Les Taux de Change d'Ãquilibre des Pays Sud ... - LEAD
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<strong>Les</strong> <strong>Taux</strong> <strong>de</strong> <strong>Change</strong> d’Équilibre <strong>de</strong>s <strong>Pays</strong> <strong>Sud</strong><br />
Méditerranéens :<br />
Une estimation à partir <strong>de</strong> l’économétrie <strong>de</strong> données<br />
<strong>de</strong> panel non stationnaires.<br />
Résumé :<br />
Hmida LOUHICHI 1<br />
CEPN<br />
Université Paris XIII<br />
L’objectif <strong>de</strong> ce papier est d’estimer les taux <strong>de</strong> change<br />
d’équilibre <strong>de</strong> 11 pays <strong>Sud</strong> Méditerranéens entre 1980 et 2008. Le<br />
cadre méthodologique que nous retenons repose sur l’approche<br />
comportementale du taux <strong>de</strong> change d’équilibre (approche BEER) et<br />
consiste à estimer une relation <strong>de</strong> long terme entre le taux <strong>de</strong> change<br />
effectif réel et un certain nombre <strong>de</strong> fondamentaux. L’estimation<br />
économétrique repose sur l’économétrie <strong>de</strong> données <strong>de</strong> panel non<br />
stationnaires. Nos résultats indiquent qu’une augmentation du revenu<br />
par habitant, <strong>de</strong>s dépenses du gouvernement, <strong>de</strong>s termes <strong>de</strong> l’échange<br />
et <strong>de</strong> la position extérieure nette a tendance à apprécier le taux <strong>de</strong><br />
change d’équilibre <strong>de</strong> long terme <strong>de</strong>s pays considérés, alors qu’une<br />
augmentation du <strong>de</strong>gré d’ouverture tend à le déprécier.<br />
Mots clés : <strong>Taux</strong> <strong>de</strong> change d’équilibre, BEER, cointegration en<br />
panel, <strong>Pays</strong> <strong>Sud</strong> Méditerranéens.<br />
Classification JEL: E69, C15, C23, F0, F31.<br />
1 Doctorant au Centre d’Economie Paris Nord, (CEPN)<br />
108 Avenue Aristi<strong>de</strong> Briand<br />
92220 Bagneux, La France<br />
Tél : +33 6 13 92 37 97<br />
louhichi.hmida@gmail.com
Introduction :<br />
La détermination d’un taux <strong>de</strong> change d’équilibre dans les pays<br />
émergents fait l’objet d’une vaste littérature tant théorique<br />
qu’empirique. <strong>Les</strong> premières définitions proposées reposent sur la<br />
PPA. Cependant, celle-ci ne semble guère appropriée dans le cas <strong>de</strong>s<br />
pays émergents dont les niveaux <strong>de</strong> prix sont beaucoup plus faibles<br />
que dans les pays développés. Dès lors, l’appréciation tendancielle du<br />
change réel est perçue comme un phénomène naturel compte tenu du<br />
processus <strong>de</strong> rattrapage <strong>de</strong> ces pays (effet Balassa-Samuelson). Dans<br />
ce contexte, ce sont les productivités relatives dans les secteurs <strong>de</strong>s<br />
biens échangeables et non échangeables qui déterminent le niveau<br />
d’équilibre du taux <strong>de</strong> change réel. Pourtant, cette définition n’est pas<br />
pleinement satisfaisante car elle propose un niveau d’équilibre <strong>de</strong><br />
"long terme" et ne permet pas <strong>de</strong> relier le taux <strong>de</strong> change réel à la<br />
situation extérieure du pays. Une littérature relativement abondante a<br />
mis en exergue l’importance du taux <strong>de</strong> change pour <strong>de</strong>s pays en<br />
transition comme les pays <strong>Sud</strong> Méditerranéens en tant qu’instrument<br />
<strong>de</strong> régulation et <strong>de</strong>vant la nécessité <strong>de</strong> mettre en œuvre une politique<br />
<strong>de</strong> change capable d’atténuer, voire d’éliminer, les répercussions<br />
défavorables <strong>de</strong>s mésalignements <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> change. D’autant que<br />
l’expérience passée a montré qu’un taux <strong>de</strong> change durablement<br />
inadéquat peut être à l’origine <strong>de</strong> retombées négatives sur les<br />
performances et est, généralement, révélateur <strong>de</strong> dysfonctionnements<br />
structurels. En effet, <strong>de</strong> nombreuses difficultés rencontrées par<br />
certains pays durant les années 80 ont été, très souvent, attribuées à<br />
<strong>de</strong>s politiques <strong>de</strong> change inappropriées. A titre illustratif, certains<br />
auteurs, n’hésitent pas à considérer que l’effondrement du secteur<br />
agricole, la stagnation économique et le suren<strong>de</strong>ttement d’un certain<br />
nombre <strong>de</strong> pays, notamment <strong>de</strong>s pays <strong>Sud</strong> Méditerranéens, sont<br />
directement liés au maintien, pendant une longue pério<strong>de</strong>, d’un taux<br />
<strong>de</strong> change surévalué (Aglietta, Baulant et Cou<strong>de</strong>rt, 1999).<br />
<strong>Les</strong> tenants d’une telle approche considèrent que :<br />
les surévaluations, surtout quand elles persistent dans le temps,<br />
sont, généralement, <strong>de</strong>s signes annonciateurs <strong>de</strong> profon<strong>de</strong>s<br />
crises, comme ce fut le cas pour le Mexique en 1994 ou, plus<br />
récemment, pour le <strong>Sud</strong>-est asiatique;
les écarts du taux <strong>de</strong> change réel par rapport à sa trajectoire<br />
d’équilibre, sont, souvent, associés à <strong>de</strong> faibles taux <strong>de</strong><br />
croissance économique sur le moyen et long terme.<br />
Le Partenariat Euro-méditerranéen entre l’Union Européenne et<br />
les pays méditerranéens a été lancé à Barcelone en 1995 afin <strong>de</strong> faire<br />
du bassin méditerranéen une zone <strong>de</strong> dialogue, d’échanges et <strong>de</strong><br />
coopération. Cependant, sous l’effet <strong>de</strong> ce partenariat et <strong>de</strong> l’objectif<br />
ambitieux d’instaurer une zone <strong>de</strong> libre-échange euro-méditerranéenne<br />
d’ici à 2010, <strong>de</strong>s processus <strong>de</strong> libéralisation se sont mis en place<br />
avec, comme caractéristiques communes, une plus gran<strong>de</strong> ouverture<br />
au commerce international et, sur le plan intérieur, <strong>de</strong>s réformes allant<br />
dans le sens du recul <strong>de</strong> l’Etat dans le fonctionnement <strong>de</strong> l’activité<br />
économique. Ces changements se sont accompagnés d’adaptation<br />
progressive <strong>de</strong>s politiques budgétaires et monétaires pendant les<br />
<strong>de</strong>rnières décennies.<br />
L’enjeu était alors clair, il s’agissait <strong>de</strong> permettre aux pays<br />
méditerranéens <strong>de</strong> pénétrer dans les étapes <strong>de</strong> la transition<br />
économique qui suivent l’étape <strong>de</strong> la stabilisation et <strong>de</strong> la bonne<br />
gestion macroéconomique, à savoir la libéralisation <strong>de</strong> leurs régimes<br />
<strong>de</strong> commerce et <strong>de</strong> leurs systèmes financiers, ainsi que l’adoption<br />
d’instruments <strong>de</strong> politique monétaire fondés sur les mécanismes du<br />
marché. A la lumière <strong>de</strong> ces changements, les pays méditerranéens<br />
ont envisagé d’assouplir leurs régimes <strong>de</strong> change afin <strong>de</strong> faire face aux<br />
