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A<br />
À LA BONNE HEURE<br />
MATTHIEU MARCHAL<br />
#I<br />
00.00 / Nosaj Thing<br />
– Drift (2009)<br />
02.00 / Eric Holm – Andøya<br />
(2014)<br />
T’es en soirée, il reste pas mal de temps<br />
encore avant l’aurore mais la playlist est déjà<br />
en perdition et personne ne semble avoir<br />
envie de prendre les devants. Tu observes<br />
les mouvements sociaux et tu commences<br />
à sentir le de devoir divin s’imposer en toi.<br />
Tu juges de l’ambiance, les conversations<br />
sont calmes mais éveillées et l’alcool se<br />
distille doucement dans les veines, il te faut<br />
quelque chose de pas trop up-tempo mais<br />
de suffisamment dynamique pour inviter les<br />
nuques à doucement entrer en mouvement.<br />
Tu sais maintenant qu’il n’y a que toi pour<br />
prendre l’initiative, oui toi, tu as le sort de la<br />
soirée entre les mains. Ils ne le savent pas<br />
encore mais tu es l’élu, celui qui assure la<br />
transition entre aujourd’hui et demain. Alors<br />
tu te lèves, héros au grand cœur, et tu mets<br />
« Drift » de Nosaj Thing sur la platine. Parce<br />
qu’en plus de ton immense courage, tu as bon<br />
goût.<br />
Insomnie. Les yeux sont grands ouverts.<br />
Ouverts par les pensées qui tournent en<br />
spirales, elles en génèrent d’autres qui en<br />
génèrent d’autres et l’on devient prisonnier<br />
d’une sensation qui griffe et obsède à tel<br />
point que tout le reste s’efface. Plutôt que<br />
de tourner en rond, autant profiter de nos<br />
cernes naissants pour offrir un bon contexte<br />
d’écoute à « Andøya » d’Eric Holm. Le garçon<br />
jusque-là inconnu au bataillon est allé capter<br />
des sons avec un microphone superpuissant<br />
sur des lignes haute-tension quelque part sur<br />
une île Norvégienne (chacun son obsession).<br />
Le résultat est incomparable et pourtant<br />
toujours sur le point de rupture, les basses<br />
déployées traversent la cage thoracique et la<br />
noise qui recouvre l’ensemble est tellement<br />
texturée qu’elle en devient un objet à part.<br />
L’ensemble oscille dans ses variations<br />
aléatoires et nous absorbe totalement<br />
dans une expérience sombre, intense et<br />
incroyablement captivante. Indescriptible,<br />
mais assurément un des disques les plus<br />
intéressants de l’année.