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12 dclgé a a eDébatAnalyses &DécryptagesLecture du dernier rapport du FMILa crise mondialeimplique une réformestructurelle profondePar: Abderrahmane MebtoulDans son dernier rapport, on peutret<strong>en</strong>ir deux idées ou conclusionsmajeures du FMI. Le pirede la crise financière mondialeest derrière nous et la reprise économiquemondiale est <strong>en</strong> cours. Cela dit, cettereprise est fragile, l’ampleur globale de lareprise et sa durabilité dép<strong>en</strong>dant duredressem<strong>en</strong>t de la demande des ménageset des <strong>en</strong>treprises. Le Fonds monétaireinternational a légèrem<strong>en</strong>t revu à la hausseses prévisions pour la croissance mondiale,à 3,5% <strong>en</strong> 2012. Cep<strong>en</strong>dant, le FMIappelle à la vigilance car la reprise des paysindustrialisés, <strong>en</strong> particulier les pays europé<strong>en</strong>s,n'est pas assurée.Au dernier trimestre 2011, le rapportindique que «la résurg<strong>en</strong>ce des craintesd'une escalade et d'une ext<strong>en</strong>sion de lacrise de la zone euro (...) avait conduit à unfort ral<strong>en</strong>tissem<strong>en</strong>t économique inatt<strong>en</strong>du…la réduction de l'effet de levier desbanques europé<strong>en</strong>nes, au cours du secondsemestre 2011, a provoqué un repli de l'offrede crédit au secteur privé». Ce qui acontribué à une moindre croissance selonle FMI. Par ailleurs, l’inflation a été légèrem<strong>en</strong>trévisée à la hausse <strong>en</strong> mars 2012 à 2,7% selon l’estimation d'Eurostat, l'officeeuropé<strong>en</strong> des statistiques. Il s'agit du 16 emois consécutif où l'inflation dépasse leseuil de 2% . Le mainti<strong>en</strong> de l'inflation à unniveau élevé est largem<strong>en</strong>t dû à la haussedes prix du carburant, du gaz et des combustiblesliquides, qui a pesé sur les transports(4,6%) et le logem<strong>en</strong>t (4 %). Selon leFonds monétaire international, «les ratiosde la dette [rapportée au produit intérieurbrut] sont <strong>en</strong> augm<strong>en</strong>tation, C'est le caspar exemple de la France où le pic serait de90,8% <strong>en</strong> 2013, ou de l'Italie à 123,8% lamême année. Pour les Etats-Unis ou leJapon, la dette publique sera <strong>en</strong> expansion<strong>en</strong> 2017 (113% et 256% respectivem<strong>en</strong>t).Le FMI conseille la BCE de conserver unepolitique monétaire accommodante,<strong>en</strong>core que la baisse de son taux d'intérêtdirecteur, aujourd'hui fixé à 1%,n’est passuffisant. Le secteur bancaire nécessiteraune demande de recapitalisation pouramoindrir le risque de restriction des créditsà l'économie.Pour le Fonds, il ne faut surtout pas sefocaliser uniquem<strong>en</strong>t sur l'austérité budgétaire.Un taux d'intérêt bas n'est pas unegarantie. Il est une condition nécessairemais pas suffisante du retour à la croissance.Ainsi, une nouvelle crise, plus graveque celle de 1929 et d’octode 2008, n’estpas exclue <strong>en</strong> Europe. Elle se répercuteraitdirectem<strong>en</strong>t sur les Etats-Unis, un paysdont les équilibres macro-économiquesrest<strong>en</strong>t trés fragiles.Une nouvelle criseest toujours <strong>en</strong>visageableAinsi, selon les experts du FMI, un<strong>en</strong>ouvelle crise n'est pas exclue tant que lesgouvernem<strong>en</strong>ts n'auront pas mis <strong>en</strong> œuvre,non seulem<strong>en</strong>t leur programme de consolidationbudgétaire, mais égalem<strong>en</strong>t desréformes structurelles destinées à redresserla compétitivité de leur économie. Pour cequi est du cas américain où la reprise semblese dessiner à la lueur de l'améliorationdu marché de l'emploi, grâce à l’importantdéficit budgétaire USA qu’il convi<strong>en</strong>drabi<strong>en</strong> un jour de réduire, la croissance duPIB devrait atteindre 2,1% <strong>en</strong> 