12.07.2015 Views

Ciné zooM - College au cinéma 37

Ciné zooM - College au cinéma 37

Ciné zooM - College au cinéma 37

SHOW MORE
SHOW LESS
  • No tags were found...

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Présentation de l’associationCollège <strong>au</strong> Cinéma <strong>37</strong>Collège <strong>au</strong> cinéma est une opération nationale lancée en 1989 par le Ministère de la Culture et le Ministère del’Education Nationale avec la collaboration du CNC (Centre National de la Cinématographie). La spécificité dudispositif Collège <strong>au</strong> cinéma en Indre-et-Loire est sa gestion associative, cas unique en France.Collège <strong>au</strong> Cinéma <strong>37</strong> est une association d’enseignants créée en 1992 dans le but de gérer le dispositif Collège <strong>au</strong>cinéma et ses prolongements en Indre-et-Loire.Le CNC a mis en place en 2000 la Commission Nationale Collège <strong>au</strong> cinéma composée de professionnels du cinéma,de représentants des Ministères de la Culture et de l’Education Nationale, de coordinateurs département<strong>au</strong>x etd’un représentant des enseignants de terrain : l’association Collège <strong>au</strong> Cinéma <strong>37</strong> parle donc <strong>au</strong> nom de tous lesenseignants participant <strong>au</strong> dispositif national. Les membres de la Commission Nationale soumettent lors de réunions<strong>au</strong> CNC des propositions de films qui font l’objet de débats. Le CNC essaie d’obtenir les droits des titres retenus parla commission et procède <strong>au</strong> tirage des copies ainsi qu’à l’édition du matériel pédagogique.La Commission Nationale a élaboré en 2004 un cahier des charges qui encadre le dispositif ; elle joue un rôleconsultatif <strong>au</strong>près du CNC.L’association Collège <strong>au</strong> Cinéma <strong>37</strong> propose à la Commission Nationale des films susceptibles d’entrer dans ledispositif national, comme ce fut le cas pour Le Garçon qui ne voulait plus parler de Ben Sombogaart, Joue-lacomme Beckham de Gurinder Chadha ou encore Stella de Sylvie Verheyde. Alors n’hésitez pas à nous envoyer vospropositions de films !Quelques actions spécifiques de l’association :Ciné-goûters gratuits le mercredi de 13 h 45 à 17 h 15 pour les enfants des enseignants en formation.Formations longues sur la réalisation de films (animation, avec un téléphone portable…), sur le langagecinématographique…Aide technique et matérielle dans les projets de réalisation de films avec les élèves.Festivals : Collège <strong>au</strong> Cinéma <strong>37</strong> est partenaire des festivals Cinéma asiatique de Tours, Cinéma Jeunesse deRimouski (Québec), Plumes d’Afrique et Courts d’écoles.Information en direction des collégiens et de leurs familles : 7 600 plaquettes sur le dispositif Collège <strong>au</strong> cinéma(imprimées par le Conseil Général d’Indre-et-Loire).Information en direction des enseignants et des partenaires : 1 300 plaquettes sur l’association Collège <strong>au</strong> Cinéma<strong>37</strong> (imprimées par le Conseil Général d’Indre-et-Loire).www.college<strong>au</strong>cinema<strong>37</strong>.com est le site Internet où les enseignants peuvent trouver l’actualité de l’association,des pistes pédagogiques et tous les comptes-rendus des formations sur les films programmés ainsi que des vidéosréalisées par des collégiens et des enseignants d’Indre-et-Loire. Le site permet la mise en rése<strong>au</strong> des enseignants etla publication de critiques de films écrites par les collégiens.2


Les stages 2009/2010« IMAGES TELEPHONEES – INITIATION AU CINEMA PORTABLE »Pour la deuxième année consécutive, l’association a organisé un stage pour permettre <strong>au</strong>x enseignants des’interroger sur le nouve<strong>au</strong> mode d’images fabriquées avec des téléphones portables. Images intimes, vuesimpressionnistes, carnets de croquis, <strong>au</strong>to-filmage. A qui sont destinées ces images quotidiennes ? Que nousracontent-elles ? De quel « geste cinématographique » sont-elles potentiellement porteuses ? Comment mettre enplace un atelier pratique avec ces technologies ?Dix enseignants ont ainsi pu réaliser eux-mêmes un petit film de A à Z avec leur téléphone portable ou leur appareilphoto numérique, lesquels sont visibles sur le site Internet (www.college<strong>au</strong>cinema<strong>37</strong>.com).Ce stage sera de nouve<strong>au</strong> programmé en décembre 2010.« LA PEUR D’APPRENDRE ET LA MEDIATION CULTURELLE »Collège <strong>au</strong> Cinéma <strong>37</strong> proposait cette année un stage d’une journée où les enseignants pouvaient s’interroger surla manière d’enseigner avec leurs élèves en difficulté.Le matin était consacré à une conférence de SergeBoimare (photo ci-contre), psychologue clinicien,psychopédagogue, directeur pédagogique etadministratif du Centre Médico Psychologique Cl<strong>au</strong>deBernard à Paris (75), <strong>au</strong>teur de L’enfant et la peurd’apprendre (Editions Dunod – 1999) et de Ces enfantsempêchés de penser (Editions Dunod – 2008).Cette conférence a été suivie d’un échange avec lesenseignants et les éducateurs qui l’ont jugé trop court.Nous organiserons une nouvelle rencontre avec SergeBoimare en 2011.Les enseignants ont pu rencontrer dans l’après-midiPhilippe Lucchese, animateur socioculturel et formateurà l’Institut du Travail Social de Tours, qui a témoigné deson travail en <strong>au</strong>diovisuel avec les enfants et lesétudiants.Les enseignants ont ainsi pu échanger sur leur proprepratique dans leurs collèges respectifs.3


