Mars 2012 - pharmaSuisse

Piéger la cystite
Quand uriner provoque une sensation de brûlure, il faut agir sans tarder car une
cystite débutante peut être soignée par des tisanes et des remèdes doux.
Andrea Söldi
Chez la femme, les orifices de son espace intime
sont proches l’un de l’autre. Et il n’est pas
rare que les bactéries provenant de l’un d’eux
entreprennent une excursion dans l’orifice
voisin et s’y développent. Comme les voies
urinaires de ces dames sont en outre plus
courtes que celles de ces messieurs, elles sont
logiquement plus souvent concernées par la
cystite. Dans la majorité des cas, les fautifs
sont des bactéries provenant de l’intestin ou
transmises lors des rapports sexuels.
La cystite touche les femmes à tout âge, mais
elles sont plus particulièrement exposées
après la ménopause, lorsque les muqueuses
sont plus fines et plus sèches et que la vessie
s’abaisse. Plus exceptionnellement, cette
inflammation de la vessie peut aussi affecter
les hommes d’un certain âge dont la prostate
est gonflée. Lorsque c’est le cas, il faut absolument
consulter un médecin car la cystite peut
être l’expression d’une autre maladie.
D’anodine à dangereuse
Au début, la cystite se manifeste auprès de
son hôte par une sensation de brûlure à la
miction et malgré une impériosité urinaire,
seules de faibles quantités d’urine sont éjectées.
Si l’infection en est déjà à un stade avancé,
l’urine est alors trouble, malodorante et
peut contenir des traces de sang (hématurie).
Des crampes peuvent apparaître.
Quand les germes remontent l’uretère pour
atteindre les reins, la situation se complique
dangereusement. La cystite devient alors pyélite
– une inflammation du bassinet accompagnée
le plus souvent de fièvre et de douleurs
lombaires. Pour éviter qu’elle ne se propage,
de nombreux médecins traitent d’emblée la
cystite par des antibiotiques.
Combat précoce à moitié gagné
Le recours à des moyens aussi forts est malheureusement
un peu trop systématique.
« Au lieu de combattre ardemment l’intrus,
notre système immunitaire se met en veille »,
explique Bettina Ariza-Hügin de la pharmacie
Bellevue à Zurich. C’est aussi de cette façon
que l’on cultive la résistance des bactéries,
celles-là mêmes qui causent notre perte. Il
existe pourtant des traitements moins virulents.
La pharmacienne et naturopathe dis-
En agissant rapidement, on peut souvent éviter le pire.
pose pour cela d’un arsenal de mesures.
L’important en l’espèce, c’est que la personne
se présente dès les premiers symptômes de la
maladie et prenne conseil.
La nature à notre secours
La spécialiste recommande des infusions
et teintures d’extraits de plantes pour lutter
contre les bactéries et champignons et stimuler
le système immunitaire. Le malade
boit alors abondamment ce qui a pour effet
secondaire recherché de « rincer » fréquemment
les voies urinaires et ainsi d’entraver la
progression des bactéries. Boire suffisamment
est aussi une précaution très importante, notamment
chez les personnes particulièrement
sujettes à la cystite. Se retenir d’aller aux toilettes
quand le besoin s’en fait sentir est une
mauvaise idée car une vessie rarement vidée
est un terrain de développement idéal pour
les germes.
De nombreux pharmaciens proposent des
produits complémentaires issus de la médecine
douce (homéopathie, spagyrie ou
anthroposophie). De même, les jus d’airelle
Comment éviter la cystite
Inflammation de la vessie astreaPHARMACIE 03/2012 25
et de canneberge peuvent avoir un effet préventif
puisque certains de leurs composants
empêchent que les bactéries puissent s’accrocher
à la muqueuse de la vessie. Dépourvues
d’adhérence, elles sont alors évacuées avec
l’urine lors de la miction.
Eau, hygiène et chaleur
Les femmes régulièrement concernées par la
cystite après les rapports sexuels devraient
boire un ou deux verres avant chaque rapport.
De même, une bonne hygiène intime permet
d’éviter la maladie. S’essuyer d’avant en arrière
après chaque selle par exemple empêche
de véhiculer les bactéries intestinales vers le
méat urinaire. Un nettoyage régulier à l’eau de
la zone intime est également important. Enfin,
Ariza-Hügin préconise de garder au chaud la
région lombaire où siègent les reins, contrairement
aux tendances de la mode. « Les jeunes
qui portent en hiver des pulls leur découvrant
le ventre sont plus particulièrement exposés »,
explique-t-elle avant d’ajouter « ce n’est pas
par hasard si l’on parle en langue populaire
de vessie enrhumée ».
n
– Avoir une bonne hygiène intime : s’essuyer d’avant en arrière après
chaque selle.
– Se laver régulièrement la partie intime à l’eau.
– Boire beaucoup avant les rapports sexuels et aller uriner après ceux-ci.
– Boire suffisamment d’une manière générale.
– Ne pas retarder les mictions.
– Eviter le froid au niveau du bas-ventre : s’habiller chaudement et éviter de
s’asseoir sur des surfaces froides.
Photo : www.merlinphotography.ch