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C
CHRONIQUES LITTÉRAIRES
AXELLE VICTOIRE MINNE DE CHANGY
#I
« Dans ma période « belge », La Mansarde reste
comme une clairière, une belle saison où fleurissent
des âmes joyeuses et claires. Entretemps,
je ne cesse de bouger. Je marche. J’autostoppe
entre Bruxelles et Charleroi. Maintenant,
j’ai des amis ici et là. J’auditionne dans des
petites boites ; je ne me souviens pas trop de ce
que j’y chante. Je rencontre des autres, des différences.
Cela dure deux ans et puis, à nouveau,
je vais dériver : mes amis m’ont déjà tant donné
que je ne veux plus rien accepter. Un soir, sans
l’avoir prémédité, je sors de la ville. Je marche.
Je prends la route du « Sud ». Je ne me rends
même pas compte que je m’en vais. Je suis vêtue
d’une salopette verte, chaussée de grosses
bottes lourdes ; c’est là toute ma richesse. Je
n’ai plus mes papiers, je les ai abandonnés dans
un hôtel que je ne pouvais plus régler. Je n’ai
plus rien.»
Cet objectif la mènera par bien des chemins
de traverse, de la plonge au bord de la
prostitution, des amours fugaces et perdues.
Quelques lignes rédigées alors qu’elle
ne pouvait plus chanter, d’une étonnante
sincérité. A lire si vous aimez l’entendre, si
vous aimeriez comprendre.
Il était un piano noir
Barbara – Le livre de Poche,
1999
Le livre regroupe les mémoires de Barbara,
restées inachevées. Ces témoignages
interrompus retracent son parcours, ses
blessures, l’origine de ses paroles et de
ses mélodies. On y reconnait les ruelles de
Bruxelles à la vieille époque, et Paris, grand
et affolant. On peut y lire son obstination,
sa plus grande aspiration, chanter face à
un piano noir, peu importe comment mais
chanter, chanter !