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Rencontre avec Jean-Frédéric Baeta - College au cinéma 37

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Débat « Regards sur l’Adolescent en rupture »<br />

Les 400 Coups de François Truff<strong>au</strong>t<br />

Année scolaire 2006/2007<br />

M. <strong>Jean</strong>-Frédéric <strong>Baeta</strong> a animé une rencontre <strong>avec</strong> des enseignants <strong>au</strong>tour du film Les 400 Coups de<br />

François Truff<strong>au</strong>t le mercredi 25 janvier 2006 <strong>au</strong> CDDP de Tours. <strong>Jean</strong>-Frédéric <strong>Baeta</strong> est un<br />

philosophe de formation qui s’est orienté vers le métier d’éducateur. Il a débuté dans des<br />

établissements spécialisés comme veilleur de nuit et depuis 1983, il s’occupe de la formation<br />

d’éducateurs à l’Institut du Travail Social de Tours. Depuis 1990, il est responsable de la filière<br />

« éducateur ».<br />

Il est possible de mettre en relation la fugue et l’évitement. La fugue est une fuite de la vie quotidienne.<br />

La fugue est une manière de pensée inédite de la vie quotidienne.<br />

Avant de présenter cette question du quotidien, <strong>Jean</strong>-Frédéric <strong>Baeta</strong> donne quelques données sur la<br />

situation des fugues chez l’adolescent d’après une enquête de Michel Askesis dans un établissement<br />

parisien. Depuis une dizaine d’années, il y a un accroissement des fugues chez les jeunes filles<br />

(60 à 65 %) à partir de 15-16 ans. En général, les jeunes fugueurs quittent un domicile convenable. Ils<br />

sont trois fois plus nombreux à quitter le domicile de la mère. Les pères sont souvent sans emploi ou en<br />

prison. 70 % des fugueurs sont scolarisés. Ils fuguent un jour de semaine quand ils ont l’opportunité de<br />

fuir la vie quotidienne.<br />

Nicolas Carli-Basset, professeur de lettres <strong>au</strong> collège Bergson de St Cyr sur Loire, se demande à partir<br />

de quelle durée on peut parler de fugue.<br />

<strong>Jean</strong>-Frédéric <strong>Baeta</strong> répond qu’à partir du moment où il y a une raison de s’inquiéter et que les<br />

parents appellent la police. La fugue a une fonction de « découcher », la nuit les personnes sont<br />

vulnérables. Toutefois, il ne f<strong>au</strong>t pas confondre école buissonnière et fugue.<br />

En général, les fugueurs ne se sont pas fait remarqués pour des retards mais des absences pour c<strong>au</strong>se<br />

de maladie. <strong>Jean</strong>nine Touzalin, professeur de lettres <strong>au</strong> collège Christ Roi de Tours, ajoute que les filles<br />

ont tendance à fugue à deux alors que les garçons fuguent tout seul. <strong>Jean</strong>-Frédéric <strong>Baeta</strong> souligne<br />

qu’une fugue est un acte de déclaration, elle dure souvent plusieurs jours et les adolescents parcourent<br />

50-100 kilomètres.<br />

Quand ils reviennent, les jeunes racontent souvent que c’est une bonne expérience.<br />

- 70 % des fugues sont positives<br />

- 25 % des jeunes se sont sentis en danger<br />

- 32 % ont éprouvé de la peur<br />

- 11 % ont subi une agression<br />

- 9 % ont subi une agression sexuelle<br />

Be<strong>au</strong>coup des fugueurs ont eu des absences pour maladie et be<strong>au</strong>coup d’entre eux se sont fait<br />

renvoyer. Contrairement à ce que les gens pensent, le redoublement n’est pas un indicateur pertinent<br />

pour prévenir d’une fugue. Be<strong>au</strong>coup de fugueurs montrent d’importantes difficultés de concentration,<br />

d’intégration, à lire et à écrire.<br />

La fugue est un passage à l’acte qui va marquer un changement dans la vie de l’adolescent. La fugue<br />

est une fonction initiatique ou une confrontation <strong>avec</strong> le père.<br />

Dans le film, il y a une gestation précédant la fugue sous forme d’interrogation (Qui suis-je pour les<br />

<strong>au</strong>tres Qu’est-ce qui est en train de m’arriver ). Il y a la question de la présence des adultes et de la<br />

capacité à l’accueillir (hospitalité). Il s’est déjà absenter avant par ses rêveries. Cet effacement<br />

progressif est vraiment quelque chose qu’il f<strong>au</strong>t savoir juger. Il est question d’apparaître en contraste à<br />

la présence qui s’échappe. Comment les adultes vont pouvoir prendre les devants <br />

<strong>Jean</strong>nine Touzalin fait remarquer que dans Les 400 coups, la mère précipite les choses en se faisant<br />

surprendre <strong>avec</strong> son amant par Antoine. <strong>Jean</strong>-Frédéric <strong>Baeta</strong> ajoute que la mère a également fugué<br />

son quotidien.


