Nouvelle référence annoncée à Genève Ce que signifie - L'Agefi

JOHN-F. PLASSARD*
EUROPE-MONDE lundi 23 avril 2012 PAGE 21
Les vrais bouleversements liés au gaz de schiste
ÉTATS-UNIS. 76 milliards de dollars de revenus en 2010. 600.000 emplois directs et indirects créés dont 100.000 rien qu’en Pennsylvanie. Le pays redevient exportateur.
La ruée vers le gaz de schiste revitalise des régions
entières des Etats-Unis qui avaient été durement
touchées par la crise, mais déclenche les passions
dans des villages dépassés par l’ampleur du phénomène.
Depuis 2008, l’exploitation de la roche de
schiste est en plein boum dans le pays, grâce à la technologie
relativement récente du forage à l’horizontale
combiné à la fracturation hydraulique, dite
«fracking», qui consiste à injecter à forte pression de
l’eau, du sable et des additifs chimiques.
Ce boum énergétique grâce auquel les Etats-Unis
sont en train de redevenir des exportateurs de gaz
Le modèle polonais de croissance
Les réformes successives mises en place par les différents gouvernements depuis 1989 – mais surtout depuis 2007 – sont exemplaires.
Lors de crises graves, nous avons
souvent tendance à vouloir résoudre
coûte que coûte le problème
en interne au lieu de prendre
exemple sur d’autres pays voisins.
La Pologne, avec ses 38 millions
d’habitants pourrait, malgré son
passé chargé de doutes, montrer
la voie au reste de l’Europe.
Sans revenir sur la création du
royaume de Pologne au Ve siècle
et son «dépeçage» permanent,
l’histoire «récente» nous apprend
que la Pologne fut envahie par
l’Allemagne en 1939, ce qui marqua
le début de la seconde guerre
mondiale. A l’issue du conflit, elle
sera occupée par l’Armée Rouge
et basculera dans le camp soviétique.
En 1989, la Pologne est lepremier
pays du bloc de l’Est à
s’affranchir du bloc soviétique.
Après avoir créé en 1991 le
groupe Visegrad avec la Hongrie,
la République tchèque et la Slovaquie
dans le but de concentrer
leurs positions au sein de l’Union
européenne, la Pologne est devenu
membre de l’Union Européenne
le 1er mars 2004.
La Pologne a été le premier pays
d’Europe centrale à retrouver, en
1995, son niveau de production
de 1989, avant de connaître un
fort développement économique
dans la deuxième moitié des années
1990 (5,5% de croissance en
moyenne entre 1994 et 2000).
Malgré tout, l’histoire économique
du pays, ne débute réellement
qu’en 2007 avec l’arrivée au pouvoir
de Donal Tusk qui succède
au très populiste Jaroslaw Kaczynski.
Sa reconnaissance est telle
qu’il est reconduit en 2011, ce qui
est une première pour le pays
(post-communiste).
La Pologne a été le seul pays de
l’Union Européenne à ne pas
avoir connu de récession en 2009,
avec un PIB en hausse de 1,7%,
de 3,5% en 2010 et de 4,3% en
2011.
Si la Pologne connait deux économies
au sein du même pays, au
même titre que l’Italie du Sud et
du Nord. En effet, si l’Ouest bénéficie
pleinement de son voisinage
avec l’Allemagne (1er partenaire
du pays) en qualité
notamment de sous-traitant, l’Est
à l’accent plus rural, souffre d’un
manque de croissance. Le chômage
s’en ressent bien évidemment
et les différences salariales
entre les villes et les campagnes,
ou, entre l’Est et l’Ouest du pays,
sont aussi particulièrement marquées.
En 2011, le salaire moyen brut en
Pologne était de 3.422 zlotys, soit
environ 780 euros. Les Polonais
gagnent donc autant que les Hongrois
(775 euros), moins que les
Tchèques (950) ou les Estoniens
(820), mais nettement plus que les
Lituaniens (600), les Roumains
(490), les Bulgares (350) ou les
Ukrainiens (220).