chocs extérieurs, <strong>de</strong> réduire le risque <strong>de</strong> crises bancaires et <strong>de</strong><br />
contribuer à la stabilité financière.<br />
<strong>Les</strong> étu<strong>de</strong>s concernant la question <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> change réels<br />
d’équilibre <strong>de</strong>s pays méditerranéens ne sont pas nombreuses.<br />
L’objectif poursuivi dans cet article est <strong>de</strong> déterminer le taux <strong>de</strong><br />
change d’équilibre – c’est-à-dire compatible avec les équilibres<br />
interne et externe - <strong>de</strong>s pays <strong>Sud</strong> méditerranéens. Plus<br />
particulièrement, il s’agit <strong>de</strong> savoir si les taux <strong>de</strong> change <strong>de</strong> ces pays<br />
convergent ou non vers leur valeur d’équilibre afin d’évaluer<br />
l’ampleur <strong>de</strong>s déséquilibres qui affectent ces pays. <strong>Les</strong> calculs<br />
s’appuient au niveau théorique sur l’approche comportementale du
taux <strong>de</strong> change d’équilibre (approche BEER). Nous estim ons une<br />
équation réduite du taux <strong>de</strong> change effectif réel où ce <strong>de</strong>rnier est<br />
expliqué par un certain nombre <strong>de</strong> fondamentaux économiques. Au<br />
niveau économétrique l’analyse repose sur les développements récents<br />
en économétrie <strong>de</strong> données <strong>de</strong> panel non stationnaires: tests <strong>de</strong> racine<br />
unitaire et <strong>de</strong> cointégration en panel. En nous basant sur les vecteurs<br />
<strong>de</strong> cointégration issue <strong>de</strong> la métho<strong>de</strong> Fully Modified OLS, nous<br />
calculons les taux <strong>de</strong> change d'équilibre afin d’en déduire leur <strong>de</strong>gré<br />
<strong>de</strong> sur ou <strong>de</strong> sous-évaluation.<br />
La suite <strong>de</strong> cet article est organisée <strong>de</strong> la manière suivante. Une<br />
première section décrit le cadre théorique <strong>de</strong> l’approche<br />
comportementale du taux <strong>de</strong> change d’équilibre. La secon<strong>de</strong> section<br />
présente notre démarche économétrique et les résultats auxquels nous<br />
aboutissons. La <strong>de</strong>rnière section présente nos principales conclusions.
1. Le cadre théorique : l’approche BEER :<br />
Dans le cadre <strong>de</strong>s pays émergents, les étu<strong>de</strong>s empiriques<br />
s’appuient généralement sur l’approche BEER (Behavioural<br />
Equilibrium Exchange Rate). Elles reposent sur l’estimation d’une<br />
équation réduite où le taux <strong>de</strong> change réel est régressé sur un certain<br />
nombre <strong>de</strong> fondamentaux censés affecter les équilibres interne et<br />
externe. Cette méthodologie permet <strong>de</strong> dépasser la disponibilité<br />
limitée <strong>de</strong>s séries <strong>de</strong> volume <strong>de</strong> commerce dans les économies<br />
émergentes, qui contraint l’utilisation <strong>de</strong> la méthodologie <strong>de</strong><br />
Williamson ou <strong>de</strong> tout autre modèle structurel.<br />
1-1- Le modèle <strong>de</strong> base :<br />
Clark et MacDonald (199 9) proposent une modélisation<br />
générale <strong>de</strong> l’approche BEER. Elle consiste à retenir un ensemble <strong>de</strong><br />
variables fondamentales pouvant influencer le taux <strong>de</strong> change réel <strong>de</strong><br />
long terme (terme <strong>de</strong> l’échange, productivité du travail, prix du<br />
pétrole, stock d’actifs étrangers nets, taux <strong>de</strong> chômage…) puis <strong>de</strong><br />
chercher <strong>de</strong>s relations <strong>de</strong> cointégration entre le taux <strong>de</strong> change qt<br />
et<br />
ces variables.<br />
Le modèle BEER se décline alors <strong>de</strong> la façon suivante : Clark et<br />
MacDonald (1999) p artent <strong>de</strong> la condition <strong>de</strong> la parité <strong>de</strong>s taux<br />
d’intérêt pour modéliser le taux <strong>de</strong> change d'équilibre. :<br />
e<br />
e<br />
* e<br />
e<br />
q<br />
t k<br />
r<br />
t , t k<br />
r<br />
t , t k<br />
<br />
t (1) Où q est la variation<br />
anticipée en t+k du taux <strong>de</strong> change réel.<br />
r<br />
* e<br />
*<br />
* e<br />
t , t k<br />
t<br />
t k<br />
r<br />
t k<br />
<br />
i<br />
p<br />
e<br />
e<br />
t , t k t<br />
t k et<br />
i p représentent respectivement les taux<br />
d'intérêt réels domestique et étranger. <br />
t<br />
représente une mesure <strong>de</strong> la<br />
prime du risque. L’équation (1) peut se réécrire :<br />
q<br />
e<br />
t t k<br />
e<br />
e<br />
* e<br />
q<br />
t<br />
q<br />
t , t k<br />
( r<br />
t , t k<br />
r<br />
t , t k<br />
) <br />
t (2), Si , est interprété<br />
comme une composante du taux <strong>de</strong> change réel espéré dans le "long<br />
terme", on peut le remplacer par<br />
e<br />
x<br />
e<br />
t t k<br />
, dans l’équation<br />
e e<br />
(2) : qt<br />
x t , t *<br />
k ( rt<br />
t k<br />
r )<br />
, t , t k<br />
<br />
t<br />
(3)
En supposant <strong>de</strong>s anticipations rationnelles parfaites, l’équation (3)<br />
peut être récrite <strong>de</strong> la manière suivante :<br />
q<br />
t<br />
*<br />
x ( r r )<br />
(4)<br />
t<br />
t<br />
t<br />
Le taux <strong>de</strong> change réel peut être écrit comme étant fonction <strong>de</strong><br />
fondamentaux (<strong>de</strong> long et moyen termes) (x) et <strong>de</strong> variables à court<br />
terme (z): q q x , z )<br />
(5)<br />
t<br />
t<br />
(<br />
t<br />
t<br />
L'estimation du BEER repose sur quatre étapes (Balazs, Laszlo<br />
et Mac Donald 2005):<br />
1. Estimer tout d’abord la relation entre le taux <strong>de</strong> change réel, les<br />
fondamentaux et les variables à court terme.<br />
2. Calculer le mésalignement courant en supposant que les variables à<br />
court terme sont nulles et que les valeurs <strong>de</strong>s fondamentaux<br />
correspon<strong>de</strong>nt aux valeurs observées. Le mésalignement réel<br />
correspond alors à la différence entre la valeur effective du taux <strong>de</strong><br />
change réel et sa valeur d’équilibre.<br />
3. I<strong>de</strong>ntifier la valeur d’équilibre <strong>de</strong> long terme <strong>de</strong>s fondamentaux.<br />
Celle-ci est généralement obtenue en décomposant la série en<br />
composantes permanente et transitoire (par exemple, en utilisant un<br />
filtre HP ou une décomposition Beveridge-Nelson).<br />
4. Calculer le mésalignement total, en supposant que les variables à<br />
court terme sont nulles et que les valeurs <strong>de</strong>s fondamentaux ont atteint<br />
leur niveau d’équilibre <strong>de</strong> long terme. Le mésalignement total<br />
correspond à la différence entre la valeur effective du taux <strong>de</strong> change<br />
réel et sa valeur d’équilibre <strong>de</strong> long terme.<br />
A partir du cadre méthodologique général développé par Clark<br />
et MacDonald nous estimons dans la suite les taux <strong>de</strong> change<br />
d’équilibre <strong>de</strong>s pays <strong>Sud</strong> Méditerranéens.
