau, il
savoure la tranquillité et le
calme vincennois, qui ont vu
naître la majeure partie de
son œuvre. Et comme pour
rendre hommage à la ville,
son prochain récit, La Langue
du Bois, s’ouvre sur une
évocation de Vincennes. Mais
il faudra encore attendre
quelques mois avant de le lire.
Céline Authemayou
* Dernier ouvrage publié
de Charles Dobzynski, Corps à
réinventer, Éd. de la Différence.
Le printemps des poètes a lieu
du 4 au 12 mars 2006.
Vincennes • mars 2006
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