logistiques magazine - WK Transport Logistique
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SOMMAIRE<br />
Vers le Grand Paris logistique P. 56<br />
Interview de Caroline Grandjean,<br />
présidente du directoire de Sogaris P. 61<br />
La CCI des Hauts-de-Seine crée un cluster<br />
de logistique urbaine P. 62<br />
Interview avec Christian Sautter, adjoint au<br />
Maire de Paris, chargé du développement<br />
économique, de l’emploi et de l’attractivité<br />
internationale P. 63<br />
La livraison urbaine, accélérateur P. 66<br />
Coliposte et Chronopost pénètrent Paris<br />
et la petite couronne P. 66<br />
Dachser veut se rapprocher de Paris P. 68<br />
Place des tendances privilégie la proximité<br />
de Paris pour des livraisons rapides P. 69<br />
TNT quadrille l’Île-de-France P. 70<br />
Oxipio, pour que le magasin reste<br />
un lieu de vente P. 71<br />
Interview de Gilles Manuelle, fondateur<br />
et dirigeant de Vert Chez Vous P. 73<br />
C’est ma tournée ! P. 74<br />
54<br />
LOGISTIQUES MAGAZINE // AVRIL 2013 // N° 278<br />
N ° 278 \\ AVRIL 2013 \\ LOGISTIQUES MAGAZINE 55
( )<br />
LOGISTIQUE URBAINE<br />
© SAGL - Architectes Associés<br />
L’hôtel logistique de<br />
Chapelle International<br />
sera une base de fret<br />
multimodale et<br />
mutualisée, porte<br />
d’entrée logistique<br />
pour Paris et la zone<br />
dense de son<br />
agglomération.<br />
Vers le Grand Paris logistique<br />
Les promoteurs et propriétaires de<br />
plates-formes <strong>logistiques</strong> en proche<br />
banlieue parisienne rénovent et<br />
développent leurs entrepôts pour les<br />
dédier à des activités de logistique<br />
urbaine. Une stratégie de<br />
développement immobilier servant<br />
de bases amont de stocks, mais<br />
aussi de nouvelles étapes de fret<br />
au cœur de la capitale.<br />
Assisterait-on à un mouvement<br />
de fond d’immobilier<br />
logistique autour<br />
de la capitale, tourné<br />
essentiellement vers des activités<br />
de livraisons urbaines ? Au<br />
regard des stratégies d’investissement<br />
des propriétaires de certaines<br />
emprises franciliennes<br />
telles que Foncière des Régions<br />
(FDR) à Aulnay-Sous-bois et<br />
Pantin, ou Sogaris à Créteil, on<br />
serait fermement tenté de le<br />
croire. Ainsi, FDR a investi plus<br />
de 50 millions d’euros depuis<br />
2009 pour mener à bien un chantier<br />
de rénovation et de développement<br />
du site de Garonor à Aulnay-Sous-bois<br />
afin d’attirer des<br />
entreprises et des prestataires susceptibles<br />
d’y démarrer leurs activités<br />
de logistique urbaine sur<br />
Paris et plus largement en Île-de-<br />
France. « Ce projet marque une<br />
nouvelle étape dans le redéveloppement<br />
du premier site de logistique<br />
urbaine en France et vient<br />
confirmer sa forte attractivité »,<br />
estime-t-on chez FDR. La<br />
mayonnaise semble prendre. En<br />
effet, sur la partie sud du site, où<br />
va s’installer Samada, filiale logistique<br />
de l’enseigne Monoprix,<br />
80 % des 100 000 m 2 de nouveaux<br />
entrepôts sont déjà commerciali-<br />
sés. Outre Samada, trois bâtiments<br />
neufs clés en main ont été<br />
livrés fin 2012, soit 16 000 m 2<br />
pour Agora Distribution, filiale<br />
logistique du groupe Eram, qui<br />
fait son entrée sur Garonor avec<br />
la signature d’un bail de 7 ans<br />
fermes, puis 9 000 m 2 et 1 765 m 2 ,<br />
respectivement loués à <strong>Transport</strong>s<br />
Vaquier et à l’AFT-Iim,<br />
déjà utilisateurs de Garonor.<br />
Samada va s’installer au quatrième<br />
trimestre 2013 dans un entrepôt<br />
neuf de 24 000 m 2 . L’enseigne a<br />
signé un « bail en l’état futur d’achèvement<br />
» (bEFA) avec FDR, gestionnaire<br />
de cette plate-forme logistique<br />
située en Seine-Saint-Denis,<br />
à 12 km de Paris, à l’intersection<br />
des autoroutes A1 et A3 et à proximité<br />
de la Francilienne A86. « La<br />
deuxième tranche de 26 000 m 2 est<br />
réservée à plus long terme », indique<br />
Luc Fantou, directeur Asset Management<br />
<strong>Logistique</strong> chez FDR.<br />
Espace de livraison<br />
urbaine (ELU) de<br />
Beaugrenelle dans le<br />
15 e arrondissement.<br />
© SAGL - Architectes Associés<br />
56<br />
LOGISTIQUES MAGAZINE // AVRIL 2013 // N° 278<br />
N ° 278 \\ AVRIL 2013 \\ LOGISTIQUES MAGAZINE 57
( )<br />
LOGISTIQUE URBAINE<br />
© Gérard Halary / DR Sogaris<br />
rait d’ailleurs servir de point terminal<br />
d’éclatement et de livraisons sur<br />
Paris et la petite couronne de marchandises<br />
acheminées par trains<br />
massifiés. Sogaris va même plus<br />
loin dans sa stratégie de développement<br />
de plate-forme logistique<br />
urbaine en Île-de-France. « On envisage<br />
de rénover certains bâtiments<br />
de notre grand parc logistique de<br />
Rungis au sud de Paris pour les dédier<br />
à la distribution urbaine de marchandises<br />
», indique le directeur<br />
immobilier. Occupée par 80 utilisateurs<br />
sur 210 000 m 2 de bâtiments,<br />
l’énorme plate-forme logistique de<br />
Rungis devrait être connectée à la<br />
ligne de tramway 7 en fin d’année<br />
et s’ouvrir sur l’ancienne nationale<br />
7 par la création d’une entrée/sortie<br />
pour faciliter les activités de distribution<br />
urbaine de ses utilisateurs<br />
en grande couronne.<br />
Cap sur les hôtels<br />
<strong>logistiques</strong>. En attendant, le<br />
promoteur et investisseur en immobilier<br />
logistique avance sur son projet<br />
d’hôtel logistique Chapelle International<br />
dans le 18 e arrondissement<br />
au nord de Paris. « Notre conception<br />
d’hôtel logistique est innovante<br />
car elle implique le partage d’un<br />
espace de distribution avec d’autres<br />
activités tertiaires de bureaux et d’artisanat.<br />
Ce qui limite son coût d’exploitation.<br />
C’est un outil multimodal<br />
embranché fer qui permet de<br />
faire entrer des flux massifiés de marchandises<br />
avant d’être éclatés et redistribués<br />
en ville par des véhicules propres<br />
», indique Christophe Ripert.<br />
L’hôtel logistique de ChapelleInternational<br />
aura en effet cette vocation<br />
de base de fret multimodal et<br />
mutualisé, porte d’entrée logistique<br />
pour Paris et la zone dense de son<br />
agglomération. Il s’agit d’une halle<br />
de 35 000 m 2 , qui abritera des activités<br />
<strong>logistiques</strong> le long du faisceau<br />
ferroviaire nord, ainsi que des<br />
bureaux (2 500 m 2 ) ou des locaux<br />
d’activité sur la façade côté boulevard<br />
Ney. Toute l’activité logistique<br />
(camions, véhicules de distribution<br />
propres, trains) se déroulera de<br />
«<br />
L’idée est de créer un deuxième hôtel<br />
logistique mais cette fois alimenté par<br />
barges fluviales en bord de Seine. Nous<br />
travaillons à ce projet avec Ports de Paris,<br />
Christophe Ripert,<br />
directeur immobilier de Sogaris.<br />
»<br />
manière totalement cachée à l’intérieur<br />
de la halle, conçue avec un<br />
rez-de-chaussée et un sous-sol. Les<br />
marchandises entreront dans le<br />
bâtiment principalement par le<br />
train, puis seront distribuées dans<br />
Paris par véhicules propres après<br />
une opération de cross-docking.<br />
« Nous avons reçu l’agrément de<br />
l’État et sommes en train d’instruire<br />
le permis de construire », indique<br />
La région lutte pour maintenir du foncier logistique en milieu urbain dense<br />
Occupée par<br />
80 utilisateurs sur<br />
210 000 m 2 de bâtiments,<br />
l’énorme plate-forme<br />
logistique de Rungis<br />
devrait être connectée à la<br />
ligne de tramway 7 en fin<br />
d’année et s’ouvrir sur<br />
l’ancienne nationale 7 par<br />
la création d’une<br />
entrée/sortie pour faciliter<br />
les activités de distribution<br />
urbaine de ses utilisateurs<br />
en grande couronne.<br />
Samada déploiera à terme ses activités<br />
de distribution urbaine pour<br />
approvisionner les magasins Monoprix<br />
franciliens sur une surface totale<br />
de 51 000 m 2 , dans le cadre d’un bail<br />
de 12 ans. Une partie du bâtiment<br />
(18 000 m 2 ) sera utilisée par le distributeur<br />
pour du stockage en froid<br />
positif. Pour Agora Distribution, il<br />
s’agit vraisemblablement de livrer<br />
en zone urbaine dense à partir de<br />
son entrepôt de Garonor, les<br />
enseignes Tati, Fabio Lucci ou Giga<br />
Store. « La stratégie des entreprises<br />
est d’avoir une base amont de stock<br />
à proximité des lieux de livraison à<br />
Paris et en petite couronne », souligne<br />
Luc Fantou. Du côté de Pantin,<br />
situé à 3 km de Paris, FDR a<br />
entamé la même démarche pour<br />
satisfaire les mêmes stratégies d’entreprises.<br />
« Nous avons réalisé un<br />
programme de rénovation de bâtiments<br />
<strong>logistiques</strong> d’un montant de<br />
24 millions d’euros pour attirer des<br />
entreprises dont la logique est de s’en<br />
servir de base pour leurs livraisons<br />
du dernier kilomètre en ville », indique<br />
Luc Fantou. Là encore, la stratégie<br />
de FDR a fonctionné à plein. « Sur<br />
les 155 000 m 2 commercialisables, il<br />
ne reste que 35 000 m 2 disponibles<br />
divisés en une dizaine de cellules »,<br />
ajoute-t-il. Le site de vente en ligne<br />
de vêtements placedestendance.com,<br />
l’enseigne textile Isabel Marant, Telemarket,<br />
le supermarché Internet<br />
des magasins U et le dernier venu,<br />
Coliposte, y ont déjà élu domicile.<br />
Les grands projets de<br />
Sogaris. De son côté, Sogaris a<br />
mené une initiative similaire sur<br />
son emprise logistique de Créteil,<br />
à deux pas de Paris. « Nous réalisons<br />
un important investissement<br />
pour le développement et la rénovation<br />
de bâtiments <strong>logistiques</strong> d’une<br />
superficie globale de 46 000 m 2 dédiés<br />
à la distribution urbaine de marchandises<br />
», expose Christophe<br />
Ripert, directeur immobilier de<br />
Sogaris. Déjà, les logisticiens et transporteurs<br />
express Kuehne + Nagel<br />
et TNT se sont installés chacun sur<br />
5 000 m 2 dans deux nouveaux bâtiments.<br />
« Nous allons entamer la<br />
rénovation d’une troisième plateforme<br />
de 26 000 m 2 qui sera opérationnelle<br />
