HISTOIRES DE FAMILLES, HISTOIRES FAMILIALESD’où vi<strong>en</strong>t cette différ<strong>en</strong>ce ? Parmi les personnes veuves <strong>en</strong> 1999, cellesqui sont dev<strong>en</strong>ues veuves vers 17 ans apparti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à 37 générations, (ellessont âgées de 18 à 54 ans au mom<strong>en</strong>t de l’<strong>en</strong>quête), tandis que les veufs dev<strong>en</strong>usveufs à 52 ans n’apparti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t qu’à deux générations, âgées de 53 ou54 ans au mom<strong>en</strong>t de l’<strong>en</strong>quête. En d’autres termes un <strong>veuvage</strong> est d’autantplus souv<strong>en</strong>t observé qu’il a lieu à un âge jeune.f) La durée des unionsEn majorité, les veufs <strong>précoce</strong>s sont touchés par le décès alors que leurcouple dure depuis de nombreuses années. La précocité des <strong>veuvage</strong>s ne signifiepas nécessairem<strong>en</strong>t que les unions ont été brèves : 80 % des décès onteu lieu au sein de couples constitués depuis plus de cinq ans, 30 % sont interv<strong>en</strong>us<strong>en</strong>tre cinq et quatorze ans de vie commune, et 46,5 % <strong>en</strong>tre quinze etvingt-neuf ans.Il existe des différ<strong>en</strong>ces <strong>en</strong>tre les unions rompues par décès de concubinset celles de personnes mariées : on compte des proportions plus importantesde concubins dev<strong>en</strong>us veufs moins de cinq ans après la mise <strong>en</strong> union (37 %contre 15 % pour les personnes qui étai<strong>en</strong>t mariées), mais cela ne signifie pasnécessairem<strong>en</strong>t que parmi les concubins dev<strong>en</strong>us veufs les durées d’unionssont systématiquem<strong>en</strong>t plus brèves. Ainsi, parmi les veufs dont l’union a duré<strong>en</strong>tre cinq et quatorze ans, la proportion de concubins est supérieure à celledes personnes qui étai<strong>en</strong>t mariées : elle s’établit à 34,5 % pour les concubinscontre 30 % pour les veufs mariés lors du décès.g) La situation légale du couple et le nombre d’<strong>en</strong>fants au décès<strong>Le</strong>s histoires conjugales de l’EHF99 se limit<strong>en</strong>t à deux unions, la premièreet la dernière sans qu’il soit possible de décompter d’autres unions intermédiaires.L’<strong>en</strong>quête EHF99 permet cep<strong>en</strong>dant de confirmer qu’<strong>en</strong> matièrede <strong>veuvage</strong>, les configurations conjugales sont complexes. Certes, 60 % desjeunes veufs ont vécu le décès de leur unique conjoint (avec lequel ils étai<strong>en</strong>tmariés ou <strong>en</strong> union libre) : ils sont seuls à la date de l’<strong>en</strong>quête. Mais dans40 % des cas, les trajectoires biographiques sont plus complexes :— certains (7 %) avai<strong>en</strong>t d’abord vécu une séparation ou un divorceavant de se remettre <strong>en</strong> couple, lequel a été rompu par décès du conjoint;— d’autres (33 %) se sont remis <strong>en</strong> couple après leur <strong>veuvage</strong>. Parmi eux,la plupart (81,6 %) viv<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core <strong>en</strong> couple <strong>en</strong> 1999, d’autres (13,8 %) se sontséparés ou ont divorcé, <strong>en</strong>fin, une minorité (4,6 %) a subi un second <strong>veuvage</strong>.h) 9 jeunes veufs sur dix sont des par<strong>en</strong>tsOn peut dev<strong>en</strong>ir par<strong>en</strong>t dans une union antérieure ou postérieure à cellequi est rompue par le décès. Nous nous intéressons ici uniquem<strong>en</strong>t aux cas depar<strong>en</strong>talité commune avec le décédé.<strong>Le</strong>s jeunes veufs ont fréquemm<strong>en</strong>t eu des <strong>en</strong>fants avec leur conjointdécédé : c’est le cas de neuf sur dix d’<strong>en</strong>tre eux. Ces situations de par<strong>en</strong>talitésont beaucoup plus souv<strong>en</strong>t vécues au sein des unions de premier rang (<strong>veuvage</strong><strong>en</strong> première, voire unique union) – soit 97,3 % des cas – pour deux raisonsprincipales : elles sont majoritaires et représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t 93 % des <strong>veuvage</strong>s— 396 —
