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C U L T U R E 23« Salah Gaoua chante et dit Mohia » en tournéeMuhend U Yehya ou le printempsimpérissable !C'est jeudi dernier, à lalibrairie Ta Page, qu'acommencé la minitournéedu concertpoétique «Salah Gaouachante et dit Mohia» ;une commémorationplus qu'éloquente d'uncertain 20 avril 1980 !Le spectacle du chanteur Salah Gaouaa déjà fait un beau parcours depuissa création en 2011. Mais à l'occasiondu 32 e anniversaire duPrintemps berbère, l'artiste choisit de sortirprendre l'air avec ses feuilles et ses chansons.Première escale : la librairie Ta Pageau Telemly, espace aussi original que parfaitementadapté à la nature de l'événement.Dans l'étroit sous-sol de ce petitparadis dédié au livre, Salah s'installe avecZami, un luthiste hors-pair, et s'apprête àaccueillir une dizaine de spectateurs. Oùs'asseoir ? Sur les petits tabourets réservéshabituellement aux enfants, sur les marchesd'escaliers qui mènent à cette petite salle delecture, ou alors s'asseoir en tailleurs parterre…Le spectacle, conçu à l'occasion pourêtre court et percutant, sobre mais intense,débute comme un crescendo avec les premièresplaintes du luth majestueux deZami qui prépare la naissance du poème «A win ihedren felli » de Muhend U Yehya,adapté de « La statue » de Jacques Brel.Suivra «nukni syennathen agui », véritablepamphlet pour les opprimés désarmés quifiniront un jour « par prendre les armes » ;« Mmmuh » est un poème joliment blasphématoirequi met en scène un Dieudépressif face à ces musulmans passés maîtresdans l'intégrisme et l'hypocrisie religieuse.La lecture de ce texte est suivie d'uningénieux « Talaâ el badrou alayna » chantépar un Zami espiègle, qui enchaîne surl'une des chansons phares du répertoireMuhand U Yehya : « Amzzerti » savammentadapté du « Déserteur » de Boris Vian. Puisvient l'incontournable Barwaguya, repriseen chœur par le charmant public passionnéet toujours extasié de revisiter l'un de nosplus grands poètes et dramaturges.A la lecture comme au chant, SalahGaoua évite intelligemment de mimer l'immenseMuhend U Yehya, et c'est pour celaque la prononciation des mots françaispropre à cet éternel pourfendeur n'a pas étéreprise par Gaoua qui estime que plus oncherche à imiter ce grand homme, moinson réussira à reprendre son œuvre. Quant àZami, le virtuose non-kabylophone, il a pu,de manière aussi magistrale que sidérante,ressentir profondément la poésie de Mohiaet ainsi lui trouver les meilleurs accords,lesquels surprennent et séduisent par leurtonalité orientale qui néanmoins épouseparfaitement le tragique et le burlesque dupoète. Le spectacle s'achève avec le mythique« Barzidane » (adapté du poème« Presidente » de Victor Jara), une chansoncoup-de-poing destiné à tous les mal-élusautocrates d'Algérie et d'ailleurs. Les dernièresnotes de Zami sont encore une foisironiques : un bref instrumental de l'hymnenationale !La tournée de « Salah Gaoua chante etdit Mohia » se poursuivra jusqu'au 27 avril.Mardi prochain, le chanteur sera avecl'équipe au complet : Bazou et Zami, lesdeux virtuoses indispensables, ainsi que lesmusiciens du TRB, qui se produiront àl'université Targa Uzemmur de Bejaïa. Lelendemain, 25 avril, ce sera au tour des étudiantsde Tizi Ouzou qui retrouveront lespectacle à la cité universitaire Bastos. Le26, la troupe nous fera revivre le plaisir desarts en plein air puisqu'elle se produira auvillage Zoubga à Iferhounen, avant de revenirvers Tizi pour animer le soir-même unrécital dans la magnifique terrasse du restaurantl'Ambassade. Enfin, retour à Algerle 27 avril, pour un dernier concert auPalais de la culture Mufdi-Zakaria. Des rendez-vousà ne pas rater !S. H.ALGERIE NEWS Samedi 21 avril 2012