20REPORTAGECommerçants de bestiauxet représentants decoopératives ne vont pastarder « à barguiner »sur <strong>le</strong>s prix.Alain Ayrault encompagnie deStéphane Brochard,<strong>le</strong> directeur dumarché aux bestiauxde Cho<strong>le</strong>t.L’instant détente : AlainAyrault en compagnie dedeux de ses conducteurs,Gérald Bruneau et BernardLibaud (à gauche).lll dans la main, s’entraident, partagentun verre de blanc ou se racontent <strong>le</strong>s dernierspotins des cantons avoisinants.« J’aime cette ambiance d’hommes, cescontacts, ce rapport direct avec <strong>le</strong> client,qu’on n’a pas ail<strong>le</strong>urs, dans d’autres spécialitésde transport. Quand on est né dedans,on y reste », raconte <strong>le</strong> transporteurd’animaux vivants installé à Cerizay, àquelques kilomètres de Cho<strong>le</strong>t. Lagrande famil<strong>le</strong> a toutefois mail<strong>le</strong> à partiravec <strong>le</strong>s commerçants de bestiaux. « Onest un peu en concurrence, ils nous endonnent <strong>le</strong> moins possib<strong>le</strong>, déclare AlainAyrault. Et lorsqu’il y a eu <strong>le</strong>s crises sanitaires,il y a quelques années, ils se sontbattus pour obtenir des subventions uniquementpour eux ». Les vaches ? Il <strong>le</strong>sconnaît par cœur, Alain Ayrault. Dès l’âgede deux ans, ses parents agriculteurs <strong>le</strong>retrouvaient souvent juché sur <strong>le</strong>ur dos.Le dirigeant serre beaucoup de mains. I<strong>le</strong>st un peu chez lui ici. Comme StéphaneBrochard, à bientôt 60 ans, il l’a vu évoluer<strong>le</strong> marché au fil du temps. « Il y a 20ans, on accueillait encore plus de 2 000bêtes. Aujourd’hui, on est plutôt sur unemoyenne de 1 150 têtes. On a perdu <strong>le</strong>sjeunes bovins et <strong>le</strong>s races laitières, on netraite plus que des races à viande. Par ail<strong>le</strong>urs,de plus en plus d’abattoirs appâtent<strong>le</strong>s commerçants de bétail pour se faire livrerdirectement. Il y a donc toute unepartie de flux qui échappent au marché etdonc aux transporteurs », souligne <strong>le</strong> directeurde ce marché exploité par la communautéd’agglomérations du Cho<strong>le</strong>tais.CONCENTRATION EXTRÊMEAlain Ayrault est titulaire de trois parcssur <strong>le</strong> marché aux bestiaux de Cho<strong>le</strong>t.Chaque lundi, trois de ses bétaillères sontrangées sur un côté. Pour <strong>le</strong> patron decette société de 26 salariés (3 M€ de CA),la semaine commence en fait dès <strong>le</strong> dimanchesoir. Ses véhicu<strong>le</strong>s n’approvisionnentpas <strong>le</strong> marché. En revanche, dèsla veil<strong>le</strong> au soir, c’est <strong>le</strong> bal<strong>le</strong>t vers <strong>le</strong>sabattoirs, <strong>le</strong>squels ouvrent <strong>le</strong>urs portes à4 heures. Il faut au préalab<strong>le</strong> effectuer laramasse dans <strong>le</strong>s fermes. La nuit aura étécourte pour <strong>le</strong> transporteur. Courte éga<strong>le</strong>mentpour Gérald Bruneau. C’est <strong>le</strong>neveu d’Alain Ayrault. Le fils de FreddyAyrault, frère cadet du premier, coactionnairede cette société créée en 1974.Freddy a en charge <strong>le</strong>s activités de mécaniqueet d’entretien des véhicu<strong>le</strong>s. Depuis<strong>le</strong> début de la matinée, Gérald observe<strong>le</strong> manège des vaches que <strong>le</strong>shommes en blouses grises répartissentdans <strong>le</strong>s barres. Après un repas vite prisavec d’autres collègues chauffeurs au restaurantdu coin, <strong>le</strong> jeune homme s’engageau cœur de la mêlée. C’est lllL’Officiel des <strong>Transport</strong>eurs – N° 2691 du 17 mai 2013
22REPORTAGElll l’heure d’acheminer <strong>le</strong>s bovins desclients Ayrault vers <strong>le</strong>s bétaillères. Deuxautres de ses collègues de l’entreprise s’ymettent éga<strong>le</strong>ment. Cris, coups de trique,vaches qui débou<strong>le</strong>nt par groupes dehuit, dix, quinze. L’air de rien, la concentrationde Gérald est à son comb<strong>le</strong> : uncoup de corne, une vache qui s’affo<strong>le</strong> ettente de se faire la bel<strong>le</strong> et c’est l’accident…« Ne jamais montrer aux animauxque l’on a peur. Je me suis déjà fait sortird’une semi par un taureau en une seconde: je n’ai rien vu venir et je ne me rappel<strong>le</strong>de rien », dit Gérald. Alain Ayraultacquiesce d’un mouvement de tête.Ayrault Frères mobilise3 véhicu<strong>le</strong>s chaquelundi pour <strong>le</strong> marché.L’IMPORTANCEDES « TEMPS AUTRES »Il est 15h30. Commerçantset représentants de coopérativesont fait affaire. C’estau tour de Gérald et des autreschauffeurs de jouer àprésent. Conducteur dans<strong>le</strong> transport d’animaux vivants? Un métier « comp<strong>le</strong>t» et comp<strong>le</strong>xe. Géraldne l’exerce qu’à mi-temps :il épau<strong>le</strong> éga<strong>le</strong>ment AlainAyrault à l’exploitation.« Nous passons plus detemps au chargement et au déchargement». Pas une mince affaireson job. Sur <strong>le</strong> marché, des barrièress’ouvrent, d’autres se ferment pourorienter <strong>le</strong>s bovins sur la bonne fi<strong>le</strong>, <strong>le</strong>bon couloir puis <strong>le</strong> bon camion. Heureusement,règne une grande d’entraideentre <strong>le</strong>s conducteurs, une fortesolidarité. Une à une, <strong>le</strong>s bêtes grimpentdans <strong>le</strong> Volvo 440 ch de Gérald.Les remorques sont de qualité, selonAlain Ayrault. L’italienne Pezzaioli(avec toit ouvrant) permet un trans-lllDirection l’abattoir deLa Châtaigneraie (85) :Gérald peut commencerà se détendre.L’Officiel des <strong>Transport</strong>eurs – N° 2691 du 17 mai 2013