Le taux de rupture dans notre étude est ainsi parmi <strong>le</strong>s plus importants de la littérature (15).Cela tient en partie à la population particulièrement à risque de re-rupture en raison du fortpourcentage de sport pivot contact et de son niveau, même s’ils bénéficient d’une rééducationoptima<strong>le</strong>. Le risque de nouvel<strong>le</strong> rupture du LCA après retour à la compétition est en effet plusimportant dans <strong>le</strong>s sports avec changements brutaux de direction, de pivot et de saut, et dans<strong>le</strong>s sports contacts (64).Laboute et al., dans une population comparab<strong>le</strong> de 298 sportifs, retrouvent un risquelégèrement plus é<strong>le</strong>vé pour <strong>le</strong>s sports « pivot contact » que pour <strong>le</strong>s «pivot sans contact » quepour ceux « sans pivot ». Cependant, <strong>le</strong> taux de rupture itérative du transplant reste de 8.7% à3.5 ans (8).Dans cette étude, <strong>le</strong> pivot et <strong>le</strong> contact représentent chacun un quart des mécanismes derécidive. Pour notre part, nous observons que 60% des ruptures (du côté opéré ou du côtécontrolatéral) sont occasionnées par traumatisme direct, que 2 réinterventions chirurgica<strong>le</strong>s auniveau du transplant sur <strong>le</strong>s 5 (40%) sont dues à une instabilité progressive et que 2 rupturesdu côté controlatéral sur 5 (40%) sont survenues par mécanisme de pivot sans contact.Le principal paramètre prédictif de lésion du LCA est constitué par <strong>le</strong> saut monopodal enhauteur, suivi du déficit de DCC puis des ondes de choc pathogènes (de manière nonsignificative pour ce dernier paramètre). Paterno et al. avaient déjà pu mettre en évidence unfort caractère prédictif des altérations neuromusculaires enregistrées lors de la réception d’unsaut sur <strong>le</strong> risque de rerupture (42).De nombreux autres facteurs ont été incriminés dans <strong>le</strong> risque de re-rupture ou de rupturecontrolatéra<strong>le</strong>: <strong>le</strong> jeune âge, <strong>le</strong> sexe féminin, la reprise précoce, <strong>le</strong> niveau sportif, alors quel’influence du type de chirurgie reste encore débattu (8)(10).Nous n’avons pas cherché à <strong>le</strong>s analyser dans notre étude pour ne nous attacher qu’à l’étudedes scores des paramètres étudiés dans des populations comparab<strong>le</strong>s pour chacun de cesfacteurs. Il serait intéressant d’étudier l’impact de ces facteurs sur chacun des paramètres, puisde combiner <strong>le</strong>s données indépendantes afin de parvenir à une évaluation précise du risque dereprise en fonction de chaque patient.Si notre étude s’intéresse au risque lésionnel à moyen terme, el<strong>le</strong> ne renseigne pas directementsur l’influence des paramètres étudiés sur <strong>le</strong> risque arthrogène au long terme.Contrairement aux lésions graves du LCA impliquées dans la dégénérescence cartilagineuse,<strong>le</strong>s autres lésions des membres inférieurs survenues ne sont pas directement arthrogènes. Cesdernières ont en effet été retenues pour <strong>le</strong>ur conséquence directe (arrêt sportif d’au moins troissemaines).Nous savons que la rupture du LCA est associée à l’augmentation de l’incidence d’arthrose augenou (14), que la ligamentoplastie n’a pas apporté la preuve de la prévention de ce risque(65), et que de nombreux autres facteurs peuvent participer au développement d’arthrose (telsque <strong>le</strong>s lésions d’autres structures anatomiques au moment du traumatisme).Si l’on occulte la survenue des traumatismes aigus connus pour être arthrogènes, on neconnaît pas l’implication directe des contraintes sportives dans la survenue d’arthrose(66)(67). Mais la répétition d’impacts a déjà été associée aux pathologies de surcharge et à ladégradation cartilagineuse dont l’atténuation peut se faire par <strong>le</strong> chaussage, ou <strong>le</strong>smodifications de schéma gestuel du sportif.La mesure directe de la force musculaire après ligamentoplastie ne se révè<strong>le</strong> pas être unfacteur prédictif d’arthrose (68)(69).36
