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#I<br />

Octobre - Novembre - Décembre


L’ÉQUIPE ALPHABETA<br />

#I<br />

AXELLE MINNE VICTOIRE DE CHANGY JEHANNE MOLL ELLI MASTOROU MATTHIEU MARCHAL<br />

AURÉLIA MORVAN SÉBASTIEN HANESSE FLORENCE<br />

VANDENDOOREN<br />

ÉMELINE BRULÉ<br />

QUYNH-ANH PHAM<br />

CHARLOTTE BEAUPÈRE<br />

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TABLE DES MATIÈRES<br />

A<br />

B<br />

C<br />

D<br />

E<br />

A la bonne heure<br />

Chroniques musicales<br />

Bienvenue au BAM Festival<br />

Interview<br />

Chroniques littéraires<br />

Double je<br />

Interview de Céline<br />

Sciamma<br />

Everybody can dance<br />

Interview de If Human<br />

F<br />

G<br />

H<br />

Foggy Flowers<br />

Edito photo par Alice<br />

Lemarin<br />

Garder une image de l’été<br />

Billet d’humeur par Justine<br />

Neubach<br />

Happy birthday, AB<br />

Souvenirs<br />

L’illustration #I<br />

Maud Zabcynski<br />

Jouer décalé<br />

Interview de Moutain Bike<br />

K<br />

L<br />

M<br />

N<br />

O<br />

Kaléidoscope extatique<br />

Interview de Lara<br />

Gasparotto<br />

L’effet de Maud<br />

Interview de Maud<br />

Zabczynski<br />

Miko’s stories<br />

Interview de Pauline Miko<br />

Nouchi, L-G<br />

Interview L-G Nouchi<br />

Orageux épiciers<br />

Interview


TABLE DES MATIÈRES<br />

#G<br />

Q<br />

R<br />

S<br />

T<br />

Petite annonce<br />

Queen Moustache<br />

Interview d’Aurélie William<br />

Levaux<br />

Rose piqué à vif<br />

Exposition de Richard<br />

Mosse<br />

Swimming Pool<br />

Edito photo par Jehanne<br />

Moll<br />

Top 10 : Cinéma d’art &<br />

d’essai<br />

U<br />

V<br />

W<br />

X<br />

Y<br />

Un beau brin de fille<br />

Interview de Gaëlle Sutour<br />

Va voir ailleurs<br />

Wind & Nature<br />

Interview de Kings of<br />

Edelgran<br />

Xavier Diskeuve<br />

Les premières fois<br />

Z<br />

Zoom sur Alphabeta


EDITO<br />

AXELLE MINNE<br />

#I<br />

EDITO<br />

Déjà quelques jours que la rentrée s’est<br />

installée dans les quotidiens de chacun<br />

d’entre nous. Retour au boulot, reprise<br />

d’un rythme de croisière ponctué par<br />

quelques apéros, douceur ocre, en terrasse,<br />

métro-boulot-dodo que l’on essaye<br />

de repousser encore un peu… Il y a toujours<br />

dans l’air, à cette période de l’année,<br />

un curieux mélange d’effervescence et de<br />

torpeur tiède ; entre la nouvelle année qui<br />

débute, emplie de projets et de nouveaux<br />

espoirs, et l’été qui se dissipe peu à peu,<br />

nous laissant ses souvenirs qui sentent<br />

bon la peau rougie au soleil.<br />

Ici, la rentrée s’annonce pleine de rebondissements,<br />

de nouvelles têtes et d’idées<br />

concrètes à mettre en place. Mais si l’humeur<br />

se met tout doucement au travail,<br />

elle aime aussi se complaire un peu dans<br />

des reliques estivales. Là où il fait bon se<br />

prélasser encore un tout petit peu.<br />

Oui là, juste là.<br />

I comme Indolente, I comme Intrépide.<br />

Cette huitième édition oscille, elle aussi,<br />

entre une volonté furieuse de mettre le<br />

monde en branle et le désir de profiter de<br />

quelques rayons sous son nouveau chandail,<br />

ou de filer, à la poudre d’escampette,<br />

vers des horizons plus radieux.<br />

Des images en bord de piscine ou de<br />

champs fleuris, des anniversaires, des<br />

révolutions à échelle humaine, des petits<br />

dessins que l’on aurait aimé gribouiller<br />

sur nos bancs d’école, des coups de cœur<br />

musicaux ramenés de notre été festivalier,<br />

des anciennes rubriques et puis de nouvelles,<br />

de quoi ravitailler sa bibliothèque<br />

ou filer en salle obscure indépendante à


EDITO<br />

AXELLE MINNE<br />

#I<br />

l’approche des journées moins longues…<br />

Comme une grande carte postale, de<br />

celles qu’on aime placarder au mur, et<br />

devant laquelle on ne peut s’empêcher<br />

d’esquisser un sourire…<br />

Avec vous


A<br />

À LA BONNE HEURE<br />

MATTHIEU MARCHAL<br />

#I<br />

À LA BONNE HEURE<br />

Quand on cherche un disque à écouter,<br />

le premier critère de sélection est souvent<br />

le moment de la journée. On en essaie un<br />

mais ce n’est pas trop ça, puis un autre et<br />

un autre jusqu’à trouver le bon, grosse prise<br />

de tête. Du coup on vous facilite un peu<br />

la tâche mais n’oubliez pas de prendre en<br />

compte la météo, le feng shui de la pièce et<br />

l’alignement des planètes, c’est important.


A<br />

À LA BONNE HEURE<br />

MATTHIEU MARCHAL<br />

#I<br />

08.00 / Ólafur Arnalds<br />

– Living Room Songs (2011)<br />

Durant une semaine, Ólafur Arnalds a composé<br />

une chanson par jour dans son salon, et<br />

chaque jour cette nouvelle composition était<br />

disponible gratuitement sur le web. C’était<br />

il y a quelques années maintenant, mais les<br />

sept titres finalement réunis dans l’album<br />

gardent ce quelque chose de très temporel<br />

et résistent à la disparition de son concept.<br />

Chaque piste résulte de sa propre combinaison<br />

aléatoire quotidienne : la lumière,<br />

le temps, l’humeur, la qualité du sommeil,<br />

les gens que l’on croise, les images qui ont<br />

retenu notre attention, avec constamment<br />

en filigrane l’empreinte du salon, du confort<br />

d’être chez soi. L’autorisation de relâcher les<br />

épaules. Si c’est le piano qui dans les premières<br />

notes capte notre attention, doucement,<br />

celui-ci se dissipe - ou plutôt se dilue,<br />

dans de plus grandes évocations : les instruments<br />

à cordes qui chauffent implicitement<br />

comme le poing se serre ou les larmes qui<br />

menacent de se déverser, et les manipulations<br />

électroniques qui faussent le rythme<br />

cardiaque, qui détournent la pensée. Doucement<br />

pris et doucement relâchés, Living<br />

Room Songs est le premier disque à écouter<br />

de la journée parce qu’Ólafur est là pas loin,<br />

on peut parfois entendre son tabouret grincer<br />

sur le parquet et des pas au loin. Il est bon<br />

d’être chez soi.<br />

10.00 / The Broken Circle<br />

Breakdown Bluegrass Band<br />

– The Broken Circle<br />

Breakdown (2013)<br />

Au risque de déplaire aux puristes du bluegrass<br />

qui ne savent quoi penser de la hype<br />

soudaine du genre suite au succès du film<br />

The Broken Circle Breakdown de Felix Van<br />

Groeningen, on vous en touche quand même<br />

quelques mots tant la bande originale du film<br />

est une belle porte d’entrée vers les vastes<br />

territoires du bluegrass et de la country en<br />

général. D’autant plus que jamais ni le réalisateur<br />

ni le compositeur Bjorn Eriksson<br />

n’avaient prévu que le film génère un tel<br />

engouement. Et pourtant, depuis sa sortie<br />

au cinéma, le groupe fictif est devenu réel.<br />

Les deux acteurs principaux entourés de cinq<br />

musiciens se sont lancés dans plus d’une<br />

année de concerts à l’honneur de Bill Monroe,<br />

entre reprise de titres cultes et compositions<br />

contemporaines. Alors si des titres comme<br />

l’emblématique « The boy who wouldn’t hoe<br />

corn », le chaloupé « Country in my genes »<br />

ou encore l’instrumental « Sand mountain »<br />

permettent aux gens accrochés par le son de<br />

découvrir le genre et de creuser un peu pour<br />

découvrir ce qui se cache derrière, on n’y voit<br />

aucun problème. Bien au contraire.


A<br />

À LA BONNE HEURE<br />

MATTHIEU MARCHAL<br />

#I<br />

12.00 / Sharon Van Etten<br />

– Are We There (2014)<br />

14.00 / Mac DeMarco<br />

– Salad Days (2014)<br />

Midi, les images la soirée de la veille sont<br />

toujours brouillées, les choses restées en<br />

suspens languissent au fond de la gorge. Les<br />

émotions reviennent doucement, l’écume de la<br />

nuit passée, des yeux lourds, du sommeil qui<br />

ne vient pas et de l’ivresse qui se transforme,<br />

dangereuse. Difficile de s’y retrouver. Estce<br />

triste parce que c’était beau ou beau<br />

parce que triste Les questions deviennent<br />

migraine flottante oppressée par l’obligation<br />

de la journée productive, tout va trop vite que<br />

pour s’arrêter, alors on garde tout, toujours,<br />

au milieu de la gorge, et on avance jusqu’à en<br />

étouffer. Ca ne fonctionnera pas longtemps.<br />

On devrait s’échapper un peu plus, même à<br />

midi, même au travail, surtout quand le dernier<br />

album de Sharon Van Etten semble être fait<br />

pour l’introspection, pour la convalescence.<br />

D’une grâce lancinante, le disque est à fleur<br />

de peau mais ne tombe jamais dans le<br />

pleurnichage mélodramatique, il nous parle à<br />

tous, presque comme un manifeste à la vie. Il<br />

est mélancolique, il crie de tous ses poumons<br />

et se réfugie les jambes contre la poitrine,<br />

accolé au mur. Les accords claqués au piano,<br />

les cordes qui dansent, électriques, et Sharon,<br />

sa voix qui nous souffle de l’intérieur, qui<br />

finalement nous fait bomber le torse et lever la<br />

tête. Emouvant.<br />

Complètement dingue, super drôle et à priori<br />

pas crédible pour un sou, Mac Demarco révèle<br />

derrière ses airs de clown un songwriter d’une<br />

classe pas possible. Comme quoi, l’habit ne<br />

fait pas le moine, hé. Partisan du son lo-fi et<br />

des chansons enregistrées à l’arrache, on<br />

s’attendait à quelque chose un brin crade, mais<br />

là est le génie du jeune folkeux : c’est propre,<br />

fluide et intelligent. Tous les instruments sont<br />

un peu saouls, guitares fantaisie, synthés<br />

surannés et vision trouble. On se laisse aller<br />

à la joie ivre et son caractère changeant. Joie<br />

triste, joie excitée, joie fatiguée, joie dansante,<br />

joie érotique. Le tout dans une nonchalance<br />

naturelle qui fait de ce troisième disque du<br />

jeune Canadien un album parfait pour chiller<br />

en début d’après-midi.


A<br />

À LA BONNE HEURE<br />

MATTHIEU MARCHAL<br />

#I<br />

16.00 / Neneh Cherry<br />

– Blank Project (2014)<br />

Débutant sur un presque a capella, « Across<br />

The Water » prouve d’emblée que Neneh<br />

Cherry n’a rien perdu avec les années. Tout<br />

l’inverse, sa voix est devenue encore plus<br />

ahurissante. On pourrait penser l’espace d’un<br />

instant qu’elle a trouvé une forme de sagesse<br />

dans un minimalisme plus acoustique,<br />

mais c’est là qu’arrive « Blank Project »<br />

: percussions martiales, scintillements<br />

électroniques qui pulsent et la dame qui<br />

déborde d’énergie. Le disque se poursuit et<br />

devient de plus en plus impressionnant, ne se<br />

positionnant jamais dans aucun cadre. On y<br />

entend des influences hip-hop, des sonorités<br />

ultra-contemporaines, des arrangements rock<br />

et plus encore. Mais le vrai prodige du disque,<br />

c’est son rythme comme nul autre. Sur « Spit<br />

Three Times » on plonge en plein mantra,<br />

obsédés et convaincus par ses déclamations,<br />

avec le beat se rajoutent quelques notes de<br />

synthé, une cymbale, et ça suffit pour nous<br />

faire danser tant le rythme est bon ! C’est<br />

fou quand même. Le reste du disque est du<br />

même calibre (on notera le featuring rétro<br />

avec Robyn) et il y a fort à parier que même<br />

à plus de cinquante ans, Neneh Cherry nous<br />

enterrera tous.<br />

18.00 / Kendrick Lamar<br />

– Good Kid, M.A.A.D City<br />

(2012)<br />

Sortie du boulot : ce n’est pas du tout le<br />

moment pour relâcher l’énergie sinon on ne<br />

va rien faire de la soirée (et être un minimum<br />

social fait partie de nos obligations, si<br />

si). Bon moment pour écouter l’album de<br />

l’Américain Kendrick Lamar. Clairement<br />

dans une branche plutôt mainstream du hiphop<br />

actuel et ponctué de temps en temps<br />

par quelques clichés gangsta-shit (que l’on<br />

pourrait presque considérer comme des<br />

étapes obligées), il reste en nous que rien que<br />

pour certains moments d’une beauté dingue<br />

(le rap principal de « The Art Of Peer Pressure<br />

» ou « Black Boy Fly » et son instru ultraefficace),<br />

pour un passage kiffant de Madame<br />

Mary J. Blige sur « Now Or Never » et pour du<br />

hip-hop de club avec « Swimming Pools » (on<br />

aime tous danser gangsta avec un verre à 12€<br />

en main, no shame) le disque est absolument<br />

à écouter !


A<br />

À LA BONNE HEURE<br />

MATTHIEU MARCHAL<br />

#I<br />

20.00 / Christian Löffler<br />

– Young Alaska (2014)<br />

22.00 / Röyksopp & Robyn<br />

– Do It Again (2014)<br />

A mi-chemin entre electronica, house et (une<br />

once de) pop, le dernier Christian Löffler<br />

déploie un son précieux, calme et entraînant.<br />

Véritable carnet de voyage, il nous dépeint le<br />

contraste de l’Alaska et son jeu d’ombre et de<br />

lumière. A l’image du soleil absent en hiver<br />

et toujours présent en été, ce clair-obscur<br />

transparaît dans les passages bleus et les<br />

envolées étoffées. Beau de bout en bout, on<br />

saluera le trio « Notes – Beirut – Roman »<br />

pierre angulaire du disque et le génialissime «<br />

All Comes ».<br />

Oui, le cinq-titres de Röyksopp et Robyn<br />

sonne comme un cliché d’eurodance des<br />

années 2000, mais un cliché vachement bien<br />

branlé ! La première piste longue de près de<br />

dix minutes est la moins affectée par le clin<br />

d’œil kitsch du disque, déployant de longues<br />

phrases musicales ascendantes et descentes<br />

sur la voix lascive de Robyn - et quand le<br />

saxo, qui semble venir de loin, apparaît c’est<br />

plutôt sexy. Puis il y a « Say It », et là c’est la<br />

foire, boum, ça sort de nulle part, retour en<br />

2001 dans discothèque pleine de néons rosebordel,<br />

basses métronomiques et vieil ecsta<br />

de campagne. On garde l’ambiance mais on<br />

y rajoute un peu d’émotion et de BPM, hop ça<br />

donne « Do It Again » hommage ultra-réussi<br />

et décomplexé à ces groupes à sensation qui<br />

peuplaient les hit-parades d’il y a quelques<br />

années. Une bombe. Les deux dernières<br />

tracks clôturent l’album sur un spleen rythmé<br />

et édulcoré. Un plaisir coupable certes, mais<br />

un gros plaisir quand même.


A<br />

À LA BONNE HEURE<br />

MATTHIEU MARCHAL<br />

#I<br />

00.00 / Nosaj Thing<br />

– Drift (2009)<br />

02.00 / Eric Holm – Andøya<br />

(2014)<br />

T’es en soirée, il reste pas mal de temps<br />

encore avant l’aurore mais la playlist est déjà<br />

en perdition et personne ne semble avoir<br />

envie de prendre les devants. Tu observes<br />

les mouvements sociaux et tu commences<br />

à sentir le de devoir divin s’imposer en toi.<br />

Tu juges de l’ambiance, les conversations<br />

sont calmes mais éveillées et l’alcool se<br />

distille doucement dans les veines, il te faut<br />

quelque chose de pas trop up-tempo mais<br />

de suffisamment dynamique pour inviter les<br />

nuques à doucement entrer en mouvement.<br />

Tu sais maintenant qu’il n’y a que toi pour<br />

prendre l’initiative, oui toi, tu as le sort de la<br />

soirée entre les mains. Ils ne le savent pas<br />

encore mais tu es l’élu, celui qui assure la<br />

transition entre aujourd’hui et demain. Alors<br />

tu te lèves, héros au grand cœur, et tu mets<br />

« Drift » de Nosaj Thing sur la platine. Parce<br />

qu’en plus de ton immense courage, tu as bon<br />

goût.<br />

Insomnie. Les yeux sont grands ouverts.<br />

Ouverts par les pensées qui tournent en<br />

spirales, elles en génèrent d’autres qui en<br />

génèrent d’autres et l’on devient prisonnier<br />

d’une sensation qui griffe et obsède à tel<br />

point que tout le reste s’efface. Plutôt que<br />

de tourner en rond, autant profiter de nos<br />

cernes naissants pour offrir un bon contexte<br />

d’écoute à « Andøya » d’Eric Holm. Le garçon<br />

jusque-là inconnu au bataillon est allé capter<br />

des sons avec un microphone superpuissant<br />

sur des lignes haute-tension quelque part sur<br />

une île Norvégienne (chacun son obsession).<br />

Le résultat est incomparable et pourtant<br />

toujours sur le point de rupture, les basses<br />

déployées traversent la cage thoracique et la<br />

noise qui recouvre l’ensemble est tellement<br />

texturée qu’elle en devient un objet à part.<br />

L’ensemble oscille dans ses variations<br />

aléatoires et nous absorbe totalement<br />

dans une expérience sombre, intense et<br />

incroyablement captivante. Indescriptible,<br />

mais assurément un des disques les plus<br />

intéressants de l’année.


A<br />

À LA BONNE HEURE<br />

MATTHIEU MARCHAL<br />

#I<br />

04.00 / Bohren & Der Club<br />

Of Gore – Piano Nights<br />

(2014)<br />

Bonne nuit.


B<br />

BIENVENUE AU BAM FESTIVAL<br />

FLORENCE VANDENDOOREN<br />

#I<br />

BIENVENUE AU<br />

BAM FESTIVAL<br />

Du 30 septembre au 3 octobre prochain<br />

se tiendra à Liège le BAM Festival,<br />

consacré aux arts numériques.<br />

Premier évènement dédié aux arts<br />

électroniques dans la cité ardente,<br />

le BAM propose un panel d’activités<br />

variées mettant en valeur les créations<br />

d’artistes belges et internationaux.<br />

Concentré sur quatre jours, il se déploie<br />

sur divers sites de la ville présentant<br />

installations, performances live,<br />

workshops, conférences et tables<br />

rondes permettant des échanges avec<br />

divers professionnels du secteur. Il<br />

s’agit d’une collaboration avec l’Ecole<br />

Supérieure des Beaux-Arts de Liège<br />

et le Cadran, dans le cadre et avec le<br />

support de la Quinzaine Numérique


B<br />

BIENVENUE AU BAM FESTIVAL<br />

FLORENCE VANDENDOOREN<br />

#I<br />

de la Fédération Wallonie-<br />

Bruxelles ! Le noyau<br />

organisateur est piloté<br />

par Mike Latona, qui s’est<br />

prêté pour nous au jeu des<br />

questions-réponses<br />

Mike Latona, comment est née l’idée de ce<br />

festival <br />

Je suis graphiste depuis les années 2000. En<br />

même temps que le graphisme, j’ai commencé le<br />

vjing : des projections de vidéos sur des écrans<br />

lors de soirées. Il y a 5 ans, le mapping est apparu,<br />

donc j’ai commencé à en faire aussi. Petit à petit,<br />

j’ai laissé tomber mon travail de graphiste pour<br />

m’occuper exclusivement de l’art numérique, et<br />

désormais je ne fais plus que ça ! J’ai eu l’occasion<br />

de faire pas mal de festivals en Europe, mais<br />

aussi dans le monde entier, et j’ai développé un<br />

gros carnet d’adresses grâce à tout ça. Je bosse<br />

également depuis 4 ans dans l’équipe du Mapping<br />

Festival de Genève, où j’avais commencé<br />

en tant qu’artiste. J’ai eu l’occasion de rencontrer<br />

des gens calés dans ce domaine, et on est devenus<br />

une grande famille. Il y a un an j’ai été contacté<br />

par le Cadran afin de réaliser un événement<br />

sur les arts numériques. J’ai donc demandé au<br />

Mapping festival s’ils voulaient être partenaires,<br />

et la réponse fut oui ! Il faut savoir qu’il n’existe<br />

presque rien au niveau des arts numériques à<br />

Liège : ce sont toujours les 2-3 mêmes personnes<br />

que l’on contacte pour les expos. Je voulais donc<br />

« C’est un milieu super ouvert au point de<br />

vue humain »<br />

que le festival mette cet art en avant, et que l’on<br />

puisse voir ses différents domaines, comme les<br />

spectacles interactifs, les spectacles de danse,<br />

les installations… Je voulais pouvoir montrer cela<br />

gratuitement aux gens. Montrer comment les arts<br />

numériques se sont développés ces dix dernières<br />

années. J’ai voulu créer un événement complet,<br />

que les gens puissent baigner dans cet univers<br />

pendant quatre jours.<br />

Pourquoi avoir choisi la ville de Liège <br />

Parce que j’y habite. J’aurais pu le faire à<br />

Bruxelles, mais je voulais organiser quelque<br />

chose sur Liège. De plus, le BAM Festival tombe<br />

pendant la Quinzaine Numérique : quinze jours<br />

durant lesquels plusieurs évènements numériques<br />

se mettent en place à travers le pays. Ici, il<br />

y a par exemple le Liège Web Fest, le FAB.WHAT<br />

et le festival Voix De Femmes (dont nous avions<br />

rencontré la fondatrice à la lettre Q de l’édition G,<br />

NDLR). Du coup le BAM Festival s’inscrit parfaitement<br />

dans le contexte de cette quinzaine.