2012, et2,4% <strong>en</strong> 2013. Pourtant, des incertitudessubsist<strong>en</strong>t comme la faiblesse du marchéimmobilier et une possible répercussiond'une nouvelle crise europé<strong>en</strong>ne. Ce d’autantplus que l’on assiste à un repli des paysémerg<strong>en</strong>ts –comme <strong>en</strong> témoigne le repli dela demande externe.La croissance chinoise est prévue seulem<strong>en</strong>tà 8,2% <strong>en</strong> 2012. L’on pourrait assisterdans les années à v<strong>en</strong>ir à des t<strong>en</strong>sions socialesde plus <strong>en</strong> plus aiguës tant dans ce paysque dans les pays développés. Le FMI pr<strong>en</strong>ant<strong>en</strong> compte les t<strong>en</strong>sions géo politiquessur le prix du pétrole notamm<strong>en</strong>t les t<strong>en</strong>sionsavec l’Iran et la Corée du Nord. Ainsile redressem<strong>en</strong>t durable des pays développéss’avère long avec une possibilité dedéflation (contraction des activités productives),redressem<strong>en</strong>t conditionné pardes réformes de structures et l’urg<strong>en</strong>ced’un sacrifice partagé passant par la conciliationde l’efficacité économique et d’uneprofonde justice sociale.Les économistes divisésFace à l’ampleur de la crise, les prixNobel d’économie, pour les solutions, sontdivisés parfois avec des propositionscontradictoires.Il y a les partisans de l’orthodoxiemonétaire et les partisans de la relancepar le déficit budgétaire. Et cela seconstate à travers la lecture des revuesinternationales <strong>en</strong>tre les différ<strong>en</strong>tes doctrineséconomiques ayant des impacts sur lespolitiques économiques <strong>en</strong>tre les «keynési<strong>en</strong>s»,les «marxistes», les «néo-libéraux»les «monétaristes». Le prix Nobel d'économiede 2001, Joseph Stiglitz, estime que lathéorie et les politiques économiques travers<strong>en</strong>tune très grave crise et les actionspréconisées ne sont qu'une solution à courtterme les comparant à «une transfusionsanguine massive à une personne souffrantd'une grave hémorragie interne».L'Américain Paul Krugman, néo-keynési<strong>en</strong>prix Nobel d'économie <strong>en</strong> 2008 pour sestravaux sur le libre-échange et la mondialisationdans sa confér<strong>en</strong>ce le 10 août 2009 àKuala Lampur (Malaisie) devant un foruminternational des chefs d'<strong>en</strong>treprise, affirmerahumblem<strong>en</strong>t que les gouvernants etles économistes sont désemparés fauted’un nouveau modèle t<strong>en</strong>ant compte de lacomplexité du monde actuel.Pour preuve, les économistes des propositionsqui ne s’attaqu<strong>en</strong>t pas à l’ess<strong>en</strong>tiellors des différ<strong>en</strong>tes réunions du G20 représ<strong>en</strong>tant85% du PIB mondial et 2/3 de lapopulation mondiale, ont évité d’aborderdes sujets qui fâch<strong>en</strong>t comme la suprématiedu dollar, la refonte des relations économiqueset financières internationales. Ils nesont pas parv<strong>en</strong>us à avancer sur des sujetsaussi complexes tel que la protection del’<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t (suite logique du résultatmitigé de la réunion de Cop<strong>en</strong>hague), larégulation des produits dérivés, le projetd'une taxe surles transactions financières(diverg<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tre les USA et l’Europe àToronto) et le rythme de retrait des plansde relance. Ces difficultés pos<strong>en</strong>t clairem<strong>en</strong>tla question de la méthode de gouvernancemondiale et du processus de prisede décision à vingt pays.Or, outre le fait de se poser la questionsi face à la crise mondiale qui est structurelleet non conjoncturelle, les politiquescontradictoires <strong>en</strong> l’espace de deux années,des dép<strong>en</strong>ses publiques dites néo-keynési<strong>en</strong>nesavec un rôle c<strong>en</strong>tral à l’Etat