« REALISATION D’UN FILM D’ANIMATION » - DU MERCREDI 24 AU VENDREDI 26 FEVRIER 2010En partenariat avec l’Abbaye royale de Fontevr<strong>au</strong>d (49),Collège <strong>au</strong> Cinéma <strong>37</strong> a organisé un premier stage enrésidence de trois jours qui a permis à treizeenseignants de découvrir le film d’animation et sesdifférentes techniques et de réaliser une bande sonore.Ce lieu chargé d’histoire a inspiré les enseignantsstagiaires qui ont réalisé par petits groupes des filmsd’animation sur le thème « La femme dans tous sesétats » en utilisant plusieurs techniques d’animation(papier découpé, pâte à modeler, pixellisation, sable,peinture...). Il est possible de visionner ces films surnotre site Internet www.college<strong>au</strong>cinema<strong>37</strong>.com.Marc Louiset de l’atelier Imagery etSophie Gascoin, professeur de lettres <strong>au</strong> collège du Parcde Neuillé-Pont-PierreQuelques réactions de stagiaires…« Le stage en résidence permet un échange plus riche et un investissement plus complet qui nous plonge dansl’activité (…) et qui ensuite enrichit très directement notre pratique <strong>au</strong> retour du stage. »« Le lieu de résidence, source d’inspiration, a be<strong>au</strong>coup influencé les créations. »« La formule du stage hébergé est excellente car elle permet de ne pas être soumis à un horaire fixe. »« Formateur très appréciable pour sa compétence et sa disponibilité. »« Ce genre de formation est très stimulant à tous les nive<strong>au</strong>x, du travail collectif (désinhibition, découvertepersonnelle et de l’<strong>au</strong>tre, satisfaction du travail en groupe et toute la diversité de l’échange humain). »« Excellente ambiance de groupe : travail très sérieux, avec un accompagnement efficace. »« Stage enrichissant car public varié (différentes disciplines) et très bon encadrement. »4


Festival International de Cinéma Jeunessede Rimouski (Québec)Article de Stéphanie Borderon, enseignante <strong>au</strong> collège public de Montrésor,accompagnatrice de la l<strong>au</strong>réate du concours 2009, Amandine BourseC’est loin Rimouski….Hop ! Décollage de Roissy, et après huit heures de vol (un baptême de l’air pour Amandine !), nous arrivons àMontréal en début de soirée. Le décalage horaire se fait sentir et ajoute encore à notre dépaysement. Le temps dedéposer nos bagages à l’hôtel, et nous voici les yeux écarquillés dans les rues animées. Une soirée qui ne nousdonne qu’une envie : celle de découvrir cette ville ! Mais le lendemain matin, départ pour Rimouski, et encore huitheures de car…. C’est l’occasion de découvrir l’immensité des plaines québécoises !A notre arrivée, nous sommes accueillies par les bénévoles du festival. Amandine rejoint sa famille d’accueil, et jesuis accompagnée jusqu’à mon hôtel. A partir de ce moment, nos chemins se séparent et nous ne nous croiseronsplus qu’à l’occasion des projections ou des rencontres organisées dans le cadre du festival. Amandine est trèsoccupée par ses obligations de jurée…Dès le premier soir, le ton est donné : pour la soirée d’ouverture du festival, nous assistons à la projection d’unvéritable bijou d’animation : une version très moderne de Pierre et le loup de Suzie Templeton… accompagnée parun orchestre symphonique qui joue là, devant nous ! Un moment magique.Le lendemain matin : Rimouski, à nous deux ! Ma première idée : visiter la ville ! Bon… Cela m’<strong>au</strong>ra pris environune heure (quoi, il n’y a qu’une rue ?). Je serai ensuite guide officiel de la ville pour les <strong>au</strong>tres festivaliers. En plus,il pleut et il fait frisquet, il n’y a ni bus, ni taxi et les vélos de l’hôtel mis à la disposition des clients sont devéritables engins de mort. Vive la marche à pied ! Mais pour aller où ? Voir des films, bien sûr !Et là… le bonheur ! Des courts, des longs métrages, des films d’animation, des fictions, des documentaires, il y en apour tous les goûts ! Des projections de courts-métrages sont organisées dans des cafés, les réalisateurs présententleurs films, bref on ne sait plus où donner de la tête et il f<strong>au</strong>t faire des sacrifices. Personnellement, je n’arrive pasà voir plus de trois films par jour, car il me f<strong>au</strong>t un peu de temps pour « digérer » la projection… Je n’<strong>au</strong>rais pasété un très bon juré ! Il y a des films que l’on oublie, et d’<strong>au</strong>tres qui restent pour longtemps.J’en profite également pour aller revoir un film qui restera toujours un pur moment de bonheur : L’argent depoche de François Truff<strong>au</strong>t, qui est projeté dans le cadre d’une rétrospective du réalisateur. Tous les soirs, lesmembres du jury adulte, les réalisateurs présents, les différents intervenants et les responsables du festival seretrouvent <strong>au</strong>tour d’un repas <strong>au</strong> rest<strong>au</strong>rant après la dernière projection de la journée. C’est l’occasion de parlercinéma avec des gens passionnés venus des quatre coins du monde, ce qui donne lieu à d’interminablesconversations (parfois dans un anglais très approximatif, il est vrai…). Un véritable privilège.Bref, le temps file, et c’est déjà fini… Les différents jurys rendent leur verdict. Je parviens enfin à parler un peu àAmandine, et nous réalisons que nous avons toutes les deux eu un coup de cœur pour le même film : Mary and Maxd’Adam Elliot. Les débats ont, semble-t-il, été âpres, mais c’est un <strong>au</strong>tre film qui a eu la faveur du jury jeunes…Le lendemain matin, tout le monde remonte dans le car pour Montréal où chacun doit prendre un avion pourretrouver son coin du monde et reprendre le cours normal de sa vie. Après quelques embrassades et échangesd’adresses, Amandine et moi retrouvons Sarah, une jeune réalisatrice rencontrée <strong>au</strong> festival, qui nous guidependant quelques heures <strong>au</strong> cœur des quartiers de Montréal qu’elle aime, tout en nous racontant à quoi ressemblela vie dans cette ville.L’avion nous ramène à Paris, la tête pleine de souvenirs et le sourire <strong>au</strong>x lèvres.Merci !5


