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Ciné zooM - College au cinéma 37

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Rôle de la musique dans la dramaturgie :L’action de Ridicule se déroule à une période charnière, où se joue en arrière-plan l’affrontement imminent entredeux mondes, celui qui finit, le cercle fermé et pourrissant de la Cour, et celui qui s’annonce, celui du progrèsscientifique et social, de la fin des privilèges. Le parcours de Ponceludon dans le film est une sorte de métaphore del’évolution de la société, il est l’homme du monde à venir, il en pressent les nouve<strong>au</strong>x enjeux. La perception duconflit entre ces deux mondes, exprimé par le scénario et la mise en scène, est renforcée par la musique, qui, àplusieurs moments dans le film confronte deux climats music<strong>au</strong>x différents, en jouant de l’ambiguïté entre les modesmineur (le monde du passé) et majeur (l’avenir). Cette confrontation souligne des moments charnières du film.Ainsi, la première fois, lorsque Ponceludon retourne dans la Dombes, après s’être ridiculisé dans un dîner (chap. 10).Pendant sa chev<strong>au</strong>chée, filmée en caméra subjective, la bande son mêle galop du cheval, musique et bribes deconversations entendues <strong>au</strong>paravant, qui figurent les pensées qui viennent à l’esprit du jeune homme, <strong>au</strong> gré despaysages traversés. La musique, de la même manière, évolue <strong>au</strong> fil du voyage : <strong>au</strong> début, on entend nettement lethème principal, sous une forme dynamique qui correspond à la chev<strong>au</strong>chée, puis, progressivement, le tempo seralentit et on entend un nouve<strong>au</strong> motif, dérivé de la tête du thème, exposé dans un tempo très lent, devenu presqueméditatif. Ce motif, à l’origine en mineur, va presque imperceptiblement muter dans un mode ambigu, entremajeur et mineur.Cette juxtaposition, ici assez progressive, peut correspondre à l’évolution des sentiments du personnage, qui a subiun premier échec à la cour, qui rentre chez lui, dans le monde de la réalité, de la misère et des solutions à apporter,non plus par les mots, mais par l’intelligence – la raison – et l’action concrète.Et c’est ce même motif qui reviendra, suite à une semblable superposition, mais be<strong>au</strong>coup plus crue que la premièrefois, une sorte de « tuilage » entre plusieurs musiques, à la fin du « Bal de l’Automne », juste après le discourslibérateur de Ponceludon (chap.15, 1h 32’ 52’’). Cette fois, c’est <strong>au</strong> thème principal, la gavotte, danse de cour, que sesubstitue peu à peu le motif « majeur-mineur », qui fait la transition directe avec l’épilogue, en Angleterre, avant leretour du générique final, sensiblement semblable <strong>au</strong> générique de début.Le Duel :L’idée de mise en scène de Patrice Leconte pour la séquence du duel (« comment tourner une scène si connotée ? »)a été de « filmer <strong>au</strong> ralenti des personnages presque immobiles » . Ensuite, <strong>au</strong> montage, pour donner une cohérenceà la séquence, le réalisateur a utilisé une chanson composée par Angelo Badalamonti pour La Cité des enfantsperdus, le film de Caro et Jeunet, interprétée par Marianne Faithfull.Comme souvent, lorsqu’un réalisateur utilise <strong>au</strong> montage une musique préexistante, Patrice Leconte a ensuite eu dumal à imaginer pour cette séquence une <strong>au</strong>tre musique que la chanson de Marianne Faithfull.Cette anecdote est mentionnée par Antoine Duhamel dans les bonus de l’édition DVD, mais <strong>au</strong>ssi racontée parStéphane Lerouge dans une conférence visible sur Internet, dans laquelle il explique combien Antoine Duhamel a dûuser de toute sa persuasion pour convaincre Leconte de ne pas conserver la chanson de Badalamonti, <strong>au</strong> risque denuire à la cohérence et à l’esprit unitaire de la partition qu’il avait conçue pour le film.Toujours d’après Stéphane Lerouge, Antoine Duhamel s’est cependant en quelque sorte inspiré lui <strong>au</strong>ssi de lachanson du montage, en concevant une pièce vocale à 3 voix, dérivée là encore du thème principal, sur le texte du« Libera me », qui fait partie de la messe de requiem. Cette pièce <strong>au</strong> caractère funèbre, méditatif, contribueparfaitement à la réussite de cette séquence, sorte de table<strong>au</strong> onirique, comme suspendu hors du temps.Patrice Leconte, quant à lui, a surmonté sa frustration, puisqu’il a eu, depuis, l’occasion d’utiliser la chanson deMarianne Faithfull "Who Will Take My Dreams Away » dans son film La Fille sur le pont, en 1999.15

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