Aujourd’hui, la jeune génération
est la plus instruite de l’histoire de
la Pologne - près de la moitié des
Des ressources et des idées
La Pologne consomme s du pétrole, du charbon,
de l’électricité et des énergies renouvelables.
Mais sa production est dominée
par le recours au charbon (+80% de la production).
A cela, il faut ajouter les énergies
renouvelables (9% contre une moyenne européenne
à 5%), du gaz (5%) et du pétrole
(2%).
Le charbon
Quelque 94% de l’électricité consommée
en Pologne l’est à partir du charbon. Si tout
est fait pour substituer cette énergie quelque
peu polluante, cela n’empêche pas des
groupes comme EDF par exemple de
continuer à construire des usines en Pologne,
pour en renouveler le parc entre autre.
Il existe cependant de nouvelles technologies,
dites «supercritiques», qui
combinent la combustion de biomasse à
celle du charbon. Cette technologie permet
de produire une électricité plus compétitive
avec le charbon et de réduire de
30% les émissions de CO2.
a généré 76 milliards de dollars de revenus en 2010,
selon les derniers chiffres du cabinet d’études IHS
Global Insight. Quelque 600.000 emplois directs et
indirects ont été créés dont 100.000 rien qu’en Pennsylvanie,
Etat de l’est du pays assis sur le gigantesque
gisement de schiste de Marcellus.
«On a toujours connu les mines de charbon ici, mais
jusqu’à il y a trois ans, personne n’avait entendu parler
de la roche de Marcellus», explique Melody Longstreth,
directrice de la chambre de commerce de Waynesburg.
Ce village de 4500 habitants de l’ouest de
l’Etat se trouve au coeur du boum gazier et voit sa
Le nucléaire
Si ses ressources en charbon procurent à
la Pologne une certaine indépendance sur
le plan électrique, leur impact carbone et la
nécessité de diversifier le mix énergétique
ont amené la Pologne à envisager de se doter
de deux centrales nucléaires (3000 MW).
La première d’entre elles n’atteindra cependant
sa pleine capacité qu’en 2025
La manne du schiste
La Pologne dispose de gisements de gaz de
schiste exploitables évalués à 1920 milliards
de mètres cube au maximum, selon un rapport
de l’Institut national de géologie (PIG).
Cette estimation fait suite à celle de
l’Agence américaine d’information energétique
qui avait évalué l’an dernier les
gisements à 5300 milliards de mètres cube,
mais il s’agissait là de leur potentiel global.
Si l’on s’appuie sur des technologies
connues actuellement, les gisements exploitables
pourraient satisfaire les besoins de la
Pologne pendant 35 à 65 ans. (JFP)
personnes âgées de 25 ans sont diplômées
de l’université.
Contrairement à plusieurs pays
européens, la Pologne a lancé des
réformes concrètes qui ont très rapidement
commencé à porter
leurs fruits. La réforme des retraites
est l’un des plus marquants. Il
convient ici de s’y arrêter.
Le gouvernement polonais a franchit
un pas vers un recul de l’âge
de la retraite à 67 ans (confirmé
vendredi), avec un compromis obtenu
sur cette question épineuse
entre la Plateforme civique du
Premier ministre et son allié, le
parti paysan PSL.
Avec la baisse du taux de natalité
et le vieillissement de la population,
la Pologne est donc un des
premiers pays à avoir reculé l’âge
de la retraite à un tel niveau.
Tout comme au Japon, la Pologne
sera en manque dramatique
de main d’œuvre à l’horizon des
années 2040. Des études citées
par le Premier ministre prédisent
que plus de la moitié des habitants
de la Pologne auront plus
de 50 ans à l’horizon de 2042 et
un tiers seulement des Polonais
seront alors actifs sur le marché
du travail.
Il convenait donc de réagir très
vite, en attendant, notamment, de
nouvelles incitations à la natalité.