B<br />

BIENVENUE AU BAM FESTIVAL<br />

FLORENCE VANDENDOOREN #I<br />

#I<br />

Quel public vise le BAM Festival <br />

C’est un milieu super ouvert au point de vue humain.<br />

On partage tous notre savoir, il n’y a aucun<br />

esprit de compétition. Je fais venir de grosses<br />

têtes d’affiche qui pourtant ne sont pas connues à<br />

Liège, car le milieu n’est pas développé. Le but est<br />

de faire connaître cet art à un large public, initié ou<br />

non.<br />

Concrètement, quel sera le contenu de ce festival <br />

Le BAM Festival ouvrira ses portes le mardi 30<br />

septembre à 18h lors de son vernissage à l’Ecole<br />

Supérieure des Beaux-Arts de la Ville de Liège, lieu<br />

où se tiendront des expositions d’artistes internationaux<br />

encore jamais présentés en Belgique. Tout<br />

est gratuit : l’expo est ouverte tous les jours de<br />

midi à 20h, les conférences se passent en soirée.<br />

Elles sont suivies par les performances à la tombée<br />

de la nuit, car il faut qu’il fasse totalement noir.<br />

Le tout est clôturé par la soirée « Visuel Party » au<br />

Cadran qui sera, comme son nom l’indique, musicale<br />

et visuelle puisque se côtoieront des pointures<br />

de la musique techno minimale allemande et<br />

des génies internationaux de l’art visuel et numérique.<br />

Les trois salles seront ouvertes : la Rotonde<br />

Louise, le Cadran, ainsi que le Studio 22. Les 2300<br />

mètres carrés du cadran seront utilisés, avec 16<br />

projecteurs installés dans les salles, des installations<br />

interactives, du mapping, des installations<br />

stage design (c’est-à-dire une scène ou le DJ est<br />

englobé dans une scénographie). Le but c’est qu’à<br />

la soirée, les gens s’assoient, boivent un verre et<br />

profitent du spectacle. Qu’ils n’oublient pas directement<br />

ce qu’ils ont vu.<br />

Plus d’info<br />

Site web<br />

www.bamfestival.be<br />

Facebook<br />

https://www.facebook.com/BAMFESTIVALectronikartfestival<br />

Actualité<br />

Du 30 septembre au 3 octobre 2014 à l’Académie<br />

Royale des Beaux-Arts de Liège et au Cadran<br />

Crédits<br />

BAM Festival


C<br />

CHRONIQUES LITTÉRAIRES<br />

VICTOIRE DE CHANGY<br />

#I<br />

CHRONIQUES LITTÉRAIRES<br />

Que lire quand il n’y a plus de saisons <br />

Nous n’avons pas eu d’hiver, nous n’aurons<br />

pas plus d’été. Des lectures nouvelles,<br />

passées ou déphasées qu’importe, mais<br />

terriblement vivantes, à consommer en<br />

septembre ou en avril, de jour ou bien de<br />

nuit, lorsque vous aurez enfin décidé de la<br />

date de votre rentrée.


C<br />

CHRONIQUES LITTÉRAIRES<br />

AXELLE VICTOIRE MINNE DE CHANGY<br />

#I<br />

« Parfois je rêve que je reviens à la fiction, je<br />

me roule dedans, j’invente, j’élucubre, j’imagine,<br />

j’opte pour le plus romanesque, le moins vraisemblable.<br />

J’ajoute quelques péripéties, m’offre<br />

des digressions, je suis mes chemins de traverse,<br />

je m’affranchis du passé et de son impossible<br />

vérité. Parfois je rêve au livre que j’écrirai<br />

après, délivrée de celui-ci. »<br />

Rien ne s’oppose à la<br />

nuit,<br />

Delphine de Vigan, éd. Jean-<br />

Claude Lattès, 2011.<br />

C’est l’histoire de Lucile, une petite fille à la<br />

beauté irradiante, de Lucile, femme en devenir<br />

échappée par la première porte, de Lucile,<br />

enfin, mère. Mais pas que. C’est l’histoire de<br />

Lucile avec ses tourments et ses aspirations,<br />

de Lucile et les drames qui l’entourent, elle, et<br />

sa famille, c’est l’histoire d’une construction<br />

minutieuse où l’on démarre par la fin pour<br />

décortiquer, petit à petit, ce qui aura mené à<br />

ça, à tout ça. Lucile, c’est avant tout la mère<br />

de l’auteur. Un personnage réel, auquel l’on se<br />

confronte de visu, sans pudeur, sans gants,<br />

mais avec ô combien de dentelle entre les<br />

mots. Une construction remarquable, ciselée<br />

avec précision, pour nous mettre en garde,<br />

en bouche, en haleine, nous décrocher des<br />

exclamations tout haut à la lecture… Ponctuée<br />

ça et là d’interventions de l’écrivain et de<br />

l’être humain qui rédige, qui doute, qui hésite<br />

à poursuivre, qui persévère, qui est terrorisée<br />

mais qui mènera son projet à terme, vaille que<br />

vaille. Les apprendre par cœur. Une merveille !<br />

N’oublie pas les<br />

oiseaux,<br />

Murielle Magellan – Julliard,<br />

2014


C<br />

CHRONIQUES LITTÉRAIRES<br />

AXELLE VICTOIRE MINNE DE CHANGY<br />

#I<br />

« Bien sûr il y a tout ce que je ne sais pas. Et<br />

puis la subjectivité. Le filtre de la mémoire. La<br />

mise à distance de l’écriture. Mais je n’ai rien<br />

inventé. Ou presque rien. C’est parce que cette<br />

histoire est vraie en tout point – à d’infimes<br />

détails près – que la romancière que je suis<br />

a voulu la raconter. Pour en extraire la réalité<br />

romanesque, et la restituer, la partager, dans sa<br />

nudité, sa beauté, sa cruauté, et sa douceur. »<br />

Murielle, jeune provinciale, débarque à Paris<br />

le cœur avide d’apprendre. Elle y tombe sous<br />

le charme d’un de ses professeurs de vingtcinq<br />

années son ainé. « C’est l’histoire d’un<br />

amour. L’histoire vraie d’un amour ». Murielle<br />

Magellan raconte, à travers cette histoire qui<br />

est la sienne, la complexité du genre, puis<br />

des rapports surtout, humains. On peut y lire<br />

comment d’une terre arride, peu fertile, peu<br />

propice selon les idées que l’on se fait de la<br />

chose et les règles qu’on lui impose, peut<br />

naître un véritable amour. On y comprend que<br />

les contours des battemements peuvent être<br />

flous, que les définitions des liens n’ont pas<br />

lieu d’être. Le roman est ponctué ça et là de<br />

carnets intimes que l’auteur tenait alors, les<br />

confronte avec ses souvenirs d’une étonnante<br />

précision. A vivre encore davantage qu’à lire.<br />

Nouons-nous<br />

Emmanuelle Pagano – P.O.L.<br />

(2013)<br />

«L’aimer c’est m’inquiéter. L’air devient solide<br />

dans ma gorge. Mon ventre contient des<br />

objets qui pèsent. J’essaie de trouver des<br />

occupations pour mon corps. Marcher, cuisine,<br />

laver les sols et le linge. J’essaie de penser à<br />

des choses insignifiantes, de remplacer mon<br />

inquiétude pleine, pleine de lui, par de petites<br />

préoccupations légères, inoffensives. Mais<br />

il m’inquiète à la gorge, au ventre, dès que je<br />

m’arrête. Et mon corps alors me rappelle le<br />

poids, au ventre, à la gorge, ce poids qui est de<br />

l’aimer. »<br />

Il ne s’agit-là ni d’un roman, ni d’un recueil de<br />

nouvelles, mais de fragments. De fragments<br />

de sensations, de sentiments, d’esquisses de<br />

quotidien, des regards, des séparations, des<br />

évolutions. Nouons-nous se lit dans l’ordre<br />

ou le désordre, d’une traite ou par-ci par-là,<br />

en apnée ou entre de profondes inspirations.<br />

Des micro-histoires, longues de deux lignes<br />

ou de deux pages, composées de phrases<br />

à souligner tant elles sont belles, à recopier<br />

pour soi ou à transmettre à d’autres. Des<br />

paragraphes qui tombent à pic lorsqu’on a pas<br />

les mots pour dire, une vraie poésie à toujours<br />

garder pour la consulter encore sur la table de<br />

nuit.


C<br />

CHRONIQUES LITTÉRAIRES<br />

AXELLE VICTOIRE MINNE DE CHANGY<br />

#I<br />

« Dans ma période « belge », La Mansarde reste<br />

comme une clairière, une belle saison où fleurissent<br />

des âmes joyeuses et claires. Entretemps,<br />

je ne cesse de bouger. Je marche. J’autostoppe<br />

entre Bruxelles et Charleroi. Maintenant,<br />

j’ai des amis ici et là. J’auditionne dans des<br />

petites boites ; je ne me souviens pas trop de ce<br />

que j’y chante. Je rencontre des autres, des différences.<br />

Cela dure deux ans et puis, à nouveau,<br />

je vais dériver : mes amis m’ont déjà tant donné<br />

que je ne veux plus rien accepter. Un soir, sans<br />

l’avoir prémédité, je sors de la ville. Je marche.<br />

Je prends la route du « Sud ». Je ne me rends<br />

même pas compte que je m’en vais. Je suis vêtue<br />

d’une salopette verte, chaussée de grosses<br />

bottes lourdes ; c’est là toute ma richesse. Je<br />

n’ai plus mes papiers, je les ai abandonnés dans<br />

un hôtel que je ne pouvais plus régler. Je n’ai<br />

plus rien.»<br />

Cet objectif la mènera par bien des chemins<br />

de traverse, de la plonge au bord de la<br />

prostitution, des amours fugaces et perdues.<br />

Quelques lignes rédigées alors qu’elle<br />

ne pouvait plus chanter, d’une étonnante<br />

sincérité. A lire si vous aimez l’entendre, si<br />

vous aimeriez comprendre.<br />

Il était un piano noir<br />

Barbara – Le livre de Poche,<br />

1999<br />

Le livre regroupe les mémoires de Barbara,<br />

restées inachevées. Ces témoignages<br />

interrompus retracent son parcours, ses<br />

blessures, l’origine de ses paroles et de<br />

ses mélodies. On y reconnait les ruelles de<br />

Bruxelles à la vieille époque, et Paris, grand<br />

et affolant. On peut y lire son obstination,<br />

sa plus grande aspiration, chanter face à<br />

un piano noir, peu importe comment mais<br />

chanter, chanter !


D<br />

DOUBLE JE<br />

ELLI MASTOROU<br />

#I<br />

DOUBLE JE : LE CINÉMA<br />

DE CÉLINE SCIAMMA<br />

Dans le monde impitoyable du cinéma<br />

français, la personnalité au centre de<br />

cet article fait partie des trentenaires<br />

qui montent… et en plus, c’est une<br />

femme ! En 2014, la « Next Gen » du<br />

septième art se conjugue plus que<br />

jamais au féminin, et c’est aussi un<br />

peu grâce à Céline Sciamma. Et elle<br />

n’est pas la seule. Rebecca Zlotowski,<br />

Justine Triet, Mia Hansen-Love ou<br />

encore Katell Quillévéré sont autant<br />

de réalisatrices de talent dont le<br />

nom court sur toutes les lèvres qui<br />

comptent. Elles se font remarquer dans<br />

les festivals par leur travail exigeant et<br />

arpentent le tapis rouge sans besoin<br />

de minauder : normal, on ne les veut<br />

pas pour leur « beauté magnétique<br />

», leur « regard pénétrant » ou leurs


B<br />

DOUBLE JE<br />

ELLI MASTOROU<br />

#I<br />

« jambes interminables », mais bien<br />

pour leur cerveau. A bientôt 34 ans,<br />

cette réalisatrice au nom d’origine<br />

italienne peut se targuer d’avoir monté<br />

plus d’une fois les marches de Cannes,<br />

d’avoir alimenté malgré elle des débats<br />

houleux, et d’avoir révélé une des<br />

comédiennes les plus prometteuses<br />

de ces dernières années. A la fois<br />

organique et cérébral, son cinéma<br />

se joue avec agilité des frontières<br />

identitaires, entre quête de soi et perte<br />

d’innocence. A l’occasion de la sortie<br />

de son très beau dernier film Bande<br />

de filles, Alphabeta vous propose une<br />

plongée dans le triptyque adolescent de<br />

sa filmographie naissante.<br />

(cliquez pour voir la bande-annonce)<br />

Naissance des pieuvres, 2007<br />

— Frustrations et odeur de<br />

chlore<br />

Née en novembre 1980, Céline Sciamma<br />

découvre le cinéma grâce à E.T. de Spielberg<br />

comme nombre de gamins de sa génération,<br />

mais aussi grâce à Noémie Lvovsky (La vie ne<br />

me fait pas peur), qui lui fait réaliser que ce<br />

métier peut être aussi fait par des filles. Après<br />

des études littéraires, elle s’inscrit donc à la<br />

Fémis (Rien qu’une des écoles de cinéma les plus<br />

prestigieuses au monde). Elle en ressort avec<br />

les honneurs et un conseil de Xavier Beauvois :<br />

faire de son scénario de fin d’études le terreau<br />

de son premier film. C’est ainsi que voit le jour<br />

Naissance des pieuvres, un premier opus contenu<br />

mais maîtrisé sur l’éveil à la sexualité de trois<br />

adolescentes entre les couloirs d’une piscine de


D<br />

DOUBLE JE<br />

ELLI MASTOROU<br />

#I<br />

Cergy. Anne rêve de coucher avec François, mais<br />

est complexée par son physique. Marie fantasme<br />

en secret sur Floriane, l’entraîneuse de l’équipe<br />

de natation synchronisée. Floriane, elle, se fait<br />

passer pour la bombasse du coin mais flippe<br />

comme n’importe quelle pucelle à l’idée de se faire<br />

déflorer. Entre trahisons juvéniles, regards en coin<br />

et maillots mouillés, le film de Sciamma aborde<br />

délicatement cet âge ingrat où tout nous fait honte<br />

grâce à un scénario nourri de son propre vécu,<br />

où le point de vue est démultiplié. Mais aussi en<br />

s’appuyant sur un univers codifié à l’esthétique<br />

froide et bleutée, dans lequel ni adultes, ni garçons<br />

n’ont droit de cité. Fugaces, ils s’effacent derrière<br />

ces trois pieuvres, dont l’une nagera jusqu’aux<br />

eaux profondes de celle derrière la caméra…<br />

puisque Floriane, alias Adèle Haenel, partage la vie<br />

de Céline (même si elles font semblant de rien).<br />

(cliquez pour voir la bande-annonce)<br />

de se faire passer pour un garçon, le film ravit le<br />

Festival de Berlin. Après la froideur de la banlieue<br />

parisienne de Naissance des Pieuvres, place aux<br />

Tomboy, 2011<br />

— Même pas peur !<br />

En 2011, après un passage au Festival de Cannes<br />

et une nomination pour un César, Céline Sciamma<br />

est attendue au tournant et elle le sait. Elle décide<br />

alors de se jouer de la pression et des risques du<br />

métier en tournant son second film très vite, avec<br />

un minimum de séquences et une équipe réduite.<br />

« J’ai voulu démontrer qu’un système plus maigre et<br />

plus alternatif n’était pas une utopie », explique-telle<br />

à Libération. L’idée arrive en mai, le tournage<br />

suit dans la foulée, et hop emballez c’est pesé,<br />

Tomboy est né. Un choix politique qui porte ses<br />

fruits : contant l’histoire d’une petite fille qui décide<br />

couleurs chaudes de la fin de l’été. Tourné en forêt,<br />

Tomboy a des airs de conte intemporel, dans lequel<br />

Laure joue au foot avec la bande sans éveiller les<br />

soupçons –même si elle pisse cachée dans les<br />

buissons pour maintenir l’illusion. Au cœur de cet<br />

âge innocent où le corps n’est pas formé et où<br />

tout est encore permis, Sciamma construit son<br />

scénario comme un thriller, rendant le spectateur<br />

complice de ce petit agent double infiltré chez<br />

le sexe opposé. Ces choix astucieux valent à<br />

Tomboy un accueil critique chaleureux… mais<br />

aussi une levée de boucliers en février dernier : la<br />

faute aux cathos-coincés du groupe Civitas, qui<br />

demandent à Arte d’annuler sa diffusion télé pour<br />

des obscures histoires de « théorie du genre » (lol).<br />

Une requête aberrante rendue caduque dans la<br />

foulée par une instance d’experts de l’Education


D<br />

DOUBLE JE<br />

ELLI MASTOROU<br />

#I<br />

Nationale, d’après lesquels il faut « faire confiance à la<br />

capacité d’analyse des élèves et ne pas projeter des peurs<br />

d’adultes sur ce que pourraient penser des enfants » (on<br />

n’aurait pas mieux dit). Résultat <br />

Le 19 février, Tomboy attire 1,25 million de<br />

téléspectateurs pour un score historique. Les illuminés<br />

peuvent aller se rhabiller.<br />

Bande de filles, 2014<br />

— Le contre-pouvoir au pouvoir !<br />

Après avoir fait sensation au dernier Festival de<br />

Cannes, Bande de filles débarque bientôt sur les écrans<br />

pour notre plus grand bonheur. Ce dernier opus en<br />

date s’inscrit plus que jamais dans la thématique de<br />

l’exploration chère à la réalisatrice, qui la pousse ici un<br />

cran plus loin : après les débuts timides-humides et le<br />

conte estival contenu, Sciamma franchit la barrière du<br />

Cinémascope et le résultat est une véritable explosion<br />

d’images, de couleurs et d’énergie. Bande de filles<br />

évolue dans le microcosme codifié des banlieues «<br />

difficiles ». C’est là que vit Marieme, une jeune Black<br />

de 16 ans discrète et réservée. Jusqu’au jour où son<br />

chemin croise celui de quatre filles bien décidées à<br />

être tout sauf les « meufs » sages qu’on veut faire<br />

d’elles. Langues de vipère, féminité virile, gouaille à<br />

toute épreuve et free fight avec arrachage de soutif à<br />

même le béton : pour survivre en téci, mieux vaut être<br />

un bonhomme qu’une tepu. Même si on n’a pas les<br />

couilles qui vont avec. Alors, Marieme et les autres<br />

font semblant – et elles le font bien. Transcendant sa<br />

passion des séries (elle cite régulièrement The Wire<br />

ou Friday Night Lights), Sciamma sépare son récit en<br />

chapitres-ellipses marqués par des fondus au noir,<br />

(cliquez pour voir la bande-annonce)<br />

explorant l’évolution d’une personnalité fictive -<br />

qui se cherche sans forcément se trouver - jetée<br />

dans un monde qui est lui, bien réel. Car qui n’a<br />

pas déjà tourné la tête dans le métro, agacé par<br />

les voix de ces filles trop maquillées Sciamma<br />

les porte aux nues avec un regard tendre mais<br />

conscient, dessinant avec l’air de ne pas y<br />

toucher l’omniprésente pression patriarcale, le<br />

poids du regard masculin, l’exigence constante<br />

de réussir sa vie- mais pas trop non plus – qui<br />

étouffent. Et comment certaines filles s’en jouent,<br />

troquant les quatre murs de leur cité contre des<br />

chambres d’hôtel payées en cash, pour fumer des<br />

joints et manger des bonbons sur un lit king size.<br />

Pour retrouver une liberté arrachée à la sauvette,<br />

dans un espace secret où les bonhommes<br />

redeviennent des princesses, moulées dans des<br />

robes piquées chez H&M, à faire du play-back sur<br />

Rihanna dans une scène en passe de devenir<br />

culte. Shine bright like a diamond !


