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Petite histoire fraternelle, blanche et universelle - Observatoire ...

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03 - Les nouvelles de l’OZ<br />

05 - Les actualités du paranormal<br />

07 - <strong>P<strong>et</strong>ite</strong> <strong>histoire</strong> <strong>fraternelle</strong>, <strong>blanche</strong> <strong>et</strong> <strong>universelle</strong><br />

12 - C’était mieux avant...


Actualités<br />

Édito<br />

Mes biens chers frères, mes bien<br />

chères soeurs, amis lecteurs.<br />

Aujourd’hui est un grand jour qu’il faut<br />

frapper de solennité. Un jour qui restera<br />

longtemps dans les mémoires, en tout<br />

cas tant que le poids des ans le perm<strong>et</strong>tra.<br />

Aujourd’hui aura lieu (en tous<br />

cas à l’heure où j’écris ces lignes, cela<br />

n’a pas encore eu lieu ; peut-être que<br />

c’est déjà passé à l’heure où tu les lis),<br />

ami lecteur, mon bien cher frère, ma<br />

bien chère soeur, la première cérémonie<br />

de mariage zététique de l’<strong>histoire</strong><br />

de la zététique. Aujourd’hui, une union<br />

zététique suivra l’union à la mairie.<br />

Aujourd’hui seront célébrées les épousailles<br />

de l’indispensable Géraldine<br />

Fabre, rédactrice infatigable de c<strong>et</strong>te<br />

Newsl<strong>et</strong>ter que tu t’apprêtes à lire, mon<br />

bien cher frère, ma bien chère soeur,<br />

ami lecteur, avec le sémillant Florent<br />

Martin, que tu lis également souvent<br />

ici ; deux très-éminents (comme on<br />

écrivait au XIX e siècle) membres de<br />

l’<strong>Observatoire</strong> zététique, incontounables<br />

<strong>et</strong> hyperactifs.<br />

Bon, très bien, te dis-tu, ils se marient,<br />

c’est chou<strong>et</strong>te pour eux, encore<br />

que bon, moi, leur mariage, hein, m’en<br />

fi che un peu, font ben ce qu’ils veulent<br />

dans leur coin, après tout je les connais<br />

pas, moi. Et pis, ajoutes-tu dans ton for<br />

intérieur, c’est bizarre, quand même,<br />

une cérémonie zététique ; ils veulent<br />

faire de la zététique une nouvelle religion,<br />

avec ses rites <strong>et</strong> ses traditions,<br />

à l’OZ ? Si c’est ça, je me désabonne<br />

tout de suite de leur bull<strong>et</strong>in louche,<br />

non mais sans blague.<br />

Reste, ami lecteur,<br />

mon bien cher frère,<br />

ma bien chère soeur.<br />

Que tu n’aies rien à<br />

faire du mariage de<br />

deux personnes que<br />

tu ne connais pas,<br />

je le comprends volontiers.<br />

Mais pour le<br />

reste, je te rassure :<br />

la zététique n’est pas<br />

une religion, l’<strong>Observatoire</strong><br />

zététique n’a<br />

pas de vocation sectaire<br />

ou dogmatique.<br />

Il ne s’agit pas de remplacer un cérémonial<br />

religieux par un autre, ni même<br />

de s’en moquer outrancièrement.<br />

Florent <strong>et</strong> Géraldine n’étant pas<br />

croyants, il n’était pas question pour<br />

eux d’un mariage dans une quelconque<br />

église. Leur action dans la zététique<br />

est plus qu’un engagement associatif :<br />

c’est presque un mode de vie commun.<br />

Désireux d’ajouter, à l’engagement à<br />

la mairie, un engagement un peu plus<br />

symbolique, ils ont conçu une « cérémonie<br />

zététique », certes parodiant<br />

quelque peu une cérémonie de type<br />

religieux, mais surtout visant à dire,<br />

à leurs amis <strong>et</strong> proches, quel sens ils<br />

m<strong>et</strong>tent dans le fait de se marier.<br />

Ce sera l’occasion, ami lecteur, mon<br />

bien cher frère, ma bien chère soeur,<br />

de réfl échir du point de vue critique à ce<br />

qu’est un engagement symbolique tel<br />

que le mariage, dissoluble uniquement<br />

par la mort ou le divorce (ou autres cas<br />

d’annulation) ; un engagement, d’accord,<br />

mais devant qui exactement ? Ce<br />

sera l’occasion d’envisager lucidement<br />

les moyens de pallier les dissonances<br />

cognitives <strong>et</strong> les spirales d’engagement.<br />

De se demander quel changement<br />

(a priori nul) peut produire une telle<br />

union dans la vie de deux personnes<br />

qui vivent ensemble depuis longtemps.<br />

Et aussi, <strong>et</strong> avant tout, de bien faire la<br />

fête ensemble <strong>et</strong> de bien rigoler.<br />

Ma bien chère soeur, mon bien cher<br />

frère, ami lecteur, je t’invite à présent<br />

à te recueillir quelques instants, de ta<br />

manière habituelle de recueillement (va<br />

aux toil<strong>et</strong>tes, fume un cigare, écoute<br />

une chanson de Didier Super, va au<br />

supermarché ach<strong>et</strong>er des p<strong>et</strong>ites punaises<br />

à têtes plates, bref, recueill<strong>et</strong>oi).<br />

Médite sur le sens de c<strong>et</strong>te union<br />

zétético-symbolique. Et à présent, le<br />

doute soit avec toi (<strong>et</strong> avec ton esprit<br />

critique).<br />

Stanislas Antczak<br />

éditorialiste de mariage<br />

P.-S. : tu as vu, ami lecteur, mon bien<br />

cher frère, ma bien chère soeur, je n’ai<br />

pas parlé du vendredi 13 !<br />

2<br />

NL 036 - Juin 2008


Actualités<br />

Les nouvelles de l'OZ<br />

Toute l'actualité de l'<strong>Observatoire</strong> zététique<br />

Le paranormal en éprouv<strong>et</strong>te<br />

É<br />

É<br />

« Catalepsie » entre deux tréteaux lors du Bar des sciences de<br />

Montbéliard le 27 mai 2008.<br />

Le mardi 27 Mai 2008, Florent<br />

Martin <strong>et</strong> Géraldine Fabre se sont<br />

rendus à Montbéliard sur l’invitation<br />

de Pascal Rémond, pour participer<br />

au bar des sciences « Le paranormal<br />

en éprouv<strong>et</strong>te » organisé par le Pavillon<br />

des sciences de Franche-Comté.<br />

Dans le salon d’un hôtel, en plein<br />

centre-ville de Montbéliard, une<br />

soixantaine de personnes sont venues<br />

assister à c<strong>et</strong>te soirée, intriguées par la<br />

« zététique » ou<br />

attirées par le<br />

« paranormal ».<br />

En introduction<br />

du débat, les<br />

deux zététiciens<br />

ont pris le temps<br />

d e p r é s e n t e r<br />

l’<strong>Observatoire</strong><br />

z é t é t i q u e , s a<br />

démarche <strong>et</strong> ses<br />

activités. Ils ont<br />

ensuite répondu<br />

pendant près de<br />

deux heures à un<br />

flot incessant de<br />

questions.<br />

Ce genre de<br />

cafés-sciences<br />

est habituellement<br />

l’occasion de discussions-débats<br />

autour de la radiesthésie <strong>et</strong> de la sourcellerie.<br />

Mais, malgré leurs révisions<br />

intensives des expériences historiques<br />

dans ce domaine (les expériences<br />

d’Eugène Chevreul, d’Yves Rocard ou<br />

encore l’expérience de Münich), Florent<br />

<strong>et</strong> Géraldine n’ont pas été interrogés<br />

sur ce suj<strong>et</strong>. Les Montbéliardais présents<br />

semblaient en eff<strong>et</strong> plus curieux<br />

d’ufologie, voulant tout savoir sur les<br />

crop circles, Roswell <strong>et</strong> les OVNI, <strong>et</strong><br />

plus intéressés par les médecines traditionnelles<br />

pratiquées par les rebouteux<br />

ou les passeurs de feu.<br />

Le but n’étant pas d’asséner des «<br />

vérités » ni même d’apporter des «<br />

réponses », mais plutôt de susciter<br />

la curiosité <strong>et</strong> d’inciter à la recherche,<br />

Géraldine a explicité quelques principes<br />

de base du scepticisme, que Florent<br />

s’est empressé d’illustrer. Est-il possible<br />

de tenir à l’horizontal entre deux<br />

tréteaux sans être hypnotisé ? Oui, il<br />

suffit d’en faire l’expérience. Peut-on<br />

faire confiance à nos sens ? Non, les<br />

illusions d’optique nous prouvent qu’ils<br />

peuvent nous tromper. Comment savoir<br />

si une personne à un don extraordinaire<br />

? En réalisant une expérience scientifique,<br />

dans des conditions contrôlées,<br />

en double aveugle, avec randomisation<br />

<strong>et</strong> analyse statistique des résultats…<br />

La soirée a été très animée <strong>et</strong> le public,<br />

repartant peut-être avec plus de<br />

questions que de réponses, semble<br />

avoir compris toute la difficulté <strong>et</strong> malgré<br />

tout l’importance de la démarche<br />

zététique qui s’applique à bien d’autres<br />

domaines que le « paranormal ».<br />

Pour tout savoir sur la zététique <strong>et</strong> l’OZ<br />

Qu ’ e s t - c e<br />

que la<br />

z é t é t i -<br />

que ? Quelle est<br />

la différence avec<br />

le scepticisme ?<br />

Qu’est-ce que<br />

l ’ O b s e r v a t o i r e<br />

zététique ? Que<br />

font ses membres<br />

? Comment<br />

adhérer à c<strong>et</strong>te<br />