2-Estimation <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> change d’équilibre <strong>de</strong>s pays<br />
<strong>Sud</strong> Méditerranées :<br />
Dans cette section nous estimons, sur la pério<strong>de</strong> allant <strong>de</strong> 1980 à<br />
2008, les taux <strong>de</strong> change réels d’équilibre <strong>de</strong>s 11 pays <strong>Sud</strong><br />
Méditerranéens suivants : Tunisie, Maroc, Algérie, Lybie, Egypte,<br />
Jordanie, Syrie, Israël, Chypre, Turquie et Malte. L’estimation repose<br />
sur le cadre théorique du taux <strong>de</strong> change d’équilibre tel qu’il est<br />
développé par Clark et MacDonald (1999). Ce cadre théorique nous<br />
permet <strong>de</strong> déterminer le taux <strong>de</strong> change d’équilibre <strong>de</strong> long terme<br />
comme une fonction <strong>de</strong> variables réelles (les fondamentaux) et<br />
d’étudier l’influence qu’ont les politiques macroéconomiques sur le<br />
taux <strong>de</strong> change réel.<br />
Nous expliquons tout d’abord le cadre méthodologique et<br />
ensuite la démarche économétrique que nous retenons. Enfin, nous<br />
exposons les résultats <strong>de</strong>s estimations ainsi que les principales<br />
conclusions qui peuvent en être tirées.<br />
2.1. Le cadre méthodologique :<br />
2-1-1- L’équation réduite du taux <strong>de</strong> change réel :<br />
La forme <strong>de</strong> l’équation réduite que nous cherchons à estimer est<br />
la suivante :<br />
Toutes les variables sont exprimées en logarithme, excepté nfa.<br />
Avec : rer it est le taux <strong>de</strong> change effectif réel <strong>de</strong> la monnaie nationale<br />
dans le pays i pour l'année t. (Y T ) i,t : mesure l’effet Balassa Samuelson<br />
selon lequel les pays à forte croissance ten<strong>de</strong>nt à se caractériser par<br />
une appréciation <strong>de</strong> leurs rer it (effet Balassa Samuelson). Open it<br />
représente le <strong>de</strong>gré d’ouverture, mesuré par la part du volume <strong>de</strong>s<br />
exportations et <strong>de</strong>s importations dans le PIB du pays i pour l'année t. Il<br />
reflète l'impact <strong>de</strong> la politique commerciale. L’indicateur d’ouverture<br />
capte l’effet <strong>de</strong>s politiques du commerce extérieur sur le rer it . P x t :<br />
termes <strong>de</strong> l’échange définis comme le rapport <strong>de</strong>s prix <strong>de</strong>s<br />
exportations sur les prix <strong>de</strong>s importations. L’effet global <strong>de</strong> cette<br />
(6)
variable est cependant ambigu, dans la mesure où le prix <strong>de</strong>s<br />
échangeables est une moyenne pondérée <strong>de</strong>s prix <strong>de</strong>s exportables et<br />
<strong>de</strong>s importables. Gov it représente les dépenses publiques ou la <strong>de</strong>tte<br />
extérieure sur le montant <strong>de</strong>s exportations. Si l’on suppose que<br />
l’essentiel <strong>de</strong> la dépense publique se porte sur les biens nonéchangeables,<br />
une hausse <strong>de</strong> la consommation publique élève la<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> non-échangeables, et donc leur prix, ce qui provoque une<br />
appréciation du taux <strong>de</strong> change réel d’équilibre. Nfa it : la position<br />
extérieure nette en % <strong>de</strong> PIB. Un pays avec <strong>de</strong>s avoirs nets extérieurs<br />
exporte <strong>de</strong>s capitaux et bénéficie <strong>de</strong>s revenus du capital. Une position<br />
extérieure nette excé<strong>de</strong>ntaire s’accompagne généralement d’une<br />
appréciation du taux <strong>de</strong> change réel d’équilibre dans la mesure où<br />
cette position créditrice autorise <strong>de</strong>s déficits courants.<br />
2-1-2- <strong>Les</strong> données :<br />
<strong>Les</strong> séries <strong>de</strong> taux <strong>de</strong> change effectifs réels (REER) sont<br />
extraites <strong>de</strong>s Statistiques financières internationales (IFS) du F onds<br />
Monétaire International (FMI), excepté pour l’Egypte, la Jordanie, la<br />
Libye, la Syrie et la Turquie où les valeurs ont été calculées par<br />
l’auteur. Ce taux <strong>de</strong> change effectif réel est calculé à partir <strong>de</strong> l’indice<br />
<strong>de</strong>s prix à la consommation et est défini comme l’indice <strong>de</strong>s prix<br />
domestiques rapporté à une moyenne pondérée <strong>de</strong> l’indice <strong>de</strong>s prix <strong>de</strong>s<br />
pays partenaires. Une hausse du taux <strong>de</strong> change effectif réel<br />
correspond donc à une appréciation réelle <strong>de</strong> la monnaie domestique.<br />
L’Effet Balassa est mesuré par le rapport entre le PIB PPA par<br />
habitant du pays et la moyenne pondérée du PIB PPA par habitant <strong>de</strong>s<br />
pays partenaires. <strong>Les</strong> pondérations appliquées pour le calcul du PIB<br />
PPA sont définies comme suit : où représente la part<br />
du PIB du pays i dans le PIB <strong>de</strong>s pays partenaires (k= 1….n). <strong>Les</strong> PIB<br />
PPA sont issus <strong>de</strong> la base <strong>de</strong> données World Economic Outlook<br />
(WEO) du FMI.<br />
<strong>Les</strong> termes <strong>de</strong> l’échange sont calculés comme le rapport <strong>de</strong> la<br />
moyenne pondérée <strong>de</strong>s prix <strong>de</strong>s cinq premiers produits exportés par le<br />