E<br />

EVERYBODY CAN DANCE<br />

AXELLE MINNE<br />

#I<br />

EVERYBODY CAN DANCE<br />

Un vendredi soir, 18 heures, des Halles de<br />

Schaerbeek désertes. Habituée des lieux,<br />

je me faufile à travers le dédale de pièces et<br />

de matériel qui s’amoncelle un peu partout.<br />

La saison n’a pas encore commencé mais<br />

on sent qu’il se trame quelque chose,<br />

là, dans cet espace aux mille possibles.<br />

J’aperçois au loin une effervescence de fin<br />

de journée, mélange d’excitation pour ce qui<br />

a été produit au cours des dernières heures<br />

et de fatigue accumulée. Immédiatement,<br />

Gaia Saitta et ses grands yeux expressifs<br />

m’accueillent : « Je termine une ou deux<br />

choses et je suis toute à toi ! » Deux<br />

minutes plus tard, me voilà installée dans<br />

la silencieuse cafétéria en compagnie de la<br />

metteuse en scène et de deux de ses fidèles<br />

compagnons : Hervé Guerrisi et Cédric<br />

Eeckhout. Récit d’une rencontre humaine.


E<br />

EVERYBODY CAN DANCE<br />

AXELLE MINNE<br />

#I<br />

If Human, qu’est-ce que c’est <br />

Gaia. Il faut partir d’abord de Fear & Desire je<br />

crois, qui est le spectacle que l’on a présenté la<br />

saison passée ici aux Halles de Schaerbeek.<br />

Ce n’est donc pas la première fois que vous<br />

êtes en contact avec les Halles <br />

G. Non, en effet. En fait, c’était un projet<br />

d’acteurs qui n’avaient jamais dansé et qui,<br />

pour l’occasion de Fear & Desire, voulaient le<br />

faire. Mais c’est surtout le projet grâce auquel<br />

le collectif est né. C’est une rencontre d’artistes<br />

très hétérogènes en termes de provenance :<br />

on a des langues différentes, des formations<br />

différentes. Et c’était, je crois, l’envie de se<br />

réinvestir par rapport à une foi artistique qu’il<br />

fallait révéler, sur ce qui est urgent aujourd’hui<br />

et pourquoi faire de l’art aujourd’hui, qui nous<br />

a constitués. Ça semble très grand et vaste,<br />

et en même temps, parfois, il faut revenir à<br />

des racines simples, très proches de nous.<br />

On avait donc envie d’une rencontre humaine<br />

véritable, de se mettre en danger, d’être<br />

vulnérables sur le plateau et de communiquer<br />

tout simplement, nous-mêmes. Le collectif<br />

est composé d’acteurs plus ou moins formés<br />

au mouvement, mais personne n’a étudié la<br />

danse. Pour le projet, on s’est demandé ce que<br />

nous avions envie d’amener sur un plateau.<br />

Et la réponse était : la vie. Comment amener<br />

la vie sur un plateau En prenant un vrai<br />

risque, en étant fragiles sur scène - même si<br />

cela fait 15 ans que l’on fait du théâtre. Et en<br />

même temps, comment oublier ce que l’on<br />

connait pour donner quelque chose de plus<br />

intime Fear and Desire, c’était un groupe de<br />

comédiens mais aussi une danseuse, Daisy,<br />

une chorégraphe, Julie Anne, et un producteur,<br />

Bram Smeyers, ainsi que Frédérick Denis, notre<br />

costumier : Des gens qui nous ont rejoints<br />

en cours de route et nous accompagnent<br />

encore aujourd’hui. Des gens qui ont voulu se<br />

mettre ensemble pour faire quelque chose qui<br />

ait du sens. Quelque chose qui redonnait un<br />

sens à ce que c’est « être sur un plateau », et<br />

comment l’amener de manière personnelle et<br />

intime.<br />

Salon de la CIA - Yes. No. Maybe - Nicolas Van Caillie<br />

« C’est sans doute le point de départ<br />

de notre histoire : on a été contagieux,<br />

viraux. »


E<br />

EVERYBODY CAN DANCE<br />

AXELLE MINNE<br />

#I<br />

Ce qui intéresse les gens ce sont les gens. Il y<br />

avait ce désir d’humanité. C’est de là que vient<br />

le nom IF Human, parce qu’on voulait faire<br />

de l’art (même si ce mot est tellement vaste)<br />

avec l’humain. On voulait s’engager réellement<br />

par rapport à qui nous sommes. Pas parce<br />

que l’on se prend pour des œuvres d’art, mais<br />

bien parce que l’espace entre toi et moi est<br />

potentiellement de l’art. Et si on a la chance de<br />

savoir le mettre sur un plateau, c’est terrible.<br />

C’est sans doute le point de départ de notre<br />

histoire : on a été contagieux, viraux. On ne<br />

s’attendait pas à être en première d’un grand<br />

festival, d’être associés à un théâtre comme<br />

Les Halles de Schaerbeek et du coup, d’avoir<br />

une résidence, la possibilité de continuer notre<br />

recherche et la chance de montrer plusieurs<br />

choses en octobre.<br />

« Pas besoin de parler chinois pour comprendre<br />

l’amour ! »<br />

Avec toutes ces influences mêlées, comment<br />

se passe la création <br />

G. Ce qui est très beau, c’est la participation à<br />

tout ça. Au début il y avait une grande volonté<br />

d’Hervé et moi de créer une famille artistique,<br />

et chacun de nous met quelque chose sur la<br />

table. Ce n’est pas juste une participation, c’est<br />

vraiment un engagement même au niveau du<br />

temps, des idées. Par exemple, on a travaillé<br />

avec Igor qui fait de la lumière et de la vidéo,<br />

avec Tom qui est ingénieur du son... C’est par<br />

hasard que je me trouve à la mise en scène, en<br />

fait. C’est vraiment une création If Human et<br />

c’est très horizontal. Je ne demanderai jamais<br />

à Tom comment il faut faire le son, il sait bien<br />

ça. Il me fait des propositions et m’apprend.<br />

C’est quelque chose de très participatif : la<br />

matière sur le plateau appartient à chacun<br />

d’entre eux… Et moi, je regarde.<br />

Fear and Desire - Nicolas Van Caillie


E<br />

EVERYBODY CAN DANCE<br />

AXELLE MINNE<br />

#I<br />

Yes. No. Maybe - NIcolas Van Caillie


E<br />

EVERYBODY CAN DANCE<br />

AXELLE MINNE<br />

#I<br />

« Not everyone can be a dancer but everybody<br />

can dance » semble être votre devise. Un petit<br />

mot là-dessus <br />

Hervé. Je pense qu’il y a l’idée du<br />

rassemblement. « Not everyone can be a<br />

dancer », ça pourrait être une manière d’exclure<br />

quelqu’un sous prétexte qu’on saurait faire tel<br />

mouvement qui ferait de nous un danseur dans<br />

une définition particulière de la danse. Mais<br />

If Human c’est l’histoire d’un rassemblement<br />

dont la volonté est de communiquer. Gaia<br />

parlait toute à l’heure de contagion : entre<br />

nous, vu que tout le monde vient d’endroits<br />

différents, le seul dénominateur commun c’est<br />

notre corps. Parce qu’on n’a pas besoin de<br />

parler chinois pour comprendre la tristesse,<br />

l’amour et le désespoir. Donc on a va se<br />

rencontrer pour ajouter à la tristesse, l’amour<br />

et le désespoir, la joie. La joie de danser, de<br />

vivre et de communiquer.<br />

G. Deux choses que je voulais dire par rapport<br />

à qui est If Human : Il y a d’un côté ces<br />

moments de vulnérabilité de quelqu’un qui<br />

utilise un langage qu’il ne connaît pas, mais<br />

qui a cette envie de communiquer. Le fait<br />

de choisir quelque chose qu’on ne sait pas<br />

faire nous mettait dans un risque physique.<br />

C’est comme quand tu tombes amoureux<br />

mais que tu n’as pas encore la réponse de<br />

l’autre personne : tu n’as plus de mots, il y<br />

a un tremblement. Et la recherche, c’est ce<br />

tremblement. Même si on est sûrs de nos<br />

armes, quand tu regardes tes relations avec<br />

les autres, avec la vie, t’es jamais sûr. C’est<br />

ça qu’on recherche en dansant. Ça c’est la<br />

première chose… et la deuxième j’ai oublié.<br />

G. Ah oui, la joie ! Il faut prendre du plaisir. On<br />

a vraiment envie de raconter quelque chose<br />

de l’intérieur, d’être très fragiles, et d’arriver<br />

jusqu’au bout de notre douleur, sans peur.<br />

Mais notre dernier mot, c’est toujours la joie,<br />

parce que je pense que notre révolution, notre<br />

contribution, passe par là.<br />

H. Je trouve ça très important ce que tu<br />

nommes révolution et ce rapport à la joie. On<br />

attend souvent d’un artiste qu’il dénonce, qu’il<br />

pointe du doigt mais c’est souvent associé à<br />

quelque chose de sombre, alors que cela peutêtre<br />

une révolution de la joie.<br />

Yes. No. Maybe - NIcolas Van Caillie


E<br />

EVERYBODY CAN DANCE<br />

AXELLE MINNE<br />

#I<br />

Si je vous dis : « Ne me parle pas d’amour,<br />

parle-moi de ...» <br />

G. Mmh... (long silence)<br />

Plus d’info<br />

On peut y revenir plus tard si vous voulez.<br />

G. Non, non. J’ai envie de répondre (silence).<br />

« Ne me parle pas d’amour… mais parle-moi. »<br />

Simplement.<br />

En octobre vous allez donner rendez-vous à<br />

la vie aux Halles de Schaerbeek. Qu’aimeriezvous<br />

justement lui dire <br />

G. Viens ! C’est le moment, viens !<br />

Oui à…<br />

G. Oui à toutes les raisons qui me font me lever<br />

le matin et qui me font encore dire « oui ! »<br />

malgré tout.<br />

Site Internet<br />

www.ifhuman.com<br />

www.halles.be<br />

Page Facebook<br />

https://www.facebook.com/pages/Les-<br />

Halles/128465060574451ref=br_tf<br />

Actualité<br />

Ne parlez pas d’amour<br />

Les 13, 14, 15, 20 & 21/10 à 20h30<br />

Apputamento con la vita, le bal<br />

Le 18/10 à 20:30<br />

Non à …<br />

G. Non à l’impossible.<br />

Yes. No. Maybe (or the anatomy of lack)<br />

Le 24.10 à 20:30<br />

Peut-être …<br />

G. Peut-être, ça va venir !<br />

Crédits photo<br />

Nicolas Van Caillie pour Les Halles de Schaerbeek<br />

Qu’est-ce qu’on ne sait probablement pas sur<br />

If Human Quelque chose à révéler à nos<br />

lecteurs…<br />

G. Celle-là est pour toi Cédric. Un gossip If<br />

Human !<br />

C. (cherche longtemps)<br />

G. Lorsqu’on est sur le plateau, on joue à faire<br />

du théâtre.


F FOGGY FLOWERS AXELLE MINNE<br />

#I<br />

FOGGY FLOWERS<br />

par Alice Lemarin


F FOGGY FLOWERS AXELLE MINNE<br />

#I


F FOGGY FLOWERS AXELLE MINNE<br />

#I


F FOGGY FLOWERS AXELLE MINNE<br />

#I


F FOGGY FLOWERS AXELLE MINNE<br />

#I


F FOGGY FLOWERS<br />

AXELLE MINNE #I<br />

Plus d’info<br />

Photographe<br />

Alice Lemarin<br />

Site Internet<br />

www.alicelemarin.fr<br />

Modèle<br />

Anna Bozovic


G<br />

GARDER UNE IMAGE DE L’ÉTÉ<br />

JEHANNE VICTOIRE MOLL DE CHANGY #I<br />

GARDER UNE IMAGE<br />

DE L’ÉTÉ<br />

par Justine Neubach<br />

Plus d’info<br />

Site web<br />

http://silencieuse.net/


G<br />

GARDER UNE IMAGE DE L’ÉTÉ<br />

VICTOIRE DE CHANGY<br />

#I<br />

Après septembre, l’été, c’en est fini. Ne subsistent de la saison<br />

que des compartiments : petits étés indépendants au cœur du<br />

grand été, qui se tournent le dos comme des irréconciliables.<br />

Ils portent chacun le début et la fin d’une histoire ; ils méritent<br />

chacun leur album dans les rayons de la mémoire.<br />

L’été suisse sur le lac Léman, avec son chassé-croisé de<br />

mouettes bondées - ces bateaux où l’on grimpe comme on<br />

prendrait le bus, pour passer d’une rive à l’autre -, avec sa<br />

lumière de grands ciels prise aux filets du jet d’eau, avec le long<br />

soupir des paquebots prêts à quitter la rade. Le fond sonore,<br />

comme cela se produit dans les grandes capitales, mêle aux<br />

bruits des moteurs le phrasé de l’anglais, du français, de l’italien,<br />

du suisse alémanique et combien d’autres langues encore.<br />

Une enfant s’émerveille de ce moineau qui lui mange presque<br />

dans la main.<br />

L’été sur l’île déserte. Une île qui ne parle que de cailloux blanchis par<br />

le sel et brûlants de fièvre, une île au sommet de laquelle sommeillent<br />

les ruines d’une tour. On entend la mer se cogner contre la falaise.<br />

On l’entend claquer sur la roche. On entend la faim de ces eaux qui<br />

voudraient manger l’île. Et l’on entend aussi la réponse immobile de<br />

l’île. Son refus d’être prise. Au niveau des falaises, elle a comme le<br />

torse bombé ; au niveau de la tour en ruines, un front de pierre offert<br />

au vent.<br />

L’été dans les campagnes allemandes. Nous sommes début août :<br />

depuis quelques semaines, la saison est basse de plafond – un soleil<br />

timide sur les prés et sur le verger, le temps de cueillir quelques fruits,<br />

de faire marcher en main la jument prise de coliques, de faire sauter<br />

les crêpes, et déjà, il nous faut rentrer. L’orage nous surprend, au retour.<br />

Il approche en grognant, droit vers le couchant. Il avance contre les<br />

nuages roses dans une lumière surnaturelle. Il a le ventre lourd de<br />

pleurs. Et quand il craque enfin, il me donne envie de chanter.


H<br />

HAPPY BIRTHDAY, AB !<br />

QUYNH-ANH PHAM<br />

#I<br />

HAPPY BIRTHDAY, AB !<br />

L’Ancienne Belgique a 35 ans ! Ce 21<br />

septembre, le temple du rock lance le coup<br />

d’envoi des festivités avec un mini-festival<br />

autour des suédois de Goat. Entre dimanche<br />

sans voitures, renommage de la rue des<br />

Pierres en rue de la Musique et distribution<br />

de goodies pour les premiers spectateurs,<br />

l’AB nous montre que le rock expérimental<br />

peut aussi rimer avec mobilité, écologie et<br />

convivialité. Tout au long de la saison 2014-<br />

2015, l’Ancienne Belgique proposera chaque<br />

mois un événement interdisciplinaire<br />

en collaboration avec d’autres grandes<br />

institutions telles que Bozar, le Botanique, le<br />

MIM ou encore le KVS. De quoi nous rendre<br />

chèvre encore de nombreuses années !


H<br />

HAPPY BIRTHDAY, AB !<br />

QUYNH-ANH PHAM<br />

#I<br />

Pour l’occasion, nous avons<br />

récolté les témoignages de vos<br />

meilleures rencontres musicales<br />

et de vos souvenirs de concerts<br />

les plus intenses entre les quatre<br />

murs de ce lieu (de) culte. Et en<br />

bonus, les membres de l’équipe<br />

ont concocté pour vous une<br />

playlist à partir du line-up de la<br />

saison prochaine. Des morceaux<br />

de choix à déguster qui vous<br />

évoqueront probablement vos<br />

propres millésimes !<br />

35 ans de l’AB, c’est…<br />

Sébastien H. Le dernier concert d’Emilie Simon,<br />

le passage très mouvementé de Crystal Castles,<br />

l’invitation sur scène de Vive La Fête, et encore bien<br />

d’autres.<br />

Jehanne M. Le concert de Local Natives, le 31<br />

octobre 2013. Beaucoup mieux qu’au Pukkelpop car de<br />

meilleures conditions et surtout une bonne tranche de<br />

rire avec un clin d’œil pour Halloween où les musiciens<br />

sont revenus déguisés.<br />

Didier B. J’y ai travaillé en 1979, au tout<br />

début, à l’époque où il y avait encore le bar<br />

Américain… Que de bons souvenirs !<br />

Gaëtan D. Indochine fin des années 90<br />

quand ils ne remplissaient plus les salles… Au<br />

premier rang à papoter avec Nicolas qui nous<br />

demandait ce que nous voulions qu’il chante et<br />

tournait et retournait les pages d’un classeur<br />

avec les paroles…<br />

Sophie V. Avril Lavigne, mon tout premier<br />

concert mais aussi Moderat, Metronomy et<br />

Channel Zero. Toujours de très beaux moments<br />

de folie entre<br />

amis !<br />

Catherine C. Dire « Mais quel talent ! » à<br />

la petite blonde effacée à ma gauche lors du<br />

concert de Biolay l’année dernière.<br />

Olivier M. Adèle à l’AB Club en 2008 avec à<br />

peine 200-350 personnes… et Sia en mai 2010 !<br />

Delphine E. Tellement de souvenirs à l’AB.<br />

J’ai dû y aller 40 ou 50 fois… Dropkick Murphys<br />

en janvier 2007, un groupe au top et un public<br />

tellement déchaîné que le bassiste nous a<br />

proposé, avec une amie, de venir voir le concert<br />

sur scène, tranquillement. Sinon les concerts à<br />

l’AB Club. Enter Shikari une vraie tuerie (un t-shirt<br />

y a laissé la vie) !


H<br />

HAPPY BIRTHDAY, AB !<br />

QUYNH-ANH PHAM<br />

#I<br />

Yann L. Indubitablement, le concert<br />

de LCD Soundsystem de 2007 reste mon<br />

meilleur souvenir à l’AB. Je n’ai plus jamais vu<br />

un concert en salle qui ait fait autant danser<br />

les gens. Je me rappelle être au balcon<br />

pendant le morceau « Yeah » pour regarder<br />

la foule, c’était complètement dingue. Un des<br />

meilleurs concerts que j’aie faits.<br />

Daniel B. My Bloody Valentine, et le jeudi<br />

30 avril 1992<br />

Sarah G. Balthazar and the SX, deux des<br />

meilleurs concerts de ma vie…<br />

Claude K. J’y ai vu Claude François avec<br />

ma maman… !<br />

Nicolas B : Les concerts de Daughter, de<br />

Passenger et de M !<br />

Françoise D. Le passage de mon oncle<br />

Paul Dermont, imitateur de talent, dans les<br />

années 60.<br />

Gilles F. L’avant-dernier concert de<br />

Velvet Revolver. Le lendemain, à Amsterdam,<br />

ils terminaient leur tournée et se séparaient<br />

de leur chanteur Scott Weyland. Un excellent<br />

concert et l’occasion d’admirer le talent de<br />

Slash en direct !<br />

La saison 2014-2015 de l’AB,<br />

c’est…<br />

…Une playlist concoctée par<br />

nos soins, à découvrir ici<br />

Marie-Claire H. Au premier rang pour<br />

voir Mick Hucknall !


H<br />

HAPPY BIRTHDAY, AB !<br />

QUYNH-ANH PHAM #I<br />

Plus d’info<br />

Site web<br />

www.abconcerts.be<br />

Facebook<br />

https://www.facebook.com/ABconcerts<br />

Actualité<br />

21 septembre - Anniversaire avec Goat + Moon<br />

Duo + Madensuyu + White Hills + Bo Ningen +<br />

Crows<br />

Crédits photo<br />

Houtkaai Zeven


I<br />

L’ILLUSTRATION<br />

MAUD ZABCZYNSKI<br />

#I<br />

maudzabczynski.blogspot.be


J<br />

JOUER DÉCALÉ<br />

JEHANNE MATTHIEU MOLL MARCHAL<br />

#I<br />

JOUER DÉCALÉ<br />

On les croise parfois en basketteurs, parfois<br />

travestis en femmes des années 50, on<br />

pourrait les croire cyclistes ou rockeurs<br />

débridés, mais Mountain Bike, contre toute<br />

les attentes, c’est surtout un condensé de<br />

garage-pop décontracté et instinctif. Avec<br />

leur premier album acclamé, le groupe<br />

s’installe en fer-de-lance d’une nouvelle<br />

scène hybride où tout le monde est copain.