Festival du cinéma Asiatique de ToursNous avons poursuivi cette année notre partenariat avec le Festival du cinéma Asiatique de Tours qui a lieu <strong>au</strong>xcinémas « Studio ». Après la projection d’Amer Béton en 2009, le festival a projeté le mardi 23 mars 2010 le filmthaïlandais Le Pensionnat de Songyos Sugmakanan à laquelle 130 collégiens de quatre collèges ont assisté. Un débata prolongé la projection pour parler du film et répondre <strong>au</strong>x différentes interrogations des collégiens.A cette occasion, l’association Collège <strong>au</strong> Cinéma <strong>37</strong> a organisé un concours de critiques de films. Les classesparticipantes ont envoyé une critique collective sur un film vu dans le cadre de Collège <strong>au</strong> cinéma en 2009/2010.Premier prix > un déjeuner <strong>au</strong> rest<strong>au</strong>rant asiatique Parfum Culture à Tours et un atelier <strong>au</strong>x cinémas « Studio » deTours pour la classe sélectionnée ;Deuxième prix > une place gratuite à une séance de cinéma <strong>au</strong>x cinémas « Studio » pour chaque élève de la classesélectionnée.Le premier prix du concours decritiques de film a été décerné à laclasse de 6 ème A du collège RogerJahan de Descartes qui a écrit unecritique sur le film Mon Oncle deJacques Tati.Le deuxième prix a été attribué à laclasse de 3 ème A du collège Lamartinede Tours.Vous pouvez retrouver les critiquesdes classes l<strong>au</strong>réates dans leCinéZoom Elèves n°14.Des élèves de 6 ème A du collège RogerJahan de Descartes <strong>au</strong> rest<strong>au</strong>rantasiatique Parfum Culture de Tours >6


A propos de RidiculeEn mars 2009, les enseignants des collèges d’Indre-et-Loire ont choisi de programmer le film de Patrice Leconte,Ridicule (France, 1996, 1 h 46) <strong>au</strong> troisième trimestre 2009/2010. Patrice Leconte, l’un des vingt parrains des vingtans de Collège <strong>au</strong> cinéma, avait accepté lors de sa venue le samedi 20 juin 2009 pour la soirée anniversaire desvingt ans de rencontrer plus longuement les enseignants tourange<strong>au</strong>x pour leur parler de son film Ridicule.A l’invitation de Collège <strong>au</strong> Cinéma <strong>37</strong>, il est venu le mercredi 24 mars 2010 <strong>au</strong>x cinémas « Studio » de Toursdonner une leçon de cinéma ouverte <strong>au</strong> public. Pendant trois heures, Patrice Leconte a ainsi pu parler, avec bonnehumeur, de sa carrière cinématographique et du film Ridicule où il a raconté la genèse de la réalisation, desanecdotes et parlé de différentes séquences du film.I – La leçon de cinéma de Patrice LeconteArticle écrit par Sylvie Bordet pour les carnets des cinémas « Studio » de Tours :Patrice Leconte était mercredi 24 mars invité <strong>au</strong>x« Studio » par l’association Collège <strong>au</strong> Cinéma <strong>37</strong>.Au programme : une leçon de cinéma ouverte à tous dansla perspective de la prochaine projection du film Ridicule(près de 3000 élèves concernés).D’emblée, le réalisateur nous a fait part avec humour deson angoisse : « Elève <strong>au</strong> lycée Descartes de Tours, je mesuis appliqué à poursuivre une scolarité sans vagues.J’étais particulièrement calamiteux en histoire. Faire uneleçon de cinéma est déjà troublant, mais face à desenseignants, ça donne le vertige… »Il nous explique ensuite qu’un film est le travail de toute une équipe même si la réussite ou l’échec ne sontattribués qu’<strong>au</strong> seul réalisateur. Pour Ridicule, il disposait du scénario magnifique de Rémi Waterhouse,minutieusement rédigé à partir des mémoires de la comtesse de Boigne et refusé avant lui par Cl<strong>au</strong>de Chabrol etJean-Jacques Ann<strong>au</strong>d.Le film, projeté en ouverture du festival de Cannes 1996 fut le premier véritable succès critique et d’estime duréalisateur : 4 césars, la nomination du meilleur film étranger pour les oscars…Pourtant Patrice Leconte avoue qu’il n’a pas cessé de douter avant cette consécration. Tombé dans le cinéma et ledessin dès son enfance, il réalisa des petits films d’animation avec la caméra de son père et des bandes dessinées,avant d’intégrer l’I.D.H.E.C. en 1967 qu’il qualifie « d’institut classique et poussiéreux ». Après un passage <strong>au</strong>x« Cahiers du cinéma » où on lui reproche de toujours rédiger des textes positifs – « la seule chose qui m’intéresse,c’est d’écrire sur ce que j’aime » -, il devient dessinateur chez « Pilote » où il collabore avec Goscinny.C’est ensemble qu’ils écriront le scénario des Vécés étaient fermés de l’intérieur. Ce premier long métrage fut uneépreuve : « les rapports avec les acteurs furent épouvantables ; j’avais la trouille ; j’étais trop préoccupé par latechnique ». A l’issue du tournage, Jean Rochefort lui dit « toi, tu ne me recontacteras plus jamais »… « Je pensaisne pas être fait pour le cinéma et dans un premier temps voulus tout arrêter. Pourtant, je ne détestais pas lesacteurs ; mais j’ai mon orgueil…7


