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L'inspecteur pour qui les insectes sont des indices Claude Wyss

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<strong>Claude</strong> <strong>Wyss</strong> L’inspecteur <strong>pour</strong> <strong>qui</strong> <strong>les</strong> <strong>insectes</strong> <strong>sont</strong> <strong>des</strong> <strong>indices</strong>PORTRAITpuent, ne <strong>sont</strong> pas beaux, passent par<strong>des</strong> sta<strong>des</strong> immon<strong>des</strong>. Mais l’horreur,vous la mettez de côté. Il faut faire abstractionde l’être humain, de son vécu,sinon vous n’y arrivez pas. Je travail<strong>les</strong>ur un substrat, je dois résoudre uneaffaire. C’est mon job», assène <strong>Claude</strong><strong>Wyss</strong>, <strong>qui</strong> assure 200 constats parannée et 85 expertises entomologiquesà ce jour.→aussitôt dans une digression. Cettemouche africaine, très rare sous noslatitu<strong>des</strong>, est une saisonnière clan<strong>des</strong>tine,<strong>qui</strong> a permis à <strong>Claude</strong> <strong>Wyss</strong>d’orienter une histoire de meurtre dansle canton de Fribourg : «J’étais appelé<strong>pour</strong> un constat, au mois d’octobre. Etlà je trouve une pupe de Chrysomya albiceps.Quel indice! Quand on sait quecette mouche ne vient en Suisse qu’aumois d’août, la mort ne pouvait doncdater que de ce moment-là. Une autreespèce a permis de dater le cadavre aujour près. Vous vous rendez compte?»s’interrompt le spécialiste, avant <strong>des</strong>’exclamer en ponctuant : «Mais c’estgé-ni-al! On a <strong>des</strong> migrations d’<strong>insectes</strong>comme chez <strong>les</strong> oiseaux.»Ainsi, tout peut être indice. Pourautant qu’on s’applique à <strong>les</strong> lire. Lespetites habitu<strong>des</strong> <strong>des</strong> mouches nécrophages,leurs déplacements, leurmanière de voler continuent de parlerbien après que la mort a fermé <strong>les</strong>lèvres. Leurs mœurs définiront un lieu– Calliphora vomitoria affectionne laforêt –, leur seule présence dira une saison– Protophormia terranovae (Robineau-Desvoidy,1830) n’apparaît pasici avant le mois de juin.Puzzle zoologiqueReste que la tâche est souventingrate, l’environnement sordide. Maisla curiosité scientifique est plus forteque le dégoût. «Bien sûr, <strong>les</strong> cadavresParce qu’il aime décortiquer, traquer<strong>les</strong> preuves vivantes. Parce que ce finlimier <strong>des</strong> invertébrés à six pattes seplaît à résoudre, assembler <strong>les</strong> piècesde ce grand puzzle zoologique <strong>qui</strong> endit tant sur la nature humaine. Observer<strong>pour</strong> comprendre. Que, comme lelaisse supposer son expérience ducochon en pyjama (voir encadré p.18),la mort suit un processus de décompositionchaotique, dépendant de latempérature, de l’environnement etprobablement d’autres facteursinternes, d’ordre biologique : <strong>les</strong> corpsde deux personnes décédées dans <strong>les</strong>mêmes circonstances, en appartement,ne seront pas au même stade de putréfactionaprès sept jours. Ce <strong>qui</strong> amènel’inspecteur à chercher <strong>les</strong> constantesplutôt que <strong>les</strong> évidences trompeuses. Età ne pas confondre un trou creusé par<strong>les</strong> larves avec la trace d’une munition22 long rifle.16A LLEZ SAVOIR! / N°18 OCTOBRE 2000

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