dans un an. Nous sommes<br />
déjà en discussion avec certains logisticiens<br />
et messagers intéressés pour<br />
s’y établir afin d’opérer les livraisons<br />
urbaines de leurs clients évoluant<br />
dans les secteurs de la librairie, de<br />
la pharmacie et des cosmétiques »,<br />
révèle Christophe Ripert. Avec deux<br />
bâtiments sur trois embranchés fer,<br />
l’emprise logistique de Créteil pour-<br />
« Nous souhaitons maintenir du foncier<br />
disponible à Paris et en petite couronne,<br />
dédié aux activités de logistique en zone<br />
urbaine dense, pour que le dernier kilomètre<br />
de distribution de marchandises<br />
puisse se faire le plus facilement<br />
possible. Mais la concurrence<br />
d’autres activités plus rentables<br />
au mètre carré comme<br />
l’immobilier de bureaux et de<br />
commerces rend notre tâche<br />
difficile », indique d’entrée<br />
Pierre Serne, vice-président<br />
du Conseil régional d’Île-de-<br />
France, chargé des transports.<br />
L’autorité régionale lutte ainsi<br />
contre la volonté de nombre de<br />
promoteurs immobiliers de<br />
s’emparer d’emprises<br />
foncières aux portes de Paris<br />
pour y réaliser leurs<br />
programmes immobiliers de<br />
bureaux, de commerce ou de logements.<br />
« Nous essaierons cependant de<br />
tenir nos engagements sur la douzaine<br />
de zones <strong>logistiques</strong> potentielles que<br />
nous avons identifiées », insiste-t-il.<br />
Pour ce faire, l’Établissement public<br />
foncier de la région va soutenir financièrement<br />
le rachat de terrains disponibles<br />
pour les dédier à des activités <strong>logistiques</strong>.<br />
Très active dans le domaine,<br />
l’autorité régionale a déjà été partenaire<br />
de plusieurs expériences de logistique<br />
urbaine dans Paris et sa banlieue<br />
qu’elle a cofinancées,<br />
comme l’approvisionnement<br />
par la Seine des<br />
magasins Franprix parisiens<br />
ou le transport sur<br />
péniches par l’opérateur<br />
Vert Chez Vous, de<br />
produits frais ramassés<br />
dans les zones maraîchères<br />
de la grande<br />
couronne. « Ce sont des<br />
opérations que l’on<br />
aimerait voir se développer<br />
à chaque fois que<br />
l’on peut éviter le transport<br />
routier de<br />
marchandises dans Paris et sa proche<br />
banlieue », souligne Pierre Serne.<br />
Encore faut-il trouver des emplacements<br />
fonciers à la bonne échelle et aux<br />
bons endroits pour le chargement, le<br />
transit ou le déchargement des<br />
marchandises. Toute la difficulté pour<br />
PIERRE SERNE,<br />
vice-président du Conseil<br />
régional d’Île-de-France.<br />
l’autorité régionale est dans cette question.<br />
« Le projet d’un entrepôt sur le<br />
quai d’Austerlitz à Paris a été abandonné<br />
faute de rentabilité »,<br />
regrette-t-il. Mais la région ne désarme<br />
pas. Elle a inscrit dans son plan de<br />
déplacements urbains (PDU) et dans<br />
son schéma directeur, les activités de<br />
logistique urbaine qu’elle considère<br />
d’une importance économique stratégique.<br />
« Lors des dernières Assises sur<br />
la logistique urbaine en juin 2011, nous<br />
avons conclu à la nécessité de sanctuariser<br />
des zones foncières en petite<br />
couronne pour les destiner à la distribution<br />
de marchandises », relève-t-il. Mais<br />
la Région peine à avancer sur cette<br />
question lorsqu’elle est confrontée à la<br />
réalité. « Si la nécessité d’emprises<br />
foncières <strong>logistiques</strong> est partagée par la<br />
plupart des élus, ces derniers finissent<br />
toujours par privilégier des zones<br />
dédiées aux logements ou aux activités<br />
tertiaires au meilleur rendement immobilier.<br />
Mais nous continuerons à lutter<br />
contre l’éloignement des plates-formes<br />
<strong>logistiques</strong> du milieu urbain dense de la<br />
région parisienne », précise Pierre<br />
Serne. B. M.<br />
58<br />
LOGISTIQUES MAGAZINE // AVRIL 2013 // N° 278<br />
N ° 278 \\ AVRIL 2013 \\ LOGISTIQUES MAGAZINE 59
( )<br />
LOGISTIQUE URBAINE<br />
Interview<br />
Caroline Grandjean,<br />
présidente du directoire de Sogaris<br />
Extraits [...]<br />
© Christian Fournier / DR Sogaris<br />
« On ne s’interdit pas de s’associer<br />
à des transporteurs pour livrer Paris<br />
en véhicules électriques »<br />
Christophe Ripert. Sogaris prévoit<br />
une mise en service de son hôtel<br />
logistique fin 2016/début 2017. Ce<br />
projet attise déjà la convoitise de<br />
logisticiens de la grande distribution.<br />
« Certains opérateurs de la<br />
grande distribution et de la messagerie<br />
sont intéressés pour prendre<br />
de la surface afin d’y dédier leurs<br />
activités de redistribution de marchandises<br />
dans Paris et dans les communes<br />
limitrophes », ajoute-t-il.<br />
Confiant dans son nouveau concept<br />
d’hôtel logistique urbain, Sogaris<br />
Avec deux bâtiments sur<br />
trois embranchés fer,<br />
l’emprise logistique de<br />
Créteil pourrait d’ailleurs<br />
servir de point terminal<br />
d’éclatement et de<br />
livraisons sur Paris et la<br />
petite couronne de<br />
marchandises acheminées<br />
par trains massifiés.<br />
L’Établissement public<br />
d’aménagement du<br />
Mantois Seine aval<br />
(Epamsa) s’inscrit déjà<br />
dans le projet du Grand<br />
Paris.<br />
étudie déjà la possibilité de créer le<br />
« pendant » de Chapelle International<br />
au sud de Paris. « L’idée est<br />
de créer un deuxième hôtel logistique<br />
mais cette fois alimenté par<br />
barges fluviales en bord de Seine.<br />
Nous travaillons à ce projet avec<br />
Ports de Paris », souligne Christophe<br />
Ripert. Sur la région parisienne,<br />
Sogaris a d’ailleurs de grandes<br />
ambitions, notamment celle de se<br />
positionner sur le projet du Grand<br />
Paris en regardant déjà la possibilité<br />
de créer des espaces <strong>logistiques</strong><br />
urbains au sein de certaines futures<br />
stations du super-métro Grand Paris<br />
Express. « Dans le cadre du Grand<br />
Paris qui élargira le bassin logistique<br />
de l’Île-de-France, nous prévoyons<br />
même de créer une grande plateforme<br />
au nord de la capitale qui sera<br />
le pendant de celle de Rungis », évoque<br />
Christophe Ripert.<br />
Plate-forme multimodale<br />
dans les Yvelines. L’Établissement<br />
public d’aménagement du<br />
Mantois Seine aval (Epamsa) s’inscrit<br />
déjà dans le projet du Grand<br />
Paris. En charge de l’opération d’intérêt<br />
national Seine Aval, maillon<br />
stratégique du Grand Paris, l’Epamsa<br />
a déjà des projets <strong>logistiques</strong> de<br />
grande envergure. « Notre programme<br />
phare Port-Seine-Métropole géré<br />
avec Ports de Paris consiste à réaliser<br />
une grande plate-forme logistique<br />
multimodale embranchée fleuve à<br />
Achères, dans les Yvelines, pour doper<br />
le transport fluvial de conteneurs de<br />
l’ouest de la Seine en lien avec le développement<br />
du port du Havre »,<br />
indique David Morgant, directeur<br />
général de l’Epamsa. Cette énorme<br />
plate-forme qui pourrait être opérationnelle<br />
à l’horizon 2020/2025<br />
comprendra une partie ouest dédiée<br />
à l’exploitation d’une carrière et à<br />
l’acheminement de matériaux pour<br />
le bTP, et une partie est qui s’étendra<br />
sur 670 000 m 2 d’entrepôts,<br />
vouée à devenir un point d’entrée<br />
des marchandises de la zone urbaine<br />
dense francilienne.<br />
Bruno Mouly<br />
<strong>Logistique</strong>s Magazine : Vous avez<br />
été nommée en décembre 2012 à la<br />
présidence du directoire de Sogaris<br />
pour un mandat de six ans. Pouvezvous<br />
nous détailler votre feuille de<br />
route 2013-2019 ?<br />
Caroline Grandjean : Nous<br />
concentrons aujourd’hui nos efforts<br />
sur la ville de Paris, particulièrement<br />
réceptive au développement de projets<br />
de logistique urbaine. Nous avons de<br />
nombreuses pistes à l’étude pour y<br />
développer plusieurs espaces de<br />
distribution. La livraison, ce mois<br />
d’avril, d’un Espace logistique urbain<br />
(ELU) dans un parking situé sous les<br />
tours de Beaugrenelle, dans le<br />
15 e arrondissement, en sera la<br />
première réalisation concrète. Nous<br />
planchons également sur des projets<br />
de taille plus importante. L’hôtel<br />
logistique de Chapelle International,<br />
situé dans le 18 e arrondissement, en<br />
fait partie. Nous avons déposé à la midécembre<br />
2012 un permis de<br />
construire pour le développement sur<br />
cette zone. L’idée est de développer<br />
un bâtiment sur plusieurs étages avec,<br />
du transport et de la logistique en<br />
sous-sol, de la formation en logistique<br />
au premier et au deuxième niveau et<br />
des centres de loisirs (terrains de<br />
football, salles de sport, restaurants)<br />
sur le toit-terrasse. Le site serait relié à<br />
la voie ferrée, ce qui permet de faire<br />
venir les marchandises par le train<br />
avant de les réacheminer dans toute la<br />
ville par des véhicules de livraison<br />
urbaine. Si nous obtenons les<br />
autorisations, le projet devrait être en<br />
service pour 2016 ou 2017.<br />
L.M. : Quels sont les projets de<br />
Sogaris dans le Grand Paris qui se<br />
dessine ?<br />
C.G. : De nombreuses opportunités<br />
existent en petite couronne. En 2013,<br />
Sogaris va travailler à la réalisation<br />
d’un schéma directeur pour le<br />
réaménagement de sa plate-forme<br />
historique de Rungis, développée<br />
dans les années soixante sur des<br />
terrains d’une vingtaine d’hectares<br />
dont Sogaris est concessionnaire<br />
jusqu’en 2020. L’objectif est de<br />
définir, en concertation avec les<br />
acteurs du territoire (collectivités,<br />
acteurs économiques, clients de notre<br />
plate-forme…), le potentiel de<br />
développement de la zone, laquelle<br />
bénéficie d’un très bon niveau<br />
de desserte routière à seulement<br />
7 kilomètres de Paris. Il s’agit d’une<br />
part de faire évoluer le site sur<br />
d’autres fonctions, en lien avec les<br />
projets urbains qui l’impactent<br />
fortement : arrivée du tramway T7 fin<br />
2013, projet de requalification de la<br />