J<br />

JOUER DÉCALÉ<br />

MATTHIEU MARCHAL<br />

#I<br />

On entend de plus en plus parler de vous<br />

depuis un peu moins d’un an, notamment<br />

grâce à votre premier album. C’était quoi le<br />

déclic <br />

On a d’abord sorti un 45tours dont le délire<br />

était d’être vraiment garage, enregistré par<br />

nous-mêmes, quelque chose de lo-fi. Mais<br />

pour l’album, on a eu la chance de travailler<br />

avec Pierre Vaffrey, qui construisait son studio<br />

(Snapshot Studio, NDLR), du coup on était le<br />

groupe-cobaye ! Le mec est super calé, et il<br />

nous a donné un son comme on le voulait,<br />

finalement un peu plus ’90s que garage. Ca a<br />

surpris tout le monde dans notre milieu mais<br />

on cherchait quelque chose de très personnel<br />

et ça s’est imposé comme ça.<br />

Comment êtes-vous arrivés à ce résultat plus<br />

personnel, moins classifié <br />

On arrive tous en répétition avec des idées<br />

d’harmonie, quelques accords. Parfois des<br />

morceaux davantage construits… mais en<br />

ce moment c’est surtout des morceaux<br />

de morceaux ! Généralement on part d’un<br />

matériau très brut, une idée vite fait de refrain<br />

par exemple, et ensuite on joue aux Lego (rires)<br />

! Il faut travailler vite pour garder l’énergie,<br />

être assez instinctif sur ce qui sonne bien.<br />

Evidemment quand on ne trouve pas, on<br />

s’acharne.<br />

« Le rire c’est un plaisir, non La musique<br />

aussi, alors si tu peux faire le<br />

con en même temps, bon plan ! »<br />

Quel était le morceau le plus dur à finaliser <br />

Sur l’album, « Russian Roulette Casino », elle<br />

change de tempo, elle est longue et il ne faut<br />

pas perdre la tension et ça c’est très dur. C’est<br />

de la pop, donc l’essence du bazar c’est que ça<br />

doit fonctionner immédiatement…<br />

Justement, vous utilisez le terme pop pour<br />

parler d’une de vos chansons : quel est votre<br />

rapport aux étiquettes de genres musicaux <br />

On s’en tape (rires) ! Ça dépend de comment<br />

on se lève le matin. Parfois on fait un truc pop<br />

et on le réécoute plus tard en se disant qu’il<br />

faut le salir un peu, puis une fois que c’est<br />

fait on le trouve trop crade alors on revient en<br />

arrière. Ce ne sont que des termes, mais en<br />

soi on se situe entre l’énergie du garage et le<br />

plaisir de la pop. Cela dit, on pourrait balancer<br />

du grunge sur le prochain hein, pourquoi pas !<br />

Vous pensez déjà au prochain album <br />

Ouais, Charles en a déjà marre de jouer les<br />

titres de l’album (rires) !


J<br />

JOUER DÉCALÉ<br />

MATTHIEU MARCHAL<br />

#I<br />

Toute votre communication et visuels sont<br />

empreints d’un second degré pas prise-detête-rock’n’roll<br />

pour un sou, c’est une sorte de<br />

manifeste <br />

Non, on n’est pas trop méchants, pas trop<br />

militants. On n’aime juste pas les clichés<br />

rock’n’roll et tête-de-mort. Puis finalement à<br />

l’heure actuelle dans notre milieu si tu te la<br />

pètes comme une star tu ne réussis pas. Ça<br />

c’est seulement bon pour faire de l’audience<br />

à The Voice, et encore vite fait. On préfère<br />

être sincères. En tout cas, on ne fait pas ça<br />

en réaction par rapport à quelque chose, c’est<br />

juste comme ça que ça nous vient et c’est<br />

plus communicatif en concert. Le rire c’est<br />

un plaisir, non La musique aussi, alors si tu<br />

peux faire le con en même temps, bon plan !<br />

J’ai cru comprendre que vous aviez un certain<br />

succès dans le monde du cyclisme <br />

On a eu quelques propositions (rires). On nous<br />

a proposé de jouer au mondial du cyclisme<br />

à Anvers, ils avaient tripé sur notre nom. Et<br />

il y a un autre gars à Lille qui veut nous faire<br />

jouer dans son atelier de réparation de vélos,<br />

c’est marrant !<br />

Votre concert le plus mémorable <br />

A Liège, il y a une fille qui s’est pointée sur<br />

scène bien bourrée à la fin de notre concert<br />

pour demander son mec en mariage, mais<br />

il n’est jamais venu. C’était complètement<br />

improbable, à la fois un peu pathétique et<br />

beau, il y avait une sorte de détresse. Drôle de<br />

moment.


J<br />

JOUER DÉCALÉ<br />

MATTHIEU MARCHAL<br />

#I<br />

Plus d’info<br />

Site web<br />

http://mountainbike.bandcamp.com<br />

Facebook<br />

https://www.facebook.com/mountainbikeband<br />

Actualité<br />

21 septembre à l’Ancienne Belgique


K<br />

KALÉIDOSCOPE EXTATIQUE<br />

FLORENCE VANDENDOOREN<br />

#I<br />

KALÉIDOSCOPE<br />

EXTATIQUE<br />

Lara Gasparotto, liégeoise de 24 ans<br />

émigrée à Bruxelles, nous propose<br />

une approche de la photographie dans<br />

laquelle la dualité entre l’image réfléchie<br />

et l’instantané se conjuguent. Diplômée<br />

de l’Ecole supérieure des arts Saint-Luc à<br />

Liège, elle compte déjà deux livres et de<br />

nombreuses expositions en solo à son actif,<br />

et est représentée depuis 2010 par la galerie<br />

anversoise Stieglitz 19. Dans son travail, les<br />

images en noir et blanc côtoient celles en<br />

couleurs, dévoilant son approche intuitive<br />

de la photographie. Pour citer Michel<br />

Poivert, auteur de l’introduction de son<br />

livre Rivages : « L’extatique naît ainsi d’un<br />

kaléidoscope de pratiques visuelles qui ne<br />

cesse de recomposer les figures du désir. »


K<br />

KALÉIDOSCOPE EXTATIQUE<br />

FLORENCE VANDENDOOREN<br />

#I<br />

Bonjour Lara ! D’où t’es venue l’envie de faire<br />

de la photographie <br />

En sortant de mes secondaires, je ne savais<br />

pas trop vers quoi me diriger. Je réalisais des<br />

photos pour moi, et je m’inspirais des photos<br />

des autres pour faire des peintures, des<br />

collages etc. Alors je me suis dit que j’avais<br />

envie d’apprendre à faire mes propres images<br />

photographiques. Au départ, j’ai choisi cela<br />

pour me permettre de prendre une pause et<br />

savoir vers où je voulais me diriger dans la<br />

vie, car j’étais un peu perdue. Mais ensuite la<br />

photo m’a directement plu.<br />

Tu as donc choisi de te concentrer sur la<br />

photo, et mettre de côté tes autres pratiques<br />

artistiques comme le collage et la peinture.<br />

Elles ne te manquent pas <br />

Non, je pense que j’y reviendrai sûrement.<br />

Techniquement, j’ai appris beaucoup de<br />

choses lors de mes secondaires artistiques.<br />

Pour le moment la photo me satisfait, mais<br />

j’y reviendrai quand j’en aurai envie. J’essaye<br />

quand même d’expérimenter plein d’autres<br />

techniques dans la photographie, et de ne pas<br />

faire qu’une seule sorte de photo. J’utilise plein<br />

de supports différents, j’emploie des vieux<br />

procédés… Du coup jusqu’ici cela ne me frustre<br />

pas.<br />

«On ne sait pas directement identifier<br />

si une photo prise sur le moment ou<br />

non »<br />

Tes photographies donnent l’impression<br />

d’instantanés, y a-t-il un travail en amont <br />

Au fil des années il y a eu une évolution dans<br />

mon travail qui, je pense, se construit de plus<br />

en plus. Pour mon travail de fin d’études, j’ai<br />

choisi de me pencher sur les images qui ne<br />

se lisent pas directement, où l’on ne peut pas<br />

savoir d’emblée si elles ont été mises en scène<br />

ou si ce sont des instants spontanés. J’ai voulu<br />

prolonger cette réflexion dans mes installations,<br />

mes expos ou même à travers mes livres, où<br />

les images ont plusieurs interprétations. On ne<br />

sait pas directement identifier si une photo a<br />

été prise sur le moment ou non. Certaines sont<br />

totalement instantanées, et d’autres un peu plus<br />

réfléchies. Même si je pense les photos avant<br />

de les prendre, elles ne sont jamais exactement<br />

comme je les avais imaginées. J’aime jouer sur<br />

cette dualité.<br />

Tu nous parlais de tes installations, en quoi<br />

consistent-elles <br />

En général j’essaye d’avoir une partie de<br />

l’expo assez classique avec juste des images<br />

encadrées, et une autre où j’expérimente, je<br />

colle des trucs sur les murs, j’imprime des<br />

images sur des vieux papiers... Je mélange avec<br />

des photos bichromatées, qui sont obtenues<br />

par de vieilles techniques avec des pigments.


K<br />

KALÉIDOSCOPE EXTATIQUE<br />

FLORENCE VANDENDOOREN<br />

#I<br />

J’essaye de faire en sorte qu’il y ait à chaque<br />

fois une composition différente.<br />

« L’esthétique féminine m’attire plus<br />

que celle de la masculinité »<br />

peintures. Moi je photographie mes amies. Pour<br />

le moment j’ai un projet d’édition avec une amie<br />

qui va écrire sur mes photographies. C’est un<br />

échange. On se base sur le fait qu’on a toutes<br />

des univers artistiques assez différents mais<br />

Quelles sont tes inspirations principales <br />

Disons que je m’inspire de tout ce que je vois.<br />

Je peux être inspirée par la musique que<br />

j’écoute en travaillant, les films que je regarde.<br />

J’ai puisé aussi beaucoup d’inspiration dans<br />

toute l’histoire de la peinture : je pense que c’est<br />

de là que viennent tous mes nus féminins. Tout<br />

peut être une source d’inspiration, mais c’est<br />

sûr que quand je voyage je suis beaucoup plus<br />

inspirée en rentrant. J’ai pleins de nouveaux<br />

paysages et de nouvelles couleurs en tête et<br />

j’ai envie de retranscrire toutes ces émotionslà.<br />

Je photographie également plus de femmes<br />

que d’hommes. C’est venu naturellement. J’ai<br />

toujours préféré dessiner des filles. C’est un<br />

choix esthétique je pense, l’esthétique féminine<br />

m’attire plus que celle de la masculinité.<br />

Tu fais partie du collectif Big Girls Don’t Cry,<br />

vous avez réalisé des expositions ensemble.<br />

Comment cela se passe-t-il <br />

C’est différent lorsque l’on travaille ensemble,<br />

car on doit toutes communiquer et choisir ce<br />

que l’on va montrer. Créer avec des copines<br />

permet de s’inspirer mutuellement. Des amies<br />

à moi utilisent mes photos pour réaliser leurs<br />

qu’on a le même background. C’est amusant de<br />

pouvoir sortir du milieu artistique très fermé pour<br />

faire un truc où l’on s’éclate !<br />

Ta sœur, Lissa, est également dans le milieu<br />

artistique, puisqu’elle réalise principalement des<br />

illustrations. As-tu déjà pensé à travailler avec<br />

elle <br />

Oui, c’est un projet sur lequel j’aimerais vraiment<br />

me pencher. J’aimerais commencer à travailler


K<br />

KALÉIDOSCOPE EXTATIQUE<br />

FLORENCE VANDENDOOREN<br />

#I<br />

sur un projet où je montrerais mes travaux mais<br />

aussi ceux de tous les gens qui m’entourent et<br />

que je trouve exceptionnels. Et essayer de faire<br />

quelque chose de commun en mélangeant des<br />

textes, des photos, des dessins, avec ma sœur<br />

notamment.<br />

Tu as à peine 24 ans et tu as déjà sorti deux<br />

livres, tu es représentée par une galerie à<br />

Anvers… As-tu eu l’impression que tout allait<br />

fort vite <br />

Oui, bien sûr. Notamment dans l’année ou le<br />

premier livre est sorti, je me posais plein de<br />

questions car j’avais 22 ans et je me demandais<br />

ce que j’allais faire de ma vie, si je voulais<br />

réellement être photographe. Je me remettais<br />

en question. Puis à un moment il y a eu une<br />

phase d’acceptation, où je me suis dit que<br />

c’était peut-être pour ça que j’étais douée. J’ai<br />

appris à moins dénigrer ce que je faisais et à<br />

le faire mieux. J’ai réfléchi à comment trouver<br />

un sens à ce que je faisais, car au début je<br />

n’y réfléchissais pas et je fonçais juste. C’est<br />

sûr qu’il y a toujours des moments de doute,<br />

mais c’est le cas chez tout le monde. Je dis<br />

finalement que j’ai eu de la chance que ça aille<br />

si vite, car beaucoup d’autres gens talentueux<br />

n’ont pas cette chance. Je n’ai plus trop le<br />

temps de me poser des questions, car j’ai<br />

toujours des nouveaux projets qui se succèdent.<br />

Je fais mes trucs, et tant mieux si cela va vite,<br />

j’essaye de me focaliser davantage sur le fait de<br />

prendre le temps de réfléchir à comment faire<br />

évoluer mon travail.


K<br />

KALÉIDOSCOPE EXTATIQUE<br />

FLORENCE VANDENDOOREN<br />

#I<br />

Plus d’info<br />

Site web<br />

http://laragasparotto.tumblr.com/<br />

Actualité<br />

14/09 – 09/11 : Exposition « Rivages » au<br />

Cultuurcentrum de Hasselt<br />

Novembre 2014 : Exposition collective au<br />

Bonnefantenmuseum<br />

Crédits photo<br />

Lara Gasparotto


L<br />

L’EFFET DE MAUD<br />

SÉBASTIEN HANESSE<br />

#I<br />

L’EFFET DE MAUD<br />

Il y a quelque chose de magnifique dans<br />

nos histoires. A chaque instant, à chaque<br />

seconde, quelque chose se passe partout.<br />

Un ciel bleu qui se couche sur l’horizon,<br />

et une rencontre d’une intensité rare.<br />

Illustratrice aux multiples facettes, Maud<br />

Zabczynski réveille nos souvenirs et calme<br />

nos troubles. Elle donne cette délicate<br />

impression que tout peut s’envoler, comme<br />

pour nous aider à aimer le pire chez l’autre,<br />

et à s’attacher au meilleur avec le temps.<br />

Elle illustre nos certitudes de ne jamais être<br />

assez bien, nos espoirs d’être indispensable<br />

à l’Univers. Elle met des images sur notre<br />

refus d’une sagesse trop longue, et donne<br />

une couleur à nos extraits d’étincelles.<br />

Sept moments intenses, comme si ce petit<br />

bout de femme était à la fois l’île et le<br />

bateau, pour aller à notre rencontre et nous<br />

emmener au bord des choses.


L<br />

L’EFFET DE MAUDE<br />

SÉBASTIEN HANESSE<br />

#I<br />

Les premiers pas<br />

Ma maman commence par me mettre<br />

des pinceaux dans les mains, elle me<br />

laisse m’exprimer, elle m’inscrit à des<br />

ateliers artistiques et elle m’emmène à des<br />

expositions. Je découvre l’univers artistique<br />

très jeune. Je me rappelle des cabanes en<br />

tissu que je construisais, j’ai la chance d’avoir<br />

eu une maman près de moi quand j’étais petite.<br />

Grand saut dans le temps. Je suis Lilloise,<br />

presque Belge. Je rentre dans un lycée d’arts<br />

appliqués à Roubaix, une sorte de petit cocon<br />

ou j’évolue parmi des personnes créatives.<br />

Je me suis ensuite orienté vers le stylisme, à<br />

Tourcoing. A 20 ans, je m’installe à Bruxelles,<br />

je prends des cours du soir en bande dessinée<br />

et je commence à étudier l’illustration à Saint-<br />

Luc.<br />

La quête de sens<br />

Certaines thématiques me sont chères, comme<br />

des idées de célébration, de communion avec<br />

les autres et la nature, le monde onirique. C’est<br />

une idée de partage dans la création. Cette<br />

créativité m’apporte simplement un bien-être,<br />

se sentir avec l’idée du monde qu’on a envie de<br />

partager ou de véhiculer, le lien entre le réel et<br />

la fiction. Par l’image, tu peux communiquer<br />

avec n’importe qui, sans utiliser les mots.<br />

Et même quand le mot et l’image sont<br />

associés, ils ne disent pas la même chose<br />

et se complètent. Il y a toujours une histoire,<br />

une ambiance, une atmosphère dans ce que<br />

j’essaie de créer. Mais tout commence toujours<br />

par une recherche d’images. Il y a un perpétuel<br />

aller-retour et la phase de liberté sans<br />

intentions et ce moment où l’intention doit être<br />

clairement exprimée. Il faut avoir cet équilibre<br />

entre la technique et la sensibilité.<br />

« Les failles deviennent les forces avec le<br />

temps, et dans un travail comme celui-ci,<br />

l’hypersensibilité est canalisée »


L<br />

L’EFFET DE MAUD<br />

SÉBASTIEN HANESSE<br />

#I<br />

Mosaïque<br />

Je m’intéresse à de nombreuses techniques.<br />

J’ai tendance à la dispersion, mais il y a<br />

toujours un je-ne-sais-quoi qui relie tout. J’ai<br />

toujours le dilemme entre le côté graphique<br />

et le côté pictural, entre la poésie simple et la<br />

force de la couleur. Je m’intéresse aussi aux<br />

matières textiles, les boutiques de vêtements<br />

sont de véritables musées pour moi. Je me<br />

suis intéressée à la mosaïque avec une amie,<br />

Murielle Lô, avec qui j’ai réalisé ce travail à<br />

Saint-Gilles. Suite à un appel à projets, notre<br />

dossier a été retenu. Nous proposions à la<br />

fois de la réaliser avec de la peinture et des<br />

touches de mosaïque mais la commune a<br />

uniquement souhaité une mosaïque. Gros<br />

challenge pour nous car c’était une première<br />

fois.<br />

La mélancolie<br />

Elle est inhérente au vécu de chacun. Elle est<br />

complémentaire à mon euphorie, elle est liée<br />

à une certaine idée du romantisme. C’est une<br />

sorte de constat de l’époque dans laquelle<br />

on vit, des choses positives mais aussi de la<br />

désillusion. Il y a la dureté du monde, mais<br />

ce n’est pas la fin du monde, c’est la fin d’un<br />

monde. Nous sommes parfois tristes, parfois<br />

mélancoliques, mais nous restons solidaires<br />

dans ce genre de moment, ce n’est pas<br />

quelque chose de pessimiste. J’ai plein de<br />

failles, je pense les connaître. Je les connais<br />

mieux maintenant qu’à 19 ans. Les failles<br />

deviennent les forces avec le temps, et dans<br />

un travail comme celui-ci, l’hypersensibilité est<br />

canalisée.


L<br />

L’EFFET DE MAUD<br />

SÉBASTIEN HANESSE<br />

#I<br />

Rencontre avec Pierre Huyghe<br />

Beaucoup d’artistes m’inspirent, mais je ne sais<br />

pas si ça se ressent dans mon travail. Pierre<br />

Huyghe est un artiste plasticien, un architecte<br />

français. Il travaille sur le rapport entre la fiction<br />

et le réel. J’ai une image de lui que j’avais affichée<br />

dans ma chambre quand j’étais petite sans savoir<br />

ce que j’allais faire plus tard. Plus tard, j’ai fait<br />

un voyage à Barcelone et je me suis retrouvée<br />

dans une expo de lui, et j’ai vu un des films qu’il a<br />

réalisés. Son travail et sa poésie me bouleversent.<br />

La femme-enfant<br />

J’ai besoin de me nourrir de mes expériences<br />

réelles en gardant beaucoup de fiction. Je suis<br />

autant inspirée par ma vie que par mes rêves. Il y<br />

a une grande part d’intimité que je veux préserver.<br />

L’enfance est encore très présente dans ma vie,<br />

l’adolescence aussi. Je ne peux pas me lasser<br />

de la nature, elle me ressource. Les nombreuses<br />

représentations de femmes dans mes travaux<br />

évoquent la nécessité de douceur et simplement<br />

de leurs présences.


L L’EFFET DE MAUD<br />

#I<br />

SÉBASTIEN HANESSE<br />

Les projets<br />

Je participe à un appel à projets dans la<br />

campagne belge, à Hélécine. La thématique<br />

proposée est le carnaval, et ça me parle<br />

bien. J’ai proposé une mosaïque et aussi un<br />

autre travail, on verra ce que ça donne. Je<br />

pense aussi à réaliser un livre pour enfants.<br />

Plus d’info<br />

Site web<br />

http://maudzabczynski.blogspot.be/<br />

Tumblr<br />

http://maudzabczynski.tumblr.com/<br />

Actualité<br />

Mosaïque à Saint-Gilles, sur les murs à<br />

l’angle de la rue de la Perche et de l’avenue<br />

du Parc (de l’angle jusqu’à la friterie).<br />

Illustration #I


M<br />

MIKÓ’S STORIES<br />

CAPUCINE CHANDON<br />

#I<br />

MIKÓ’S STORIES<br />

Tel un carnet de voyage, le travail de Pauline<br />

Mikó, composé d’objets, de minéraux, de<br />

textures et de nuances, de bouts et de<br />

fragments éphémères, nous a beaucoup<br />

touchés. C’est donc avec joie que nous<br />

nous sommes empressés de lui proposer<br />

une interview. Petit air malicieux et regard<br />

pétillant, elle nous a partagé son univers<br />

énigmatique. En constante recherche<br />

sur son environnement qu’elle analyse et<br />

maîtrise pleinement, elle réussit à capter<br />

l’âme des objets dans une esthétique sobre<br />

et pure telles ses roches d’Islande.


