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logistiques magazine - WK Transport Logistique

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( )<br />

LOGISTIQUE URBAINE<br />

tiques, représentant chacune 2 km 2 ,<br />

les consultants ont estimé entre 5<br />

et 10 le nombre de porteurs nécessaires<br />

par zone. Il est également calculé<br />

que 335 livraisons mensuelles<br />

sont nécessaires pour assurer la rentabilité<br />

de La Tournée. Avec sa centaine<br />

de livraisons, au mieux, sur le<br />

quartier de Belleville et avec ses 200<br />

commerces cœur de cible, La Tournée<br />

ne pourrait donc s’en sortir<br />

qu’avec l’apport de flux extérieurs<br />

au quartier, en mettant en place la<br />

combinaison de la livraison à pieds<br />

et des espaces <strong>logistiques</strong> municipaux<br />

dans chaque quartier, ouverts<br />

à terme à tous les opérateurs. Pour<br />

les consommateurs, « les commandes<br />

sur Internet seront peut-être bientôt<br />

possibles, prévoit Carole Cuillier.<br />

Et La Tournée aura alors inventé<br />

la vente à distance de proximité ».<br />

Eloïse Leydier<br />

Reportage<br />

Témoignage<br />

Carole Cuillier, directrice de la Tournée<br />

Formation : École<br />

supérieure de<br />

commerce (ESC Nice)<br />

et Institut d’Études<br />

Politiques de Paris.<br />

« Avant La Tournée, j’ai essentiellement travaillé dans le conseil en<br />

marketing et en organisation dans le secteur des télécoms, des médias<br />

et des services. À ce titre, j’ai été impliquée à de nombreuses reprises<br />

dans le lancement de produits ou de services innovants s’appuyant sur<br />

les nouvelle technologies, comme l’iPhone ou de nouveaux services<br />

d’assurance sur i nternet. En m’occupant de lancer La Tournée sur<br />

un premier quartier pilote dans Paris, je reste donc dans l’innovation,<br />

mais une innovation centrée sur l’humain et qui vise à répondre<br />

à des enjeux sociaux et collectifs comme la création d’emploi ou la<br />

protection de l’environnement.<br />

J’ai été en contact, via un ami commun, avec Bernard Liscia, administrateur<br />

et fondateur de l’ALUD, alors que je cherchais à sortir du conseil et<br />

à travailler sur des projets à vocation sociale ou collective. Bernard avait<br />

initié plusieurs projets qui avaient tous pour finalité de permettre à des<br />

personnes peu qualifiées de trouver un emploi. J’ai d’abord participé à un de ses projets à temps<br />

partiel et de manière bénévole. Notre collaboration ayant bien fonctionné, il m’a proposé le poste<br />

de directrice de La Tournée quand il s’est ouvert. J’ai ensuite fait acte de candidature de manière<br />

classique et j’ai passé des entretiens avec plusieurs administrateurs de La Tournée. »<br />