association ? Quels sont vos liens avec<br />

Henri Broch ? … Toutes ces questions<br />

nous sont très souvent posées dans<br />

nos interventions publiques. Mise à<br />

jour récemment, notre FAQ y apporte<br />

aujourd’hui des réponses détaillées qui<br />

renseigneront tous les curieux de « zététique<br />

». En trois parties, c<strong>et</strong>te Foire<br />

aux questions présente la zététique,<br />

les spécificités de l’OZ <strong>et</strong> le fonctionnement<br />

de notre association.<br />

Pour plus d’informations, il est toujours<br />

possible d’écrire directement<br />

au conseil d’administration de l’OZ à<br />

contact@observatoire-z<strong>et</strong><strong>et</strong>ique.org.<br />

En ligne<br />

La FAQ de l’<strong>Observatoire</strong> zététique :<br />

É www.observatoire-z<strong>et</strong><strong>et</strong>ique.org/page/<br />

dossier.php?ecrit=2&ecritId=105<br />

NL 036 - Juin 2008<br />

3


Actualités<br />

Juin froid <strong>et</strong> pluvieux, tout l’an sera grincheux.<br />

Crédits : <strong>Observatoire</strong> zététique<br />

É<br />

Pierre Bienvenu, le 4 juin 2008, lors de la<br />

conférence « Animaux, plantes, dictons<br />

<strong>et</strong> prédictions : un regard zététique », au<br />

Muséum d’<strong>histoire</strong> naturelle de Grenoble.<br />

Le 4 juin 2008, Pierre Bienvenu a<br />

remplacé au pied levé Richard<br />

Monvoisin lors de la conférence<br />

prévue au Muséum d’<strong>histoire</strong> naturelle<br />

de Grenoble sur le thème « Animaux,<br />

plantes, dictons <strong>et</strong> prédictions : un<br />

regard zététique ». Organisée dans le<br />

cadre de l’exposition temporaire « Vol<br />

d’hirondelles <strong>et</strong> pelures d’oignons »,<br />

c<strong>et</strong>te conférence a attiré une quarantaine<br />

de personnes.<br />

Sans passer au crible de la science<br />

tous les proverbes <strong>et</strong> dictons météorologiques,<br />

les prédictions utilisant les<br />

animaux <strong>et</strong> les plantes, Pierre a rendu<br />

hommage à la sagesse populaire empirique<br />

dont la plupart d’entre eux se font<br />

l’écho à travers les âges. Il a en même<br />

temps souligné leurs imprécisions courantes,<br />

leurs contradictions éventuelles,<br />

leur justesse logique ou parfois simplement<br />

hasardeuse.<br />

N’en déplaise à Phil la marmotte de<br />

Punxsutawney (Pennsylvanie), honoré<br />

le 2 février (Jour de la Marmotte), sa<br />

sortie <strong>et</strong> la vision de son ombre ne sont<br />

pas corrélées à la précocité du printemps.<br />

Les prédictions des marmottes<br />

sont d’ailleurs le plus souvent contradictoires<br />

<strong>et</strong> même rarement justes, bien<br />

qu’en toute rigueur, il faudrait définir ce<br />

que l’on entend précisément par « printemps<br />

précoce » pour l’affirmer.<br />

Se fier aux dictons météorologiques<br />

ou au comportement des animaux<br />

pour prédire le temps qu’il fera s’avére<br />

pour le moins hasardeux : des fois, ça<br />

marche, <strong>et</strong> des fois… ça marche pas.<br />

Finalement, quoi qu’il arrive, il fera<br />

beau,... sauf s’il pleut !<br />

Pour son exposé, Pierre a pioché<br />

dictons <strong>et</strong> proverbes dans l’étude régionale<br />

de la Beauce réalisée par Guy<br />

Bataille, Acoute que j’te cause (1988,<br />

Société Dunoise).<br />

La troisième édition d’Ultimate Z<br />

Crédits : <strong>Observatoire</strong> zététique<br />

L’été approche mais l’<strong>Observatoire</strong><br />

zététique ne prend pas pour<br />

autant de vacances. D’ailleurs,<br />

pour la troisième fois, il organise son<br />

université d’été, le week-end du 4 au 6<br />

Juill<strong>et</strong>, sous le soleil de la Drôme provençale.<br />

Pendant trois jours, la plupart<br />

des membres de l’OZ s’y r<strong>et</strong>rouveront<br />

pour discuter méthodologie scientifique<br />

<strong>et</strong> paranormal. Exposés critiques,<br />

expérimentations scientifiques, tours<br />

de magie, débats, concours de « mauvaise<br />

foi » <strong>et</strong> jeux de rôles auront lieu<br />

autour du barbecue <strong>et</strong> de la piscine.<br />

C<strong>et</strong>te année encore, l’Ultimate Z accueillera<br />

quelques invités de marque<br />

hors OZ pour faire de ce rendez-vous<br />

annuel un moment privilégié de rencontres<br />

<strong>et</strong> d’échanges sur des thématiques<br />

qui nous intéressent tous, le tout dans<br />

un cadre très agréable.<br />

La Newsl<strong>et</strong>ter de l’OZ<br />

La POZ est éditée par l’<strong>Observatoire</strong> zététique,<br />

association loi 1901 domiciliée à Grenoble (38).<br />

Éditorialiste : Stanislas Antczak<br />

Rédactrice en chef : Géraldine Fabre<br />

Couverture : Florent Martin<br />

Mise en page : Géraldine Fabre<br />

Photographies : Florent Martin<br />

Comité de rédaction : Stanislas Antczak, Pierre Bienvenu,<br />

Éric Déguillaume, Géraldine Fabre, Lucie Faivre, Nicolas<br />

Gaillard, Florent Martin, Richard Monvoisin ont participé à<br />

la rédaction de la NL36 <strong>et</strong> de la POZ36 .<br />

La newsl<strong>et</strong>ter de l’OZ est diffusée gratuitement par mail<br />

après inscription à :<br />

É Liste-Z<strong>et</strong><strong>et</strong>ique-subscribe@yahoogroupes.fr.<br />

La version html de la newsl<strong>et</strong>ter <strong>et</strong> la POZ, la version<br />

pdf, sont accessibles gratuitement sur le site de l’OZ :<br />

É www.observatoire-z<strong>et</strong><strong>et</strong>ique.org<br />

rubrique : Newsl<strong>et</strong>ters.<br />

Pour toute question ou commentaire, écrivez à :<br />

É contact@observatoire-z<strong>et</strong><strong>et</strong>ique.org.<br />

4<br />

NL 036 - Juin 2008


Actualités<br />

Les actualités du "paranormal"<br />

Les origines du syndrome des faux souvenirs<br />

Il y a quelques temps, Brigitte<br />

Axelrad nous a envoyé un article<br />

sur les origines du syndrome des<br />

faux souvenirs. Après avoir participé<br />

à notre conférence sur les techniques<br />

de manipulation mentale, elle a en<br />

eff<strong>et</strong> souhaité apporter sa contribution<br />

sur ce trouble fréquent dans certaines<br />

psychothérapies fouillant le passé <strong>et</strong><br />

la mémoire de leurs patients. Une connaissance<br />

approfondie de la psychanalyse,<br />

qu’elle a enseignée, lui a permis<br />

de r<strong>et</strong>rouver les origines historiques du<br />

syndrome des faux souvenirs dans la<br />

théorie freudienne de la séduction <strong>et</strong><br />

aussi dans son abandon ultérieur pour<br />

la théorie du complexe d’Œdipe.<br />

Aujourd’hui, nombre de psychothérapies,<br />

s’appuyant sur un pseudofreudisme<br />

simpliste, prétendent faire<br />

ressurgir à la mémoire des patients<br />

des « souvenirs refoulés » de traumatismes<br />

enfantins, généralement d’ordre<br />

sexuel. Ils ne sont pourtant, que trop<br />

souvent, de faux souvenirs sans réalité<br />

qui détruisent des familles entières où<br />

les enfants accusent leurs parents,<br />

grands-parents, de viol, d’inceste...<br />

En replaçant l’émergence du syndrome<br />

des faux souvenirs dans son<br />

contexte historique <strong>et</strong> psychanalytique,<br />

Brigitte Axelrad nous éclaire sur l’expansion<br />

de ce trouble. Elle montre en<br />

particulier l’influence qu’ont jouée dans<br />

sa propagation une frange du mouvement<br />

féministe qui s’est développé<br />

dans les années 80 aux États-Unis <strong>et</strong><br />

des livres tels que The Courage to Heal<br />

(Le Courage de Guérir).<br />

Pour diffuser plus largement ce texte,<br />

nous l’avons publié sur le blog de l’<strong>Observatoire</strong><br />

zététique, où il est possible<br />

de laisser des commentaires.<br />

Le syndrome des faux souvenirs a<br />

été étudié par la psychologue Elizab<strong>et</strong>h<br />

Loftus qui a publié avec Katherine<br />

K<strong>et</strong>cham Le syndrome des faux souvenirs<br />

: ces psys qui manipulent la<br />

mémoire (Éditions Exergue, 1997), un<br />

ouvrage qui fait toujours référence.<br />

En ligne<br />

Les origines du Syndrome des Faux<br />

Souvenirs de Brigitte Axelrad<br />

É www.z<strong>et</strong><strong>et</strong>ique.info/archives/<br />

00000120.html<br />

Presse : Science <strong>et</strong> Inexpliqué<br />

É<br />

Science <strong>et</strong> Inexpliqué, un nouveau magazine<br />

sur le « paranormal ».<br />

Depuis le début de l’année 2008,<br />

la presse spécialisée dans les<br />

suj<strong>et</strong>s « paranormaux » s’est<br />

enrichie d’un nouveau titre : Science<br />

<strong>et</strong> inexpliqué. À l’origine de c<strong>et</strong>te initiative,<br />