M<br />

MIKÓ’S STORIES<br />

CAPUCINE CHANDON<br />

#I<br />

Qu’est-ce qui t’inspire au quotidien <br />

J’aime aller fouiller dans des souvenirs de<br />

famille, dans mes souvenirs d’enfance. La<br />

plupart de mes projets sont basés sur la<br />

relation aux objets et les traces que l’on laisse.<br />

Ils sont souvent liés au souvenir, à ce qui reste<br />

ou ce qui est éphémère. Ce qui m’inspire ce<br />

sont les choses qui traversent le temps. La<br />

photographie m’aide à les capter et à leur<br />

donner vie à travers leur image.<br />

Ton premier appareil photo <br />

Mon père est photographe, j’ai donc eu très tôt<br />

toutes sortes d’appareils en main. Mais mon<br />

premier appareil photo m’a été offert par ma<br />

mère pour mes vingt ans, c’était un Hasselblad<br />

moyen format.<br />

Parlons de ton projet Negatives : des<br />

autoportraits enterrés ou submergés dans<br />

l’eau pendant plusieurs semaines. Quel est le<br />

message ou le but (s’il y en a un) <br />

Enterrer, c’est enlever quelque chose du<br />

quotidien, le soustraire à la vie. Je prends une<br />

photo de moi, je l’enterre et après un certain<br />

temps ce n’est plus du tout une photo de moi<br />

; cela ressemble plus à un paysage. C’est une<br />

expérience chimique, j’observe l’effet de la<br />

terre ou de l’eau sur le négatif.<br />

Quels sont tes outils de travail <br />

Je fais beaucoup de scannographie grâce<br />

à mon scanner à négatifs. Je travaille sur la<br />

matière des choses, je scanne des objets ;<br />

c’est une manière de rentrer à l’intérieur de la<br />

matière. Ma mère est médecin et cela m’a pas<br />

mal influencée. Les microscopes, les livres de<br />

biologie… C’est une esthétique qui me plaît.<br />

Je fais beaucoup d’expérimentations, j’aime<br />

observer, analyser. Toute une partie de mon<br />

travail est basée sur des négatifs, je leur fais<br />

faire plein d’expériences. Je les altère, les<br />

maltraite même parfois.


M<br />

MIKÓ’S STORIES<br />

CAPUCINE CHANDON<br />

#I<br />

Un peu comme le processus de la mémoire<br />

: les souvenirs se dégradent, ils perdent des<br />

éléments et des couleurs mais la réalité, l’âme<br />

de l’objet est toujours là.<br />

A project for later : Peux-tu nous expliquer ta<br />

démarche <br />

Quand j’étais petite, j’adorais cacher des objets.<br />

Un jour j’ai enterré une boîte avec des objets qui<br />

m’appartenaient dedans et je n’ai jamais arrêté.<br />

J’enterre des boîtes contenant des images,<br />

des cailloux, des textes, des petits objets. Des<br />

choses qui ont marqué mon quotidien à un<br />

moment de ma vie et que je décide un jour de<br />

regrouper en un endroit. Chaque boîte contient<br />

une histoire. Parfois ce sont des fictions, des<br />

vies que je m’invente ; parfois c’est la réalité. Ce<br />

sont des petits bouts de moi enterrés aux quatre<br />

coins du monde. Cela m’aide à me repérer dans<br />

une période de ma vie, à m’en souvenir. Un peu<br />

comme les gens qui se tatouent pour marquer<br />

un moment de leur vie. À l’intérieur de chacune<br />

il y a un petit mot : « If you find this, please send<br />

it back to Pauline Mikó. » J’attends de voir si elles<br />

vont me revenir. J’en ai enterré une en Islande,<br />

une dans l’Ohio et une autre au Maroc. Un jour,<br />

je ne sais pas quand, je déciderai d’aller toutes<br />

les chercher.<br />

Tu as également photographié des familles<br />

immigrées en collaboration avec Médecins du<br />

Monde. Qu’est-ce que ce projet t’a apporté <br />

Aimes-tu faire de la photographie engagée et<br />

comptes-tu faire d’autres projets de ce type <br />

Les familles que j’ai photographiées ont vécu<br />

dans un squat près de l’ULB pendant plus<br />

d’un an. Chaque année, Médecins du Monde<br />

mène son Plan Hiver afin de venir en aide<br />

aux sans-abri. Cette fois-ci, ils avaient décidé<br />

de demander à des étudiants de La Cambre<br />

de venir faire un travail photographique sans<br />

aucune consigne ni contrainte, dans le but<br />

d’apporter un regard artistique à leur travail.<br />

Ils cherchaient à se donner une image moins<br />

commerciale, sans message incitateur ou<br />

culpabilisateur. Ma première visite a été très


M<br />

MIKÓ’S STORIES<br />

CAPUCINE CHANDON<br />

#I<br />

quelque chose, même symboliquement. Il n’y<br />

a pas besoin d’être médecin pour les aider. Un<br />

an plus tard, nos photos ont été exposées avec<br />

le KVS. On a pu toucher certaines personnes<br />

et cela nous a donné le sentiment qu’on<br />

pouvait changer le regard des gens, les éclairer<br />

sur des choses qu’ils ne savaient pas. Je n’ai<br />

pas refait de projet comme cela car c’était<br />

très difficile émotionnellement. Les contrastes<br />

étaient très prononcés, parfois absurdes : ces<br />

enfants s’étaient réfugiés dans une université,<br />

mais ils ne pourront probablement jamais faire<br />

d’études. Des rats côtoyaient les petits coins<br />

décorés de fleurs en plastique par les familles.<br />

Je ne me sens pas capable de faire cela tout le<br />

temps, mais si l’occasion se représente je me<br />

lancerai sans hésiter.<br />

dure. J’ai été choquée par les conditions dans<br />

lesquelles ces personnes vivaient mais j’ai<br />

décidé d’y retourner avec une traductrice.<br />

Malgré cela, le contact fut très difficile car ils<br />

avaient peur. Les enfants, eux, étaient plus<br />

avenants, ils voulaient essayer l’appareil photo.<br />

La confiance a fini par s’installer. Ce fut une<br />

grande expérience humaine mais au-delà de<br />

cela, j’ai apprécié pouvoir contribuer à ma<br />

manière. J’ai appris que l’on peut tous faire<br />

Quels domaines t’attirent en-dehors de la<br />

photographie <br />

La musique. J’ai fondé Oh My Garden avec<br />

des amis il y a quatre ans : chaque mois, on<br />

organise un concert dans un jardin dans le<br />

but de faire découvrir des artistes, mais aussi<br />

de réduire la barrière entre le public et les<br />

artistes ; les faire se rencontrer. Les concerts<br />

sont toujours organisés chez des personnes<br />

différentes, le cadre est très intimiste. Au<br />

début, c’étaient de petites sessions entre amis.<br />

Aujourd’hui grâce aux réseaux sociaux et au<br />

bouche à oreille, le projet a pris de l’ampleur ;<br />

ce sont les artistes qui viennent vers nous.


M<br />

MIKÓ’S STORIES CAPUCINE CHANDON<br />

#I<br />

Que fais-tu actuellement As-tu des<br />

projets <br />

Actuellement je travaille dans mon<br />

nouveau studio. Je fais une résidence<br />

de 2 ans au MAD In-Situ à Bruxelles. J’y<br />

expérimente beaucoup de choses et je<br />

travaille également sur des projets de<br />

design et de mode, plus commerciaux.<br />

C’est la première fois que j’ai la chance<br />

de bénéficier d’autant d’espace. J’y fais<br />

des mises en scène, desinstallations,<br />

des expérimentations ; j’imprime, je<br />

scanne, j’essaye. Je sens que mon<br />

travail est en train de prendre une<br />

toute autre dimension où l’espace (et<br />

la taille de mes tirages) ont de plus en<br />

plus d’importance. En dehors de ça je<br />

prépare mon prochain projet : je pars<br />

au Japon cet hiver pour réaliser une<br />

série de portraits de jeunes entre 20<br />

et 30 ans et travailler autour du thème<br />

de la destruction. La lente propagation<br />

des nuisances nucléaires et le silence<br />

autour de ce sujet est assez effrayant<br />

: la jeune génération n’en parle pas<br />

beaucoup et c’est cela qui m’intéresse.<br />

Plus d’info<br />

Site web<br />

http://mikopauline.wix.com/paulinemiko#<br />

Tumblr<br />

http://mikomikomikomiko.tumblr.com/<br />

Instagram<br />

http://instagram.com/miko.miko.miko.miko<br />

Actualités<br />

Miko/Miko Studio Opening<br />

Le 4 décembre<br />

4 Rue du Vautour, 1000 Bruxelles<br />

Expo Rossi Contemporary<br />

Bruxelles, Janvier 2015


N<br />

NOUCHI, LOUIS-GABRIEL<br />

VICTOIRE DE CHANGY<br />

#I<br />

NOUCHI, LOUIS-GABRIEL<br />

Louis-Gabriel Nouchi, fraîchement diplômé<br />

de la Cambre et propulsé à l’avant de la<br />

scène par sa sélection au célébrissime<br />

festival de Hyères, nous raconte sa vision<br />

peu commune de la mode, minutieuse et,<br />

dirait-il, presque scientifique !


M<br />

NOUCHI, LOUIS-GABRIEL<br />

VICTOIRE DE CHANGY<br />

#I<br />

Qui es-tu, Louis Gabriel Nouchi <br />

Je m’appelle Louis Gabriel, Je suis né et j’ai<br />

grandi à Paris. J’ai 26 ans. Je suis diplômé de<br />

La Cambre à Bruxelles depuis juin dernier.<br />

Quand as-tu décidé de te diriger vers le<br />

stylisme Etait-ce un coup de tête, une<br />

franche certitude depuis l’enfance, ou entre<br />

les deux <br />

On peut dire que j’ai un parcours scolaire un<br />

petit peu particulier : j’ai étudié 2 ans en fac<br />

de médecine et obtenu une licence en droit<br />

avant de me lancer dans la mode. J’ai toujours<br />

voulu faire ce métier. J’ai été très marqué<br />

par les défilés Lacroix et Yamamoto que je<br />

voyais en version résumée à la télévision<br />

quand j’étais enfant. Il n’y avait pas tous les<br />

moyens d’accès aux défilés à l’époque et ces<br />

souvenirs me restent très précieux. Malgré cet<br />

engouement, le monde de la mode était, et est<br />

toujours, un milieu très effrayant pour moi, je<br />

voulais donc être certain de mon choix avant<br />

de commencer de telles études. Je pense<br />

également qu’il n’est pas facile d’entamer<br />

des études artistiques à l’âge de 16/17 ans,<br />

et je suis très content d’avoir eu un peu de<br />

background avant de commencer. Alors oui,<br />

il s’agit là d’un rêve de gosse que j’ai mis un<br />

certain temps à assumer, mais aujourd’hui je<br />

ne pourrais plus envisager ma vie sans cette<br />

passion, cette profession.<br />

« J’ai un raisonnement très scientifique<br />

pour mes collections (...) tout se doit d’être<br />

justifié. »


M<br />

NOUCHI, LOUIS-GABRIEL<br />

VICTOIRE DE CHANGY<br />

#I<br />

Tu as dernièrement présenté à Hyères<br />

une collection inspirée du thème central,<br />

l’antagonisme, du chef d’oeuvre « Princesse<br />

Mononoké » de Miyazaki. Tu nous racontes <br />

Ce film est sans conteste la plus grande<br />

claque visuelle que je me suis prise au<br />

cinéma, et d’elle a découlé toute mon<br />

obsession sur le Japon. J’avais besoin de<br />

travailler là-dessus pour pouvoir passer à<br />

autre chose. Travailler à partir d’un manga n’a<br />

pas été une mince affaire, car cette discipline<br />

n’est que trop peu considérée comme «une<br />

référence sérieuse» pour une collection de<br />

mode (surtout en Belgique où tout est très<br />

conceptuel). Je souhaitais surtout travailler<br />

sur la notion d’équilibre développée au sein du<br />

film : équilibre entre les hommes et la nature,<br />

les hommes et les femmes, l’état sauvage<br />

et la civilisation, … En somme, comment<br />

des opposés doivent vivre ensemble et en<br />

harmonie. J’ai également été inspiré par<br />

l’incroyable travail de l’artiste Geta Brătescu.<br />

L’objectif a été de réaliser une collection avec<br />

10000 informations, couleurs et techniques<br />

par pièce et par look et que d’un même<br />

tenant l’ensemble soit cohérent et «digeste»<br />

visuellement. Une autre idée était également<br />

de travailler la coupe ethnique (les kimonos)<br />

comme des tailleurs et inversement, ou<br />

bien de partir de broderie pour arriver à des<br />

illusions de jacquard.


M<br />

NOUCHI, LOUIS-GABRIEL<br />

VICTOIRE DE CHANGY<br />

#I<br />

Faire partie des dix créateurs en compétition<br />

à un tel festival doit être sacrément<br />

encourageant. Comment en arrive-t-on à être<br />

sélectionné à Hyères <br />

C’est un immense honneur en effet, surtout<br />

quand on voit les créateurs qui sont passés<br />

par là ! J’ai mis un certain temps à réaliser,<br />

parce que tous les étudiants en rêvent.<br />

C’était assez compliqué car je me devais<br />

de gérer ma collection de 5ème année en<br />

même temps que le festival. A Hyères, il y a<br />

également énormément d’attention braquée<br />

sur soi, ce qui n’est pas forcément évident à<br />

gérer lorsqu’on n’a pas l’habitude. Comment<br />

en arriver là Dans la promo de cette année,<br />

on était tous de grands bosseurs. Il y avait<br />

énormément de travail et d’investissement<br />

dans chaque projet. Je pense qu’il faut avoir<br />

de la chance, tomber sur le bon jury pour<br />

que le dossier soit sélectionné. Il n’y a pas<br />

de formule miracle, je pense qu’il faut savoir<br />

provoquer la chance, être au bon endroit et au<br />

bon moment dans la mesure du possible.<br />

« J’aime avoir un côté racoleur ! »


M<br />

NOUCHI, LOUIS-GABRIEL<br />

VICTOIRE DE CHANGY<br />

#I<br />

Tes collections s’appellent Alcools ou I hate<br />

humans !, pourquoi le choix de tels noms <br />

Je démarre toujours d’un thème précis<br />

(un film, un livre) que je développe autour<br />

de problématiques. J’ai un raisonnement<br />

très scientifique pour mes collections, je<br />

ne supporte pas les éléments décoratifs<br />

et tout se doit être justifié. Le titre permet<br />

d’interpeller. Il constitue généralement un des<br />

points de départ de la collection, donne une<br />

atmosphère ou une envie. I hate Humans est<br />

une des phrase du film de Miyazaki et Alcools<br />

et le titre du recueil de poème d’Apollinaire<br />

sur lequel j’ai travaillé pour ma collection<br />

homme. Apres j’aime bien aussi avoir un côté<br />

racoleur (rires) !<br />

Tu as terminé récemment tes études à la<br />

Cambre. Que t’aura apporté la Belgique dans<br />

ton travail <br />

Tout ! Je ne savais même pas coudre un<br />

bouton avant mon concours d’entrée à<br />

la Cambre. Certains profs que j’ai eu làbas<br />

sont incroyables. La Belgique a un<br />

potentiel énorme de création et je suis assez<br />

triste de partir d’ici, même si je compte<br />

faire régulièrement des allers-retours. Les<br />

gens, sans surprise, sont beaucoup plus<br />

ouverts qu’à Paris, il est plus facile de se<br />

faire des contacts, de sortir, de trouver un<br />

appartement.... Je reviendrai y vivre, c’est<br />

certain ! A Hyères, on me présentait comme<br />

le Français de la sélection, alors que je me<br />

sentais complètement Belge !<br />

Et Bruxelles en particulier <br />

Bruxelles serait la perfection faite ville s’il y<br />

avait un système de transports en commun<br />

ne datant pas du 19ème siècle. A part ça rien<br />

à redire, il fait vraiment bon y vivre !


N<br />

NOUCHI, LOUIS-GABRIEL<br />

VICTOIRE DE CHANGY<br />

#I


N<br />

NOUCHI, LOUIS-GABRIEL VICTOIRE DE CHANGY<br />

#I<br />

Quels seraient selon toi les nouveaux<br />

créateurs à suivre de près <br />

Je regarde davantage le menswear, pour moi<br />

les créateurs londoniens et belges sont les<br />

plus rafraichissants et dynamiques : Craig<br />

Green, Christopher Shannon, JW Anderson,<br />

Christopher Kane. En Belgique, il faut<br />

suivre de près A.Knackfuss et Emmanuelle<br />

Lebas. Sinon, il y a un étudiant qui est sorti<br />

de L’académie d’Anvers dont j’ai adoré la<br />

collection : Yens Cuyvers. A Paris, Coperni (ils<br />

viennent de remporter le prix des premières<br />

collection à L’Andam), ainsi que Etienne<br />

Deroeux. La Suisse est le pays qui monte le<br />

plus également au niveau de la mode.<br />

Plus d’info<br />

Site web<br />

www.louisgabrielnouchi.com<br />

Facebook :<br />

www.facebook.com/louis.nouchi<br />

Crédit photo<br />

Emilie Gomez


O<br />

ORAGEUX ÉPICIERS<br />

VICTOIRE DE CHANGY<br />

#I<br />

ORAGEUX ÉPICIERS<br />

L’épicerie de l’orage, c’est l’histoire d’un<br />

amour, non de deux amours, de dix, oh.<br />

L’épicerie de l’orage, c’est une histoire<br />

amour. Rencontre avec les épiciers.