RD 7, projet de Cité de la gastronomie<br />
sur une partie du site, arrivée de la<br />
ligne 14 du métro. L’autre enjeu<br />
majeur est d’avoir la garantie de<br />
conserver la vocation logistique de la<br />
plate-forme et de lui donner une<br />
coloration encore plus urbaine<br />
qu’aujourd’hui en jouant sur<br />
l’adaptation des locaux aux impératifs<br />
de la messagerie et du e-commerce<br />
(bâtiments de dernière génération plus<br />
conformes aux standards actuels,<br />
traversants, plus hauts, sur plusieurs<br />
niveaux, etc.) et sur la qualité des<br />
services proposés (stations de<br />
recharge électriques, GNV…). La<br />
réactivation de la desserte ferroviaire<br />
de la plate-forme pour la livraison de<br />
marchandises fera également partie du<br />
champ de réflexion. Pour répondre à<br />
la demande des clients, on ne<br />
s’interdit pas non plus de développer<br />
des prestations de transport. Un des<br />
scénarios envisageables dans les<br />
années 2017-2020 serait de s’associer<br />
à des transporteurs pour livrer Paris<br />
en véhicules électriques. On ne<br />
s’interdit rien sur le sujet !<br />
Propos recueillis par Marie-Nöelle Frison<br />
@ Extraits de la Newsletter Hebdo du<br />
22/03/2013<br />
60<br />
LOGISTIQUES MAGAZINE // AVRIL 2013 // N° 278<br />
N ° 278 \\ AVRIL 2013 \\ LOGISTIQUES MAGAZINE 61
( )<br />
LOGISTIQUE URBAINE<br />
La CCI des Hauts-de-Seine crée<br />
un cluster de logistique urbaine<br />
Dans le cadre d’un appel à projets de l’État concernant le Grand Paris, la proposition de la CCI des<br />
Hauts-de-Seine de créer un cluster de logistique urbaine durable a été retenue à l’automne 2012.<br />
La CCI souhaite ainsi devenir un<br />
opérateur de service public de projets<br />
territoriaux, associant l’ensemble<br />
des acteurs de la chaîne logistique<br />
pour leur créer de la valeur<br />
en termes de chiffre d’affaires, de<br />
marges commerciales et d’emplois.<br />
Pour construire ce cluster, la CCI<br />
a défini des projets de transport<br />
multimodal afin de trouver des<br />
entreprises capables de les mener<br />
à bien. « Nous avons élaboré une<br />
dizaine de projets autour desquels<br />
on veut réunir les entreprises en<br />
réseau avec des objectifs d’expérimentation<br />
de 12 à 18 mois »,<br />
confirme Marc bazenet. Ces projets,<br />
qui portent notamment sur le<br />
transport fluvial d’automobiles,<br />
l’optimisation du dernier kilomètre<br />
électrique ou le transport multimodal<br />
alimentaire frais et froid<br />
négatif, ont été soumis en mars à<br />
un comité stratégique, au travers<br />
de groupes de travail réunissant des<br />
acteurs divers (AFT-Iim, Ports de<br />
Paris, VNF, SNCF, municipalités…).<br />
« Nous voulons sensibiliser<br />
les élus locaux à la mise en place de<br />
solutions de logistique urbaine »,<br />
ajoute Fabrice Geffroy.<br />
La CCI souhaite néanmoins passer<br />
la main dans deux ans aux entreprises<br />
du cluster pour les laisser<br />
s’impliquer dans ces projets. « Pour<br />
son lancement, le cluster dispose<br />
d’un budget de 400 000 €, dont<br />
130 000 de l’État. Le reste sera injecté<br />
par la CCI, l’AFt-Iim et Ports de<br />
Paris. Le but est d’aller vers son autonomie<br />
financière dès 2015 », explique<br />
Marc bazenet.<br />
B.M.<br />
Interview<br />
Christian Sautter,<br />
adjoint au Maire de Paris, chargé du<br />
développement économique, de l’emploi<br />
et de l’attractivité internationale<br />
« Nous visons de construire une grande plateforme<br />
logistique de 40 000 m 2 dans le secteur<br />
de Bercy/Charenton, qui constituera le point<br />
d’arrivée des marchandises par le fleuve »<br />
«Initié et financé par<br />
notre CCI et la préfecture<br />
de la région d’Îlede-France,<br />
ce cluster a<br />
pour vocation d’expérimenter et<br />
de créer aux portes de Paris un<br />
nouveau modèle optimisé et durable<br />
de transport de marchandises<br />
vers et dans les communes de la<br />
zone dense métropolitaine »,<br />
expose Marc bazenet, responsable<br />
du cluster à la CCI des Hautsde-Seine.<br />
Concernant les cinq communes<br />
du territoire de la boucle Nord du<br />
département francilien (Gennevilliers,<br />
Colombes, bois-Colombes,<br />
Concernant les cinq<br />
communes du territoire<br />
de la Boucle Nord du<br />
département francilien<br />
(Gennevilliers, Colombes,<br />
Bois-Colombes,<br />
Asnières-sur-Seine et<br />
Villeneuve-la-Garenne),<br />
le cluster a pour but de<br />
« développer autour<br />
du port de Gennevilliers<br />
des solutions<br />
multimodales qui<br />
permettront de réduire<br />
le trafic routier dans<br />
cette zone urbaine dense<br />
et de livrer les commerces<br />
et les entreprises<br />
par de petits véhicules<br />
électriques ».<br />
Asnières-sur-Seine et Villeneuvela-Garenne),<br />
le cluster a pour but<br />
de « développer autour du port de<br />
Gennevilliers des solutions multimodales<br />
qui permettront de réduire<br />
le trafic routier dans cette zone<br />
urbaine dense et de livrer les commerces<br />
et les entreprises par de petits<br />
véhicules électriques », selon Fabrice<br />
Geffroy, responsable du service clusters<br />
et clubs d’entreprises à la CCI<br />
des Hauts-de-Seine. Du coup, la<br />
CCI va mettre tout en œuvre ces<br />
prochains mois pour rassembler<br />
tous les talents et les ressources,<br />
notamment les PME/PMI territoriales,<br />
dans le but de rendre ce trans-<br />
fert modal opérationnel et économiquement<br />
viable. « Notre rôle est<br />
de faire des propositions qui permettront<br />
aux logisticiens d’opérer du<br />
multimodal à des prix fixés selon les<br />
volumes commandés. Il s’agit de<br />
trouver des modèles économiques<br />
de rupture, avec de nouvelles bases<br />
de facturation publiques ou privées »,<br />
souligne Marc bazenet.<br />
Projets en transport<br />
multimodal. L’autre axe de travail<br />
de la CCI est « d’optimiser la<br />
chaîne logistique par la mutualisation<br />
des flux en amont et en aval du<br />
fret fluvial », selon Fabrice Geffroy.<br />
<strong>Logistique</strong>s Magazine : Quelle est la<br />
politique de la Mairie de Paris en<br />
matière de logistique urbaine ?<br />
Christian Sautter : La logistique est<br />
un secteur stratégique pour la capitale<br />
et son attractivité internationale. Nous<br />
considérons que cette question est<br />
aussi importante que celle de la<br />
circulation des personnes d’un point<br />
de vue économique et de l’emploi.<br />
Paris souhaite en effet avoir une<br />
chaîne logistique vertueuse sous ses<br />
trois aspects économique, écologique<br />
et social. Bertrand Delanoë, le maire<br />
de Paris, a beaucoup œuvré pour<br />
accroître le trafic de conteneurs sur la<br />
Seine entre Le Havre, Rouen et la<br />
capitale. À chaque fois que cela est<br />
faisable, les marchandises doivent<br />
approvisionner Paris par la voie d’eau<br />
ou le rail, de façon à délester le<br />
nombre de camions sur la route.<br />
Nous travaillons également sur le<br />
deuxième segment d’une chaîne<br />
logistique vertueuse qui consiste à<br />
distribuer les marchandises sur le<br />
dernier kilomètre de livraison par des<br />
modes de transport doux. Plusieurs<br />
expériences positives en la matière<br />
ont ainsi déjà été réalisées au sein de<br />
la capitale. On peut citer la livraison<br />
de 95 magasins parisiens Monoprix<br />
qui s’effectue depuis plusieurs années<br />
par des camions « propres » au gaz<br />
naturel véhicule (GNV), à partir de la<br />
gare de Bercy, approvisionnée par<br />
trains de marchandises. Cette<br />
opération a permis de réduire de<br />
moitié les émissions polluantes par<br />
rapport à un approvisionnement et<br />
une distribution classique de<br />
marchandises par camions<br />
thermiques. Autre exemple fondé sur<br />
le même concept : le dispositif<br />
Distripolis mis en place par le<br />
prestataire Geodis. Dans ce système,<br />
c’est aussi en gare de Bercy que les<br />
marchandises arrivent dans la<br />
capitale. Elles sont ensuite<br />
acheminées vers de multiples petits<br />
espaces <strong>logistiques</strong> urbains<br />
disséminés dans Paris d’où elles<br />
partent vers leurs destinataires par de<br />
petits véhicules ou triporteurs. Enfin,<br />
je citerai un exemple<br />
d’approvisionnement de Paris par la<br />
Seine. Environ 80 magasins Franprix<br />
situés dans le 9 e arrondissement et à<br />
Boulogne-Billancourt sont livrés<br />
depuis octobre 2012 par voie fluviale.<br />
Une barge achemine chaque jour<br />
26 conteneurs de denrées alimentaires<br />
sèches (biscuits, conserves…) sur<br />
20 kilomètres, entre le port de<br />
Bonneuil-sur-Marne (Val-de-Marne), à<br />
proximité d’un entrepôt du groupe, et<br />
celui de la Bourdonnais dans le<br />
7 e arrondissement, à deux pas de la<br />
Tour Eiffel. À partir de là, les produits<br />
62<br />
LOGISTIQUES MAGAZINE // AVRIL 2013 // N° 278<br />
N ° 278 \\ AVRIL 2013 \\ LOGISTIQUES MAGAZINE 63
( )<br />
LOGISTIQUE URBAINE<br />
Approvisionnement<br />
des magasins<br />
Franprix par la Seine.<br />
sont livrés aux magasins par des<br />
petits camions.<br />
L.M. : Paris a-t-il d’autres projets de<br />
la sorte ?<br />
C.S. : Oui bien sûr. Nous avons celui<br />
de Chapelle International dans le 18 e<br />
arrondissement, porté par la société<br />
Sogaris. Ce projet consiste à réaliser, à<br />
moyen terme, un bâtiment d’activités<br />
mixtes (bureaux, logistique,<br />
commerces) situé dans l’axe<br />
ferroviaire de la gare du Nord. C’est le<br />
même principe. Les marchandises y<br />
arriveront par le rail et y seront<br />
éclatées pour être distribuées dans<br />
Paris par des petits porteurs. Nous<br />
visons à plus long terme de construire<br />
une grande plate-forme logistique de<br />
40 000 m 2 dans le secteur de<br />
Bercy/Charenton, qui constituera le<br />
point d’arrivée des marchandises par<br />
le fleuve. Enfin, nous travaillons<br />
également beaucoup sur la<br />
multiplication des espaces <strong>logistiques</strong><br />
urbains (ELU) dans la ville. Paris en<br />
comporte actuellement six, situés en<br />