le journaliste <strong>et</strong> écrivain Nicolas<br />

Montigiani, co-auteur de deux ouvrages<br />

avec l’ancien ufologue « officiel » du<br />

CNES Jean-Jacques Velasco (Ovnis,<br />

l’évidence en 2004 <strong>et</strong> Troubles dans le<br />

ciel en 2007), <strong>et</strong> qui a également rédigé<br />

un livre consacré aux crop circles, ces figures<br />

qui apparaissent chaque été dans<br />

nos champs (Crop Circles : Manoeuvres<br />

dans le ciel en 2003).<br />

L’ambition de ce bimestriel ? Informer<br />

ses lecteurs. Quoi de plus logique, me<br />

direz-vous. Hélas, sur ces suj<strong>et</strong>s, l’information<br />

critique manque souvent à<br />

l’appel <strong>et</strong> hormis les efforts de l’AFIS<br />

(Association française d’information<br />

scientifique), dont la revue Science <strong>et</strong><br />

pseudo-sciences est diffusée en kiosque<br />

depuis bientôt un an, la plupart des<br />

titres occupant ce « secteur de marché »<br />

offrent généralement un discours à sens<br />

unique <strong>et</strong> peu soucieux de vérifications<br />

factuelles.<br />

Dans ce cadre, l’originalité de Science<br />

<strong>et</strong> inexpliqué est d’ouvrir ses colonnes<br />

aussi bien aux « tenants » d’explications<br />

exotiques ou « paranormales », qu’aux<br />

sceptiques. Les arguments de ces derniers<br />

y sont toujours développés – sur<br />

plusieurs pages <strong>et</strong> non dans de simples<br />

encadrés – <strong>et</strong> exposés sans caricature<br />

ni parti pris, afin de perm<strong>et</strong>tre au lecteur<br />

de se forger lui-même une opinion, plutôt<br />

que de se voir imposer, plus ou moins<br />

subrepticement, celle du journaliste.<br />

On pourrait certes objecter que la neutralité<br />

<strong>et</strong> l’objectivité sont deux choses<br />

distinctes : en fonction des faits considérés,<br />

toutes les approches <strong>et</strong> les affirmations<br />

ne se valent pas forcément. Ou<br />

encore, que le titre n’est pas nécessairement<br />

approprié : bien des choses réputées<br />

« inexpliquées » ne le sont en fait<br />

que parce que l’information sceptique<br />

existant à leur suj<strong>et</strong> circule peu <strong>et</strong> mal.<br />

Il n’en reste pas moins que Science <strong>et</strong><br />

inexpliqué a le mérite de vouloir outrepasser<br />

les clivages entre « tenants » <strong>et</strong><br />

« sceptiques », non pas en tranchant<br />

pour imposer sa propre vision des choses,<br />

mais en exposant de façon neutre<br />

<strong>et</strong> détachée les points de vue des uns <strong>et</strong><br />

des autres. Ajouté à la possibilité offerte<br />

à une approche zététique de s’exprimer,<br />

c<strong>et</strong> effort de neutralité <strong>et</strong> d’ouverture<br />

est suffisamment rare <strong>et</strong> original, dans<br />

la presse du « paranormal », pour être<br />

signalé.<br />

Éric Déguillaume<br />

NL 036 - Juin 2008<br />

5


Actualités<br />

Cours de langues extraterrestres<br />

Co m m e n t<br />

parler aux<br />

extraterrestres<br />

? La réponse<br />

est loin d’être évidente,<br />

puisque l’on<br />

ne sait rien d’eux,<br />

pas même s’ils<br />

existent. Malgré<br />

tout, pour anticiper<br />

le problème, dans<br />

l’éventualité où l’Humanité<br />

entrerait en<br />

contact avec eux, la<br />

NASA participe au<br />

fi nancement du premier<br />

atelier d’écriture<br />

« extraterrestre »<br />

organisé à l’Université<br />

américaine du Wyoming. Intitulé<br />

« Interstellar Message Composition »,<br />

ce cours est suivi par une dizaine d’étudiants<br />

qui réfl échissent à notre communication<br />

avec des extraterrestres :<br />

que leur dire <strong>et</strong> comment le faire ?<br />

Comment décrire l’Humanité en dix<br />

mots ou une image ?<br />

C<strong>et</strong>te réfl exion n’est pas nouvelle :<br />

depuis bien longtemps, les astronomes<br />

envoient des messages dans l’espace<br />

à destination d’autres éventuels habitants.<br />

Ainsi, en 1969, avant de rentrer<br />

sur Terre, les premiers hommes qui<br />

marchèrent sur la Lune y laissèrent<br />

une plaque commémorative en aluminium<br />

contenant une représentation<br />

de la Terre <strong>et</strong> un message de paix du<br />

Président Nixon. En 1986, Pioneer<br />

10, la première sonde qui allait quitter<br />

le système solaire, emportait à son<br />

bord, une plaque d’or gravée représentant<br />

un homme <strong>et</strong> une femme nus,<br />

le système solaire, la trajectoire approximative<br />

de la sonde <strong>et</strong> la structure<br />

d’un atome d’hydrogène. Ce message<br />

explicitement destiné à une éventuelle<br />

intelligence extra-terrestre avait été<br />

élaboré par les astronomes Carl Sagan<br />

<strong>et</strong> Frank Drake.<br />

Bien d’autres messages furent lancés<br />

depuis la Terre ou à bord de sondes<br />

spatiales. Le plus connu est peut-être<br />

le message radioélectrique Arecibo<br />

(ci-contre, à gauche) émis vers l’amas<br />

globulaire M13 en 1974. Censé contenir<br />

entre autres une représentation de<br />

la structure de l’ADN, son décodage<br />

est loin d’être trivial, même pour des<br />

humains ! Le message fut d’ailleurs<br />

jugé trop anthropocentrique <strong>et</strong> trop<br />

compliqué à comprendre : la plupart<br />

des scientifi ques humains auxquels il<br />

fut présenté ne purent le décoder entièrement.<br />

I n v e r s e m e n t , l e p r o g r a m m e<br />

SETI, (Search for Extra-Terrestrial<br />

Intelligence) continue de rechercher<br />

des signaux qu’une intelligence extraterrestre<br />

pourrait ém<strong>et</strong>tre, volontairement<br />

ou non, depuis sa planète<br />

d’origine. Pour le moment sans grand<br />

succès.<br />

Géraldine Fabre<br />

La révolte des psychanalystes<br />

Le 7 juin 2008, les psychanalystes<br />

ont tenu dans les principales<br />

villes françaises des me<strong>et</strong>ings<br />

régionaux dans le but d’attirer l’attention<br />

de l’opinion publique sur les<br />

« attaques » dont ils se sentent les victimes<br />

depuis quelques temps. En eff<strong>et</strong>,<br />

avec la publication en 2004 du rapport<br />

de l’INSERM (l’Institut national de la<br />

santé <strong>et</strong> de la recherche médicale)<br />

très critique envers la psychanalyse,<br />

l’amendement Accoyer qui veut limiter<br />

l’exercice de la psychothérapie aux<br />

diplômés de médecine <strong>et</strong> psychologie<br />

(en excluant donc les psychanalystes),<br />

la publication en 2005 du Livre noir de<br />

la psychanalyse, <strong>et</strong> la possible suppression<br />

des formations universitaires<br />

en psychologie clinique fondées sur<br />

la psychanalyse, c’est pour eux « la<br />

conception de l’humain qui est remise<br />

en question ».<br />

Ces faits ne sont pourtant que les<br />

conséquences d’une évaluation (légitime)<br />

de l’effi cacité de la psychanalyse<br />

dans le traitement des problèmes<br />

psychologiques <strong>et</strong> maladies mentales.<br />

Faute de parvenir à prouver sa valeur<br />

thérapeutique, la psychanalyse autrefois<br />

dominante perd peu à peu de sa<br />

suprématie au profi t notamment des<br />

thérapies cognitivo-comportementales.<br />

Se sentant menacés, les psychanalystes<br />

se défendent en rem<strong>et</strong>tant en<br />

questions les principes même de l’évaluation<br />

scientifi que. Le problème se<br />

trouve ainsi subtilement déplacé hors<br />

du domaine de la science <strong>et</strong> même de<br />

la médecine. Le plaidoyer de Jacques<br />

Borie, organisateur du me<strong>et</strong>ing de Lyon<br />

en est une bonne illustration (propos<br />

r<strong>et</strong>ranscrits par Laurent Burl<strong>et</strong>, sur<br />

lyoncapitale.fr) : « Nous voulons alerter<br />

les citoyens. L’époque actuelle montre<br />

des dérives importantes dans tous les<br />

domaines. On tend à réduire la singularité<br />

du suj<strong>et</strong> au profi t de raisonnements<br />

statistiques. Le stress au travail, par<br />

exemple, est la marque du fait que les<br />

gens ne sont plus dans leur travail qu’à<br />

travers le chiffre qu’ils produisent, avec<br />

une logique de « toujours plus » sans<br />

que le travail n’ait un autre sens que<br />

celui-là. »<br />

L’analyse statistique de résultats expérimentaux<br />

dans le cadre d’une étude<br />

scientifi que est donc ici assimilée à une<br />

mesure de « rentabilité » économique<br />

que chacun s’accordera à dénoncer.<br />

Les psychanalystes nous rallieraient<br />

presque à leur cause sur c<strong>et</strong> argument<br />

rhétorique. Qui veut noyer son chien<br />

l’accuse de la rage...<br />

Lucie Faivre<br />

6<br />

NL 036 - Juin 2008


<strong>P<strong>et</strong>ite</strong> <strong>histoire</strong> <strong>fraternelle</strong>, <strong>blanche</strong><br />