18 h 05. « Bonsoir, vous avez<br />

quelque chose pour<br />

La Tournée ?»Arnaud vient<br />

d’entrer dans la première enseigne<br />

de sa tournée de collecte,<br />

une pharmacie. Un premier colis<br />

est collecté, contre signature du bon<br />

de commande sur l’écran de son<br />

Smartphone, grâce à l’application<br />

développée par Atos. Arnaud scanne,<br />

toujours avec son téléphone,<br />

le code 2D du magasin, celui du bon<br />

de livraison et vérifie que les données<br />

sur la personne à livrer sont<br />

renseignées. « Soit la personne<br />

a déjà son code et nous n’avons<br />

besoin que du nom pour vérifier<br />

adresse, code d’entrée, étage, etc.,<br />

soit une fiche est remplie<br />

dans le magasin avec tous ces<br />

renseignements. »<br />

18 h 50. Le vingtième et dernier<br />

magasin à questionner est un<br />

traiteur. « Nous n’avons pas de colis<br />

ce soir, mais une commande pour<br />

demain matin. » Arnaud note l’information.<br />

Il a maintenant rendez-vous<br />

avec les deux autres livreurs du<br />

quartier. En remontant jusqu’à l’église<br />

de Saint Jean-Baptiste de Belleville,<br />

à la sortie du métro Jourdain,<br />

coup de téléphone : un des clients de<br />

La Tournée voudrait qu’Arnaud passe<br />

chercher des affaires au pressing.<br />

« La boutique fermant à 19 h, je vais<br />

lui proposer demain matin… et sinon,<br />

ce sera pour le soir. » Pour certains,<br />

le linge sale est collecté à domicile,<br />

amené au pressing, récupéré le soir<br />

et livré à partir de 19 h.<br />

18 h 00. Au pied des Buttes Chaumont, dans le<br />

20 e arrondissement de Paris, un jeudi de février, Arnaud,<br />

27 ans, l’un des quatre livreurs de La Tournée, troque son vélo<br />

contre un chariot aux couleurs de l’association. Cela fait<br />

maintenant un an qu’il travaille comme livreur pour La Tournée.<br />

Il habite le quartier et est heureux d’avoir trouvé cet emploi,<br />

accessible sans qualification particulière. Pendant près<br />

d’une heure, il va arpenter les rues du quartier de Belleville<br />

et collecter auprès d’une vingtaine de commerçants les<br />

emplettes commandées par les habitants du quartier. Pendant<br />

ce temps, deux de ses collègues en font de même. Au total,<br />

une soixantaine de commerçants ont adhéré à l’association.<br />

On les reconnaît grâce au macaron « La Tournée » apposé sur<br />

leur vitrine. « Pour commander, les acheteurs téléphonent ou<br />

passent dans les boutiques en allant au travail et se font livrer<br />

au moment où il rentrent chez eux, contre 2 € par panier de<br />

6 kg et par commerçant », explique-t-il en zigzaguant entre les<br />

poussettes, les piétons, les arbres et les voitures mal garées.<br />

18 h 20. Charcutier, caviste,<br />

chocolatier, Monoprix…<br />

Cela fait maintenant plusieurs<br />

enseignes qu’Arnaud a visitées<br />

sans courses à collecter.<br />

18 h 40. Chez le primeur,<br />

Arnaud collecte deux colis pour<br />

des habitués. « Nos clients apprécient<br />

ce nouveau service », assure<br />

le patron. Prochain arrêt : le fleuriste.<br />

« Toute la difficulté pour cette course<br />

est que le bouquet a été commandé<br />

par une autre personne que celle à<br />

livrer, glisse Arnaud, en scannant le<br />

bon de livraison. Et parfois, les<br />

données communiquées ne sont pas<br />

les bonnes ou pas assez précises…<br />

ou la personne n’est pas là. » Dans ce<br />

cas, Arnaud devra rapporter les fleurs<br />

au magasin dans la soirée.<br />

19 h 00. Les « collecteurs » se<br />

retrouvent sur la Place, à la<br />

croisée de la rue de Belleville, de la<br />

rue du Jourdain et de la rue Lassus.<br />

Ils se répartissent les colis en fonction<br />

des destinataires et scannent à<br />

chaque fois le bon de livraison et<br />

le smartphone du collecteur pour le<br />

« transfert de responsabilité »<br />

des paniers. Ils changent maintenant<br />

de casquette pour devenir les<br />

livreurs. Jusqu’à 21 h, ils vont sonner<br />

aux portes du quartier, livrer des gens<br />

pressés, des personnes âgées,<br />

des personnes seules, faire parfois<br />

un brin de causette.<br />

21 h 00. La journée se termine<br />

pour Arnaud. Demain matin, même<br />

parcours à partir de 9 h 30, pour des<br />

livraisons de 10 h 30 à 12 h 30.<br />

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<strong>logistiques</strong> <strong>magazine</strong> // AVRIL 2013 // n° 278<br />

N ° 278 \\ AVRIL 2013 \\ LOGISTIQUES MAGAZINE 77

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