Des comptes à régler - 20minutes.fr

20 ■■■StyleVendredi 5 juillet 2013FASHION WEEK La styliste qui habillait Audrey Tautou à Cannes présente sa collection automne-hiverYiqing Yin, une créatrice très inAnne DemoulinPlus sa cote grimpe, plus sontravail gagne en profondeur. Lacréatrice française d’originechinoise, Yiqing Yin, présentait ce mercredisa collection haute couture automne-hiver2013-2014. Très attendue,elle n’a pas déçue.De belles retombéesTout va vite pour la jeune créatrice. Diplôméedes Arts déco à Paris, lauréatedu prix de l’Andam en 2011, ses créationsdéfilent pour la première fois dansle calendrier officiel de la Chambresyndicale de la haute couture en 2012.En 2013, elle habille la maîtresse decérémonie Audrey Tautou, pour l’ouverturedu 68 e Festival de Cannes. « Lechangement a été radical. J’ai eu plusde presse en une soirée qu’avec toutmes défilés et j’ai pu toucher le grandpublic », se réjouit Yiqing Yin.« Je me suis inspiréedes écosystèmesmarins, inconnus,étranges. »Des retombées pour le développementde sa marque aussi : « C’est plus facilede trouver des financements, desacheteurs et des partenaires », explique-t-elle.Comme à son habitude,elle a livré des créations exigeantes etimpeccablement exécutées dans unecollection intitulée « Les rives de Lunacy». « Ma collection évoque lescréatures marines, mais pas que lesenchanteresses. Je me suis inspiréedes écosystèmes marins, inconnus,étranges », confie-t-elle.Résultat, des pièces plus fascinantesles unes que les autres. « J’ai fait ungros travail sur la texture. J’ai utilisédes matières luxueuses comme ladentelle de Calais, mais aussi des matièresbrutes comme la ouatine ou lagaz d’hôpital », précise-t-elle. Grâceà un sponsor, elle a eu accès à du velourstissé à la main, en fil de soiefabriqué à Venise : « Les machines àtisser peuvent contenir jusqu’à1 400 bobines », raconte-t-elle.Et pour le final, la mariée n’était pasen blanc chez Yiqing, mais en rouge,comme le veut la tradition chinoise.Une robe hallucinante sertie debranche de corails en organza. « J’aiutilisé la technique du nid d’abeille etj’ai cousu de l’organza liquide sculptéen trois dimensions. L’effet organiqueest étonnant. » Si elle fait rêver avecses créatures marines, la créatrice necède pas au chant des sirènes. « Jetravaille beaucoup. Je vais présenterune collection capsule en prêt-à-porteren septembre. J’ai un projet de livre etde film. Que de belles choses, mais ilfaut que je m’organise. » WLe retourde ClaudeMontanaL e couturier Claude Montana aprésenté trois créations lors dudéfilé haute couture automne-hiver2013-2014 de la maison EricTibusch, en off de la Semaine de lamode. Dans les années 1980, ilavait imposé les épaules XXL et lecuir et enveloppé les femmes dansdes volumes incroyables. Directeurartistique de la maison Lanvin en1990, il est le seul couturier à avoirreçu deux années consécutives leDé d’or. « Tout était une questionde balance, de sens du détail. Ilenlevait tout ce qui était superfétatoireet allait à l’essentiel. Il étaitdans une modernité incroyable »,souligne le créateur Julien Fournié(lire ci-contre). Sa collaborationLanvin terminée, il sera obligé decéder sa marque de prêt-à-porterfaute de moyens financiers.« Lors d’un dîner, Claude Montanam’a dit que la couture lui manquaitterriblement, je lui ai dit : “Venezchez moi” », raconte Eric Tibusch.En 2013, les créations de ClaudeMontana retrouvent donc enfin lechemin des catwalks. « C’estagréable, ça fait très plaisir », aconfié le couturier à 20 Minutes. « Ila un œil extraordinaire. J’avaisenvie de lui rendre hommage carje trouve que le monde de la model’a beaucoup oublié, tandis que soninfluence se ressent partout »,conclut Eric Tibusch . W A. D.V. Wartner / 20 MinutesRobe recouverte de branchesde corail en organza (Yiqing Yin).« Le leitmotiv, c’est émotion, féminité et humanité »Julien FourniéLe couturier présentait mardisa collection haute couture automnehiver,voyage fantastiquedans l’univers de Jules VerneVous avez débuté par la médecine…Je suis quelqu’un de scientifique, dansla structure de ma pensée. Aujourd’hui,cela me sert pour gérer ma maison.Vous avez fait vos armes chezde grands noms de la mode…Trois grandes maisons ont marqué macarrière. Claude Montana m’a transmisl’idée de la structure du vêtement, il estPixelfiormula / SipaCuir sérigraphié par l’atelier deDavid Rosenblum (Julien Fournié).tellement rigoureux ! Jean Paul Gaultierm’a appris à être léger, mais pas àla légère. Chez Torrente, je me suisretrouvé à 28 ans à la tête d’une maisonde couture, avec beaucoup de chosesà gérer : un budget, des personnes, desegos. J’y ai beaucoup appris.Parlez-nous du style Julien Fournié ?Dans la vie d’une femme, il y a plusieursmoments. Le designer de mode doitêtre là pour l’aider à se définir dans cesinstants. Mon style s’appuie sur lecorps, ce n’est pas une mode dégaine.Comment travaillez-vous ?Ç a passe toujours par le dessin.Now FashionRobe boule réversible de ClaudeMontana (Eric Tibusch).D’ailleurs, j’enseigne l’illustration et jetravaille sur un projet de dessin animé.Votre nouvelle collection ?Le leitmotiv, c’est émotion, féminitéet humanité. Les couleurs sont gourmandes: chocolat, taupe, doré. J’aiconstruit une collection futuriste, sousl’influence d’Eiffel. Des silhouettes XIX emélangées avec des super-héroïnes.Où puisez-vous votre inspiration ?Ma bibliothèque contient des comics,des mangas, de nombreux ouvragesd’illustration. On ne peut pas faire demode sans connaître son histoire.Mais, je ne fais que picorer . W