Planet R n° 62 - NEOMA Business School
Planet R n° 62 - NEOMA Business School
Planet R n° 62 - NEOMA Business School
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
Portrait<br />
Portrait<br />
<strong>62</strong><br />
été 2010<br />
10<br />
Estampille 100 % digitale !<br />
Il n’y a pas d’âge pour devenir entrepreneur, mais il y a certainement une étape de la vie où la personne se dit :<br />
« c’est le bon moment, car j’ai réuni le maximum de chances pour me lancer maintenant. ».<br />
Après une vingtaine d’années à parcourir le globe pour le compte de la presse écrite (L’Expansion, Prisma<br />
Presse, Le Monde), Antoine Dubuquoy (86) a vécu cette prise de conscience et explore avec nous les chemins<br />
qui l’ont amené à créer récemment deux activités : ROSE - Return On Social Experiment, une agence conseil<br />
en stratégies communautaires et, en parallèle, une expertise sur les problématiques de personal branding<br />
(gestion d’image personnelle sur internet). Conversation à vocation pédagogique.<br />
Quel a été ton parcours<br />
professionnel et les<br />
compétences acquises<br />
jusqu’à… la chute<br />
de Lehman Brothers<br />
en septembre 2008 ?<br />
Le parcours très classique de<br />
quelqu’un qui entre entre dans<br />
la presse, côté régie publicitaire,<br />
par passion pour le média papier.<br />
Qui en explore toutes les<br />
facettes, dont la plus glamour :<br />
Antoine Dubuquoy (86)<br />
l’international. Qui constate<br />
que l’usage généralisé<br />
d’Internet a profondément<br />
changé les écosystèmes des<br />
médias traditionnels.<br />
J’ai évolué progressivement<br />
vers le numérique, avec l’ouverture<br />
d’un blog, l’utilisation<br />
des réseaux sociaux, et<br />
l’acquisition d’une expérience<br />
en mettant les mains dans<br />
le cambouis.<br />
Jusqu’à la décision de quitter<br />
Le Monde où j’avais passé<br />
neuf ans pour rejoindre<br />
IGA Worldwide, start-up<br />
américaine spécialisée dans<br />
l’intégration de marques au cœur<br />
des jeux vidéos en ligne. J’en ai<br />
ouvert le bureau français en<br />
septembre 2008. Seul. Avec des<br />
relais à Londres et Berlin. Le reste<br />
de l’entreprise étant aux<br />
États-Unis. J’ai rejoint IGA<br />
quasiment le jour de l’effondrement<br />
de Lehman Brothers…<br />
La crise financière qui a suivi a<br />
été fatale à la start-up qui avait<br />
planifié une levée de fonds ! Et a<br />
décidé fin 2009 de se recentrer<br />
sur le marché américain…<br />
Quelles expériences<br />
nouvelles as tu retiré de<br />
l’aventure de l’in-game ?<br />
Je me suis prouvé que j’étais<br />
capable de soutenir le projet,<br />
d’évangéliser un marché avec<br />
passion. À partir du moment où<br />
j’avais une histoire intéressante<br />
à raconter. Je proposais à des<br />
marques réelles une présence<br />
dans des univers virtuels.<br />
Aspect positif de l’aventure :<br />
travailler pour des anglo-saxons,<br />
avec une vraie culture du résultat.<br />
Des chiffres. Une nécessité<br />
de rigueur. Quelque chose de<br />
très structurant, que j’avais peu<br />
connu lors de mes expériences<br />
précédentes.<br />
Pourquoi avoir choisi<br />
de se lancer ensuite<br />
dans le « tout digital »,<br />
aussi bien en direction<br />
des entreprises que<br />
des personnes ?<br />
Par pure passion. Je ne suis<br />
pas né « geek », je le suis<br />
devenu progressivement. Et j’ai<br />
appris en tenant mon blog<br />
(www.dubucsblog.com) à partager<br />
mes découvertes, mes<br />
tests, aussi bien dans le domaine<br />
des nouveaux médias, des<br />
réseaux sociaux que des nouveaux<br />
usages de consommation<br />
de contenus, musicaux ou vidéo.<br />
En tant que blogueur, je suis<br />
devenu petit à petit acteur de ce<br />
monde digital en nouant des<br />
contacts, en rencontrant des<br />
gens très impliqués dans le<br />
monde numérique. Une phase<br />
qui m’a permis de gagner en<br />
expertise et en crédibilité.<br />
J’ai fait mon propre « personal<br />
branding ». Après l’aventure IGA,<br />
je ne me voyais pas revenir en<br />
arrière. Le digital permet de se<br />
projeter dans le futur, d’être en<br />
prise avec un écosystème<br />
en perpétuelle évolution.<br />
Rien n’est jamais 100 % acquis,<br />
les évolutions technologiques<br />
sont constantes.<br />
Quels sont les avantages<br />
de se lancer en association<br />
plutôt que seul ?<br />
C’est plus confortable. À condition<br />
d’être bien accompagné.<br />
Au-delà des questions d’actionnariat,<br />
il est important de s’associer<br />
avec quelqu’un avec qui<br />
vous êtes en phase. Avec qui<br />
vous êtes complémentaire.<br />
être d’accord sur les objectifs,<br />
la stratégie. Partager des<br />
valeurs. Il y a un élément à<br />
prendre en compte : la solitude<br />
du créateur. Se retrouver chez<br />
soi du jour au lendemain, avec<br />
son ordinateur et son téléphone<br />
après avoir passé des années<br />
dans de grosses structures laisse<br />
au départ une impression<br />
étrange. Liberté, certes.<br />