Jean Rochefort m’avait fait souffrir et je voulais lui prouver qu’un jour il verrait que j’étais un type bien… 10 ansplus tard, quand je lui ai fait parvenir le scénario de Tandem, il m’a répondu : « tu es fou de me recontacter, maisje t’interdis de faire le film sans moi… J’ai toujours les cicatrices de nos premiers rapports, même si <strong>au</strong>jourd’hui,on s’entend très bien ».Très vite, grâce à l’énorme succès public des Bronzés qui lui collera longtemps à la pe<strong>au</strong>, Patrice Leconte sort del’incognito. Pourtant la critique continue de l’éreinter.« Je revendique ces trois films, je ne les renie pas, ne les traîne pas comme des boulets, n’en ai jamais rougi. J’aiadoré faire tous les films que j’ai fait, même si <strong>au</strong>jourd’hui je porte un <strong>au</strong>tre regard sur le résultat. »Dans les 15 années qui suivent, le cinéaste passe de la comédie à la tragédie, enchaîne succès et échecs mais nousmontre finalement des personnages toujours très seuls – même <strong>au</strong> milieu d’une « bande » -, suggère leurstourments et leur part d’ombre.Ce sera le fil conducteur de son œuvre. Ridicule n’échappe pas à la règle : « J’ai abordé ce film comme s’il nes’agissait pas d’un film d’époque. J’ai essayé de le faire sans être gardien de musée mais actuel dans sessentiments, ses enjeux émotionnels, et les problématiques qu’il soulève. »On y retrouve les images récurrentes d’objets en gros plans et la même façon de filmer adoptée avec Tandem etpoursuivie depuis. « J’ai décidé de porter moi-même la caméra, je fais les cadrages, conçois et réalise tous lesplans. Je ne peux plus déléguer. Seuls, à ma connaissance, Klapish, Besson, Beinex et Kubrick cadrent ainsi euxmêmes.Ça nous rend très proches des acteurs ; il n’y a plus d’intermédiaire hormis la caméra. »Viennent ensuite le décryptage de scènesemblématiques du film et parmi elles la toutepremière, celle du pré-générique. Le chevalierde Milletail, introduit chez Monsieur de Blayacdont un bon mot jadis le couvrit de ridicule et leforça à l’exil, prend sa revanche en lui pissantdessus. Le vieillard très diminué s’en époumone àen mourir.« Cette scène volontairement très provocantepermet de prendre le spectateur par la mainpour le captiver, le déranger. »La caméra à l’ép<strong>au</strong>le, les bruits de pas et lumières tamisées mettent définitivement en alerte.Tout y est vraiment dérangeant ; pas seulement à c<strong>au</strong>se de ce que l’on voit (un plan choquant et trivial) mais <strong>au</strong>ssipar ce que cela raconte et suggère. Le plus troublant vient du fait que les deux personnages sont des courtisans« respectables » et que contrairement à ce que tout le film développera, la vengeance passe par la supériorité ducorps (physique) face à quelqu’un qui ne peut plus ni bouger, ni parler.Le ton d’un film dont il f<strong>au</strong>t se méfier est donné avant même le générique : le bel esprit fait corps avec la trivialitédu sexe et l’horreur des mœurs de l’époque. « La difficulté est alors de savoir assurer la suite, de ne pas faireretomber même si on relâche la pression ».Dès ce moment, on entrevoit en arrière plan toutes ces personnes qui veulent jeter leurs derniers feux et profiter<strong>au</strong> maximum du système avant qu’il ne s’effondre ; « on entend déjà la révolution qui gronde. »Fut ensuite décortiquée la scène emblématique des « bouts rimés », jeu assimilé à une joute verbale. La séquences’ouvre en bas d’un large escalier avec la mise en garde du marquis de Bellegarde (Jean Rochefort) <strong>au</strong> baron dePonceludon (Charles Berling). Puis l’on se retrouve dans un espace carré que Patrice Leconte a conçu comme unring : emplacements des « coachs » et de leurs combattants dans les diagonales opposées, lumière sur l’espace8


