08 fait mardi 21 février 2012 société • AIT M'GOUN La route vers le grand froid Le froid, la faim et l’exclusion enclavent les habitants du douar Ait M'Goun vivant dans les montagnes du Grand Atlas, à 80 km de Demnate. Retour sur un séjour de trois jours dans cette région où règne cet hiver un froid sibérique. REPORTAGE. Samedi 11 février, il est 7 heures du matin à Demnate où nous patientons devant une station de grands taxis baptisée “transit” par ses habitants. “Il n’y a pas d'autres moyens pour se rendre à Ait M'Goun, il (le douar, ndlr) est enclavé par la neige ces derniers jours. Si vous avez de la chance, un transit devrait arriver dans pas très longtemps de Casablanca, pour aller à Ait M'Goun. Ça reste le seul moyen”, nous prévient le courtier de la station. Dans l’attente du transit, les passagers s'agglutinent, chargés de blé, huile, sucre, thé et autres provisions qui devraient leur permettre de tenir plusieurs jours une fois chez eux. D’autres préfèrent patienter autour d'un feu improvisé. “Ici, ce n’est rien comparé à Ait M'Goun. Il fait tellement froid là-bas que nous restons cloîtrés dans nos maisons, d’autant plus que chaque année des gens meurent à cause des intempéries.” Un habitant d’Ait M'Goun. Il est presque <strong>10</strong> heures, le transit arrive enfin! Si Ali, le chauffeur originaire d'Ait M'Goun, n’a pas vu les membres de sa famille depuis dix jours. “Je ne sais rien sur eux, ils sont entourés par la neige... C’est le cas chaque année, de la neige partout! J’espère qu’ils se portent bien...”. Avant de prendre la route, le chauffeur s’assure que chaque passager s'acquitte des 30 dirhams du transport, et que tout le monde est bien à bord. Racket Très rapidement, après quelque six kilomètres, le “transit” doit s’arrêter: barrage de gendarmerie. Pour passer, le chauffeur doit payer. “Chaque voiture paie <strong>10</strong> ou 20 Dh, en fonction des passagers et des bagages qu’elle transporte, c’est trop tout ça!” Si Ali, chauffeur. Le taxi reprend son chemin. Il doit maintenant parcourir 80 km sur une route étroite et très dangereuse, aux allures de Tizin' Tichka au sud-est de Marrakech. 460 ménages bénéficiaires d'une caravane de solidarité à Midelt SOCIAL. Pas moins de 460 ménages vivant à Tikajouine dans la commune rurale de Sidi Yahia Ou Youssef, province de Midelt, ont bénéficié d'une caravane de solidarité organisée en fin de semaine à l'initiative de l'Espace associatif Al Amal. Cette caravane, initiée en collaboration avec l'Association des éleveurs pour le développement et la protection de l'environnement et de la forêt à Tikajouine, s'inscrit dans le cadre des efforts déployés par la Fon- dation Mohammed V pour la Solidarité, en vue de venir en aide aux populations souffrant des conditions climatiques difficiles dans la province de Midelt, selon les organisateurs. L'aide, qui a profité aux populations des différents douars de la tribu Ait Hnini, consiste en 26 tonnes de denrées alimentaires et des couvertures. Des livres et jouets ont été remis aux enfants de la région qui ont eu également droit à des activi- “Faute de signalisation, avec une largeur ne dépassant pas les trois mètres et des virages très dangereux, la voiture peut sortir de la piste à n’importe quel moment. Et si c'est le cas, personne ne pourra nous retrouver...”, affirme l’un des passagers. Parmi les voyageurs, une jeune femme nommée Atika est professeure dans un lycée de Ait Tamlil, douar riverain de Ait M'Goun, où l'écrasante majorité des élèves est de sexe masculin. En effet, il est rare que les filles atteignent le cycle secondaire. “Les familles, ici, pensent que si une fille continue ses études, elle ne se mariera jamais, alors qu’il n'y a pas nécessairement de rapport entre les deux”. Et d’ajouter, “il reste très difficile de leur ôter ces idées de la tête, c’est vraiment dommage”. Concernant le collège où elle travaille, Atika nous précise: “nous ne disposons ni d’eau ni d’électricité ni d’assainissement… Je n’aurais jamais pensé travailler un jour dans des conditions pareilles… Même les hommes ne peuvent pas supporter des conditions aussi dures”. Ait M'Goun, enfin! Il est 17h30 lorsque nous arrivons enfin à Ait M'Goun. Ici, la température flirte avec les -<strong>10</strong>° C, un froid insupportable. Mohamed Dahbi, l’un des habitants du douar, offre un tés d'animation, chants et spectacles, encadrés par des animateurs de l'Espace associatif Al Amal, basé à Rabat, qui fédère une centaine d'associations de la société civile. Ont été programmés, lors petit gîte aux étrangers et