général dans les parkings souterrains<br />
du 1 er arrondissement, dans le<br />
quartier de Saint-Germain-des-Prés,<br />
sous la place de la Concorde, à<br />
Pyramides, dans le quartier de<br />
Beaugrenelle (15 e arrondissement) et<br />
à la porte d’Aubervilliers. Ces ELU<br />
servent de petites bases <strong>logistiques</strong> à<br />
partir desquelles les marchandises<br />
sont livrées par vélos ou triporteurs.<br />
Bertrand Delanoë souhaite à ce<br />
propos que tout soit mis en œuvre<br />
pour que les activités de distribution<br />
de marchandises en ville soient<br />
effectuées au moins pour moitié par<br />
des véhicules sans diesel à l’horizon<br />
2017.<br />
L.M. : Justement, la capitale<br />
dispose-t-elle suffisamment de<br />
foncier disponible pour accroître les<br />
activités <strong>logistiques</strong> ?<br />
C.S. : Certaines emprises foncières<br />
sont sous-employées dans la capitale.<br />
Nous comptons bien utiliser et<br />
exploiter les parkings souterrains où il<br />
y a de la place pour les ELU ainsi que<br />
la disponibilité de certaines friches<br />
ferroviaires. Nous avons notamment<br />
le projet d’aménager une superficie<br />
représentant 10 % du territoire<br />
parisien dans laquelle nous<br />
souhaitons réserver des espaces aux<br />
activités <strong>logistiques</strong>. Ainsi, la gare de<br />
Lyon pourrait libérer certains terrains<br />
à cet effet. Mais nous envisageons de<br />
travailler à terme sur ces questions à<br />
l’échelle de Paris et sa petite<br />
couronne. Il s’agira de monter des<br />
organisations <strong>logistiques</strong> performantes<br />
en s’appuyant sur le foncier<br />
disponible en proche banlieue.<br />
L.M. : Les opérations de logistique<br />
urbaine ont du mal à atteindre une<br />
certaine rentabilité. En est-il de<br />
même à Paris ?<br />
C.S. : Certes, la livraison du dernier<br />
kilomètre coûte cher. Mais la<br />
rentabilité des organisations de<br />
logistique urbaine doit être jugée sur<br />
l’ensemble de la chaîne<br />
d’approvisionnement. Si de grandes<br />
entreprises comme Chronopost ou<br />
FedEx se sont lancées dans des<br />
opérations et des organisations<br />
vertueuses de distribution de<br />
marchandises à Paris, c’est qu’à terme<br />
ces activités doivent être rentables. En<br />
mixant plusieurs activités <strong>logistiques</strong><br />
de bureaux et de commerces, comme<br />
le projet d’immobilier mixte de<br />
Chapelle International, on doit<br />
pouvoir atteindre un certain équilibre<br />
économique. Sachant que la valeur du<br />
segment transport s’apprécie sur<br />
l’ensemble de la chaîne, des<br />
fournisseurs jusqu’au client final.<br />
Propos recueillis par Bruno Mouly<br />
64<br />
LOGISTIQUES MAGAZINE // AVRIL 2013 // N° 278
( )<br />
LOGISTIQUE URBAINE<br />
La livraison urbaine,<br />
accélérateur d’initiatives<br />
Le développement des livraisons dans Paris, du fait de la montée<br />
en puissance du e-commerce et de la multiplication des<br />
magasins de proximité, poussent les entreprises traditionnelles<br />
ou les pure players à inventer de nouveaux schémas <strong>logistiques</strong><br />
et de nouvelles prestations adaptées aux nouveaux enjeux<br />
urbains.<br />
Coliposte et Chronopost<br />
pénètrent Paris et la petite couronne<br />
«<br />
Notre objectif stratégique<br />
est de nous insérer<br />
au cœur des<br />
villes », affirme d’entrée<br />
Pascal Triolé, directeur<br />
immobilier de Coliposte et de<br />
Chronopost. C’est ce que s’attachent<br />
à faire progressivement, à<br />
Paris et en petite couronne, les<br />
deux opérateurs de livraison de<br />
colis du groupe La Poste. Ainsi,<br />
Coliposte va passer à la vitesse<br />
supérieure dans le nord-est de<br />
Paris, où il va accentuer le traitement<br />
des colis en s’installant en<br />
juin prochain dans un nouvel<br />
entrepôt de 10 000 m 2 à Pantin.<br />
« Ce nouveau bâtiment, qui viendra<br />
en complément de notre site<br />
actuel de 3 000 m 2 , va nous permettre<br />
de doper nos activités de livraison<br />
de colis pour passer de 30 à 40<br />
tournées par jour à une centaine<br />
sur Pantin et les communes environnantes<br />
», explique Pascal<br />
Coliposte et Chronopost vont ouvrir<br />
respectivement une plate-forme à Pantin<br />
et un espace logistique dans le<br />
15 e arrondissement de Paris, deux sites qui<br />
s’inscrivent dans le maillage logistique<br />
dense que comptent développer les deux<br />
opérateurs pour mieux desservir à terme<br />
la petite couronne et Paris même.<br />
Triolé. Mais la nouvelle plateforme<br />
aura également une activité<br />
de pré-tri de colis pour alimenter<br />
les agences essentiellement situées<br />
en Seine-Saint-Denis. « L’idée est<br />
de massifier nos flux de colis en<br />
provenance de notre centre de<br />
Moissy-Cramayel en Seine-et-<br />
Marne pour les acheminer jusqu’à<br />
Pantin qui servira de point terminal<br />
de regroupement/éclatement,<br />
avant une distribution capillaire<br />
sur nos agences du nord-est parisien<br />
», souligne le dirigeant. Pour<br />
compléter son maillage francilien,<br />
Coliposte recherche une localisation<br />
immobilière similaire dans le<br />
sud de Paris afin d’alimenter en<br />
colis prétriés ses agences du sudouest<br />
francilien et de Paris même.<br />
Maillage de la capitale. De<br />
son côté, Chronopost avance également<br />
ses pions à l’intérieur de la<br />
capitale. Exploitant déjà un espace<br />
logistique urbain (ELU) dans un<br />
parking sous-terrain de la place de<br />
la Concorde, l’opérateur en a pris<br />
un autre depuis le mois d’avril, de<br />
3 000 m 2 , dans le quartier de Beaugrenelle<br />
situé dans le 15 e arrondissement.<br />
« Cet espace, commercialisé<br />
par Sogaris, se situera dans un<br />
parking surélevé. Il aura vocation à<br />
distribuer les colis par petits véhicules<br />
propres dans les 15 e et 16 e arrondissements.<br />
Il complétera ainsi notre<br />
ELU de la Concorde qui couvre les<br />
7 e et 8 e arrondissement en y effectuant<br />
la livraison de 2 500 colis par<br />
jour », révèle Pascal Triolé. Ces deux<br />
premiers ELU s’inscrivent dans un<br />
plan de développement plus large<br />
de Chronopost qui vise à mailler la<br />
capitale d’autres espaces <strong>logistiques</strong><br />
de la sorte pour desservir tous les<br />
arrondissements parisiens. « On<br />
joue en somme sur une logistique<br />
urbaine à deux niveaux, celle de<br />
Coliposte dans une logique de massification<br />
des colis aux portes de Paris<br />
pour des livraisons à J + 2 et celle de<br />
Chronopost qui intègre ses bases<br />
<strong>logistiques</strong> au cœur de la capitale<br />
pour être plus proche de ses clients<br />
et faciliter des livraisons express à J<br />
C’est à partir de Cap 18, un petit<br />
espace logistique de 650 m 2 situé Porte<br />
d’aubervilliers dans le 18 e arrondissement<br />
de Paris, que Colizen opère les<br />
livraisons des commandes en ligne des<br />
Parisiens et des Franciliens pour des<br />
clients aussi divers que les sites<br />
marchands Brandalley (articles de prêtà-porter),<br />
nespresso (capsules de café),<br />
mistergooddeal (équipement de la<br />
maison) ou aquarelle (bouquets de<br />
fleurs et accessoires). « on livre Paris<br />
qui représente 40 % de nos flux globaux<br />
et les départements 92, 93, 94, et un<br />
bout du 78. au total, on a assuré 400 000<br />
livraisons en 2012 », affirme Fabien<br />
esnoult, cofondateur de Colizen. l’espace<br />
logistique de Cap 18 sert en fait de<br />
base de cross-dock car Colizen y traite<br />
+1», indique-t-il. L’idée, pour Chronopost,<br />
est également de distribuer<br />
ses colis au sein de Paris avec à terme<br />
une flotte complète de véhicules<br />
« propres » respectueux de l’environnement.<br />
« Depuis notre ELU de<br />
la Concorde, nous distribuons déjà<br />
les colis à l’aide de 25 Renault Kangoo<br />
électriques. À partir de notre<br />
nouvelle emprise de Beaugrenelle,<br />
nous prévoyons une distribution<br />
avec un nombre de véhicules propres<br />
qui constituera d’abord un tiers<br />
de la flotte dédiée, puis 60 % dans<br />
Chronopost avance ses<br />
pions à l’intérieur de la<br />
capitale. Exploitant déjà un<br />
espace logistique urbain<br />
(ELU) dans un parking sousterrain<br />
de la place de la<br />
Concorde, l’opérateur<br />
s’apprête en avril prochain<br />
à en prendre un autre, de<br />
3 000 m 2 , dans le quartier<br />
de Beaugrenelle situé dans<br />
le 15 e arrondissement.<br />
Colizen livre les commandes Internet depuis la Porte d’Aubervilliers<br />
trois ans et enfin 100 % dans six ans »<br />
précise Pascal Triolé.<br />
En attendant, les deux opérateurs<br />
s’associent déjà avec La Poste dans<br />
une réflexion sur les opportunités<br />
<strong>logistiques</strong> du Grand Paris. « On<br />
étudie la possibilité d’insérer des<br />
ELU dans quelques futures gares du<br />
super-métro Grand Paris Express,<br />
notamment dans des espaces disponibles<br />
et non commerciaux au sein<br />
de ces gares », évoque le directeur<br />
immobilier.<br />
B.M.<br />
les colis en flux tendus. « Pour livrer les<br />
particuliers sur rendez-vous, on procède<br />
à trois départs de tournées par jour à<br />
raison de 25 à 50 colis par tournée. tout<br />
est mutualisé. les chargements de<br />
notre flotte de véhicules utilitaires de<br />
4m 3 qui comportent dans chaque véhicule<br />
les colis de divers clients, les<br />
process pour obtenir des tournées les<br />
plus cohérentes possibles et l’approvisionnement<br />
de notre espace à l’aide<br />
d’un gros porteur », indique Fabien<br />
esnoult. installé depuis 2010 à Cap 18,<br />
Colizen compte se développer et ouvrir<br />
bientôt un second site logistique dans<br />
Paris ou très proche de la capitale. « la<br />
proximité est en enjeu majeur pour le<br />
type de livraison sur rendez-vous que<br />
nous proposons. il nous faut un relais de<br />
croissance car nos activités à la Porte<br />
d’aubervilliers commencent à saturer »,<br />
souligne-t-il.<br />
B.M.<br />
(1) le 28 février dernier, Chronopost a annoncé sa<br />