central… A la fin du combat, nous nous retrouvons dans l’escalier ; mais cette fois, Ponceludon, vainqueurinattendu malgré la tricherie, se retrouve en pleine lumière et domine la comtesse dont c’est la première défaite.« C’est important d’avoir un principe de mise en scène pour pouvoir donner les bonnes indications à l’équipe. »L’ascension de Ponceludon, provincial « largué et maladroit » progresse grâce à ces subtils jeux de mise en scène.Notons qu’à l’époque, Charles Berling était un acteur méconnu : il se hissera ainsi jusqu’à la notoriété de sesriv<strong>au</strong>x, Fanny Ardant, Jean Rochefort, Bernard Gir<strong>au</strong>de<strong>au</strong>…Le dernier extrait largement analysé fut celui du duel.« Il est difficile de tourner une scène déjà vue etfilmée par les plus grands. » Patrice Leconte arefusé de visionner avant le tournage le fameux duelde Barry Lindon qui fait figure de référence.« J’ai eu l’idée de tourner cette séquence avec unralenti extrême réservé d’habitude <strong>au</strong>x scènesd’action. Or là, il s’agit de personnages qui nebougent pas (le duel est <strong>au</strong> pistolet). Je ne me lassepas de l’imperceptible sourire de Jean Rochefort àl’issue du combat. »Difficile pour le spectateur de ne pas faire le lienavec la scène finale de la chute de Ponceludon <strong>au</strong>cours du bal masqué : c’est cette chute, et non pascelle qu’on attendait <strong>au</strong> duel, qui lui permet dequitter le monde versaillais « fruit dont l’arbre estpourri ». Impossible également de ne pas établir decorrespondance entre les conclusions de ces deuxséquences qui nous montrent d’abord la douleur puisl’anéantissement de la comtesse de Blayac perduepar ce qu’elle a initié. Et comment ne pas penser<strong>au</strong>x Liaisons dangereuses de Stephen Frears ? L’unese maquille, l’<strong>au</strong>tre retire son masque.Avant de nous séparer, il fut encore question du rôle de la musique, créée par Antoine Duhamel et de ce choixoriginal de faire jouer sur des instruments anciens une composition contemporaine. Le thème de la gavotte futdicté par les impératifs de la mise en scène puisqu’elle accompagne le ballet. Elle devait donc être réglée sur lepas des danseurs. D’abord jouée par petites notes et petits morce<strong>au</strong>x, elle prend toute son ampleur dans cettescène finale où l’orchestre <strong>au</strong> complet la joue intégralement.Jean Rochefort a dit de Ridicule : « c’est un western dont les colts sont remplacés par des bons mots. » Ladictature des apparences, les « petites phrases » assassines, ça ne vous évoque rien ?Pendant trois heures, Patrice Leconte ne nous a pas seulement « donné une leçon de cinéma » ; il nous a fait vivreun moment intense de bonne humeur et d’intelligence.Sylvie Bordet9


II – Rencontre avec Antoine Duhamel, le compositeur de la musique du filmEn février 2010, Antoine Macarez, enseignant d’éducation musicale <strong>au</strong> collège Rame<strong>au</strong> de Tours, a rencontréAntoine Duhamel et nous a fait parvenir son travail sur la musique du film Ridicule de Patrice Leconte :On trouvera sur le site de Collège <strong>au</strong> Cinéma <strong>37</strong> l’intégralité de cet article, ainsi que les références bibliographiques,discographiques, et des liens vers des sites internet.Pour réaliser cette étude de la musique de Ridicule, j’ai pris contact avec le compositeur Antoine Duhamel, quej’avais eu l’occasion de connaître dans les années 80, alors qu’il était directeur de l’école de musique deVilleurbanne, où j’étais élève à l’époque. Très gentiment, il m’a proposé de le rencontrer et j’ai eu la chance depouvoir lui rendre visite à son domicile de Valmondois, par une belle journée de février 2010.Rencontrer Antoine Duhamel est une expérience unique et inoubliable.Je tiens ici à le remercier à nouve<strong>au</strong> chaleureusement, ainsi que son épouse Elisabeth, pour son accueil et sadisponibilité.Antoine Duhamel devant sa maison de Valmondois, février 2010 (photo A. Macarez).Le compositeurAntoine Duhamel est né en 1925 à Valmondois, dans le val d’Oise, où il vit actuellement avec sa femme Elisabeth,dans la maison familiale. Il est le fils de l’écrivain-académicien Georges Duhamel et de la comédienne de théâtreBlanche Albane.Sa formation <strong>au</strong> conservatoire de Paris, en 1944-45, avec Olivier Messiaen, et surtout, en dehors du conservatoire,avec René Leibowitz, le conduit d’abord à s’intéresser à la musique dodécaphonique et <strong>au</strong> sérialisme. Il a pourcondisciples Pierre Boulez, Pierre Henry ou Serge Nigg. Il travaille également avec Pierre Schaeffer dans sesexpériences de musique concrète du Club d’Essai de la Radio. Il s’écartera ensuite assez rapidement de toutetendance radicale ou dogmatique, dans une démarche d’ouverture <strong>au</strong>x <strong>au</strong>tres styles music<strong>au</strong>x, comme le jazz et lesmusiques populaires.10


