les nouvelles d'Archimède #44 - Espace culture de l'université de ...
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LNA<strong>#44</strong> / à lire<br />
Le chaos<br />
Ivar Ekeland<br />
Le chaos est une théorie mathématique qui permet <strong>de</strong> décrire<br />
<strong>de</strong>s systèmes instab<strong>les</strong> comme <strong>les</strong> mouvements <strong>de</strong>s planètes<br />
et <strong>les</strong> variations météorologiques.<br />
Mais le calcul <strong>de</strong>s trajectoires d’un système chaotique est-il<br />
possible ? La réponse à cette question nous conduit à nous<br />
interroger sur le rapport entre mathématiques et ordinateurs<br />
et, plus généralement, sur la place<br />
<strong>de</strong>s mathématiques dans <strong>les</strong> sciences.<br />
Comme <strong>les</strong> théories sont désormais trop<br />
complexes pour que l’on puisse faire <strong>les</strong><br />
calculs à la main, l’ordinateur est <strong>de</strong>venu<br />
un intermédiaire obligé entre<br />
le modèle mathématique et<br />
la réalité physique qu’il prétend<br />
décrire. Ce que montre la théorie<br />
du chaos, c’est que même <strong>les</strong><br />
calculs effectués par ordinateur<br />
sont sujets à caution. L’ordinateur<br />
change <strong>les</strong> conditions <strong>de</strong><br />
la recherche scientifique, mais<br />
pour l’utiliser à bon escient,<br />
il faut être conscient <strong>de</strong> ses limites.<br />
Cet ouvrage est paru, dans une première version,<br />
en 1995, dans la collection « Dominos » <strong>de</strong> Flammarion.<br />
Cette nouvelle version est mise à jour et<br />
augmentée d’un chapitre : « Comment construire<br />
notre propre petit chaos personnel ».<br />
Un vrai défi !<br />
Éditions Le Pommier, collection Poche, 160 p., 2006, 6 E.<br />
Philosophe et mathématicien, Ivar Ekeland a été prési<strong>de</strong>nt<br />
<strong>de</strong> l’Université Paris-Dauphine <strong>de</strong> 1989 à 1994. Il est à présent<br />
professeur <strong>de</strong> mathématiques et d’économie à l’Université<br />
<strong>de</strong> Colombie Britannique à Vancouver. Son œuvre<br />
scientifique porte sur la dynamique, la géométrie et <strong>les</strong> problèmes<br />
mathématiques issus <strong>de</strong> l’économie et <strong>de</strong> la gestion.<br />
Son œuvre <strong>de</strong> vulgarisation lui a valu plusieurs récompenses,<br />
dont le prix Jean Rostand et le prix d’Alembert. Il est<br />
membre <strong>de</strong> l’Académie <strong>de</strong>s Sciences <strong>de</strong> Norvège, et titulaire<br />
d’une chaire <strong>de</strong> recherche du Canada.<br />
La vie poétique<br />
<strong>de</strong> l’inspecteur Morse<br />
Un polar mélancolique<br />
Jean Decottignies<br />
Si, comme on l’a dit, un livre <strong>de</strong> philosophie <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à<br />
être lu comme une espèce particulière <strong>de</strong> roman policier,<br />
Colin Dexter nous livre pour sa<br />
part, avec la saga <strong>de</strong> l’inspecteur<br />
Morse, une œuvre policière qui<br />
pourrait bien intéresser <strong>de</strong> près la<br />
philosophie. Échappant aux lois<br />
du genre, cultivant délibérément<br />
la vertu d’incongruité, la fable du<br />
célèbre inspecteur met en avant<br />
<strong>de</strong>s appréciations sur l’homme,<br />
la vie, la <strong>de</strong>stinée, voire la rhétorique<br />
et la poétique. Une sorte <strong>de</strong><br />
contre-texte critique accompagne<br />
la narration, prend en écharpe le<br />
projet policier, dévoyant <strong>les</strong> protoco<strong>les</strong><br />
d’écriture et l’idéologie<br />
fondatrice du genre.<br />
Telle est l’action <strong>de</strong> l’ironie, ce<br />
sentiment <strong>de</strong> la limitation qui<br />
ne vise, en l’occurrence, <strong>les</strong> Holmes et Poirot que pour<br />
montrer la précarité <strong>de</strong>s valeurs <strong>de</strong> vérité et <strong>de</strong> justice, et<br />
discréditer <strong>les</strong> conventions du polar traditionnel. Morse,<br />
inspecteur atypique, illustre ainsi dans son discours et son<br />
comportement la posture hérétique <strong>de</strong> l’ennemi <strong>de</strong>s dogmes<br />
et <strong>de</strong>s institutions. Il célèbre, en revanche, le « Gai Savoir »<br />
instauré par Nietzsche : voué à la musique et au culte féminin,<br />
c’est « au sein <strong>de</strong> toute l’incertitu<strong>de</strong> et <strong>de</strong> la pluralité<br />
merveilleuse <strong>de</strong> l’existence » que Morse associe à son activité<br />
policière le péché <strong>de</strong> « délectation morose ».<br />
Prenant en compte ces diverses anomalies, une telle lecture<br />
ne saurait revendiquer d’autre validité que celle d’une fiction<br />
théorique.<br />
ELLUG, Université Stendhal, Grenoble, 2004, 23 E.<br />
Jean Decottignies (1918-2003), professeur émérite à l’université<br />
Char<strong>les</strong> <strong>de</strong> Gaulle (Lille III), a consacré l’essentiel <strong>de</strong><br />
ses recherches à la littérature <strong>de</strong>s XIX ème et XX ème sièc<strong>les</strong>. La<br />
vie poétique <strong>de</strong> l’inspecteur Morse, ouvrage a priori peu universitaire<br />
par son objet, se situe résolument dans la lignée <strong>de</strong><br />
travaux par <strong>les</strong>quels il n’a cessé d’explorer notre mo<strong>de</strong>rnité.<br />
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