Rapport 2015-3
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GROUPES ARMÉS AU KATANGA : ÉPICENTRE DE MULTIPLES CONFLITS |19<br />
tard que l’on a appris que, outre des amulettes, des organes humains, une dizaine<br />
d’otages, une antenne parabolique, un drapeau indépendantiste katangais, des<br />
« mitraillettes automatiques d’assaut pimpant-neuves », des mortiers, des munitions,<br />
des « obus en grand nombre » et un lance-roquettes, les militaires y ont découvert un<br />
équipement de transmission radio de type militaire émettant sur la fréquence des<br />
FARDC 123 . L’homme était donc renseigné sur les mouvements de l’armée ce qui, non<br />
seulement lui a permis de s’échapper à temps, mais confirme que de hauts responsables<br />
des FARDC alimentaient en équipement militaire les Kata Katanga. L’offensive a<br />
néanmoins représenté un sérieux revers pour le chef du groupe armé et coûté la vie à<br />
un de ses lieutenants, Kafindo, actif dans le territoire de Pweto 124 . Entre septembre et<br />
novembre, des affrontements ou des attaques contre des civils se poursuivaient dans<br />
les territoires de Pweto 125 , Manono 126 et Mitwaba 127 , et même dans celui de Kipushi 128 ,<br />
mais le déplacement de 71 000 Katangais 129 était compensé par une amorce des retours<br />
dans certaines zones reprises par le FARDC, entraînant une légère baisse du nombre<br />
cumulé de déplacés, s’élevant dès lors à 582 000 personnes 130 .<br />
Le déploiement des forces de sécurité à travers le Katanga a également eu comme<br />
conséquences la commission, par des éléments des FARDC ou de la police nationale 131 ,<br />
de nombreuses agressions contre des civils, notamment des viols 132 et des pillages 133 ,<br />
ainsi que diverses exactions contre des prisonniers, comme des exécutions<br />
sommaires 134 , ainsi que du braconnage 135 . Mais cette campagne paraît avoir néanmoins<br />
réduit la puissance de nuisance des Kata Katanga, dont les activités apparaissent en<br />
nette diminution depuis la fin de l’année 2014.<br />
Déclin des Kata Katanga ?<br />
Dans le courant de 2014, quelques chefs locaux se sont rendus aux FARDC, comme<br />
Ousama, Kasendji et Sakata 136 ; d’autres ont été capturés, comme Fidel Ntumbi dans<br />
le territoire de Manono 137 , ou tués, comme Osée dans celui de Moba 138 , Kafindo, un<br />
des « seigneurs » du territoire de Pweto 139 , et surtout Kasompobe, un des principaux<br />
lieutenants de Gédéon, abattu dans le Manono 140 . En outre, en 2012 et 2013,<br />
l’UNICEF et ses partenaires ont réussi à sortir plus de 1 100 enfants-soldats des<br />
groupes armés 141 . Du côté des adultes, plus d’un millier de combattants et au moins<br />
deux de leurs chefs, Albert Kisimba dit « Yorgo » 142 et Totché 143 , tous deux actifs dans<br />
le territoire de Manono, se sont rendus aux FARDC ou à la MONUSCO dans le<br />
courant de 2013. En 2014 et au début <strong>2015</strong>, ils ont été au moins quelques centaines à<br />
suivre le même chemin, souvent sous la promesse qu’ils seraient intégrés dans les<br />
FARDC 144 . Cependant, le trop long séjour dans des centres de transit et la peur d’être<br />
envoyés à l’autre bout du pays, dans la base de Kitona au Bas-Congo, où ils reçoivent<br />
une formation militaire, a poussé une partie de ces ex-combattants à fuir leur<br />
intégration et à regagner leur village ou leur groupe armé 145 . De même, la réintégration<br />
des enfants semble s’effectuer de manière parfois désordonnée, ce qui nuirait à la<br />
scolarisation des jeunes démobilisés 146 .