O<br />

ORAGEUX ÉPICIERS<br />

VICTOIRE DE CHANGY<br />

#I<br />

Qui êtes-vous, les épiciers de l’orage<br />

Nous sommes Catherine et Jean-Marie. Nous<br />

avons eu plusieurs vies professionnelles :<br />

l’enseignement, le journalisme jeunesse, la<br />

création multimédia, etc. Aujourd’hui, nous<br />

partageons notre temps entre l’épicerie de<br />

l’orage et un autre job alimentaire. Nous avons<br />

un petit garçon ensemble, et au total quatre<br />

enfants à nous deux. L’épicerie de l’orage, c’est<br />

une aventure de création et une aventure de<br />

couple en même temps. On est super fusionnels,<br />

très passionnés, on poursuit ensemble un idéal<br />

commun. On est ultra bavards, on parle jour et<br />

nuit. On est aussi très entiers, on adore ou on<br />

déteste – on a parfois de grosses colères mais<br />

plus souvent de grands coups de coeur. On<br />

est parfois difficiles à suivre... mais ceux qui y<br />

arrivent ne le regrettent jamais (ou presque) !<br />

Tous les jours on se dit qu’on vit une aventure<br />

singulière. Souvent on se dit qu’on va la raconter.<br />

Parfois on y travaille.<br />

quotidien, celles qu’on avait envie de raconter<br />

de façon « différente » ; et puis l’orage, c’est<br />

la lumière, l’étincelle qu’on y ajoute, celle<br />

aussi qui donne du sens, l’énergie créatrice.<br />

L’épicerie : le documentaire ; l’orage : faire «<br />

tilter » le monde en y mettant de soi !<br />

Pourquoi le choix d’un tel nom Peut-on<br />

envisager de s’offrir un peu de foudre dans votre<br />

échoppe <br />

Notre histoire amoureuse a débuté un jour<br />

d’orage devant une épicerie... Quelques années<br />

plus tard, quand nous avons décidé de créer<br />

la maison d’édition, nous avons longuement<br />

cherché un nom. Il y en a eu beaucoup, aucun<br />

ne nous plaisait vraiment... Et puis un jour,<br />

une évidence : l’épicerie de l’orage... Ce groupe<br />

de mots que nous employions si souvent<br />

pour parler de ce moment précieux de notre<br />

histoire, c’était ça, il collait parfaitement à notre<br />

nouveau projet ! L’épicerie, ce sont les choses du<br />

« L’idée de départ est très simple : il s’agit<br />

de regarder un peu le monde qui nous<br />

entoure, de l’appréhender sous toutes ces<br />

facettes, de l’apprendre et de le goûter et<br />

d’y ajouter sa touche, son grain de sel, y<br />

consigner son avis et sa vie »


O<br />

ORAGEUX ÉPICIERS<br />

VICTOIRE DE CHANGY<br />

#I<br />

Comment l’aventure a-t-elle démarré <br />

On peut dire qu’elle a débuté le jour où<br />

l’on s’est rencontrés. Très vite, nous avons<br />

aimé travailler ensemble. Réfléchir, créer,<br />

élaborer, proposer des choses à ce public –<br />

des préados aux jeunes adultes – que nous<br />

avions en commun. Nous avons travaillé sur<br />

un premier projet avec un éditeur, nous avions<br />

l’idée d’une collection. Mais assez rapidement<br />

nous avons senti que nous avions besoin<br />

d’indépendance, qu’un partenaire pouvait<br />

« tordre » l’idée. Alors on a un peu « sauté<br />

dans le vide », en lâchant nos deux boulots<br />

salariés, en quittant notre vie parisienne<br />

pour partir nous installer à Marseille. Il fallait<br />

créer la maison et lancer à côté une activité<br />

qui nous fasse vivre, mais qui soit en même<br />

temps suffisamment souple pour nous laisser<br />

du temps pour l’épicerie de l’orage. Nous<br />

avons commencé par deux premiers titres<br />

que nous avons écrits et réalisés seuls. Très<br />

vite une petite communauté de lecteurs s’est<br />

agrégée autour de nous, notamment grâce<br />

aux réseaux sociaux et au blog que nous<br />

avions créé. Cette communauté, c’est encore<br />

aujourd’hui une partie de l’ADN de la maison...<br />

Qu’est-ce qui fait la particularité d’un livre de<br />

l’épicerie de l’orage <br />

L’idée de départ est très simple : il s’agit de<br />

regarder un peu le monde qui nous entoure,<br />

de l’appréhender sous toutes ces facettes,<br />

de l’apprendre et de le goûter et d’y ajouter<br />

sa touche, son grain de sel, y consigner<br />

son avis et sa vie. «.... Décrire le monde non<br />

pas comme il est, mais comme il est quand<br />

je m’y ajoute » écrivait Giono. Et il ajoutait<br />

: « ce qui évidemment ne le simplifie pas »...<br />

C’est un peu ça l’idée... Nos ouvrages sont<br />

donc tout à la fois des livres et des carnets.<br />

Des documentaires créatifs. Ils partent<br />

du principe que nos lecteurs savent déjà<br />

beaucoup de choses sur le monde qui les<br />

entoure, et qu’on peut les accompagner dans<br />

la consolidation de ce savoir. Qu’on leur parle<br />

d’amour ou de politique, d’orthographe ou<br />

de famille, on a besoin pour cela de « greffer<br />

de l’inconnu sur du connu », pour que les<br />

nouvelles connaissances s’enracinent. Nos<br />

livres proposent donc à la fois du contenu<br />

documentaire, pour apprendre et découvrir,<br />

et des espaces où l’on peut écrire, poser sa<br />

réflexion, consigner sa vie et son expérience<br />

du monde... Parfois, quand le sujet s’y prête,<br />

nous y proposons aussi des textes littéraires,<br />

parce que découvrir le monde, c’est aussi<br />

y accéder à travers la création. Ne pas se<br />

contenter d’expliquer le monde ; le donner à<br />

voir, aussi.


O<br />

ORAGEUX ÉPICIERS<br />

VICTOIRE DE CHANGY<br />

#I<br />

Quel élan vous anime-t-il lorsque vous vous<br />

lancez dans un nouveau projet Comment<br />

jetez-vous votre dévolu sur ce dernier <br />

Des idées, on en a mille par jour. Ce qui est<br />

compliqué, c’est de choisir entre ces mille<br />

titres possibles... La grande difficulté c’est<br />

de concrétiser, de passer au réel. C’est ce<br />

moment où on donne vraiment vie à nos<br />

désirs. C’est donc souvent quand on arrive<br />

à associer un nom – ou des noms – à une<br />

de nos idées qu’un projet embraye. Et là, en<br />

général, ça démarre à fond !<br />

Quelle est votre démarche en tant qu’éditeur <br />

« Editeur », ça fait peur, hein ! Toute l’imagerie<br />

associée, les attentes que cela suscite, les<br />

fantasmes... On ne se reconnaît pas làdedans<br />

– ce qui génère parfois quelques<br />

malentendus... L’épicerie de l’orage, c’est<br />

plutôt une aventure – une aventure éditoriale<br />

d’abord, mais pas uniquement – dans laquelle<br />

nous faisons entrer des gens au fil des envies<br />

et des rencontres. C’est un collectif d’idées,<br />

d’écriture, de création.<br />

Vous financez, principalement ou<br />

exclusivement, vos ouvrages par le<br />

crowdfunding. Les participants, de la sorte,<br />

fonctionnent « au cœur ». Quels sont, pour<br />

vous, les avantages et travers de cette<br />

démarche <br />

En réalité nous n’avons financé que deux<br />

titres sur 10 à travers une plateforme de<br />

crowdfunding. Mais très sincèrement, nous<br />

n’y voyons aujourd’hui que des avantages !


O<br />

ORAGEUX ÉPICIERS<br />

VICTOIRE DE CHANGY<br />

#I<br />

Ça règle évidemment des problèmes de<br />

trésorerie propres aux micro-structures<br />

comme la nôtre, surtout si on ne veut pas<br />

imprimer à bas coût en Chine mais continuer<br />

de fabriquer dans une démarche écoresponsable<br />

: impression sur papier recyclé,<br />

localement, chez des gens respectueux des<br />

conditions de travail... Evidemment, cette<br />

approche a un coût important, et le principe de<br />

la souscription nous permet de l’amortir. Cette<br />

trésorerie nous permet aussi de verser des<br />

à-valoir aux auteurs. Mais ce n’est pas la seule<br />

vertu de l’opération ! La présence pendant<br />

trois mois sur une plateforme de financement<br />

participatif nous permet aussi de tester le<br />

projet : on échange avec les internautes,<br />

on devient visible, on implique les lecteurs,<br />

on raconte vraiment une histoire qui va de<br />

l’idée à la diffusion du projet, en passant par<br />

sa réalisation et sa fabrication - un makingof<br />

vivant et en temps réel, passionnant à<br />

produire ! Et la famille de l’épicerie de l’orage,<br />

tout autour de nous, participe et s’agite, c’est<br />

vraiment très stimulant. On se sent embarqué<br />

dans une grande marche qui parfois nous<br />

dépasse un peu et c’est très agréable aussi<br />

comme ça ! La limite de l’exercice pourrait<br />

être de lasser les gens au bout d’un moment<br />

- « Oooh, encore un Ulule... ». Mais en réalité,<br />

nous pensons l’inverse la plupart du temps, au<br />

point de réfléchir à en faire le cœur du modèle<br />

économique de l’épicerie de l’orage. Avec cette<br />

ligne directrice : si un projet n’est pas financé,<br />

c’est que ce n’est pas une bonne idée, nous le<br />

produisons pas...<br />

Comment envisagez-vous le futur des petites<br />

structures en édition, tant en France qu’à<br />

l’étranger <br />

La survie des petites structures comme<br />

la nôtre dans le milieu de l’édition,<br />

c’est extrêmement difficile... On le voit<br />

pratiquement tous les mois avec une maison<br />

qui ferme ses portes sans avoir réellement<br />

trouvé sa place, ou à bout de trésorerie. La<br />

faiblesse économique se double d’un énorme<br />

problème de visibilité et de diffusion. Il n’est<br />

pas du tout évident de faire sa place dans<br />

une production éditoriale pléthorique : de<br />

très nombreux libraires sont particulièrement<br />

frileux et ont du mal à travailler avec des<br />

petits éditeurs auto-diffusés. Il faut donc être<br />

super imaginatif et trouver de nouvelles voies,<br />

être créatif jusque dans l’élaboration de son<br />

business plan et de son plan de diffusion. Et<br />

nous sommes convaincus que pour survivre,<br />

les petites structures doivent sortir des<br />

schémas classiques diffuseur-distributeurlibraire<br />

pour aller inventer, en s’appuyant<br />

notamment sur Internet, un nouveau modèle<br />

économique viable.<br />

Composition familiale, votre dernier projet, est<br />

en cours d’impression. Quelle est la suite du<br />

programme <br />

La suite immédiate, c’est Montreuil, le salon<br />

du livre jeunesse. Le moment fort de notre<br />

année. Celui où on rencontre nos lecteurs, où<br />

l’on échange avec nos pairs éditeurs... et où<br />

l’on boit quelques coups avec tous ceux qui<br />

partagent l’aventure : auteurs, illustrateurs,<br />

copains en tous genres !


O<br />

ORAGEUX ÉPICIERS<br />

VICTOIRE DE CHANGY<br />

#I<br />

Et attention, scoop: en exclusivité mondiale<br />

pour Alphabeta, nous sortons cette année du<br />

grand marché (l’espace réservé aux petits<br />

éditeurs) pour avoir notre propre stand ! On<br />

passe dans la cour des grands, en partageant<br />

un grand espace avec deux autres éditeurs<br />

dont nous partageons l’approche éditoriale et<br />

l’univers visuel. Nous souhaitons davantage<br />

mutualiser nos pratiques, partager les<br />

petites difficultés et les grandes avancées<br />

(et l’inverse...) dans cet esprit atypique et<br />

indépendant que nous défendons tous les<br />

trois. Quant à la suite éditoriale Ce qui nous<br />

plaît dans cette aventure c’est que l’on voit le<br />

chemin en train de se faire. On n’a pas pensé<br />

en amont une collection parfaite, formatée,<br />

immuable. On tâtonne, on cherche, on se<br />

nourrit, on fait entrer dans la danse des gens<br />

qui nous font grandir, on approche peu à peu<br />

de ce que l’on a vraiment envie de faire mais<br />

ce que l’on a vraiment envie de faire change<br />

aussi, c’est donc une éternelle course mais<br />

la route est belle ! On est en perpétuelle<br />

mutation. Aujourd’hui, sans rien renier, on<br />

ne referait pas les mêmes livres qu’il y a<br />

trois ans et c’est bien ! Les lecteurs, le jeune<br />

public et leurs parents, nous suivent dans ces<br />

changements et apprécient d’être parfois un<br />

peu déroutés, en tout cas surpris. La suite,<br />

c’est donc la prochaine métamorphose. Une<br />

forme différente encore et un public élargi.<br />

Dans la veine de ce que nous avons déjà fait<br />

mais, avec pas mal de nouveauté. Un projet<br />

fou : une sorte de consigne automatique<br />

pour fragments de vie. Ce qui évidemment ne<br />

simplifie pas la nôtre...<br />

Plus d’info<br />

Site Web<br />

http://www.lepiceriedelorage.net<br />

Facebook<br />

https://www.facebook.com/lepicerie.deloragefref=ts


P PETITE ANNONCE<br />

TOI <br />

#I<br />

PAGE BLANCHE<br />

POUR CONTRIBUTEUR<br />

ENTHOUSIASTE


Q<br />

QUEEN MOUSTACHE<br />

AURÉLIA MORVAN<br />

#I<br />

QUEEN MOUSTACHE<br />

Aurélie William Levaux, blonde et Liégoise<br />

comme la Curtius, utilise des supports<br />

divers pour créer des mondes où Marguerite<br />

Duras et Freddy Mercury chevauchent<br />

des arcs-en-ciel entourés de poissons.<br />

Elle n’en a pas l’air comme ça, mais elle ne<br />

mange pas les êtres humains. Par contre<br />

elle aime les poils, les poils au-dessus de<br />

la bouche des garçons. Ah et elle sort un<br />

nouveau livre aussi.<br />

« Duras et le marin de Zanzibar », Aurélie William Levaux


Q<br />

QUEEN MOUSTACHE<br />

SÉBASTIEN AURÉLIA MORVAN HANESSE<br />

#I<br />

Où, quand, quoi, comment, qui : qui est<br />

Aurélie William Levaux <br />

Je suis née en 1981, je suis l’aînée d’une<br />

famille catholique de onze enfants. Dans ce<br />

type de famille, il faut trouver un lieu à soi, une<br />

manière de s’échapper en étant là, et de se<br />

démarquer. Mon espace à moi fut rapidement<br />

l’écriture et le dessin, je me planquais<br />

derrière mes feuilles et me racontais des<br />

histoires. Ça ne m’a jamais quitté. Je suis une<br />

personne angoissée, révoltée, en perpétue<br />

questionnement et relativement explosive.<br />

Sans le rapport à l’écriture, au dessin, et à la<br />

création en général, j’ai l’impression de ne<br />

pas exister totalement, de me décomposer,<br />

de perdre la raison. Créer est vital pour moi,<br />

c’est ça ou tout démolir. Et comme j’ai une<br />

tendance à m’ennuyer très vite, j’essaie<br />

d’avoir un maximum de projets différents, et<br />

d’avoir toujours quelque chose sur le feu. Une<br />

manière de ne pas voir le temps qui passe,<br />

d’échapper à la morbidité de la vie, aux rides<br />

et au monde qui crève.<br />

Après Johnnychrist et Prédictions, votre livre<br />

Le verre à moitié vide, sort prochainement aux<br />

éditions Atrabile. Comment en parleriez-vous<br />

à quelqu’un qui ne l’a pas encore eu entre les<br />

mains <br />

C’est un bouquin qui parle des<br />

questionnements quotidiens, de la relation<br />

homme/femme et de la relation au monde.<br />

C’est assez difficile pour moi d’en parler et<br />

d’avoir du recul par rapport à mon travail.<br />

Le verre à moitié vide, Aurélie William Levaux / Les éditions Atrabile<br />

Quand je bosse, je sais très bien où je vais, ce<br />

que je veux transmettre, il y a une forme de<br />

transe dans le processus. Ensuite, je range les<br />

dessins et ne les regarde plus. Quand mes livres<br />

sortent, j’arrive difficilement à les regarder et<br />

à les lire, comme si j’étais face à ma connerie<br />

subitement. Je me mets tellement à nu, que cela<br />

me dérange, je me dérange moi-même. Mon<br />

mari Moolinex a lu le livre hier, il m’a dit de ne<br />

pas trop me tracasser, parce qu’on n’y comprend<br />

rien si on ne passe pas une demi-heure à<br />

chercher le sens sur chaque page. Je ne sais<br />

pas si c’est rassurant, mais bon, du coup je ne<br />

suis pas totalement à poil, il faut un peu creuser<br />

apparemment.


Q<br />

QUEEN MOUSTACHE<br />

AURÉLIA MORVAN<br />

#I<br />

« Une moustache, pour moi, c’est comme<br />

une bite »<br />

« C’est un boulot super compliqué mais<br />

qui me tient à cœur parce que je trouve<br />

qu’il est rare d’être bien baisée »<br />

Des femmes nues, des hommes poilus, des<br />

animaux, Gérard Depardieu : vos créations<br />

regorgent de sujets, de symboles. Qu’est-ce<br />

qui vous inspire <br />

L’inspiration est partout, tout est sujet, une<br />

phrase entendue ou lue, le ciel, les gens qui<br />

passent, les informations, les films. J’aime les<br />

symboles de toutes sortes, j’aime créer des<br />

liens entre des choses qui n’en ont pas au<br />

premier abord, décaler le propos de l’image<br />

pour donner plusieurs lectures, plusieurs sens<br />

en un, j’aime la complexité des choses. Je<br />

suis marquée par les images religieuses et<br />

populaires. Je peux me baser sur à peu près<br />

n’importe quoi pour raconter quelque chose.<br />

Mais ce qui m’intéresse le plus, ce sont les<br />

rapports humains, l’humain et ses émotions,<br />

et pour ça, on peut se servir de tout, une<br />

plante peut aussi bien parler qu’une licorne.<br />

Les moustaches, c’est parce que j’adore ça.<br />

Quand j’avais six ans, je suis tombée sur<br />

un livre de cul, les hommes y portaient des<br />

moustaches, et du coup, pour moi, c’est un<br />

symbole sexuel. Une moustache, pour moi,<br />

c’est comme une bite.<br />

Vous avez une technique de travail un peu<br />

particulière puisque, pour certaines oeuvres,<br />

vous alliez le dessin et la broderie. Comment<br />

se passe le processus de création d’une<br />

oeuvre concrètement <br />

Je travaille un peu n’importe comment,<br />

comme une grosse brute, je n’ai aucune ligne.<br />

Je peux commencer à écrire une phrase et<br />

dessiner par-dessus, ou l’inverse, commencer<br />

des projets papier et faire un truc qui n’a rien<br />

à voir juste après. J’écris énormément, et<br />

c’est la base de tout mon travail, un travail de<br />

réflexion. Mais pour le reste, je suis décousue<br />

dans ma manière d’aborder un dessin. Je<br />

suis incapable de concevoir un scénario<br />

digne de ce nom, je recompose tout au fur et<br />

à mesure. Le tissu est un support que j’aime<br />

bien, avec lequel je suis à l’aise, et la broderie<br />

me calme. Je sais ce que je veux dire, mais<br />

jamais comment, et souvent, ça donne des<br />

compositions franchement bizarres.


Q<br />

QUEEN MOUSTACHE<br />

AURÉLIA MORVAN<br />

#I<br />

Si vous deviez ne me parler que d’un seul de<br />

vos dessins, lequel serait-ce et pourquoi <br />

Bon, ça c’est compliqué. Je vais prendre « Ta<br />

violence », je l’aime bien, je le trouve assez<br />

doux et poétique malgré le sujet un peu dur.<br />

Je crois que c’est représentatif de ce que je<br />

fais, une image qui peut de loin ressembler à<br />

une icône, et en se rapprochant, découvrir le<br />

sens et la noirceur du propos. Ce dessin me<br />

ramène, comme chaque dessin, à un moment<br />

de ma vie, à ces étapes compliquées, à<br />

dépasser. J’ai l’impression qu’en marquant les<br />

choses dans le tissu, j’arrive à les évacuer et<br />

à avancer. Et ici, la violence passée a fini par<br />

disparaître.<br />

D’autres projets en cours ou en tête <br />

Oui, un livre avec Caroline Lamarche va<br />

sortir ce mois-ci. Deux autres en janvier<br />

logiquement. Je travaille sur des installations<br />

avec Moolinex, pour des galeries et nous<br />

travaillons aussi ensemble sur un livre<br />

d’éducation sexuelle, c’est un boulot super<br />

compliqué, mais qui me tient à cœur, parce<br />

que je trouve qu’il est rare d’être bien baisée.<br />

Et là, en ce moment, je fais des étendards, en<br />

broderie.<br />

« Ta violence », Aurélie William Levaux


Q<br />

QUEEN MOUSTACHE<br />

AURÉLIA MORVAN<br />

#H #I<br />

Plus d’info<br />

Site web<br />

www.aureliewilliamlevaux.be<br />

Facebook<br />

www.facebook.com/aurelie.levaux<br />

Actualité<br />

Le verre à moitié vide de Aurélie William Levaux,<br />

parution en août 2014 aux éditions Atrabile, 104<br />

pages, 20 x 28 cm, 19.50 €<br />

www.atrabile.org<br />

Crédits<br />

Photo 1 et 3 : Aurélie William Levaux<br />

Photo 2 : Aurélie William Levaux / Les éditions<br />

Atrabile


R<br />

ROSE PIQUÉ À VIF<br />

AXELLE MINNE<br />

#I<br />

ROSE PIQUÉ À VIF<br />

Si je vous dis rose vif ou bleu sarcelle, il y a<br />

peu de chances que des photographies de<br />

guerre soient la première chose qui vous<br />

vienne à l’esprit, et pourtant… The Enclave,<br />

l’installation multimédia du photographe<br />

Richard Mosse exposée en ce moment au<br />

FoMu à Anvers risque bien de chambouler<br />

votre imaginaire guerrier.<br />

Lac Vert, 2012


R<br />

ROSE PIQUÉ À VIF<br />

AXELLE MINNE<br />

#I<br />

En utilisant un film à sensibilité<br />

infra-rouge, matériel initialement<br />

employé par les militaires lors<br />

d’opérations camouflage, Richard<br />

Mosse exacerbe la tension existant<br />

entre la photographie de guerre et les<br />

situations de conflit persistant encore<br />

actuellement dans l’est du Congo.<br />

Etendues de vallées aux dimensions<br />

presque irréelles, détails quotidiens<br />

presque poétiques, se confrontent à la<br />

noirceur d’un pays en guerre où<br />

5,4 millions de personnes ont perdu<br />

la vie depuis 1998.<br />

Grâce à cette esthétique troublante,<br />

perchant le spectateur au bord<br />

du malaise, le photographe bouscule<br />

les codes de la photographie de guerre<br />

traditionnelle, la manière usuelle de<br />

documenter et de communiquer<br />

sur des tragédies sévissant à travers<br />

le monde.<br />

Safe from Harm, 2012<br />

Son installation The Enclave,<br />

actuellement au FoMu à Anvers,<br />

« confronte le spectateur à une<br />

installation multimédia désorientante<br />

et physiquement immersive. L’œuvre<br />

comprend six grands écrans avec un<br />

son ambiophonique douze points, créant<br />

une expérience kaléidoscopique en<br />

couches, très esthétisée tout en restant<br />

fermement ancrée dans la dure réalité. »


