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D
DOUBLE JE
ELLI MASTOROU
#I
Nationale, d’après lesquels il faut « faire confiance à la
capacité d’analyse des élèves et ne pas projeter des peurs
d’adultes sur ce que pourraient penser des enfants » (on
n’aurait pas mieux dit). Résultat
Le 19 février, Tomboy attire 1,25 million de
téléspectateurs pour un score historique. Les illuminés
peuvent aller se rhabiller.
Bande de filles, 2014
— Le contre-pouvoir au pouvoir !
Après avoir fait sensation au dernier Festival de
Cannes, Bande de filles débarque bientôt sur les écrans
pour notre plus grand bonheur. Ce dernier opus en
date s’inscrit plus que jamais dans la thématique de
l’exploration chère à la réalisatrice, qui la pousse ici un
cran plus loin : après les débuts timides-humides et le
conte estival contenu, Sciamma franchit la barrière du
Cinémascope et le résultat est une véritable explosion
d’images, de couleurs et d’énergie. Bande de filles
évolue dans le microcosme codifié des banlieues «
difficiles ». C’est là que vit Marieme, une jeune Black
de 16 ans discrète et réservée. Jusqu’au jour où son
chemin croise celui de quatre filles bien décidées à
être tout sauf les « meufs » sages qu’on veut faire
d’elles. Langues de vipère, féminité virile, gouaille à
toute épreuve et free fight avec arrachage de soutif à
même le béton : pour survivre en téci, mieux vaut être
un bonhomme qu’une tepu. Même si on n’a pas les
couilles qui vont avec. Alors, Marieme et les autres
font semblant – et elles le font bien. Transcendant sa
passion des séries (elle cite régulièrement The Wire
ou Friday Night Lights), Sciamma sépare son récit en
chapitres-ellipses marqués par des fondus au noir,
(cliquez pour voir la bande-annonce)
explorant l’évolution d’une personnalité fictive -
qui se cherche sans forcément se trouver - jetée
dans un monde qui est lui, bien réel. Car qui n’a
pas déjà tourné la tête dans le métro, agacé par
les voix de ces filles trop maquillées Sciamma
les porte aux nues avec un regard tendre mais
conscient, dessinant avec l’air de ne pas y
toucher l’omniprésente pression patriarcale, le
poids du regard masculin, l’exigence constante
de réussir sa vie- mais pas trop non plus – qui
étouffent. Et comment certaines filles s’en jouent,
troquant les quatre murs de leur cité contre des
chambres d’hôtel payées en cash, pour fumer des
joints et manger des bonbons sur un lit king size.
Pour retrouver une liberté arrachée à la sauvette,
dans un espace secret où les bonhommes
redeviennent des princesses, moulées dans des
robes piquées chez H&M, à faire du play-back sur
Rihanna dans une scène en passe de devenir
culte. Shine bright like a diamond !