Mais aussi absence de contact<br />
humain de proximité… Mon associée<br />
est quelqu’un que je<br />
connais depuis longtemps. C’est<br />
un élément important. Une question<br />
d’alchimie de personnalités !<br />
En quoi les réseaux<br />
sociaux sont ils en train<br />
de révolutionner nos outils<br />
de communication<br />
traditionnels ?<br />
Le Web 2.0 est le web de la<br />
conversation. Les médias<br />
sociaux sont des outils qui<br />
permettent de faire émerger des<br />
communautés d’individus qui se<br />
rassemblent autour d’une idée,<br />
d’une marque, d’un idéal… et<br />
qui dialoguent. Pour les marques,<br />
essayer d’en tirer le meilleur pour<br />
elles mêmes et pour leurs<br />
consommateurs est devenu un<br />
enjeu majeur. Faire entrer leur<br />
public dans l’élaboration de leurs<br />
produits, faire de leurs fans des<br />
ambassadeurs qui vont véhiculer<br />
la bonne parole… Résoudre<br />
des problèmes grâce à la communauté,<br />
etc. Les marques<br />
réalisent qu’elles ont perdu le<br />
contrôle de l’information les<br />
concernant. Avec ROSE, nous<br />
les aidons à organiser les moyens<br />
de prendre la parole afin, non de<br />
reprendre la main à 100 %, mais<br />
d’être dans une posture de<br />
dialogue constructif avec leurs<br />
consommateurs.<br />
En quoi les réseaux<br />
sociaux répondent ils<br />
toujours aux mêmes<br />
besoins de l’homme :<br />
converser, échanger,<br />
partager, mais aussi faire<br />
plaisir à son égo…<br />
Les réseaux sociaux de type<br />
Facebook, mais aussi LinkedIn<br />
ou Viadeo partent de l’individu.<br />
Qui va les utiliser pour se montrer<br />
sous son meilleur jour et<br />
raconter sa vie personnelle ou<br />
professionnelle, parfois avec<br />
beaucoup de fraîcheur, sans se<br />
soucier des conséquences. Ces<br />
outils permettent non seulement<br />
de créer ou de recréer du lien<br />
social. Ce sont de formidables<br />
accélérateurs de mise en relation.<br />
La conversation vient ensuite.<br />
Utiliser un réseau social<br />
c’est partager, échanger. Donner<br />
pour recevoir. C’est un mélange<br />
de recherche de visibilité personnelle,<br />
d’affirmation de soi et de<br />
recherche de réassurance par la<br />
validation de la communauté.<br />
Quelle est ta vision<br />
du « futur numérique » ?<br />
Ni idyllique, ni catastrophiste !<br />
Le meilleur est encore à venir.<br />
Il faut rester dans le flux, essayer<br />
de rester en prise avec l’évolution<br />
technologique, les nouveaux<br />
usages. Ne pas se placer dans<br />
le déni. Le monde numérique est<br />
plus porteur d’opportunités que<br />
de menaces ! Avec ROSE, nous<br />
proposons aux marques d’avancer<br />
vers le futur, en développant<br />
une approche stratégique de<br />
l’utilisation des ressources du<br />
web conversationnel. Aussi bien<br />
en écoutant ce qui se dit sur<br />
elles, mais aussi en préparant le<br />
terrain pour engager le dialogue<br />
avec leurs consommateurs.<br />
Le futur numérique sera<br />
communautaire !<br />
Quels sont tes projets<br />
à court, moyen et long<br />
terme ?<br />
À court terme, la sortie d’un livre<br />
sur le Personal Branding aux<br />
éditions Lextenso. Un guide.<br />
Et bien sûr le développement<br />
de ROSE. Nous travaillons<br />
déjà avec de belles marques,<br />
comme l’Établissement Français<br />
du Sang.<br />
Glossaire<br />
Communauté : Regroupement d’individus<br />
autour d’un projet, d’une idée, d’un centre<br />
d’intérêt, d’une pratique. L’individu rejoint<br />
volontairement la communauté et en respecte<br />
les règles implicites. La communauté défend<br />
ses membres, les enrichit et s’enrichit de<br />
leurs contributions.<br />
1988 : Groupe Expansion<br />
1992 : Le Nouvel Économiste<br />
1993 : Prisma Presse<br />
1999 : Groupe Le Monde<br />
Quels conseils « on line »<br />
et « off line » peux-tu<br />
donner aux différentes<br />
générations de diplômés,<br />
étudiants et professeurs<br />
qui liront cet article ?<br />
Créer sa propre vitrine sur<br />
Internet est une formidable<br />
opportunité de valorisation<br />
personnelle ! Et permet de gérer<br />
son image (son e-réputation,<br />
comme on dit…).<br />
Et si vous voulez en savoir plus…<br />
Appelez-moi ! Engageons la<br />
conversation !<br />
www.rose-agence.com<br />
Propos recueillis<br />
par Marie-Lise Trochu<br />
Community Management : Animation de communautés<br />
E-reputation : Réputation d’une marque sur Internet.<br />
Elle s’évalue à partir de son empreinte numérique, des traces<br />
laissées par elle, volontairement ou non. Elle peut évoluer à<br />
partir des contributions, contenus produits par elle-même ou<br />
les internautes. Elle est le résultat des conversations tenues à<br />
son propos.<br />
Geek : Terme générique désignant les passionnés de technologie<br />
Personal Branding : Gestion de son image de marque<br />
personnelle sur Internet.<br />
CV<br />
2008 : IGA Worldwide<br />
2009 : ROSE – Return On<br />
Social Experiment<br />
<strong>62</strong><br />
été 2010<br />
11