prise de participation dans Colizen, à hauteur de 40 %.<br />
66<br />
<strong>logistiques</strong> <strong>magazine</strong> // AVRIL 2013 // n° 278<br />
N ° 278 \\ AVRIL 2013 \\ LOGISTIQUES MAGAZINE 67
( )<br />
LOGISTIQUE URBAINE<br />
Dachser veut se rapprocher de Paris<br />
Bien installé sur son site de<br />
Garonor à Aulnay-Sous-<br />
Bois, situé à une quinzaine<br />
de kilomètres de Paris et à<br />
partir duquel il délivre son service<br />
Unic dédié aux livraisons<br />
urbaines des entreprises dans<br />
Paris et sa banlieue, le messager<br />
souhaite néanmoins se rapprocher<br />
de la capitale. « Nous étudions<br />
la possibilité d’acquérir un<br />
ou deux espaces <strong>logistiques</strong> intermédiaires<br />
à la porte de Paris, qui<br />
nous permettraient de mieux<br />
répondre par leur proximité aux<br />
exigences de certaines prestations<br />
de livraison à l’intérieur de la<br />
capitale et en petite couronne »,<br />
expose Patrick Prat, directeur de<br />
Le spécialiste des fontaines d’eau et<br />
exploitant de la source saint-Hyppolite,<br />
située en touraine, a confié à Dachser la<br />
distribution urbaine de ses fontaines et<br />
bonbonnes de recharges d’eau<br />
auprès des particuliers et des<br />
commerçants parisiens et<br />
banlieusards. « Depuis son site de<br />
garonor approvisionné de nos<br />
produits en camions massifiés,<br />
Dachser livre entre 2 500 et<br />
4 000 bonbonnes par mois à partir<br />
de commandes sur internet ou<br />
par téléphone, dont 60 % à Paris<br />
Le messager, qui opère depuis sa<br />
plate-forme de Garonor un service dédié<br />
aux livraisons urbaines des entreprises<br />
dans Paris et sa banlieue, souhaite<br />
exploiter une ou deux bases <strong>logistiques</strong><br />
supplémentaires plus proches de la capitale<br />
afin de mieux répondre aux exigences<br />
de certains types de livraison en ville.<br />
l’agence de Garonor et responsable<br />
du développement du service<br />
Unic. Cette proximité satisferait<br />
notamment les chaînes de magasins<br />
parisiennes que livre Dachser<br />
telles que Eram, Petit Bateau,<br />
Yves Rocher, Bata…<br />
Celles-ci demandent de plus en<br />
plus au messager d’augmenter la<br />
Edelvia livre ses bonbonnes d’eau depuis Garonor<br />
et 40 % en banlieue », explique David<br />
Hammel, président d’edelvia. surtout,<br />
Dachser doit assurer un service Premium<br />
haut de gamme qui consiste à livrer sur<br />
prise de rendez-vous et dans un<br />
délai de 48 h après la commande.<br />
« Ce service sur mesure de distribution<br />
urbaine est plus cher qu’un<br />
mode de livraison classique,<br />
même si nous reprenons en<br />
retour les bonbonnes de recharge<br />
vides, une reverse logistique qui<br />
permet de diminuer les coûts de<br />
transport », souligne-t-il. B.M.<br />
fréquence des livraisons. « Ces<br />
enseignes souhaitent que l’on<br />
accroisse le rythme de nos livraisons<br />
de manière à limiter leurs<br />
stocks. Nos livraisons de petits<br />
matériels pour les crèches parisiennes<br />
et celles des hôtels et boîtes<br />
de nuit en alcools et spiritueux du<br />
groupe Pernod Ricard nécessiteraient<br />
aussi une plus grande<br />
proximité de la capitale de nos<br />
emprises <strong>logistiques</strong> », ajoute<br />
Patrick Prat. Surtout, de nouveaux<br />
espaces <strong>logistiques</strong> aux<br />
portes de Paris permettraient à<br />
Dachser de mieux se positionner<br />
sur le B to C, domaine dans<br />
lequel le messager veut se développer.<br />
« Nous travaillons déjà<br />
avec quelques sites marchands<br />
pour livrer les commandes sur<br />
internet des particuliers parisiens<br />
et de la petite couronne. Avec un<br />
espace logistique plus proche de<br />
Paris et de nos destinataires, nous<br />
pourrions mieux répondre aux<br />
exigences de ce type de livraisons<br />
», souligne-t-il.<br />
Éviter les contraintes<br />
fiscales. De plus, en se rapprochant<br />
de la capitale, Dachser éviterait<br />
les prochaines contraintes<br />
fiscales et environnementales qui<br />
seront bientôt appliquées au transport<br />
routier de marchandises. « Cela<br />
nous permettrait d’échapper à la<br />
future écotaxe sur les poids lourds<br />
en évitant d’emprunter les routes<br />
nationales concernées et nous affranchirait<br />
du calcul d’émission de CO 2<br />
de nos camions que devra effectuer<br />
tout transporteur, dès octobre prochain,<br />
dans le cadre de la nouvelle<br />
réglementation sur l’affichage de<br />
l’empreinte carbone sur les emballages<br />
des produits de grande consommation<br />
», souligne Patrick Prat.<br />
En attendant, l’agence de Garonor,<br />
qui s’étend sur 3 000 m 2 , continue<br />
à opérer son service spécial<br />
de livraisons urbaines, de palettes<br />
et de colis sous la marque Unic, à<br />
destination des entreprises parisiennes.<br />
Outre les crèches, hôpitaux,<br />
hôtels et boîtes de nuit parisiennes,<br />
le messager livre aussi les<br />
entreprises informatiques qui ont<br />
un besoin récurrent de consommables,<br />
notamment des rames de<br />
papier à photocopie et du matériel.<br />
Au total, Dachser livre une<br />
quinzaine de clients. Concrètement,<br />
le site de Garonor qui reçoit<br />
les flux consolidés de marchandises,<br />
effectue en moyenne 500<br />
expéditions par jour, soit de colis,<br />
soit de palettes pondéreuses, soit<br />
les deux mélangées, à destination<br />
des clients parisiens et de la grande<br />
banlieue.<br />
Reverse logistique. « Nous<br />
faisons 45 tournées tous les jours<br />
dont 15 sur Paris en essayant d’optimiser<br />
les chargements. On pratique<br />
même la reverse logistique<br />
urbaine dans notre organisation<br />
de tournées. Par exemple, on récupère<br />
des ordinateurs usagers de<br />
l’entreprise Computacenter pour<br />
les réacheminer à des opérateurs<br />
de recyclage ou bien on reprend des<br />
bouteilles en plastique d’eau minérale<br />
lors de nos tournées parisiennes<br />
», précise Patrick Prat. Pour<br />
cela, Dachser prend toutes les précautions<br />
inhérentes aux contraintes<br />
des livraisons en centre-ville. « Si<br />
nous faisons appel à des prestataires<br />
de transport selon des contrats<br />
annuels, nous leur imposons l’emploi<br />
de véhicules propres, avec une<br />
motorisation de dernière génération,<br />
une consommation faible et<br />
avec des niveaux de bruit moindres<br />
que ceux des camions traditionnels.<br />
Nous sommes attentifs à<br />
des moyens de transport silencieux,<br />
dotés d’un plancher spécial, et de<br />
tire-palettes silencieux. C’est avec<br />
ce type de véhicule, par exemple,<br />
que nous livrons la nuit les garages<br />
Mercedes en pièces détachées »,<br />
poursuit-il. Dachser n’est pas prêt<br />
de quitter son site dédié à son service<br />
Unic.<br />
B.M.<br />
Place des Tendances<br />
privilégie la proximité<br />
de Paris pour<br />
des livraisons rapides<br />
La boutique en ligne de ventes de marques de vêtements<br />
de milieu et de haut de gamme (Sandro, Comptoir des<br />
Cotonniers, Maje…) semble pleinement satisfaite de la<br />
localisation de son entrepôt national de Pantin pour servir<br />
ses clients internautes.<br />
«<br />
Nous venons de prendre<br />
2 200 m 2 supplémentaires<br />
pour porter notre<br />
plate-forme à 5 700 m 2<br />
de superficie totale. Installés dans ce<br />
bâtiment depuis le début de nos activités<br />
il y a cinq ans, il nous permet<br />
d’être à la fois à proximité des<br />
marques de prêt-à-porter qui nous<br />
fournissent, dont la plupart ont leurs<br />
entrepôts dans le nord de Paris, à<br />
Aubervilliers, Garonor et Roissy et de<br />
nos clients parisiens et de proche banlieue<br />
qui commandent sur notre site<br />
Internet », explique Bertrand Rochebillard,<br />
directeur général de placedestendances.com.<br />
La position de<br />
l’entrepôt de Pantin colle à la stratégie<br />
du site marchand qui offre à ses<br />
clients parisiens et franciliens « un<br />
service de livraison hyper-rapide le<br />
jour même et sur un créneau de deux<br />
heures », selon son dirigeant.<br />
Concrètement, la plate-forme de Pantin<br />
est approvisionnée tous les jours<br />
en réassorts d’articles par les entrepôts<br />
des marques de vêtements. Elle<br />
traite et prépare en moyenne 60 commandes<br />
quotidiennement sur Paris et<br />
la petite couronne. Elle fait appel à<br />
Star’s Service, le spécialiste des livraisons<br />
des particuliers en ville, pour distribuer<br />
les articles commandés en<br />
lignes. « Star’s Service opère deux tournées<br />
de livraison par jour sur Paris et<br />
la proche banlieue à l’aide de petits<br />
véhicules dans lesquels les articles sont<br />
préparés et emballés en sacs », précise<br />
Bertrand Rochebillard. L’entrepôt de<br />
Pantin, qui stocke jusqu’à 140 000<br />
pièces au total, sert également de hub<br />
national pour livrer ses clients internautes<br />
de province. « Nous confions<br />
nos livraisons de vêtements sur le territoire<br />
national à La Poste et au réseau<br />
Relais Colis », expose le dirigeant.<br />
B.M.<br />
68<br />
<strong>logistiques</strong> <strong>magazine</strong> // AVRIL 2013 // n° 278<br />
N ° 278 \\ AVRIL 2013 \\ LOGISTIQUES MAGAZINE 69
( )<br />
LOGISTIQUE URBAINE<br />
TNT quadrille l’Île-de-France<br />
Le transporteur express s’appuie sur un maillage logistique dense<br />
sur le territoire francilien pour assurer ses livraisons de colis à Paris<br />
et dans les communes de tous les départements franciliens.<br />
Pour livrer ses entreprises<br />
clientes disséminées dans<br />
Paris et sa région en documents,<br />
colis de moins de<br />
30 kg ou colis plus lourds et<br />
encombrants provenant de<br />
l’Hexagone ou de l’étranger, le<br />
logisticien et transporteur express<br />
s’est doté d’un maillage resserré<br />
d’entrepôts et de plates-formes<br />
<strong>logistiques</strong> au sein du réseau<br />
urbain francilien. Pour couvrir le<br />
nord et l’ouest de la région, soit<br />
les départements de Seine-Saint-<br />
Denis, du Val-d’Oise, des Yvelines<br />
et la partie nord des Hautsde-Seine,<br />