VI. 19. – LE VEUVAGE PRÉCOCE EN FRANCEde personnes jeunes. Elle sont aussi les plus longues, <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne seize ans,avec une mise <strong>en</strong> couple <strong>précoce</strong> (<strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne vingt-et-un ans) et la probabilitépour le couple d’avoir des <strong>en</strong>fants avant le décès y est donc élevée.<strong>Le</strong>s unions de second rang rompues par décès sont beaucoup moins fréqu<strong>en</strong>tes.Dans ces unions, les jeunes veufs qui ont eu des <strong>en</strong>fants avec le décédése sont mis <strong>en</strong> couple beaucoup plus tôt (à l’âge de 25 ans <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne)que ceux qui sont restés sans <strong>en</strong>fants (à l’âge de 34 ans <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne).<strong>Le</strong>s familles nombreuses et à l’opposé, les familles avec un <strong>en</strong>fant unique,sont fréqu<strong>en</strong>tes chez les jeunes veufs : dans près d’un quart des cas, lepar<strong>en</strong>t a eu un seul <strong>en</strong>fant, et dans 41,6 % trois <strong>en</strong>fants ou plus (cf. tableau 2).TABLEAU 2.– PROPORTIONS (%) DE JEUNES VEUFS PARENTS SELONLE NOMBRE D’ENFANTS EUS AVEC LE CONJOINT DÉCÉDÉNombre d’<strong>en</strong>fants Jeunes veufs par<strong>en</strong>ts1 <strong>en</strong>fant 24,02 <strong>en</strong>fants 34,43 <strong>en</strong>fants et plus 41,6Total 100,0Champ : «jeunes veufs» par<strong>en</strong>ts.Source : Insee, Étude de l’histoire familiale (EHF), 1999.i) Quelques caractéristiques sociales des jeunes veufsPar rapport à l’<strong>en</strong>semble de la population rec<strong>en</strong>sée, les jeunes veufs prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>tdes caractéristiques spécifiques :• La dim<strong>en</strong>sion sociale du <strong>veuvage</strong> <strong>précoce</strong>Évidemm<strong>en</strong>t nous ne disposons que de la catégorie socioprofessionnelledes personnes au mom<strong>en</strong>t de l’<strong>en</strong>quête et non au mom<strong>en</strong>t où le <strong>veuvage</strong> estinterv<strong>en</strong>u. S’il touche toutes les catégories socioprofessionnelles, certainespay<strong>en</strong>t un lourd tribut. <strong>Le</strong>s jeunes veufs apparti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à toutes les catégoriessociales mais certaines sont moins affectées que d’autres : les cadres ou lesprofessions intellectuelles supérieures.Il importe ici de distinguer les résultats par sexe.On constate chez les femmes une surreprés<strong>en</strong>tation des employées jeunesveuves – 51 % des cas — alors que l’<strong>en</strong>semble des employées ne représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>tque 45 % des femmes du même âge, (c’est-à-dire âgées de 18 à 55 ans), ainsique des ouvrières jeunes veuves – 14,2 % des cas alors que les ouvrières nereprés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t que 10,2 % des femmes du même âge.<strong>Le</strong>s jeunes veuves sont, <strong>en</strong> revanche, sous-représ<strong>en</strong>tées au sein desinactives : elles ne sont que 5 % contre 12 % pour l’<strong>en</strong>semble des femmes dumême âge, une proportion qui est sans doute un effet du <strong>veuvage</strong> <strong>précoce</strong> luimême (figure 2).Chez les hommes, jeunes veufs, toutes les catégories socioprofessionnellessont concernées sans nette disproportion, à l’exception toutefois des professionsindép<strong>en</strong>dantes : on y dénombre 10,6 % de jeunes veufs alors que les— 397 —