10 > P U B L I C I T E ALGERIE NEWS Jeudi <strong>25</strong> avril <strong>2013</strong>
dclg é a a e Analyses & Décryptages La rédaction d'<strong>Algérie</strong> News propose une nouvelle rubrique dédiée à l'analyse et au décryptage de l'actualité qui nous concerne et qui nous entoure. Nous lançons un appel à tous ceux et toutes celles qui veulent y contribuer à travers des articles ou des propositions. Vos contributions seront les bienvenues. Contact : ayachi<strong>news</strong>@yahoo.fr 11 Des hommes et des destins Henri Borgeaud vs Chakib Khelil Par Slemnia Bendaoud Henri Borgeaud est d’origine suisse, naturalisé français dès 1915, à l’âge de ses vingt printemps. Chakib Khalil est, par contre, à la fois, algérien et américain, jouissant du privilège (ou de la contrainte ?!) de la double <strong>national</strong>ité. Lire > pages 12 et 13 L’œil du bijoutier Micro-Etats familiaux et walis-Bokassa Par : K. Derraz Le Drag de Mascara s’est tué dans son bureau. La version première insiste sur une dispute entre lui et le wali. La tension s’est soldée par la solution extrême : le directeur s’est donné la mort. Le wali, quant à lui, est relevé le soir même de ses fonctions. Fait divers <strong>national</strong> avec un retour sur la question des walis en <strong>Algérie</strong>, leur réseau, puissances, pouvoirs, abus et pourcentages. A Mascara ce fut l’émoi : après le meurtre, la colère mais pas seulement. Vers une heure du matin, c’est le wali qui sera relevé et suspendu par son ministre. Cela va calmer les esprits mais ne changera pas la donne : les walis en <strong>Algérie</strong> sont trop puissants, sans contre-pouvoirs, sans comptes à rendre réellement, investis de l’autorité d’un micro- Etat et dotés de budgets inconcevables. Le tableau étant celui d’un curieux paradoxe de l’Etat algérien : un Etat jacobin hyper centraliste mais qui s’accommode d’une décentralisation sauvage sous forme de puissances régaliennes consenties aux walis et à leur 48 Républiques. Des walis qui peuvent tout faire et défaire. Les assemblées de wilaya y peinent même à élever la voix et à obtenir la possibilité d’interpeller un wali sur ses actes et ses gestions depuis l’année passée, sans saisir par écrits le ministère de l’intérieur. Ne parlons pas alors de la société civile, des « corps de sécurité », de l’opinion. A terme, cela donnera cette cartographie de micro-républiques où un wali peut se permettre ce que ne se permettent pas des ministres à Alger : harceler des militants, faire pression sur des correspondants de journaux, saisir la justice par téléphone, mobiliser des policiers ou des gendarmes, bloquer des procédures, décréter, décider et payer ou refuser. Cela aboutira à ces faits surréalistes où des ministres n’arrivent pas à imposer leur décision ou s’imposer face à des walis. Et cela se traduira aussi par une note d’humour du peuple qui donne des surnoms aux walis dès leur nomination dans les villes : celui de Mascara était surnommé Bulldozer, un autre à l’Ouest s’appelle monsieur 5%, un autre est connu pour l’affection qu’il a pour les dos d’âne, marché exclusif donné à sa fille… Question de fond donc : qui nomme les walis ? D’où viennent-ils ? Et où se forment-ils ? Pour la première question, la nomination est l’autorité du ministre de l’Intérieur et du président de la République. Sauf que dans le réel, le réseau des walis est celui des véritables cartographies des puissances claniques et autres autorités de tutelles. Pour la seconde, les walis sont généralement les enfants invitro d’un réseau connu : délégués de sécurité ou chefs de daïra dans un patelin perdu, ensuite directeurs à l’exécutif, puis SG ou chefs de cabinet puis walis. Un circuit fermé, VIP, élitiste et autiste. Dernière question, celle A terme, cela donnera cette cartographie de micro-républiques où un wali peut se permettre ce que ne se permettent pas des ministres à Alger de la formation : là, c’est l’ENA. Unique comme un parti, discrète et sans concurrences. Les walis ont les formations idéologiques de l’Etat centralisateur : ils en reproduisent donc la culture et l’injonction de base. L’ENA n’est pas une école de management, de gestion, les walis s’y forment donc aux idées et au sacerdoce de la procédure, pas à l’entreprise, l’économie, les relations publiques, le management. On a des walis plus proches de la kasma et des luttes de clans, que de l’entreprise et de la logique de la plusvalue pour la wilaya. Ils sont donc soucieux des « réalisa tions », par des richesses créées. Du bilan, pas du compte. Le pays n’a pas encore réalisé l’urgence de construire des écoles de formation et de management autres que l’ENA pour sa haute administration. On n’a que l’ENA et ses méthodes dépassées et son centralisme démodé. A la fin de la chaîne ? Des cas de walis- Bokassa qui se multiplient dans le pays. Le cas de Mascara est un épiphénomène et ce n’est pas un fait divers. ALGERIE NEWS Jeudi <strong>25</strong> avril <strong>2013</strong>