<strong>et</strong> <strong>universelle</strong><br />

Ou comment un mouvement répertorié comme sectaire parvient à faire condamner une<br />

détractrice.<br />

Enquête<br />

Fin novembre 2005, un membre<br />

de l’<strong>Observatoire</strong> zététique (OZ),<br />

flânant sur le salon Naturissima,<br />

tombe sur un stand qui r<strong>et</strong>ient son attention<br />

: celui d’une maison d’édition<br />

appelée Prosv<strong>et</strong>a. Sur les présentoirs,<br />

des titres comme « Les mystères de<br />

la lumière », « Boire l’élixir de la vie<br />

immortelle » ou encore « Nouvelles<br />

lumières sur les Évangiles » s’amoncèlent.<br />

Après un brin de recherches,<br />

l’édition Prosv<strong>et</strong>a, présente depuis dixneuf<br />

ans dans ce Salon finalement peu<br />

regardant, se révèle être une excroissance<br />

d’un mouvement appelé FBU, ou<br />

Fraternité Blanche Universelle.<br />

Un brin d’<strong>histoire</strong><br />

La FBU est un mouvement spiritualiste<br />

fondé par P<strong>et</strong>er Konstantinov<br />

Deunov en 1922, à Itzev, désormais<br />

faubourg de Sofia, en Bulgarie. Celui<br />

que ses héritiers appelleront Maître<br />

Beinsa Douno revendique l’héritage<br />

bogomile, mouvement ésotérico-chrétien<br />

d’origine bulgare <strong>et</strong> considéré<br />

par la Chrétienté comme hérétique.<br />

Deunov annonce que depuis 1914,<br />

l’Humanité est entrée dans l’ère du<br />

Verseau, <strong>et</strong> que la transformation du<br />

monde est imminente.<br />

En 1937, un certain Omraam Mikhaïl<br />

Aïvanhov arrive en France, se présente<br />

comme l’héritier de Deunov, <strong>et</strong> se dit<br />

détenteur d’un savoir sacré <strong>et</strong> secr<strong>et</strong>.<br />

Il lance en 1947 la branche française<br />

de la Fraternité Blanche Universelle,<br />

montée en association dont le siège,<br />

appelé Izgrev, est Sèvres, dans les<br />

Hauts-de-Seine. Elle prend d’abord le<br />

nom d’École divine, puis de Fraternité<br />

Blanche Universelle, en 1960.<br />

La FBU, école initiatique, propose un<br />

ésotérisme syncrétique centré sur deux<br />

notions : d’abord, une croyance dans la<br />

réincarnation <strong>et</strong> dans le Karma ; un héliocentrisme<br />

christique ensuite, le soleil<br />

représentant un idéal de perfection où<br />

vit le Christ <strong>et</strong> dans lequel ceux qui suivent<br />

l’enseignement d’Aïvanhov peuvent<br />

puiser leurs forces. Car Aïvanhov<br />

prétend non seulement, comme<br />

Deunov, être l’héritier des bogomiles,<br />

mais aussi tenir un savoir sacré d’un<br />

maître tibétain, ainsi que des connaissances<br />

venant de livres « absolument<br />

inconnus du commun des mortels, <strong>et</strong><br />

conservés dans les quatre bibliothèques<br />

de l’Univers ». Il aspire à une<br />

église ésotérique <strong>et</strong> mystique inspirée<br />

de Saint Jean (<strong>et</strong> non de Saint Pierre,<br />

comme l’Église chrétienne) <strong>et</strong> se donne<br />

pour mission, de préparer la nouvelle<br />

civilisation, grâce à la 6 e race qui doit<br />

entièrement transformer le monde d’ici<br />

la fin du XX e siècle — bien qu’il semble<br />

qu’un peu de r<strong>et</strong>ard ait été pris [1].<br />

Il n’y aura par contre pas à attendre<br />

la fin du XX e pour voir la FBU classée<br />

comme mouvement sectaire dans les<br />

rapports de la commission d’enquête<br />

de l’Assemblée Nationale de 1995<br />

d’abord, de 2006 ensuite [2].<br />

Un « style » politique<br />

É<br />

P<strong>et</strong>er Konstantinov Deunov (1864-1944),<br />

fondateur de la Fraternité Blanche Universelle.<br />

Il était appelé Maître Beinsa Douno (« Celui<br />

qui amène le bon à travers les mots ») par ses<br />

disciples.<br />

Pas question de condamner les<br />

croyances des gens, quelles qu’elles<br />

soient… sauf lorsque leur caractère<br />

est susceptible d’être coercitif <strong>et</strong> totalitaire,<br />

liberticide ou lorsqu’il y a mise<br />

en danger d’autrui ou délit d’abus de<br />

faiblesse.<br />

Ceux qui, comme nous, ont une attention<br />

particulière pour les croyances<br />

qui essayent de se légitimer au moyen<br />

de notions pseudoscientifiques seront<br />

spécialement servis par la FBU. On<br />

apprend par exemple que Deunov,<br />

dans sa prophétie, annonçait que<br />

le grand renouveau se ferait par la<br />

« sixième race », la plus évoluée [3].<br />

Pour y parvenir : culte collectif au soleil,<br />

jeûne, régime végétarien <strong>et</strong> frugal, méfiance<br />

vis-à-vis de la médecine, amour<br />

comme principe guérisseur <strong>et</strong> pur<strong>et</strong>é<br />

des comportements [4].<br />

La galvanoplastie spirituelle<br />

La doctrine de la FBU repose essentiellement<br />

sur la notion de « galvanoplastie<br />

spirituelle » : sorte d’électrolyse<br />

(sic) par laquelle la mère, au moyen<br />

des éléments de son corps <strong>et</strong> de ceux<br />

émanant de son esprit, constitue le<br />

corps <strong>et</strong> l’esprit de son enfant. La pur<strong>et</strong>é<br />

des actes physiques <strong>et</strong> mentaux<br />

de la mère pendant sa grossesse détermine<br />

la qualité de l’organisme <strong>et</strong> du<br />

psychisme du fœtus.<br />

En clair, comme prévient le rapport<br />

parlementaire de 1999 sur « Sectes <strong>et</strong><br />

enfance », le processus de formation<br />

physique <strong>et</strong> intellectuelle du fo<strong>et</strong>us peut<br />