pays, rapportée à l’indice <strong>de</strong>s prix à l’exportation <strong>de</strong>s produits
manufacturés <strong>de</strong>s pays industrialisés (MUV) :<br />
où : represente la part <strong>de</strong>s exportations du produit k dans les<br />
exportations <strong>de</strong>s cinq premiers produits exportés par la pays i, est<br />
le prix du produit k sur le marché mondial, obtenu à partir <strong>de</strong> la base<br />
IFS,<br />
est l’indice <strong>de</strong>s prix <strong>de</strong>s exportations <strong>de</strong> biens<br />
manufacturés <strong>de</strong>s pays industrialisés, disponible dans la base WEO.<br />
<strong>Les</strong> valeurs <strong>de</strong> dépenses publiques ont été obtenues à partir <strong>de</strong>s<br />
Statistiques financière internationale (IFS) du FMI.<br />
<strong>Les</strong> données concernant la position extérieure nette (NFA) sont<br />
extraites <strong>de</strong> la base <strong>de</strong> données <strong>de</strong> Philip R. Lane et Gian Maria<br />
Milesi-Ferretti (2006). Nous avons actualisé les données après 2004<br />
en suivant la métho<strong>de</strong> utilisée par Cou<strong>de</strong>rt, Couhar<strong>de</strong> et Mignon<br />
(2009) qui consiste à ajouter à la position extérieure nette les sol<strong>de</strong>s<br />
courants en dollars.<br />
2-2-Estimation <strong>de</strong> la forme réduite du modèle<br />
Pour estimer l’équation réduite du taux <strong>de</strong> change effectif réel,<br />
nous recourons à l’économétrie <strong>de</strong> données <strong>de</strong> panel non stationnaires<br />
pour estimer l’équation réduite. L’intérêt <strong>de</strong> cette métho<strong>de</strong> consiste à<br />
augmenter la puissance <strong>de</strong>s tests <strong>de</strong> racine unitaire et <strong>de</strong> cointegration.<br />
Nous commençons par tester l’ordre d’intégration <strong>de</strong>s séries<br />
avant <strong>de</strong> tester l’existence ou non d’une relation <strong>de</strong> coïntégration entre<br />
le taux <strong>de</strong> change réel et les fondamentaux et d’estimer la forme<br />
réduite <strong>de</strong> notre modèle théorique (équation (6)).<br />
2-2-1- Tests <strong>de</strong> racine unitaire<br />
<strong>Les</strong> tableaux 1et 2 donnent respectivement les résultats <strong>de</strong>s tests<br />
<strong>de</strong> racine unitaire selon Levin, Lin & Chu, Breitung (2000), IPS<br />
(2003), Philip Perron et Hadri (2000).<br />
<strong>Les</strong> tests <strong>de</strong> Levin, Lin & Chu, Breitung et <strong>de</strong> Hadri sont basés<br />
sur un processus commun <strong>de</strong> racine unitaire. <strong>Les</strong> <strong>de</strong>ux premiers tests<br />
(Levin, Lin & Chu et Breitung) se fon<strong>de</strong>nt sur l’hypothèse nulle <strong>de</strong><br />
racine unitaire, alors que le test <strong>de</strong> Hadri se fon<strong>de</strong> sur l’hypothèse
nulle d’absence <strong>de</strong> racine unitaire. L'hypothèse selon laquelle les<br />
paramètres autorégressifs sont communs aux individus sous<br />
l'hypothèse alternative constitue une hypothèse plutôt restrictive sur la<br />
dynamique <strong>de</strong> la variable. Pour cette raison, nous considérons<br />
également <strong>de</strong>ux autres tests. Le test IPS (Im, Pesaran et Shin, 2003)<br />
tient compte <strong>de</strong> l'hétérogénéité du coefficient autorégressif sous<br />
l'hypothèse alternative. Ainsi, sous l'hypothèse alternative, certaines<br />
variables sont non stationnaires alors que d’autres peuvent être<br />
stationnaires. Comme le test d’IPS, les tests <strong>de</strong> Philip Perron sont<br />
fondés sur l'hypothèse selon laquelle le coefficient autorégressif n’est<br />
pas le même entre les individus.<br />
Tous les tests indiquent que les séries utilisées sont non<br />
stationnaires en niveau et stationnaires en différences premières<br />
(tableaux 1 et 2). <strong>Les</strong> variables étant donc toutes intégrées d’ordre un<br />
I(1), leur combinaison linéaire doit donc suivre un processus<br />
stationnaire I(0).<br />
Tableau 1 : Tests <strong>de</strong> Racine Unitaire en Panel: En Niveau<br />
Null: NO Unit<br />
Null: Unit root (assumes individual unit root process) 2<br />
root 3<br />
Levin, Lin &<br />
Chu Breitung IPS Philip Perron Hadri<br />
AT * ST AT ST AT ST AT ST AT ST<br />
RER 0.0517 0.1591 0.8310 0.7658 0.3719 0.0002 0.0682 0.0006 0.0000 0.0000<br />
GOV 0.0004 0.0003 0.1173 0.0205 0.0001 0.0016 0.0000 0.0001 0.0000 0.0000<br />
NFA 0.7681 0.8405 0.4587 0.8809 0.1680 0.9251 0.3390 0.5342 0.0000 0.0000<br />
OPEN 0.9979 0.9998 1.0000 0.3070 0.6388 0.9997 0.0276 0.4615 0.0000 0.0000<br />
P 0.9044 0.0000 0.9427 0.0035 0.0000 0.0001 0.0000 0.0070 0.0000 0.0000<br />
Y 1.0000 1 .0000 1.0000 0.0000 1.0000 1.0000 1.0000 0.0000 0.0000 0.0000<br />
2 Si les valeurs (P -value) sont supérieures à 0 on accepte l’hypothèse <strong>de</strong> non<br />
stationnarité <strong>de</strong>s variables.<br />
3 Si les valeurs (P-value) sont supérieures à 0 on accepte l’hypothèse <strong>de</strong> stationnarité<br />
<strong>de</strong>s variables.<br />
* AT : avec trend, ST : sans trend
Tableau 2 : Tests <strong>de</strong> Racine Unitaire en Panel: En Différence Première<br />
Null: NO Unit<br />
Null: Unit root (assumes individual unit root process)<br />
root<br />
Levin, Lin &<br />
Chu Breitung IPS Philip Perron Hadri<br />