A partir de 1957, il commence à travailler pour le cinéma, pour des publicités et des courts-métrages. Il rencontreensuite Jean-Daniel Pollet et les compositeurs de la « nouvelle vague », comme Rohmer, Rivette, et surtout Godard,avec qui il va devenir célèbre en composant la musique de Pierrot le fou (1965), puis de Week End, en 1967.Il collabore avec Truff<strong>au</strong>t sur 4 films : Baisers volés (1968), La sirène du Mississipi (1969), et Domicile Conjugal (1970).Il sera également le directeur musical de l’Enfant s<strong>au</strong>vage, en 1969.En 1964 il rencontre le tout jeune Bertrand Tavernier, qu’il retrouve 10 ans plus tard, pour Que la fête commence(1974). Ils collaboreront ensuite de façon régulière, pour La mort en direct (1979), Daddy Nostalgie (1990), etLaisser-passer, en 2001, qui lui v<strong>au</strong>dra l’étoile d’or de compositeur de musique originale de film.Le metteur en scène avec lequel il a le plus collaboré est sans conteste Jean-Daniel Pollet, avec une dizaine de courtset longs métrages, dont Méditerranée, en 1963, qui contribuera à sa renommée de compositeur, et l’Acrobate, en1975.En 1985, avec son grand ami, le compositeur Pierre Jansen, il écrit la Suite Symphonique pour Intolérance,accompagnant le célèbre film de Griffith, créé <strong>au</strong> Théâtre des Amandiers en 1985, et remise à jour en 2007, pour lasortie d’une nouvelle copie du film.Antoine Duhamel a également be<strong>au</strong>coup travaillé pour la télévision, en particulier avec Cl<strong>au</strong>de Barma, Le chevalierde Maison-Rouge (1962), et surtout le feuilleton Belphégor (1965), avec Juliette Gréco, mais <strong>au</strong>ssi Robert Mazoyer(Au plaisir de Dieu, feuilleton, 1977) Marcel Bluwal (Les Ritals, 1990), ou Jacques Rouffio (Jules Ferry, 1993).En 1980, il fonde l’Ecole de Musique de Villeurbanne, et s’installe en région Rhône-Alpes avec sa femme Elisabeth.Cette école, qu’il dirigera pendant 6 ans, lui permet de susciter une démarche pédagogique axée sur la pratiquecollective et la création, ouverte à toutes les musiques et à d’<strong>au</strong>tres formes d’expression artistique.Connu surtout pour sa musique de film, Antoine Duhamel revendique le fait d’être avant tout un compositeur demusique : il a également composé 9 opéras, qui lui tiennent particulièrement à cœur, et de très nombreuses œuvresinstrumentales et vocales, très diverses en genres et en effectifs, de la musique savante à la création théâtrale avecdes comédiens, en passant par l’opéra pour enfants.Paroles d’Antoine Duhamel…(Marc Zazzo, 2003)"Les compositeurs qui ont fait comme moi be<strong>au</strong>coup de musique pour le cinéma, Pierre Jansen, Georges Delerue...,sont des compositeurs qui ont le plus grand mal à être pris pour des compositeurs dits sérieux. C'est comme si onavait touché <strong>au</strong> diable. Or <strong>au</strong>jourd'hui, be<strong>au</strong>coup de compositeurs sérieux ont envie de faire de la musique de filmmais ils n'osent pas de peur d'être déconsidérés."11


Outre «Le Bel esprit », il y a dans Ridicule d’<strong>au</strong>tres musiques « d’écran », Ainsi lorsqu’on entend du clavecin dans lessalons (variations sur Ah vous dirai-je maman, citation de la musique de Mozart, chap. 4, 14’40 et 16’27), ou lors dela leçon de danse chez le marquis de Bellegarde, où l’on voit le personnage joué par Rochefort mener la leçon depuisle clavecin (chap. 5, 27’33) ; lors du dîner de Guines (chap. 5, 31’54), une jeune fille, là encore, joue du clavecin, placédirectement sous la table du repas.Mais la principale musique « de source », bien qu’on ne voie pas les musiciens à l’écran, est certainement la gavottequi accompagne la scène du « bal de l’<strong>au</strong>tomne », une scène cruciale du film, <strong>au</strong> cours de laquelle les personnagesprincip<strong>au</strong>x « tombent les masques », <strong>au</strong> sens propre comme <strong>au</strong> figuré. C’est d’ailleurs cette musique qui va servir dethème principal <strong>au</strong> film, et l’une des premières composées, puisqu’elle a dû servir de support <strong>au</strong> tournage de lascène du bal.Cette contrainte fonctionnelle, imposée par les impératifs du tournage, n’est pas toujours du goût du compositeur,mais peut influencer ses choix et même conditionner l’ensemble de son projet musical, comme l’explique AntoineDuhamel :« Composer la musique avant, je n’y crois pas tellement, et j’ai même souvent pensé que dans plusieurs des films surlesquels j’ai travaillé, les musiques obligatoirement composées avant parce qu’elles jouaient un rôle dans le tournagem’influençaient dans un sens que je n’avais pas vraiment voulu. Dans Ridicule, j’avais écrit <strong>au</strong> piano cette gavotte surlaquelle ils dansent. Leconte s’en est servi <strong>au</strong> tournage, et, <strong>au</strong> montage, j’entendais la gavotte partout dans le film...C’était une nouvelle contrainte, qui m’incitait à faire des variations sur la gavotte. Souvent, les musiques faites avanttournage vous limitent quelquefois dans le choix final ».Sur le même sujet, voici l’analyse de Patrice Leconte : « Le problème de la musique originale <strong>au</strong> cinéma, c’est qu’ellearrive souvent en bout de course, une fois le montage terminé. Alors qu’on <strong>au</strong>rait précisément besoin d’elle <strong>au</strong> débutdu montage, pour servir de colonne vertébrale pour charpenter le film. Du coup, sur Ridicule, avec Joëlle Hache mafidèle monteuse, on a be<strong>au</strong>coup utilisé la maquette de gavotte d’Antoine comme musique témoin, à titre provisoire.Et, c’est vrai, cette gavotte a fini par nous rentrer dans la tête : Sa ligne mélodique est vraiment marquante. Résultat,Antoine a construit le thème principal en partant des quatre premières notes de la gavotte. Ce qui donne un mal pourun bien : cela donne une homogénéité musicale à l’ensemble du film. J’aime les partitions qui creusent un seul sillonmais qui le creusent bien. »Couleur et unité :Pour Ridicule, deux possibilités s’offraient <strong>au</strong> compositeur : soit recréer une musique « d’époque » avec un orchestremoderne, soit composer une musique <strong>au</strong>x sonorités plus actuelles, mais avec des instruments d’époque. En communaccord avec Patrice Leconte, c’est ce choix qui a été retenu, et la musique de Duhamel a été enregistrée par laGrande Ecurie et la Chambre du Roy, l’orchestre de Jean-Cl<strong>au</strong>de Malgoire, un des premiers ensembles français às’être consacré à l’interprétation des musiques anciennes sur instruments d’époque.Ce choix d’une couleur particulière, sonorités moelleuses des flûtes, ou plus rudes et incisives des cors naturels,donne à la musique de Ridicule son originalité et son unité première, sans rechercher à obtenir une <strong>au</strong>thenticitéhistorique qui ne serait pas conforme <strong>au</strong> projet de Patrice Leconte, « ne pas faire un film de gardien de musée ».Le deuxième facteur d’unité est, bien entendu, le fait d’utiliser un thème unique qui se prêtera à de multiplesvariations : c’est la gavotte de la « Fête de l’<strong>au</strong>tomne » citée plus h<strong>au</strong>t, qui jouera ce rôle. Ce thème « originel » nesera entendu que 5 minutes environ avant la fin du film, <strong>au</strong> moment du bal costumé (chap. 15, 88’51).13