être consciemment maîtrisé <strong>et</strong> orienté<br />

vers une finalité idéale : « améliorer<br />

NL 036 - Juin 2008<br />

7


Enquête<br />

l’humanité » [5]. Les bébés ainsi traités<br />

se transformeront en êtres de grande<br />

qualité, ce qui réduira les coûts médicaux,<br />

les besoins en tribunaux <strong>et</strong> en<br />

prisons.<br />

Aïvanhov en vient à écrire, sous couvert<br />

de psychologie facile, c<strong>et</strong>te page<br />

de pseudoscience sexiste <strong>et</strong> démiurgique,<br />

truffée de concepts scientifiques<br />

dévoyés :<br />

« Pendant tout le temps de la gestation,<br />

la mère doit veiller à préserver son<br />

enfant en créant consciemment autour<br />

de lui une atmosphère harmonieuse,<br />

car la véritable éducation d’un enfant<br />

est celle qui agit sur son subconscient.<br />

Les mères ne se rendent pas compte<br />

de l’importance de leur mission d’éducatrices.<br />

Si l’on veut améliorer l’humanité,<br />

il faut commencer par le commencement<br />

: instruire les mères des lois<br />

de la galvanoplastie <strong>et</strong> leur donner les<br />

meilleures conditions pendant qu’elles<br />

portent leur enfant. Une éducation qui<br />

commence avant la naissance... Oui,<br />

parce que la véritable éducation de<br />

l’enfant est d’abord subconscient.. » [6]<br />

En gros, l’imagination de la mère<br />

modèlerait l’enfant dans sa forme, car<br />

les cellules enregistrent les qualités<br />

vibratoires des pensées maternelles.<br />

Comment ?<br />

« Le pôle positif, l’anode, c’est l’ensemble<br />

des pensées <strong>et</strong> des sentiments<br />

de la mère; le pôle négatif, la cathode,<br />

c’est le fo<strong>et</strong>us; dans la cuve galvanoplastique<br />

du corps maternel, un mécanisme<br />

A (le fo<strong>et</strong>us) présente une affinité<br />

sélective pour le mécanisme B (le rôle<br />

négatif); les deux, A <strong>et</strong> B, vont donc<br />

coïncider. » [7].<br />

Métaphore sans validité qui aura<br />

pourtant un certain succès dans les<br />

sphères scolaires, en particulier par le<br />

truchement de l’OMAEP [8], l’Organisation<br />

Mondiale des Associations pour<br />

l’Éducation Prénatale. Mouvement philosophico-religieux<br />

très influent dans<br />

les domaines de la naissance <strong>et</strong> de la<br />

périnatalité, l’OMAEP englobe l’ANEP,<br />

Association nationale d’éducation prénatale,<br />

elle-même vitrine de la FBU<br />

[9] . Elle est parvenue à distiller son<br />

discours au grand public à plusieurs reprises<br />

[10] : on pourra ainsi lire en juill<strong>et</strong><br />

1990 dans la revue Enfants d’abord le<br />

rapport d’une bénévole de l’ANEP :<br />

« Notre organisation intervient dans<br />

les lycées sur l’importance de la vie<br />

fœtale pour préparer les futurs parents.<br />

Et puis, il faut signaler aux jeunes filles<br />

que chaque rapport sexuel laisse une<br />

empreinte. La femme qui va se faire<br />

monter - excusez l’expression - par<br />

cinq ou six bonshommes d’affilée à<br />

quatorze ans en est tachée. On le<br />

comprend pour les chiens. Si un chien<br />

de race est monté par un chien de race<br />

différente, même s’il n’est pas fécond,<br />

il n’est plus de pure race. Il y a une<br />

imprégnation. Chez l’homme, c’est la<br />

même chose. » [11] .<br />

Il y a proximité de discours <strong>et</strong> d’enjeu<br />

entre l’OMAEP <strong>et</strong> les mouvements antiavortement,<br />

comme en témoignent les<br />

soutiens <strong>et</strong> les relais de conférences<br />

dans les organes Pro-Vie. Mais une<br />

grande part du succès de ces thèses<br />

new-ago-ultra-conservatrices revient<br />

à Marie-Andrée Bertin, fondatrice de<br />

l’ANEP, qui selon Charlie Hebdo [13]<br />

utilise son ancien titre de l’Association<br />

générale des instituteurs d’écoles maternelles<br />

pour présenter l’« éducation<br />

prénatale » sauce galvanoplastique<br />

dans des conférences organisées dans<br />

les milieux scolaires, en plus de ses<br />

présentations dans les cours de yoga<br />

tenus par des membres FBU.<br />

Aussi paradoxal que cela puisse<br />

paraître, l’OMAEP est depuis 2005 recensée<br />

dans la liste des organisations<br />

non gouvernementales consultatives<br />

de l’ECOSOC, le Conseil économique<br />

<strong>et</strong> social des Nations Unies [14].<br />

L’OMAEP a par ailleurs tenu tribune<br />

<strong>et</strong> stands au Forum Social Européen<br />

à Ivry-sur-Seine [15], le 13 novembre<br />

2003, ainsi qu’à Bobigny — ce qui avait<br />

valu à l’Alliance Francophone pour l’Accouchement<br />

Respecté (AFAR) [16] c<strong>et</strong><br />

appel déchirant :<br />

« Nous appelons toutes les associations<br />

<strong>et</strong> individus libres <strong>et</strong> responsables<br />

à se mobiliser contre c<strong>et</strong>te infiltration<br />

du courant altermondialiste par un<br />

discours visant à endormir tout esprit<br />

critique pour perpétuer des idéologies<br />

rétrogrades sur le rôle social des femmes,<br />

la maternité <strong>et</strong> la sexualité en<br />

général. » [17]<br />

Certes, un nouveau monde est possible.<br />

Mais souhaitons-nous vraiment le<br />

même monde que la FBU ?<br />

Médias<br />

La tâche de l’<strong>Observatoire</strong> zététique<br />

étant notamment d’informer sur les contenus<br />

pseudo-scientifiques des théories<br />

de ce type <strong>et</strong> des aliénations qui peuvent<br />

en découler, l’association grenobloise<br />

contacte le salon Naturissima,<br />

<strong>et</strong> l’informe de la présence dans ses<br />

stands de la FBU dont le caractère<br />

problématique est largement référencé<br />

[18]. Puis l’OZ communique l’information<br />

à la presse locale. Les choses<br />

s’enchaînent alors très vite.<br />

30 novembre 2005, l’édition Alpes du<br />

19-20 de France 3 titre « À Grenoble,<br />

un stand du salon Naturissima montré<br />

du doigt avec suspicion de dérive<br />

sectaire ». Le journaliste présente le<br />

stand, puis précise qu’effectivement,<br />

ces ouvrages sont tous signés Mikhaïl<br />

Aïvanhov, fondateur <strong>et</strong> maître de la<br />

FBU. À la question de savoir s’il s’agit<br />

d’une secte ou non, le micro est tendu<br />

à Isabelle F., salariée de l’ADFI2SI<br />

(Association de Défense de la Famille<br />

<strong>et</strong> de l’Individu Deux Savoie – Isère),<br />

principale association d’aide aux victimes<br />

des dérives sectaires. Isabelle précise<br />

alors que les livres sont bien ceux<br />

du « Gourou Aïvanhov », <strong>et</strong> que la FBU<br />

est effectivement épinglée dans divers<br />

rapports parlementaires [2].<br />

La technique de la roucoul<strong>et</strong>te<br />

Le procès en diffamation est une<br />

technique classique dans le milieu du<br />

combat anti-secte. Une grosse machine<br />

financière comme la FBU n’ayant<br />

aucune crainte à porter l’extrait vidéo de<br />

France 3 devant la justice puis à porter<br />

plainte. Objectif double : intimider les<br />

journalistes, <strong>et</strong> asphyxier les associations<br />

de victimes, au budg<strong>et</strong> réduit, <strong>et</strong><br />

peu soutenues par un gouvernement<br />

qui, de toute façon, multiplie les déclarations<br />

sur une laïcité « assouplie ».<br />

Alors ? La FBU porte plainte. Contre<br />

la Société France Télévision, contre<br />

Patrick de Carolis, son président, <strong>et</strong><br />

contre Isabelle F. pour complicité.<br />

L’école initiatique se dote d’un avocat<br />

brillant, Jean-François Jésus, qui n’est<br />

pas un débutant – il a été avocat de la<br />

société Microsoft – <strong>et</strong> a déjà défendu la<br />

FBU en 2005 (face au mensuel Lolie<br />

[19]). En face Isabelle F. ferraille comme<br />

elle peut, forte de ses années d’aide aux<br />

victimes des sectes. Mais ce sera insuffisant.<br />

Isabelle, De Carolis <strong>et</strong> France 3<br />

sont condamnés. Appel. Rendu de justice<br />

mai 2008. Confirmation de la condamnation.<br />

Isabelle, soutenue par son<br />

8<br />

NL 036 - Juin 2008


Enquête<br />

association ADFI2SI au p<strong>et</strong>it budg<strong>et</strong>, va<br />

devoir verser 1000 € d’amende, 1000 €<br />

de dommages <strong>et</strong> intérêts <strong>et</strong> 1500 € à<br />

la FBU, en plus des frais de défense<br />

— coût total : 6 600 €.<br />

Quelle que soit la maladresse du<br />

reportage en question, une telle<br />

condamnation plombe sévèrement<br />

le moral, l’assise <strong>et</strong> les finances des<br />

associations soutenant les victimes de<br />

dérives sectaires. Elle peut également<br />

dissuader les médias de traiter sans<br />

complaisance la question des sectes. Il<br />

nous est difficile de rester stoïques face<br />

à ce rendu de justice.<br />

NOUS AVIONS LANCÉ UN APPEL À SOUTIEN À ISABELLE F. ET À L’ADFI2SI.<br />

POUR DES RAISONS INTERNES, L’ADFI2SI NE SOUHAITE PAS/PLUS ÊTRE SOUTENUE.<br />

L’APPEL N’EXISTE DONC PLUS.<br />

AVEC TOUTES NOS EXCUSES.<br />

Notes :<br />

[1] : Extrait de conférence de O. M.<br />

Aïvanhov.<br />

[2] : Les rapports sont accessibles ici :<br />

www.fbu.org/omreal.ram <strong>et</strong><br />

www.assemblee-nationale.fr/dossiers/<br />

sectes/sommaire.asp<br />

[3] : « La Sixième Race », dixit<br />

Deunov, Deunov P., La sixième race,<br />

éd. Grain de blé, 1968.<br />

La notion de sixième « race-racine »<br />

provient de l’ouvrage de Helena<br />

Blavatsky La doctrine secrète,<br />

pierre angulaire des débuts de la<br />

Société théosophique. Racisme ou<br />

racialisme ? Selon Marhic <strong>et</strong> KerLidou,<br />

Omraam Aïvanhov, le continuateur en<br />

France aurait frayé avec la Gestapo.<br />

In: Marhic R., Kerlidou A., Sectes <strong>et</strong><br />

mouvements initiatiques en Br<strong>et</strong>agne,<br />

Terre de brume, 1996.<br />

[4] : D’autres témoignages sont<br />

disponibles sur : « Fraternité<br />

glauque <strong>universelle</strong> ». : http://<br />

groups.google.ca/group/fr.soc.sectes/<br />

msg/39acef9b0e12f24a<br />

La Chambre des Députés Belge<br />

rapporte que l’une des portes d’entrée<br />

de la FBU seraient les élixirs Floraux<br />

de Bach. In: Commission d’enquête<br />

parlementaire belge sur les pratiques<br />

illégales des sectes – Éléments<br />

d’information fournis lors des auditions<br />

à huis clos : Fraternité Blanche<br />

Universelle, 28 mars 1997.<br />

[5] : Fenech G., Vuilque P.,<br />

Rapport n°3507 sur Commission<br />

d’enquête relative à l’influence des<br />

mouvements à caractère sectaire <strong>et</strong><br />

aux conséquences de leurs pratiques<br />

sur la santé physique <strong>et</strong> mentale des<br />

mineurs, novembre 2006.<br />

[6] : Aïvanhov O.M., Une éducation<br />

qui commence avant la naissance,<br />

Prosv<strong>et</strong>a, 2003.<br />

[7] : Et Mme Bertin d’invoquer le<br />

mécanisme « profond » : les images<br />

mentales se transm<strong>et</strong>traient au fœtus<br />

par l’eau selon la théorie de l’eaucristal<br />

de Masaru Emoto — président<br />

du Project of Love and Thanks to<br />

Water. In: Bertin M-A., La prévention<br />

la plus fondamentale, l’éducation<br />

prénatale créatrice, journée « Pédiatrie<br />

« du Centre d’Études Homéopathiques<br />

de France, Paris, 12 janvier 2002.<br />

On lira avec profit www.antiscientologie.ch/huckel-new-age.htm<br />

[8] : Les associations membres sont<br />

recensées sur le site de l’OMAEP.<br />

[9] : La FBU a ou a eu d’autres<br />

vitrines. Pensons à la société<br />

Nature and Life, née en 1998 de<br />

la fusion des laboratoires Aqualab,<br />

qui fabrique <strong>et</strong> commercialise du<br />

« plasma marin isotonique », <strong>et</strong><br />

Phytosun’s Aroms, spécialisé dans<br />

la recherche, l’élaboration <strong>et</strong> la<br />

commercialisation d’huiles essentielles<br />

<strong>et</strong> de dérivés d’extraits de végétaux.<br />

In: Rapport parlementaire n°1687,<br />

2006, p 123. Autre exemple de la<br />

même source : « Danièle Kieffer,<br />

une des responsables de la secte,<br />

a fondé l’association Cenatho<br />

(Collège Européen de NAturopathie<br />

Traditionnelle Holistique) immatriculée<br />

comme organisme de formation depuis<br />

1990 » (ibid., p. 150).<br />

[10] : Voir le dossier Infiltration de<br />

mouvements religieux dans le milieu<br />

naissance - périnatalité.<br />

http://sante-autonome.info/soci<strong>et</strong>y/<br />

religion/omaep/infiltration.htm<br />

[11] : Enfants d’abord, nº 143, juill<strong>et</strong>août<br />

1990, cité par Mahric & Besnier,<br />

Le New Age, son <strong>histoire</strong>, ses<br />

pratiques, ses arnaques, Castor Astral,<br />

1999.<br />

[12] : Exemple de TransVie-mag,<br />

n°107, 10 sept. 1997, p. 8.<br />

http://www.transvie.com/Documents/<br />

Tmag/T107.pdf.<br />

[13] : Pasquini X., Objectif Fœtus,<br />

Charlie Hebdo, 1 er avril 1998.<br />

un résumé est accessible en ligne :<br />

http://sante-autonome.info/soci<strong>et</strong>y/<br />

religion/omaep/infiltration.htm<br />

[14] : La liste des associations<br />

consultatives de l’ECOSOC est<br />

consultable en ligne (la FBU est p.<br />

54) : http://esa.un.org/coordination/<br />

ngo/new/INF2007.pdf<br />

[15] : Voir http://www.fse-esf.org/spip.p<br />

hp?page=memoireart&id_article=441<br />

[16] : Le site de l’AFAR : http://<br />

afar.naissance.asso.fr/<br />

[17] : Sectes contre citoyenn<strong>et</strong>é : 2 à<br />

0 au FSE !, tract diffusé lors du Forum<br />

Social Européen, 2003.<br />

Lisible en ligne : http://santeautonome.info/soci<strong>et</strong>y/religion/omaep/<br />

