HISTOIRES DE FAMILLES, HISTOIRES FAMILIALESle conjoint survivant a moins de 25 ans au mom<strong>en</strong>t du décès, et lorsqu’il a plusde 45 ans. Il y a alors respectivem<strong>en</strong>t 84 % et 83 % de <strong>veuvage</strong>s féminins.Ces taux de <strong>veuvage</strong> <strong>précoce</strong> féminin ne doiv<strong>en</strong>t pas faire oublier que leshommes sont égalem<strong>en</strong>t touchés : plus de 244 000 déclar<strong>en</strong>t <strong>en</strong> 1999 avoirsubi cette expéri<strong>en</strong>ce. Un pourc<strong>en</strong>tage plus important d’hommes (17,5 %) quede femmes (12,3 %) subit le <strong>veuvage</strong> <strong>précoce</strong> alors que l’union a duré moinsde cinq ans.c) A quel âge, <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne, devi<strong>en</strong>t-on veuf <strong>précoce</strong>?Par hypothèse, parmi les 1,3 million de personnes qui déclar<strong>en</strong>t avoirperdu leur conjoint <strong>précoce</strong>m<strong>en</strong>t, toutes avai<strong>en</strong>t moins de 55 ans lors de sondécès : 80 000 (5,9 %) avai<strong>en</strong>t moins de 25 ans, 241 000 (17,8 %) de 25 à35 ans, 385000 (28,3 %) de 35 à 45 ans et 652000 (48 %) de 45 à 55 ans.Mais cette répartition est évidemm<strong>en</strong>t très différ<strong>en</strong>te selon les configurationsfamiliales. Ainsi, si le décès concerne le seul et unique conjoint, le survivanta <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne 44 ans au mom<strong>en</strong>t de son <strong>veuvage</strong>. <strong>Le</strong>s veufs et veuves<strong>précoce</strong>s qui ont reformé une seconde union (non concernée par un second<strong>veuvage</strong>) avai<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne, 35 ans lors de leur <strong>veuvage</strong>. En revanche, si ledécès concerne le second conjoint, la moy<strong>en</strong>ne d’âge au <strong>veuvage</strong> s’établit à45 ans. <strong>Le</strong>s personnes qui ont subi deux <strong>veuvage</strong>s consécutifs avai<strong>en</strong>t, <strong>en</strong>moy<strong>en</strong>ne, 33 ans lors du décès de leur premier conjoint.De manière générale, les pourc<strong>en</strong>tages de concubins touchés par le <strong>veuvage</strong><strong>précoce</strong> sont toujours supérieurs à 30 % jusque dans la tranche d’âgesdes 30-34 ans. Ces chiffres ne sont pas inatt<strong>en</strong>dus, puisque nous savons quel’union libre est plus fréqu<strong>en</strong>te aux âges jeunes et dans les nouvelles générations(Toulemon, 1999).B) LE VEUVAGE PRÉCOCE DANS L’ITINÉRAIRE BIOGRAPHIQUE ET LE CYCLE FAMILIALa) Types d’unions et âge du survivant au mom<strong>en</strong>t du <strong>veuvage</strong> <strong>précoce</strong>L’<strong>en</strong>quête EHF99 nous permet de saisir de façon plus fine la complexitédu <strong>veuvage</strong> <strong>précoce</strong> : il n’échappe pas à l’évolution des modes de vie descouples dans lesquels mariage, concubinage, démariage, recomposition d’uncouple, peuv<strong>en</strong>t alterner. Ainsi, le <strong>veuvage</strong> <strong>précoce</strong> intervi<strong>en</strong>t dans des unionsqui peuv<strong>en</strong>t avoir été l’unique union, la première de plusieurs, ou <strong>en</strong>core ladernière. L’EHF99 nous permet de considérer la première et la dernièreunion, que nous appellerons « seconde union ». <strong>Le</strong> taux de concubinage peutvarier de 13 % à 38 % selon le type d’union rompue par le décès <strong>précoce</strong>(cf. tableau 4).b) Rester seul après une unique union sans remise <strong>en</strong> couplePrès de sept fois sur dix, le conjoint survivant a perdu son seul et uniqueconjoint et ne se remet pas <strong>en</strong> couple. Dans 87 % des cas, ce <strong>veuvage</strong> <strong>précoce</strong>est celui d’une femme. Ce taux est s<strong>en</strong>siblem<strong>en</strong>t équival<strong>en</strong>t dans toutes lesclasses d’âges.<strong>Le</strong> <strong>veuvage</strong>, dans le cadre d’une unique union, est v<strong>en</strong>u souv<strong>en</strong>t interrompredes couples qui durai<strong>en</strong>t : 20 % des <strong>veuvage</strong>s <strong>précoce</strong>s ont eu lieu alors— 402 —
