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Rapport 2015-3

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4 | RAPPORT DU GRIP <strong>2015</strong>/3<br />

UNE PROVINCE EN PROIE À DE MULTIPLES CONTRADICTIONS<br />

Davantage que les autres régions du Congo, le Katanga est une terre de contrastes.<br />

Deuxième province de la République démocratique du Congo par sa taille, avec une<br />

superficie de près d’un demi-million de kilomètres carrés (soit environ la taille de<br />

l’Espagne), elle connaît une densité de population relativement faible. Cependant,<br />

le nombre d’habitants dans la province varie énormément suivant les sources, avec des<br />

estimations comprises entre 6 et 13 millions 1 .<br />

La population katangaise représente donc entre 8,5 et 15,5 % de celle de l’ensemble de<br />

la RDC. Pourtant, le Katanga fournirait, selon son gouverneur, Moïse Katumbi, plus<br />

de la moitié du PIB national 2 . Si d’autres sources donnent des estimations nettement<br />

inférieures I , aucune ne met en doute le fait que, grâce à l’apport de son secteur minier,<br />

le Katanga contribue, proportionnellement à sa population, bien plus au PIB national<br />

que les autres provinces de RDC.<br />

Cette disproportion économique fait dire à de nombreux Katangais que leur province<br />

est la « vache à lait » de la République, suscitant depuis plusieurs décennies des<br />

frustrations, des appels à davantage d’autonomie financière, voire à la séparation du<br />

reste du pays. Ces aspirations constituent une tension permanente entre Kinshasa et le<br />

Katanga, s’étant exprimée violemment lors de l’indépendance, et brandies, plus d’un<br />

demi-siècle plus tard, pour justifier l’apparition du phénomène des groupes armés dits<br />

« Kata Katanga ». Cependant, d’autres types de conflits déterminent fortement<br />

l’histoire et la réalité quotidienne de la province.<br />

En effet, une ligne de fracture sépare également le nord du sud du Katanga. La majorité<br />

des ressources minières est concentrée dans la partie méridionale de la province, qui<br />

jouit d’un niveau de vie nettement plus élevé que la partie septentrionale, qui est en<br />

outre la plus affectée par la prolifération de groupes armés. Le découpage en cours du<br />

Katanga – par lequel quatre provinces sont en train d’être créées sur base des cinq<br />

districts actuels – risque d’accentuer ce contraste, les deux « provincettes »<br />

méridionales, Haut-Katanga et Lualaba (cette dernière absorbant le district de Kolwezi)<br />

apparaissant mieux dotés en ressources minérales que celle du Haut-Lomani et,<br />

surtout, celle du Tanganyika. Prévu pour être effectif en juin <strong>2015</strong>, ce découpage réjouit<br />

une partie de la population, qui y voit une source d’emplois dans l’administration.<br />

Cependant, il a attisé les tensions politiques 3 , certains y voyant « la mort de l’identité<br />

katangaise » 4 ou craignant un avenir encore plus sombre pour les deux nouvelles<br />

provinces du nord. Des personnalités plus influentes du Katanga s’y opposent<br />

d’ailleurs ouvertement, comme son gouverneur, le « sudiste » Moïse Katumbi, ou le<br />

« nordiste » Gabriel Kyungu wa Kumwanza, ancien gouverneur, actuel président de<br />

l’assemblée parlementaire provinciale et champion du « fédéralisme » et de l’autonomie<br />

katangaise 5 .<br />

I. Le Katanga aurait contribué en 2010 pour 26 % du PIB congolais, selon Chloé Domergue et Augustin<br />

Mpoyi Mbunga, dans l’étude La Gestion des ressources naturelles pour une croissance durable publiée<br />

par la Banque mondiale.

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