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PAGE 18 <strong>Avril</strong> <strong>2011</strong> LE JOURNAL – BARREAU DU QUÉBEC<br />
Finances personnelles<br />
Marco Vendramini<br />
Exemption pour résidence principale<br />
Quelle approche privilégier ?<br />
Membre de la Chambre<br />
de sécurité financière<br />
<strong>du</strong> <strong>Québec</strong>, de l’Institut<br />
québécois de la<br />
planification financière<br />
et de l’Autorité des<br />
marchés financiers.<br />
marco.vendramini@<br />
groupeinvestors.com<br />
Photo : Sylvain Légaré<br />
Nombreux au <strong>Québec</strong> sont les avocats qui possèdent une résidence secondaire.<br />
Les motivations financières sont rarement la raison principale qui motive l’achat d’une<br />
résidence de vacances, mais lorsque le temps de vendre est venu, il est avisé de réfléchir<br />
à l’approche qui s’avérera la plus avantageuse.<br />
L’actuelle exemption qui existe pour résidence principale<br />
permet de mettre à l’abri <strong>du</strong> fisc une partie ou la totalité<br />
<strong>du</strong> gain réalisé lors de la vente d’une maison qui répond<br />
à la définition de « résidence principale ». Une économie<br />
d’impôt qui peut s’avérer substantielle.<br />
Si vous et votre conjoint n’avez jamais été propriétaire de<br />
plus d’une maison à usage personnel à la fois, vous devriez<br />
pouvoir exonérer d’impôt la totalité de vos gains sur la<br />
vente des maisons que vous avez possédées. Cependant,<br />
si vous ou votre conjoint avez déjà été propriétaires<br />
de deux maisons à usage personnel en même temps,<br />
par exemple « une maison à la ville » et « une maison<br />
de campagne », au moins une partie des gains réalisés<br />
lors de la vente de l’une de ces maisons sera assujettie<br />
à l’impôt. Lorsque vous vendez une de ces maisons, vous<br />
devez décider si vous la désignerez comme résidence<br />
principale et mettrez à l’abri <strong>du</strong> fisc le gain qui en<br />
résultera, ou si vous paierez l’impôt sur le gain en capital<br />
réalisé lors de la vente afin de défiscaliser la totalité des<br />
gains réalisés sur l’autre maison lorsque vous la vendrez.<br />
Cette décision financière pourrait avoir un impact<br />
significatif sur vos finances.<br />
Quelques notions de base à retenir<br />
Les lois fiscales définissent « résidence principale » comme<br />
un logement dont le contribuable est propriétaire (seul<br />
ou conjointement) et qui est normalement habité par<br />
lui, son époux ou son conjoint de fait, son ex-époux ou<br />
son ex-conjoint de fait, ou un enfant <strong>du</strong> contribuable.<br />
La question de savoir si le logement était « normalement<br />
habité » au cours d’une année donnée dépend <strong>du</strong> cas par<br />
cas, mais il suffit généralement que le logement ait été<br />
occupé pendant une courte période pour que ce critère<br />
soit respecté. Par exemple, on pourrait considérer que<br />
vous avez habité votre résidence de vacances normalement<br />
même si vous ne l’avez fait que pendant vos vacances<br />
annuelles (à condition qu’elle n’ait pas d’abord généré de<br />
revenus, notamment par une location).<br />
Vous pouvez désigner par année une propriété à titre de<br />
« résidence principale », même si vous possédez plus d’une<br />
propriété. La propriété doit également avoir été désignée<br />
comme résidence principale par votre époux ou votre<br />
conjoint de fait, ainsi que par vos enfants de moins de<br />
18 ans.<br />
Si vous possédez deux maisons admissibles à l’exemption<br />
pour résidence principale, au moins une partie <strong>du</strong> gain sur<br />
la vente de l’une de ces maisons sera assujettie à l’impôt.<br />
