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Rapport 2015-3

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14 | RAPPORT DU GRIP <strong>2015</strong>/3<br />

récompense de sa « conversion » à l’idéologie séparatiste. Géographiquement, les Maï-<br />

Maï Gédéon contrôlaient de vastes pans du centre-nord de la province, dans et autour<br />

du « triangle de la mort », tandis que la CORAK était active plutôt dans le sud, en<br />

particulier dans le district du Haut-Katanga, à proximité de la frontière zambienne.<br />

Quant aux cibles prioritaires de ces groupes, il semblait s’agir, d’une part des FARDC,<br />

en particulier pour la CORAK qui tentait ainsi de s’emparer d’armes et de munitions,<br />

mais aussi de toutes sortes de représentants de l’autorité, étatique ou traditionnelle :<br />

chefs et juges coutumiers 58 , agents de la sécurité 59 , fonctionnaires 60 . Les soi-disant<br />

« sorciers » étaient également systématiquement massacrés, parfois après avoir été<br />

torturés, par les Maï-Maï se réclamant de Gédéon 61 . Mais la population était également<br />

directement la cible de violentes attaques, notamment pour forcer des adultes à<br />

s’enrôler dans les rangs rebelles ou à leur livrer des enfants destinés à devenir des<br />

combattants 62 .<br />

Malgré cela, combattants de la CORAK et Maï-Maï bénéficiaient d’un certain soutien<br />

parmi la population. Les idéaux sécessionnistes, partagés par une partie de la<br />

population estimant que le Katanga – vache à lait de la RDC – ne profite guère de ses<br />

immenses ressources minières 63 , n’étaient sans doute pas au cœur de ce soutien. Mais<br />

les exactions commises contre des notables semblaient parfois susciter la sympathie de<br />

villageois, car les biens pillés étaient partiellement redistribués aux personnes<br />

épargnées 64 . Avec la frustration engendrée par l’enrichissement d’une petite classe,<br />

souvent corrompue, d’hommes d’affaires et d’agents de l’État et la satisfaction d’être<br />

toujours en vie après le massacre de certains de leurs concitoyens, une partie de la<br />

population aurait pu apprécier le côté « Robin des bois » parfois exprimé par les<br />

insurgés. Mais ce soutien, difficile à estimer, était loin d’être généralisé. Les villages<br />

incendiés, les meurtres et les viols sont réprouvés par la majorité, en particulier, bien<br />

sûr, par leurs nombreuses victimes 65 . Le sort réservé au cadavre de certains seigneurs<br />

locaux, comme Kasompobe, retrouvé mort en septembre 2014 66 , témoigne de la haine<br />

que la population pouvait leur porter.<br />

« Couper le Katanga »<br />

C’est en janvier 2013 que, pour la première fois, des articles de presse ont signalé des<br />

actions armées d’un mouvement nommé Kata Katanga (ou Bakata Katanga), ce qui<br />

signifie donc « couper le Katanga », étant sous-entendu qu’il s’agit de séparer la<br />

province du reste du pays 67 . Ce groupe était alors décrit comme distinct de celui de<br />

Gédéon 68 et ayant pour chef Tanda Imena 69 , connu jusque-là pour être le dirigeant du<br />

CPK, un mouvement comptant de nombreux « Tigres » dans ses rangs et dont des<br />

membres faiblement armés avaient tenté, en 2010, de hisser des drapeaux<br />

sécessionnistes ou de s’emparer l’aéroport à Lubumbashi. Notons cependant que,<br />

apparemment pour la première fois en octobre 2012, dans le village de Mupanga du<br />

territoire de Mitwaba, des combattants Maï-Maï ayant accepté de rencontrer le ministre<br />

provincial de l’Intérieur et des représentants de l’ONU en vue de leur démobilisation,<br />

ont déclaré appartenir aux Kata Katanga dirigés par Ferdinand Kazadi Tanda Imena<br />

et que leur éventuelle reddition devait être discutée avec ce dernier, que la délégation<br />

n’a pas réussi à localiser 70 . Vers la fin du mois suivant, des organisations humanitaires<br />

ont fait état d’une avancée de « Maï-Maï Kata-Katanga » vers Manono-centre, en<br />

provenance du sud-est du territoire 71 .

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