tractOMAEP.htm<br />

[18] : Pour un aperçu, http://<br />

prevensectes.com/fbu2.htm<br />

[19] : AFP, 8 février 2005. Voir<br />

le site Prevensectes : http://<br />

prevensectes.com/rev0502.htm<br />

NL 036 - Juin 2008<br />

9


Bill<strong>et</strong><br />

De Mesmer, du magnétisme animal<br />

<strong>et</strong> de la psychanalyse<br />

une preuve du contraire ». Il reconnaît<br />

d’ailleurs l’existence d’un « agent général<br />

», qui exerce des eff<strong>et</strong>s analogues à<br />

ceux de l’aimantation minérale, <strong>et</strong> dont<br />

il précise : « lui seul peut rétablir c<strong>et</strong>te<br />

harmonie dans l’état naturel ».<br />

Et, s’agissant des différents systèmes<br />

de soins médicaux de son époque, il<br />

en conteste l’efficacité, à l’instar de<br />

son contemporain Samuel Hahnemann<br />

(1755-1843), l’inventeur de l’homéopathie.<br />

Il précise : « Aussi a-t-on vu de tous<br />

les temps, les maladies s’aggraver <strong>et</strong><br />

se guérir avec <strong>et</strong> sans le secours de la<br />

médecine, d’après différents systèmes<br />

<strong>et</strong> les méthodes les plus opposées. Ces<br />

considérations ne m’ont pas permis de<br />

douter qu’il n’existe dans la nature un<br />

principe <strong>universelle</strong>ment agissant, <strong>et</strong><br />

qui, indépendamment de nous, opère ce<br />

que nous attribuons vaguement à l’art <strong>et</strong><br />

à la nature ». De la même manière que<br />

Hahnemann, il se fonde non pas sur une<br />

expérimentation rigoureuse, conduite<br />

rationnellement, mais sur de nombreux<br />

témoignages de patients prétendument<br />

guéris, <strong>et</strong> surtout sur une théorie ayant<br />

l’apparence trompeuse de la scientificité,<br />

dont nous détaillons quelques<br />

aspects.<br />

Franz Anton Mesmer (1734-1815)<br />

fut un médecin allemand célèbre<br />

pour son invention du magnétisme<br />

animal, <strong>et</strong> qualifié par des psychanalystes<br />

comme l’ancêtre de l’hypnose [1].<br />

Après s’être intéressé aux eff<strong>et</strong>s curatifs<br />

de l’application d’aimants, Mesmer, tirant<br />

argument de l’eff<strong>et</strong> de la lune <strong>et</strong> des planètes<br />

sur les mouvements des marées,<br />

proposa de définir ainsi le magnétisme<br />

animal : « Je nommais la propriété du<br />

corps animal qui le rend susceptible de<br />

l’action des corps célestes <strong>et</strong> de la terre,<br />

magnétisme animal ; j’expliquais par ce<br />

magnétisme, les révolutions périodiques<br />

que nous remarquons dans le sexe, <strong>et</strong><br />

généralement celles que les médecins<br />

de tous les temps <strong>et</strong> de tous les pays ont<br />

observé dans les maladies » [2].<br />

Mesmer se plaçait, à l’évidence, dans<br />

un cadre métaphysique holiste <strong>et</strong> finaliste.<br />

Ainsi, il écrit : « La nature a parfaitement<br />

pourvu à tout pour l’existence<br />

de l’individu ; la génération se fait sans<br />

système comme sans artifice. Comment<br />

la conservation serait-elle privée du<br />

même avantage ? Celle des bêtes est<br />

Ainsi, puisque le magnétisme animal<br />

se fonde sur des eff<strong>et</strong>s des astres, la<br />

théorie de Mesmer ne dépend pas de<br />

façon exclusive de l’utilisation d’aimants<br />

ni de l’électricité artificielle (proposition<br />

22, p. 51, op. cit.), mais il présente c<strong>et</strong>te<br />

propriété des corps animés comme «<br />

communicable à d’autres corps animés<br />

<strong>et</strong> inanimés », mais « les uns <strong>et</strong> les<br />

autres en sont cependant plus ou moins<br />

susceptibles », tandis que « c<strong>et</strong>te action<br />

<strong>et</strong> c<strong>et</strong>te vertu peuvent être renforcées<br />

<strong>et</strong> propagées par ces mêmes corps »<br />

(Proposition 11 <strong>et</strong> 12, pp. 49-50). De<br />

plus, « on observe à l’expérience l’écoulement<br />

d’une matière dont la subtilité<br />

pénètre tous les corps, sans perdre notablement<br />

de son activité » (Proposition<br />

14). En outre, elle agit « à une distance<br />

10<br />

NL 036 - Juin 2008


Bill<strong>et</strong><br />

éloignée sans le secours d’aucun corps<br />

intermédiaire », « elle est augmentée<br />

<strong>et</strong> réfléchie par les glaces comme la<br />

lumière » ; « elle est communiquée,<br />

propagée <strong>et</strong> augmentée par le son »,<br />

<strong>et</strong> aussi, « c<strong>et</strong>te vertu magnétique peut<br />

être accumulée, concentrée <strong>et</strong> transportée<br />

» (Propositions 14, 15, 16). Enfin, <strong>et</strong><br />

surtout : « Proposition 23 : On reconnaîtra<br />

par les faits, d’après les règles pratiques<br />

que j’établirai, que ce principe peut<br />

guérir immédiatement les maladies des<br />

nerfs, <strong>et</strong> médiatement les autres ».<br />

À la lecture de telles caractéristiques<br />

(qui paraîtront aujourd’hui) invraisemblables,<br />

on peut aisément en déduire,<br />

même sans connaissances physiques<br />

poussées, que Mesmer est l’inventeur<br />

d’un système imaginaire, en partie dérivé<br />

des propriétés des aimants <strong>et</strong> de l’électricité,<br />

ainsi que de celles de la lumière,<br />

mais dépourvu de bases rigoureuses,<br />

comme le constatèrent, en France, où il<br />

exerça ses talents prétendus, les deux<br />

commissions royales d’experts qui jugèrent<br />

que l’action du magnétisme était<br />

elle-même imaginaire.<br />

Il est d’autant plus surprenant d’apprendre<br />

d’après le commentateur anonyme<br />

du livre de Mesmer (op.cit., p.<br />

69), que Méheust, dans son livre sur<br />

la voyance, considère le « magnétisme<br />

animal » comme le « pouvoir qu’auraient<br />

certains êtres humains d’ém<strong>et</strong>tre une<br />

énergie impalpable <strong>et</strong> de la diriger sur<br />

des malades, au moyen de passes ou<br />

du regard, à des fins thérapeutiques<br />

ou expérimentales ». C<strong>et</strong>te définition<br />

contemporaine ne vient pas dissiper<br />

le mystère, mais le consolide, <strong>et</strong> on ne<br />

peut que s’étonner de ce que les « recherches<br />

» correspondantes, au mieux<br />

historiques <strong>et</strong> non reproductibles, soient<br />

effectuées dans un cadre universitaire.<br />

Autre assertion, plus ancienne mais<br />

tout aussi dépourvue de preuves,<br />

Stephan Zweig, dans sa biographie<br />

de Mesmer, intitulée La guérison par<br />

l’esprit, prête à celui-ci le mérite de la<br />

démonstration du « rôle joué par la propre<br />

volonté du malade dans la réussite<br />

du traitement » (Mesmer, op. cit., p.69).<br />

À part le mystérieux eff<strong>et</strong> placebo, par<br />

nature insuffisant comme explication, ce<br />

rôle de la volonté semble dépourvu de<br />

toute approche rationnelle, <strong>et</strong>, de ce fait,<br />

suj<strong>et</strong> à caution.<br />

É<br />

Gravure représentant un « baqu<strong>et</strong> » utilisé dans les « traitements » proposés par<br />

Mesmer (1780 - Département des estampes de la Bibliothèque nationale, France).<br />