TNT s’appuie sur sa<br />
grande plate-forme de Garonor à<br />
Aulnay-Sous-Bois (Seine-Saint-<br />
Denis) qui constitue d’ailleurs son<br />
hub pour l’Europe du Sud. Pour<br />
desservir Paris et le sud de la<br />
région parisienne, soit les départements<br />
de l’Essonne, du Val-de-<br />
Marne, de Seine-et-Marne et la<br />
partie sud des Hauts-de-Seine,<br />
l’expressiste dispose de deux<br />
emprises <strong>logistiques</strong> aux portes<br />
de la capitale, l’une à Créteil pour<br />
ses activités internationales d’import/export<br />
(5 700 colis gérés par<br />
jour) et l’autre à Alfortville, son<br />
centre logistique national qui<br />
traite 30 000 colis par jour. « En<br />
fonction de certains paramètres<br />
comme les volumes de colis, la<br />
nature des colis et la typologie de<br />
la livraison, on a découpé le territoire<br />
francilien en zones géographiques<br />
qui peuvent être couvertes<br />
par une à plusieurs tournées de<br />
livraison par jour », indique Julien<br />
« »<br />
Lorsque les volumes l’imposent,<br />
on peut desservir les grands<br />
départements du Val-de-Marne<br />
et de l’Essonne par poids lourds,<br />
Julien Caland,<br />
responsable du centre de TNT International à Créteil.<br />
Caland, responsable du centre de<br />
TNT International à Créteil. Le<br />
plus petit secteur géographique<br />
est le périmètre d’un arrondissement<br />
parisien, le plus grand<br />
s’étend sur 200 km dans l’Essonne.<br />
« Au regard des volumes<br />
importants traités par notre entrepôt<br />
national d’Alfortville qui<br />
s’étend sur une superficie de l’ordre<br />
de 10 000 m 2 , et du milieu<br />
urbain dense de la capitale, nous<br />
avons effectué un découpage de<br />
desserte plus fin de Paris qui se<br />
peut se traduire par 8 à 10 tournées<br />
de livraisons par jour et par<br />
arrondissement », précise-t-il.<br />
TNT y effectue ses livraisons de<br />
petits colis de moins de 30 kg à<br />
l’aide de véhicules utilitaires<br />
d’une capacité de 6 m 3 à 12 m 3 .<br />
Pour y distribuer en palettes des<br />
colis plus encombrants, l’opérateur<br />
utilise des camions de 20 m 3<br />
avec hayon. « Lorsque les volumes<br />
l’imposent, on peut desservir les<br />
grands départements du Val-de-<br />
Marne et de l’Essonne par poids<br />
lourds », souligne Julien Caland.<br />
Réseau logistique<br />
secondaire. Pour assurer ses<br />
livraisons dans les départements<br />
franciliens, le transporteur express<br />
a tissé un réseau logistique secondaire<br />
qui consiste à s’appuyer sur<br />
un entrepôt par département. Ses<br />
dépôts de Bonneuil-en-France en<br />
Seine-Saint-Denis, d’Eragny dans<br />
le Val-d’Oise, de Clamart dans les<br />
Hauts-de-Seine, de Plaisir pour le<br />
les Yvelines, de Fleury-Mérogis<br />
pour l’Essonne et de Ferrières-en-<br />
Brie en Seine-et-Marne servent de<br />
plates-formes intermédiaires qui<br />
permettent à TNT de rayonner<br />
autour pour livrer et pour enlever<br />
des colis en retour de livraison. Pleinement<br />
satisfait de son maillage<br />
logistique en Île-de-France, TNT<br />
conforte sa position à Créteil en<br />
déménageant bientôt dans un nouveau<br />
bâtiment de Sogaris. « Ce déménagement<br />
correspond à une extension<br />
de notre plate-forme logistique<br />
de Créteil puisque nous allons emménager<br />
dans une superficie de 5 600 m 2<br />
contre 4 200 m 2 actuellement. Situé<br />
à seulement 3 km de la capitale,<br />
notre centre de Créteil a une position<br />
géographique stratégique pour<br />
nos livraisons urbaines à Paris ainsi<br />
que pour celles délivrées dans le sud<br />
de l’Île-de-France en raison de la<br />
proximité des autoroutes A86, A6<br />
et A4 », explique Julien Caland. La<br />
proximité de l’entrepôt de Créteil<br />
à vocation internationale avec la<br />
plate-forme nationale d’Alfortville<br />
n’est pas non plus un hasard. « Nous<br />
souhaitons optimiser les synergies<br />
entre les deux entrepôts en transférant<br />
et en rassemblant à Alfortville<br />
certains flux internationaux de colis<br />
de moins de 30 kg, pour être livrés<br />
ensemble avec les colis nationaux.<br />
Il s’agit de diminuer nos coûts en<br />
rationalisant les flux de nos deux<br />
emprises <strong>logistiques</strong> », souligne le<br />
responsable du centre de Créteil.<br />
B.M.<br />
Oxipio, pour que le<br />
magasin reste un lieu<br />
de vente<br />
La logistique urbaine ne concerne pas seulement<br />
les achats sur Internet.<br />
Alors qu’il est encore étudiant,<br />
en master 2 de management<br />
et intelligence<br />
économique à l’IAE de<br />
Valenciennes, Philippe Malraux,<br />
aujourd’hui 34 ans, décide de s’intéresser<br />
aux problématiques des commerces<br />
de proximité à l’heure de la<br />
vente en ligne. Dans le cadre de son<br />
mémoire, il constate que ses commerçants<br />
consacrent 30 % de leur<br />
temps de travail à s’occuper des<br />
stocks. « J’ai alors cherché une solution<br />
pour que leur cœur de métier<br />
redevienne la vente », explique le fondateur<br />
d’Oxipio, qui permet à une<br />
centaine de boutiques du cœur de<br />
Lille d’externaliser leurs stocks, afin<br />
d’agrandir leurs surfaces de vente. À<br />
leur demande, quand ils veulent à<br />
nouveau remplir leurs rayons, les<br />
marchandises leur sont retournées<br />
« just in time ». « Nous leur permettons<br />
de dématérialiser leur stock »,<br />
explique Philippe Malraux. Lancée<br />
en 2011 après une phase de test qui<br />
lui a permis de faire une levée de<br />
fonds de 230 000 €, la jeune entreprise<br />
dispose d’un entrepôt de<br />
800 m 3 pour accueillir les produits<br />
d’enseignes telles que Nocibé,<br />
Marionnaud, Galeries Lafayette ou<br />
Printemps, « tant qu’il n’y a pas de<br />
chaîne du froid à respecter », précise<br />
le fondateur. Les 5 cargo-cycles s’occupant<br />
de livrer les commerces deux<br />
fois par jour ne sont en effet pas équipés<br />
pour transporter ce type de marchandises.<br />
Cette solution permet aux<br />
magasins du centre-ville de proposer<br />
un plus large choix de produits à<br />
leurs clients sans pour autant transformer<br />
leur surface de vente, qui<br />
coûte cher, en entrepôt. « Ils peuvent<br />
alors se préoccuper en priorité du<br />
confort des acheteurs potentiels. » La<br />
société, qui emploie six salariés pour<br />
un chiffre d’affaires prévisionnel de<br />
200 000 €, devrait s’agrandir d’ici la<br />
fin de l’année pour disposer, à terme,<br />
d’environ 15 000 m 3 sur l’agglomération<br />
de Lille… si le développement<br />
de l’activité le permet. Le dirigeant<br />
d’Oxipio espère ensuite poursuivre<br />
son développement sur l’Hexagone.<br />
E.L.<br />
70<br />
<strong>logistiques</strong> <strong>magazine</strong> // AVRIL 2013 // n° 278<br />
N ° 278 \\ AVRIL 2013 \\ LOGISTIQUES MAGAZINE 71
( )<br />
LOGISTIQUE URBAINE<br />
72<br />
La Cave Vagabonde,<br />
du vin sur l’eau<br />
« Capitaine, à la vôtre ! » Derrière le gouvernail, un<br />
tire-bouchon. À côté du hublot, un Bourgogne<br />
aligoté, un Petit Chablis, un epineuil Rosé… la<br />
péniche d’elio achache n’est pas une péniche<br />
comme les autres. Caroline est une cave à vin qui<br />
remonte les fleuves d’auxerre à Paris, et propose,<br />
au gré de ses escales, une dégustation des vins de<br />
l’Yonne pour 3 €, et si affinités, la bouteille est à la<br />
vente. Depuis 2011, sur une idée du vigneron<br />
Philippe testut, établi à Chablis, cet infographiste<br />
reconverti vogue sur les canaux d’Île-de-France<br />
jusqu’à ce que sa cave soit vide et que le ravitaillement<br />
au nord de la Bourgogne se fasse sentir. « Je<br />
programme notamment mes escales en fonction<br />
des marchés à proximité d’un canal », explique cet<br />
ancien vendangeur, rencontré un samedi matin de<br />
février, sur le quai de l’aisne, à Pantin, en seinesaint-Denis,<br />
juste à côté du marché sur l’eau.<br />
« mais je fais aussi du bord à bord quand je vais<br />
dans les zones des bateaux-logements : je navigue,<br />
on m’appelle et j’accoste ». la péniche a été<br />
construite en 2009 aux dimensions des canaux<br />
bourguignons, peu larges, et permettant à elio<br />
d’avancer facilement en Île-de-France et de franchir<br />
sans difficulté toutes les écluses. tous les<br />
jours, le Capitaine assure voir une vingtaine de<br />
clients pour un millier de bouteilles vendues tous<br />
les mois. si la Cave Vagabonde fait plaisir aux habitants<br />
des quartiers qu’elle traverse, pour que la<br />
saRl aux 70 associés – parmi lesquels des vignerons,<br />
amis et parents – survive, il faudrait atteindre<br />
les 2 000 bouteilles. « une fois cet objectif atteint,<br />
nous pourrions, pourquoi pas, développer l’idée<br />
pour d’autres régions viticoles, avec d’autres<br />
péniches… ». et réaliser les rêves de certains en<br />
transformant l’eau en vin ?<br />
E.L.<br />
Les Triporteurs Rennais<br />
alors que le centre de Rennes est de plus en<br />
plus difficile d’accès pour les véhicules de<br />
livraison, Fabrice marteaux a lancé, il y a 4 ans,<br />
les triporteurs rennais. après avoir créé<br />
quelques années plus tôt « Formule Courses »<br />
et après la perte d’un client qui faisait 70 % de<br />
son chiffre d’affaires, le jeune Rennais fait l’acquisition<br />
d’un triporteur et essaye de rebondir<br />
dans le même secteur d’activité. « mon premier<br />
client était Colissimo, raconte le dirigeant.<br />
Cette branche colis de la Poste a commencé<br />
par me confier une rue, puis un quartier, puis<br />
tout le centre-ville. très vite, j’ai signé avec<br />
d’autres entreprises de livraison, comme DHl,<br />
car le concept intéressait : livraison écologique<br />
<strong>logistiques</strong> <strong>magazine</strong> // AVRIL 2013 // n° 278<br />
Focus<br />
Aquarelle s’appuie sur trois bases <strong>logistiques</strong><br />
franciliennes<br />
Pour livrer ses bouquets de fleurs commandés sur internet depuis son site de<br />
production de Brasseuse dans l’oise, le site marchand s’appuie sur trois platesformes,<br />
celle de gonesse qui couvre les départements 93, 91, 78,77 et 95 et gérée<br />
