chronozones 10/2004 la <strong>musique</strong> <strong>dans</strong> l’empire <strong>romain</strong>41grandissantes suite aux succès des mimeset pantomimes (comédies réalistes-burlesques).A la flûte (tibia), s’ajouta unorchestre de cymbales, lyres, cithares,timbales et trompettes. Les «stars» dela scène étaient considérées comme desvirtuoses. Dans les tavernes et autresendroits populaires, la <strong>musique</strong> avait aussisa place. On y retrouvait des flûtistes, des<strong>dans</strong>euses rythmées par les castagnettes.Horace, <strong>dans</strong> son Epître (Livre I, chapitreFig. 8 Lyre. <strong>La</strong>ndels 1999.MUSIQUE DE DIVERTISSEMENTUn troisième aspect incontournable de lavie quotidienne <strong>romain</strong>e est l’otium. Si la<strong>musique</strong> était présente <strong>dans</strong> les mondesreligieux et militaires, pourquoi ne l’auraitellepas été <strong>dans</strong> toutes les distractions queles Romains aimaient tant? En effet, authéâtre, à l’amphithéâtre ou même chez soi,il était courant de voir se produire musiciens,<strong>dans</strong>eurs et chanteurs, comme en témoigneencore une fois le Satiricon de Pétrone, auchapitre 36: «(...) à ces mots, la <strong>musique</strong>éclata et quatre esclaves s’avancèrent en<strong>dans</strong>ant pour ôter le couvercle de la marmite(…). L’écuyer tranchant s’avança aussitôtet réglant ses gestes sur le rythme de la<strong>musique</strong>, il découpa la viande: on aurait cruun conducteur de char combattant au sonde l’orgue».Certains, comme les empereurs Néronet Caligula, pour ne citer que les plusconnus, prenaient des cours de <strong>musique</strong>et se produisaient en public. Des virtuoses,comme Mésomède à la cour d’Hadrien,furent honorés et fêtés largement suite àd’excellentes représentations publiques. Authéâtre, les musiciens et artistes de scèneacquirent une place et une renomméeXIV, ligne 24 et suivantes) admet mêmeque cela faisait partie des charmes de la viecitadine: «C’est la cellule d’un lupanar, c’estune taverne grasse qui te donnent le regretde la ville, je le vois bien; (…). C’est qu’il n’ya là, <strong>dans</strong> le voisinage, ni cabaret, qui puissete fournir du vin, ni courtisane jouant dela flûte, dont la <strong>musique</strong> te fasse sauter etretomber pesamment sur le sol». Au cirqueou plus couramment <strong>dans</strong> l’amphithéâtre,c’est le son, qualifié de puissant, de l’orguehydraulique qui prédominait. Il résonnait<strong>dans</strong> toute l’arène. L’orgue hydrauliqueétait l’instrument par excellence del’époque impériale. Les Romains l’ontamélioré techniquement et diffusé <strong>dans</strong>les provinces. Les fragments d’un telinstrument ont été retrouvés à Avenchesau XIX e siècle lors des fouilles du Palais deFig. 9 Scène de flagellation et ménade <strong>dans</strong>ant auson des cymbales, frise de la Villa des Mystères dePompéi. Mielsch 2001.Fig. 10 Cithare. <strong>La</strong>ndels 1999.
42histoire <strong>romain</strong>emateriaDerrière-la-Tour, à proximité immédiatedes arènes (!). Ce n’est qu’en 1996 qu’on aréussi à les identifier. Malheureusement, lecontexte de découverte étant peu précis,il est difficile de leur attribuer une dateexacte. On peut toutefois les situer <strong>dans</strong>une fourchette chronologique entre 70et 250 apr. J.-C., période d’occupation dupalais. On connaît aujourd’hui environ50 occurences iconographiques d’orguesprovenant de l’Antiquité gréco-<strong>romain</strong>e.Elles nous donnent une idée de la façond’en jouer (fig. 12).LA MUSIQUE, UN MÉTIER<strong>La</strong> découverte la plus intéressante a étéfaite à Aquincum (Budapest) en 1931, oùon a retrouvé toutes les parties métalliquesconstitutives d’un orgue détruit par le feu, eten particulier des éléments très importantsdes tuyaux. Cet orgue est accompagné d’unedédicace de 228 apr. J.-C. Il a été retrouvé<strong>dans</strong> le local des pompiers. Il devait servirau réveil des troupes. Les orgues étaientMoins cinq ans plus trois mois et deux foissept joursElle se produisait <strong>dans</strong> d’agréables concertsd’orgue hydraulique.Sois heureux toi qui lit ceci; que les dieuxte préservent et d’une voix pieuse, chante:«Adieu, Aelia Sabina»T. Aelius Iustus, organiste salarié de laIIe légion Adiutrix a pris soin de faire[le monument] pour son épouse».On a affaire ici à un couple de musiciens,deux organistes, avec une jeune femmecapable de maîtriser à la fois le chant, lejeu d’un instrument à cordes et celui del’orgue. On connaissait le lien entre l’orgueet les spectacles de l’amphithéâtre, maison ignorait que l’orgue fut un instrumentdestiné vraisemblablement à rythmer lesexercices des soldats. Cette inscriptionnous apprend que l’on pouvait gagner savie en tant que musicien ou musicienne.On connaît d’autres inscriptions (CIL XIII8343-8355 par exemple) nous présentantdes musiciens professionnels. On peutdonc en déduire que ce type de métierétait relativement fréquent pour l’époqueimpériale. Il est toutefois important designaler que les musiciens professionnelssemblent avoir été des esclaves, voire desaffranchis avant tout.En plus de ses nombreux rôles dedivertissement, d’accompagnement, designaux militaires, la <strong>musique</strong> était aussiconsidérée comme un moyen de guérison.Elle avait pour vocation, d’après lesmédecins antiques, de calmer les nerfs etpermettait de mieux se concentrer.Fig. 11 Sistrum. Flutsch et al. 2002.principalement utilisés en plein air, <strong>dans</strong>les arènes, les cirques et les théâtres. Grâceà une inscription d’Aquincum, on apprendaussi qu’ils étaient présents <strong>dans</strong> le mondemilitaire. Il s’agit de l’inscription suivante(CIL III, 10501):«Enfermée sous la pierre, repose un épousedévouée, la chère Sabina,Très instruite <strong>dans</strong> les arts, elle surpassa sonmariSa voix était agréable et son poucesavait faire vibrer les cordes, mais raviebrusquement, elle se tait.Elle a vécu trois fois dix ans, hélas! Malheur!CONCLUSION<strong>La</strong> <strong>musique</strong> occupait une placeprépondérante <strong>dans</strong> la vie quotidienneantique. Tout comme aujourd’hui, elleétait utilisée <strong>dans</strong> des domaines très variésde la vie quotidienne. Toutefois ce thèmereste difficile à traiter. Divers thèmes derecherche peuvent être abordés à l’avenir:la fabrication des instruments, la façon d’enjouer, par exemple. Il est malheureusementassez rare de retrouver des instruments bienconservés lors de fouilles archéologiques. Eneffet, ils étaient le plus souvent fabriqués enmatières périssables, telles que le bois, l’osou la peau.Dès le mois de septembre 2004, uneexposition temporaire sur le thème de