La réflexion plus subtile de Hegel pose<br />

le problème de « l’écart de l’animé <strong>et</strong> de<br />

la conscience objective » : il indique utilement<br />

que« précisément, l’état que l’on<br />

a nommé magnétisme animal, doit être<br />

ici étudié, aussi bien dans la mesure où<br />

il se développe de lui-même dans un individu<br />

que dans la mesure où il est produit<br />

dans ce dernier par un autre individu<br />

d’une manière particulière » (op. cit., pp.<br />

63-64) ; ainsi se trouve posé le problème<br />

de la suggestion. Hegel examine<br />

ensuite le don de voyance <strong>et</strong> le « savoir<br />

immédiat des sourciers », qui comme «<br />

le sentir <strong>et</strong> la forme subjective du savoir<br />

se passent, totalement, ou du moins en<br />

partie, des médiations <strong>et</strong> des conditions<br />

indispensables au savoir objectif », le<br />

philosophe précisant même : « il peut<br />

y avoir beaucoup de charlatanerie dans<br />

les récits faits à ce suj<strong>et</strong> ». Mais, paradoxalement,<br />

pour son commentateur, le<br />

psychanalyste François Roustang de<br />

tels risques ne semblent pourtant pas<br />

invalider l’expérience hypnotique, bien<br />

qu’elle soit « une construction à deux ou<br />

plusieurs, cela ne fait aucun doute ». On<br />

peut craindre ici que l’expérience imaginaire<br />

ne se fasse paradoxalement passer,<br />

à tort, pour une expérimentation.<br />

Pour rester dans le domaine de la psychanalyse<br />

<strong>et</strong> conclure, il nous semble<br />

utile de signaler l’interprétation novatrice<br />

du neurologue Lionel Naccache<br />

[3], selon lequel, pour Freud, passées<br />

les premières années de sa pratique,<br />

« le réel n’est plus pertinent, seule la<br />

réalité psychique prime ». Mais les connaissances<br />

expérimentales, maintenant<br />

accumulées en matière de cognition, en<br />

particulier celles que décrit Naccache,<br />

perm<strong>et</strong>tent de bien cerner les illusions<br />

auxquelles s’exposait ainsi le premier<br />

psychanalyste, se coupant du réel tangible,<br />

de même, d’ailleurs que l’avait<br />

fait son ancêtre sur le plan intellectuel,<br />

Mesmer, inventeur du magnétisme animal,<br />

concept illusoire, physiquement<br />

incohérent.<br />

Pierre Bienvenu<br />

Notes :<br />

[1] : Hegel - Le magnétisme animal<br />

(1817), traduction <strong>et</strong> introduction par<br />

François Roustang, Paris, PUF, 2005.<br />

[2] Mesmer F. A. Mémoire sur la<br />

découverte du magnétisme animal<br />

(1779) ; Notice anonyme in fine, Paris,<br />

Allia, 2006.<br />

[3] : Naccache L. Le nouvel inconscient<br />

Freud Christophe Colomb des neurosciences,<br />

Paris, Odile Jacob, 2006.<br />

En ligne<br />

Notre dossier sur le magnétisme animal :<br />

É www.observatoire-z<strong>et</strong><strong>et</strong>ique.org/page/<br />

dossier.php?ecrit=3&ecritId=12<br />

NL 036 - Juin 2008<br />

11


Psychoz<br />

L’éclairage de la psychologie dans<br />

la démarche zététique<br />

« C’était mieux avant… »<br />

Le traditionnel est un aspect<br />

souvent mis en avant dans l’argumentaire<br />

de la pratique de<br />

nombreuses pseudo-médecines, de<br />

thérapies douteuses ou d’activité New<br />

age. Ainsi parle-on :<br />

3⁄4 de l’utilisation séculaire de l’acupuncture<br />

par la médecine chinoise ;<br />

3⁄4 de la nécessité du r<strong>et</strong>our au tout cru<br />

dans l’instinctothérapie ;<br />

3⁄4 de la sagesse des anciens dans<br />

l’utilisation des plantes, de la lune, des<br />

lignes telluriques, <strong>et</strong>c. ;<br />

3⁄4 de l’influence des astres sur l’homme<br />

connue depuis longtemps ;<br />

3⁄4 des fabuleuses connaissances<br />

techniques des civilisations antiques<br />

disparues ;<br />

3⁄4 des bases ancestrales des énergies<br />

guérisseuses chez Hamer, la kinésiologie,<br />

le Reiki ;<br />

3⁄4 des liens pathogènes avec nos ancêtres<br />

dans la psychogénéalogie ;<br />

3⁄4 ...<br />

On peut continuer encore longtemps<br />

c<strong>et</strong>te liste avant de pouvoir être exhaustif.<br />

Bref, avant, c’était mieux, on sentait<br />

mieux les choses, on était plus à<br />

l’écoute de notre corps, on vivait en<br />

harmonie avec la nature, <strong>et</strong>c.<br />

Ce sont moins ces affirmations en<br />

elles-mêmes qui sont dérangeantes<br />

que leurs poids dans la justification<br />

de méthodes pseudo-scientifiques par<br />

un argument d’historicité, l’éloge de<br />

l’ancienn<strong>et</strong>é.<br />

« L’argument d’historicité joue sur<br />

l’idée que l’âge d’une théorie ou<br />

d’une assertion étaye sa véracité. C<strong>et</strong><br />

argument est fallacieux au sens où<br />

de nombreuses théories anciennes<br />

se sont révélées fausses, au même<br />

titre que de nombreuses annonces de<br />

nouveautés sont restées l<strong>et</strong>tre morte.<br />

[C<strong>et</strong> argument] recoupe une sorte<br />

d’éloge de l’ancienn<strong>et</strong>é, couplée dans<br />

la plupart des représentations sociales<br />

à une certaine sagesse ancestrale, <strong>et</strong><br />

entraîne des formes de tradition. De<br />

c<strong>et</strong>te manière, il peut être perçu comme<br />

un [argument d’autorité] à part entière,<br />

l’autorité émanant d’un concept diffus<br />

mélangeant vieux sages <strong>et</strong> savants anciens<br />

anté-scientifiques. » (Monvoisin,<br />

2007, p. 239) [1].<br />

Après tout ce genre d’affirmations en<br />

lien avec un argument d’historicité n’est<br />

pas l’apanage des pseudo-sciences.<br />

N’était-ce pas mieux avant ? Les enfants<br />

n’étaient-ils pas mieux éduqués ?<br />

Les gens n’étaient-ils pas plus polis,<br />

moins individuels ? La bagu<strong>et</strong>te moins<br />

chère ? Qu’en est-il de l’enchantement<br />

des descriptions de la grande école<br />

républicaine de Marcel Pagnol ? Il suffit<br />

de commencer une phrase par « de<br />

mon temps » ou « quand j’était p<strong>et</strong>it »<br />

pour s’en convaincre.<br />

Ces assertions sont d’ailleurs souvent<br />

inexactes, simplistes ou tellement décontextualisées<br />

qu’elles deviennent<br />

difficiles à évaluer objectivement.<br />

Avant quoi d’ailleurs ? Cependant, elles<br />

posent la question de savoir ce qui<br />

nous pousse à penser que c’était mieux<br />

avant. On peut trouver une explication<br />

au travers de la psychologie sociale, <strong>et</strong><br />

notamment par le biais de « l’eff<strong>et</strong> de<br />

rappel positif » <strong>et</strong> de « l’eff<strong>et</strong> de simple<br />

exposition »<br />

L’eff<strong>et</strong> de rappel positif<br />

Ce mécanisme psychologique n’est<br />

pas en lien avec un vaccin qui se passe<br />

bien, mais bien la tendance chez l’individu<br />

à se rappeler principalement des<br />

événements passés heureux plutôt<br />

que des évènements négatifs (Walker<br />

R., 2003). C<strong>et</strong>te disposition peut s’expliquer<br />

d’abord simplement par le fait<br />

que nous vivons généralement plus<br />

d’expériences positives que négatives<br />

dans notre vie. Il faut m<strong>et</strong>tre à part les<br />

pathologies dépressives <strong>et</strong> évidement<br />

les parcours de vie chaotiques.<br />

Ensuite, des chercheurs ont constaté<br />

une disposition de l’individu à oublier<br />

les aspects négatifs au cours de sa vie<br />

au profit de souvenirs positifs (Charles<br />

S.T, 2003). C<strong>et</strong> « eff<strong>et</strong> d’effacement »<br />

a été observé par tests <strong>et</strong> par imagerie<br />

cérébrale <strong>et</strong> suggère que plus une personne<br />

est âgée, plus elle est sensible<br />

<strong>et</strong> attentive aux images positives. La<br />

théorie de la sélectivité socio-émotive<br />

renforce le fait qu’un individu en fin<br />

de vie - quelque soit son âge - dirige<br />

plus généralement son attention vers<br />

des pensées ou souvenir positifs<br />

(Carstensen, Fredrickson, 1998).<br />

L’eff<strong>et</strong> de simple exposition<br />

L’eff<strong>et</strong> de simple exposition se caractérise<br />

par une augmentation de la<br />

probabilité d’avoir un sentiment positif<br />

envers quelqu’un ou quelque chose<br />

par la simple exposition répétée à c<strong>et</strong>te<br />

personne ou c<strong>et</strong> obj<strong>et</strong>. C’est le psychologue<br />

