journal of european integration history revue d'histoire de l ...

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Négocier la relance européenne:
les Belges et le sommet de La Haye
Jérôme Wilson
Le sommet de Rome en 1967 se solde par un échec et le second veto français opposé
six mois plus tard à tout élargissement vers la Grande-Bretagne sonne l’hallali. La
CEE apparaît très divisée sur toute une série de problèmes. Le refus de 1963 était
probablement justifié par des divergences sur les plans politique et militaire. En 1967,
le «niet» français s’explique davantage par des raisons économiques et monétaires,
qui se manifestent également par la sortie de la France du Pool de l’or. 1
Sans parler d’association, il devient difficile de trouver un lieu même où les Six sont
susceptibles de pouvoir discuter, entre Européens (y compris les Britanniques), de
l’organisation économique du continent. 2 Seuls les gouverneurs des banques centrales
conservent des liens privilégiés via leurs rencontres à Bâle. En réaction, les pays du
Benelux, largement favorables à l’adhésion britannique, vont progressivement se
montrer plus déterminés dans leur volonté d’élargissement. Dès janvier 1968, ils font
pression sur la France en proposant l’organisation d’échanges de vues entre Européens
– c’est-à-dire les Six plus les pays candidats – sur des matières non abordées dans le
Traité. Parallèlement, en septembre 1968, Willy Brandt propose une réactivation du
processus d’intégration déclinée sous divers thèmes: la coopération technologique, le
renforcement des liens commerciaux, la consultation politique entre ministres des
Affaires étrangères des Six et des pays candidats sur des sujets où une cohérence
européenne serait la bienvenue (Moyen-Orient par exemple). Dans la même veine, la
Commission entame des études dans le domaine de l’intégration monétaire
(mémorandum de décembre 1968), travail qui se précise avec la publication du plan
Barre en février 1969.
En octobre 1968, Pierre Harmel reprend une proposition française de 1963, et
suggère de recourir à l’UEO pour traiter des questions non seulement politiques et
militaires, mais aussi de considérations technologiques et monétaires. 3 Après
quelques tergiversations – dont l’affaire Soames – la France fait de nouveau
barrage. Elle sent cependant que l’initiative d’une relance doit venir d’elle, et les
appels hexagonaux les plus divers à une réunion au sommet des chefs d’Etat et de
gouvernement se multiplient dès le mois de mars 1969. Lorsque Georges
Pompidou accède à la présidence, ce projet se concrétise.
1. M. VAÏSSE, La grandeur. Politique étrangère du général de Gaulle 1958-1969, Fayard, Paris,
1998, p.602. Voir aussi A. MORAVCSIK, Le grain et la grandeur : les origines économiques de
la politique européenne du Général de Gaulle (2 e partie), in: Revue française de Science politique,
1(février 2000), pp.73-124.
2. Le G10 concentre tous les débats. Voir R. ROTHSCHILD, Un Phénix nommé Europe. Mémoires
1945-1995, Racine, Bruxelles, 1997, p.328.
3. M. VAÏSSE, op.cit., p.606.