par le prestataire JP France, celle de Cap 18 assurée par Colizen qui dessert Paris<br />
et celle de gennevilliers, base logistique de star’s service qui couvre les départements<br />
92 et 94. « nos trois prestataires traitent et livrent chacun à peu près le<br />
même nombre de colis par jour, soit de 150 à 200. il s’agit pour eux d’opérer rapidement<br />
en raison des commandes tardives de nos clients. Du coup, on leur remet nos<br />
flux de livraison assez tard, deux heures avant la première tournée de livraison en<br />
général », explique geoffroy gohin, responsable<br />
du site de production de Brasseuse.<br />
mais la principale difficulté pour aquarelle<br />
est de répondre aux pics d’activités de noël,<br />
lors de la fête des mères ou de la saint-<br />
Valentin, qui demandent de livrer de 1 000 à<br />
3 000 colis par jour. B.M.<br />
Un Marché sur l’eau pour consommer local<br />
Durable et équitable. l’association marché sur l’eau, créée en 2011, soutient les agriculteurs<br />
d’Île-de-France, encourage la consommation de bons produits de saison et protège<br />
l’environnement. Comment ? en proposant aux consommateurs d’Île-de-France des fruits<br />
et légumes produits en Île-de-France et acheminés par voie fluviale. après avoir adhéré à<br />
l’association marché sur l’eau, sur internet ou sur place, le consommateur vient retirer<br />
son panier, petit (9 € en hiver, 10 € en été), moyen (12 € en hiver, 14 € en été) ou grand<br />
(15 € en hiver, 17 € en été), le mardi et/ou le samedi sur le quai de l’aisne, à Pantin, ou sur<br />
la place de la rotonde à stalingrad dans le 19 e arrondissement.<br />
les étals sont remplis grâce à une petite<br />
embarcation qui remonte les canaux parisiens, depuis<br />
les lieux de production jusqu’aux places de marché. en<br />
s’inscrivant pour des paniers, l’acheteur s’engage sur<br />
une année, avec 10 paniers répartis sur 15 semaines,<br />
et la possibilité de reporter la commande d’une<br />
semaine sur l’autre et de modifier le jour de livraison,<br />
du mardi au samedi et réciproquement. s’abonner aux<br />
paniers permet en effet à la douzaine de producteurs<br />
de seine-et-marne qui font partie de la structure de<br />
connaître la demande de l’année et donc d’anticiper les semences, d’éviter la sur ou sousproduction<br />
et de stocker de trop grandes quantités de fruits et légumes. Pour l’instant, une<br />
centaine de paniers sont vendus toutes les semaines. ainsi, laurence propose des<br />
tomates anciennes, des poivrons, des aubergines et de courgettes, quand Pierre s’est<br />
spécialisé dans les pommes de terre nouvelles et Renaud dans la bière de l’ourcq. la<br />
composition du panier se fait en fonction des saisons et permet à certains de découvrir de<br />
nouveaux produits…<br />
E.L<br />
transforment le cœur de la ville<br />
dans des zones pas toujours accessibles en<br />
voiture. » Depuis le mois d’octobre, l’entreprise<br />
– composée de six collaborateurs, six triporteurs<br />
et deux utilitaires 100 % électriques –<br />
s’est étendue à nantes, sous le nom « les<br />
transporteurs nantais », avec deux triporteurs.<br />
elle lance également une nouvelle offre sur<br />
Rennes. « Face à la concurrence de la vente en<br />
ligne, nous voulons permettre aux commerçants<br />
du centre-ville d’offrir un nouveau service<br />
à leurs clients : après être passé dans plusieurs<br />
boutiques de la ville, le consommateur peut<br />
être livré, par nos soins, à son domicile ou sur<br />
un parking, moyennant quelques euros et dans<br />
la limite des 250 kg, capacité maximale de nos<br />
véhicules ». Pour Fabrice marteaux, il s’agit<br />
également d’aider les petits commerces à se<br />
maintenir face aux centres commerciaux. les<br />
triporteurs Rennais livre quotidiennement 700<br />
à 800 colis.<br />
E.L.<br />
<strong>Logistique</strong> Magazine : Comment se<br />
conçoit un bon système d’information<br />
pour la logistique urbaine ?<br />
Gilles Manuelle : Concernant la<br />
distribution en ville, nous parlons de<br />
« mobilité urbaine » : nous devons<br />
savoir gérer tous types de flux de<br />
marchandises sur un territoire dense et<br />
de plus en plus protégé. Nous sommes<br />
donc confrontés à la problématique de<br />
la distribution multicanal. Les<br />
chargeurs ont des flux qui partent vers<br />
leurs clients depuis leurs magasins,<br />
leur site internet, leurs entrepôts, nos<br />
entrepôts, et doivent gérer la reprise de<br />
produit… Notre outil informatique se<br />
devait donc de répondre à une<br />
problématique de traçabilité quel que<br />
soit le point de départ. Grâce à cette<br />
application, Greengo, 100 % web et<br />
100 % smartphone, un particulier ou<br />
une entreprise peut déclencher un acte<br />
de transport avec une traçabilité<br />
associée, depuis son téléphone ou son<br />
ordinateur. Nous optimisons ensuite<br />
nos moyens techniques et humains par<br />
rapport à ces demandes. Notre outil est<br />
en capacité d’intégrer et de lire tous<br />
types de formats de fichiers et de<br />
codes-barres et il nous permet de<br />
garantir une traçabilité 100 % temps<br />
réel et transparente, y compris pour les<br />
litiges, grâce à l’utilisation des<br />
smartphones par les livreurs. Cette<br />
traçabilité démarre dès la prise en<br />
charge de la marchandise par Vert<br />
Chez Vous, avec la possibilité de traiter<br />
une information de dernière minute.<br />
Enfin, la géolocalisation des véhicules<br />
et des expéditions permet<br />
à chaque instant de conserver la<br />
maîtrise du rythme de circulation des<br />
marchandises.<br />
L. M. : Quelles sont les difficultés à se<br />
doter d’un tel outil informatique ?<br />
G.M. : La principale difficulté était<br />
qu’aucune solution clé en main<br />
n’existait sur le marché ! Il nous a fallu<br />
concevoir notre propre système pour<br />
l’adapter aux enjeux de la distribution<br />
muticanal, mais au final, c’est un<br />
avantage. Aujourd’hui, nous disposons<br />
véritablement d’un outil sur mesure.<br />
Outre le temps et la rigueur nécessaires<br />
au projet, nous avons bénéficié de<br />
l’assise technique de nos principaux<br />
actionnaires, les groupes Labatut et<br />
Tendron, qui nous ont permis de faire<br />
ce type de développement.<br />
L. M. : La taille de l’entreprise et-elle<br />
déterminante pour la livraison<br />
urbaine ?<br />
Interview<br />
Gilles Manuelle,<br />
fondateur et dirigeant de Vert Chez Vous<br />
« En labellisant Vert Chez Vous dans la catégorie<br />
« Distribution urbaine », l’agence opère une première en<br />
France. Il s’agit de noter une prestation logistique<br />
globale, mettant en avant les efforts environnementaux<br />
et sociaux réalisés dans le domaine du transport. »<br />
© VNF - Vincent Colin<br />
G.M. : Toutes les initiatives sont<br />
intéressantes et je pense qu’il y a de la<br />
place pour tous les modèles. Les villes<br />
sont très différentes les unes des autres<br />
et ont des problématiques propres. Les<br />
besoins sont hétérogènes, il ne peut<br />
pas y avoir de solution unique et<br />
universelle. Ce qui est sûr, néanmoins,<br />
c’est que ce sont les petits acteurs qui<br />
proposeront les prochaines<br />
innovations. Ils sont souvent plus<br />
souples, plus réactifs et plus proches<br />
des besoins de leurs clients.<br />
L. M. : En mars, vous avez été<br />
labellisé dans la catégorie<br />
« Distribution urbaine » par la jeune<br />
agence de notation TK’Blue. Qu’est-ce<br />
que cela représente pour vous ?<br />
G.M. : TK’Blue ne notait, jusqu’à<br />
présent, que les modes de transport. En<br />
labellisant Vert Chez Vous dans la<br />
catégorie « Distribution urbaine »,<br />
l’agence opère donc une première en<br />
France puisqu’il s’agit-là de noter une<br />
prestation logistique globale, mettant<br />
en avant les efforts environnementaux<br />
et sociaux réalisés dans le domaine du<br />
transport. Une vingtaine de critères ont<br />
été pris en compte, portant sur<br />
l’équipement, la formation des<br />
collaborateurs et la bonne gestion des<br />
ressources de l’entreprise. Cette<br />
labellisation bénéficie à Vert Chez Vous<br />
en validant notre ligne de conduite,<br />
mais elle nous permet aussi d’en faire<br />
profiter nos clients, qui peuvent ainsi<br />
faire valoir leur utilisation de transports<br />
vertueux, preuve à l’appui.<br />
Propos recueillis par Éloïse Leydier<br />
N ° 278 \\ AVRIL 2013 \\ LOGISTIQUES MAGAZINE 73
( )<br />
LOGISTIQUE URBAINE<br />
phone, développée spécifiquement<br />
pour l’association, par Atos,<br />
facilitant le travail du livreur et<br />
garantissant la traçabilité de la<br />
commande. Cette application permet<br />
notamment de scanner les<br />
numéros de colis et de commerçants<br />
disponibles sous la forme de<br />
codes 2D universels fournis par<br />
l’organisme GS1. « Au pic de notre<br />
activité, nous collectons 90 ou 100<br />
colis par mois, explique Carole<br />
Cuillier, la jeune directrice de La<br />
Tournée. Il en faudrait dix fois plus<br />
pour être rentable. » Deux tournées<br />
ont lieu quotidiennement,<br />
l’une démarre à 9 h 30, l’autre à<br />
18 h. Après une année d’existence,<br />
La Tournée a ainsi livré 630 personnes<br />
différentes, certaines une<br />
seule fois et d’autres sont devenues<br />
des habituées. Parmi elles, 20 sont<br />
des personnes à mobilité réduite<br />
mais représentent 40 % des livraisons.<br />
Quatre livreurs, 3 à plein<br />
temps et un à temps partiel, participent<br />
à cette aventure logistique<br />
et sociale. La Tournée opère ses<br />
recrutements par le biais de<br />
l’agence Pôle Emploi, et privilégie<br />
des habitants du quartier dans les<br />
profils recherchés.<br />
335 livraisons mensuelles<br />
sont nécessaires pour assurer<br />
la rentabilité de La Tournée.<br />
Au total, une soixantaine de<br />
commerçants ont adhéré à<br />
l’association. On les reconnaît<br />
grâce au macaron « La Tournée »<br />
apposé sur leur vitrine.<br />
Les sept fondateurs<br />
la tournée est née de la volonté de sept entrepreneurs<br />
issus de l’innovation technologique…<br />
- Henri de Maublanc, Pdg d’aquarelle ;<br />