L’idée de départ est de d’abord faire entendre ce thème sous ses différentes transformations, de telle sorte qu’il soitfamilier <strong>au</strong> spectateur <strong>au</strong> moment où il apparaît sous sa forme première, dans la scène clé du bal, point culminant etdénouement de l’action.Ainsi, dès la séquence d’ouverture, le thème est déjà présent, sous une forme morcelée et théâtrale, commeinsidieuse, hachée par le silence, qui contribue largement <strong>au</strong> climat n<strong>au</strong>séeux et inquiétant de cette scène, <strong>au</strong> mêmetitre que la lumière très travaillée des rayons de soleil qui percent les volets fermés et découpent comme des lamesl’obscurité censée protéger le vieillard impotent et mourant qui s’y terre, privé de la parole dont il usait si bien<strong>au</strong>trefois, comme d’une arme tranchante.Le générique qui suit est, lui <strong>au</strong>ssi, dérivé de la gavotte, dans une version plus lente et plus accentuée, moinsdansante, dans une orchestration plus étoffée et une texture plus touffue où les cordes et les cuivres dominent, cequi donne un aspect plus solennel et plus pesant <strong>au</strong> thème, exposé d’abord dans le grave :Tout <strong>au</strong> long du film, ce thème subira ainsi toutes sortes de transformations, du rythme, de la métrique, del’harmonie, de l’orchestration, de l’arrangement, qui l’éloignent même parfois largement de sa version originale.Ce principe de variation, qui assure l’unité musicale de la composition, est sans doute <strong>au</strong>ssi à l’origine de la citationpar Duhamel des variations sur « Ah vous dirai-je maman » de Mozart, une oeuvre de référence de la forme « thèmeet variations ».D’<strong>au</strong>tre part, cet emprunt à Mozart était <strong>au</strong>ssi pour Antoine Duhamel un moyen d’adresser un clin d’œil à sonillustre prédécesseur, qui <strong>au</strong>rait très bien pu être présent à Paris à l’époque où se situe l’action.Mathilde :Ce thème est l’un des seuls dans la musique du film à être associé à un personnage précis. La mélodie est <strong>au</strong>ssidérivée du thème principal, même si sa parenté paraît lointaine, tant la présentation en est transformée : cette foiscile thème est en majeur, d’allure ternaire, joué par 2 flûtes accompagnées par un luth, ce qui lui donne uncaractère intime et sensuel, dans un style galant <strong>au</strong>x lignes mélodiques nonchalantes entrelacées en imitation,propre à évoquer la fraîcheur et la grâce de la jeune femme, qui séduit Ponceludon dès sa première apparition…Ce thème reviendra 3 fois, toujours associé à une scène où les deux jeunes gens se trouvent en tête à tête dans lanature ensoleillée : à la première apparition de Mathilde (chap. 5, 23’ 38’’), lors de la récolte du pollen par uneméthode originale, à l’érotisme subtil et raffiné (chap. 5, 33’ 36’’), et enfin lors d’une promenade <strong>au</strong> bord de larivière (chap. 6, 41’ 04’’).14