Lorsque vous déciderez de vendre la première maison, vous<br />
devez décider si l’exonération pour résidence principale<br />
sera appliquée sur cette maison. Pour prendre cette décision,<br />
vous devez évaluer le nombre d’années au cours<br />
desquelles vous prévoyez demeurer propriétaire de la<br />
deuxième maison et l’habiter ainsi que le gain en capital<br />
futur la deuxième maison.<br />
Un cas concret<br />
Afin d’illustrer le propos, prenons l’exemple fictif de<br />
Anne et Louis qui sont mariés et possèdent deux maisons<br />
– une maison à la ville et une maison de campagne –<br />
qui pourraient toutes deux être considérées comme des<br />
résidences principales. Ils ont acheté leur maison à la ville<br />
il y a dix ans et leur maison de campagne il y a cinq ans.<br />
Leur taux marginal d’imposition actuel et futur est de 40 %.<br />
Ils ont décidé de vendre leur maison de campagne, avec<br />
un gain en capital de 100 000 $. Ils ne la remplaceront<br />
pas et conserveront leur maison à la ville, qu’ils prévoient<br />
habiter pendant encore dix ans. Ils s’attendent à réaliser<br />
un gain en capital de 250 000 $ lorsqu’ils la vendront. Deux<br />
options s’offrent à eux :<br />
Option Un<br />
Ils pourraient désigner leur maison de campagne<br />
résidence principale pour quatre des cinq années<br />
pendant lesquelles ils en ont été propriétaires, de sorte<br />
que, lorsqu’ils vendront leur maison à la ville, ils pourront<br />
la désigner comme résidence principale pour 16 des<br />
20 années au cours desquelles ils en ont été propriétaires.<br />
Sur la vente de la propriété de campagne, la fraction <strong>du</strong><br />
gain en capital exonérée d’impôt sera calculée comme suit :<br />
[100 000 $ X (4 +1)/5] = 100 000 $, ce qui représente une<br />
obligation fiscale de 0 $.<br />
Quant à la maison à la ville qu’ils vendront dans dix ans,<br />
la fraction exonérée <strong>du</strong> gain en capital sera = [250 000 $ X<br />
(16+1)/20] = 212 500 $, ce qui représente une obligation<br />
fiscale de (250 000 $-212 500 $) X 50 % X 40 % = 7 500 $.<br />
Option deux<br />
Ils pourraient éviter de désigner leur propriété de<br />
vacances comme résidence principale, de sorte que,<br />
lorsqu’ils vendront leur maison à la ville, ils pourront la<br />
désigner comme résidence principale pour les 20 années<br />
pendant lesquelles ils en étaient propriétaires.<br />
Sur la vente de la propriété de vacances, leur obligation<br />
fiscale s’établira comme suit : 50 000 $ X 40 % = 20 000 $.<br />
Quant à la maison à la ville qu’ils vendront dans dix ans,<br />
la fraction exonérée <strong>du</strong> gain en capital sera = [250 000 $ X<br />
(19+1)/20] = 250 000 $, ce qui représente une obligation<br />
fiscale de 0 $.<br />
En résumé, ils doivent choisir entre ne pas payer d’impôt<br />
aujourd’hui et payer 7 500 $ dans dix ans ou débourser<br />
20 000 $ d’impôt aujourd’hui et ne rien payer dans dix ans.<br />
Il serait ainsi raisonnable de se prévaloir de l’exemption<br />
pour maison de vacances pour quatre des cinq années au<br />
cours desquelles ils en étaient propriétaires. Par contre, s’ils<br />
avaient pensé qu’ils pourraient vendre leur maison à la ville<br />
plus tôt, ou récolter un gain en capital plus élevé, il aurait<br />
alors été souhaitable de conserver le droit à l’exonération<br />
et de l’appliquer à la vente de leur maison à la ville.<br />
L’exemption pour résidence principale peut se tra<strong>du</strong>ire<br />
par de substantielles économies d’impôt si elle est utilisée<br />
judicieusement. Il importe d’évaluer la meilleure approche<br />
au cas par cas, mais surtout de se poser les bonnes<br />
questions lorsqu’il est temps de décider quelle option doit<br />
être privilégiée.