AT ST AT ST AT ST AT ST AT ST<br />
RER 0.0000 0.0000 0.0000 0.0000 0.0000 0.0000 0.0000 0.0000 1.0000 1.0000<br />
GOV 0.0000 0.0000 0.0000 0.0000 0.0000 0.0000 0.0000 0.0000 1.0000 1.0000<br />
NFA 0.0000 0.0000 0.0000 0.0000 0.0000 0.0000 0.0000 0.0000 1.0000 1.0000<br />
OPEN 0.0000 0.0000 0.0000 0.0000 0.0000 0.0000 0.0000 0.0000 1.0000 1.0000<br />
P 0.0000 0.0000 0.0000 0.0000 0.0000 0.0000 0.0000 0.0000 1.0000 1.0000<br />
Y 0.0006 0.0000 0.0000 0.0000 0.0000 0.0000 0.0000 0.0000 1.0000 1.0000<br />
2-2-2- Test <strong>de</strong> cointégration<br />
<strong>Les</strong> tests <strong>de</strong> racine unitaire en panel ont été étendus à l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />
tests <strong>de</strong> cointégration en panel. Pedroni (1996) a développé plusieurs<br />
stratégies <strong>de</strong> tests, ainsi que Kao (1999), Kao & Chiang (1999), Mc<br />
Coskey & Kao (1998). Ces tests <strong>de</strong> cointégration en panel sont fondés<br />
sur les tests <strong>de</strong> racine unitaire <strong>de</strong>s résidus <strong>de</strong> Banerejee (1999). Nous<br />
introduisons ici les tests <strong>de</strong> Pedroni (1999) qui peuvent s’appliquer à<br />
un modèle caractérisé par <strong>de</strong>s régresseurs multiples.<br />
Pedroni (1999, 2003) propose une extension au cas où les<br />
relations <strong>de</strong> cointegration comprennent plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux variables. <strong>Les</strong><br />
tests <strong>de</strong> Pedroni prennent en compte l’hétérogénéité par le biais <strong>de</strong><br />
paramètres qui peuvent différer entre les individus. Une telle<br />
hétérogénéité peut se situer à la fois au niveau <strong>de</strong>s relations <strong>de</strong><br />
cointégration et au niveau <strong>de</strong> la dynamique <strong>de</strong> court terme. Ainsi sous<br />
l’hypothèse alternative, il existe une relation <strong>de</strong> cointégration pour<br />
chaque individu du panel. La prise en compte d’une telle<br />
hétérogénéité constitue un avantage puisqu’en pratique, il est rare que<br />
les vecteurs <strong>de</strong> coïntégration soient i<strong>de</strong>ntiques d’un individu à l’autre<br />
du panel.<br />
<strong>Les</strong> résultats reportés dans le tableau 3 confirment l’existence<br />
d’une relation <strong>de</strong> cointégration entre le taux <strong>de</strong> change réel d’équilibre<br />
et les variables fondamentales. Toutes les statistiques à l’exception <strong>de</strong><br />
la statistique panel ν (-0.57810) rejettent l’hypothèse nulle d’absence<br />
<strong>de</strong> cointegration.
Tableau 3 : <strong>Les</strong> tests <strong>de</strong> cointégration <strong>de</strong> Pedroni 4 (1999)<br />
panel v-stat -0.57810<br />
panel rho-stat -3.20119<br />
panel pp-stat -15.01846<br />
panel adf-stat -11.40004<br />
group rho-stat -2.14161<br />
group pp-stat -17.19222<br />
group adf-stat -12.59969<br />
2-2-3- Estimation <strong>de</strong>s vecteurs <strong>de</strong> cointégration :<br />
<strong>Les</strong> métho<strong>de</strong>s développées par Pedroni (1999) permettent<br />
seulement <strong>de</strong> tester l’existence d’une relation <strong>de</strong> cointegration entre le<br />
taux <strong>de</strong> change réel et les fondamentaux, mais elles ne permettent pas<br />
d’estimer un vecteur <strong>de</strong> cointégration. Si ces tests indiquent que les<br />
variables sont cointégrées, dans ce cas il est possible d’utiliser<br />
plusieurs métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> cointégration telles que la métho<strong>de</strong> Pooled<br />
Mean Group (PMG) développé e par Pesaran & alii (1999 ) et<br />
l’estimateur du Fully Modified (FMOLS) développé par Pédroni<br />
(1996, 1999).<br />
La métho<strong>de</strong> FMOLS permet <strong>de</strong> tenir compte <strong>de</strong>s problèmes<br />
d’endogénéité du second ordre <strong>de</strong>s régresseurs (engendrée par la<br />
corrélation entre le résidu <strong>de</strong> cointégration et les innovations <strong>de</strong>s<br />
variables I (1) présentes dans la relation <strong>de</strong> cointégration) et <strong>de</strong>s<br />
propriétés d’autocorrélation et d’hétéroscédasticité <strong>de</strong>s résidus. Elle<br />
présente l’avantage <strong>de</strong> donner <strong>de</strong>s résultats plus robustes que la<br />
métho<strong>de</strong> usuelle <strong>de</strong>s MCO lorsque les échantillons sont <strong>de</strong> petite<br />
taille. En outre, les distributions asymptotiques <strong>de</strong>s estimateurs basés<br />
sur la métho<strong>de</strong> FM-OLS sont non biaisées et ne dépen<strong>de</strong>nt pas <strong>de</strong>s<br />
paramètres <strong>de</strong> nuisance.<br />
Pesaran & alii (1999) considèrent un modèle où les paramètres<br />
<strong>de</strong> long terme sont supposés homogènes et ceux <strong>de</strong> court terme<br />
hétérogènes. Ils proposent le Pooled Mean Group qui est un<br />
estimateur qui permet <strong>de</strong> rendre en compte l’hétéroscédasticité <strong>de</strong>s<br />
résidus. Cette approche, qui est basée sur l'estimation avec maximum<br />
4 Si le statistique panel est supérieur à 1,6445 on accepte l’hypothèse <strong>de</strong><br />
cointégration. Pour toutes les autres statistiques on accepte l’hypothèse <strong>de</strong><br />
cointégration si leurs statistiques est inférieur à 1,6445.
