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jouissance de l'autre, d'où le rôle central de l'homosexualité dans ce nouveau corps de
l'homme. Dans la jouissance produire du corps c'est produire de l'indécidabilité, de la
multitude, une infinité de positions possibles, à la différence de la production du peuple
qui est fonctionnelle et territorialisée.
“ La multitude est le nom d’une multitude de corps. ” précise Toni Negri , car le
corps est premier dans le procès de constitution de la multitude, il s’agit de transformer
notre chair en nouvelles formes de vie.
De plus selon l’affirmation spinoziste d’une puissance des corps que chacun
ignorerait :(“ nul ne sait ce que peut un corps ” ): tout corps est lui-même une multitude.
de luttes, de mouvements, de désirs de transformation etc. Prenons l’exemple de Bayard
Rustin organisateur avec Martin Luther King de la marche sur Washington de Mars
1963, qui jouait avec brio de multiples rôles et de personnalités diverses : tout à la fois
pacifiste, militant des droits civils et de la non-violence, leader du mouvement ouvrier ,
tour à tour communiste, anti-communiste et socialiste, musicien et chanteur-ténor, il
était également noir-américain et homosexuel. Individu unique mais à multiples facettes
, il était lui-même multitude. avec des points d’affirmation bien sur, mais aussi avec des
contradictions et des incohérences.
Des luttes identitaires aux luttes sur l’identité
Eric Fassin rappelle que “ Le partage binaire entre deux catégories d’hommes,
hétérosexuels et homosexuels est une création relativement récente ” ” c’est alors
seulement que l’homosexualité commencerait à signifier non plus seulement des actes
homosexuels, mais une personne, voire une personnalité homosexuelle ”
On peut rappeler ici la fameuse page de La volonté de savoir où Michel Foucault
présente l'invention de la catégorie d'homosexuel :" L'homosexualité est apparue
comme l'une des figures de la sexualité lorsqu'elle a été rabattue de la pratique de la
sodomie sur une sorte d'androgynie intérieure, un hermaphrodisme de l'âme. le
sodomite était relaps, l'homosexuel est maintenant une espèce"
En montrant qu’il il n'y a pas d'identité homosexuelle et que le terme est une
invention des psychiatres allemands au 19éme siècle mais que par contre qu'il a des
pratiques variables selon les époques, une politique des corps et des plaisirs , Michel
Foucault aurait ouvert la boîte de Pandore de la déconstruction des identités à laquelle
s’alimente toute la politique queer L’homosexualité est une identité sans essence , elle
est tout ce que l’hétérosexualité n’est pas.
Pour Léo Bersani, l'identité homosexuelle est une création hétérosexuelle. Idée
que développe également, David Halperin en montrant l’assymetrie des relations entre
homosexualité et hétérosexualité qui “ ne sont pas un couple réel , deux réalités
contraires qui se définiraient l’ une par rapport à l’ autre, mais une opposition
hiérarchique dans laquelle l’hétérosexualité se définit implicitement en se constituant
comme la négation de l’homosexualité”. De plus “ C’est l’hétérosexualité beaucoup
plus que le lesbianisme , qui se fonde sur la distribution des rôles, la polarisation des
genres et la hiérarchisation du pouvoir dans le couple ”
Quoiqu’il en soit même si l’homosexualité est diverse et problématique, il existe
un "nous" identifiable , disséminé un peu partout et toujours prêt à saper les fondements
de la société" normale"; " Reconnaître qu'il existe une spécificité gay ne nous condamne
pas à accepter l'idée d'essence homosexuelle . Bien au contraire , nous pourrions
découvrir que cette spécificité par son indétermination et sa mobilité , est en fait
résolument incompatible avec une définition essentialisante " Léo Bersani remarque
que "le désir homosexuel est moins susceptible d'immobilisation que le désir
hétérosexuel en ceci qu'il occupe structurellement plusieurs positions, sa valorisation du