aux touristes. “Ait M'Goun est le douar touristique par excellence. Si l’on entretient le potentiel touristique de la région (les paysages, les gravures rupestres de l’homme primitif…), je suis sûr que cela devrait booster le niveau de vie de ses habitants. Mais nos plus grandes contraintes demeurent la route en mauvais état, le manque d’électricité etc.” Mohamed Dahbi, un habitant. Ait M'Goun... Seul au monde Bien que le douar d’Ait M'Goun rassemble plus de onze grandes familles, qui comptent en moyenne 20 membres chacune, “les responsables négligent la région”, poursuit Mohamed. “Depuis des années, on ne cesse de nous promettre des choses et rien n'est fait”. Quid des aides humanitaires de la Fondation Mohammed VI pour la solidarité, pour ces villages frappés de plein fouet par la vague de froid? A cela, notre interlocuteur répond: “Nous attendons toujours ces aides notamment dans les douars de Ait M'Goun, Toufguine, Taghroun, Ait Alla, Magdaz, Ait Habous, Achbaken… et bien d’autres”. ■ Hicham Ddeau/Noura Mani de cette caravane, des consultations médicales au profit des habitants ainsi qu'une conférence-débat sur le rôle de la société civile en matière de promotion des valeurs de solidarité. ■ aufait/MAP Réagissez sur > courrier@aufaitmaroc.com • www.aufaitmaroc.com Le trafic ferroviaire momentanément perturbé après un accident impliquant un cycliste , Train de l'ONCF. /DR PERTURBATIONS. Le trafic ferroviaire a été momentanément perturbé après qu'un train reliant Settat à Casablanca, a heurté, samedi soir, un homme sur son vélo, traversant imprudemment la voie ferrée à la sortie de la gare de Bouskoura, indique un communiqué de l'Office national des chemins de fer (ONCF). “A la suite de cet accident, un groupe de riverains se sont mis en travers de la voie pour bloquer toutes les circulations, transformant ainsi la situation en un sitin revendicatif ”, ajoute la communiqué. Ê EN BREF ENSEIGNEMENT. Le British Council, le Ministère de l’Education Nationale, l’ISSESCO et La Banque Africaine de Développement, organisent une conférence sur “l’Avenir de l’Enseignement Supérieur dans la région MENA (Moyen Orient et Afrique du Nord)”, le 21 et 22 février à l'hôtel Amphitrite Beach de Mohammedia. Elle vient inaugurer une série de conférences qui contribueront à élaborer la future conception de l’enseignement supérieur dans la région MENA, en rassemblant les experts de la région en la matière. MOHAMMEDIA. La police judiciaire de Mohammedia a récemment démantelé une bande organisée spécialisée dans le vol des fils et câbles électriques en cuivre. Elle sévissait dans la zone industrielle où elle procédait au vol de ce matériau très prisé pour sa valeur numéraire, principalement dans “Malgré l'intervention des autorités locales, le sitin a perduré, causant ainsi la suppression de plusieurs trains, des retards importants et le désagrément des voyageurs dont une grande partie a été prise en charge par des autocars et des taxis pour les acheminer à destination.” ONCF Le trafic a repris normalement dimanche vers 1h30, précise l'ONCF, tout en s'excusant auprès de la clientèle pour les désagréments subis. ■ MAP un établissement public de télécommunications, indique une source policière. Cinq personnes ont été arrêtées, alors que huit autres sont toujours en fuite, précise la même source, qui fait état de l'arrestation de quatre receleurs en possession d'une quarantaine de kilogrammes de fils et câbles en cuivre. ACCIDENT. Deux personnes ont été tuées et autant d'autres blessées dans un accident, survenu samedi, sur la route nationale reliant Errachidia à Bouârfa. Une source sécuritaire de la MAP a indiqué, dimanche, que le chauffeur et un passager ont été tués sur le coup lorsque leur véhicule (4X4) s'est renversé dans un virage près du Oued Belarbi à Aïn Chaîr (78 km au sud de Bouarfa), tandis que les deux autres blessés ont été transportés à l'hôpital provincial de Bouârfa. L'accident serait dû à l'éclatement d'un pneu, selon la même source.
Réagissez sur > courrier@aufaitmaroc.com • www.aufaitmaroc.com société EEN IMAGE , Autour du feu./K.ALOUI Ait M’Goun , Promenade au douar./K ALAOUI , Les femmes vont chercher du bois pour se réchauffer./K.ALAOUI , Les passagers à destination de Ait M’Goun./K.ALAOUI , La température à Ait M’Goun est de -<strong>10</strong>° C. , En piste vers le douar./K.ALAOUI , Des enfants en route vers l’école./K.ALAOUI , L’école de Ait M’Goun au milieu de nulle part./K.ALAOUI fait 09 mardi 21 février 2012 , La recherche du bois pour le chauffage, le quotidien des femmes./K.ALAOUI