R<br />

ROSE PIQUÉ À VIF<br />

AXELLE MINNE<br />

#H #I<br />

Of Lilies and Remains, 2012


R<br />

ROSE PIQUÉ À VIF<br />

AXELLE MINNE<br />

#H #I<br />

Plus d’info<br />

Site Web<br />

www.richardmosse.com<br />

Page Facebook<br />

https://www.facebook.com/pages/Richard-<br />

Mosse/352530351445810<br />

Sur l’exposition<br />

The Enclave de Richard Mosse<br />

Jusqu’au 11/11/2014<br />

au FoMu à Anvers<br />

FoMu - FotoMuseum Provincie Antwerpen<br />

Waalsekaai 47<br />

2000 Antwerpen<br />

T: +32 (0)3 242 93 00<br />

info@fomu.be<br />

Site Internet<br />

http://www.fotomuseum.be/fr.html<br />

Page Facebook<br />

https://www.facebook.com/fomufotomuseumantwerp


S SWIMMING POOL JEHANNE MOLL<br />

#I<br />

SWIMMING POOL<br />

par Jehanne Moll


S SWIMMING POOL JEHANNE MOLL<br />

#I


S SWIMMING POOL JEHANNE MOLL<br />

#I


S SWIMMING POOL JEHANNE MOLL<br />

#I


S SWIMMING POOL JEHANNE MOLL<br />

#I


F SWIMMING POOL<br />

AXELLE MINNE #I<br />

Plus d’info<br />

Photographe<br />

Jehanne Moll<br />

Site Internet<br />

www.jehannemoll.com<br />

Créatrice<br />

Claire-Lise Lieutenant<br />

Maquilleuse<br />

Allison Irskens<br />

Modèle<br />

Marine Boland


T TOP 10 : CINÉMAS D’ART & D’ESSAI CAPUCINE CHANDON<br />

#I<br />

TOP 10 : CINÉMAS<br />

D’ART & D’ESSAI<br />

Petites pépites cachées à<br />

l’abri des regards dans les<br />

galeries et les ruelles, les<br />

cinémas d’art et d’essai<br />

survivent tant bien que<br />

mal aux gros complexes<br />

cinématographiques de<br />

notre monde de plus en<br />

plus capitalisé. Le terme<br />

désigne en France les<br />

établissements montrant<br />

des films recommandés «<br />

art et essai » par le CNC et<br />

l’AFCAE (le Centre National<br />

de la Cinématographie et<br />

l’Association Française<br />

des Cinémas d’Art & Essai)<br />

officiellement mandatés. Il<br />

n’existe pas d’organismes<br />

similaires en Belgique, mais<br />

ces cinémas existent bel<br />

et bien ! Lieux de rencontre<br />

de la culture, de la création<br />

et de l’esthétique, endroits<br />

intimistes et surprenants, ils<br />

proposent des alternatives<br />

à la culture de masse et<br />

organisent une multitude<br />

d’événements participant à<br />

l’avancement de la société<br />

et des mentalités sur le plan<br />

politique et culturel.<br />

1. Aventure<br />

Rue des Fripiers 57<br />

1000 Bruxelles<br />

cinema-aventure.be<br />

Baptisé « cinéma confort »<br />

depuis sa rénovation, l’Aventure<br />

illumine le fond lugubre de la<br />

Galerie du Centre. Sa réputation<br />

lui vient de ses sièges vastes<br />

et moelleux, l’une des salles<br />

disposant même de fauteuils<br />

inclinables. La salle 2, quant à<br />

elle, est dotée d’une rangée de<br />

sièges doubles permettant de<br />

savourer le film dans les bras de<br />

son amoureux(se).<br />

La programmation est très variée<br />

et permet aux retardataires de<br />

rattraper certains films déjà<br />

déprogrammés depuis plusieurs<br />

semaines dans les gros cinémas.<br />

Y sont projetés aussi bien des<br />

blockbusters que des films<br />

d’auteur, des films d’animation<br />

pour enfants ou encore et<br />

surtout, des documentaires.


T TOP 10 : CINÉMAS D’ART & D’ESSAI CAPUCINE CHANDON<br />

#I<br />

L’Aventure organise également<br />

des avant-premières, de petits<br />

festivals et des rétrospectives<br />

; des projections gratuites de<br />

documentaires en partenariat<br />

avec l’ASBL BXL laïque, appelées<br />

Ciné-club des libertés, ainsi<br />

que Short screens, courtsmétrages<br />

projetés tous les<br />

mois. Enfin, si vous aimez les<br />

sorties de dernière minute, il<br />

vaut la peine d’aller faire un<br />

tour sur le site Arsene50.be qui<br />

offre quotidiennement pour le<br />

soir même des places de ciné à<br />

moitié prix.tout se rejoint t’as vu).<br />

2. Nova<br />

Rue d’Arenberg 3<br />

1000 Bruxelles<br />

www.nova-cinema.org<br />

Largement connu et fréquenté<br />

par le milieu underground, le<br />

Nova ne rentre dans aucune<br />

case. Sa programmation décalée<br />

et expérimentale se compose<br />

de films de tous genres, des<br />

navets aux chefs d’œuvres peu<br />

connus en passant par des films<br />

engagés, trashs, gays, de science<br />

fiction ou documentaires. Son<br />

enseigne un peu foutraque faite<br />

à partir d’objets de récup attire<br />

l’œil de tous les passants.<br />

À l’intérieur, une salle unique<br />

assez dépouillée, et au soussol,<br />

un bar auquel on peut aller<br />

commander une bière après<br />

la séance et discuter avec des<br />

cinéphiles ou bien aller faire<br />

un tour dans la galerie d’art qui<br />

expose régulièrement. Tenu<br />

par des bénévoles, le lieu est<br />

hyperactif et organise une<br />

multitude d’événements : le<br />

génial festival PleinOPENair qui a<br />

lieu tous les étés, les Nocturnes,<br />

mais aussi Cineketje pour les<br />

enfants, etc.<br />

3. Galeries<br />

Galerie de la Reine 26<br />

1000 Bruxelles<br />

www.galeries.be<br />

Installé à la place de l’ancien<br />

Arenberg, le cinéma Galeries<br />

touche un large public grâce<br />

à sa localisation dans les<br />

prestigieuses galeries royales<br />

St Hubert en plein coeur de<br />

Bruxelles. Projetant des films<br />

à grand ou petit budget mais<br />

généralement tournés vers<br />

l’auteur, le lieu a conservé son<br />

architecture art déco et un<br />

charme inédit. Galeries possède<br />

également un immense espace<br />

d’exposition au sous-sol qu’il<br />

est possible de réserver (c’est<br />

d’ailleurs là qu’Alphabeta avait<br />

organisé sa fête d’anniversaire<br />

en mai dernier !) Y sont<br />

organisées en parallèle à leur<br />

activité cinématographique<br />

des expositions d’artistes<br />

contemporains dédiées au<br />

cinéma d’art et essai, ainsi<br />

que des expositions annuelles<br />

sur des cinéastes mettant en<br />

lumière leur méthode de travail<br />

; une autre façon d’appréhender<br />

leur œuvre. À côté de cela,<br />

de nombreux événements : la<br />

semaine de la pop philosophie,<br />

Focus Cynthia Beatt au Wiels,<br />

rendez-vous et expos Panorama<br />

/ Fresnoy et David Lynch…<br />

Bonus : la carte UGC est acceptée !


T<br />

TOP 10 : CINÉMAS D’ART & D’ESSAI<br />

CAPUCINE CHANDON<br />

#I<br />

une verrière et des soirées courtmétrages<br />

chaque dernier jeudi du<br />

mois.<br />

Bonus : la carte UGC est acceptée !<br />

belges ou internationaux. Films<br />

culturels et contemporains,<br />

qui nécessitent une certaine<br />

réflexion ou qui apportent un<br />

regard novateur sur un aspect<br />

du monde. Le Vendôme participe<br />

à l’organisation de nombreux<br />

festivals afin de promouvoir un<br />

cinéma engagé, à petit budget<br />

ou moins accessible. C’est un<br />

cinéma de valeurs qui s’efforce<br />

de nous faire partager son goût<br />

pour la diversité culturelle et<br />

l’ouverture au monde : il nous<br />

invite au voyage.<br />

4. Actor’s Studio<br />

Petite rue des Bouchers 16<br />

1000 Bruxelles<br />

Difficile à trouver car caché au<br />

fond d’une minuscule galerie,<br />

il vous faudra passer par les<br />

ruelles envahies de restaurants<br />

touristiques nauséabonds<br />

près de la Grand-Place pour<br />

accéder à l’Actor’s Studio.<br />

C’est certainement que ce<br />

genre d’endroit se mérite : une<br />

programmation de qualité, un<br />

prix peu élevé, trois petites salles<br />

intimistes ainsi qu’un bar sous<br />

5. Vendôme<br />

Chaussée de Wavre 18<br />

1050 Ixelles<br />

www.cinema-vendome.be<br />

Juste derrière la Porte de<br />

Namur s’amorcent les ruelles<br />

du quartier animé de Matongé.<br />

C’est ici que le Vendôme<br />

affiche une programmation<br />

renommée pour ses films<br />

d’auteur, originaux, indépendants,<br />

6. Styx<br />

Rue de l’Arbre Bénit 72<br />

1050 Ixelles<br />

cinema-styx.wikeo.be<br />

Dans une ruelle très calme entre<br />

la place Flagey et la Porte de<br />

Namur, un lieu authentique et<br />

pittoresque : le charmant cinéma<br />

Styx, ses toutes petites salles<br />

et ses trois films à l’affiche<br />

semblent vivre dans un autre<br />

espace-temps. C’est un petit<br />

cinéma de quartier où l’on peut<br />

se rendre seul afin de faire une<br />

vraie rencontre, que ce soit<br />

avec le lieu, avec le film ou avec<br />

son voisin. Par ailleurs, le Styx


T<br />

TOP 10 : CINÉMAS D’ART & D’ESSAI<br />

CAPUCINE CHANDON<br />

#I<br />

organise en partenariat avec<br />

le Goethe Institut un cycle de<br />

cinéma appelé « Allemagnifik »,<br />

séances de films allemands tous<br />

les premiers jeudis du mois.<br />

7-8-9. Les Grignoux<br />

http://grignoux.be/<br />

Les Grignoux est une ASBL qui<br />

gère trois salles de cinéma à<br />

Liège : le Parc, le Churchill et<br />

le Sauvenière. Les Grignoux<br />

organisent des événements<br />

musicaux et littéraires, des<br />

expositions mettent en valeur<br />

les films contemporains en<br />

organisant des avant-premières<br />

et des conférences autour de<br />

différents thèmes. Ils diffusent<br />

également des grands classiques<br />

sélectionnés par la Cinémathèque<br />

royale de Belgique. Très engagée<br />

dans l’éducation aux médias<br />

et l’éducation permanente,<br />

l’association réalise des dossiers<br />

pédagogiques et des analyses<br />

sur des films récents ou plus<br />

anciens à l’intention des écoles.<br />

Ayant la volonté d’offrir un<br />

éventail de films très diversifié,<br />

les Grignoux mettent l’accent sur<br />

des films des « trois continents<br />

» (Asie, Afrique, Amérique du<br />

Sud) qui sont sous-représentés<br />

sur le marché européen,<br />

des productions belges peu<br />

exposées, des genres sousreprésentés<br />

ou peu connus<br />

(Anima, Festival du dessin animé,<br />

Genres d’à côté, Festival du gay,<br />

lesbien et transgenre ; etc.), des<br />

documentaires ou encore des<br />

productions moins rentables qui<br />

n’auraient pas trouvé de place<br />

dans les plus grosses structures.<br />

- Le Parc<br />

22, rue Paul-Joseph Carpay<br />

B-4020 Liège-Droixhe<br />

- Le Churchill<br />

20, rue du Mouton Blanc<br />

B-4000 Liège<br />

- Le Sauvenière<br />

Place Xavier Neujean<br />

B-4000 Liège<br />

10. Mais aussi...<br />

Mention spéciale également<br />

aux établissements appelés<br />

« hors-norme », cinémas ou<br />

espaces culturels diffusant<br />

des documentaires, des essais<br />

cinématographiques, du cinéma<br />

expérimental ou underground,<br />

des films inhabituels dans le<br />

fond ou la forme. On pense<br />

immédiatement au Nova, mais<br />

il y a aussi le Flagey, centre<br />

culturel disposant d’une salle<br />

consacrée en permanence<br />

au cinéma et qui projette<br />

des films programmés par la<br />

Cinémathèque ainsi que des<br />

cycles à thème tout au long<br />

de l’année. Enfin, le Palais des<br />

Beaux-Arts organise sous le nom<br />

de Bozar Cinéma des séances,<br />

avant-premières et événements<br />

en présence d’artistes, de<br />

musiciens ou de réalisateurs<br />

destinés à sensibiliser son public<br />

à l’art et explorant les relations<br />

entre le cinéma, la musique,<br />

l’audiovisuel et l’art en général.<br />

Démarche d’indépendance<br />

et d’autonomie artistique,<br />

économique et éthique, ces lieux<br />

donnent accès à des oeuvres qui<br />

témoignent d’une recherche au<br />

niveau de la forme comme du<br />

contenu. Œuvres audiovisuelles<br />

liées à un contexte créatif et<br />

politique contemporain. Œuvres<br />

cinématographiques ayant<br />

un caractère de recherche<br />

ou de nouveautés dans<br />

le domaine de la création<br />

cinématographique ; œuvres<br />

présentant d’incontestables<br />

qualités, mais n’ayant pas obtenu<br />

l’audience qu’elles méritaient ;<br />

œuvres de reprise présentant<br />

un intérêt artistique ou<br />

historique, et notamment œuvres<br />

cinématographiques considérées<br />

comme des “classiques” de<br />

l’écran ; œuvres de courte<br />

durée tendant à renouveler<br />

par leur qualité et leur choix le<br />

spectacle cinématographique.<br />

Un lieu convivial où cohabitent<br />

art, culture, émotion, sensibilité<br />

esthétique, réflexion, découverte,<br />

création et récréation.


U<br />

UN BEAU BRIN DE FILLE<br />

SÉBASTIEN HANESSE<br />

#I<br />

UN BEAU BRIN DE FILLE<br />

Les traces de l’enfance ne disparaissent<br />

pas toujours. Elles laissent derrière elles<br />

des hommes et des femmes de papier,<br />

des personnes nuageuses aux contours<br />

souvent fragiles. Gaëlle Sutour dessine<br />

ces petits instants remplis de grandes<br />

émotions. A la fois graphiste, illustratrice et<br />

photographe, elle raconte avec humilité ces<br />

histoires d’amour qui changent forcement<br />

quelque chose à notre comportement, ces<br />

petits drames ordinaires qui bouleversent<br />

notre quotidien. Des œuvres à la fois<br />

minimalistes, graphiques et féminines,<br />

qui surprennent et laissent s’échapper<br />

un univers à la fois enfantin et poétique<br />

semblable à celui d’Hayao Miyazaki.<br />

Rencontre particulièrement drôle sur fond<br />

d’espiègleries.


U<br />

UN BEAU BRIN DE FILLE<br />

SÉBASTIEN HANESSE<br />

#I<br />

Quels sont les grands moments de ton<br />

parcours artistique <br />

Tout a commencé à La Cambre, où j’ai<br />

délaissé un peu le graphisme pour me<br />

concentrer sur l’illustration. Au début,<br />

j’avais juste dû illustrer un poème puis, en<br />

fin d’année, je me suis dit que mon travail<br />

manquait de personnalité, alors j’ai vite<br />

rempli un petit carnet avec mes anecdotes<br />

du moment. Il a eu beaucoup de succès,<br />

alors j’ai continué pendant quelques années.<br />

Et puis j’ai commencé à travailler et j’ai un<br />

peu laissé tomber tout ça. Je me demande<br />

souvent pourquoi je ne continue pas ces<br />

petites histoires.<br />

Alors je me dis que ma petite fontaine de<br />

l’imagination est vide, qu’elle a été asséchée<br />

par mon travail. Mais pour en revenir à mon<br />

parcours, disons que ma petite fontaine est<br />

parfois réalimentée avec joie par des demandes<br />

à gauche à droite, ainsi que par le cours de BD<br />

que j’ai décidé de suivre pour ne pas m’endormir.


U<br />

UN BEAU BRIN DE FILLE<br />

SÉBASTIEN HANESSE<br />

#G #I<br />

Quel est le sens profond que tu veux donner<br />

à tes dessins Qu’est-ce que tes œuvres<br />

t’apportent sur le plan personnel Est-ce<br />

aussi une manière de remplacer les mots <br />

On m’a souvent reproché de ne pas être<br />

claire quand je parle. Mais je ne pense pas<br />

que ce soit très important au fond, on a tous<br />

nos propres façons de s’exprimer et c’est<br />

probablement par le dessin que j’y arrive le<br />

mieux. Même si ce n’est toujours pas très<br />

clair pour tout le monde. Pour ce qui est du<br />

sens, je pense qu’il vient de la fatalité. Quand<br />

je dessine un immeuble rempli de vieux, je<br />

pense à ma grand-mère qui vit seule, et à<br />

côté d’elle une autre vieille et puis plus loin un<br />

autre vieux et puis tout plein de vieux partout,<br />

qui s’ennuient chacun de leur côté. Parfois<br />

c’est aussi une façon de faire aboutir une<br />

idée sans issue, comme pour l’émasculation<br />

: combien de fois je n’ai pas eu cette envie<br />

comme punition envers certains hommes.<br />

Alors je l’ai dessiné. Globalement, ce sont des<br />

sujets qui me marquent, et que je ramène à<br />

une plus petite échelle, plus dérisoire.<br />

« Chaque dessin part d’une situation vécue<br />

ou d’un sentiment éprouvé »<br />

Tes dessins racontent tous de petites<br />

histoires, mais parfois tu y ajoutes quelques<br />

phrases. D’où vient ton inspiration <br />

Généralement les phrases sortent juste de<br />

mon quotidien, je fais en sorte que tout reste<br />

naturel et fluide. On ne dirait pas comme<br />

ça, mais je suis un peu une maniaque des<br />

mots. Il y en a beaucoup que je déteste, je<br />

les contourne en utilisant des mots plus<br />

ronds, plus harmonieux. Mais je ne suis pas<br />

une experte des textes, alors j’en use peu,<br />

et je préfère aller voir les œuvres d’autres<br />

personnes qui les assemblent à merveille,<br />

comme les pièces de théâtre créées par<br />

Jean-Baptiste Calame, un jeune auteur basé à<br />

Bruxelles.


U<br />

UN BEAU BRIN DE FILLE<br />

SÉBASTIEN HANESSE<br />

#I<br />

La forme de tes personnages est très<br />

identifiable. Comment est né ce petit<br />

personnage Comment a-t-il évolué au fil du<br />

temps, quel va être son avenir <br />

Il est né en illustrant un poème de Jack<br />

Kerouac, à l’école. C’était un mélange<br />

entre un homme et un vers de terre, sans<br />

expressions ni personnalité. Puis c’est à<br />

partir de sa forme que sont nés les autres<br />

personnages. On m’a déjà demandé de les<br />

faire plus « girly » ou plus « normaux », mais<br />

ce ne sera pas le cas.<br />

« Je trouve ça chouette de pouvoir dessiner<br />

un truc mignon avec un fond moche. »<br />

Quelle est la part d’intimité que tu mets dans<br />

tes dessins Comment travailles-tu sur tes<br />

différents projets <br />

Je pense qu’elle est assez importante.<br />

Chaque dessin part d’une situation vécue<br />

ou d’un sentiment éprouvé. Quand on me<br />

demande de travailler sur un thème bien<br />

spécifique, je patauge pendant plusieurs<br />

semaines, puis j’essaye juste de me mettre<br />

à la place du sujet (que ce soit un objet ou<br />

une personne) ou de rattacher l’histoire à la<br />

mienne. Ça vient souvent par des anecdotes.<br />

J’aime bien mettre des petites parenthèses<br />

avec ces anecdotes, parfois j’aime bien me<br />

moquer aussi des gens. Ce sont de petites<br />

vengeances.