VI. 19. – LE VEUVAGE PRÉCOCE EN FRANCEType d’union rompuepar le décèsSeule et unique union rompuepar le décèsPremière union rompue par ledécès; suivie d’une secondeunion (non concernée par undécès)Première union rompue par ledécès; suivie d’une secondeunion égalem<strong>en</strong>t rompue parun décèsTABLEAU 4.– VEUVAGE PRÉCOCE PAR TYPE D’UNION% au sein del’<strong>en</strong>sembledes <strong>veuvage</strong>sÂge moy<strong>en</strong> duconjoint survivantau décèsMariage avecle décédé (%)En concubinageavec ledécédé (%)que l’union avait duré de vingt à vingt-cinq ans de vie commune, et 23 %alors qu’elle avait duré de vingt-cinq à tr<strong>en</strong>te ans. Mais 23 % des <strong>veuvage</strong>s<strong>précoce</strong>s sont interv<strong>en</strong>us au sein de couples qui n’avai<strong>en</strong>t pas <strong>en</strong>core quinzeannées d’exist<strong>en</strong>ce. <strong>Le</strong>s couples constitués depuis moins de dix ans représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t13 % des <strong>veuvage</strong>s <strong>précoce</strong>s.Parmi les veufs n’ayant pas constitué de nouvelle union à la suite dudécès, 7,8 % n’ont pas eu d’<strong>en</strong>fants. Sans surprise, la proportion est plus importantequand l’union a été brève : lorsqu’elle a duré moins de cinq ans,23 % des veufs <strong>précoce</strong>s n’ont pas eu d’<strong>en</strong>fant. Si le <strong>veuvage</strong> <strong>précoce</strong> a signifiéainsi une situation d’isolem<strong>en</strong>t pour 93 % de ces conjoints, <strong>en</strong> revanche7 % d’<strong>en</strong>tre eux ont continué à élever un ou plusieurs <strong>en</strong>fants que leur conjointdécédé avait eus dans le cadre d’une autre union.Plus longtemps l’union a duré avant d’être rompue par un décès, plus l<strong>en</strong>ombre d’<strong>en</strong>fants nés au sein de cette union est élevé : lorsqu’elle a durémoins de cinq ans, 41 % des couples n’ont eu qu’un <strong>en</strong>fant. Pour les unionsayant duré <strong>en</strong>tre cinq et dix ans, la majorité des couples, soit 36 % ont eudeux <strong>en</strong>fants. Au-delà de dix ans, le pourc<strong>en</strong>tage de couples ayant eu trois <strong>en</strong>fantset plus va croissant, de 41 % pour les unions ayant duré <strong>en</strong>tre dix etquinze ans, à 56 % pour les unions ayant duré plus de tr<strong>en</strong>te ans.c) Rester seul après avoir perdu son second conjoint<strong>Le</strong> <strong>veuvage</strong> <strong>précoce</strong> peut égalem<strong>en</strong>t être le fait d’une seconde union, à lasuite de laquelle le conjoint survivant ne s’est pas remis <strong>en</strong> couple. Cette secondeunion fait suite à une première rompue par une séparation ou un divorce,ou <strong>en</strong>core par un décès.Total67,2 44 ans 87,0 13,0 100,022,1 35 ans 87,0 13,0 100,06,732 ans au premier<strong>veuvage</strong>45 ans au second<strong>veuvage</strong>78,5 % mariésau cours desdeux unions21,5 % <strong>en</strong>concubinagep<strong>en</strong>dant aumoins l’unedes deuxunions100,0Première union rompue parune séparation ou un divorce;suivie d’une seconde union4,0 45 ans 62,0 38,0 100,0rompue par un décèsTotal 100,0Champ : veufs <strong>précoce</strong>s.Source : Insee, Étude de l’histoire familiale (EHF), 1999— 403 —