Rôle de la musique dans la dramaturgie :L’action de Ridicule se déroule à une période charnière, où se joue en arrière-plan l’affrontement imminent entredeux mondes, celui qui finit, le cercle fermé et pourrissant de la Cour, et celui qui s’annonce, celui du progrèsscientifique et social, de la fin des privilèges. Le parcours de Ponceludon dans le film est une sorte de métaphore del’évolution de la société, il est l’homme du monde à venir, il en pressent les nouve<strong>au</strong>x enjeux. La perception duconflit entre ces deux mondes, exprimé par le scénario et la mise en scène, est renforcée par la musique, qui, àplusieurs moments dans le film confronte deux climats music<strong>au</strong>x différents, en jouant de l’ambiguïté entre les modesmineur (le monde du passé) et majeur (l’avenir). Cette confrontation souligne des moments charnières du film.Ainsi, la première fois, lorsque Ponceludon retourne dans la Dombes, après s’être ridiculisé dans un dîner (chap. 10).Pendant sa chev<strong>au</strong>chée, filmée en caméra subjective, la bande son mêle galop du cheval, musique et bribes deconversations entendues <strong>au</strong>paravant, qui figurent les pensées qui viennent à l’esprit du jeune homme, <strong>au</strong> gré despaysages traversés. La musique, de la même manière, évolue <strong>au</strong> fil du voyage : <strong>au</strong> début, on entend nettement lethème principal, sous une forme dynamique qui correspond à la chev<strong>au</strong>chée, puis, progressivement, le tempo seralentit et on entend un nouve<strong>au</strong> motif, dérivé de la tête du thème, exposé dans un tempo très lent, devenu presqueméditatif. Ce motif, à l’origine en mineur, va presque imperceptiblement muter dans un mode ambigu, entremajeur et mineur.Cette juxtaposition, ici assez progressive, peut correspondre à l’évolution des sentiments du personnage, qui a subiun premier échec à la cour, qui rentre chez lui, dans le monde de la réalité, de la misère et des solutions à apporter,non plus par les mots, mais par l’intelligence – la raison – et l’action concrète.Et c’est ce même motif qui reviendra, suite à une semblable superposition, mais be<strong>au</strong>coup plus crue que la premièrefois, une sorte de « tuilage » entre plusieurs musiques, à la fin du « Bal de l’Automne », juste après le discourslibérateur de Ponceludon (chap.15, 1h 32’ 52’’). Cette fois, c’est <strong>au</strong> thème principal, la gavotte, danse de cour, que sesubstitue peu à peu le motif « majeur-mineur », qui fait la transition directe avec l’épilogue, en Angleterre, avant leretour du générique final, sensiblement semblable <strong>au</strong> générique de début.Le Duel :L’idée de mise en scène de Patrice Leconte pour la séquence du duel (« comment tourner une scène si connotée ? »)a été de « filmer <strong>au</strong> ralenti des personnages presque immobiles » . Ensuite, <strong>au</strong> montage, pour donner une cohérenceà la séquence, le réalisateur a utilisé une chanson composée par Angelo Badalamonti pour La Cité des enfantsperdus, le film de Caro et Jeunet, interprétée par Marianne Faithfull.Comme souvent, lorsqu’un réalisateur utilise <strong>au</strong> montage une musique préexistante, Patrice Leconte a ensuite eu dumal à imaginer pour cette séquence une <strong>au</strong>tre musique que la chanson de Marianne Faithfull.Cette anecdote est mentionnée par Antoine Duhamel dans les bonus de l’édition DVD, mais <strong>au</strong>ssi racontée parStéphane Lerouge dans une conférence visible sur Internet, dans laquelle il explique combien Antoine Duhamel a dûuser de toute sa persuasion pour convaincre Leconte de ne pas conserver la chanson de Badalamonti, <strong>au</strong> risque denuire à la cohérence et à l’esprit unitaire de la partition qu’il avait conçue pour le film.Toujours d’après Stéphane Lerouge, Antoine Duhamel s’est cependant en quelque sorte inspiré lui <strong>au</strong>ssi de lachanson du montage, en concevant une pièce vocale à 3 voix, dérivée là encore du thème principal, sur le texte du« Libera me », qui fait partie de la messe de requiem. Cette pièce <strong>au</strong> caractère funèbre, méditatif, contribueparfaitement à la réussite de cette séquence, sorte de table<strong>au</strong> onirique, comme suspendu hors du temps.Patrice Leconte, quant à lui, a surmonté sa frustration, puisqu’il a eu, depuis, l’occasion d’utiliser la chanson deMarianne Faithfull "Who Will Take My Dreams Away » dans son film La Fille sur le pont, en 1999.15


Aide technique dans les collègesd’Indre-et-LoireDepuis l’année scolaire 2007/2008, l’association Collège <strong>au</strong> Cinéma <strong>37</strong> apporte son soutien <strong>au</strong>x projets deréalisation dans les collèges qui en font la demande en début d’année scolaire. En effet, d’une part,l’association possède le matériel nécessaire pour la réalisation d’un film d’animation ou d’un film vidéo et,d’<strong>au</strong>tre part, Claire Tupin, salariée de l’association, peut se déplacer dans les collèges pour apporter l’aidetechnique dont les enseignants peuvent avoir besoin.En 2009/2010, l’association a soutenu quatre projets :- Collège Becquerel d’Avoine- Collège Roger Jahan de Descartes- Lycée Professionnel François Clouet de Tours- Collège Ste Jeanne d’Arc de ToursCes projets de réalisations fontsuite <strong>au</strong> stage « Réalisationd’un film d’animation »<strong>au</strong>xquels les enseignants de cescollèges ont participé.Trois de ces quatre films ontété présentés à Courtsd’écoles, festival organisé enpartenariat avec l’Inspectionacadémique et les cinémas« Studio » de Tours, dumercredi 26 mai <strong>au</strong> jeudi 3 juin2010. Ce festival permet <strong>au</strong>xélèves de montrer leursréalisations et d’échanger avecles <strong>au</strong>tres classes sur laréalisation de leur film.PROGRAMMATION 2010/20111 er trimestre2 ème trimestre3 ème trimestreNive<strong>au</strong> 6 ème /5 èmeLa Flèche Briséede Delmer Daves (1950)Brendan et le secret de Kellsde Tomm Moore (2008)Stellade Sylvie Verheyde (2007)APPEL A ADHESIONNive<strong>au</strong> 4 ème /3 èmeLa Mort <strong>au</strong>x troussesDe Alfred Hitchcock (1959)L’apprentide Samuel Collardey (2007)Cria Cuervosde Carlos S<strong>au</strong>ra (1976)Enseignants, manifestez votre soutien et prenez part <strong>au</strong>x décisions prises par l’associationen adhérant à titre personnel : 8 € pour l’année scolaire !16

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!