L’espace transitionnel permet de rentrer dans la culture d’être dans la réalité tout en étant dans la<br />

capacité de création. La vie domestique est un espace transitionnel social où les gens doivent pouvoir<br />

accueillir et où il y a la capacité de recevoir sans craindre de bouleverser le quotidien. Grâce à ce<br />

qu’Antoine sait de sa mère, ils vont pouvoir communiquer. A la maison, Antoine est un domestique ce qui<br />

ne l’empêche pas de voler dans la cagnotte. Il est capable de faire des bêtises tout en étant soumis. La<br />

question de la consistance de la présence est quelque chose de déterminant. L’aventure ne met pas en<br />

péril le familier s<strong>au</strong>f s’il est précaire. Qu’est-ce qu’un adolescent voit dans un adulte Où est passé<br />

l’adolescent Qu’est-ce que l’adulte est capable de distinguer sur sa propre adolescence et les<br />

nouvelles tendances des adolescents <br />

Bibliographie : « Ce que je ne peux pas vous dire ».<br />

Il y a une construction par les enfants du rôle de l’enseignant. Les enfants savent que les enseignants ne<br />

sont pas là pour être des personnes.<br />

Dimension par rapport à la fugue :<br />

- prémices à une tentative<br />

- retour d’une omnipotence personnelle pour redevenir le centre de soi-même<br />

- conséquence de la fugue : métiers d’explorateur…<br />

Antoine ne quitte pas la réalité, il n’est pas dans le vol mais il entame l’itinéraire qui permet de<br />

s’échapper à l’omnipotence de la mère. Il f<strong>au</strong>t qu’il protège sa mère contre elle-même. Il est intéressant<br />

de voir le côté enfant et adolescent du père (Est-ce que le père est vraiment un homme ). D’après<br />

Nicolas Carli-Basset, l’adolescence est le moment où on découvre que les parents ne sont pas des dieux<br />

et qu’ils ne sont pas fiables.<br />

Dominique Roy pense qu’il est important de dire que la mère n’aime pas son fils, qu’elle le traite<br />

comme un objet. <strong>Jean</strong>-Frédéric <strong>Baeta</strong> ajoute que la mère fait l’enfant mais que l’enfant fait également<br />

la mère. Antoine fait des choses pour que sa mère soit acceptable. Il ne f<strong>au</strong>t pas faire de l’enfant une<br />

pâte molle. C’est intéressant de voir la manière dont les enfants s’y prennent pour instituer la place des<br />

parents. Les enfants tentent <strong>au</strong>près des enseignants ce qu’ils tentent <strong>au</strong>près des parents. Quand<br />

quelque chose se passe dans la classe, les enseignants sont obligés de s’en mêler. <strong>Jean</strong>nine Touzalin<br />

ajoute que ce film est très intéressant pour parler <strong>au</strong>x collégiens de la manière d’être en classe.<br />

L’adolescence est quelque chose de très difficile <strong>avec</strong> tous ces changements du corps. L’adolescent se<br />

pose des questions comme par exemple savoir la manière dont il peut avoir de la présence ou quelle<br />

place faire à l’adolescent et à l’enfant.<br />

Quelquefois les adolescents ne donnent pas la place à l’adulte. Quand l’enfant n’est pas capable<br />

d’accepter les remarques, les adultes ont donc recours à l’<strong>au</strong>torité. Il y a un changement dans l’usage<br />

du placement dans la classe. Si l’adolescent décroche, nous ne sommes plus dans une vision<br />

pédagogique.<br />

La voix psychologique qui est de forcer l’enfant à se dévoiler est quelque chose de maladroit et de<br />

malsain (« Si tu ne me dis rien, je ne peux rien faire, je ne sais pas ce qu’il t’arrive »). Le fait de poser<br />

des questions personnelles est malsain. Les professeurs peuvent demander à l’élève d’écrire ce qui ne<br />

va pas, c’est plus constructif.<br />

Fernand Delini qui travaille dans le Loir et Cher a fait une fugue <strong>avec</strong> un enfant alors qu’il était adulte.<br />

Dans les centres d’éducations renforcés <strong>avec</strong> des récidivistes, il f<strong>au</strong>t plus d’éducateurs que de jeunes.<br />

C’est un dispositif qui coûte très cher.<br />

La question de la contrainte et du recours à des adultes taillés dans le marbre a évolué depuis 1958.<br />

Les centres d’éducation renforcés posent la question de la séparation <strong>avec</strong> son milieu qui peut donner<br />

une chance de devenir adulte.<br />

Nous nous reposons sur une intuition que la psychologie n’a pas fait que du bien.

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