La Pologne, via son chef de la diplomatie
a lancé un appel à renforcer
l’intégration de l’Union européenne
relevant les faiblesses
de l’UE, dans un discours prononcé
devant le Parlement à Var-
vie bouleversée, pour le meilleur et parfois pour le
pire. John Bruno, qui tient le magasin de vêtements
pour hommes Mickey’s, s’estime chanceux. Cet établissement
familial survivait à peine il y a encore peu:
«on payait nos factures, on ne gagnait pas d’argent»,
explique cet homme fin à la barbichette noire.
Grâce au boum gazier et à un éclair de génie - troquer
cravates et costumes pour des vêtements de
chantier -, Mickey’s a doublé son chiffre d’affaires.
Le concessionnaire Ford, qui vend des camions par
poignées, se frotte aussi les mains. L’argent du gaz
de schiste «retombe vraiment» sur l’économie lo-
sovie. Son chef de la diplomatie
a cependant aussi une désintégration
de l’Union, avec le déclin progressif
de ses institutions et de ses
politiques.
Le scénario que souhaiterait la Pologne
est celui d’une intégration
approfondie et d’une union politique
durable des Etats souverains.
En ce sens ils pourraient donc garder
leurs identités culturelles, religieuse
et leur droit de décider de
leurs impôts.
La Pologne compte, selon le souhait
de son président, raviver la
coopération polono-germanofrançaise
dans le cadre du Triangle
de Weimar, indépendamment
des résultats des présidentielles allemandes
et françaises.
Pour mémoire, le Triangle de
Weimar est un forum de coopération
politique créé par les trois
pays en 1991. Le Triangle de Weimar
avait apporté une contribution
essentielle au rapprochement
entre la Pologne et l’Union Européenne.
Selon les derniers chiffres publiés
et l’étude de l’OCDE de mars
2012, les nouvelles commandes
en Pologne ont enregistré un plus
haut depuis juillet 2011, confirmant
ainsi les perspectives d’amélioration.
A cela nous pouvons
également relever la baisse des
stocks qui laisse supposer que la
confiance des industriels est toujours
en territoire positif. L’inflation
laisse cependant songeur et
devra être surveillée de près dans
les prochains mois. La croissance
polonaise continue d’être positive
et devrait le rester tout au long de
2012, et ce malgré le prix du pétrole
qui commence à peser sur
l’économie locale et certaines mesures
d’austérité. Plus généralement,
il faut rappeler que la dette
publique représente 58% du PIB
contre 120% en Italie par exemple.
La Pologne étant un pays en
construction, deux chantiers majeurs
devront être terminés le plus
rapidement possible, à savoir maitriser
une bulle immobilière en
devenir et réduire son taux de
chômage (13.5%).
Il ne s’agit pas de dire ici que la
Zone euro doit copier la récente
«succes story» de la Pologne.
L’histoire polonaise étant trop
spécifique de part sa culture et
son passé économique. Cependant,
il convient d’en tirer le meilleur,
comme certaines réformes
qui ont rapidement été mises en
place par le gouvernement. Ou,
tout simplement, d’apprendre définitivement
qu’en temps de crise,
c’est la rapidité d’action de la part
des politiques qui apparaît primordiale.
* Louis Capital Markets Genève
LA POLOGNE A ÉTÉ
LE SEUL PAYS DE
L’UNION EUROPÉENNE
À NE PAS AVOIR CONNU
DE RÉCESSION EN 2009.
Des mesures de soutien
Début 2009, le gouvernement, en place
depuis déjà deux ans, lança un plan de
soutien à l’économie dont le seul but était
de soutenir la consommation, stabiliser
le secteur financier et soutenir la croissance
de l’économie. En voici quelques
exemples.
� Soutien à la consommation: adoption de
nouvelles mesures fiscales.
� Soutien aux investissements: relèvement
de barrières aux investissements.
� Mesures spécifiques en faveur des PME:
augmentation du plafond d’augmentation
de déduction des petites sociétés.
� Mesures en faveur du secteur financier: assurer
la liquidité du marché financier et
permettre aux banques d’accorder des crédits.
�Accélération des projets d’investissement
cofinancés avec les fonds européens: le niveau
des financements européens aux projets
d’investissements, qui devait atteindre
10 milliards de zlotys en 2009 a été
porté à 16,8 milliards de zlotys (4,4 milliards
d’euros).