<strong>de</strong> vraisemblance, fournit un cadre normal. La détermination <strong>de</strong><br />
présence d’homogénéité est basée sur le test <strong>de</strong> Hausman.<br />
Le tableau 4 (Voir Annexes) présente les vecteurs <strong>de</strong><br />
coïntégration obtenus à partir <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux métho<strong>de</strong>s PMG et FMOLS.<br />
L’estimation par les <strong>de</strong>ux métho<strong>de</strong>s PMG et FMOLS montre<br />
que les fondamentaux exercent un impact significatif sur le taux <strong>de</strong><br />
change réel. Cependant, la comparaison <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong>s différents<br />
estimateurs montre <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s différences dans la taille <strong>de</strong>s<br />
coefficients. <strong>Les</strong> signes <strong>de</strong>s coefficients montrent qu’une<br />
augmentation <strong>de</strong> Y, P, GOV et NFA provoquent une appréciation du<br />
taux <strong>de</strong> change réel d’équilibre, alors qu’une augmentation du <strong>de</strong>gré<br />
d’ouverture (OPEN) provoque une dépréciation réelle.<br />
Nous utiliserons dans la suite le vecteur <strong>de</strong> cointégration obtenu<br />
à partir <strong>de</strong> l’approche FMOLS pour calculer les taux <strong>de</strong> change<br />
d’équilibre. La décision pour préférer une métho<strong>de</strong> aux autres dépend<br />
crucialement <strong>de</strong> leurs propriétés. En principe, le FMOLS exige peu <strong>de</strong><br />
conditions et tend à être plus robuste. Pedroni (2000) constate que le<br />
FMOLS a les propriétés satisfaisantes même pour <strong>de</strong> petits panels si T<br />
est plus grand que le N. Vu notre échantillon T = 29 et N = 11, les<br />
résultats disponibles suggèrent que l'estimateur mis en commun <strong>de</strong><br />
FMOLS ont les meilleures propriétés.<br />
2-3- <strong>Les</strong> résultats :<br />
Nous calculons les valeurs d'équilibre du taux <strong>de</strong> change <strong>de</strong><br />
chaque pays à partir du vecteur <strong>de</strong> cointégration. <strong>Les</strong> valeurs <strong>de</strong> long<br />
terme <strong>de</strong>s fondamentaux sont calculées en utilisant le filtre <strong>de</strong><br />
Hodrick-Prescott avec un coefficient <strong>de</strong> lissage =25.<br />
<strong>Les</strong> graphiques (voir Annexes) reportent la valeur observée du<br />
taux <strong>de</strong> change effectif réel et sa valeur d’équilibre. Compte tenu <strong>de</strong> la<br />
définition du taux <strong>de</strong> change effectif réel, une valeur observée<br />
supérieure à la valeur d’équilibre traduit une surévaluation réelle.<br />
L'examen <strong>de</strong> l'évolution <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> change effectifs réels <strong>de</strong>s pays<br />
<strong>Sud</strong> Méditerranéens par rapport à leur niveau d’équilibre, au cours <strong>de</strong><br />
la pério<strong>de</strong> 1980-2008, permet <strong>de</strong> distinguer plusieurs tendances<br />
distinctes. Une phase <strong>de</strong> surévaluation au cours <strong>de</strong>s années 80 suivie<br />
d’une phase <strong>de</strong> sous-évaluation au cours <strong>de</strong>s années 90 et 2000
(à l’exception <strong>de</strong> la Turquie). Un tel résultat peut s’expliquer par la<br />
mise en place <strong>de</strong> régimes <strong>de</strong> changes plus flexibles, qui a accompagné<br />
le processus <strong>de</strong> libéralisation financière <strong>de</strong> ces pays. La surévaluation<br />
réelle <strong>de</strong>s années 80 est due principalement à la détérioration du<br />
commerce extérieur et du compte courant suite à une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
récession économique et au déclin <strong>de</strong>s revenus pétroliers dans les<br />
années 80.<br />
Dinar Algérien : La surévaluation du Dinar Algérien (DA) qui<br />
atteint 46% en 1986 est due principalement à la détérioration du<br />
commerce extérieur et du compte courant suite à la chute <strong>de</strong>s prix du<br />
pétrole en 1986. Le déficit budgétaire financé par la création<br />
monétaire a eu comme conséquence <strong>de</strong>s pressions inflationnistes et un<br />
taux <strong>de</strong> change surévalué. Le mésalignement s'est élevé à 38% en<br />
1989 et 27% en 1990 du à un rétablissement provisoire du prix du<br />
pétrole lié à la guerre du Golfe. L'Algérie a adopté un programme <strong>de</strong><br />
libéralisation en 1992-1993, suivi par l’adoption en 1994 d’un<br />
programme d’ajustement structurel proposé par le FMI et la banque<br />
mondiale, ainsi que la signature <strong>de</strong>s accords <strong>de</strong> libre-échange avec<br />
l’Union européenne en 1995. L'amélioration <strong>de</strong>s prix du pétrole en<br />
1996-1997 et 2002-2003 a contribué <strong>de</strong> manière significative à rétablir<br />
les déséquilibres externes. En 2007, le DA était sous-évalué d’environ<br />
16%.<br />
Dirham Marocain : L’économie marocaine se fon<strong>de</strong><br />
essentiellement sur l’agriculture et sur l’exploitation <strong>de</strong> ses ressources<br />
en matières premières, tel que le phosphate. <strong>Les</strong> sécheresses <strong>de</strong>s<br />
années 90 ont ramené la croissance potentielle à un niveau plus faible,<br />
ce qui explique la surévaluation réelle qui traduit une dégradation <strong>de</strong><br />
la balance courante et qui atteint 15% en 1994. Le manque <strong>de</strong><br />
compétitivité <strong>de</strong>s produits marocains aurait dû pousser les autorités à<br />
dévaluer la monnaie <strong>de</strong>puis plusieurs années. Ces <strong>de</strong>rniers ont<br />
préféré concentrer leurs efforts sur la consolidation du système<br />
financier et l’allégement du far<strong>de</strong>au <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte. Il aura fallu attendre<br />
avril 2001 pour que les autorités dévaluent la valeur du dirham <strong>de</strong> 5<br />
%. Elles ont en fait modifié la pondération <strong>de</strong>s différentes <strong>de</strong>vises qui<br />
composent le panier en donnant une plus gran<strong>de</strong> importance à l’euro<br />
au détriment du dollar, suite à l’intégration croissante du Maroc dans
l’union européenne, ce qui a contribué à la sous-évaluation du dirham,<br />