En revanche, la fonction neuromusculaire, conditionnant la biomécanique gestuel<strong>le</strong> aurait unlien direct avec <strong>le</strong> développement de l’arthrose par modifications des contraintes sur <strong>le</strong>sménisques et <strong>le</strong> cartilage. Ainsi, de nombreux auteurs ont suggéré que la restauration de cettefonction était primordia<strong>le</strong> dans la prévention de l’arthrose (70)(71)(72)(73)(37) .Ainsi, Pinczewski et al. ont pu montrer qu’un déficit >10% au One Leg Hop test for distanceà un an de la ligamentoplastie était prédictif de gonarthrose radiologique à 10 ans.En attendant d’établir de façon certaine la relation existant entre <strong>le</strong>s scores des paramètresfonctionnels étudiés et l’incidence d’arthrose au long terme, on ne peut qu’émettrel’hypothèse que <strong>le</strong>s altérations biomécaniques jouent un rô<strong>le</strong> dans la dégénérescencecartilagineuse indépendamment des facteurs macrotraumatiques.Dans notre étude, nous avons défini <strong>le</strong>s conditions d’une reprise satisfaisante par un ensemb<strong>le</strong>de critères associant la fonction du genou, la survenue de lésion et <strong>le</strong> délai de reprise.Nous observons que <strong>le</strong> délai de reprise (dépendant des consignes médicosportives) semb<strong>le</strong>indépendant des autres facteurs étudiés, ce qui s’explique par <strong>le</strong>s difficultés de prédiction durisque lésionnel et des performances par <strong>le</strong>s critères habituel<strong>le</strong>ment pris en compte dans ladécision de reprise, ainsi que par l’influence de raisons extérieures aux considérationsmédica<strong>le</strong>s. En revanche, la survenue de lésion et <strong>le</strong>s capacités sportives sont reliées, ce quijustifie d’un point de vue purement sportif la nécessité d’une reprise sécurisée.Le délai post chirurgical lors de l’évaluation de sortie est inférieur dans <strong>le</strong> groupe M à celuides autres groupes. En effet, <strong>le</strong> groupe M a été défini notamment par un délai de reprise aprèsla rééducation plus important que celui du Groupe B, ce qui révè<strong>le</strong> que <strong>le</strong> délai post opératoirea influencé la décision de reprise. Or, si <strong>le</strong> risque lésionnel après reprise précoce est encoredébattu (8)(10), ce seul facteur est bien insuffisant d’un point de vue individuel pour apprécierl’état fonctionnel du genou et constituer l’argument principal de décision de reprise (15).En revanche, <strong>le</strong> délai post opératoire de reprise est comparab<strong>le</strong> entre <strong>le</strong>s groupes B et M, et ila tendance à être supérieur dans <strong>le</strong> groupe R. Cela annu<strong>le</strong> son éventuel<strong>le</strong> influence sur <strong>le</strong>sautres critères de suivi (lésion, dou<strong>le</strong>ur et performance), qui sont probab<strong>le</strong>ment de meil<strong>le</strong>urscritères d’évaluation que <strong>le</strong> délai de reprise, puisqu’ils ne sont pas influencés par l’avismédical et <strong>le</strong> résultat des tests pratiqués eux-mêmes.L’observation du schéma de course après ligamentoplastie correspond à l’évolution d’unschéma antérieur à la lésion potentiel<strong>le</strong>ment à risque, modifié par <strong>le</strong>s adaptations aux déficits(musculaires, nerveux, articulaires) suivant la lésion puis la reconstruction. Durant cettepériode se produit une adaptation du membre inférieur qualifié de « sain » ou plutôt nonopéré, dans un but de compensation.De nombreuses études soulignent ces adaptations du membre inférieur controlatéral, à lacourse ou au cours d’autres tâches fonctionnel<strong>le</strong>s (74)(38). De la même manière, <strong>le</strong>smodifications biomécaniques sont plus importantes en comparaison avec des sujets sainsqu’avec <strong>le</strong> membre inférieur controlatéral (75).Dans notre étude, <strong>le</strong>s tests définissant un déficit par rapport au côté sain (def DCC, sautsmonopodaux, tests isocinétiques) ne sont pas moins informatifs de l’évolution que ceux dont<strong>le</strong> score ne réalise pas de comparaison directe avec <strong>le</strong> côté controlatéral (ondes de chocspathogènes, IKDC). Il est aussi probab<strong>le</strong> que l’analyse des déficits en comparaison avec <strong>le</strong>sperformances antérieures ne soit pas plus associée aux critères de suivi. Ainsi, l’acquisition de37