� Support à certains secteurs spécifiques:
les investissements dans le domaine de
l’informatique et de l’énergie renouvelable
bénéficient d’un traitement privilégié.
�Constitution d’une réserve de solidarité sociale
pour les ménages vivant en dessous
du seuil de pauvreté et les investissements
dans des projets «sociaux».
Les réformes et la mise en place de la politique
libérale n’auraient cependant pas
vu le jour sans mannes extérieures. En effet,
il est estimé que depuis 2003, la Pologne
a perçu plus de 56 milliards d’euros de
subsides européens. La rénovation des infrastructures
(autoroutes, aéroports, sites
de production, etc.) en fut le principal bénéficiaire.
A cela, il faut ajouter la mise en place de
l’Euro 2012 de football en partenariat avec
l’Ukraine, qui débutera dans quelques semaines
seulement. (JFP)
cale, reconnait Melody Longstreth. Et pourtant, sa
liste de doléances est longue. «On ne peut plus ouvrir
les fenêtres» déplore-t-elle en faisant un signe
vers la rue principale du village.
D’énormes semi-remorques, qui prennent toute la
largeur de la grande rue, ou des camions transportant
de l’eau souillée de produits chimiques, se succèdent
au feu rouge en freinant lourdement. Le maire
de Waynesburg, Blair Zimmerman, s’agace tout autant:
«ces entreprises ne paient pas de taxes locales,
leurs camions défoncent les trottoirs et ce sont les
contribuables locaux qui paient la facture».�
ALLEMAGNE: confiance
solide des entrepreneurs
Le baromètre Ifo du climat des affaires
en Allemagne s’est encore
amélioré en avril, déjouant les pronostics
des analystes dont la majorité
l’attendait en recul compte
tenu de données économiques peu
reluisantes. L’Ifo affiche 109,9
points en avril, contre 109,8 points
mars et 109,7 points en février, a
annoncé vendredi dernier une
porte-parole de l’institut du même
nom qui réalise l’enquête mensuelle.
Il s’agit de la sixième hausse
consécutive pour cet indicateur,
très suivi et qui donne une bonne
image de l’humeur des entrepreneurs
allemands.
ROYAUME-UNI: hausse
des ventes de détail
Les ventes de détail au Royaume-
Uni ont progressé de 1,8% en
mars sur un mois, une progression
bien plus importante que
prévu, selon des chiffres de l’Office
des statistiques nationales
(ONS). Les ventes ont ainsi fortement
rebondi après une baisse de
0,8% enregistrée en février. C’est
la plus forte augmentation enregistrée
depuis janvier 2011, grâce
à de bonnes ventes d’essence pour
les automobilistes et à une météo
très clémente pour la saison.
CANADA: l’inflation
ralentit fortement
La progression des prix à la
consommation est tombée à 1,9%
entre mars 2011 et mars 2012,
après s’est inscrite à 2,6% en février.
Ce chiffre, inférieur aux prévisions
des analystes qui s’attendaient
à 2,1%, est dû surtout à la
hausse plus faible d’une année à
l’autre des prix des aliments et de
l’énergie. Les prix des aliments ont
progressé de 2,2% au cours de la
période de 12 mois se terminant
en mars, alors qu’ils avaient augmenté
de 4,1% en février.
JAPON: faible hausse
des prix selon la BoJ
La Banque du Japon prévoit une
hausse de moins de 1% des prix
lors de la prochaine année budgétaire,
rapportait hier la presse japonaise,
des prévisions qui vont
renforcer la possibilité de nouvelles
mesures d’assouplissement
monétaire pour relancer l’économie.
Dans ses prévisions semestrielles,
devant être publiées vendredi,
la Banque centrale devrait
indiquer que la hausse des prix
sera inférieure à 1% pour l’année
budgétaire démarrant dans un an,
en avril 2013, selon la télévision
publique NHK. En raison de cette
déflation persistante, l’institut monétaire
va probablement discuter
de la nécessité de nouvelles mesures
d’assouplissement monétaire,
a ajouté la NHK.