20% en 2005, qui a été accompagnée d’une amélioration du déficit<br />
<strong>de</strong> la balance courante (l’augmentation <strong>de</strong>s transferts <strong>de</strong> l’étranger<br />
et <strong>de</strong>s revenus <strong>de</strong> la privatisation).<br />
Livre égyptienne : D’abord, nous observons qu’elle a été<br />
fortement surévaluée, 29% en 1984, ensuite fortement sous-évaluée,<br />
40% en 1990, jusqu’à la réforme <strong>de</strong> 1991 qui a entraîné une<br />
convergence du taux <strong>de</strong> change réel effectif vers son niveau<br />
d’équilibre. Avec le début du programme <strong>de</strong> la réforme économique<br />
en 1991, le gouvernement égyptien a unifié le système <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong><br />
change et a annoncé l’adoption du régime à flottement administré. En<br />
fait, le taux <strong>de</strong> change a été dévalué en 1991-1992, avec un fort<br />
excé<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la balance courante. A partir <strong>de</strong> 1997, le taux <strong>de</strong> change<br />
égyptien est <strong>de</strong>venu sujet à <strong>de</strong> nombreux chocs externes comme la<br />
crise <strong>de</strong> l’Asie <strong>de</strong> l’Est au milieu <strong>de</strong> l’année 1997 qui a provoqué un<br />
flux <strong>de</strong> capitaux, un ralentissement <strong>de</strong>s investissements du marché<br />
<strong>de</strong>s capitaux. La dévaluation <strong>de</strong>s <strong>de</strong>vises asiatiques a rendu leurs<br />
exportations plus compétitives, ce qui a conduit à une augmentation<br />
<strong>de</strong>s importations égyptiennes à partir <strong>de</strong> ces pays, augmentant ainsi le<br />
déficit commercial. En janvier 2001, le gouvernement a décidé <strong>de</strong><br />
dévaluer la livre égyptienne. Malheureusement, les effets négatifs <strong>de</strong>s<br />
chocs exogènes <strong>de</strong> 1997-1998 ont été aggravés surtout après les<br />
événements du 11 Septembre 2001, avec un déclin supplémentaire<br />
du tourisme et <strong>de</strong>s revenus du canal du Suez. <strong>Les</strong> conséquences<br />
<strong>de</strong>s attaques terroristes <strong>de</strong> New York, la guerre en Afghanistan et la<br />
violence accrue Israélo-palestinienne aux frontières <strong>de</strong> l’Egypte, ont<br />
assombri l’image <strong>de</strong> l’Egypte comme une localisation attractive pour<br />
les investissements étrangers. En même temps, le contrôle <strong>de</strong>s<br />
capitaux imposé par les autorités (en 2003) a encouragé les<br />
opérations du marché noir, ce qui met le taux <strong>de</strong> change sous<br />
pressions. Ainsi, nous observons qu’il y a forte surévaluation, 49% en<br />
2007.<br />
Dinar Tunisien : la pério<strong>de</strong> 1980-1984 a connu une forte<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong> interne et <strong>de</strong>s tensions inflationnistes qui ont contribué à une<br />
réelle surévaluation <strong>de</strong> la <strong>de</strong>vise nationale. Cependant, la récession et
les problèmes <strong>de</strong> la balance <strong>de</strong>s paiements <strong>de</strong> la moitié <strong>de</strong>s années 80<br />
ont exercé une pression significative sur le dinar. Pour répondre à<br />
ceci, <strong>de</strong>s tentatives ont été entreprises en 1985 pour stabiliser le taux<br />
<strong>de</strong> change en changeant la composition du panier <strong>de</strong>s monnaies. Ces<br />
modifications ont été inefficaces, menant par conséquent les autorités,<br />
à l’adoption du programme d’ajustement structurel en 1986 et à une<br />
forte dépréciation nominale du dinar, ce qui explique la sousévaluation<br />
durant la pério<strong>de</strong> 1989-1994. Entre 1994-2000, Il convient,<br />
toutefois, <strong>de</strong> souligner que, bien qu’il y ait sous-évaluation du Dinar<br />
par rapport à son niveau d’équilibre durant cette pério<strong>de</strong>, nous<br />
pouvons constater que le taux <strong>de</strong> change suit la trajectoire du taux <strong>de</strong><br />
change d’équilibre. En effet, à partir <strong>de</strong> 1994 jusqu’en 2000, une<br />
tendance inverse est observée et correspond à une diminution continue<br />
<strong>de</strong> cet écart et donc, à un rapprochement du taux <strong>de</strong> change vers son<br />
niveau d’équilibre annulant ainsi la surévaluation <strong>de</strong>s années passées,<br />
<strong>de</strong> sorte qu’en 2000, le taux <strong>de</strong> change est proche <strong>de</strong> son équilibre.<br />
Une telle tendance traduit en fait la stratégie mise en œuvre ces<br />
<strong>de</strong>rnières années consistant à assurer la stabilisation du taux <strong>de</strong> change<br />
réel du Dinar. Ce qui laisse penser que l’objectif <strong>de</strong> stabilisation du<br />
Dinar est en voie <strong>de</strong> réalisation. La dévaluation du dinar <strong>de</strong> 5% en<br />
2003 afin d’encourager les exportations explique la sous-évaluation du<br />
dinar qui atteint 20% environ en 2007.<br />
La Livre Turque : la surévaluation <strong>de</strong> la Livre turque (LT) est<br />
la plupart du temps due aux déficits <strong>de</strong>s secteurs publics excessifs et<br />
persistants qui produisent <strong>de</strong>s taux d'inflation élevés (50 pour cent en<br />
moyenne au cours <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> 1985-1989). Malgré le déficit <strong>de</strong> sa<br />
balance <strong>de</strong> paiement, la Turquie a commencé à recevoir <strong>de</strong>s entrées <strong>de</strong><br />
capitaux substantielles dans la fin <strong>de</strong>s années quatre-vingt, après sa<br />
forte stratégie tournée vers l'extérieur et la pleine libéralisation du<br />
compte capital. Pour le cas <strong>de</strong> la Turquie nous pouvons conclure que<br />
le taux <strong>de</strong> change est très proche <strong>de</strong> son niveau d’équilibre. Il semble<br />
bien que la stabilisation <strong>de</strong> l’économie turque passe par la stabilisation<br />
<strong>de</strong> sa monnaie sur les marchés internationaux, à la fois pour que les<br />
échanges <strong>de</strong> marchandises (et <strong>de</strong> services) et les mouvements <strong>de</strong><br />
capitaux à l’entrée ou à la sortie s’établissent sur <strong>de</strong>s bases durables.
