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C
CHRONIQUES LITTÉRAIRES
AXELLE VICTOIRE MINNE DE CHANGY
#I
« Parfois je rêve que je reviens à la fiction, je
me roule dedans, j’invente, j’élucubre, j’imagine,
j’opte pour le plus romanesque, le moins vraisemblable.
J’ajoute quelques péripéties, m’offre
des digressions, je suis mes chemins de traverse,
je m’affranchis du passé et de son impossible
vérité. Parfois je rêve au livre que j’écrirai
après, délivrée de celui-ci. »
Rien ne s’oppose à la
nuit,
Delphine de Vigan, éd. Jean-
Claude Lattès, 2011.
C’est l’histoire de Lucile, une petite fille à la
beauté irradiante, de Lucile, femme en devenir
échappée par la première porte, de Lucile,
enfin, mère. Mais pas que. C’est l’histoire de
Lucile avec ses tourments et ses aspirations,
de Lucile et les drames qui l’entourent, elle, et
sa famille, c’est l’histoire d’une construction
minutieuse où l’on démarre par la fin pour
décortiquer, petit à petit, ce qui aura mené à
ça, à tout ça. Lucile, c’est avant tout la mère
de l’auteur. Un personnage réel, auquel l’on se
confronte de visu, sans pudeur, sans gants,
mais avec ô combien de dentelle entre les
mots. Une construction remarquable, ciselée
avec précision, pour nous mettre en garde,
en bouche, en haleine, nous décrocher des
exclamations tout haut à la lecture… Ponctuée
ça et là d’interventions de l’écrivain et de
l’être humain qui rédige, qui doute, qui hésite
à poursuivre, qui persévère, qui est terrorisée
mais qui mènera son projet à terme, vaille que
vaille. Les apprendre par cœur. Une merveille !
N’oublie pas les
oiseaux,
Murielle Magellan – Julliard,
2014