Planet R n° 62 - NEOMA Business School
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Dossier<br />
Dossier<br />
Jolie pointure !<br />
Joindre l’utile à… l’accessoire<br />
Président de Sergio Rossi, Christophe Mélard (89), apporte expertise financière et marketing aux chaussures<br />
de luxe. Comme quoi les cordonniers peuvent être les mieux chaussés.<br />
Adorer la mode et y travailler, c’est le rêve. Témoignage d’Émilie Noël (02), acheteuse-chef de produit pour les<br />
accessoires chez Monoprix. Un poste qui lui va comme un gant.<br />
Christophe Mélard (89)<br />
« Mon objectif, c’est de rendre la<br />
marque encore plus désirable !<br />
Il faut s’appuyer sur les racines<br />
de la marque pour lui donner<br />
un élan nouveau. » Celui qui<br />
s’exprime ainsi est forcément<br />
un marketeur, non ? Perdu !<br />
C’est Christophe Mélard (89),<br />
financier hors pair et président de<br />
Sergio Rossi (Gucci Group).<br />
En mai 2009, l’homme est arrivé<br />
à la tête du spécialiste italien de<br />
chaussures de luxe pour femmes<br />
avec une carrière de financier<br />
exemplaire… dans des univers<br />
où la marque est prédominante.<br />
Ainsi il a été DAF de Pernod,<br />
DAF européen de Travel Price,<br />
Vice président de Danone France,<br />
DAF Monde Yves-Saint-Laurent<br />
Beauté, Président de Roger<br />
Gallet… « Dans chaque cas, commente<br />
Christophe, la problématique<br />
est différente mais toujours<br />
centrée sur la création de valeur. »<br />
Un luxe, des flux<br />
Aujourd’hui, le cas des prestigieuses<br />
chaussures Sergio Rossi<br />
a de quoi séduire le spécialiste.<br />
« Cette marque a tout pour elle,<br />
résume Christophe depuis Milan<br />
où il vit en semaine. Elle est<br />
ancrée dans la culture italienne<br />
et sa fabrication est totalement<br />
artisanale pas moins de<br />
160 opérations manuelles !<br />
Elle a un passé prestigieux qui<br />
la rend, encore aujourd’hui,<br />
extrêmement désirable pour des<br />
femmes contemporaines. »<br />
Pour Christophe, il va donc falloir<br />
piloter, avec le directeur artistique,<br />
l’accélération de la croissance et<br />
la visibilité d’une marque<br />
en concurrence avec les spécialistes<br />
britanniques ou français.<br />
La marque, acteur majeur dans<br />
le monde des chaussures de luxe<br />
entend se développer encore<br />
davantage à l’international.<br />
Avec les contraintes ad hoc.<br />
« Le territoire est global mais les<br />
goûts sont locaux », avertit le<br />
diplômé.<br />
Conclusion ? Notre financier,<br />
par ailleurs titulaire d’une licence<br />
d’Histoire de l’art, s’avère donc<br />
aussi un marketeur avisé.<br />
D’où son conseil aux jeunes<br />
financiers : « Plus vous vous extirperez<br />
des chiffres, plus vous réussirez<br />
! » Un genre de botte secrète.<br />
Elle achète par centaines des<br />
sacs à main, des ceintures, des<br />
lunettes de soleil… Émilie Noël<br />
(02) serait-elle une fashionaddict<br />
? Oui, mais surtout une<br />
acheteuse-chef de produit chez<br />
Monoprix. « J’ai toujours voulu<br />
travailler dans la mode ! avoue<br />
celle qui avait pourtant suivi la<br />
dominante Finance de Marché.<br />
Aussi, j’ai fait deux stages en<br />
Achat textiles chez Franck et Fils<br />
et Du Pareil Au Même. » Devant<br />
l’expérience et la motivation,<br />
Monoprix n’hésite donc pas et<br />
en 2002, recrute cet élément<br />
prometteur. Aujourd’hui, les responsabilités<br />
sont bien là et les<br />
chiffres le prouvent. « Pour l’année<br />
2010, résume la chef de<br />
produit, mon budget s’élève à<br />
plus de 34 millions d’euros pour<br />
près de 2 millions d’articles<br />
répartis en 451 références. »<br />
Derrière les chiffres se cache un<br />
métier exigeant fait d’observation<br />
du marché (« Monoprix ne lance<br />
pas les tendances, mais les<br />
suit », précise la chef de<br />
produit), de collaboration avec<br />
le département Textile Femme,<br />
de délais serrés. « Entre choix<br />
des produits avec les stylistes<br />
et production en Asie, nous<br />
travaillons plus d’un an<br />
en amont, détaille<br />
Émilie. Je suis<br />
garante de tout le<br />
process jusque<br />