- Marc Fourrier, fondateur de Kiala ;<br />
- Bernard Liscia, ex-directeur de l’innovation<br />
d’atos France.<br />
… et de l’innovation sociale :<br />
- Charles-Edouard Vincent, directeur<br />
d’emmaüs Défi ;<br />
- René Eksl, fondateur du cabinet geste ;<br />
- Hugues Sibille, vice-président du<br />
Crédit Coopératif ;<br />
- Gilbert Bouillé, directeur d’emmaüs<br />
neuilly-Plaisance.<br />
C’est ma tournée !<br />
Lancée en 2011, l’expérience de La Tournée marie<br />
technologies, insertion sociale et logistique urbaine.<br />
L’association a mis en place un modèle de livraison à<br />
domicile multicommerçant et entièrement effectuée à<br />
pieds. Le quartier parisien de Belleville a servi de zone<br />
de test mais l’expérience devrait être étendue à toute<br />
la capitale d’ici 5 ans.<br />
Les Dabawallah de Mumbai,<br />
en Inde, passent de foyer en<br />
foyer pour ramasser les repas<br />
chauds préparés par les<br />
épouses et les apportent aux maris<br />
sur leur lieu de travail. Créée en<br />
2011, l’association d’insertion La<br />
Tournée s’est inspirée de ce<br />
modèle pour recréer, à l’échelle<br />
d’un quartier, Belleville, un système<br />
de livraison à domicile multicommerçant,<br />
effectuée entièrement<br />
à pieds. Petite amélioration<br />
néanmoins, La Tournée bénéficie<br />
d’une application pour Smart-<br />
La genèse. Pour l’instant l’association,<br />
qui aimerait devenir une<br />
SCIC (Société coopérative d’intérêt<br />
collectif) dans peu de temps, le<br />
cadre associatif ne permettant pas<br />
une extension de l’activité à tout<br />
Paris, vit en partie grâce aux subventions<br />
et aux dons de la Caisse<br />
des Dépôts, de la RATP, de la Ville<br />
de Paris, mais aussi d’entreprises<br />
privées telles que Orange, Atos, Axa,<br />
Casino… dont certaines aident également<br />
en apportant leur expertise<br />
gratuitement ou à tarif préférentiel.<br />
Au deuxième semestre 2013,<br />
l’association espère un déploiement<br />
à d’autres arrondissements de la<br />
capitale, et un déploiement sur tout<br />
Paris d’ici 5 ans, « tout en préservant<br />
l’esprit de proximité », souhaite<br />
la directrice. En effet, La Tournée<br />
est née de la volonté d’un groupe<br />
d’entrepreneurs issus de l’innovation<br />
sociale et technologique (voir<br />
« »<br />
Au pic de notre activité, nous collectons<br />
90 ou 100 colis par mois. Il en faudrait<br />
dix fois plus pour être rentable,<br />
Carole Cuillier,<br />
directrice de La Tournée.<br />
encadré), à trouver des réponses<br />
concrètes au chômage, à la perte<br />
du lien social dans les villes… bref,<br />
« de ne pas accepter la fatalité »,<br />
peut-on lire dans la profession de<br />
foi de l’association. La Tournée<br />
émane d’une autre association,<br />
l’ALUD, (Association pour une<br />
logistique urbaine durable). En<br />
2011, sous la direction d’Henri de<br />
Maublanc, Pdg du fleuriste en ligne<br />
Aquarelle, l’ALUD demande au<br />
cabinet de conseil Diagma d’étudier<br />
la faisabilité du projet et d’établir<br />
son modèle économique. En<br />
découpant Paris en 40 zones logis-<br />
74<br />
<strong>logistiques</strong> <strong>magazine</strong> // AVRIL 2013 // n° 278<br />
N ° 278 \\ AVRIL 2013 \\ LOGISTIQUES MAGAZINE 75
( )<br />
LOGISTIQUE URBAINE<br />
tiques, représentant chacune 2 km 2 ,<br />
les consultants ont estimé entre 5<br />
et 10 le nombre de porteurs nécessaires<br />
par zone. Il est également calculé<br />
que 335 livraisons mensuelles<br />
sont nécessaires pour assurer la rentabilité<br />
de La Tournée. Avec sa centaine<br />
de livraisons, au mieux, sur le<br />
quartier de Belleville et avec ses 200<br />
commerces cœur de cible, La Tournée<br />
ne pourrait donc s’en sortir<br />
qu’avec l’apport de flux extérieurs<br />
au quartier, en mettant en place la<br />
combinaison de la livraison à pieds<br />
et des espaces <strong>logistiques</strong> municipaux<br />
dans chaque quartier, ouverts<br />
à terme à tous les opérateurs. Pour<br />
les consommateurs, « les commandes<br />
sur Internet seront peut-être bientôt<br />
possibles, prévoit Carole Cuillier.<br />
Et La Tournée aura alors inventé<br />
la vente à distance de proximité ».<br />
Eloïse Leydier<br />
Reportage<br />
Témoignage<br />
Carole Cuillier, directrice de la Tournée<br />
Formation : École<br />
supérieure de<br />
commerce (ESC Nice)<br />
et Institut d’Études<br />
Politiques de Paris.<br />
« Avant La Tournée, j’ai essentiellement travaillé dans le conseil en<br />
marketing et en organisation dans le secteur des télécoms, des médias<br />
et des services. À ce titre, j’ai été impliquée à de nombreuses reprises<br />
dans le lancement de produits ou de services innovants s’appuyant sur<br />
les nouvelle technologies, comme l’iPhone ou de nouveaux services<br />
d’assurance sur i nternet. En m’occupant de lancer La Tournée sur<br />
un premier quartier pilote dans Paris, je reste donc dans l’innovation,<br />
mais une innovation centrée sur l’humain et qui vise à répondre<br />
à des enjeux sociaux et collectifs comme la création d’emploi ou la<br />
protection de l’environnement.<br />
J’ai été en contact, via un ami commun, avec Bernard Liscia, administrateur<br />
et fondateur de l’ALUD, alors que je cherchais à sortir du conseil et<br />
à travailler sur des projets à vocation sociale ou collective. Bernard avait<br />
initié plusieurs projets qui avaient tous pour finalité de permettre à des<br />
personnes peu qualifiées de trouver un emploi. J’ai d’abord participé à un de ses projets à temps<br />
partiel et de manière bénévole. Notre collaboration ayant bien fonctionné, il m’a proposé le poste<br />
de directrice de La Tournée quand il s’est ouvert. J’ai ensuite fait acte de candidature de manière<br />
classique et j’ai passé des entretiens avec plusieurs administrateurs de La Tournée. »<br />
18 h 05. « Bonsoir, vous avez<br />
quelque chose pour<br />
La Tournée ?»Arnaud vient<br />
d’entrer dans la première enseigne<br />
de sa tournée de collecte,<br />
une pharmacie. Un premier colis<br />
est collecté, contre signature du bon<br />
de commande sur l’écran de son<br />
Smartphone, grâce à l’application<br />
développée par Atos. Arnaud scanne,<br />
toujours avec son téléphone,<br />
le code 2D du magasin, celui du bon<br />
de livraison et vérifie que les données<br />
sur la personne à livrer sont<br />
renseignées. « Soit la personne<br />
a déjà son code et nous n’avons<br />
besoin que du nom pour vérifier<br />
adresse, code d’entrée, étage, etc.,<br />
soit une fiche est remplie<br />
dans le magasin avec tous ces<br />
renseignements. »<br />
18 h 50. Le vingtième et dernier<br />
magasin à questionner est un<br />
traiteur. « Nous n’avons pas de colis<br />
ce soir, mais une commande pour<br />
demain matin. » Arnaud note l’information.<br />
Il a maintenant rendez-vous<br />
avec les deux autres livreurs du<br />
quartier. En remontant jusqu’à l’église<br />
de Saint Jean-Baptiste de Belleville,<br />
à la sortie du métro Jourdain,<br />
coup de téléphone : un des clients de<br />
La Tournée voudrait qu’Arnaud passe<br />
chercher des affaires au pressing.<br />
« La boutique fermant à 19 h, je vais<br />
lui proposer demain matin… et sinon,<br />
ce sera pour le soir. » Pour certains,<br />
le linge sale est collecté à domicile,<br />
amené au pressing, récupéré le soir<br />
et livré à partir de 19 h.<br />
18 h 00. Au pied des Buttes Chaumont, dans le<br />
20 e arrondissement de Paris, un jeudi de février, Arnaud,<br />
27 ans, l’un des quatre livreurs de La Tournée, troque son vélo<br />
contre un chariot aux couleurs de l’association. Cela fait<br />
maintenant un an qu’il travaille comme livreur pour La Tournée.<br />
Il habite le quartier et est heureux d’avoir trouvé cet emploi,<br />
accessible sans qualification particulière. Pendant près<br />
d’une heure, il va arpenter les rues du quartier de Belleville<br />
et collecter auprès d’une vingtaine de commerçants les<br />
emplettes commandées par les habitants du quartier. Pendant<br />
ce temps, deux de ses collègues en font de même. Au total,<br />
une soixantaine de commerçants ont adhéré à l’association.<br />
On les reconnaît grâce au macaron « La Tournée » apposé sur<br />
leur vitrine. « Pour commander, les acheteurs téléphonent ou<br />
passent dans les boutiques en allant au travail et se font livrer<br />
au moment où il rentrent chez eux, contre 2 € par panier de<br />
6 kg et par commerçant », explique-t-il en zigzaguant entre les<br />
poussettes, les piétons, les arbres et les voitures mal garées.<br />
18 h 20. Charcutier, caviste,<br />
chocolatier, Monoprix…<br />
Cela fait maintenant plusieurs<br />
enseignes qu’Arnaud a visitées<br />
sans courses à collecter.<br />
18 h 40. Chez le primeur,<br />
Arnaud collecte deux colis pour<br />
des habitués. « Nos clients apprécient<br />
ce nouveau service », assure<br />
le patron. Prochain arrêt : le fleuriste.<br />
« Toute la difficulté pour cette course<br />
est que le bouquet a été commandé<br />
par une autre personne que celle à<br />
livrer, glisse Arnaud, en scannant le<br />
bon de livraison. Et parfois, les<br />
données communiquées ne sont pas<br />
les bonnes ou pas assez précises…<br />
ou la personne n’est pas là. » Dans ce<br />
cas, Arnaud devra rapporter les fleurs<br />
au magasin dans la soirée.<br />
19 h 00. Les « collecteurs » se<br />
retrouvent sur la Place, à la<br />
croisée de la rue de Belleville, de la<br />
rue du Jourdain et de la rue Lassus.<br />
Ils se répartissent les colis en fonction<br />
des destinataires et scannent à<br />
chaque fois le bon de livraison et<br />
le smartphone du collecteur pour le<br />
« transfert de responsabilité »<br />
des paniers. Ils changent maintenant<br />
de casquette pour devenir les<br />
livreurs. Jusqu’à 21 h, ils vont sonner<br />
aux portes du quartier, livrer des gens<br />
pressés, des personnes âgées,<br />
des personnes seules, faire parfois<br />
un brin de causette.<br />
21 h 00. La journée se termine<br />
pour Arnaud. Demain matin, même<br />
parcours à partir de 9 h 30, pour des<br />
livraisons de 10 h 30 à 12 h 30.<br />
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