Shekel Israélien : le commerce extérieur israélien a évolué <strong>de</strong><br />
façon assez sensible <strong>de</strong>puis la décennie 80 ; une réorientation nette <strong>de</strong>s<br />
échanges extérieurs d'Israël s’est manifestée: le pays accroît ses achats<br />
à l'Europe et diminue ceux aux Etats-Unis, mais en revanche il vend<br />
<strong>de</strong> plus en plus aux Etats-Unis et à l'Asie et <strong>de</strong> moins en moins à<br />
l'Europe occi<strong>de</strong>ntale. A partir <strong>de</strong> 1986 et jusqu’en 2001 le taux <strong>de</strong><br />
change réel passe au-<strong>de</strong>ssus du taux <strong>de</strong> change d’équilibre. Ceci<br />
traduit une surévaluation du Shekel par rapport à sa valeur d’équilibre<br />
qui atteint 13% en 1997. Cela est dû à la dégradation <strong>de</strong>s termes <strong>de</strong><br />
l’échange et à l’ouverture <strong>de</strong> l‘économie israélien <strong>de</strong>puis 1986.<br />
Livre Chypriote : la conclusion principale qui peut être tirée est<br />
que le taux <strong>de</strong> change réel a été sous-évalué durant la pério<strong>de</strong> 1980-<br />
1985 (20% en 1984) mais à partir <strong>de</strong> 1986, le taux <strong>de</strong> change réel est<br />
très proche <strong>de</strong> son niveau d’équilibre. La variation <strong>de</strong> mésalignement<br />
en % entre le taux change réel et le taux <strong>de</strong> change d’équilibre est très<br />
petite (<strong>de</strong> -3% à +5,5%) pendant la pério<strong>de</strong> 1986-2007. Cela est dû<br />
généralement au force exercé par les fondamentaux. Ainsi, la baisse<br />
<strong>de</strong>s dépenses publique et du <strong>de</strong>gré d’ouverture était la principale<br />
source pour que le taux <strong>de</strong> change d’équilibre converge vers sa valeur<br />
d’équilibre.<br />
Lire maltaise : la surévaluation <strong>de</strong> la Lire maltaise qui atteint<br />
25% en 1985, résulte <strong>de</strong> la détérioration <strong>de</strong>s termes <strong>de</strong> l'échange dû à<br />
la baisse <strong>de</strong>s prix <strong>de</strong> produits électroniques et au déclin <strong>de</strong>s capitaux<br />
étrangers nets. La pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> 1990 à 2000 montre que le taux<br />
d’équilibre est au-<strong>de</strong>ssus du taux <strong>de</strong> change réel, la Lire maltaise est<br />
sous-évaluée d’environ 6% en 1996. Ce résultat est dû essentiellement<br />
à la dévaluation <strong>de</strong> la Lire maltaise d’environ 10% en 1992 et à la<br />
forte croissance <strong>de</strong>s années 94-96. Malgré l’adhésion <strong>de</strong> Malte à<br />
l'Union européenne, la croissance stagnée <strong>de</strong>puis 2004. Cette lente<br />
croissance a reflété la faiblesse <strong>de</strong>s exportations et la perte <strong>de</strong><br />
compétitivité envers ces partenaires commerciaux, dû à la<br />
surévaluation <strong>de</strong> 10% en 2007.
Le Dinar Jordanien, le Dinar Libyen et la Livre Syrienne:<br />
En analysant l’évolution du taux <strong>de</strong> change réel par rapport à son<br />
niveau d’équilibre <strong>de</strong> la Syrie, <strong>de</strong> la Jordanie et <strong>de</strong> la Lybie, nous<br />
constatons que le taux <strong>de</strong> change réel est en <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> son niveau<br />
d’équilibre à partir <strong>de</strong> 1991. Cela est dû à l’augmentation <strong>de</strong>s revenus<br />
pétroliers. Durant cette pério<strong>de</strong>, l’excé<strong>de</strong>nt commercial était la<br />
principale source pour que ces trois pays augmentent leurs dépenses<br />
publiques. C’est une politique adaptée pour éviter une surévaluation<br />
<strong>de</strong> leurs monnaies. La pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> 1980-1990 a été caractérisée par une<br />
surévaluation remarquable (60% <strong>de</strong> la Lire syrienne, 40% <strong>de</strong> la Livre<br />
libyenne et 50% du dinar jordanien). Cette surévaluation est due<br />
généralement au déclin <strong>de</strong>s revenus pétroliers dans les années 80.
Conclusion :<br />
L’objectif <strong>de</strong> cet article était d’estimer les taux <strong>de</strong> change<br />
d’équilibre <strong>de</strong> 11 pays <strong>Sud</strong> Méditerranéens entre 1980 et 2008. Notre<br />
cadre théorique repose sur l’approche comportementale du taux <strong>de</strong><br />
change d’équilibre (BEER). Nous avons estimé une relation <strong>de</strong> long<br />
terme entre le taux <strong>de</strong> change effectif réel et un certain nombre <strong>de</strong><br />
fondamentaux. L’estimation économétrique repose sur l’économétrie<br />
<strong>de</strong> données <strong>de</strong> panel non stationnaires. Nos résultats indiquent qu'à<br />
moyen et à long terme, le taux <strong>de</strong> change réel dépend du PIB PPA par<br />
tête, <strong>de</strong>s dépenses du gouvernement, <strong>de</strong>s termes <strong>de</strong> l’échange, du<br />
<strong>de</strong>gré d’ouverture et <strong>de</strong> la position extérieure nette. Nous montrons<br />
qu’une augmentation du revenu par habitant, <strong>de</strong>s dépenses du<br />
gouvernement, <strong>de</strong>s termes <strong>de</strong> l’échange et <strong>de</strong> la position extérieure<br />
nette a tendance à apprécier le taux <strong>de</strong> change réel d’équilibre, alors<br />
qu’une augmentation du <strong>de</strong>gré d’ouverture tend à le déprécier.<br />
<strong>Les</strong> pays sud méditerranéens ont connu une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
surévaluation significative <strong>de</strong> leur monnaie au cours <strong>de</strong>s années 80.<br />
Cependant, la surévaluation <strong>de</strong> leur monnaie a diminué à partir <strong>de</strong>s<br />
années 90 (à l’exception <strong>de</strong> la Turquie). Cela est dû à la mise en place<br />
<strong>de</strong> régimes <strong>de</strong> change plus flexibles pour un certain nombre <strong>de</strong> pays et<br />
à une meilleure gestion macroéconomique pour d’autres.
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Pesaran, S et Smith (2003) "Pooled Mean Group Estimation of<br />
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ANNEXES :<br />
Tableau 4 : Estimation <strong>de</strong>s vecteurs <strong>de</strong> cointégration : Graphiques d’évolutions <strong>de</strong> REER et BEER 5 :<br />
_ _ _ : BEER ─── : REER<br />
PMG FMOLS<br />
Variable Coeff T-Stat Coeff T-Stat<br />
Rer t-1 0.89 34.42 ***** *****<br />
Y -0.31 -2.44 -0,49 -6.18<br />
OPEN 0.08 2.25 0,37 -4.17<br />
P -0.02 -1.97 -0,12 -2.99<br />
GOV -0.10 -1.99 -0,17 -2.90<br />
NFA -0.13 2.28 -0,34 -9.94<br />
Graphiques d’évolution <strong>de</strong> REER et<br />
BEER 5 :<br />
REER : <strong>Taux</strong> <strong>de</strong> change effectif réel<br />
BEER : <strong>Taux</strong> <strong>de</strong> change d’équilibre<br />
Si REER >BEER traduit une surévaluation.