la livraison ! » Comprendre par<br />
là que la diplômée peut passer<br />
deux heures à choisir entre<br />
trois nuances de bleu pour une<br />
écharpe, qu’elle se rend à<br />
Hong-Kong tous les six mois,<br />
Shanghai ou New-Dehli pour<br />
négocier avec les fournisseurs,<br />
qu’elle veille à la sécurité du<br />
consommateur en exigeant<br />
l’application de la directive<br />
Reach pourtant non<br />
encore obligatoire…<br />
Cela suffit-il pour<br />
lutter contre les<br />
puissants spécialistes,<br />
Zara et<br />
autres H & M,<br />
capables<br />
de<br />
répondre à toute tendance fraîchement<br />
émergée à la vitesse<br />
de l’éclair ? « Nous avons nos<br />
armes, réplique Émilie en<br />
souriant. Par exemple un bureau<br />
de style performant : le style<br />
de Monoprix est réputé.<br />
Nous réservons aussi des<br />
espaces de production,<br />
nous faisons livrer les échantillons<br />
par avion… sauf quand<br />
un nuage volcanique dérange<br />
nos plannings ! »<br />
Si Émilie déclare s’amuser énormément,<br />
elle devient sérieuse<br />
quand elle parle d’avenir.<br />
« Category manager serait<br />
intéressant, suggère-t-elle.<br />
Budget, merchandising, management…<br />
en gardant un pied<br />
dans les achats… » L’affaire sera<br />
vite dans le sac !<br />
Ralph Lauren… Genève… le top du luxe ! Pour Morgane Desogus (07),<br />
spécialiste de la logistique, c’est surtout l’efficacité qui compte.<br />
<strong>62</strong><br />
été 2010<br />
14<br />
Après une majeure Finance-<br />
Contrôle- Pilotage et deux stages<br />
en logistique, Morgane<br />
Desogus (07) n’avait<br />
qu’une idée en tête.<br />
Ou plutôt deux : la gestion<br />
des flux et l’international.<br />
De luxe, de mode,<br />
à l’époque, il n’était<br />
pas question… Alors ?<br />
« J’ai répondu à une<br />
offre d’emploi parue<br />
en Suisse, confirme<br />
cette diplômée originaire<br />
de Haute-<br />
Savoie. Mais je ne<br />
savais pas que<br />
je postulais chez<br />
Ralph Lauren ! »<br />
Morgane Desogus (07)<br />
Morgane entre donc chez ce<br />
grand nom américain comme<br />
« Allocation Associate ». Le terme<br />
mérite quelques précisions.<br />
« Notre service fait le lien entre le<br />
Customer Service et l’entrepôt,<br />
précise la diplômée. Les commandes<br />
vont du polo bien connu<br />
pour femme, homme et enfant,<br />
aux articles de luxe, en passant<br />
par le mobilier de maison et<br />
même les vêtements pour<br />
chiens. » La diplômée est dédiée<br />
à la zone Europe (dont Russie,<br />
Émirats Arabes Unis) mais les<br />
livraisons se font dans plus de<br />
50 pays, à partir d’un entrepôt<br />
basé en Italie. « C’est difficile de<br />
travailler à distance sans voir<br />
le produit, commente Morgane,<br />
mais c’est tellement enrichissant<br />
d’avoir des collègues basés dans<br />
un autre pays ! ». Il lui faut de plus<br />
jongler avec la distribution d’une<br />
dizaine de marques (Polo Jeans,<br />
Ralph Lauren, Collection, Black<br />
Label…) dans des corners, les<br />
ouvertures de magasins à Istanbul,<br />
Dubaï, Qatar ou dernièrement à<br />
Saint-Germain, bref ! hiérarchiser<br />
les priorités en permanence.<br />
« Une livraison standard se fait en<br />
moyenne en neuf jours à réception<br />
de la commande, illustre Morgane,<br />
et nous cherchons souvent à<br />
consolider les commandes avant<br />
de livrer. Pour les marques de luxe,<br />
nous assurons des délais de<br />
livraison beaucoup plus courts. »<br />
Morgane, également en contact<br />
avec le Département Finances<br />
pour tout ce qui concerne la gestion<br />
des paiements, est de plus<br />
devenue incollable en procédures<br />
d’export, de douane et autres<br />
certificats de produits spéciaux.<br />
« Mon poste est polyvalent et c’est<br />
cela que j’apprécie ! » résume celle<br />
qui fait désormais partie des « frontaliers<br />
». Reste que notre jeune<br />
femme aimerait bien parfois voyager<br />
autant que les produits maison.<br />
« Le marché se développe<br />
beaucoup en Asie », confie-t-elle.<br />
Nul doute qu’en cas de départ,<br />
Morgane saura gérer sa logistique<br />
personnelle…<br />
Émilie Noël (02)<br />
<strong>62</strong><br />
été 2010<br />
15