régulateurcourant 2009 et celles plus monétaristesdepuis le début 2010 avec les restrictionsbudgétaire, s’avèreront efficaces ?Cep<strong>en</strong>dant, la grande majorité des économistess'accorde aujourd'hui sur la nécessitéd'asseoir la macroéconomie sur desfondem<strong>en</strong>ts microéconomiques, les phénomènesde bulles et de sur<strong>en</strong>dettem<strong>en</strong>tsont une chose et anticiper les crises <strong>en</strong>sont une autre. Les économistes sont malarmés pour analyser le systémique et lesphénomènes d'anticipation collective quiprovoqu<strong>en</strong>t une crise. Les économistes doiv<strong>en</strong>tavoir une approche pluridisciplinaireet travailler plus avec les sociologues et lesspécialistes de l'opinion <strong>en</strong> intégrant lesinstitutions et les forces sociales d’où larelecture des œuvres de Karl Marx, théorici<strong>en</strong>avant tout du capitalisme.C’est que, de mon point de vue, l’émerg<strong>en</strong>ced'une économie et d'une sociétémondialisée et la fin de la guerre froidedepuis la désintégration de l'empire soviétique,l’apparition des pays émerg<strong>en</strong>ts quiboulevers<strong>en</strong>t la carte géostratégique mondiale,remett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> cause la capacité desEtats-nations à faire face à ces bouleversem<strong>en</strong>ts.Les gouvernem<strong>en</strong>ts à travers lesEtats-nations – et la crise actuelle <strong>en</strong> est ladémonstration—sont désormais dans l'impossibilitéde remplir leurs missions du faitde la complexification des sociétés modernes,de l'apparition de sous-systèmes fragm<strong>en</strong>tés,de l'incertitude liée à l'av<strong>en</strong>ir etde la crise de la représ<strong>en</strong>tation politique,d’où l’exig<strong>en</strong>ce de s'intégrer davantagedans un <strong>en</strong>semble plus vaste pour pouvoirrépondre aux nouvelles préoccupationsplanétaires nécessitant une nouvellerégulation mondiale.Aussi, l’objectif stratégique est derep<strong>en</strong>ser tout le système des relations internationalestant politiques, r<strong>en</strong>voyant à unemeilleure représ<strong>en</strong>tativité du Sud auniveau du Conseil de sécurité, qu’économiqueset notamm<strong>en</strong>t le système financiermondial issu de Breeton Woods <strong>en</strong> 1945 ,(Re-mondialisation) devant reposer sur d<strong>en</strong>ouveaux mécanismes de régulation etnouvelles institutions, suppléant à la défici<strong>en</strong>cedes marchés spéculatifs <strong>en</strong> intégrantle défi écologique.C’est qu’<strong>en</strong> ce début du XX e siècle, desdisparités de niveau de vie criardes font d<strong>en</strong>otre planète un monde particulièrem<strong>en</strong>tcruel et dangereusem<strong>en</strong>t déséquilibré tantimputable à l’actuelle gouvernance mondialepilotée par le Nord qu’à la gouvernancede nombre de dirigeants du Sud avecune corruption qui pr<strong>en</strong>d une ampleurinégalée. Quand on sait que, dans les 25prochaines années, la population mondialeaugm<strong>en</strong>tera de deux milliards d’individus—dont1,94 milliard pour les seuls pays<strong>en</strong> voie de développem<strong>en</strong>t— on peut imagineraisém<strong>en</strong>t le désastre qui m<strong>en</strong>ace cettepartie de l’humanité si ri<strong>en</strong> de décisif n’est<strong>en</strong>trepris devant réhabiliter la morale c’està-direrev<strong>en</strong>ir aux classiques de l’économie(qui est politique) à savoir le travailcomme fondem<strong>en</strong>t de la richesse desNations. Car comme l’a démontré avecclarté le grand sociologue maghrébin, IbnKhaldoun, dans ses ouvrages sur le cycledes civilisations,“ lorsque l’immoralitéatteint les dirigeants qui gouvern<strong>en</strong>t laCité, c’est la décad<strong>en</strong>ce de toute société etcivilisation”.ALGERIE NEWS Samedi 21 avril 2012

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