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Le Voleur - Lecteurs.com

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Et il continue à décrire les opérations dans lesquelles il a engagéma fortune, à en expliquer les fluctuations. Mais sa voixn’est plus la même ; elle tremble. Pas de peur, non, maisd’énervement. Il s’était attendu à des récriminations, à des injures,à plus peut-être, et il était prêt à leur faire tête ; mais iln’avait pas prévu mon silence, et mon calme l’exaspère. Sonsystème d’interprétation des faits n’est plus le même que toutà l’heure, non plus ; il ne se donne plus la peine de déguiserses intentions, ne prend plus souci de farder ses actes. Il ne ditplus : « Mets-toi à ma place, je t’en prie ; aurais-tu agi autrement?… Ç’a été un coup terrible pour moi que ce désastre dela Banque Européenne… J’ai pensé que lorsque tu aurais l’âgede <strong>com</strong>prendre les choses, tu te rendrais <strong>com</strong>pte… » Il dit :« Tel a été mon avis ; je n’avais pas à te demander le tien… J’aifait ça dans ton intérêt ; crois-le si tu veux… » Tout d’un coup,il s’arrête, fait pivoter son fauteuil et me regarde en face.– Il ressort de ce que je viens de t’exposer, dit-il, que lespertes qu’ont fait éprouver à ton avoir mes spéculations malheureusesmontent à deux cent mille francs environ. Ma situationactuelle ne me permet pas de te couvrir de cette différencebien que, jusqu’à un certain point, je t’en sois redevable.Tu as le droit de m’intenter un procès ; en dépensant beaucoupde temps, et beaucoup d’argent, tu pourras même arriver à legagner, et tu n’auras plus alors qu’à continuer tes poursuites,personne ne peut te dire jusqu’à quand. En acceptant ta tutellej’avais pris l’engagement de faire fructifier ton bien, ou aumoins de te le conserver ; les circonstances se sont jouées demes intentions. Que veux-tu ? Un contrat est toujours léonin ;l’homme n’a pas de prescience.Je ne réponds pas. Mon oncle reprend :– j’ai donc, aujourd’hui, six cent mille francs à te remettre.Ces six cent mille francs sont représentés par des valeurs dontvoici la liste.Il me tend une feuille de papier sur laquelle je jette un coupd’œil.– Je pense, dis-je, qu’au cours actuel il n’y a pas là deux centmille francs.– C’est possible, répond mon oncle. Lis un journal. Ou plutôt,adresse-toi à un agent de change, car, plusieurs de ces valeursne sont pas cotées en Bourse, ni même en Banque. Lorsque je41

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