U<br />

UN BEAU BRIN DE FILLE<br />

SÉBASTIEN HANESSE<br />

#I<br />

Tes dessins sont à la fois minimalistes,<br />

complexes et singuliers. Est-ce que tu peux nous<br />

en parler <br />

La plupart du temps je ne me perds pas dans<br />

des détails, et préfère me concentrer sur le fond.<br />

C’est donc le ressenti que je tente de faire sortir<br />

de ce trait simple. Même si mes personnages<br />

restent visuellement simples, je consacre parfois<br />

plus de temps sur les décors, ils soutiennent soit<br />

l’ambiance autour du personnage, soit ils sont<br />

simplement là à titre informatif.<br />

Ton univers peut être à la fois sérieux via tes<br />

sujets, et enfantin via tes dessins. Y a-t-il<br />

pour toi une connexion entre les deux Que<br />

te reste-il de ces souvenirs d’enfance <br />

Pas grand-chose, en tout cas pas dans les<br />

souvenirs. Je ne fais donc pas de lien direct<br />

entre les deux, mais il y en a sans doute un<br />

bien caché. Je pense que le traitement plus<br />

naïf du dessin me permet d’aborder sans trop<br />

de lourdeur des sujets qui me fâchent ou<br />

m’attristent. Parfois, j’essaye de fuir ce côté<br />

enfantin, mais ça ne marche pas vraiment.<br />

Et puis finalement il m’arrange. Je trouve ça<br />

chouette de pouvoir dessiner un truc mignon<br />

avec un fond moche.<br />

Qui sont les artistes qui t’ont influencé et quels<br />

sont ceux qui t’influencent actuellement <br />

J’ai toujours admiré le travail de Tardi, avec<br />

son trait cru qui se marie très bien aux sujets<br />

tantôt absurdes tantôt horribles qu’il traite.<br />

Sempé m’a également marqué par son élégance<br />

et sa poésie. En fait il y en a tellement, mais<br />

disons que parmi les plus connus, j’ajouterais<br />

Charles Burns et pour sortir des sentiers de la<br />

BD, j’admire les peintures de Gustave van de<br />

Woestijne, un peintre flamand dont je n’aime pas<br />

toutes les périodes, mais qui est souvent à la<br />

frontière entre le beau et le laid.


U<br />

UN BEAU BRIN DE FILLE<br />

SÉBASTIEN HANESSE<br />

#I<br />

Plus d’info<br />

Site Web<br />

http://www.gaellegaelle.be/<br />

Actualité<br />

Sa fresque sur un des murs de l’ancien White<br />

Hôtel, actuellement Ibis Style, sur l’Avenue Louise.<br />

Quels sont tes projets actuels et ceux pour<br />

l’avenir <br />

Pour le moment je n’ai pas beaucoup<br />

d’activité malheureusement. Je passe<br />

beaucoup de temps à mon travail de<br />

graphiste et mon côté huitre ne me pousse<br />

pas à passer à autre chose. Mais j’aimerais,<br />

dans un futur proche, avoir plus de temps<br />

pour faire du dessin mon activité principale.<br />

Il y a quelques mois j’ai fini le dessin d’un<br />

immeuble sur un mur d’hôtel et pour le<br />

moment je fais ponctuellement des petits<br />

dessins pour les cuberdons Léopold. Je finis<br />

aussi une mini BD sur la première guerre<br />

mondiale pour le collectif Jacadit. Mon but<br />

lointain est de réaliser une énorme BD dont «<br />

on est le héros », donc avec plein de chemins<br />

à suivre en fonction de nos choix au fil de<br />

l’histoire.


W<br />

WIND & NATURE<br />

MATTHIEU MARCHAL<br />

#I<br />

WIND & NATURE<br />

Quelques mois après un premier EP autoproduit,<br />

Kor Isen, Josias et Jérôme sont<br />

sélectionnés pour le concours Court-Circuit:<br />

les Kings of Edelgran et leur envie de<br />

grands espaces ne laissent pas insensibles!<br />

On y reconnaît l’influence de Bon Iver et<br />

de Sigur Ros à travers de longs titres bien<br />

maîtrisés qui annoncent d’ores et déjà que<br />

nous avons là un groupe à suivre.


W WIND & NATURE MATTHIEU MARCHAL<br />

#I<br />

Votre premier EP qui vient de sortir est<br />

intégralement autoproduit, pourquoi avoir<br />

voulu tout faire vous-mêmes <br />

Jérôme. Je trouve ça génial ! Tu as vraiment<br />

la mainmise sur la production, tu peux faire<br />

ce que tu veux avec le son. Quand tu vas<br />

dans un studio, ils te font un bon mix mais<br />

ce n’est pas vraiment personnel. Le faire tout<br />

seul te laisse plein de possibilités, une liberté<br />

totale !<br />

Josias. On a par exemple recoupé des pistes,<br />

des signaux, on a fait des trucs que l’on<br />

n’aurait pas pu faire dans un studio parce qu’il<br />

y a une « méthode à respecter ».<br />

Jé. Le seul point difficile c’était le matériel, on<br />

a du se procurer ce qu’il nous manquait.<br />

A l’origine, que vouliez-vous mettre dans ce<br />

premier EP Quelle était sa source <br />

Jé. D’une certaine façon je crois que l’on<br />

souhaitait donner l’impression de grands<br />

espaces nordiques. Provoquer ce sentiment<br />

face à l’immense nature et son énergie, son<br />

silence. Que ça provoque un dépaysement.<br />

Jo. Il y a quelque chose dans les paysages<br />

d’Ecosse ou d’Islande qui est plus qu’une<br />

belle vue, c’est un sentiment. Et c’est ça que<br />

l’on souhaite transmettre à notre musique,<br />

cette expérience.<br />

L’EP est composé d’énormément de piste<br />

son, des prises qui se recoupent, le mixage<br />

inhabituel, comment vous vous y prenez <br />

Jé. J’arrive en premier avec un petit squelette,<br />

des arrangements guitare, et ensuite avec<br />

Josias on se met à travailler. On décide des<br />

directions rythmiques, on enregistre, on<br />

recompose, parfois on copie-colle des parties<br />

de morceaux dans un autre (rires).<br />

Jo. Le gros du travail se fait à deux devant<br />

un ordinateur en fait, on bricole pas mal les<br />

matériaux enregistrés, on recommence ou on<br />

les utilise complètement différemment que<br />

prévu.<br />

C’est un mode de création très studio,<br />

comment avez-vous transposé les<br />

compositions en live <br />

Jo. On a eu la chance de trouver des<br />

musiciens qui ont vraiment compris le truc,<br />

qui sont bons techniquement, c’est déjà<br />

beaucoup !


W WIND & NATURE MATTHIEU MARCHAL<br />

#I<br />

Jé. Effectivement, le live est différent de<br />

l’album, mais ce n’est pas un mauvais écart.<br />

On ne s’y attendait pas mais on a trouvé via<br />

l’utilisation de nouvelles pédales, de<br />

nouveaux effets, une nouvelle ambiance à<br />

nos matériaux.<br />

Vous êtes en course dans le concours Court-<br />

Circuit, est-ce un objectif que de le gagner ou<br />

vous voyez surtout ça comme une façon de<br />

lancer la machine <br />

Jo. Ouais c’est surtout ça. Déjà être<br />

sélectionné pour Court-Circuit seulement<br />

quelques mois après la sortie de notre<br />

premier EP, c’est plutôt pas mal. Et c’est<br />

une bonne façon de commencer, grâce à la<br />

visibilité et l’occasion de se produire en live.<br />

Jé. Puis ça nous a donné un petit coup de<br />

fouet, on s’est mis à répéter comme des<br />

cinglés (rires).<br />

Votre dernier coup de cœur musical <br />

(En chœur) BRNS !<br />

(NDLR : Redécouvrez notre interview de BRNS<br />

à la lettre C de notre édition B)


W WIND & NATURE MATTHIEU MARCHAL<br />

#I<br />

Plus d’info<br />

Bandcamp<br />

http://kingsofedelgran.bandcamp.com/releases<br />

Facebook<br />

https://www.facebook.com/kingsofedelgran<br />

Actualité<br />

En concert au Rock Classic le 23.10.2014 – Entrée<br />

gratuite


X<br />

XAVIER DISKEUVE<br />

ELLI MASTOROU<br />

#I<br />

XAVIER DISKEUVE :<br />

LA PREMIÈRE FOIS QUE...<br />

Il n’en porte pas souvent, mais il aime les<br />

collectionner : Xavier Diskeuve, c’est un<br />

mec à casquettes. La première, celle du<br />

journaliste, il la porte depuis ses débuts aux<br />

Editions de L’Avenir, il y a presque trente<br />

ans. Couplée à celle du cinéphile, elle lui<br />

a permis de rencontrer des personnalités<br />

incontournables du milieu, de se dandiner<br />

dans des soirées pleines de strass et de<br />

paillettes (un peu) et de traîner sur des<br />

tournages où Benoît Poelvoorde faisait<br />

le guignol (beaucoup). Habitué à manier<br />

la plume, Xavier Diskeuve porte aussi<br />

la casquette de l’auteur, avec laquelle<br />

il accouche de recueils de nouvelles<br />

nombreuses fois primés, ou met des mots<br />

qui font mouche dans la bouche des autres,<br />

que ce soit à la radio ou pour des one-manshows.


X<br />

XAVIER DISKEUVE<br />

ELLI MASTOROU<br />

#I<br />

Mais il y a aussi une autre casquette<br />

que Xavier Diskeuve a enfilée un jour<br />

de 2002 et qui ne le quitte plus : celle<br />

du réalisateur. Après trois courtsmétrages<br />

multi-primés dévoilant un<br />

univers cocasse et coloré à mi-chemin<br />

entre Jacques Tati et Aki Kaurismäki,<br />

le Namurois se lance dans l’aventure<br />

du long, avec une comédie burlesque<br />

et inattendue dans laquelle un cousin<br />

halluciné devient le seul espoir d’un<br />

village menacé de gentrification. En<br />

attendant de le découvrir en salles, le<br />

pétillant Jacques a vu sera présenté<br />

en exclusivité mondiale en octobre<br />

au Festival de Namur. L’occasion<br />

idéale pour l’auteur de ce premier<br />

long-métrage de nous parler de ses<br />

premières fois.<br />

Jacques a vu – sortie 2015<br />

Le premier souvenir d’enfance <br />

Je suis né à Namur, mais j’ai grandi à Dinant.<br />

Petit, j’allais à l’école à pied. Je devais<br />

traverser une rue, et mes parents m’avaient<br />

dit de toujours demander à quelqu’un de me<br />

faire traverser. Un jour, je devais avoir 6 ou<br />

7 ans, je n’ai trouvé personne. C’est la rue<br />

devant la Collégiale, elle doit faire environ<br />

quatre mètres, mais je ne sais pas pourquoi,<br />

je n’ai pas osé la traverser seul. Donc je<br />

suis rentrée chez moi, et j’ai prétexté qu’il y<br />

avait congé. Dans le doute, mes parents ont<br />

appelé un copain pour voir si c’était vrai... Et<br />

il se trouve que par coïncidence, le copain<br />

avait fait la même chose de son côté ! Il avait<br />

trouvé un bobard aussi... Donc voilà, ce jour-là<br />

j’ai eu un jour de congé gratuit (rires) !<br />

La première fois où tu t’es dit « Ca y est, je<br />

suis journaliste » <br />

Le premier jour de mon premier stage à Vers<br />

L’Avenir (aujourd’hui L’Avenir, NDLR). Je n’avais<br />

pas eu grand-chose à faire, des copies de


X<br />

XAVIER DISKEUVE<br />

ELLI MASTOROU<br />

#I<br />

correspondants régionaux à corriger, j’avais<br />

trouvé ça un peu ennuyeux... Donc vers<br />

16-17 heures j’en avais déjà un peu marre,<br />

j’avais envie d’y aller. Je demande : « Je dois<br />

rester jusque quelle heure » Le chef me dit<br />

« Oh tu sais, nous en général on termine vers<br />

19h-19h30... » ! Je me suis dit « Oh purée,<br />

qu’est-ce que c’est que ça pour un métier... ! »<br />

Alors j’ai rétorqué : « Mais là je n’ai plus rien<br />

à faire… » Et il a fait : « Oh, comme c’est ton<br />

premier jour, tu peux y aller... ». Je suis parti<br />

à 17 heures, j’avais l’impression que c’était<br />

la nuit ! Après, bon, je me suis adapté aux<br />

longues journées, et j’ai moi-même travaillé<br />

jusque 19h30... (Rires) ! En général vers cette<br />

heure-là c’est plus calme, les bureaux se<br />

vident, la pression retombe. C’est ce qui fait<br />

que des gens aiment traîner, car ils se sentent<br />

plus concentrés que durant les heures de<br />

digestion – le matin, n’en parlons même pas...<br />

La première émotion de cinéma <br />

Frankenstein Junior de Mel Brooks, un<br />

cinéaste dont j’ai vu presque tous les films<br />

et aimé un grand nombre d’entre eux. Mais<br />

devant celui-là, j’ai eu peur pendant tout le<br />

long ! Donc je ne me suis absolument pas<br />

amusé, j’en suis ressorti tétanisé. Et un<br />

autre aussi, mais c’était à la TV : La Maison<br />

du diable de Robert Wise, un thriller assez<br />

stylisé en noir et blanc : en gros, je n’ai jamais<br />

eu aussi peur de ma vie. Tout était dans la<br />

suggestion, avec des micro-événements<br />

anormaux dans une maison a priori normale...<br />

Après ça m’a posé problème quand je devais<br />

rester seul à la maison !<br />

« A l’époque, la Semaine de la Critique,<br />

c’était un petit bureau avec une secrétaire<br />

et un attaché de presse. Et la secrétaire est<br />

devenue… la femme de Poelvoorde ! »<br />

La première fois où tu t’es dit « Je veux faire<br />

du cinéma » <br />

Sur le tournage des Randonneurs de Philippe<br />

Harel, en Corse. J’y suis resté 4-5 jours, ce qui<br />

est long par rapport à d’habitude où tu restes<br />

une heure et il ne se passe rien... Là, t’as le<br />

temps de voir le tournage, c’était une super<br />

expérience. J’ai rencontré à peu près tous les<br />

métiers : la scripte (qui est celle de Mocky), le<br />

preneur de son (de Desplechin), le chef-op’ (de<br />

Pialat)... qui ne rencontrent pas beaucoup de<br />

journalistes, donc c’était génial de parler avec<br />

eux... et puis Philippe Harel lui-même bien<br />

sûr. Comme il y en a toujours un qui traîne, je<br />

lisais le scénario, et je me suis dit : « Mais il<br />

ne fait pas grand-chose, finalement ! » (Rires). Il<br />

arrive, il donne des indications, et puis après,<br />

le chef-op’ filme, le cadreur cadre... c’est des<br />

pros, donc il ne peut rien se passer, ils sont<br />

très sereins et consciencieux !<br />

Le premier Festival de Cannes <br />

Le Festival de C’est arrivé de près de chez vous,<br />

en 1992. J’avais été aussi sur le tournage du<br />

film, on s’est même retrouvés tous les deux<br />

figurants avec Benoît Mariage, qui faisait<br />

les photos. J’ai dû écrire le dialogue d’une


X<br />

XAVIER DISKEUVE<br />

ELLI MASTOROU<br />

#I<br />

scène, devant le Palais de Justice, un faux<br />

compte rendu de journaliste, car Rémy ne<br />

savait pas comment faire ! Le mercredi avant<br />

l’ouverture du Festival, j’avais été à la vision<br />

de presse parisienne du film : il y a un peu<br />

de rires au début, puis les journalistes s’en<br />

vont sans rien dire. Sur le coup, j’étais moimême<br />

un peu déçu, j’avais trouvé que ça se<br />

répétait beaucoup. Donc en apparence il ne<br />

s’était rien passé. Mais quand ils sont arrivés<br />

à Cannes, il y avait déjà une rumeur qui<br />

traînait, qu’un petit film belge à la Semaine<br />

de la Critique faisait scandale. A l’époque, la<br />

Semaine de la Critique, c’était juste un petit<br />

bureau avec une secrétaire et un attaché de<br />

presse. Et la secrétaire est devenue la femme<br />

de Poelvoorde ! C’est là qu’il l’a rencontrée.<br />

Rapidement, on parlait de projections qui<br />

avaient fait salle comble, que de gens avaient<br />

été refusés, qu’il y avait eu des émeutes… (en<br />

même temps c’était une salle de 70 places,<br />

forcément…). Et voilà, en quelques jours, ils<br />

sont devenus célèbres.<br />

La première fois que tu as reçu un prix <br />

Au Festival de Gand pour La Chansonchanson.<br />

J’avais été très surpris d’avoir un<br />

prix, surtout que la projection s’était passée<br />

dans un silence de mort... alors que c’est<br />

une comédie ! Du coup j’étais sorti en rasant<br />

les murs... Et puis bonne nouvelle au final,<br />

j’apprends que j’ai gagné, donc j’y vais, on<br />

me donne mon prix, et alors j’ai fait un petit<br />

speech, en disant que j’ai fait un film wallon<br />

mais que l’humour était sans doute plus<br />

flamand. Ce qui expliquait que le film avait été<br />

refusé au FIFF de Namur mais primé à Gand !<br />

« J’aimerais habiter dans le Sud de la<br />

France, faire du vélo tous les jours... puis<br />

prendre l’apéro ! »<br />

La première fois que tu as dit : « Moteur - Ça<br />

tourne - Action ! » <br />

La première scène du premier jour de<br />

tournage de mon premier court-métrage. Et<br />

en fait je ne savais même pas que je devais<br />

le dire ! C’était une scène dans une ferme,<br />

alors on arrive, on met tout en place... Et je<br />

dis : « Bon, ben, on y va - Ben oui, tu dois dire<br />

Moteur... - Ah... » Je ne savais pas très bien<br />

comment je devais le dire… Et puis j’ai oublié<br />

de dire « Coupez » à la fin, aussi (rires) !<br />

La première fois que tu t’es dit : « Ras-le-bol<br />

de tous ces cons, je pars devenir bûcheron en<br />

Australie » <br />

Presque tous les jours (rires) ! Non, je ne me<br />

suis jamais dit ça exactement, mais je me<br />

suis déjà souvent dit que j’aimerais habiter<br />

dans le Sud de la France, faire du vélo tous<br />

les jours... puis prendre l’apéro !


X XAVIER DISKEUVE ELLI MASTOROU #H<br />

#I<br />

Plus d’info<br />

Actualité<br />

Votez Pour Moi, tous les matins 8h30 sur Bel<br />

RTL<br />

Jacques a vu – sortie 2015<br />

Jacques a vu, de Xavier Diskeuve.<br />

Sortie 2015<br />

Avant-Première au Festival International du<br />

Film Francophone de Namur<br />

- dimanche 5 octobre, 15h30, Eldorado 1<br />

- mercredi 8 octobre, 18h15, Maison de la<br />

Culture<br />

Crédits photo<br />

Portrait : Xavier Diskeuve<br />

Jacques a vu : Marianne Grimont


Z ZOOM SUR ALPHABETA<br />

AXELLE MINNE<br />

#I<br />

ZOOM SUR ALPHABETA<br />

Le projet évolue, la famille s’agrandit et<br />

les espoirs se confirment. Derrière ces<br />

8 éditions, ce 208 articles trimestriels,<br />

cette centaine d’articles publiés sur le site<br />

Internet se cache une équipe qui fluctue<br />

entre 9 et 11 personnes, parfois plus, pour<br />

vous raconter la culture et vous plonger<br />

dans la création. Après un peu plus de<br />

26 mois en votre compagnie, nous nous<br />

sommes dits qu’il était peut-être temps de<br />

vous partager l’envers du décor : les douces<br />

nouvelles qui font avancer ce magazine, les<br />

victoires et pourquoi pas les défaites mais<br />

aussi nos aspirations et (grandes) idées<br />

pour le futur... Allez, hop, c’est parti !


Z<br />

ZOOM SUR ALPHABETA<br />

AXELLE MINNE<br />

#I<br />

Nouvelles recrues<br />

Deux nouvelles personnalités nous ont rejoint<br />

cet été. D’abord Quynh-Anh, prête à sonder<br />

tout partenaire culturel potentiel pour vous<br />

en faire profiter ! Concours, relations avec<br />

les institutions et autres initiatives créatives<br />

seront désormais son lot quotidien.<br />

Ensuite, Charlotte, à qui nous avons confié<br />

le sale rôle de money maker (rires) ! Trêve de<br />

plaisanteries, sous son titre de responsable<br />

du développement commercial, elle participera<br />

activement à la création d’un modèle<br />

économique pour le magazine. Et oui, les<br />

choses sérieuses commencent !<br />

ASBL Mon Amour<br />

La sauvagerie administrative, c’est (bientôt)<br />

fini ! Alphabeta se prend enfin en main et<br />

signe ses beaux statuts d’ASBL dans les jours<br />

à venir !<br />

Plein de nouveautés !<br />

On sait, on vous le dit à chaque fois mais<br />

cette fois-ci, cette nouvelle année risque bien<br />

de bouleverser notre petit univers culturel et<br />

le vôtre aussi ! Au programme chez nous : de<br />

nouvelles rubriques, un rythme de publication<br />

plus soutenu, de belles rencontres, de<br />

nouveaux venus au sein de l’équipe, des<br />

événements labellisés et soutenus par notre<br />

plateforme...<br />

Une envie d’être plus proche de la culture,<br />

d’être plus proche de vous mais surtout, la<br />

mise en place d’éléments concrets pour enfin<br />

mettre tout ça sur pied !<br />

Drink entre copains - 20/09/2014<br />

Avec En Stoemelings & Barù


COPYRIGHT ALPHABETA MAGAZINE 2014<br />

RENDEZ-VOUS LE 21/12<br />

POUR DÉCOUVRIR L’ÉDITION #J !

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