Robert Zajonc qui a mis en<br />

lumière c<strong>et</strong>te caractéristique dans les<br />

années 60 avec un protocole intéressant<br />

[2]. Il postulait qu’une exposition<br />

répétée à un stimulus est suffisante<br />

pour influer de façon favorable sur<br />

l’évaluation de ce stimulus. C’est un<br />

facteur d’attraction : la familiarité [3].En<br />

d’autres termes, plus nous sommes<br />

exposés à quelque chose <strong>et</strong> plus il<br />

est probable que nous l’aimions. Ce<br />

mécanisme est bien connu entre autres<br />

dans les domaines du mark<strong>et</strong>ing <strong>et</strong> de<br />

la publicité.<br />

On pourrait modéliser l’eff<strong>et</strong> de simple<br />

exposition comme suit pour comprendre<br />

pourquoi naît le sentiment que<br />

c’était mieux avant (voir schéma de la<br />

page suivante).<br />

Comme l’obj<strong>et</strong> de critique du « c’était<br />

mieux avant » est toujours un nouvel<br />

obj<strong>et</strong> ou situation actuelle, il ne bénéficie<br />

pas (encore) de l’eff<strong>et</strong> de simple<br />

exposition <strong>et</strong> suscite donc la crainte<br />

de ce qui n’est pas encore connu. La<br />

12<br />

NL 036 - Juin 2008


Psychoz<br />

difficile. Des souvenirs plutôt tristes <strong>et</strong><br />

peu agréables. Rappelons alors que<br />

ce n’était pas forcement mieux avant,<br />

c’était simplement avant !<br />

Je propose souvent c<strong>et</strong>te citation<br />

attribuée à Socrate afin de relativiser ce<br />

fameux c’était mieux avant notamment<br />

dans l’éducation : « Notre jeunesse est<br />

mal élevée. Elle se moque de l’autorité<br />

<strong>et</strong> n’a aucune espèce de respect pour<br />

les anciens. Nos enfants d’aujourd’hui<br />

ne se lèvent pas quand un vieillard<br />

entre dans une pièce. Ils répondent<br />

à leurs parents <strong>et</strong> bavardent au lieu<br />

de travailler. Ils sont tout simplement<br />

mauvais. ». S’ils étaient déjà jugés<br />

comme tel il y a 2400 ans alors soyons<br />

heureux que cela ne soit pas pire<br />

maintenant.<br />

Nicolas Gaillard<br />

référence antérieure familière est donc<br />

renforcée : c’était mieux avant !<br />

L’allégation « c’était mieux avant »<br />

résulte donc généralement d’un biais<br />

cognitif, c’est-à-dire d’une erreur<br />

dans la perception d’une situation<br />

donnée, successive d’une faille ou<br />

d’une faiblesse dans le traitement des<br />

informations disponibles face à c<strong>et</strong>te<br />

situation. C’est notre perception positif<br />

« d’avant » fortement influencée par les<br />

biais cognitif comme l’eff<strong>et</strong> du rappel<br />

positif <strong>et</strong> celui de simple exposition qui<br />

vient gommer les aspects négatifs.<br />

D’où la nécessité dans la démarche<br />

visée par la zététique d’avoir une idée<br />

du contexte dans laquelle s’inscrit une<br />

affirmation <strong>et</strong> tenter de s’approcher<br />

d’une perception la plus objective<br />

possible. La psychologie sociale m<strong>et</strong><br />

en lumière les mécanismes en dehors<br />

du champ de conscience qui peuvent<br />

nous tromper <strong>et</strong> entraver dans c<strong>et</strong>te<br />

démarche.<br />

Pour en revenir à l’enchantement<br />

des descriptions de la grande école<br />

républicaine de Marcel Pagnol, je<br />

discutais récemment avec mon père de<br />

sa scolarité dans les années cinquante.<br />

C’est bien sûr l’image idyllique : la<br />

place du « respect » pour l’adulte, les<br />

p<strong>et</strong>its déjeuners <strong>et</strong> les goûters, les<br />

blouses, l’absence de discrimination, le<br />

souci d’égalité, les jeux de récréation,<br />

le poêle à bois qu’il fallait remplir,<br />

mais surtout l’école buissonnière <strong>et</strong><br />

la découverte des premiers émois<br />

amoureux.<br />

Mais ses souvenirs sont finalement<br />

d’avantage ancrés dans la réalité d’un<br />

contexte qui apparaît moins rigolo : une<br />

exigence constante de travail, pas le<br />

droit d’être avec les filles, les punitions<br />

le soir, le r<strong>et</strong>our dans la neige, les quatre<br />

kilomètres quatre fois par jour, les<br />

pleurs lors des interrogations d’<strong>histoire</strong>,<br />

les leçons de morale, les craies dans<br />

la figure, voire les gifles quand il était<br />

dissipé, les bagarres dans la cour, les<br />

brimades parce qu’il était rouquin. Mais<br />

surtout l’odeur insupportable de l’encre<br />

<strong>et</strong> du kraft bleu, qui lui rappelle à jamais<br />

la rentrée des classes : un moment très<br />

Notes :<br />

[1] : Je conseille vivement de lire la suite<br />

de l’extrait sur l’argument d’historicité.<br />

[2] : En 1968, Zajonc a établi un<br />

protocole où il soum<strong>et</strong> à un échantillon<br />

de personnes une série de mots soidisant<br />

turcs, dont ils ne connaissaient<br />

pas la signification. On leur demande<br />

ensuite pour chaque mot s’ils y voient<br />

plutôt quelque chose de négatif ou<br />

de positif. Les mots présentés 25 fois<br />

étaient estimés porteur d’une dimension<br />

positive, alors que ceux présentés<br />

qu’une ou deux fois étaient jugés<br />

particulièrement peu sympathiques.<br />

[3] : C’est vrai jusqu’à un certain point,<br />

car les répétitions incessantes d’un<br />

même stimulus finissent à terme par<br />

avoir des eff<strong>et</strong>s négatifs.<br />

References :<br />

Serge Ciccotti (2007), 150 p<strong>et</strong>ites<br />

expériences de psychologie pour<br />

mieux comprendre nos semblables,<br />

Dunod, p121-126.<br />

Jean-Léon Beauvois <strong>et</strong> al (1995),<br />

Relation humaine, groupe <strong>et</strong> influence<br />

sociale, PUF, p62-64.<br />

Richard Walker (2003), in Collin<br />

Allen (2008), How memory is biased<br />

toward positive emotional memories,<br />

except for those with mild depression,<br />

Psychology Today.<br />

NL 036 - Juin 2008<br />

13


Agenda<br />

À noter<br />

Les rendez-vous zététiques du mois<br />

Conférences<br />

è Le jeudi 26 juin<br />

à 15h30, le professeur<br />

Henri Broch<br />

donnera une conférence<br />

à l’IUFM<br />

de Nice. Principalement<br />

destinée<br />

aux enseignants en formation, c<strong>et</strong>te<br />

intervention est tout de même ouverte<br />

au public.<br />

Conférence d’Henri Broch<br />

Jeudi 26 juin à 15h30<br />

Centre IUFM Stephen Liégeard<br />

43 avenue Stephen Liégeard<br />

06000 Nice<br />

è L’association PARSEC organise un<br />

samedi par mois pour le grand public un<br />

« Spectacle aux étoiles », soirée d’astronomie<br />

associant à la visite du planétarium,<br />

une conférence thématique<br />

<strong>et</strong> des observations aux télescopes.<br />

Le samedi 5 juill<strong>et</strong> 2008, le conférencier<br />

invité est le zététicien Henri Broch.<br />

Dans son exposé intitulé « L’astrologie<br />

face à la science », il r<strong>et</strong>racera l’<strong>histoire</strong><br />

de l’astrologie <strong>et</strong> reviendra sur ses<br />

principes fondamentaux (signes zodiacaux,<br />

influence des planètes, calculs<br />

de thèmes astraux, <strong>et</strong>c.) pour m<strong>et</strong>tre à<br />

l’épreuve leur validité scientifique.<br />

L’astrologie face à la science<br />

Samedi 5 juill<strong>et</strong> 2008 à partir de 19h<br />

Astrorama<br />

Route de la Revère<br />

06360 Eze<br />

Tarif : 9 euros (réduit : 7 euros)<br />

Réservations conseillées au 04.93.85.85.58<br />

Rencontre<br />

è L’AMAZ, Association Monégasque<br />

d’Analyse Zététique, accueillera ses<br />

membres <strong>et</strong> futurs membres le 19 Juin<br />

à 19h30 dans les bâtiments de l’Association<br />

des Jeunes Monégasque. La<br />

soirée sera consacrée au NDE (Near<br />

Exposition<br />

è Depuis le 5<br />

avril <strong>et</strong> jusqu’au<br />

29 juin 2008, le<br />

Muséum d’<strong>histoire</strong><br />

naturelle<br />

de Grenoble accueille<br />

l’exposition<br />

Death Experience) ou EMI (Expérience<br />

¦<br />

de Mort Imminente).<br />

Vol d’hirondelles <strong>et</strong> pelures d’oignons.<br />

Les dictons météorologiques utilisant<br />

les animaux <strong>et</strong> les plantes pour prévoir<br />

le temps y sont décortiqués avec humour<br />

<strong>et</strong> confrontés à l’expérience pour<br />

tester leur validité.<br />

Réunion de l’AMAZ<br />

19 juin 2008 à 19h30<br />

Centre commercial le Métropole, niveau 1<br />

17 avenue des Spélugues<br />

98000 Principauté de Monaco<br />

Entrée libre <strong>et</strong> gratuite<br />

Vol d’hirondelles <strong>et</strong> pelures d’oignons<br />

Jusqu’au 29 juin 2008<br />

Orangerie du Muséum<br />

1 rue Dolomieu<br />

38 000 Grenoble<br />

Entrée gratuite<br />

14<br />

NL 036 - Juin 2008


Divertissement<br />

Insolite<br />

Les bizarreries du n<strong>et</strong><br />

Pop-corn <strong>et</strong> téléphones portables<br />

Peut-on faire du pop-corn avec<br />

un téléphone portable ? La<br />

« preuve » en image est sur<br />

youtube depuis quelques jours…<br />

Dans c<strong>et</strong>te vidéo « amateur », on<br />

voit trois amis réunis autour d’une<br />

table. En rigolant, ils disposent leurs<br />

téléphones portables en étoile <strong>et</strong><br />

placent au milieu quelques grains de<br />

maïs. Lorsque ils font sonner leurs<br />

portables tous en même temps, le<br />

maïs fi nit par éclater en pop-corn.<br />

Si comme moi, c<strong>et</strong>te vidéo vous<br />

laisse dubitatif, faites une p<strong>et</strong>ite<br />

recherche (ou même l’expérience).<br />

Vous tomberez alors sur deux<br />

autres vidéos du même type qui<br />

circulent sur Intern<strong>et</strong>, mises en ligne<br />

à peu près en même temps. Si vous<br />

êtes un peu observateur, elles vous<br />

sembleront étrangement similaires :<br />

même mise en scène, même « mouvements<br />

» de caméra (peu stable),<br />

même durée (une quarantaine de<br />

secondes), <strong>et</strong> évidemment même<br />

résultat stupéfi ant. Remarquez aussi<br />

la présence du même téléphone<br />

É<br />

Vidéo virale (?) qui circule sur<br />

Intern<strong>et</strong>, prétendant démontrer<br />

qu’il est possible de faire du<br />

popcorn en plaçant des grains<br />

de maïs entre quatre téléphones<br />

portables.<br />

portable blanc qui semble<br />

posé à l’envers…<br />

Il existe bien quelques<br />

différences, à commencer<br />

la langue : français,<br />

anglais <strong>et</strong> chinois (ou<br />

une autre langue asiatique<br />

que je suis incapable<br />

de différencier). Et puis, les<br />

francophones boivent de la bière,<br />

les anglosaxons du jus d’orange <strong>et</strong><br />

les asiatiques du thé. Bref, on ratisse<br />

large, avec les bons clichés…<br />

Mais en dehors de ces trois vidéos,<br />

ils semblent qu’aucun autre<br />

internaute n’ait réussi à reproduire<br />

l’expérience avec succès. Ça sent<br />

donc bien la vidéo virale, peut être<br />

même mark<strong>et</strong>ing. À suivre...<br />

En ligne<br />

La vidéo en français :<br />

É www.youtube.com/watch?v=kAd0aWxs7kQ<br />

La vidéo en anglais :<br />

É www.youtube.com/watch?v=ju5yIFu4yY8<br />

La vidéo en chinois :<br />

É www.youtube.com/watch?v=V94shlqPlSI<br />

NL 036 - Juin 2008<br />

15

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